Posté le 6 novembre 2015 - par dbclosc
Au temps béni du 0-0 (1986-2008)
Je vous parle d’un temps que les moins de 7 ans ne peuvent pas connaître (et dont les moins de 10 ans ne se souviennent pas trop). La D1 en ce temps-là accrochait ses 0-0 jusque sur nos terrains. J’ai découvert le football en 1990, lors de la Coupe du Monde en Italie, encore aujourd’hui réputée pour avoir été la plus ennuyeuse de l’histoire au regard du faible nombre de buts qui a alors été marqué.
Sans rire, j’apprenais alors à apprécier l’esthétique du 0-0. Pour moi, à l’époque, peu de choses pouvaient être plus belles qu’un bon vieux 0-0 bien net, beaucoup plus rassurant qu’un 1-1. Oui, car 1-1, il n’y a que deux possibilités : soit tu t’es pris un but et t’as alors flippé de perdre jusqu’à l’égalisation, soit t’as ouvert le score, t’as espéré l’emporter, pour enfin te faire rattraper. A ce titre-là, autant faire 0-0.
Paradoxalement, nos élites footballistiques rétrogrades, plutôt que de suivre l’air du temps du 0-0, et de le valoriser, n’ont eu cesse de mettre en place des réformes dont l’objectif était de le restreindre. Qu’y a-t-il de plus réactionnaire que cette réforme de la passe en retrait au gardien, obligeant à prendre des risques pour les défenseurs, là où jusqu’alors ils passaient tranquillement le ballon à leur gardien qui pouvait se saisir à la main du ballon, et le garder une trentaine de secondes pour sauvegarder le 0-0 ?
Comment ne pas voir un retour en arrière dans cette réforme de la victoire à trois points, visant à valoriser encore davantage la victoire par rapport à un match nul, et, ce faisant, à accentuer l’écart entre un 0-0 et un 1-0 ?
N’aurait-il pas été cent fois plus sage et progressiste d’accompagner cette tendance, de valoriser encore et davantage le 0-0, par exemple en créant un bonus défensif, à la manière du rugby (dont on connaît la sagesse), octroyant un point supplémentaire à chaque équipe réussissant un 0-0 ?
La lutte contre le 0-0 : un outil du complot
Disons-le franchement, si cette réforme du bonus défensif n’a jamais été mise en place, cela s’explique pour une seule et simple raison : cela aurait été au bénéfice du LOSC qui excellait dans cet art, spécifiquement au début des années 1990. Soyons clair, le pouvoir réactionnaire exècre le 0-0, mais, plus que tout, il exècre le LOSC.
Au cours de mes trois premières saisons comme supporter du LOSC (entre 1990 et 1993), aucune équipe de première division française n’aura fait autant de 0-0 : 27 quand les Auxerrois n’étaient pas fichu d’en faire plus de 8 et Marseille 12. Nos Dogues faisaient alors 24% de 0-0, quand leurs déplorables anciens de la fin des années 1940 enchaînaient 81 matches sans le moindre 0-0 entre novembre 1947 et mars 1950.
Entre 1990 et 1993, comme par hasard, on se fait avoir à chaque fois par rapport à ce qu’on aurait pu espérer avec le bonus défensif. Lille aurait ainsi fini 5ème (et européen) et non 6ème si l’on accordait un point de bonus défensif aux équipes faisant 0-0. Lille aurait été 10ème (et non 13ème) la saison suivante. Enfin, en 1992-1993, le LOSC aurait assuré bien plus tôt son maintien, finissant 13ème (et non 17ème). Vous pourrez trouver le classement actuel corrigé pour 2015-2016 (NDDBCCLOSC : mis à jour après la 28ème journée).
Avec une telle règle, le LOSC d’Hervé Renard aurait déjà engrangé 4 points de bonus défensif après seulement 12 journées … (NDDBCCLOSC : depuis, le LOSC a fait son 5ème 0-0, comme Nantes. Suivent Angers (4), Lorient, Lyon (3), Bordeaux, Troyes, Nice, Guingamp, Paris, Monaco, Montpellier, Ajaccio (2), Bastia, Caen, Reims, Toulouse (1), Rennes, Marseille et St-Etienne (0). Nous actualiserons le classement avec bonus défensif dans la journée, et nous mettrons le lien sur cet article. Précisons enfin que si Lille avait un excellent taux de 31% de 0-0 avec H.Renard, il a régressé à 5% avec F.Antonetti).
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