Archiver pour novembre 2015
Posté le 6 novembre 2015 - par dbclosc
Et 1, et 2, et 3, et 4, et 5, et 6-0 ! : le challenge Emile-Olivier 1992
Au cours des années 1990, avait lieu chaque année le « Challenge Emile-Olivier », Tournoi estival opposant les meilleures équipes de la région Nord-Pas-de-Calais. En 1992, le LOSC est opposé au Racing Club de Lens lors de la finale au Stadium Nord. J’ai vu cette finale, à l’époque diffusée sur C9, la chaîne de télé locale.
Pour leur campagne publicitaire d’avant-saison, le LOSC avait placardé des affiches « Show devant ! », parce que, paraît-il, avec l’arrivée de l’avant-centre brésilien Walquir Mota et, surtout, du milieu offensif Edgard « Pampa » Borgès, il y allait avoir du spectacle.
Les matches amicaux de préparation avaient été prometteurs, Mota claquant quelques buts. La finale commençait bien, sur un air de Samba « Ndiaye », qui ouvre le score dès la 15ème minute de jeu. Borgès ajoute le deuxième peu avant la mi-temps. Après la pause, Assadourian (68ème, 82ème), puis Mota (84ème, 88ème) marquent chacun un doublé. 6-0 contre le RC Lens, trop la classe.
Parti comme c’est, ça va être le spectacle avec Edgar « Pampa » Borges en 1992-1993 !
Le festival offensif semble confirmer les prédictions de la campagne publicitaire du LOSC, avec quatre des six buts marqués par des nouveaux venus (N’diaye, Borgès et Mota).
Mais, en fait, ça s’est pas vraiment passé comme prévu.
Après quatre journées, le LOSC a marqué deux buts. Ça a l’air pourri comme ça, mais ça allait être carrément pire après. Lille marquera trois buts de plus lors des 13 matches suivants. Après 17 matches, Lille a marqué cinq fois, et le meilleur buteur, c’est Hervé Rollain, un défenseur, fort de ses 2 buts marqués.
Mais, après tout, peut-être était-ce le prix à payer. Et c’est vrai, qu’en y réfléchissant bien, un 6-0 contre Lens, ça mérite peut-être bien de se faire chier six mois ensuite.
Bon, ça ira un peu mieux après, Lille marquant 21 buts par la suite. En deux ans avec Lille, Mota aura joué 22 matches, pour 0 but.
Posté le 6 novembre 2015 - par dbclosc
Une évolution au profit des grandes métropoles (1976-2015)
Au cours des quarante dernières années, la probabilité que les clubs des grandes métropoles occupent les premières places du classement se sont considérablement accrues. Si Auxerre, Sochaux, Metz et Lens pouvaient espérer figurer dans le haut du classement français jusqu’à il y a peu, ceci apparaît aujourd’hui bien plus difficile.
Alors que le classement moyen des clubs des quatre principales métropoles (Paris, Lyon, Marseille et Lille) obtenaient un classement moyen oscillant autour de la 12ème place jusqu’à la fin des années 1980, puis autour de la 9ème au cours des années 1990, ils finissent en moyenne autour de la quatrième place entre 2008 et 2015. En 2011, ils occupent d’ailleurs les quatre premières places du classement.
Les clubs des quatre métropoles suivantes, Nice, Toulouse, Nantes et Bordeaux, ont conservé leurs positions dans la hiérarchie nationale, malgré un sensible recul par rapport au milieu des années 1980.
La hiérarchie entre les clubs correspond de plus en plus à la hiérarchie en termes d’importance des différentes métropoles urbaines. On est aujourd’hui très loin de la hiérarchie de 1984-1985, quand le PSG, 13ème du championnat, était alors le meilleur club des quatre principales métropoles françaises. Les fans de football découvraient l’existence de Noeux-les-Mines au début des années 1980, quand son équipe luttait pour la montée en première division. Maintenant, les jeunes vont plus galérer en géographie française.
Posté le 6 novembre 2015 - par dbclosc
Le LOSC 1986-1989 : irrégulier, moyen, autre chose, ou un peu de tout ça?
On entend régulièrement dire à propos d’équipes qu’elles sont « irrégulières ». Note au passage, quand on dit ça d’une équipe, c’est généralement au moment où elle passe par une mauvaise période. C’est un peu le problème de cette notion d’irrégularité, c’est qu’elle devient une explication a posteriori de la faiblesse de ses résultats.
C’est sans doute aller un peu vite que de décréter sans plus d’analyse qu’une équipe enchaînant trois ou quatre résultats décevants le doive à son irrégularité. D’abord, observons que ces séries décevantes, toutes les équipes les rencontrent à un moment donné dans une saison. Dès lors, si cela est inévitable, la notion d’ « irrégularité » n’a ici pas de sens, sauf à considérer que toutes les équipes sont irrégulières. Et si elles ne se distinguent pas là-dessus, alors pourquoi pointer pour l’une son irrégularité comme facteur explicatif ?
Ce bon vieux Gaston Mobati
Ces séries décevantes peuvent avoir des causes diverses et variées, lesquelles se combinent bien souvent : hausse du niveau de jeu de l’adversaire, blessures de deux ou trois cadres, dynamique psychologique déclinante, orteil qui sauve improbablement (et par accident) une situation chaude, etc.
Mais, parce qu’il ne faut pas jeter bébé avec l’eau du bain (au passage, cette expression est totalement stupide, vous pouvez essayer, c’est impossible de jeter bébé avec l’eau du bain parce qu’il est trop gros pour passer par les tuyaux), on ne peut exclure purement et simplement cette notion au seul principe qu’elle soit abusivement utilisée.
Une autre interprétation dominante de l’insuccès d’une équipe est celle de la faiblesse de son niveau. Dans le fond, disent certains, si telle équipe a de mauvais résultats, c’est qu’elle n’a pas le niveau. Là encore, cette explication est en partie insatisfaisante, principalement parce que la notion de « niveau » est extrêmement floue. Qu’est-ce qu’une « bonne » équipe ? On sait par exemple que le niveau d’une équipe n’est pas la somme de ses talents individuels, car des équipes dont les joueurs sont « moyens » peuvent se montrer suffisamment complémentaires pour contrer cette faiblesse. Inversement, on peut rapidement tomber dans la tautologie (et non la « totologie », science des blagues de Toto) en définissant le niveau d’une équipe à partir de ses bonnes performances : est une bonne équipe, une équipe qui parvient à avoir les meilleurs résultats possibles. Certes, cette définition est peut-être plus exacte en définitive, mais elle n’explique rien, si ce n’est – et c’est déjà pas mal – que les résultats d’une équipe sont le produit d’un ensemble extrêmement complexe de facteurs et qu’il est délicat d’en mettre en avant l’un davantage que l’autre.
L’irrégularité : l’explication des déçus
Ce qu’il y a finalement de commun aux thèses de l’irrégularité, c’est qu’elles naissent de la déception ou, tout au moins, du décalage par rapport à des attentes initiales. Il serait ainsi apparu incongru de qualifier l’équipe du LOSC 2000-2001 comme irrégulière au regard de sa belle 3ème place pour son retour en première division. Pourtant de l’irrégularité, il y en a eu : Lille récolte 11 points après 8 matches, puis 18 lors des 9 suivants ; il finit enfin avec seulement 6 points sur les 5 derniers matches, après en avoir engrangé 16 sur les 6 précédents. Si l’on n’a pas parlé d’irrégularité, c’est parce que cette troisième place apparaissait alors comme une excellente performance au regard du « niveau » de l’équipe.
Le LOSC de la période 1986-1989 est en revanche souvent décrit comme une équipe qui a déçu en raison de son irrégularité, et ce discours naît d’une déception des supporters par rapport à certaines attentes qui sont alors nées. En 1986, les Belges Erwin Vandenbergh et Philippe Desmet, demi-finalistes de la Coupe du Monde cette année-là, signent au LOSC. Félix Lacuesta, Gaston Mobati, José Pastinelli et Jean-Luc Buisine rejoignent également le club. Bernard Lama, les frères Planque et Philippe Périlleux sont déjà là, puis Jocelyn Angloma, Alain Fiard (en 1987) et Abedi Pelé (en 1988) complètent l’effectif. On parle de cette équipe pour son incroyable potentiel et, parallèlement, pour la déception engendrée par les résultats malgré la qualité de l’effectif : 14ème en 1987, 11ème en 1988, 8ème en 1989, toujours dans le ventre mou malgré la présence simultanée de quelques petites vedettes, ne serait-ce qu’en devenir.
Alors, le qualificatif d’irrégulier est-il pour eux adapté ? Si l’on regarde leur nombre de points annuel, la réponse est clairement négative : 34 points en 1986-1987, 37 l’année suivante, puis 41 enfin (sur une base de victoires à deux points). La progression est légère, Lille terminant toujours suffisamment loin devant les derniers pour ne pas craindre la relégation, et suffisamment loin des premiers pour ne pas prendre le risque d’une qualif’ européenne (qui fait peur, disons-le, parce que l’inconnu fait peur). Les parcours en Coupe confirment cette impression : deux quarts et un huitième. Lille passe toujours au moins deux tours, mais jamais plus de trois. En nombre de points cumulés sur trois saisons, les lillois sont 10ème.
Vu comme ça, le LOSC est super régulier. Mais on peut le voir autrement …
Une montée en puissance des lillois …
Comme je l’ai dit, le LOSC reste toujours au milieu de tableau, mais connaît une légère progression à mesure que les saisons passent, gagnant trois place à chaque fois d’une saison sur l’autre. Enfin, progressive, c’est vite dit. Quand commence la saison 1987-1988, il n’y a rien d’évident à ce que le LOSC fasse mieux que la saison précédente. Après 22 journées, Lille est 16ème et vient d’engranger seulement 7 points lors des 12 dernières journées. En cumulé, Lille est la 16ème équipe française sur les 60 matches qui vont du début de la saison 86-87 à cette 22ème journée de 87-88, pour 52 points pris.
L’année et demie suivante sera, de ce point de vue, beaucoup plus enthousiasmante. Sur ces 54 matches, jusqu’à la fin de la saison 1988-1989, le LOSC est la quatrième équipe en points cumulés, en totalisant 60.
Seizièmes sur une année et demie, quatrième sur l’année et demie suivante, c’est le grand écart. Question de « niveau » ou d’ « irrégularité », on ne sait pas, mais la différence est flagrante.
… en partie en trompe l’œil.
En y regardant de plus près, l’écart n’est peut-être pas si énorme que cela. La première période est certes moins bonne, mais la différence n’est pas aussi flagrante qu’on pourrait l’imaginer avec les classements : 0,87 points sur la première année et demie, 1,11 au cours de la seconde. Si l’on admet que les matches de foot se jouent souvent sur peu de choses, et qu’un rien aurait pu transformer 3 victoires en 3 nuls, alors force est de constater qu’il est aussi inexact de dire que Lille était loin au début que près des meilleurs ensuite.
Sur les 60 premiers matches, Lille, 16ème, n’est qu’à quatre points de Nice 12ème, et à huit de Nantes, 8ème. Loin de la tête, c’est incontestable, le classement global des lillois cachent qu’ils se situaient alors plutôt dans un large ventre mou plutôt qu’en bas du classement. Les lillois n’ont d’ailleurs jamais vraiment eu à craindre la relégation : 14ème seulement en 86-87, ils étaient 10ème après 26 journées et seule leur fin de saison brouillonne les a fait terminer si bas.
Le succès lillois sur les 54 derniers matches est également relatif. Quatrième de la seconde période le LOSC, certes, mais à sept points du troisième, Paris, et seulement huit points devant St-Etienne 13ème. Donc, quatrième équipe, mais en réalité plus proche du 11ème (seulement six points derrière) que de l’équipe qui la précède immédiatement.
Bref, l’irrégularité n’est pas flagrante. Certes, le LOSC a un peu donné l’impression d’avoir terminé la saison 86-87 en roue libre, mais n’aurait pas terminé bien au-dessus de la 14ème place dans le cas contraire.
Le LOSC sans doute (un peu) meilleur en 1988-1989
Lorsque les supporters lillois évoquent la qualité de l’effectif de l’époque, ce sont presque toujours les mêmes joueurs qui sont cités : Bernard Lama, Jocelyn Angloma, qui deviendront internationaux avec la France, Abedi Pelé, qui sera bientôt trois fois ballon d’or africain, et le duo d’internationaux belges, Erwin Vandenbergh et Philippe Desmet.
Pourtant, regretter la faiblesse des résultats au regard de la présence de ces joueurs, c’est oublier qu’ils ont peu eu l’occasion de jouer ensemble. Angloma n’arrive qu’en 1987, et Pelé en octobre 1988, alors que le championnat est déjà bien entamé. Les cinq n’auront en fait joué ensemble qu’à 10 reprises en tout et pour tout en championnat. Il est alors délicat de juger de l’échec d’un bel effectif sur plusieurs années quand ce bel effectif n’a existé que sur 8 mois.
Le classement « avec Pelé » traduit d’ailleurs une amélioration sensible des résultats du LOSC. Au cours des 24 journées auxquelles il a participé, voici le classement de première division
Classement saison entière |
Club |
Points |
Matches |
G |
N |
P |
Bp |
Bc |
Diff. |
1 | Marseille |
49 |
24 |
14 |
7 |
3 |
38 |
23 |
15 |
4 | Sochaux |
45 |
24 |
13 |
6 |
5 |
34 |
21 |
13 |
3 | Monaco |
43 |
24 |
11 |
10 |
3 |
47 |
28 |
19 |
2 | Paris Saint-Germain |
42 |
24 |
11 |
9 |
4 |
26 |
17 |
9 |
8 | LOSC |
40 |
24 |
10 |
10 |
4 |
37 |
21 |
16 |
14 | AS Saint-Etienne |
40 |
24 |
11 |
7 |
6 |
34 |
31 |
3 |
6 | OGC Nice |
36 |
24 |
10 |
6 |
8 |
28 |
24 |
4 |
5 | AJ Auxerre |
36 |
24 |
10 |
6 |
8 |
21 |
20 |
1 |
15 | FC Metz |
33 |
24 |
8 |
9 |
7 |
36 |
33 |
3 |
9 | Montpellier Hérault SC |
32 |
24 |
9 |
5 |
10 |
33 |
36 |
-3 |
7 | FC Nantes |
32 |
24 |
8 |
8 |
8 |
22 |
27 |
-5 |
11 | SC Toulon |
31 |
24 |
7 |
10 |
7 |
18 |
19 |
-1 |
16 | SM Caen |
31 |
24 |
8 |
7 |
9 |
30 |
33 |
-3 |
10 | Toulouse FC |
29 |
24 |
6 |
11 |
7 |
30 |
31 |
-1 |
12 | AS Cannes |
29 |
24 |
8 |
5 |
11 |
29 |
33 |
-4 |
18 | RC Strasbourg |
29 |
24 |
8 |
5 |
11 |
32 |
39 |
-7 |
13 | Girondins de Bordeaux |
25 |
24 |
6 |
7 |
12 |
35 |
39 |
-4 |
17 | RC Paris |
23 |
24 |
6 |
5 |
13 |
34 |
40 |
-6 |
19 | Stade Lavallois |
20 |
24 |
4 |
8 |
12 |
16 |
34 |
-18 |
20 | RC Lens |
8 |
24 |
1 |
5 |
18 |
19 |
49 |
-30 |
Sur ces matches, le LOSC est cinquième, troisième attaque et 2ème différence de buts. Il n’est pas si loin de la seconde équipe (Sochaux, 5 points devant) et conserve une belle marge d’avance sur la neuvième (Metz, 7 points derrière).
Au final, sur l’ensemble de la période 1986-1989, le LOSC a pour l’essentiel fait partie de ces équipes moyennes, jamais parmi celles qui pouvaient espérer jouer les tous premiers rôles, jamais parmi celles qui devaient lutter pour le maintien. Par moment, le LOSC a su se rapprocher des meilleurs. En 1988-1989, Lille échoue à 7 points d’Auxerre dans la lutte pour l’Europe, soit quand même assez loin. Quand Pelé arriva, il était pourtant proche de pouvoir espérer mieux.
Il resta l’année suivante, mais Lama et Desmet quittèrent le club tandis que Vandenbergh n’y était plus.
Je reviendrais prochainement sur les coups d’éclats du LOSC de cette période, lesquels ne furent pas si rares que ça et explique sans doute un peu l’attachement à cette période, un peu déçu, de nombre de supporters du club.