Posté le 11 décembre 2015 - par dbclosc
Fastes n’furious branlées : les tournois du LOSC depuis 1945
Moi, ce que j’aime bien dans les tournois, c’est qu’il y a ce côté compétition, mais avec le côté plus sympa et dédramatisant que la Ligue des champions ou la Ligue 1, face anxiogène à bien des égards de la compétition footballistique.
Le tournoi, c’est aussi la compét’ où tu vois des trucs que tu ne vois jamais ailleurs : un obscur club de milieu de tableau suédois peut venir se confronter au champion belge, au club français qualifié en coupe d’Europe et, pourquoi pas, au club de D2 irlandaise. Ca a un charme que n’a même plus pour moi la Coupe du Monde : au diable les stars – quoique ça fait plaisir d’en voir passer de temps en temps – , au diable les « performances », nous ce qu’on veut, c’est passer un bon moment, faudrait ptet pas l’oublier.
Le tournoi, c’est le genre de truc qui peut te permettre de voir ton équipe se prendre une branlée énorme, et non seulement ça te rend pas triste, mais ça te fait marrer. Avoue qu’il y a quelque chose de rigolo à voir le LOSC de 1947 – le gros de l’époque, qui reste sur deux Coupes remportées de suite et un championnat en 1946 – se faire exploser 7 à 1 par Lausanne. Oui, oui, avec l’équipe-type, les Sommerlinck, Lechantre, Tempowski et autre Baratte. Ah ben, oui, j’oubliais, il y avait aussi un certain Lachèvre à Lille : ça explique bien des choses, mais rien que pour ça, cette défaite 7-1 vaut le coup.
Et puis, en 1948, le LOSC est toujours au sommet en France. En tournoi de préparation, il se prend 8-2 contre le Sporting du Portugal. Rien à redire : c’est juste marrant qu’un club comme le LOSC se prenne une taule comme ça. C’est même pas triste : c’est rigolo, c’est juste un tournoi.
Le Benfica 1963-1964, non-adversaire du LOSC cette saison-là
L’édition 1951 de la Coupe Latine, cette pré-Coupe des champions, c’était quelque chose aussi. Organisée cette année-là à Turin et Milan, le LOSC rencontre le Sporting du Portugal en demi-finale. Le match se finit à 1-1. Et bien qu’est-ce qu’on a fait ? On a fait jouer un match d’appui trois jours avant la finale ! Strappe ouvre le score, les portugais égalisent. Strappe en ajoute deux autres. Les portugais reviennent à 3-2. Strappe rajoute le quatrième dans la foulée. Le Sporting revient à 4-4. En prolongation – parce que cette fois-ci on s’est rappelé de la possibilité de jouer des prolongations, Tempowski puis encore André Strappe assurent la victoire du LOSC (6-4). Alors, forcément, avec 210 minutes dans les pattes contre 90 pour leur adversaire qui joue de surcroît à domicile, c’est dur : Lille explose 5 à 0, mais André Strappe, fort de son quintuplé en demi, termine meilleur buteur de l’épreuve. Le fun du contexte de la branlée en atténue très largement l’amertume.
Note sur le complot au passage : la Coupe Latine est organisée pour la première fois peu après le premier titre du LOSC, n’est pas organisée en 1954 l’année de son second titre, et le LOSC doit jouer un match et une prolongation de plus que son adversaire en finale de la seule édition à laquelle il participe : si ça c’est pas du complot contre le LOSC, faudra qu’on m’explique.
Il y a eu aussi la Coupe Intertoto/Rappan 1967. Déjà, le flou autour du nom de la compétition fait marrer. Bref, cette compétition prend la suite de Coupe Rappan qui opposait les meilleurs clubs européens non qualifiés en Coupe d’Europe entre 1960 et 1967. Cette Coupe intertoto, comme son nom le suggère, avait vocation à permettre les paris sportifs estivaux quand il n’y avait justement pas de compétition. Détail croustillant : la compétition s’arrêtait aux matches de poules. Il y avait bien des groupes, mais ça s’arrêtait là … une compét’ faite pour ne pas être finie. Ce LOSC 1967 a terminé premier de son groupe devant Sion, Beerschot et Groningen et gagné sa place pour les non-huitièmes de finale.
Et puis, il y a le mini-tournoi d’avril 1971. Tout est marrant dans ce tournoi. Le calendrier d’abord : d’où que t’as vu que des pros jouaient des tournois amicaux début avril ? La forme du tournoi : triangulaire (trois équipes, toutes s’affrontent) et sur des demi-matches (45 minutes chacun). Et puis, enfin, et surtout, le mode de désignation du vainqueur : le PSG a d’abord battu Lille, puis Monaco le PSG, et enfin Lille bat Monaco. Toujours par 1-0, égalité parfaite entre les trois. Donc qu’est-ce qu’on a fait ? On a désigné le vainqueur au tirage au sort. Et comme la vie est pas toujours pourrie, Lille a gagné. « 0-0 à l’issue du temps règlementaire de cette finale de Ligue des champions entre le Barça et le Bayern … l’arbitre lance sa pièce pour désigner le vainqueur … » Non, ça non par contre, ça ils veulent pas, ça serait trop rigolo, ça les emmerde ce qui est rigolo à l’UEFA.
Et puis faut que j’te parle du Tournoi de Martigues de l’hiver 1988. Il y’a du lourd dans ce tournoi. On commence d’abord par une belle demi-finale contre Martigues, alors en D2. Eh ben, notre bon vieux LOSC s’est qualifié, aux tirs aux buts (8-7, 2-2 à l’issue du temps réglementaire, et tout ça à l’extérieur sur le terrain du club organisateur !) Moi, ça, ça me met en joie. Et puis en finale, tu sais qui on joue ? Le Posco Atoms, le champion en titre de Corée du Sud. Oui, tu as bien lu ! Eh ben, le LOSC, modeste club de milieu de tableau français déjoue tous les pronostics et l’emporte 2-1. Un tournoi de plus au palmarès.
On en a eu d’autres des tournois sympas. Et le tournoi en salle de Liévin de 1991, tu connais ? Six équipes s’étaient retrouvées à Liévin pendant la trêve hivernale. Le premier truc sympa c’était le concept : foot en salle, les joueurs pouvaient faire rebondir le ballon sur les bords, y avait pas de sorties, des remplacements illimités et du spectacle. Le deuxième truc, c’est qu’y avait des équipes sympas : Lille, Lens, les Belges de Charleroi, l’équipe nationale d’Algérie, les polonais du Lech Poznan et les Bulgares du Slavia Sofia. Ok, on a plutôt perdu, mais cette 5ème place sur 6 après une victoire sur le Slavia, c’était que du bonheur.
Et puis, pour finir, le Trophée de Goedendag de Bruges, sur un match. Le LOSC s’était pris 4 buts à 1. Mais jouer des Belges en tournoi, ça n’a pas de prix. Ou plutôt si, le goût de la branlée, qu’on a tellement connu, entre deux victoires au moins aussi pétillantes. Même si dans l’fond, on s’en fout.
Ah, au fait, bientôt je ferai un article sur les différents types de tournois. C’est ça aussi qui est marrant dans les tournois, c’est tous ces concepts différents qui ont pu voir le jour. Aujourd’hui, la créativité des organisateurs semble s’être largement tarie.
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