Posté le 21 décembre 2015 - par dbclosc
Le prix du club de l’année France Football sert-il à quelque chose ?
Depuis 1969, le magazine France Football désigne chaque année le « club de l’année », le Paris SG venant tout juste de recevoir le titre pour l’année 2015. En 47 années, le club lauréat a été le champion de France de l’année passée à 36 reprises. Sur les 11 lauréats n’ayant pas remporté le titre de champion, 5 étaient leaders du championnat à la mi-saison, c’est-à-dire à peu près au moment de l’élection du club de l’année.
Les six autres sont les suivantes : Nantes en 1979, 2ème de la saison 1978-1979, vainqueur de la Coupe, 2ème à la mi-saison 1979-1980, et alors encore en course en C2 ; PSG en 1982, seulement 5ème en 1981-1982, mais vainqueur de la Coupe ; PSG en 1983, 3ème en 1982-1983 et vainqueur de la Coupe, quart-de-finaliste de la C2 et 2ème à la mi-saison 83-84 ; Bordeaux en 1986, 3ème en 1985-86, vainqueur de la Coupe, 2ème à la mi-saison suivante et encore en lice en Coupe de l’UEFA au moment de l’élection ; Sedan en 2000, 7ème en 1999-2000 et 2ème à la mi-saison suivante ; et – le plus beau et mérité selon nos critères objectivement objectifs – Lille en 2001, 3ème en 2000-2001 et à la même place à la mi-saison 2001-2002.
Sérieux ? C’est ça votre équipe de l’année 2001 ???
Plusieurs enseignements découlent de ces quelques informations :
1) Le « club de l’année » est dans plus de trois quarts des cas le champion de l’année concernée ; c’est toujours le cas depuis 14 ans
2) Le « club de l’année » qui n’a pas été champion est le leader du championnat en cours dans près de la moitié des cas
3) Le « club de l’année » qui n’est ni champion de l’année concernée, ni leader du championnat en cours est très généralement le vainqueur de la Coupe et a souvent réalisé un beau parcours européen.
On peut donc dire que le lauréat du prix est le club champion de l’année en titre ou leader du championnat au moment de l’élection dans 87 % des cas ; cette catégorie de lauréat prend d’ailleurs une importance variable dans le temps :
|
% champion de l’année ou leader à mi-saison |
% autres |
1969-1986 |
72 |
28 |
1987-2001 |
87 |
13 |
2002-2015 |
100 |
0 |
En résumé, ce prix est très généralement décerné aux clubs qui ont obtenu le meilleur classement en championnat de l’année et cet état de fait est d’autant plus vrai aujourd’hui que par le passé. On peut certes trouver une certaine logique là-dedans, mais on peut également s’interroger sur l’intérêt de procéder à une telle élection si le vainqueur est presque nécessairement le champion de l’année écoulée comme c’est le cas depuis quatorze ans de suite. Pour ainsi dire, puisque je sais qui est le « club de l’année » à la moitié de l’année – puisque c’est le champion qui remporte généralement ce prix – et que je sais qui va être champion en – puisque le PSG semble irrattrapable – alors, je peux vous dire avec peu de chances de me tromper que le PSG sera le « club de l’année » pour la quatrième fois de suite dans un an.
Certes, il me semble difficile de défendre que celui qui doit être « le club de l’année » en France ait pu ne pas briller dans au moins l’une des compétitions nationales. En revanche, de là à dire que celui qui a « brillé » le plus est nécessairement celui qui a eu les meilleurs résultats, il y a un pas.
Le LOSC lauréat en 2001 est – ça tombe bien – un vainqueur atypique sur ce point : « seulement » ème en 2000-2001, également 3ème à la mi-saison 2001-2002, Lille a alors été récompensée pour un parcours particulièrement inattendu pour un club qui vient de remonter en première division un an et demi plus tôt. D’autres critères pourraient également entrer en ligne de compte, mais une telle démarche nous apparaît beaucoup plus cohérente.
Cette année, Caen nous aurait paru comme un vainqueur beaucoup plu cohérent : 7ème de la seconde partie de saison 2014-2015, 4ème à la mi-saison, et ce malgré leurs maigres moyens, les récompenser aurait relevé d’une logique plus intéressante. Mais Caen reste Caen, et demeure loin du « top » français : peu importe que leur parcours soit à bien des égards plus remarquable que celui de Paris, il serait apparu illogique qu’ils soient récompensés d’un tel titre. Dommage, parce que le prix de club de l’année est alors condamné à n’être qu’un doublon du classement de L1.
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