Archiver pour janvier 2016
Posté le 31 janvier 2016 - par dbclosc
Lettre à Renato
L’autre jour, je trinquais avec Renato Civelli en lui adressant un chaleureux « Renato ! Santé ! ». Il apparut interloqué, bloqua une dizaine de secondes, puis me répondit : « Renao ? » Bref, tout ça pour dire que Pascal-Régis Garagiste, l’ancien buteur de l’OGCFA Fromage 4, nous livre son avis sans concession sur Renato Civelli, qui, effectivement, sans « t » s’écrit Renao Civelli.
Où va-t-on papa ?
Je ne sais pas mais on y va.
Je vous en supplie mes très chers joueurs d’amour du LOSC ne retombez pas en L2 une fois encore, mon petit cœur n’y survirerait pas, pas plus que mon orgueil d’ailleurs.
Après avoir vécu une des plus belles semaines de son histoire (défaite en coupe à Trélissac puis à domicile contre Troyes alors mauvais dernier de L1) le LOSC à mis une petite fessée aux girondins (ils l’ont pas volée celle-là) et s’est fait niqué à la 95 ème au Vélodrome, continuant ainsi nonchalamment son rapprochement avec la zone de relégation dite zone de la mort , si si moi je l’appelle comme ça.
En cas de descente, Je tiendrais pour unique responsable les relances dégueulasses de cet usurpateur de Civelli, je dis usurpateur pour être poli j’aurai pu dire grosse bite sur pattes. Le mec était censé apporter son jeu de tête dans les phases offensives mais il nous a pris la tête dans les phases défensives.
Merci.
Renao Civelli avec un t en plus
Je n’ai jamais vu un défenseur relancer aussi mal depuis Dimitri Watinne en CM1, mais lui il avait des circonstances atténuantes car il jouait avec son cartable, je me demande même parfois si Antonetti ne fait pas semblant de ne pas voir. Mais tout bien réfléchi il mettrait qui à la place ? Basà est 15 semaines par an à l’infirmerie qui porte son nom, Sunzu ? Non je déconne, Koné ? Connais pas.
merci encore.
Et pis merde on a qu’a foutre Almafitano au point ou on en est !
Tiens au fait j’apprends à l’instant que Thauvin va rejouer à l’OM , moi je dis chapeau l’artiste ! Et aussi connard l’artiste.
Enfin bon, comme vous l’aurez compris je ne suis pas le plus grand fan de Civelli, pour tout vous dire je lui souhaite parfois des vilaines choses.
Pardon.
Mais tant qu’on se maintient il peut continuer son festival de relances ratées, Benzia peut continuer ses frappes à côté, Boufal peut continuer d’oublier ses partenaires démarqués, Antonetti peut continuer à manger de la raclette au petit déjeuner et moi je peux continuer d’aimer le club de ma vie que je suivrai jusqu’en enfer quoi qu’il advienne.
Pardon Renato, ç’aurait pu être un autre mais c’est tombé sur toi, ç’aurait pu être Balmont mais je l’aime bien donc c’est toi, Parfois je repense les larmes aux yeux à Pascal Cygan (qui doit sûrement se retourner dans son slip) mais pour te prouver que je t’aime un peu quand même parce que tu joues pour ma ville, je t’invite à faire un poker chez moi mardi avec Fernando D’Amico et cette fois soigne ta relance.
Merci et pardon.
PR Garagiste
Posté le 28 janvier 2016 - par dbclosc
Quand la Coupe de la Ligue « old school » attirait les foules. l’USL Dunkerque 1984
Connais-tu l’ancienne version de la Coupe de la ligue ? Jusqu’au milieu des années 1990, la Coupe de la Ligue n’est pas du tout celle qu’on connaît aujourd’hui et pour laquelle le LOSC s’est magnifiquement qualifié pour la finale. Au début des années 1980, cette compétition est organisée au cours des années où ont lieu des Euros et des Coupes du Monde pour occuper les longues intersaisons. La compétition a alors lieu en 1982, 1984, 1986, puis encore en 1991, 1992 et 1994.
L’organisation du trophée a varié au cours de son existence. Au cours de l’édition 1984, les clubs de D2 s’opposent lors d’une première phase de groupes « régionaux », puis les qualifiés rejoignent les clubs de D1 lors d’une seconde phase de poules « régionales ». S’ensuivent, à partir des huitièmes de finale, des matches à élimination directe.
Cette compétition n’a pas toujours eu bonne presse. Elle intéressait peu le public, dit-on. Pas vraiment faux. Les clubs jouant cette compétition disputaient souvent leurs matches devant des affluences 5 à 6 fois inférieures à celles que l’on rencontrait en D1. En 1984, Dunkerque fait exception à la règle, et le public dunkerquois se prend au jeu de la Coupe de la Ligue, et ce à mesure que l’USLD s’affirme dans la compétition.
Il faut dire que le public dunkerquois était en attente. Après une belle 5ème place en D2 en 1982-1983, l’USLD avait fini à une modeste 14ème place, un point seulement devant le premier relégable (finalement maintenu administrativement). Surtout, allez voir l’USLD, ça promettait rarement de grandes envolées offensives : 14 buts seulement marqués à Tribut cette saison-là. Après 7 matches à domicile, les supporters avaient déjà compris : deux victoires, certes, mais aussi quatre bons vieux 0-0 et une défaite 0-1 contre le voisin valenciennois. Il faut dire que l’avant-centre était Bourré. Non, non, il ne picolait pas, c’était son nom, Bourré. C’est dire que les supporters littoraux étaient en attente de spectacle. Cette saison-là, ils étaient généralement un bon millier lors des matches à domicile.
Et la saison 1984-1985 s’annonce incertaine : au bord de la relégation la saison précédente, les cadres expérimentés quittent le club jusqu’au coach. Alex Dupont, alors responsable du centre de formation, prend les commandes de l’équipe première à seulement 30 ans. La jeunesse de l’entraineur est à l’image de l’équipe : hormis les expérimentés Bruno Zaremba (29 ans) et Christophe Surit (28 ans), les recrues sont jeunes. Alain Ruiz et Jean-Claude Brodel ont 20 ans ; Pascal Valleau et Michel Goba – l’oncle de Didier Drogba – ont deux ans de plus ; Richard Pokée, 21 ans, se situe entre les deux. Ceux qui restent – Georges Westelynck (20 ans), Luc Degrave (20 ans), Didier Hochart (19 ans), Jean-Michel M’Bemba et Fabrice Bourré (22 ans) – sont jeunes. L’effectif est complété par quelques pépites du centre de formation : Daniel Caron, Angelo Hugues (17 ans chacun), Jean-Noël Lise, Jean-François Péron et Mario Tannaï (18 ans), Jean-Martin Guerrien (19 ans) et … Nicolas Huysman, âgé de seulement 16 ans.
légende : en moustache : les joueurs expérimentés; sans : les jeunes
Premier match de la compétition. Dunkerque se déplace à Valenciennes. Les littoraux négocient bien la rencontre, Bruno Zaremba arrachant le match nul (82è) quelques minutes après l’ouverture du score des valenciennois. Pour son premier match « à domicile », le match est délocalisé à Malo-les-Bains et se joue devant 1000 spectateurs. Goba marque son premier but (12è), Bruno Zaremba fait le doublé (26è et 42è). Les adversaires roubaisiens réduiront deux fois la marque, mais l’USLD s’impose (3-2). Pour le dernier match de la première phase de poule, encore à domicile contre Abbeville, seuls 500 spectateurs sont présents pour voir le tout jeune débutant Mario Tannaï donner la victoire aux siens (2-1), Bruno Zaremba marquant l’autre but, son quatrième dans la compétition. Premier de son groupe, l’USLD passe facilement au tour suivant.
La seconde phase commence mal, avec une lourde défaite à Lens (3-0). Les jeunes pousses dunkerquoises se relèvent contre notre Lille, Zaremba (23è), puis Goba (30è) marquant alors que seul Luc Courson leur répondait (2-1), devant 1200 spectateurs. Une victoire à Abbeville plus tard (buts de Surlit, Goba et Caron), Dunkerque s’autorisait à croire à la qualif’ en huitièmes de finale. Ca risque quand-même d’être compliqué : 3ème de son groupe, trop loin de Lens, Dunkerque doit absolument l’emporter contre Metz, le récent vainqueur de la Coupe de France.Le public dunkerquois se prend au jeu : 2141 spectateurs voient Bruno Zaremba ouvrir le score, Carmelo Micciche égaliser, puis Zaremba donner la victoire – et la qualification – aux siens. Bruno Zaremba, 43 buts en 6 saisons de D1 mais qui n’a marqué qu’un but la saison précédente, marque son 7ème but de la compétition, son sixième en quatre matches à domicile.
2141 spectateurs ! Pas mal pour une compétition que le public est censé bouder. Une seule fois la saison précédente, contre Tours le champion, Tribut a-t-il vu davantage de monde (2367 spectateurs). En huitième, ils reçoivent le PSG et explosent le record : ils sont 3990 pour voir ce qui est l’une des meilleures équipes de France. D’accord, ce sont les coiffeurs, mais parmi eux, il y a des joueurs confirmés : Etienne Njo Léa, Jean-Michel Moutier, Thierry Morin et Thierry Bacconnier; ça reste solide. Soutenu par son exceptionnel public, Dunkerque s’impose grâce à Surlit (29è).
Ils sont encore 3000 en quart de finale, cette fois-ci contre Laval, tenant du titre et 11ème du dernier championnat. Ces Lavallois ne prendront pas le match à la légère et les jeunes dunkerquois craquent face à l’équipe première de Laval qui veut garder son titre. 3 à 0 à la mi-temps. 5 à 0 au bout du compte. La marche était trop haute pour les très jeunes littoraux.
Pas grave, les jeunes auront montré un beau visage à leurs supporters, lesquels les découvraient pour nombre d’entre eux. Péron et Hugues n’ont alors que 17 ans, Huysman seulement 16, mais ils feront de très belles carrières derrières. Pas étonnant qu’ils aient été 2000 en moyenne à voir les matches de ces joueurs dans cette compétition censée ennuyer le public.
Posté le 26 janvier 2016 - par dbclosc
L’âge d’or international du LOSC (partie 4) : Le déclin lors des tournois de la CUDL 1984-1986
Quatrième volet de notre saga dur la préhistoire européenne du LOSC, en l’occurrence, sur les éditions 1984, 1985 et 1986 du tournoi de la Communauté Urbaine De Lille (CUDL). Le plus triste aussi. Petit rappel : Lille reste sur un titre, trois tournois gagnés sur les quatre dernières éditions, pour 7 oppositions remportées pour une seule perdue.
L’édition 1984 confirme le déclin (très relatif) du prestige des participants. En plus de Lille et Lens, le Legia Varsovie participe au tournoi. Leur demi-finale de Coupe des champions et leur dernier titre national commencent à dater (1970) et leurs dernières « performances » en championnat n’impressionnent pas (5ème en 1984, 8ème en 1983). Le Standard de Liège apparaît au-dessus : seulement 4ème du dernier championnat belge, les Rouches ont été champions en 1982 et en 1983, ainsi que finalistes de la Coupe des coupes de 1982.
Le LOSC est éliminé, aux tirs au but, par les Polonais du Legia (2-2, 4 tab à 2), tandis que les Lensois créent la surprise en éliminant le Standard. Il est probable que la défaite lilloise s’explique par l’anticipation d’une défaite lensoise et par l’envie de les retrouver. Pas de chance, les lillois joueront le Standard. Les Rouches l’emporteront, encore aux tirs au but, puis le Legia s’imposera (2-1) lors de la grande finale.
Echec, certes, pour le LOSC, dernier du tournoi. Mais tout cela sans perdre un match en temps règlementaire, soit 5 matches consécutifs dans le tournoi sans défaite.
En 1985, le tournoi retrouve une tête d’affiche intéressante, avec le Sparta Prague, qui reste sur deux titres de champions de Tchécoslovaquie (connais-tu ce pays jeune vingtnaire ?), ainsi que sur deux quarts de finale, en Coupe des champions (en 1985) et en Coupe des coupes (en 1984). Beveren participe pour la seconde fois, et reste une équipe des plus compétitives : vainqueur de la Coupe de Belgique en 1983, du championnat en 1984, et récent finaliste de la Coupe, en 1985.
Lens bat Beveren en demi-finale (3-1). Lille affronte le Sparta Prague : dès la 11ème minute, Chovanec ouvre le score pour Prague. Griga double la mise en début de deuxième mi-temps (53è), puis Savic réduit la marque sur pénalty dans la minute suivante. Pokluda assure définitivement le succès des tchecoslovaques à dix minutes du terme (3-1).
Contre Beveren, le LOSC ouvre le score par Pascal Plancque, mais les Belges égalisent sur pénalty avant la mi-temps. Beveren l’emporte finalement aux tirs au but, et le LOSC finit quatrième pour la seconde édition de suite, quatre matches sans victoire, alors qu’il avait gagné, dans le temps règlementaire, 6 des 7 précédents. En finale, Prague bat Lens 2 à 0.
Les Lillois doivent réagir pour le tournoi de 1986. Au programme du tournoi, le Honved trois fois champion de Hongrie de suite, huitième de finaliste de la Coupe des champions, éliminé par le Steaua, vainqueur cette année-là. Pour la deuxième fois, les Brésiliens de l’Atletico Mineiro sont à l’affiche ils sont champion et vainqueur de la Coupe du Minas Gerais et demi-finalistes du championnat du Brésil en 1985 et 1986.
En demi-finale, Lille concède son cinquième match de suite dans le tournoi sans victoire, Nunes marquant le seul but du match (1-0). Bonne nouvelle, le LOSC retrouvera Lens lors du match pour la troisième place, suite à la victoire du Honved Budapest aux tirs aux buts : à la mi-temps, Lens menait pourtant 3-1 …
C’est le troisième derby dans le tournoi, et Lille a gagné les deux premiers. Le LOSC a par ailleurs battu Lens trois semaines plus tôt en Coupe de la Ligue (4-0). Le LOSC confirme : Mobati ouvre le score rapidement (5è) et Vandenbergh double la mise avant la mi-temps (44è). Carreno réduit la marque à la reprise, mais Mobati entérine définitivement le succès lillois à dix minutes de la fin (80è). Enfin, le LOSC renoue – comme Franck – oui je sais je l’ai déjà faite cette blague – - avec la victoire dans son tournoi.
Dans un paradoxe très lillois (cette formule est la version losciste du « c’est très français »), le LOSC aura réussi ses meilleures performances dans le tournoi lors des éditions les plus relevées.
Posté le 21 janvier 2016 - par dbclosc
Special big up Pascal Plancque
Né à Cherbourg au mois d’août 1963, Pascal Plancque, le plus jeune des frères Plancque, arrive au LOSC en 1979 en provenance de l’Iris Club Lambersart où il avait débuté le foot à l’âge de 6 ans. D’abord titulaire indiscutable au milieu de terrain de la réserve – France Football écornant régulièrement son nom : « Planqué », « La Planque », « Planck » – Pascal fait ses débuts comme titulaire sous les ordres de José Arribas le 29 août 1980, neuf jours après ses 17 ans, à Saint-Etienne où le LOSC s’incline 3-1. En face, il y a Castaneda, Lopez, Janvion, Battiston, Santini, Platini et Rep, soit du très lourd pour commencer.
Ses débuts plaisent à France Foot qui lui octroie la note de 4 étoiles. On devra encore attendre avant de voir vraiment Pascal : il ne joue plus en équipe première le reste de la saison, joue 4 matches la saison suivante, puis 8 en 1982-1983, marquant 1 but et délivrant une passe décisive. A 20 ans, Pascal cumule 13 matches de D1, dont 10 comme titulaire.
Beau gosse, le Pascal !
La saison suivante commence sur les mêmes bases : il faut attendre la 17ème journée pour voir à nouveau Pascal, il joue 4 matches et retourne en réserve. En fin de saison, on le verra à nouveau davantage : il joue 10 des 12 derniers matches et commence à se faire une petite réputation. Il excelle notamment contre Lens (3-1) et cumule 38 étoiles France Football jusqu’à la fin de la saison, ce qui atteste a minima qu’il s’était alors fait remarquer.
En 1984-1985, il commence enfin une saison dans la peau d’un titulaire – façon de parler, en fait il n’était dans la peau de personne d’autre que lui-même, ça serait illégal et ça se serait vu. Et ses débuts sont coquets : après 12 journées, Pascal cumule déjà 3 buts, 1 passe dé, 2 pénos et 1 coup-franc provoqués et transformés. Son sommet, il ne l’a pas encore vécu. En 16ème de finale de Coupe de France, Lille joue Bordeaux, champion en titre et qui sera encore champion cette saison-là. Lille s’incline logiquement (3-1), mais conserve un maigre espoir en marquant 1 but grâce à une passe décisive de Pascal. Au retour, Lille encaisse vite un but, ça semble mal barré. Lille reviendra à la hauteur des Bordelais, puis l’emportera en prolongation : 5-1, et Pascal est à l’origine de trois des buts (dont deux passe dé) grâce à ses centres et à ses corners. Lille sera éliminé en demi-finale et Pascal jouera un rôle majeur. Il n’a alors que 21 ans.
Il confirme les deux saisons suivantes, jouant 50 matches de D1 pour 5 buts et 9 passes décisives. A pas encore 24 ans, Pascal est l’un des chouchous de Grimonprez-Jooris. Comme son frère, il quitte le club en 1987, lui pour Auxerre, l’étoile montante du foot français. L’un et l’autre sont lassés d’être stigmatisés par la presse locale pour leur excès d’agressivité et se sentent désignés comme les boucs émissaires de l’important nombre de cartons reçus par le LOSC. Du reste, ils n’ont pas tort : Pascal et lui n’écopent que de 5 des 47 cartons reçus par Lille, quand Desmet en reçoit 10 et Thomas comme Lacuesta 8.
Il débute comme titulaire à Auxerre, fait ses débuts en Coupe d’Europe où il se blesse gravement. Il revient plus de 6 mois plus tard, mais semble ne pas avoir retrouvé ses moyens : il rejoint alors Laval en 1988 après 14 matches, 0 but, 0 passe avec Auxerre. Note que, en parallèle, son frère Stéphane, partit lui à Strasbourg, se pète les ligaments croisés et rate presque toute sa saison. Il se remettra mieux que son Pascal de sa blessure.
A Laval, il ne retrouve pas la totalité de ses moyens et ne dispute que 15 matches dont 10 comme titulaire, échappant au passage au carton pris par les siens à Lille (8-0). La saison suivante, il renoue – comme Franck – avec le but en marquant 2 fois en 11 matches de D2 (dont 4 petites titularisations et un total de 426 minutes de jeu). Il lui avait fallu plus de trois ans, son dernier but remontant au 13 décembre 1986 lors d’un carton du LOSC contre Sochaux (6-0). En 1990, Pascal est très loin de son niveau du LOSC. Il part alors pour Pau en D3 et n’a pas encore 27 ans.
A Pau, il approchera à nouveau le monde pro, mais sans l’atteindre : en 1992-1993, lui qui anime le jeu palois avec l’autre ancien lillois Jean-Pierre Meudic, termine premier de son groupe de D3. Jusqu’à la saison précédente, cela signifiait la montée en D2. Mais avec la réforme, seuls deux des 6 premiers montent en D2. Deuxième de sa poule de trois équipes, Pau et Pascal échouent d’un rien.
Il reste à Pau jusqu’en 1995 (et non 1994 comme l’affirme la plupart des médias à la solde du complot contre le LOSC et donc, indirectement, contre Pascal) dans une équipe très lilloise sur sa fin. Enfin, lilloise, ça il ne le sait pas encore Pascal : certes, son entraîneur est Slavo Muslin son ancien coéquipier de Lille, mais surtout, sur le terrain, plusieurs de ses coéquipiers viendront jouer ensuite à Lille : Bob Senoussi (1997-1999), Laurent Peyrelade (1997-2001) et Fred Viseux (1998-2000).
On le reverra à Lille, notamment vers 2000 à l’occasion du jubilé commun à lui et à son frère Stéphane. Le fameux « jubilé des frères Plancque ».
Posté le 20 janvier 2016 - par dbclosc
Quelques réponses à ce qu’on défend (parfois) sur les gros salaires du foot
Voici quelques réponses aux défenseurs, supporters et joueurs, du principe des salaires exorbitants.
« Les carrières sont courtes, c’est normal qu’ils soient bien payés »
Ouaip, un peu spécieux comme argument. Ça me rappelle les députés qui, lors de la réforme des retraites, justifiaient le maintien de leur régime de retraite hyper-privilégié sur ce principe.
Note que, dans les deux cas, tu peux énoncer la règle suivante : plus t’as gagné pendant ta « courte carrière », plus tu trouveras facilement un bon taf pour ta reconversion. Note également cette seconde règle suivante : plus tu gagnes beaucoup, moins ta courte carrière risque de l’être (courte, hein, pas carrière).
Note que je ne suis pas contre qu’on prenne en compte le principe de la courtitude des carrières : mais de manière censée et égalitaire. Le problème se pose justement pour ceux qui n’ont jamais vraiment percé et qui ont pourtant investi beaucoup dans le foot. Ces gars-là qui oscillent en petit salaire pro en D2 et contrats fédéraux en National ou en CFA ne se font en effet pas beaucoup de thunes et la reconversion est alors une vraie question. Mais pas dans les mêmes termes que pour les millionnaires des gros clubs de L1.
Je me souviens de Saccomano qui défendait ces gros salaires au regard du fait que les carrières « durent 4 ou 5 ans » dans le foot. T’es sérieux Eugène ? Pirès et Zidane ont fait des carrières de 4 ou 5 ans ?
« T’es jaloux, tu refuserais toi si on te proposait autant ? »
Ben en fait, pour être tout à fait sincère, ça me gonflerait qu’on me propose 100.000 balles par mois quel que soit le taf. Est-ce que je refuserais ? Difficile à dire, sans doute pas. Mais pitié, si ça m’arrive un jour et que je me mets à défendre que c’est bien légitime, fusillez-moi. C’est pas facile de se débarrasser de son chien quand il a la rage, mais c’est nécessaire.
« C’est nous qui sommes sur le terrain et qui faisons rêver les gens »
Hein ? T’as parlé ? Bon, là tu vois, je n’aurai pas la mesquinerie de te parler de ton dernier match, parce que bon en matière de « rêve », ben tu vois, je suis pas convaincu (Merde, j’ai eu la mesquinerie d’en parler quand-même). Oui t’es « sur le terrain », mais finalement, est-ce qu’on peut pas appliquer cet argument à tout métier ? Est-ce que les artistes devraient être payés 30 fois plus que leurs techniciens de leurs spectacles selon ce principe ? Et, en foot, est-ce que les joueurs de National ne sont pas aussi « sur le terrain » mais pour beaucoup moins que toi ? Est-ce que les ouvriers sur leurs chaînes ne sont pas aussi « sur le terrain » ? Mais c’est vrai que, de ton point de vue, ils ne font pas « rêver » les gens. Ce qui te fait rêver toi, il y a eu des gens qui ont dû le faire pour toi. Et pour moins cher que toi.
« Je sens que si j’explique mon salaire par le fait que j’ai fait rêver les supporters, y a un grognon qui va trouver quelque chose à redire »
« On a bossé très dur pour en arriver là »
Merci, c’est gentil. Les working poors apprécieront. En fait, s’ils sont mal payés, c’est parce qu’ils n’ont pas travaillé dur. Comme le dit le bon sens populaire : « il avait qu’à travailler à l’école ». S’il ne l’a pas fait quand il avait 15 ans, après faut pas qu’il s’étonne s’il galère comme un chien toute sa vie et s’il se fait exploiter.
« On fait vivre toute une économie. C’est grâce à nous que tellement de gens ont du travail »
Ah oui, c’est vrai que toi pour avoir ton gros salaire, tu peux te passer de tous ces gens qui sont au guichet, qui travaillent dans l’entreprise de ton sponsor, etc. Perso, faudra que tu m’expliques comment tu ferais pour avoir tout tes sous sans eux. Moi, je le vois autrement : eux ont besoin de toi, toi t’as besoin d’eux, et au final c’est toi qui engrange le pactole.
Bisous
Posté le 19 janvier 2016 - par dbclosc
A la recherche du Walquir perdu
Je ne sais pas si tu as remarqué, mais il y a tout un tas de joueurs qui, à leur simple évocation, engendre un petit sourire narquois, genre « ah, ouais, lui, eh ! eh ! ». Mais il y a quelque chose d’un peu vache là-dedans et surtout de très relatif à l’expérience qu’en ont chaque supporter et aux souvenirs, représentations déformées et se déformant, qu’ils en ont.
Walquir Mota, au moins pour les vieux supporters du LOSC comme moi, est le genre de ces joueurs qui font sortir ce sourire narquois (« ah, ouais, lui, eh ! eh ! : ah ! merde, j’m’étais promis de me retenir). Je voudrais un peu revenir sur lui (enfin sur son cas, hein) pour montrer toute la vacherie des jugements lillois portés à son encontre.
Walquir Mota, né en août 1967 dans la riante cité de Patos de Minas, quitte son Brésil natal pour un petit club allemand. Là où Olivier Hatton ambitionnait de jouer au Brésil, Walquir a plutôt des rêves de conquêtes d’Europe. En 1987, il part pour Mulhouse, sans jamais jouer avec l’équipe première. Ceci étant, j’arrive à douter de la véracité de cette information, puisque mes archives, pourtant fort riches, ne trouvent pas mention d’un seul match joué par lui, même avec la réserve en D3. Peut-être jouait-il à l’époque avec le surnom de « Djordjevic » ce qui expliquerait bien des choses, car on sait que les brésiliens aiment bien les surnoms. C’est même à ça qu’on les reconnaît. Bref …
Il part ensuite à Rodez, où il marque 6 fois, puis, en 1989, à Beauvais où il score à 9 reprises sa seconde saison. Inévitablement, Tours lui fait les yeux doux. Il y signe en 1991.
Et là, c’est le moment de gloire de Walquir : 18 buts en 31 matches, deuxième buteur de son groupe de D2 derrière l’inévitable Jean-Pierre Orts (formé à Lille soit dit en passant). Les gros se pressent pour le faire signer. En fait de gros, pour être précis, le LOSC avait envoyé certains de ses émissaires, lesquels étaient pourvus de quelque embonpoint. Non, non, ni l’OM, ni Monaco n’ont essayé de le débaucher. Il signe à l’été 1992, il n’a pas encore 25 ans.
A Lille, son nom est associé à l’échec offensif de Lille : 0 but, en 22 matches, titulaire lors du début de saison 1992-1993, celui au cours duquel Lille avait marqué 5 buts après 17 matches … forcément, typiquement le joueur dont l’évocation t’arrache un petit sourire narquois. Surtout qu’on y a cru au départ : pas mal de buts en matches de préparation dont un doublé lors de la victoire (6-0) en finale du Challenge Emile Olivier.
Quand Mota a vu qu’on le mettait avec les défenseurs et le gardien sur la photo de l’équipe, c’est là qu’il s’est rendu compte qu’on n’avait pas trop confiance en lui.
Mais bon, Walquir, c’est du coup un peu le bouc émissaire idéal. Un avant-centre qui ne marque pas, tout de suite ça fait tâche. Alors, arrive Pascal Nouma, le futur crack qui doit alors libérer l’attaque. Et fort de ses 2 buts en 22 matches, on ne peut pas dire le contraire, Pascal a fait mieux que Mota, 0 but en 18 matches. Mais en même temps, est-ce qu’il a vraiment été si mauvais Walquir ?
Pas de but certes, mais Walquir n’a peut-être pas été si mauvais que ça à l’époque. En lisant des France Football de l’époque, je constate qu’il avait de bonnes notes. Non pas que je sois un fervent croyant dans l’ « objectivité » des notes, mais bon, elles traduisent au moins une perception de certaines personnes, en l’occurrence les journalistes qui sont venus voir le match. Petite précision pour les jeunes : en 1992, la notation n’est pas la même : un 5 d’aujourd’hui, c’est 3 étoiles de l’époque ; un 4 de l’époque ça correspond à 6 et un peu plus aujourd’hui ; un 5 étoiles, ça équivaut à un 7 ou un 8 d’aujourd’hui. Les 6 étoiles, à l’époque, il y en avait 5 par championnat, soit à peu près ce que vaut un 9 maintenant.
Et bien, le Walquir, pour les 9 matches sur 13 dont j’ai retrouvé la trace, il est bien évalué : 1 fois 5 étoiles, 4 fois 4 étoiles, 4 fois 3 étoiles, soit une moyenne de 3,67 ce qui n’est franchement pas mal. Je ne dis pas « pas mal pour un avant-centre qui ne marque pas un but », mais pas mal par rapport à la norme des joueurs.
Après 15 journées, la carrière lilloise de Mota est pourtant finie. Ça donne un peu l’impression qu’il n’a pas eu de seconde chance : lors des 61 journées suivantes, étalées sur un an et demi, Mota n’est titulaire qu’une fois, et rentre 6 fois de plus en cours de jeu. Avec la réserve, il s’éclate : 10 buts au cours de sa seconde saison au club, là où Lionel Messi et Cristiano Ronaldo restaient muets.
Walquir s’en va en 1994 pour Valence, et continuera une carrière des plus honorables en D2. C’est surtout à Niort (1995-1998) qu’il se fera encore remarquer, claquant 31 buts en 3 saisons, dont 17 la première.
Si tu es sage je te ferai part bientôt d’un bon truc pour te débarrasser d’un ami dépressif trop encombrant en lui organisant un anniversaire surprise.
Posté le 15 janvier 2016 - par dbclosc
Les buteurs de la réserve du LOSC dans les années 1980
J’aime parler des choses qui n’intéressent personne si ce n’est quelques blaireaux dans mon genre. A la recherche d’un sujet exotique, je me suis penché sur ce que j’avais en réserve. Tout naturellement, pour voir ce que j’avais en réserve, j’ai tapé « réserve » en recherche sur mon PC portable de qualité supérieure (2 en 1 puisqu’il fait également calculatrice).
Et là, par le plus grand des Hazard (en l’occurrence Thorgan, 1,74 m soit un centimètre de plus qu’Eden et 3 de plus que Kylian), je suis tombé (au sens figuré) sur le fichier « réserve synthèse ». Dessus, le fichier récapitulatif de tous les joueurs ayant joué avec la réserve du LOSC de 1979 à 1990 avec nombre de matches joués et buts marqués.
Je le précise, mon fichier a quelques menues lacunes : n’ayant pu trouver la totalité des fiches de matches, les chiffres donnés sont peut-être un poil sous-estimés (Note que j’ai accordé sous-estimés au pluriel ce qui t’indique le sens à donner à la phrase : il ne faut pas comprendre que les chiffres seraient un poil lequel serait sous-estimé, mais bien que les chiffres sont un peu en dessous de la réalité). T’inquiète, pas trop non plus : il m’a manqué entre une et quatre fiches de matches par saison).
Bref, je me suis dis : mon petit Bobby, tu vas leur faire un petit récapitulatif des buteurs de la D3 du LOSC des années 1980. Qui dit années 80, dit « Top 50 ». Gardons le principe de partir de la fin vers le top, mais je te propose de partir du n°5, parce que sinon je risque de finir l’article l’année prochaine.
Et le n°5 est … Bruno Rohart !
Bruno Rohart, né en 1967 a été formé au LOSC et fait ses débuts avec la réserve en 1983-1984, à l’âge de 16 ans. Il y restera encore cinq saisons de suite avant de poursuivre son parcours à Calais (1989-1991, D3), Boulogne-sur-Mer (1991-1993, D3) puis Wasquehal (1993-2000). Avec Wasquehal, il part du quatrième échelon national pour atteindre la D2 en 1997, niveau auquel il jouera 39 matches.
S’il découvre la D2 à près de 30 ans, il a déjà joué avec l’équipe première de Lille plus de dix ans plus tôt : A 18 ans, il entre deux fois en cours de jeu en D1 pour un total de 30 minutes dans l’élite. Il avait déjà joué en équipe première quatre jours avant son premier match de D1, jouant comme titulaire le quart de finale de Coupe de la Ligue perdu à Bordeaux (3-2 ap).
Avec la D3, il claque 17 fois en 83 matches disputés sont 7 buts en 1985-1986 quand la réserve termine en tête de son groupe de D3.
Et le n°4 est … Luc Courson !
L’ailier lillois a davantage joué que Bruno en équipe première : 19 matches dont 16 en D1. Il jouera, comme Bruno à Calais, qu’il rejoint en 1988. Et, là encore comme Bruno, il participe à la Coupe de la Ligue 1986, jouant pour sa part contre Lens atomisé (4-0) ce jour-là.
Avec la réserve, il ne claque jamais beaucoup en une saison, son meilleur total étant atteint l’année de la première place de la D3 (comme Bruno) avec 5 buts (moins bien que Bruno). Mais il marqué quelques buts sur une longue période : 3 en 82-83, 4 l’année suivante, 4 encore en 84-85, puis 5 en 85-86 mais aussi en 87-88. Il joue 74 fois avec la réserve.
Et le n°3 est Rudi Garcia !
Comme je l’indiquais dans un précédent article, Rudi Garcia a beaucoup joué à Lille, puisqu’il avait cette particularité d’endosser le maillot de la réserve dès qu’il ne jouait pas avec les A, ce qui lui a permis de jouer 79 fois avec la réserve entre 1982 et 1988 et de marquer à 22 reprises et ça en plus des 81 matches et 5 buts avec l’équipe première.
Depuis, je sais de source sûre qu’il serait devenu entraîneur même si je n’en sais pas beaucoup plus à ce propos. D’ailleurs, cette même source m’a informé qu’il serait actuellement sans club. Si certains sont intéressés, qu’ils n’hésitent pas à nous transmettre leur demande que nous donnerons à Rudi.
Et le n°2 est … Patrick Rey !
Cet attaquant racé (oui cet adjectif ne veut rien dire) a laissé son empreinte au LOSC bien qu’il n’ait joué que 21 matches pour 4 buts en équipe première. Son fait de gloire ? Titulaire au Parc des Princes, il plante 2 buts et fait une passe décisive pour une victoire de légende (5-4) contre le PSG.
En réserve, il marque 24 fois, dont 11 buts en 1979-1980. Après son départ de Lille en 1984, il joue à Angers, Grenoble et Gueugnon (un an à chaque fois), marquant 12 buts en D2 en 82 apparitions.
Haine de ze ouineure ize … Fabrice Leclerc !
Ah, Fabrice ! … Fabrice Leclerc, du célèbre « gang des Leclerc(q) » de la réserve du LOSC est peut-être même le meilleur buteur de l’histoire de la réserve du LOSC. Loin devant tout le monde avec ses 39 buts ! Il en marque déjà 10 en 1984-1985 à seulement 17 ans, puis 6 et 8 les deux saisons suivantes pour battre son record de buts sur une saison en 1987-1988 (14 buts).
En parallèle, il joue 5 matches de D1 avec Lille, pour un but marqué contre Sochaux. Il joue aussi quatre matches de la Coupe de la Ligue 1986. Après son départ pour Lille, il signe à Montceau-les-Mines en D2, puis il rejoint Le Touquet en D3 où il joue deux saisons.
Après, le seul Fabrice dont on entendra parler sera celui de l’émission « La Classe » avec ses potes Bézu et Olivier Lejeune.
Posté le 12 janvier 2016 - par dbclosc
Rétablissons Erwin dans son honneur bafoué !
Je voudrais tout d’abord m’excuser pour ce titre. Il est foireux, je sais. Mais il sonnait très bien. Bref, quand on navigue sur le ouèbe à la recherche d’infos sur Erwin, on retrouve fréquemment le même article copié-collé qui nous explique que Erwin a foiré son passage à Lille et qu’en quittant Anderlecht il s’est « perdu dans le Nord ». Pas besoin d’être sorti de Saint-Cyr – cette expression est débile – pour y voir la marque du complot.
Objection n°1 : l’affirmation selon laquelle Erwin se serait perdu dans le Nord est diffamatoire à l’égard des nordistes qui sont précisément réputés pour leur disponibilité quand quelqu’un ne trouve plus son chemin. Dire que Erwin s’est perdu dans le Nord, c’est supputer qu’on l’aurait laissé galérer tout seul, ce qui est bien sûr impossible.
Bien sûr, on peut supposer que cette phrase n’était qu’une métaphore visant à qualifier sa carrière footballistique. Là encore, on peut douter de la pertinence du propos.
Objection n°2 : Tout d’abord, parce que j’ai bien l’impression que cette affirmation ne repose que sur le nombre de buts marqués par Erwin par rapport à ce qu’il marquait avec Anderlecht. Un peu rapide pour qualifier son passage d’échec : forcément il marquait plus à Anderlecht qui est alors le club dominant de Belgique, a fortiori dans un championnat où la moyenne de buts par match est nettement plus élevée qu’en France. On le voit sur ce graphique, si l’on se rapporte au nombre de buts marqués par saison, son passage à Lille (1986-1990) est nettement moins bon qu’à Anderlecht (1982-1986). Si l’on se réfère à la part qu’il représente dans les buts marqués de son équipe, il n’y’a quasiment aucune différence, sauf en 1989-1990.
En plus, il rate une proportion plus importante des matches à Lille (25 %) qu’à Anderlecht (11 %) : forcément, quand tu joues pas parce que t’es blessé ou je ne sais pourquoi, ben tu marques pas.
Objection n°3 : en plus, à Lille, il a fait beaucoup de passes décisives : 19 en quatre championnats, plus 6 autres en Coupe de France ; je n’ai pas de point de comparaison avec le championnat belge, mais on peut au moins souligner que cette caractéristique indique que ses seuls buts ne suffisent pas à résumer son apport au jeu lillois. Sur quatre saisons de D1, Lille marque 1,3 but par match quand Erwin joue set seulement 0,76 en son absence ; il marque ou est passeur décisif sur 39 % des buts lillois quand il joue.
Sauf pour sa dernière saison, il contribue donc comme buteur ou passeur décisif à 39 % à 49 % des buts de son équipe.
Objection n°4 : on peut également procéder à une comparaison des performances de buteurs d’Erwin Vandenbergh avec ce qui se fait de mieux alors dans l’hexagone, à savoir Jean-Pierre Papin. Du point de vue des chiffres bruts, la comparaison est sans appel : 84 buts pour Papin entre 1986 et 1990, seulement 38 pour Erwin.
Ceci étant, pour réaliser une comparaison plus juste, on peut tenir compte de trois facteurs : les pénos tirés, la qualité offensive des partenaires, et les matches joués. Autrement dit, si tu tires beaucoup de pénos, si tu joues beaucoup, si t’as beaucoup de bonnes passes, c’est logique que tu marques plus. Pour les pénos, c’est facile, il suffit de les retirer du comptage : Papin garde un très large avantage, 69 buts à 33.
Pour les matches joués, c’est pas compliqué non plus, on applique un coefficient à celui qui joue le moins pour faire une équivalence avec celui qui joue le plus.
Pour la qualité offensive des partenaires, c’est plus délicat. Ceci étant, on peut postuler que le nombre de buts marqués par chaque équipe en est le révélateur. En fait, c’est un peu plus compliqué que ça, mais c’est en tout cas un indice intéressant. Si on applique de tels coefficients à Vandenbergh et qu’on ne retient que les buts marqués hors pénos, on a alors la comparaison suivante :
A ce petit jeu, Papin est encore gagnant : mais l’écart se réduit nettement, VDB passant à un total théorique de 50,26 buts contre 69 à Papin. Surtout, cet écart se construit pour l’essentiel la dernière saison : entre 1986 et 1989 on est à 44 buts à 40 pour Papin.
Et encore, cette comparaison ne prend-elle en compte que les buts et pas les passes décisives. Or, malgré des compères offensifs un peu en dessous, malgré un temps de jeu moindre, Vandenbergh réalise 19 assists (et non 19 assistés) contre seulement 9 pour Papin. Du coup, si on appliquait les mêmes ratios aux passes dé qu’aux buts, ça ne serait plus Papin qui serait devant mais Vandenbergh, avec 81 « actions décisives » (buts et passes dé) à 78.
Allégorie de l’homme bafoué avec son pote
D’ailleurs, si tu n’es pas convaincu par l’indicateur de la qualité offensive des partenaires, on peut faire sans, en ne retenant que les buts (sans pénos) et passes dé rapportées aux matches joués. En gros, sauf pour 89-90, le constat est le même :
Bref, les « Vandenbergh a perdu le Nord » et autres foutaises, faut pas exagérer. Allez, d’accord, j’avoue j’ai un peu forcé le trait dans ma démonstration. En même temps, il faut quand-même me comprendre, je suis un supporter, donc un beauf qui boit de la bière et raconte des conneries pour expliquer que son équipe se fait bien niquer. Seulement, la bière j’en achète de la bonne, et mes conneries, j’essaie qu’elles ressemblent à un truc un peu moins con qu’un article de l’Equipe. Dans les deux cas c’est facile : j’habite près de la Belgique (pour la bière) et j’ai un cerveau (pour les conneries moins connes que celles de l’Equipe).
Vandenbergh n’a certainement pas connu les sommets de sa carrière à Lille, mais il n’est pas non plus tombé aussi bas que certains veulent bien le dire. Il aura certes été irrégulier : ses six premiers mois sont très bons, l’année 1987 est ensuite difficile à gérer pour lui (31 matches, 7 buts et 2 passes), puis il retrouve son niveau en 1988 (35 matches, 17 buts, 10 passes). Sa dernière saison est certes en-dessous de son vrai niveau. Désireux de partir, l’accord avec Malines n’avait pas pu se faire. Pas très étonnant qu’il ait été ensuite démotivé.
Ah oui, une dernière chose, Erwin claquait et passait décisivement avec particulièrement d’efficacité contre notre bon vieux voisin lensois. Normalement, si t’avais des doutes, ça devrait achever de te convaincre.
Bisous.
Posté le 11 janvier 2016 - par dbclosc
Les fins de saison pourries du LOSC de José Arribas
Né en Espagne le 16 janvier 1921, José Arribas arrive en France à l’âge de 14 ans, quittant son pays natal (et non « nataf », contrairement à Mallaury) en raison de la guerre civile. Sa carrière de joueur est modeste, se limitant à quatre ans de D2 au Mans entre 1948 et 1952.
En tant qu’entraîneur, José, c’est par contre une légende : entraîneur du FC Nantes de 1960 à 1976, il remporte trois titres de champions et, surtout il initie le fameux « jeu à la nantaise » : contrairement à ce que certains de ma génération pensent, ça n’est pas Coco Suaudeau qui en est à l’origine (Note au passage que Coco Suaudeau a probablement le nom le plus marrant au monde).
Bref, en 1977, José Arribas signe à Lille pour reproduire ce qu’il a fait à Nantes, avec des moyens quand-même nettement en dessous. En plus, le « jeu à la nantaise », ça prend du temps pour se construire : ça n’est pas pour rien que les Loko, Ouédec et autres Pedros sont devenus des vedettes à Nantes avant de ne plus rien faire ensuite.
Sauras-tu trouver José Arribas sur cette photo ?
José signe en D2, et Lille remonte dès sa première saison, Lille finissant avec le plus grand nombre de points (51) et de buts marqués (75) des deux groupes de D2. Le Lille de Arribas, c’est une équipe offensive qui régalera Grimonprez-Jooris de ses envolées offensives : en 1977-1978, le LOSC marque au moins 3 buts sur 12 des 17 matches à domicile de la saison ; l’année de la remontée, Grimonprez voit le LOSC marquer au moins 4 fois sur un match à 7 reprises sur 19 rencontres. Ça baissera ensuite, mais le Lille de Arribas offrira toujours un beau spectacle aux supporters. Entre 1979 et 1981, Grimonprez accueille 14.000 spectateurs en moyenne, soit bien plus que les 7.000 par match du début des années 1990, pour des résultats pourtant pas vraiment meilleurs.
Car, finalement, si le LOSC est si séduisant alors, ça n’est pas tellement pour ses performances. Certes, Lille finit à une excellente 6ème place l’année de la remontée, mais enchaîne avec des résultats beaucoup plus modestes : 13ème, 17ème, puis enfin 14ème. Comme je l’ai souligné récemment, si ce LOSC a plu, cela tient sans doute à la qualité de ses performances à domicile, très bonnes par rapport à la médiocrité de celles connues en déplacement. Cela tient aussi à un jeu attrayant – le jeu à la nantaise – mais, pas toujours efficace. Enfin, pas efficaces … le LOSC a marqué beaucoup entre 1978 et 1982 (1,4 but par match en moyenne), mais a encaissé bien davantage (1,55/match).
Caractéristique peut être déterminante dans ce succès populaire du LOSC d’Arribas : ses débuts de saison ont fait espérer les supporters. Invariablement, le LOSC commençait bien ses saisons, pour les finir toujours très mollement. Dès 1978-1979, ce fléchissement s’observe : marquant 1,91 but/match lors des 23 premières journées, la moyenne lilloise passe à 1,53 pour le reste du championnat. Cette saison-là, ce fût sans conséquences, puisque les concurrents du LOSC n’avancèrent pas plus vite. Lille finit alors à une excellente 6ème place.
L’année suivante, on espéra un parcours similaire : 5ème après 10 matches, encore 8ème après 18 journées, le LOSC semble partie sur des bases similaires à celles de la saison précédente, et finit les matches aller avec une moyenne de 1,63 but par match. Las, sa moyenne de but des matches retours fût calamiteuse : 0,73. Et Lille déclina au classement en conséquence, pour finir 13ème.
L’espoir renaquit l’année suivante. Après 25 journées, Lille est 9ème avec une moyenne d’1,68 but marqué par match. La fin de saison fût pénible, Lille engrangeant seulement 7 points lors des 13 dernières journées, pour un but marqué et deux encaissés par match, et terminant à la 17ème place.
Qu’à cela ne tienne, la dernière saison d’Arribas sera peut-être la bonne. Lille est 6ème après 18 journées, encore 9ème après la 29ème. Les 7 derniers matches du LOSC d’Arribas furent particulièrement loin de ce qu’on avait pu espérer : 3 points pris, 1 but marqué, 10 encaissés. Ils ne sont que 13.000 pour voir le dernier match à domicile avec Arribas à la tête du LOSC. Minable pour un derby contre Lens. Lille explose 0-3, avec un doublé de Teitur Thordarson. Franchement T’es tur avec nous Thordarson.
Bisous.
Posté le 6 janvier 2016 - par dbclosc
Lille, citadelle imprenable (1974-1980)
Tu auras sans nul doute remarqué toute la finesse humoristique du titre : Lille, Citadelle imprenable, alors que justement, à Lille il y’a la Citadelle. Bref, venons-en aux faits : entre 1974 et 1980, les performances du LOSC à domicile sont excellentes : 7ème équipe nationale quant aux performances à domicile.
Tu me diras, septièmes, c’est pas mal, mais ça veut quand même dire que six équipes font mieux. Certes, mais aucune ne connaît un tel différentiel de performances entre matches à domicile et matches à l’extérieur. Le LOSC, pendant cette période, c’est l’équipe la moins bonne à l’extérieur de toutes celles qui passent au moins quatre saisons en D1 entre 1974 et 1980. Mais parallèlement, à domicile, ils font régulièrement partie des meilleurs. Voici récapitulés dans ce tableau les classements du LOSC à domicile et à l’extérieur par saison :
|
Domicile |
Extérieur |
1974-1975 |
4ème |
20ème |
1975-1976 |
6ème |
18ème |
1976-1977 |
18ème |
20ème |
1978-1979 |
6ème |
9ème |
1979-1980 |
9ème |
16ème |
En moyenne, le LOSC fait huit places de mieux à domicile qu’à l’extérieur. C’est énorme et aucune autre équipe de l’époque ne peut s’approcher du LOSC en la matière. Après Lille et ses 8 places de mieux à domicile, suivent Nîmes (5 places) et Bastia (4,3 places). Le PSG, avec 5,3 places de mieux à l’extérieur est dans la situation inverse au LOSC.
Clique sur le graphique pour l’agrandir.
Affiche du match d’inauguration de Grimonprez-Jooris en 1975
Sur les six saisons 1974 à 1980, le LOSC dispute 112 matches de championnat à domicile, en remporte 70, pour 26 nuls et 6 défaites, 239 buts marqués et 110 encaissés. Entre la 19ème journée de D2 en 1978-1979 et la 7ème journée de D1 la saison suivante, le LOSC enchaînent 11 succès de rang sur son terrain, pour 40 buts marqués et 15 encaissés. Entre la 25ème journée de D2 en 1973-1974 et la 19ème de D1 la saison suivante, Lille avait déjà réalisé une telle série de 11 victoires de rang : 30 buts marqués, 1 encaissé. Sur cette série, 23 buts marqués consécutivement à Henri-Jooris auront tous été marqués par le LOSC.
Bien sûr, ces exceptionnelles performances à domicile soulignent aussi la faiblesse du LOSC à l’extérieur. Après 14 journées de D1 en 1974-1975, le LOSC a encaissé 17 buts : aucun à domicile, 17 en déplacement. Si Lille remporte son deuxième déplacement à Troyes (1-0) en 1974-1975, il enchaîne 9 défaites de rang en déplacement, pour 2 nuls et 15 défaites jusqu’à la fin de la saison. Jusqu’à sa victoire à Valenciennes en 1975-1976, le LOSC est resté 23 matches sans gagner à l’extérieur.
Et encore, le pire était à venir : après cette victoire, Lille perd 11 déplacements de suite, marquant 3 buts pour en encaisser 34. Sauf à Troyes, toutes ces défaites l’ont été pour au moins deux buts d’écarts. La victoire à Monaco (4-3) pour la dernière journée de championnat n’a été qu’un feu de paille : Lille perd ses 14 premiers déplacements de la saison suivante (10 buts marqués, 31 encaissés). Le point pris à Bastia sera d’ailleurs le seul pris à l’extérieur cette saison-là. Quand finit la saison, Lille reste sur une série assez improbable à l’extérieur : 1 victoire, 1 nul pour 29 défaites sur les 31 derniers matches, 20 buts marqués, 80 encaissés. Lille à l’extérieur, à l’époque, c’était la quasi-garantie d’avoir au moins un bon résultat au Loto foot.
D’ailleurs, en parlant de loto foot, la caractéristique d’une équipe bonne à domicile et mauvaise à l’extérieur est que tu peux cocher « 1″ et que ça marche à presque tous les coups : entre la 4ème et la 14ème journée de championnat 1974-75, tous les matches du LOSC sont remportés par l’équipe recevante. Cette saison-là, en cochant sytématiquement « 1″ lors des matches du LOSC, on gagne à 30 reprises.
Comme un symbole de cette galère lilloise en déplacement, le LOSC de la saison 1978-1979 réalise une très belle 6ème place en championnat, mais sans remporter le moindre match en déplacement. Heureusement, cette saison-là, ils repartirent à 12 reprises avec le point du match nul. La victoire à Monaco (encore eux) pour la 28ème journée de D1 de la saison 1979-1980 mettait fin à une série de 51 déplacements sans victoire, seulement agrémentés de 18 matches nuls.