Posté le 6 janvier 2016 - par dbclosc
Lille, citadelle imprenable (1974-1980)
Tu auras sans nul doute remarqué toute la finesse humoristique du titre : Lille, Citadelle imprenable, alors que justement, à Lille il y’a la Citadelle. Bref, venons-en aux faits : entre 1974 et 1980, les performances du LOSC à domicile sont excellentes : 7ème équipe nationale quant aux performances à domicile.
Tu me diras, septièmes, c’est pas mal, mais ça veut quand même dire que six équipes font mieux. Certes, mais aucune ne connaît un tel différentiel de performances entre matches à domicile et matches à l’extérieur. Le LOSC, pendant cette période, c’est l’équipe la moins bonne à l’extérieur de toutes celles qui passent au moins quatre saisons en D1 entre 1974 et 1980. Mais parallèlement, à domicile, ils font régulièrement partie des meilleurs. Voici récapitulés dans ce tableau les classements du LOSC à domicile et à l’extérieur par saison :
|
Domicile |
Extérieur |
1974-1975 |
4ème |
20ème |
1975-1976 |
6ème |
18ème |
1976-1977 |
18ème |
20ème |
1978-1979 |
6ème |
9ème |
1979-1980 |
9ème |
16ème |
En moyenne, le LOSC fait huit places de mieux à domicile qu’à l’extérieur. C’est énorme et aucune autre équipe de l’époque ne peut s’approcher du LOSC en la matière. Après Lille et ses 8 places de mieux à domicile, suivent Nîmes (5 places) et Bastia (4,3 places). Le PSG, avec 5,3 places de mieux à l’extérieur est dans la situation inverse au LOSC.
Clique sur le graphique pour l’agrandir.
Affiche du match d’inauguration de Grimonprez-Jooris en 1975
Sur les six saisons 1974 à 1980, le LOSC dispute 112 matches de championnat à domicile, en remporte 70, pour 26 nuls et 6 défaites, 239 buts marqués et 110 encaissés. Entre la 19ème journée de D2 en 1978-1979 et la 7ème journée de D1 la saison suivante, le LOSC enchaînent 11 succès de rang sur son terrain, pour 40 buts marqués et 15 encaissés. Entre la 25ème journée de D2 en 1973-1974 et la 19ème de D1 la saison suivante, Lille avait déjà réalisé une telle série de 11 victoires de rang : 30 buts marqués, 1 encaissé. Sur cette série, 23 buts marqués consécutivement à Henri-Jooris auront tous été marqués par le LOSC.
Bien sûr, ces exceptionnelles performances à domicile soulignent aussi la faiblesse du LOSC à l’extérieur. Après 14 journées de D1 en 1974-1975, le LOSC a encaissé 17 buts : aucun à domicile, 17 en déplacement. Si Lille remporte son deuxième déplacement à Troyes (1-0) en 1974-1975, il enchaîne 9 défaites de rang en déplacement, pour 2 nuls et 15 défaites jusqu’à la fin de la saison. Jusqu’à sa victoire à Valenciennes en 1975-1976, le LOSC est resté 23 matches sans gagner à l’extérieur.
Et encore, le pire était à venir : après cette victoire, Lille perd 11 déplacements de suite, marquant 3 buts pour en encaisser 34. Sauf à Troyes, toutes ces défaites l’ont été pour au moins deux buts d’écarts. La victoire à Monaco (4-3) pour la dernière journée de championnat n’a été qu’un feu de paille : Lille perd ses 14 premiers déplacements de la saison suivante (10 buts marqués, 31 encaissés). Le point pris à Bastia sera d’ailleurs le seul pris à l’extérieur cette saison-là. Quand finit la saison, Lille reste sur une série assez improbable à l’extérieur : 1 victoire, 1 nul pour 29 défaites sur les 31 derniers matches, 20 buts marqués, 80 encaissés. Lille à l’extérieur, à l’époque, c’était la quasi-garantie d’avoir au moins un bon résultat au Loto foot.
D’ailleurs, en parlant de loto foot, la caractéristique d’une équipe bonne à domicile et mauvaise à l’extérieur est que tu peux cocher « 1″ et que ça marche à presque tous les coups : entre la 4ème et la 14ème journée de championnat 1974-75, tous les matches du LOSC sont remportés par l’équipe recevante. Cette saison-là, en cochant sytématiquement « 1″ lors des matches du LOSC, on gagne à 30 reprises.
Comme un symbole de cette galère lilloise en déplacement, le LOSC de la saison 1978-1979 réalise une très belle 6ème place en championnat, mais sans remporter le moindre match en déplacement. Heureusement, cette saison-là, ils repartirent à 12 reprises avec le point du match nul. La victoire à Monaco (encore eux) pour la 28ème journée de D1 de la saison 1979-1980 mettait fin à une série de 51 déplacements sans victoire, seulement agrémentés de 18 matches nuls.
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7 janvier 2016
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Pfouff a dit:
Bonsoir,
Je pense qu’on peut faire un parallèle avec le passage en Ligue 1 de Valenciennes. Ainsi, sur les 8 saisons entre 2006 et 2014, on peut observer des différences entre performances à domicile et performances à l’extérieur que je qualifierais d’ »importantes », si vous me passez l’exprefion :
2007/2008 : 5ème à domicile, 20ème à l’extérieur.
2008/2009 : 8ème à domicile, 19ème à l’extérieur.
2010/2011 : 6ème à domicile, 17ème à domicile.
2011/2012 : 5ème à domicile, 20ème à l’extérieur.
L’anti-complotisme, de plus en plus exacerbé de nos jours, y verra une simple motivation supplémentaire à domicile, ou une pression ingérable à l’extérieur. Mais à la vue de vos chiffres (et je vois bien, c’est l’ophtalmo qui me l’a dit ce matin, très joli corps par ailleurs), il me semble inconsidéré de ne pas y trouver trace d’un gigantesque complot anti-nordiste. Les clubs du Nord dérangent, je ne vais pas vous l’apprendre. On entend encore ici les sudistes dire « C’est le Nooord », comme le disait si bien Michel Galabroutmoilku, dont le nom a été raccourci pour des raisons pratiques.
Au final, la malédiction du nouveau stade a frappé les Valenciennois. Toujours autant à chier à l’extérieur, deux années au Stade du Hainaut ont suffi pour être tout aussi affligeant à domicile : le VAFC est ainsi 19ème au classement à domicile lors de la saison de relégafion.
Quoi t’en penses ?
Un bon jeudi soir à tous,
Pfouff.
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7 janvier 2016
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dbclosc a dit:
Mon cher Jean-Marie,
ta remarque sur Valenciennes est des plus pertinentes. D’ailleurs, pour parler des exemples du Nord, il faut souligner que sur la période 74-80 dont je parle, Lens est la 4ème la plus performante dans le rapport classement à domicile/classement à l’extérieur. Ceci étant, pour déterminer si cela est un élément qui conforte ou non la thèse du complotisme anti-nordiste, il faut déterminer si le Lensois est nordiste : comme la controverse de Valladolid devait permettre de déterminer si les Indiens étaient ou non Indiens, je suggère d’organiser une controverse relative au cas des lensois (non pour déterminer leur humanité ou non – c’est un sujet trop ardu – mais sur leur nordistité).
Car là me semble être un point essentiel : si les Lensois sont nordistes, les similitudes lenso-lilloises qu’on observe parfois sont la marque de la nordistité lensoise; sinon, c’est la marque de leur insertion dans le complot et de leur rôle fondamental : ils singeraient le LOSC pour qu’on s’en méfie moins. N’ont-ils pas poussé la mimétisme jusqu’à gagner le titre de champion de France, comme leurs glorieux aînés lillois ?
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6 janvier 2016
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Groumpf a dit:
Cher ami,
Je retiens d’abord cette excellente blague de la citadelle.
Ensuite, mais peut-être vous en ai-je déjà parlé, et peut-être en ferez-vous un prochain article, et peut-être puis-je encore faire un bout de phrase commençant par « peut-être » suivi d’une inversion sujet/verbe, mais j’ai en effet le souvenir qu’à l’époque où j’ai commencé à m’intéresser au foot et à fréquenter Grimonprez, soit ver le début des années 1990, le LOSC était toujours cette équipe assez performante à domicile (avec peu de buts), et désespérement impuissante à l’extérieur. Je crois qu’il y a là une tendance lourde que les sociologues appellent « loi sociale ».
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6 janvier 2016
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dbclosc a dit:
Etant moi-même sociologue sommaire, je ne peux qu’abonder dans votre sens. D’ailleurs, c’est un peu le but de ce blog que d’ériger des « lois sociales » sur le blog, toutes étant subsumées sous le « fait social total », et je dirais même le « fait social total totalisant et totalitaire » qu’est le complot contre notre chère équipe.
Après les dates que j’évoque, il y a encore de nombreux exemples de contrastes saisissants de différences de classement domicile extérieur : 7ème à domicile et 16ème à l’extérieur en 1982-83, 8ème et 15ème en 86-87, 5ème et 20ème en 1989-1990, 4ème et 17ème en 94-95.
Quelques contre-exemples, mais la tendance reste marquée dans les années 80, moins dans les 90′s.
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7 janvier 2016
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Groumpf a dit:
Oui, 1994/95, ce sont 10 victoires à domicile 1-0, pour seulement 8 points à l’extérieur (dont un à Lens, l’honneur est sauf)