Posté le 19 janvier 2016 - par dbclosc
A la recherche du Walquir perdu
Je ne sais pas si tu as remarqué, mais il y a tout un tas de joueurs qui, à leur simple évocation, engendre un petit sourire narquois, genre « ah, ouais, lui, eh ! eh ! ». Mais il y a quelque chose d’un peu vache là-dedans et surtout de très relatif à l’expérience qu’en ont chaque supporter et aux souvenirs, représentations déformées et se déformant, qu’ils en ont.
Walquir Mota, au moins pour les vieux supporters du LOSC comme moi, est le genre de ces joueurs qui font sortir ce sourire narquois (« ah, ouais, lui, eh ! eh ! : ah ! merde, j’m’étais promis de me retenir). Je voudrais un peu revenir sur lui (enfin sur son cas, hein) pour montrer toute la vacherie des jugements lillois portés à son encontre.
Walquir Mota, né en août 1967 dans la riante cité de Patos de Minas, quitte son Brésil natal pour un petit club allemand. Là où Olivier Hatton ambitionnait de jouer au Brésil, Walquir a plutôt des rêves de conquêtes d’Europe. En 1987, il part pour Mulhouse, sans jamais jouer avec l’équipe première. Ceci étant, j’arrive à douter de la véracité de cette information, puisque mes archives, pourtant fort riches, ne trouvent pas mention d’un seul match joué par lui, même avec la réserve en D3. Peut-être jouait-il à l’époque avec le surnom de « Djordjevic » ce qui expliquerait bien des choses, car on sait que les brésiliens aiment bien les surnoms. C’est même à ça qu’on les reconnaît. Bref …
Il part ensuite à Rodez, où il marque 6 fois, puis, en 1989, à Beauvais où il score à 9 reprises sa seconde saison. Inévitablement, Tours lui fait les yeux doux. Il y signe en 1991.
Et là, c’est le moment de gloire de Walquir : 18 buts en 31 matches, deuxième buteur de son groupe de D2 derrière l’inévitable Jean-Pierre Orts (formé à Lille soit dit en passant). Les gros se pressent pour le faire signer. En fait de gros, pour être précis, le LOSC avait envoyé certains de ses émissaires, lesquels étaient pourvus de quelque embonpoint. Non, non, ni l’OM, ni Monaco n’ont essayé de le débaucher. Il signe à l’été 1992, il n’a pas encore 25 ans.
A Lille, son nom est associé à l’échec offensif de Lille : 0 but, en 22 matches, titulaire lors du début de saison 1992-1993, celui au cours duquel Lille avait marqué 5 buts après 17 matches … forcément, typiquement le joueur dont l’évocation t’arrache un petit sourire narquois. Surtout qu’on y a cru au départ : pas mal de buts en matches de préparation dont un doublé lors de la victoire (6-0) en finale du Challenge Emile Olivier.
Quand Mota a vu qu’on le mettait avec les défenseurs et le gardien sur la photo de l’équipe, c’est là qu’il s’est rendu compte qu’on n’avait pas trop confiance en lui.
Mais bon, Walquir, c’est du coup un peu le bouc émissaire idéal. Un avant-centre qui ne marque pas, tout de suite ça fait tâche. Alors, arrive Pascal Nouma, le futur crack qui doit alors libérer l’attaque. Et fort de ses 2 buts en 22 matches, on ne peut pas dire le contraire, Pascal a fait mieux que Mota, 0 but en 18 matches. Mais en même temps, est-ce qu’il a vraiment été si mauvais Walquir ?
Pas de but certes, mais Walquir n’a peut-être pas été si mauvais que ça à l’époque. En lisant des France Football de l’époque, je constate qu’il avait de bonnes notes. Non pas que je sois un fervent croyant dans l’ « objectivité » des notes, mais bon, elles traduisent au moins une perception de certaines personnes, en l’occurrence les journalistes qui sont venus voir le match. Petite précision pour les jeunes : en 1992, la notation n’est pas la même : un 5 d’aujourd’hui, c’est 3 étoiles de l’époque ; un 4 de l’époque ça correspond à 6 et un peu plus aujourd’hui ; un 5 étoiles, ça équivaut à un 7 ou un 8 d’aujourd’hui. Les 6 étoiles, à l’époque, il y en avait 5 par championnat, soit à peu près ce que vaut un 9 maintenant.
Et bien, le Walquir, pour les 9 matches sur 13 dont j’ai retrouvé la trace, il est bien évalué : 1 fois 5 étoiles, 4 fois 4 étoiles, 4 fois 3 étoiles, soit une moyenne de 3,67 ce qui n’est franchement pas mal. Je ne dis pas « pas mal pour un avant-centre qui ne marque pas un but », mais pas mal par rapport à la norme des joueurs.
Après 15 journées, la carrière lilloise de Mota est pourtant finie. Ça donne un peu l’impression qu’il n’a pas eu de seconde chance : lors des 61 journées suivantes, étalées sur un an et demi, Mota n’est titulaire qu’une fois, et rentre 6 fois de plus en cours de jeu. Avec la réserve, il s’éclate : 10 buts au cours de sa seconde saison au club, là où Lionel Messi et Cristiano Ronaldo restaient muets.
Walquir s’en va en 1994 pour Valence, et continuera une carrière des plus honorables en D2. C’est surtout à Niort (1995-1998) qu’il se fera encore remarquer, claquant 31 buts en 3 saisons, dont 17 la première.
Si tu es sage je te ferai part bientôt d’un bon truc pour te débarrasser d’un ami dépressif trop encombrant en lui organisant un anniversaire surprise.
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