Posté le 20 janvier 2016 - par dbclosc
Quelques réponses à ce qu’on défend (parfois) sur les gros salaires du foot
Voici quelques réponses aux défenseurs, supporters et joueurs, du principe des salaires exorbitants.
« Les carrières sont courtes, c’est normal qu’ils soient bien payés »
Ouaip, un peu spécieux comme argument. Ça me rappelle les députés qui, lors de la réforme des retraites, justifiaient le maintien de leur régime de retraite hyper-privilégié sur ce principe.
Note que, dans les deux cas, tu peux énoncer la règle suivante : plus t’as gagné pendant ta « courte carrière », plus tu trouveras facilement un bon taf pour ta reconversion. Note également cette seconde règle suivante : plus tu gagnes beaucoup, moins ta courte carrière risque de l’être (courte, hein, pas carrière).
Note que je ne suis pas contre qu’on prenne en compte le principe de la courtitude des carrières : mais de manière censée et égalitaire. Le problème se pose justement pour ceux qui n’ont jamais vraiment percé et qui ont pourtant investi beaucoup dans le foot. Ces gars-là qui oscillent en petit salaire pro en D2 et contrats fédéraux en National ou en CFA ne se font en effet pas beaucoup de thunes et la reconversion est alors une vraie question. Mais pas dans les mêmes termes que pour les millionnaires des gros clubs de L1.
Je me souviens de Saccomano qui défendait ces gros salaires au regard du fait que les carrières « durent 4 ou 5 ans » dans le foot. T’es sérieux Eugène ? Pirès et Zidane ont fait des carrières de 4 ou 5 ans ?
« T’es jaloux, tu refuserais toi si on te proposait autant ? »
Ben en fait, pour être tout à fait sincère, ça me gonflerait qu’on me propose 100.000 balles par mois quel que soit le taf. Est-ce que je refuserais ? Difficile à dire, sans doute pas. Mais pitié, si ça m’arrive un jour et que je me mets à défendre que c’est bien légitime, fusillez-moi. C’est pas facile de se débarrasser de son chien quand il a la rage, mais c’est nécessaire.
« C’est nous qui sommes sur le terrain et qui faisons rêver les gens »
Hein ? T’as parlé ? Bon, là tu vois, je n’aurai pas la mesquinerie de te parler de ton dernier match, parce que bon en matière de « rêve », ben tu vois, je suis pas convaincu (Merde, j’ai eu la mesquinerie d’en parler quand-même). Oui t’es « sur le terrain », mais finalement, est-ce qu’on peut pas appliquer cet argument à tout métier ? Est-ce que les artistes devraient être payés 30 fois plus que leurs techniciens de leurs spectacles selon ce principe ? Et, en foot, est-ce que les joueurs de National ne sont pas aussi « sur le terrain » mais pour beaucoup moins que toi ? Est-ce que les ouvriers sur leurs chaînes ne sont pas aussi « sur le terrain » ? Mais c’est vrai que, de ton point de vue, ils ne font pas « rêver » les gens. Ce qui te fait rêver toi, il y a eu des gens qui ont dû le faire pour toi. Et pour moins cher que toi.
« Je sens que si j’explique mon salaire par le fait que j’ai fait rêver les supporters, y a un grognon qui va trouver quelque chose à redire »
« On a bossé très dur pour en arriver là »
Merci, c’est gentil. Les working poors apprécieront. En fait, s’ils sont mal payés, c’est parce qu’ils n’ont pas travaillé dur. Comme le dit le bon sens populaire : « il avait qu’à travailler à l’école ». S’il ne l’a pas fait quand il avait 15 ans, après faut pas qu’il s’étonne s’il galère comme un chien toute sa vie et s’il se fait exploiter.
« On fait vivre toute une économie. C’est grâce à nous que tellement de gens ont du travail »
Ah oui, c’est vrai que toi pour avoir ton gros salaire, tu peux te passer de tous ces gens qui sont au guichet, qui travaillent dans l’entreprise de ton sponsor, etc. Perso, faudra que tu m’expliques comment tu ferais pour avoir tout tes sous sans eux. Moi, je le vois autrement : eux ont besoin de toi, toi t’as besoin d’eux, et au final c’est toi qui engrange le pactole.
Bisous
Laisser un commentaire
Vous pouvez vous exprimer.
0 commentaire
Nous aimerions connaître la vôtre!