Archiver pour février 2016
Posté le 29 février 2016 - par dbclosc
L’AS Cannes 1988-89 : le plus lillois des clubs du Sud
En 1985, Jean Fernandez prend les commandes du club cannois, alors en deuxième division. Le jeune entraîneur (30 ans) est déjà un peu lillois avant l’heure, avant qu’il ne prenne les commandes du LOSC qui allait devenir le roi des 1-0 à domicile.
Et à peine arrivé à la tête de l’équipe, il recrute son premier lillois : Dusan Savic, auteur de 25 buts en D1 avec le LOSC au cours des deux précédentes saisons. Malgré les 15 buts de Dusan, Cannes ne finit que 12ème de son groupe de D2. Jean se rend alors compte d’une règle de base lorsqu’on veut gagner et dont on a déjà parlé ici : recruter des Lillois. Il engage alors un ancien Lillo (Boro Primorac) ainsi qu’un futur (José Bray) tandis que Savic reste. Troisième de son groupe, Cannes s’impose d’abord à Caen en pré-barrage (2-1, buts de Primorac et Savic), élimine Lyon en barrages de D2 (1-0, 1-1, dont un but de Primorac), avant de s’imposer en barrages D1/D2 contre Sochaux (0-1, 2-0, dont un but de Savic). Cannes est en D1 !
Pour son retour en D1. Fernandez consolide l’ancrage lillois de son équipe, en recrutant Guy Lacombe et Felix Lacuesta. Ah oui, on vous a pas dit : le jeune Hervé Renard, s’il n’a pas encore joué en équipe première, fait partie de l’effectif. Et la recette fonctionne : Cannes se mêle aux gros. Après 26 journées, Cannes est encore sixième, et l’Europe semble envisageable.
La suite sera un peu plus compliquée – notamment à cause de nos Dogues qui viennent s’imposer 5 à 1 là-bas – et Cannes finit à une 12ème place, toute de même très satisfaisante pour un promu.
En 1988, Cannes et Jean Fernandez poursuivent leur recrutement lillois. Gilles Hampartzoumian arrive de la JA Saint-Antoine (DH), Jean-Pierre Orts de Lyon, et Jean-François Daniel de Lille, directement. Quand débute la saison 1988-1989, Cannes compte six anciens lillois dans ses rangs, ainsi que quatre futurs, dont l’entraîneur.
L’équipe du Cannes OSC 1988-1989
Avec cette équipe, Cannes a les moyens de jouer les trouble-fêtes, ce qu’ils ne manquent pas de faire. Sans être réellement en course pour l’Europe, Cannes vient se mêler au peloton des équipes qui se battent pour les places d’honneur. A six journées de la fin, Cannes est 7ème, en tête d’un peloton de sept équipes qui se tiennent en trois points.
Cette saison 1988-1989 sera celle des débuts de Hervé Renard, lors de la 31ème journée de championnat. Fait peu connu, lors de la 37ème journée de championnat, deux jeunes cannois font leur début. Le premier est Gilles Hampartzoumian qui devait signer à Lille quelques années plus tard. Le second n’est autre que Zinedine Zidane, entré en cours de match. Gilles débute donc en D1 une heure et demie avant Zidane.
17ème journée : 7 lillois côté cannois sur cette fiche de match. Plus Bonalair en face.
Assuré du maintien, Jean Fernandez fait tourner en fin de saison, plusieurs jeunes ayant davantage de temps de jeu. Parallèlement, la fin de saison est plus délicate, Cannes ne prenant que 3 points lors des six dernières journées : ils finissent 12ème.
L’année suivante, plusieurs lillois partent (Primorac, Lacombe, Savic) et seul Pierre Dréossi arrive. La saignée se poursuit l’année suivante avec le départ de Lacuesta. L’AS Cannes est encore cependant très lilloise, puisque Boro Primorac remplace Jean Fernandez comme entraîneur, et que l’effectif cannois compte encore Gilles Hampartzoumian, José Bray, Pierre Dréossi et Jean-François Daniel. Rajoutez Zidane qui, à 18 ans, s’impose comme titulaire, le Cannes version 90-91 réalise la meilleure saison de son histoire et finit 4ème au nez et à la barbe du LOSC, 6ème.
Si Cannes recrutera le futur lillois Addick Koot la saison suivante, il cessa ensuite de recruter lillois. Dès lors, ils chutèrent inexorablement.
Posté le 28 février 2016 - par dbclosc
La suite de « Tintin déjoue le complot contre le LOSC »
Tintin et Haddock se sont lancés dans une entreprise de lutte contre le complot insidieusement ourdi contre le LOSC. Lors du précédent épisode, les Syldaves complotaient contre le LOSC, tandis que Noël Le Graet, qui travaille pour Rastapopoulos, demandait à M.Derrien de refuser le but de Mikkel Beck contre Sochaux. Alors que le capitaine Haddock imitait un retourné acrobatique d’Amara Simba, nos deux héros ont été transportés dans une faille spatio-temporelle les amenant en Amérique du Sud où Michel Bastos se propose de se faire recruteur pour le LOSC. Mais tout ne se passe pas comme prévu.
Posté le 27 février 2016 - par dbclosc
« Spirou contre le complot contre le LOSC » (la suite)
Pascal-Régis Garagiste nous avait envoyé la première page de la bédé inédite « Spirou contre le complot contre le LOSC ». Il nous transmet la suite, à lire ici.
Et bientôt, on fera une page spéciale qui recensent les bédés qui portent sur le complot contre le LOSC. Et elles sont nombreuses, tu sais.
Posté le 26 février 2016 - par dbclosc
« Spirou contre le complot contre le LOSC » en exclusivité
Alors qu’il lisait l’extrait de « Tintin déjoue le complot du LOSC », Pascal-Régis Garagiste s’est souvenu d’une promesse qu’il avait faite sur son lit de mort à Luc Lafnet, le premier dessinateur de Spirou.
La scène se passe en septembre 1939. Luc Lafnet est mourant. Il dit à Pascal-Régis, venu à son chevet : « ils m’ont eu … ». « Qui ? » lui demande Pascal-Régis. « Les nazis ? Les fascistes ? » « Non, Pascal-Régis ! Les comploteurs contre le LOSC ! » Juste avant de mourir, Lafnet lui confia des planches inédites de « Spirou contre le complot contre le LOSC » et lui fit promettre de les diffuser dans le monde entier. Emu aux larmes, Pascal-Régis promis, puis, sanglotant, il alla rejoindre des potes à une teuf et, l’alcool et les pétards aidant, sa tâche lui sortit complètement de la tête.
Mais en lisant Tintin, Pascal-Régis s’est souvenu. Et il nous livre en exclusivité une page de « Spirou contre le complot contre le LOSC ». Vieux motard que j’aimais comme on dit.
Posté le 26 février 2016 - par dbclosc
1994-1995 : le laborieux 1-0 triomphant
La saison 1994-1995 est sur le point de débuter. Après quelques saisons au milieu du classement (11ème en 1987, 8ème en 1988, 6ème en 1991, 13ème en 1992), Lille est désormais sur la pente descendante, restant sur deux maintiens acquis dans la douleur. Au rayon des départs, Lille perd du lourd : Decroix s’en va à Nantes pour devenir champion (1), Dieng au PSG où il gagnera la Coupe des coupes en 1996, Andersson et Etamé s’en vont à Caen, José Bray à Nîmes et Claude Fichaux au Havre. Pour les remplacer, Etschelé, Foulon et Duncker arrivent de Valenciennes, Henryk Lykke de Copenhague, Roger Hitoto de Rouen et, surtout, sa recrue vedette : Christian Perez, international A jusqu’à il y a peu.
Leur seul point faible ? Ils n’ont pas encore Frank Pingel
Les Lensois ont le vent en poupe et leurs supporters se plaisent à décrire le Racing comme prolétaire et Lille comme la bourgeoise : de mon point de vue d’adolescent dans un collège bourgeois, les petits bourges supportent en tout cas généralement le RC Lens quand le LOSC reste davantage l’apanage des plus modestes (2). Bref, on n’est pas franchement rassurés à l’approche de la saison, car Lille vient de perdre une partie importante de ses cadres et seule Christian Perez a fait ses preuves dans le domaine parmi les recrues.
Et ça commence mal. Je me souviens avoir écouté en direct la blessure – assez grave – de la vedette Christian Perez après une minute de jeu (sans doute un record). Et Levenard, autre recrue, attendait la 58ème minute pour être expulsé. Et pourtant on ouvrait le score par Garcia (Clément) mais cet enfoiré de Meyrieu – désolé Fred – égalisait à 5 minutes du terme (3).
Regarde, je ne te mens pas : même France Foot le dit
Mais passons, et venons-en à l’essentiel : au bout de 12 journées, Lille est 18ème avec 10 points, 9 buts marqués et déjà 19 encaissés. Là, on le sent, on va se faire chier et on sent bien que si on ne flippait pas jusqu’au bout pour le maintien, c’est sans doute qu’on serait relégués avant.
Et puis est arrivé …
Le bal des 1-0
Lille allait encore connaître pas mal de défaites (10 de plus), mais aussi beaucoup de victoires. Onze. Et sur ces onze, les dix suivantes allaient être laborieuses. A la prolétaire. Dix victoires par 1 à 0, avec les tripes, le sang la sueur et aussi un peu de talent.
Lille bat d’abord Nice (1-0). Mais, les 1-0, Lille les subit aussi. Entre la 13ème et la 18ème journée, Lille alterne entre des victoires 1-0 à domicile et des défaites 1-0 à l’extérieur. Des victoires galères, à l’arrache, contre Martigues (but d’Assadourian à la 78è) et St-Etienne (Farina à la 63ème). Bref, après le sixième 1-0 de suite (cette fois pour une défaite à Bordeaux), Lille est loin du haut, mais déjà plus haut, seizième.
Allons plus loin, à la 32ème journée. Lille bat Rennes (NDDBCLOSC : par 1-0), encore à l’arrache, sur un pénaltoche de Sibierski (63è). Lille est loin d’être sauvé : il faut dire que leur parcours à l’extérieur est calamiteux : 4 points pris en 16 déplacements, et seulement 2 lors des 12 derniers (pour 3 buts marqués et 21 encaissés). Une défaite à Martigues plus tard, Lille se retrouve 14ème, deux points seulement devant Nice, premier relégable. Et avec un goal-average moins bon.
Pourtant, Lille vient de faire quelque chose d’inédit : sur les 11 derniers matches à Grimonprez-Jooris, Lille a gagné 8 fois, fait deux nuls pour une seule défaite. Brillant, Lille relance cette tradition lilloise qui fait de Lille une citadelle imprenable (cocasse puisque Grimonprez était juste à côté de la Citadelle), mais tout ça en marquant seulement 9 buts, et jamais plus d’un but par match ! (4)
Et puis, en fait, on savait marquer à l’extérieur
Vu les perfs à l’extérieur, le 0-0 contre Montpellier à Grimonprez n’était pas rassurant. Surtout, on va à St-Etienne, 18ème, 3 points derrière nous et un meilleur goal-average pour les Stéphanois. Et ce qu’on craignait se produit : à la mi-temps, Lille perd 2-0. Donc c’est cuit, parce que Lille n’a marqué que 5 fois en 17 déplacements. Et si Sibierski nous redonne l’espoir (63è), Laurent Blanc, sur péno, l’enterre.
Et ouais … c’est mort, les minutes s’égrènent. Il reste 10 minutes, puis 5, puis 2 …sifflez monsieur l’arbite, on a compris … Et puis, là, Roger Hitoto …
Roger Hitoto balance une longue transversale pour Assadourian qui réduit la marque (90è). Un peu tard ? Pas pour Roger qui enchaîne, centre pour Sibierski qui égalise (90è+3).
La meilleure des blagues d’Hitoto
Et puis là, Lille enchaîne, contre Bordeaux (1-0), puis au Havre (1 à …non, j’te dis pas, devine). C’est bon, avec huit points d’avance, Lille est définitivement sauvé. Et Lille finit en apothéose, par une belle victoire contre le voisin lensois, pourtant cinquième du championnat (3-1).
Écoute les buts lillois :
Lis ça si tu doutes encore
La treizième victoire. La deuxième par un autre score que 1-0. A l’arrache (5). 17ème équipe à l’extérieur, les Dogues sont en revanche 4ème à domicile.
(1) Bizarrement, quand Eric Decroix quitte Lille, à 25 ans, il devient un titulaire indiscutable de l’équipe nantaise qui écrase le championnat de France : à Lille, il n’a pourtant jamais été indiscutable.
(2) Ce qui ne vise en rien à nier l’ancrage populaire du Racing ; mais force est de constater que le développement du club à l’époque a également favorisé l’attraction de supporters, parfois opportunistes, vers le voisin. Et pas forcément que des classes pop’.
(3) A moins que ce soit Jean-Claude Nadon contre son camp. Ça n’est pas clair sur les images.
(4) Après le match contre Martigues, 13 des 21 derniers matches de Lille ont fini sur le score de 1 à 0, huit fois en faveur de Lille. Improbable également, le LOSC garde 9 fois sur 11 sa cage inviolée sur la période, mais se prend un 0-3 chez lui contre Cannes, dont deux buts du seul Horlaville.
(5) Si cette saison les Lillois marquent également assez peu, ils sont loin de ces stats : seulement 4 victoires sur 7 par 1-0 après 27 journées.
Posté le 25 février 2016 - par dbclosc
Tintin déjoue le complot contre le LOSC
Tu crois connaître tous les Tintin ? Mais connais-tu « Tintin déjoue le complot contre le LOSC » ? Non ? C’est normal, les forces du complot ourdi contre notre club bien aimé ont fait en sorte que personne n’en entende parler.
Drogue, Bière & Complot contre le LOSC s’engage et te donne accès à un extrait de ce précieux document : retrouve-en la totalité, et tu verras comment, dans cette œuvre de fiction, Tintin déjoue ingénieusement les pièges de Rastapopoulos et ses amis contre notre équipe.
C’est bien sûr une fiction : en vrai, le complot perdure à plein régime.
Alors qu’il allait finaliser l’album, Hergé a mystérieusement disparu
Posté le 24 février 2016 - par dbclosc
Le « classement Antonetti » et cinq remarques
Cet article a été publié après la 27ème journée. Depuis (32ème journée aujourd’hui), le « classement Antonetti » s’est encore amélioré, puisque seul le PSG a pris davantage de points que Lille depuis son arrivée, et encore, en cinq journées, les Dogues d’Antonetti ont réduit l’écart à 10 unités. En fin de championnat, nous mettrons ici un paragraphe d’introduction présentant l’ultime « classement Antonetti ».
Quand Fred Antonetti est arrivé, on s’est pris à croire à un « effet Antonetti » ; puis, le poussif début d’année a poussé les observateurs à railler cet effet Antonetti ; et puis, aujourd’hui, on recommence à y croire, Lille pointant désormais à la 12ème place après 27 journées. Bref, sans se prononcer sur cet « effet Antonetti » (est-ce un « effet Antonetti » ? Un « effet changement d’entraîneur » ? ou un « effet montée en puissance » ?), on peut cependant observer le classement du LOSC depuis son arrivée sur le banc lillois.
Première remarque : sur le classement depuis l’arrivée de Fredo, Lille est quatrième. Un classement d’européen qui rassure quelque peu sur la capacité de cette équipe à faire quelque chose.
Deuxième remarque : ça reste très serré. Entre le troisième (Nantes) et le onzième (Nice), il n’y a que trois points d’écarts. Le championnat apparaît très homogène.
Troisième remarque : sur la période, le LOSC grappille quelques points sur tous ses concurrents actuels au maintien, sauf sur Bastia : 3 sur Montpellier, 6 sur Lorient et Reims, 7 sur Toulouse et Ajaccio, 8 sur Guingamp.
Quatrième remarque : si toutes les équipes continuaient le championnat au même rythme que lors des 13 dernières journées, le classement final serait ça :
1 – Paris SG 103
2 – Monaco 71
3 – Nantes 59
4 – St-Etienne 57
5 – Nice 55
6 – Bastia 54
7 – Bordeaux 53
8 – Rennes 52
9 – Lille 51
9 - Lyon 51
9- - Marseille 51
9 – Caen 51
13 – Angers 49
14 – Montpellier 46
14 – Lorient 46
16 – Reims 41
17 – Guingamp 41
18 – Ajaccio 39
19 – Toulouse 33
20 – Troyes 22
Au regard du classement actuel, Bastia serait la grosse surprise du championnat, en finissant 6ème. Rennes serait fidèle à lui-même, et on aurait un papier dans L’Equipe soulignant le déclin du foot français à travers l’illustration du fait que Lille, Marseille et Lyon ont exactement le même nombre de points de Caen.
Cinquième remarque : Lille semble avoir joué le plus gros de ses adversaires de la phase retour : à l’exception de Monaco et St-Etienne, il s’agit plutôt de petits. Certes, il y a aussi Nantes. Mais ça paraît quand-même très dégagé.
Bisous et prends soin de toi.
Posté le 23 février 2016 - par dbclosc
Et le meilleur gardien de l’histoire du LOSC est…
Entre Bergeroo, Lama, Wimbée, Landreau, Dusé ou l’inoubliable Ruminski, trouver qui a été le meilleur gardien de but du LOSC semble une tâche bien compliquée :
d’abord parce qu’il est rare d’avoir vu et connu les performances de chacun d’entre eux, ce qui permettrait une comparaison a minima ; ensuite parce que ce qui est considéré comme « bon » ou « mauvais » diffère d’une personne à l’autre, et il n’est alors pas possible de s’accorder sur des critères objectifs qui détermineraient le « meilleur » gardien : le meilleur gardien est-il celui qui encaisse le moins de buts ? Qui fait le plus d’arrêts ? Qui commande sa défense de sorte que son action le conduit à effectuer moins d’arrêts (mais alors comment s’en rend-on compte ?) ? Qui sort les ballons spectaculaires de sa lucarne mais ne sait pas placer un mur ? Et comment sait-on qu’un gardien sait placer un mur ? Quand un attaquant tire dans un mur, n’est-ce pas le fait de sa maladresse plus que du sens du placement du gardien ?
On voit avec ce deuxième point qu’en outre, quand bien même on pourrait repérer de façon exhaustive des qualités personnelles, celles-ci demeureraient masquées ou au contraire exagérées car les performances du gardien de but, comme tout poste d’un sport collectif, sont irréductibles de sa seule personne : en effet, les sollicitations qu’il connaît durant un match, et donc les occasions qu’il a de se mettre en vue, positivement ou négativement, demeurent dépendantes du niveau général du championnat dans lequel il évolue, de la place de l’équipe dans laquelle il joue, et du niveau global de ses coéquipiers : comment, dès lors, comparer objectivement des gardiens dont l’équipe joue le haut de tableau avec des gardiens dont l’équipe joue le bas de tableau ? Dans le premier cas, le gardien encaisse évidemment moins de buts, mais fait aussi sans doute peu d’arrêts ; dans le second cas, le gardien encaisse beaucoup, mais effectue aussi beaucoup d’arrêts… Quel critère l’emporte sur l’autre, quand d’autres paramètres, non visibles et non objectivables (tels que la concentration, pour les gardiens peu sollicités) entrent en compte ? Même si on avait la possibilité de trouver un ratio tirs cadrés/arrêts, il faudrait déterminer quelles occasions sont offertes à l’équipe adverse de tirer (s’agit-il de face-à-face, de joueurs isolés, de frappes excentrées, de frappes lointaines…?), et donc mettre en avant un travail collectif. La performance d’un gardien est donc toute relative.
Prenons les deux exemples les plus récents : Mickaël Landreau et Vincent Enyeama, pour lesquels chacun s’accordera à dire qu’ils étaient ou sont de très bons gardiens. Après le match disputé contre Lyon ce dimanche, nous apprenons que Vincent Enyeama a joué son centième match en Ligue 1, parmi lesquels on compte 45 clean sheet, ces matches où l’on n’encaisse pas de buts, performance notamment remarquée lors de la période durant laquelle, de septembre à décembre 2013, il n’a pas encaissé de buts pendant 1062 minutes consécutives, soit l’équivalent de presque 12 matches, réalisant d’impressionnants arrêts, dans et hors de cette période, qui lui donnent régulièrement la récompense symbolique de « meilleur arrêt de la journée » décerné par l’équipe.fr. Mickaël Landreau, pour sa part, en 115 matches avec le LOSC, n’a réalisé « que » 39 clean sheet, et ne laisse pas l’image d’un gardien particulièrement spectaculaire, et même plutôt enclin à réaliser une petite bourde par ci par là, réputation tenace issue d’un passage à vide de quelques semaines sous le maillot parisien.
Si l’on s’en tient aux chiffres, en championnat, Vincent Enyeama a encaissé 84 buts avec le LOSC, et Mickaël Landreau 115 : avec, respectivement, 8978 et 10 710 minutes jouées sous le maillot lillois, ils encaissent un but tous les 109 et 93 minutes. Cette première moyenne peut alors indiquer que Enyeama est « meilleur » que Landreau. Sont-ce cependant à « Enyeama » ou « Landreau » qu’il faut attribuer ces moyennes ? Elles correspondent aussi à la fréquence à laquelle l’équipe du LOSC encaisse des buts…
Comparons plus spécifiquement leurs deux saisons pleines avec le LOSC, c’est à dire 3420 minutes jouées (90 minutes fois 38 journées) : 2010/2011 et 2011/2012 pour Landreau ; 2013/2014 et 2014/2015 pour Enyeama. Landreau encaisse 36 (2011) puis 39 (2012) buts, et Enyeama 26 (2014) puis 42 (2015) buts. Si « Landreau » est stable, l’amplitude que révèle « Enyeama » interpelle et souligne l’idée qu’évidemment, il n’est pas devenu soudainement plus « mauvais » en encaissant 61% de buts de plus d’une saison à l’autre. La première saison d’Enyeama comme titulaire, qui correspond à la première année avec René Girard comme entraîneur, a correspondu à une saison où le club n’a misé que sur le championnat, permettant ainsi de jouer une fois par semaine, ce que la saison suivante, avec le même effectif limité mais la Coupe d’Europe en plus à jouer, n’a pas permis, hormis, ponctuellement, en deuxième partie de saison. Les performances d’un gardien ou d’une défense sont donc avant tout celles de son équipe, et un chiffre pris isolément ne peut permettre de conclure à la supériorité de l’un sur l’autre. En 2011, Lille termine deuxième défense du championnat avec 36 buts encaissés, un nombre qui l’aurait classée 5e en 2014, année où l’équipe termine aussi deuxième défense avec seulement 26 buts encaissés.
Dans le même temps, Lille marque 68 puis 72 buts en 2011 et 2012 ; contre 46 puis 43 en 2014 et 2015. Il n’est donc pas difficile de se rendre compte que le nombre de buts encaissés semble corrélé au nombre de buts inscrits, et que ce constat reflète l’orientation plus ou moins offensive/défensive de l’équipe. Avec Rudi Garcia, c’était certes très offensif et spectaculaire, mais le revers de la médaille était une insécurité défensive parfois très agaçante, tandis que René Girard a préféré empêcher l’adversaire de s’exprimer en l’asphyxiant. Résultat : une défense de fer, mais une animation offensive proche du néant.
Alors, si on devait se risquer à une conclusion quant à ce comparatif, entre Landreau et Enyema, il n’y a pas de « meilleur » gardien car, statistiquement parlant, à ce niveau de qualité, c’est impossible à déterminer. On peut en revanche avoir une appréciation, qui relève davantage du sentiment ou de l’impression générale, et donc elle aussi sujette à caution, selon laquelle Enyeama est plus spectaculaire que Landreau : ses arrêts sont démonstratifs, et ses réflexes parfois étonnants. Mais, au-delà du sentiment, chercher à dégager des individualités, et donc chercher à isoler des talents intrinsèques – ce sur quoi repose la logique des récompenses individuelles comme le Ballon d’or – revient en partie à nier la dimension collective du football, et l’inévitable insertion de chacun dans un système de jeu, qui met en avant certaines qualités plus que d’autres. À Lille, de Garcia à Girard, on est bien placés pour savoir que les mêmes joueurs, dans des systèmes différents, ont eux-mêmes des rendements différents.
Pour terminer et tenter d’appuyer notre raisonnement, posons la question suivante : si le « meilleur » gardien est celui qui n’encaisse pas de buts, pourquoi ne pas considérer que Christophe Landrin est le « meilleur » gardien de l’histoire du LOSC ?
Rappelons-nous : saison 1999/2000, le LOSC est en deuxième division. Cette saison là, notre gardien, Grégory Wimbée, est expulsé lors de la 16e journée et la réception de Sochaux : à la 68e minute, en sortant devant Pierre-Alain Frau, il commet une main en dehors de la surface de réparation. À cette époque, en division 2, il n’y a que 14 inscrits sur les feuilles de match. Les entraîneurs se dispensent alors de la présence d’un gardien sur le banc de touche, préférant la possibilité de faire entrer trois joueurs de champ. Quand un gardien est expulsé ou se blesse, c’est donc un joueur de champ qui prend sa place dans la cage, les entraîneurs ne renonçant pas à se parer d’un gardien de but. Ce 30 octobre 1999, Christophe Landrin, entré en jeu quelques minutes auparavant, remplace donc Gregory Wimbée, car la doublure Eric Allibert n’est pas sur le banc.
Christophe Landrin enfile le maillot de Grégory Wimbée et s’apprête à garder la cage du LOSC. Signe de la bonne ambiance du vestiaire, Pascal Cygan lui dit « hé, je suis Pascal Huit Gants, avec les deux que je te donne ».
À ce moment, Lille est mené 0-1, pousse pour égaliser, et s’expose encore plus aux contres sochaliens qui ont déjà conduit à l’expulsion de Grégory Wimbée. Sur l’un d’eux, profitant du va-tout offensif lillois (Patrick Collot vient de remplacer Abdelilah Fahmi), Stéphane Dedebant se retrouve seul face à Christophe Landrin, qui dévie en corner.
Un va-tout offensif tout relatif puisqu’on note la position de Patrick Collot comme dernier défenseur, ça sent le grand n’importe quoi des fins de matches débridées.
Score final : 0-1, pour la seule défaite à domicile du LOSC mais, surtout, la première du gardien Landrin, qui garde sa cage inviolée.
15 jours plus tard, Lille reçoit Guingamp, et rebelote. À la 53e minute, en sortant devant Fabrice Fiorèse, Grégory Wimbée, qui revient de suspension, commet une main en dehors de la surface de réparation, une action à l’origine d’un célèbre sketch de Fernando D’Amico que nous avons relaté ici. Christophe Landrin reprend les gants et a pour mission de sauvegarder le court avantage de 1 à 0 face au deuxième.
Cette combinaison lui va comme un gant.
Landrin est à peine sollicité dans ce match, et Lille gagne 2-0.
Christophe Landrin est donc resté 59 minutes – comme un symbole – dans les buts du LOSC sans encaisser de but. Il est donc, statistiquement, le meilleur gardien lillois, avec une moyenne de 0 but encaissé par match. S’il n’a pas encaissé de but, c’est surtout parce qu’il a peu joué ; et aussi parce qu’il faisait partie d’une équipe très performante, offensivement et défensivement – cette année-là, Grégory Wimbée n’encaisse que 21 buts en 35 matches et 3089 minutes jouées, soit un but encaissé toutes les 147 minutes). Le LOSC ne l’a plus jamais aligné dans le but en dépit de ces exceptionnels chiffres, car le poste nécessite, bien entendu, d’être tenu par un professionnel, mais cet exemple absurde n’a que pour but d’affirmer voire de démontrer qu’il reste très complexe d’isoler des performances propres par rapport à d’autres facteurs explicatifs.
Une chose est certaine : en dépit du talent d’Enyeama, et aussi bons qu’aient été Landreau, Sylva, Wimbée, Nadon ou Lama, ils ne pourront jamais se targuer d’être parvenu à réaliser ce à quoi Christophe Landrin est arrivé : une carrière de gardien de but sans aucun but encaissé.
Posté le 22 février 2016 - par dbclosc
La gloire de mon Miladin
Saison 1995-1996, 10ème journée de championnat. Lille est mal en points – oui, je sais, ce jeu de mots a déjà été fait sur ce blog – n’ayant obtenu que deux points après neuf journées, avec 5 buts marqués pour 17 encaissés. Lille reçoit Le Havre et, sur son banc, on voir arriver le jeune Miladin Becanovic (1) (22 ans) qui est amené à remplacer le Danois Franck Pingel, arrivé deux mois plus tôt, qui n’a pas donné satisfaction. Alors, « Bajo » – son surnom qui signifie « petit frère » – est-il une bonne pioche ?
Des débuts difficiles
Le match commence bien puisque Lille ouvre le score par Antoine Sibierski sur un centre d’Amara Simba.
Observe le magnifique évitement de ballon de Djezon Boutoille.
Miladin rentre à la 77ème minute de match à la place de Boutoille, auteur d’un excellent match. On approche du temps additionnel, quand Simba fait le show puis sert Becanovic qui ouvre son compteur but seulement 13 minutes après son entrée en jeu. Ecoute le direct radio de ce but :
Il jouera encore 25 matches de D1 de plus cette saison-là, mais ne marquera plus le moindre but ni ne fera la moindre passe décisive (plus 2 buts en coupe contre Toulon). Contrairement à ce que ses débuts avaient fait espérer, Miladin ne fait pas beaucoup mieux que Franck Pingel. Miladin a cependant eu quelques éclairs mal récompensés, comme lors de la 31ème journée quand il passe en revue la défense rennaise avant de voir son tir repoussé sur la ligne par Carteron.
Né le 18 avril 1973 à Niksic, Miladin débute en pro dans le club de sa ville natale à 18 ans, le FK Sutjeska Niskic, où il marque 17 fois en 35 rencontres. Il s’en va ensuite en Grèce, à 20 ans, à l’Iraklis Thessalonique. Il y marque 15 buts en 55 rencontres de première division grecque. A priori, difficile de situer Miladin à partir de ces stats, et sa première saison dans l’élite française ne semble pas apporter beaucoup de réponses. Pourtant, puisque Amara Simba s’en va, il est le seul joueur à pouvoir jouer avant-centre dans l’équipe pour la saison 1996/1997. Pas rassurant a priori. Et pourtant …
L’état de grâce
Et pourtant, on ne le savait pas encore, mais Miladin vivra trois mois d’état de grâce. Trois mois au cours desquels le monténégrin connaîtra un niveau de performances qu’il n’a alors jamais atteint, qu’il n’atteindra plus, et qu’aucun attaquant n’avait plus atteint depuis longtemps. Coïncidence ou relation de cause à effet, Lille connaîtra son meilleur début de saison depuis bien longtemps, puis connaîtra un déclin étonnant après la 16ème journée pour finir en D2 : Lille vit cette saison-là l’une des plus improbables saisons que l’on puisse imaginer, parvenant à engranger 26 points après 16 journées, mais seulement 7 sur les 19 matches de la phase retour.
Regarde comme ce joueur de St-Leu semble impressionné par Miladin
Première journée de la saison 96/97, Lille reçoit Metz et première bonne surprise de la saison : Miladin donne la victoire aux siens de la tête suite à un centre d’Arnaud Duncker. Il retrouve le chemin des filets en D1, 10 mois après sa seule précédente réalisation dans l’exercice.
Alors, on fait moins les malins les messins ?
Vient regarder le but de Miladin, à 1 minute 35 sur la vidéo :

Lille s’incline ensuite logiquement à Auxerre (2-0), puis reçoit Rennes. Bien emmené par un David Garcion impressionnant, le LOSC s’impose logiquement (3-1). Outre David Garcion, Miladin Becanovic impressionne à Grimponprez : il provoque un pénalty qu’il transforme lui-même, donnant l’avantage aux siens, puis assure définitivement la victoire des siens en toute fin de match. Trois buts en trois matches, Miladin ferait presque oublier qu’il avait enchaîné 25 matches de D1 consécutivement sans marquer.
Miladin a battu Le Pen, lui.
Cette parenthèse enchantée dans la modeste carrière de Miladin ne faisait pourtant que s’ouvrir. Il allait à nouveau marquer contre Nice (3-2), Guingamp (1-1), à Nancy (2-2), contre Nantes, deux fois (3-3), et contre Monaco (1-4). Il est aussi un avant-centre altruiste, auteur de quatre passes décisives. Après 14 journées, Becanovic est l’étonnant troisième buteur du championnat mais aussi le meilleur passeur. Personne n’a alors fait mieux que lui et ses 13 action décisives.
Tu flippes, hein, Stéphane Guivarc’h ?
Surtout, il régale Grimponprez-Jooris. Notre Greg Wimbée chéri est alors le seul gardien à avoir subi ses foudres en-dehors de Grimonprez. A domicile, les supporters lillois ont déjà vu 26 buts, dont, certes, 12 encaissés, mais aussi 14 marqués : Miladin en met huit, fait quatre passes décisives et a déjà provoqué trois pénaltys. Statistiques légèrement hallucinantes et un meilleur buteur bien au-dessus de ce que l’on a connu les années précédentes (2).
Le drame du tee-shirt
En 1996, le marchandising est encore balbutiant mais il se développe progressivement. Ce grâce à quoi j’ai notamment pu faire l’acquisition d’un pog Becanovic dont je posterai la photo dès que j’aurai remis la main dessus. Bref, constatant le succès de Miladin, le club décide de produire des tee-shirts avec dessus marqué « Tremblez gardiens ! Becanovic va encore marquer ! » Et là c’est le drame. Bien sûr, j’ai acheté le tee-shirt.
Et là, deux problèmes : 1) à cette époque, dans les collèges lillois, il y avait plein de supporters lensois ; 2) Becanovic a quand-même commencé à marquer nettement moins souvent. Bref, j’avais 15 ans, un tee-shirt improbable, et je le mettais – en sport, hein, quand-même – .
Bref, ça s’est salement gâté du côté de Becanovic et du LOSC, ce qui fait que j’avais tout pour me faire foutre de ma gueule. Mais, j’ai assumé jusqu’au bout, et l’histoire m’a donné raison. Lille, 4ème après seize journées et une victoire dans le derby décline rapidement.
Quatrième ? Quoi de plus naturel pour nous ?
La rétrogradation
Lille finit d’abord la phase aller par une défaite et deux nuls, mais là, ça allait encore. Les neuf premiers matches de la phase retour se soldent par deux points pris et une chute vertigineuse au classement. Quant à Becanovic, il n’a marqué qu’une fois entre la 15ème et la 28ème journée. Il marque la journée suivante contre Nancy – à Wimbée encore – lors de la seule victoire lilloise des matches retour. Il marquera encore deux fois lors des neufs dernières journées – qui apportent deux points au LOSC – et Lille finit en deuxième division.
Un bilan vraiment pas dégueu à Grimonprez
Miladin n’aura pas manqué de marquer lors de son dernier match à Grimonprez-Jooris, qui est aussi son dernier match sous le maillot des Dogues. Et même si sa seconde partie de saison sera plus modeste, elle sera, au moins à domicile, très correcte : après cette 14ème journée, il dispute encore huit matches à domicile, dont sept comme titulaire, pour inscrire quatre buts. Sur la saison, il marque donc 12 buts, fait 4 passes décisives, provoque 3 pénos en seulement 16 rencontres à domicile. Certes, à l’extérieur c’est plus dur : 14 matches, 1 but et c’est tout (3). Il faut remonter à 1989, et les 14 buts d’Erwin Vandenbergh pour trouver trace d’un Lillois marquant autant sur une saison de D1 ; il faudra attendre 2004, et les 13 buts de Manchev, pour qu’un Lillois atteigne à nouveau ce total.
Autographe de grande qualité de Miladin à l’un des grands reporters de DB & C
Miladin s’en va ensuite à Marseille, où il peine et n’inscrit pas un but en 12 matches. Il est transféré au Havre au mois de décembre où il retrouve quelques couleurs : il marque son premier but pour son second match ; pour son quatrième match sous ses nouvelles couleurs, en coupe de la Ligue, il inscrit un hat-trick en 32 minutes ; trois mois après son arrivée, il a disputé 13 rencontres toutes compétitions confondues, et déjà marqué 7 fois.
Becanovic initie une tradition lilloise : traumatiser la défense lorientaise
La suite est plus morose et Miladin quitte Le Havre après avoir perdu sa place de titulaire en 1999/2000. Direction Belgrade et le Partizan où Miladin passe trois ans, gagne la Coupe (2001) et le championnat (2002, 2003). Il joue ensuite six mois en L2 à Créteil, puis six autres à Sion, en D2 Suisse. Il joue l’année suivante en Grèce, puis prend sa retraite.
Respect Bajo.
(1) Désolé pour l’accentuation manquante sur mon clavier. Pour info, la prononciation exacte du nom de Miladin « à la française » ressemblerait à « Betssanovitche ». Cher lecteur, n’hésite pas à me signaler une erreur si ma retranscription phonétique te paraît inexacte.
(2) En 1986-1987, Filip Desmet était à 8 buts après la 14ème journée (total atteint après 12 journées) tout comme Dusan Savic en 1983-1984 et Engin Verel en 1981-1982; le précédent joueur à avoir fait aussi bien était Zarko Olarevic, auteur de 10 buts après 14 journées en 1978-1979.
(3) Soit 13 buts en D1.
Posté le 21 février 2016 - par dbclosc
Pourquoi mon fils sera une daube en géographie
Je ne sais pas si tu as remarqué, mais nous les footeux, on est super bons en géographie. Bon, ok, pas forcément la géographie scolaire, mais on a une connaissance des villes, des pays et des noms de ceux qui les habitent que nous envient nos confrères non footeux.
Qui, à part un footeux et certains érudits, sait que les habitants de Manchester sont les mancuniens ? Que ceux de Lisbonne sont les Lisboètes ? Que ceux de Sochaux sont les Sochaliens ? Qui, à part chez nous, sait te citer deux villes chypriotes ? (Certes parfois en se trompant, pensant à tort que Apoel et Anorthosis sont des villes, mais rares parmi nous sont ceux qui pensent que Arsenal serait la capitale anglaise)
Enfin, ça c’est du passé. Désormais, les jeunes footeux ne sauront plus ça. Pourquoi ? Parce que si on savait ça, c’est qu’on avait l’occasion de voir des matches mettant aux prises des petites équipes surprises, étendant notre culture géographique au-delà des Madrid, Barcelone et Milan.
Or, depuis une période récente, et comme nous l’avons développé ici et ici, ce sont toujours les mêmes « gros » (pas des personnes enveloppées, hein) qui vont loin en C1.
Pour t’en convaincre, regarde la carte des villes européennes dont au moins l’un des clubs est arrivé en demi-finale de Ligue des champions entre 2005 et 2015 (en haut) comparée à celle de la période 1975-1985.
Edifiant n’est-ce pas ?
Note la disparition des pays de l’Est et du Benelux (enfin, du « Bene », parce que le « Lux », ça a jamais été ça). Les jeunes ne sauront plus que le CSKA était le club de l’armée, ni que les Néerlandais c’est rien qu’une bande de Bataves.
Bisous