Posté le 1 février 2016 - par dbclosc
Rien ne sert de courir (comme Olmeta), il faut partir à point (comme Nanard Lama)
Fin 1983, Joël Bats fait ses débuts dans les cages de l’équipe de France de football. On ne le sait pas encore, mais l’équipe de France trouvera enfin un titulaire de long terme (jusque 1989). En moins de quatre ans, pas moins de quatre gardiens se sont succédés dans les cages françaises : Dropsy (8 sélections), Ettori (9), Bergeroo (1), Castaneda (4), Hiard (1), Baratelli (2), Tempet (7) et enfin Bats (3). Demi-finaliste de la Coupe du Monde 1982, futur vainqueur de l’Euro 1984 et demi-finaliste de la Coupe du Monde 1986, l’équipe de France est alors l’une des meilleures équipes au Monde, sans pour autant avoir l’un des meilleurs gardiens. Comme on dit, « c’est très français » de ne pas avoir de bon gardien.
Bref, s’il faut déjà penser à la relève des Platini et autres Giresse, le poste de gardien semble devoir faire l’objet d’une attention particulièrement forte. Joël Bats a encore de belles années devant lui – il n’a pas encore 27 ans – mais il n’est pas éternel.
Quelques jeunes gardiens ont déjà montré de belles dispositions : Marc Lévy (né en 1961) est titulaire à l’OM (certes en D2) et international Espoirs ; Stéphane d’Angelo (1961), international espoirs également a débuté en D1 en 1982 ; Gaëtan Huard (1962), Pascal Olmeta (1961) et Bruno Martini (1962) ont également été internationaux espoirs, les deux derniers nommés étant tous les deux titulaires en première division.
Bernard Lama, né le 7 avril 1963, est loin dans cette hiérarchie des jeunes gardiens. Prêté à Besançon, il vient tout juste de disputer ses premières rencontres en pro, en deuxième division. Et sa situation ne s’améliorera guère dans les mois suivants. Revenu à Lille en 1984, il reste n°2 au LOSC sans jouer le moindre match quand d’autres jeunes se révèlent : Pascal Rousseau (né en 1962) devient titulaire en D1 au Matra en 1984, puis international espoirs l’année suivante ; Gilles Rousset (1963) devient international espoirs (en 1984), comme Sylvain Matrisciano (1963) et Robin Huc (1964) capés en 1985. Parallèlement, Bruno Martini, Gaëtan Huard et Pascal Olmeta s’affirment : ce dernier sera retenu en équipe de France A, comme remplaçant de Joël Bats, en 1985.
La saison 1985-1986 approche de son terme. Neuf gardiens nés entre 1961 et 1965 ont porté de maillot de l’équipe de France espoirs, huit d’entre eux ayant joué en D1 et six étant titulaires. Bernard fait ses débuts en D1 le 11 avril 1986 lors d’une défaite à Auxerre (36ème journée). Il est également dans les cages pour la dernière journée à Brest (1-1). Viens voir le résumé de ce match :
Il est alors très loin dans la hiérarchie de ces jeunes gardiens et n’a jamais été sélectionné en équipe de France espoirs.
Dans les années 80′s on avait Bernard, sans gants. Dans les 90′s et après, on eu Pascal, Cygan.
Mais Bernard a de la ressource et bouscule cette hiérarchie des jeunes gardiens dont il est le dernier quand finit la saison 1985-1986. Il passe d’abord devant Pascal Rousseau qui devient son remplaçant au LOSC où il est enfin n°1 en début de saison 1986-1987 ; il passe également devant Stéphane D’Angelo qui signe à Montpellier en D2 ; Marc Lévy, déjà remplaçant à l’OM l’année précédente, s’en va à Meaux en D3 et ne jouera plus jamais en D1 ; Sylvain Matrisciano et Robin Huc ne sont pas titulaires en D1 ; même Gilles Rousset est encore n°2 à Sochaux derrière Albert Rust. Presque du jour au lendemain, Bernard devient le n°4 dans la hiérarchie de ces gardiens nés entre 1961 et 1965.
Clique sur cette délicieuse frise
N°4 d’accord, mais encore très loin des trois devant. Bruno Martini débute avec les A en 1987 ; Pascal Olmeta est titulaire au Matra et n’est pas loin des A ; Gaëtan Huard découvre l’Europe avec Lens et est reconnu comme l’un des meilleurs gardiens français. Il signera d’ailleurs à l’OM en 1988. Surtout, sa quatrième position hiérarchique tend à se fragiliser, notamment par rapport à Gilles Rousset qui explose avec Sochaux. Celui-ci joue la Coupe de l’UEFA et est même sélectionné en équipe de France en 1990.
1990 : Bernard a 27 ans, l’âge de la maturité en somme. Et pourtant, il ne semble pas d’actualité qu’il joue avec les A. En plus de la concurrence des joueurs précités de sa génération, il doit en plus désormais composer avec les joueurs qui émergent dont Fabien Piveteau, né en 1963 comme lui : et désigné « Etoile d’or » France Football en 1992. Pourtant, s’il n’a pas progressé dans la hiérarchie, celle-ci semble s’être nivelée. Bruno Martini est un titulaire (presque) indiscutable chez les A, mais ses remplaçants à l’Euro, Rousset et Olmeta ne semblent pas à des années lumières.
Et Bernard a fait une très bonne saison avec Lens, ce qui lui a permis de décrocher un contrat avec l’ambitieux PSG.où il s’impose. Fatalement, ce qui devait arriver arriva, Bernard fait ses débuts en sélection le 17 février 1993, un mois et demi avant ses trente ans !
Il sera ensuite titulaire quatre ans de suite, jusqu’à son remplacement au début de l’année 1997 par Fabien Barthez. Il restera encore, si ce n’est comme titulaire, deviendra champion du Monde 1998 avec les Bleus, et disputera son dernier match le 2 septembre 2000 contre l’Angleterre (1-1). Il a plus de 37 ans.
Mais un mystère demeure : comment peut-on avoir 44 sélections en débutant en A à 30 ans et avec la concurrence d’un gars comme Fabien Barthez ?
Pour finir, venez-voir ce petit reportage sur Bernard sorti par PSG TV.
http://www.dailymotion.com/video/x3xyqp1
Ah, oui, au passage, notez ce sublime passage du commentateur à partir de 4’15 :
« A l’âge de 18 ans Bernard quitte son domicile et sa famille pour tenter le rêve de devenir footballeur professionnel ce qui n’arrivera pas avant une dizaine d’années lorsqu’il signe pour le Paris Saint-Germain. ». Pour info pour nos amis parisiens, au cas où vous en douteriez : Metz, Brest, Lens et surtout le LOSC, ce sont des clubs pros. Et le contrat qu’il signe au LOSC en 1984, c’est bien un contrat pro. Huit ans avant son arrivée à Paris.
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