Posté le 10 février 2016 - par dbclosc
Maillot béni, maillot maudit ? Porter la tunique des Dogues comme fait social total
Le LOSC est béni des dieux et son maillot est sacré. Celui qui est consacré comme digne de le porter par les exégètes autorisés se voit conférer la bénédiction divine, quand celui qui cesse de le porter est pour sa part maudit. Si, si, tout ça. C’est prouvé par tous les théologiens sommaires du LOSC.
Bien sûr, le problème c’est que les exégètes autorisés – dirigeants et entraîneurs – se plantent parfois, et décident de se séparer de ceux qui ont été consacrés. Injuste destinée pour ceux qui ont été sacrés un jour et qui se voient maudits par le seul fait d’un dirigeant et qui ratent alors la suite de leur carrière. Et, en général, ça les rend tristes : les sociologue sommaires ont appelé tout ça un « fait social total », parce que ça faisait bien.
C’est en tout cas un fait avéré, démontré par les plus éminents scientifiques : nombre de joueurs ont connu les plus belles heures de leur carrière sous le maillot lillois, avant de galérer une fois sous un autre maillot. C’est le cas de la quasi-totalité de l’équipe de la remontée en L1 – celle qui a fait le pont entre les deux siècles et aurait du en principe connaître la fin du monde – dont les joueurs étaient pour l’essentiel d’anonymes joueurs avant de se qualifier pour la prestigieuse Ligue des Champions.
Ce maillot, il est tunique
Mais ça a aussi été le cas bien avant, et notamment pour la belle génération de jeunes Dogues formés au club au début des années 1980, peinant pour l’essentiel une fois le club quitté.
L’émergence des jeunes Dogues des années 1980
1985-1986 : la jeune génération des joueurs formés au club sous la houlette de Jean Parisseaux, nés en 1963 et 1964, arrive à maturité. Les joueurs sont encore jeunes, mais ils ont déjà tous au moins un an d’expérience sous le maillot lillois et ont déjà connu ensemble de beaux exploits, dont, en premier lieu, l’élimination du grand Bordeaux en Coupe l’année précédente (5-1 après prolongation après la défaite 1-3 à l’aller). Parmi eux, Eric Péan, 21 ans et déjà 167 matches (!) en D1 au compteur – je me suis toujours demandé si c’est une expression ou si les joueurs ont vraiment un compteur – les frères Pascal (21 ans) et Stéphane Plancque (24 ans), Eric Prissette (20 ans) et Jean-Pierre Meudic (21 ans).
Voici une houlette, pour ceux qui voudraient en savoir plus sur l’expression « sous la houlette »
S’ils ont vécu de belles heures avec le LOSC, la suite de leurs carrières ne sera pas aussi brillante qu’on aurait pu l’attendre.
La malédiction, acte 1
Puis ces joueurs sont partis, plus ou moins volontairement. Eric Péan s’en va donner une nouvelle dimension à sa carrière, chez les Girondins de Bordeaux, en 1987. Pas de bol, s’il y découvre la Coupe d’Europe, Bordeaux n’a pas les résultats escomptés et il est rapidement discuté par les supporters. Il part en 1989, toujours en D1, mais dans des clubs de statut plus modestes : Caen, puis Toulon en 1990, Lyon en 1992, et Angers en 1993.
Les frères Plancque partent également en 1987, à Auxerre pour Pascal, et à Strasbourg pour Stéphane. En 1987-1988, l’un et l’autre se blessent gravement. Si Stéphane fera ensuite une carrière honorable, notamment à Bordeaux, Pascal ne retrouvera plus jamais son niveau du LOSC.
Egalement parti en 1987, jean-Pierre Meudic va s’enterrer dans des clubs modestes de D2, quand Eric Prissette part en D2, au Havre puis à Châteauroux, pour y jouer un authentique rôle de remplaçant et ce malgré ses 83 matches de D1 avec le LOSC.
La génération Vahid
En 1999-2000, le LOSC réussit un parcours éblouissant en D2 et gagne tout naturellement son ticket pour la L1 – ça aurait été plus simple de se payer un ticket pour la L1 en achetant sa place à Bollaert, mais ça aurait été aussi tellement moins jouissif – puis continue sur sa lancée en L1, terminant 3ème en 2000-2001. S’ensuit une 5ème place l’année suivante, agrémentée d’un très honorable parcours en Ligue des champions, mais aussi ensuite en C3 (la coupe d’Europe, pas la voiture).
Parmi ces inconnus qui se révèlent : Pascal Cygan, Dagui Bakari, Bruno Cheyrou, Grégory Wimbée, Fernando D’Amico et Mile Sterjovski.
Ils seront éblouissants : Cheyrou connaîtra même l’honneur de la sélection nationale, Cygan est alors reconnu comme l’un des tous meilleurs défenseurs du championnat, quand Fernando D’Amico nous enchante par son activité incessante. Wimbee arrête tout ; Mile est là quand il faut ; Dagui atteint un niveau de performances qu’on n’aurait pas imaginé en 1999.
La malédiction, acte 2
Pascal Cygan part pour Arsenal en 2002. Il y fera un passage honnête pendant quatre ans, avant de partir en 2006 pour Villareal où il est titulaire jusqu’en 2009 quand il part pour un dernier défi à Carthagène. Son parcours sera très honorable : mais on l’aura aussi surpris à une fébrilité occasionnelle qu’on ne lui a jamais connu à Lille à partir du moment où il avait été replacé dans l’axe central.
Fernando D’Amico tirera son épingle du jeu au Mans où il arrive en 2003. Sans pour autant approcher le rayonnement extraordinaire qui fût le sien chez les Dogues quatre années durant. Le Wimbée messin (2004-2006), greoblois (2006-2009) et valenciennois (2009-2011) n’était plus au niveau de son homologue lillois, lequel est bien au-dessus de ce qu’on avait pu observer quand il jouait à Nancy, et ce bien qu’il ait alors marqué dans le jeu contre Lens. Mile Sterjovski s’enterre en Suisse, puis cire les bancs anglais avant de revenir en Australie.
Et que dire de Bruno Cheyrou et Dagui Bakari. Le premier s’enterre à Liverpool, puis revient en France, à Bordeaux, Marseille puis Rennes, où il est alors très loin du sommet qu’il connaît à Lille à 22 et 23 ans. Dagui Bakari quitte Lille en 2002 pour le voisin honni de Lens où il fait preuve d’une remarquable maladresse. Parti à Nancy, sa carrière s’échève sur une queue de poisson suite à la détection chez lui d’une anomalie cardiaque.
La génération Puel
La génération Puel a aussi marqué son époque. Matt Moussilou, Mathieu Bodmer, Jean II Makoun et Efstathatios Tavlaridis sont alors certains des leaders de cette équipe qui finit 2ème de L1 en 2004-2005 puis 3ème l’année suivante.
Moussilou, s’éclate alors sous le maillot lillois : il claque notamment 30 buts toutes compétitions confondues entre le mois de janvier 2004 et le mois de mai 2005 ; il est même élu meilleur joueur du mois d’avril 2005, notamment grâce au triplé le plus rapide l’histoire du championnat (en 6 minutes contre Istres) et est le joueur qui a le plus marqué toutes compét’ confondues de tous les joueurs de L1, grâce à 23 unités (13 en championnat, 5 en intertoto, 4 en C3, 1 en coupe), en 2004-2005.
J’préfère me taire, à chaque fois que j’raconte que j’ai marqué 23 buts en une saison, personne me croit
Mathieu Bodmer arrive de Caen où il est en froid avec son entraîneur pour s’imposer comme l’un des meilleurs milieux de terrain du championnat. On en parle alors comme d’un futur cadre de l’équipe de France.
Jean II Makoun s’impose progressivement comme l’un, si ce n’est le, meilleur milieu défensif de L1. Il est alors chaque année parmi les joueurs les mieux notés par France Football et attire logiquement les regards de grands clubs européens.
Tavlaridis arrive pour sa part d’Arsenal en janvier 2004. D’Arsenal, d’accord, mais à près de 24 ans, il n’a qu’une seule entrée en jeu en Premier league à son actif, deux ans et demi après son arrivée dans le club londonien. Rugueux, il s’impose comme un pilier incontournable, malgré une propension à faire des fautes bêtes qui font parfois rager les supporters.
La malédiction, acte 3
Moussilou quitte Lille en 2006, pour Nice, qui dépense alors 4 millions d’euros, soit le plus gros transfert de l’histoire de l’OGCN. Six mois et zéro but plus tard, il est prêté à St-Etienne où il marque 3 fois bien que remplaçant indiscutable de Gomis, puis à Marseille et à Al-Saad au Qatar. Là-bas, il retrouve le chemin des filets, mais pas son aura d’antan. Il jouera ensuite à Boulogne-sur-Mer, à Lausanne, à l’Espérance de Tunis, à Amiens (en National), puis, désormais en D2 suisse au FC Le Mont, où il s’est gravement blessé en préparation ce qui fait qu’il n’a toujours pas joué un seul match.
Bodmer part à Lyon en 2007. Sa carrière rhodanienne fût en dents de scie, et il alterna le bon, le moins bon, et surtout les blessures. Il fait ensuite une bonne première saison au PSG, avant de perdre à nouveau sa place face à la concurrence croissante du QSG. Il continue ensuite honorablement sa carrière, à St-Etienne, puis à Nice, sans pour autant retrouver les sommets de jadis.
Le parcours de Jean II Makoun, qui rejoint Lyon en 2008, ressemble un peu à celui de Bodmer. Auteur d’une bonne première saison, il s’éteint progressivement. Il rejoint Aston Villa en janvier 2011 où il joue très peu. Prêté à L’Olympiakos, puis à Rennes, où il est finalement écarté, il joue désormais en Turquie.
La justice divine a tranché : ce mec sera maudit comme ses enfants pendant 17 générations
Et que dire de Tavlaridis : titulaire chez un régulier de la Coupe d’Europe avec le LOSC, il rejoint St-Etienne en 2007 où il réalise un parcours chaotique : d’abord titulaire indiscutable, puis titulaire discutable, il finit sa carrière stéphanoise comme remplaçant indiscutable, voire comme même pas remplaçant. Il part ensuite dans de modestes clubs grecs où il finit sa carrière en 2014, à l’Atromitos.
Moralité : rester au LOSC est un droit, c’est aussi un devoir
Bref, la morale est claire. Quand on est lillois, on le reste. Là ou certains ont creusé leur propre tombeau en voulant partir, voire en blasphémant – le foirage de carrière de Thauvin est la juste récompense de son rejet du sacré – beaucoup de ces joueurs ont été maudits contre leur gré : ils voulaient rester, mais on ne leur a pas donné cette chance. Cruelle injustice : ils veulent rester, mais sont maudits au même titre que les Totovin et autres bras-de-féristes irrespectueux du sacré.
Eh ! Florian Thauvin ! t’as combien de bons matches au compteur ?
Prions notre Dieu LOSC pour qu’il accorde sa clémence à ceux qui n’ont pu faire autrement que partir. Et demandons-lui un peu plus de sévérité contre les autres, par exemple en brisant une jambe à Thauvin à chaque match qu’il joue.
Bisous.
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