Posté le 22 février 2016 - par dbclosc
La gloire de mon Miladin
Saison 1995-1996, 10ème journée de championnat. Lille est mal en points – oui, je sais, ce jeu de mots a déjà été fait sur ce blog – n’ayant obtenu que deux points après neuf journées, avec 5 buts marqués pour 17 encaissés. Lille reçoit Le Havre et, sur son banc, on voir arriver le jeune Miladin Becanovic (1) (22 ans) qui est amené à remplacer le Danois Franck Pingel, arrivé deux mois plus tôt, qui n’a pas donné satisfaction. Alors, « Bajo » – son surnom qui signifie « petit frère » – est-il une bonne pioche ?
Des débuts difficiles
Le match commence bien puisque Lille ouvre le score par Antoine Sibierski sur un centre d’Amara Simba.
Observe le magnifique évitement de ballon de Djezon Boutoille.
Miladin rentre à la 77ème minute de match à la place de Boutoille, auteur d’un excellent match. On approche du temps additionnel, quand Simba fait le show puis sert Becanovic qui ouvre son compteur but seulement 13 minutes après son entrée en jeu. Ecoute le direct radio de ce but :
Il jouera encore 25 matches de D1 de plus cette saison-là, mais ne marquera plus le moindre but ni ne fera la moindre passe décisive (plus 2 buts en coupe contre Toulon). Contrairement à ce que ses débuts avaient fait espérer, Miladin ne fait pas beaucoup mieux que Franck Pingel. Miladin a cependant eu quelques éclairs mal récompensés, comme lors de la 31ème journée quand il passe en revue la défense rennaise avant de voir son tir repoussé sur la ligne par Carteron.
Né le 18 avril 1973 à Niksic, Miladin débute en pro dans le club de sa ville natale à 18 ans, le FK Sutjeska Niskic, où il marque 17 fois en 35 rencontres. Il s’en va ensuite en Grèce, à 20 ans, à l’Iraklis Thessalonique. Il y marque 15 buts en 55 rencontres de première division grecque. A priori, difficile de situer Miladin à partir de ces stats, et sa première saison dans l’élite française ne semble pas apporter beaucoup de réponses. Pourtant, puisque Amara Simba s’en va, il est le seul joueur à pouvoir jouer avant-centre dans l’équipe pour la saison 1996/1997. Pas rassurant a priori. Et pourtant …
L’état de grâce
Et pourtant, on ne le savait pas encore, mais Miladin vivra trois mois d’état de grâce. Trois mois au cours desquels le monténégrin connaîtra un niveau de performances qu’il n’a alors jamais atteint, qu’il n’atteindra plus, et qu’aucun attaquant n’avait plus atteint depuis longtemps. Coïncidence ou relation de cause à effet, Lille connaîtra son meilleur début de saison depuis bien longtemps, puis connaîtra un déclin étonnant après la 16ème journée pour finir en D2 : Lille vit cette saison-là l’une des plus improbables saisons que l’on puisse imaginer, parvenant à engranger 26 points après 16 journées, mais seulement 7 sur les 19 matches de la phase retour.
Regarde comme ce joueur de St-Leu semble impressionné par Miladin
Première journée de la saison 96/97, Lille reçoit Metz et première bonne surprise de la saison : Miladin donne la victoire aux siens de la tête suite à un centre d’Arnaud Duncker. Il retrouve le chemin des filets en D1, 10 mois après sa seule précédente réalisation dans l’exercice.
Alors, on fait moins les malins les messins ?
Vient regarder le but de Miladin, à 1 minute 35 sur la vidéo :
Lille s’incline ensuite logiquement à Auxerre (2-0), puis reçoit Rennes. Bien emmené par un David Garcion impressionnant, le LOSC s’impose logiquement (3-1). Outre David Garcion, Miladin Becanovic impressionne à Grimponprez : il provoque un pénalty qu’il transforme lui-même, donnant l’avantage aux siens, puis assure définitivement la victoire des siens en toute fin de match. Trois buts en trois matches, Miladin ferait presque oublier qu’il avait enchaîné 25 matches de D1 consécutivement sans marquer.
Miladin a battu Le Pen, lui.
Cette parenthèse enchantée dans la modeste carrière de Miladin ne faisait pourtant que s’ouvrir. Il allait à nouveau marquer contre Nice (3-2), Guingamp (1-1), à Nancy (2-2), contre Nantes, deux fois (3-3), et contre Monaco (1-4). Il est aussi un avant-centre altruiste, auteur de quatre passes décisives. Après 14 journées, Becanovic est l’étonnant troisième buteur du championnat mais aussi le meilleur passeur. Personne n’a alors fait mieux que lui et ses 13 action décisives.
Tu flippes, hein, Stéphane Guivarc’h ?
Surtout, il régale Grimponprez-Jooris. Notre Greg Wimbée chéri est alors le seul gardien à avoir subi ses foudres en-dehors de Grimonprez. A domicile, les supporters lillois ont déjà vu 26 buts, dont, certes, 12 encaissés, mais aussi 14 marqués : Miladin en met huit, fait quatre passes décisives et a déjà provoqué trois pénaltys. Statistiques légèrement hallucinantes et un meilleur buteur bien au-dessus de ce que l’on a connu les années précédentes (2).
Le drame du tee-shirt
En 1996, le marchandising est encore balbutiant mais il se développe progressivement. Ce grâce à quoi j’ai notamment pu faire l’acquisition d’un pog Becanovic dont je posterai la photo dès que j’aurai remis la main dessus. Bref, constatant le succès de Miladin, le club décide de produire des tee-shirts avec dessus marqué « Tremblez gardiens ! Becanovic va encore marquer ! » Et là c’est le drame. Bien sûr, j’ai acheté le tee-shirt.
Et là, deux problèmes : 1) à cette époque, dans les collèges lillois, il y avait plein de supporters lensois ; 2) Becanovic a quand-même commencé à marquer nettement moins souvent. Bref, j’avais 15 ans, un tee-shirt improbable, et je le mettais – en sport, hein, quand-même – .
Bref, ça s’est salement gâté du côté de Becanovic et du LOSC, ce qui fait que j’avais tout pour me faire foutre de ma gueule. Mais, j’ai assumé jusqu’au bout, et l’histoire m’a donné raison. Lille, 4ème après seize journées et une victoire dans le derby décline rapidement.
Quatrième ? Quoi de plus naturel pour nous ?
La rétrogradation
Lille finit d’abord la phase aller par une défaite et deux nuls, mais là, ça allait encore. Les neuf premiers matches de la phase retour se soldent par deux points pris et une chute vertigineuse au classement. Quant à Becanovic, il n’a marqué qu’une fois entre la 15ème et la 28ème journée. Il marque la journée suivante contre Nancy – à Wimbée encore – lors de la seule victoire lilloise des matches retour. Il marquera encore deux fois lors des neufs dernières journées – qui apportent deux points au LOSC – et Lille finit en deuxième division.
Un bilan vraiment pas dégueu à Grimonprez
Miladin n’aura pas manqué de marquer lors de son dernier match à Grimonprez-Jooris, qui est aussi son dernier match sous le maillot des Dogues. Et même si sa seconde partie de saison sera plus modeste, elle sera, au moins à domicile, très correcte : après cette 14ème journée, il dispute encore huit matches à domicile, dont sept comme titulaire, pour inscrire quatre buts. Sur la saison, il marque donc 12 buts, fait 4 passes décisives, provoque 3 pénos en seulement 16 rencontres à domicile. Certes, à l’extérieur c’est plus dur : 14 matches, 1 but et c’est tout (3). Il faut remonter à 1989, et les 14 buts d’Erwin Vandenbergh pour trouver trace d’un Lillois marquant autant sur une saison de D1 ; il faudra attendre 2004, et les 13 buts de Manchev, pour qu’un Lillois atteigne à nouveau ce total.
Autographe de grande qualité de Miladin à l’un des grands reporters de DB & C
Miladin s’en va ensuite à Marseille, où il peine et n’inscrit pas un but en 12 matches. Il est transféré au Havre au mois de décembre où il retrouve quelques couleurs : il marque son premier but pour son second match ; pour son quatrième match sous ses nouvelles couleurs, en coupe de la Ligue, il inscrit un hat-trick en 32 minutes ; trois mois après son arrivée, il a disputé 13 rencontres toutes compétitions confondues, et déjà marqué 7 fois.
Becanovic initie une tradition lilloise : traumatiser la défense lorientaise
La suite est plus morose et Miladin quitte Le Havre après avoir perdu sa place de titulaire en 1999/2000. Direction Belgrade et le Partizan où Miladin passe trois ans, gagne la Coupe (2001) et le championnat (2002, 2003). Il joue ensuite six mois en L2 à Créteil, puis six autres à Sion, en D2 Suisse. Il joue l’année suivante en Grèce, puis prend sa retraite.
Respect Bajo.
(1) Désolé pour l’accentuation manquante sur mon clavier. Pour info, la prononciation exacte du nom de Miladin « à la française » ressemblerait à « Betssanovitche ». Cher lecteur, n’hésite pas à me signaler une erreur si ma retranscription phonétique te paraît inexacte.
(2) En 1986-1987, Filip Desmet était à 8 buts après la 14ème journée (total atteint après 12 journées) tout comme Dusan Savic en 1983-1984 et Engin Verel en 1981-1982; le précédent joueur à avoir fait aussi bien était Zarko Olarevic, auteur de 10 buts après 14 journées en 1978-1979.
(3) Soit 13 buts en D1.
Un commentaire
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16 mars 2019
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Jerem a dit:
J ai retrouvé ton idole c un pote il bosse en France c un mec adorable