Posté le 26 février 2016 - par dbclosc
1994-1995 : le laborieux 1-0 triomphant
La saison 1994-1995 est sur le point de débuter. Après quelques saisons au milieu du classement (11ème en 1987, 8ème en 1988, 6ème en 1991, 13ème en 1992), Lille est désormais sur la pente descendante, restant sur deux maintiens acquis dans la douleur. Au rayon des départs, Lille perd du lourd : Decroix s’en va à Nantes pour devenir champion (1), Dieng au PSG où il gagnera la Coupe des coupes en 1996, Andersson et Etamé s’en vont à Caen, José Bray à Nîmes et Claude Fichaux au Havre. Pour les remplacer, Etschelé, Foulon et Duncker arrivent de Valenciennes, Henryk Lykke de Copenhague, Roger Hitoto de Rouen et, surtout, sa recrue vedette : Christian Perez, international A jusqu’à il y a peu.
Leur seul point faible ? Ils n’ont pas encore Frank Pingel
Les Lensois ont le vent en poupe et leurs supporters se plaisent à décrire le Racing comme prolétaire et Lille comme la bourgeoise : de mon point de vue d’adolescent dans un collège bourgeois, les petits bourges supportent en tout cas généralement le RC Lens quand le LOSC reste davantage l’apanage des plus modestes (2). Bref, on n’est pas franchement rassurés à l’approche de la saison, car Lille vient de perdre une partie importante de ses cadres et seule Christian Perez a fait ses preuves dans le domaine parmi les recrues.
Et ça commence mal. Je me souviens avoir écouté en direct la blessure – assez grave – de la vedette Christian Perez après une minute de jeu (sans doute un record). Et Levenard, autre recrue, attendait la 58ème minute pour être expulsé. Et pourtant on ouvrait le score par Garcia (Clément) mais cet enfoiré de Meyrieu – désolé Fred – égalisait à 5 minutes du terme (3).
Regarde, je ne te mens pas : même France Foot le dit
Mais passons, et venons-en à l’essentiel : au bout de 12 journées, Lille est 18ème avec 10 points, 9 buts marqués et déjà 19 encaissés. Là, on le sent, on va se faire chier et on sent bien que si on ne flippait pas jusqu’au bout pour le maintien, c’est sans doute qu’on serait relégués avant.
Et puis est arrivé …
Le bal des 1-0
Lille allait encore connaître pas mal de défaites (10 de plus), mais aussi beaucoup de victoires. Onze. Et sur ces onze, les dix suivantes allaient être laborieuses. A la prolétaire. Dix victoires par 1 à 0, avec les tripes, le sang la sueur et aussi un peu de talent.
Lille bat d’abord Nice (1-0). Mais, les 1-0, Lille les subit aussi. Entre la 13ème et la 18ème journée, Lille alterne entre des victoires 1-0 à domicile et des défaites 1-0 à l’extérieur. Des victoires galères, à l’arrache, contre Martigues (but d’Assadourian à la 78è) et St-Etienne (Farina à la 63ème). Bref, après le sixième 1-0 de suite (cette fois pour une défaite à Bordeaux), Lille est loin du haut, mais déjà plus haut, seizième.
Allons plus loin, à la 32ème journée. Lille bat Rennes (NDDBCLOSC : par 1-0), encore à l’arrache, sur un pénaltoche de Sibierski (63è). Lille est loin d’être sauvé : il faut dire que leur parcours à l’extérieur est calamiteux : 4 points pris en 16 déplacements, et seulement 2 lors des 12 derniers (pour 3 buts marqués et 21 encaissés). Une défaite à Martigues plus tard, Lille se retrouve 14ème, deux points seulement devant Nice, premier relégable. Et avec un goal-average moins bon.
Pourtant, Lille vient de faire quelque chose d’inédit : sur les 11 derniers matches à Grimonprez-Jooris, Lille a gagné 8 fois, fait deux nuls pour une seule défaite. Brillant, Lille relance cette tradition lilloise qui fait de Lille une citadelle imprenable (cocasse puisque Grimonprez était juste à côté de la Citadelle), mais tout ça en marquant seulement 9 buts, et jamais plus d’un but par match ! (4)
Et puis, en fait, on savait marquer à l’extérieur
Vu les perfs à l’extérieur, le 0-0 contre Montpellier à Grimonprez n’était pas rassurant. Surtout, on va à St-Etienne, 18ème, 3 points derrière nous et un meilleur goal-average pour les Stéphanois. Et ce qu’on craignait se produit : à la mi-temps, Lille perd 2-0. Donc c’est cuit, parce que Lille n’a marqué que 5 fois en 17 déplacements. Et si Sibierski nous redonne l’espoir (63è), Laurent Blanc, sur péno, l’enterre.
Et ouais … c’est mort, les minutes s’égrènent. Il reste 10 minutes, puis 5, puis 2 …sifflez monsieur l’arbite, on a compris … Et puis, là, Roger Hitoto …
Roger Hitoto balance une longue transversale pour Assadourian qui réduit la marque (90è). Un peu tard ? Pas pour Roger qui enchaîne, centre pour Sibierski qui égalise (90è+3).
La meilleure des blagues d’Hitoto
Et puis là, Lille enchaîne, contre Bordeaux (1-0), puis au Havre (1 à …non, j’te dis pas, devine). C’est bon, avec huit points d’avance, Lille est définitivement sauvé. Et Lille finit en apothéose, par une belle victoire contre le voisin lensois, pourtant cinquième du championnat (3-1).
Écoute les buts lillois :
Lis ça si tu doutes encore
La treizième victoire. La deuxième par un autre score que 1-0. A l’arrache (5). 17ème équipe à l’extérieur, les Dogues sont en revanche 4ème à domicile.
(1) Bizarrement, quand Eric Decroix quitte Lille, à 25 ans, il devient un titulaire indiscutable de l’équipe nantaise qui écrase le championnat de France : à Lille, il n’a pourtant jamais été indiscutable.
(2) Ce qui ne vise en rien à nier l’ancrage populaire du Racing ; mais force est de constater que le développement du club à l’époque a également favorisé l’attraction de supporters, parfois opportunistes, vers le voisin. Et pas forcément que des classes pop’.
(3) A moins que ce soit Jean-Claude Nadon contre son camp. Ça n’est pas clair sur les images.
(4) Après le match contre Martigues, 13 des 21 derniers matches de Lille ont fini sur le score de 1 à 0, huit fois en faveur de Lille. Improbable également, le LOSC garde 9 fois sur 11 sa cage inviolée sur la période, mais se prend un 0-3 chez lui contre Cannes, dont deux buts du seul Horlaville.
(5) Si cette saison les Lillois marquent également assez peu, ils sont loin de ces stats : seulement 4 victoires sur 7 par 1-0 après 27 journées.
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