Archiver pour mars 2016
Posté le 31 mars 2016 - par dbclosc
Rébus pour le LOSC
DBC te propose aujourd’hui un rébus : il s’agit de trouver quelle est la composition de cette équipe du LOSC organisée en 4-3-3. Les joueurs représentés sont passés par le LOSC de 1994 à 2013.
N’hésite pas à faire des propositions et à les justifier.
Les réponses en soirée !
Les réponses sont sur la page facebook !
https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1704808996410683&id=1676184769273106
Posté le 30 mars 2016 - par dbclosc
Rien ne sert d’être stable il faut … il faut quoi au juste ? (partie 2)
Hier, nous t’avons entretenu du fait que la stabilité d’un effectif n’est pas une garantie absolue à la réussite. Si le LOSC 1987-1990 a eu un effectif stable, ce qui s’est répercuté dans un premier temps par une belle progression, son cycle s’est mal fini la faute à la démotivation de certains entraînée par une ambiance globalement délétère.
Suite de notre mini-feuilleton aujourd’hui avec le LOSC 1990-1993 et le LOSC 2004-2005. Le premier cas est dans la lignée du précédent. Curieusement, le club chamboule son effectif en 1990 pour réaliser de suite son meilleur classement depuis 12 ans. Et puis diverses raisons que nous t’exposons ici ont fait que le LOSC a inéluctablement décliné. Nous enchaînons avec un contre-exemple, plus positif, celui du LOSC 2004-2005 : malgré le départ de nombreux cadres (et pas des moindres), l’équipe réalise une saison d’exception. Nous verrons cependant que cela n’est pas sans lien avec la stabilité, mais une stabilité plus globale et de long terme.
Enfin, pour finir sur une note vraiment vraiment positive, on te montrera l’équipe-type de 2010-2011 qui devient championne avec un effectif très stable. Mais ça on ne le développe pas, mais rince-toi bien l’œil sur cette équipe de rêve.
Le LOSC 1990-1993 : le déclin dans la stabilité
En soit, ne pas chambouler chaque saison son effectif, c’est bien pour que l’effectif apprenne à jouer ensemble. Ça n’est pourtant pas une condition suffisante pour réussir. Une première cause d’échec peut résider dans le vieillissement de l’équipe. Vous imaginez bien que même si on avait réussi à garder intact le bel effectif du LOSC de l’après-guerre, il est peu probable qu’il parvienne aujourd’hui à lutter avec les meilleurs (1).
Le LOSC version 90-93 illustre cette problématique. Lors de l’été 1990, l’effectif du LOSC est profondément transformé : il perd ainsi (entre autres) des joueurs aussi importants que Galtier, Angloma, Vandenbergh et Abedi Pelé. Ceux qui les remplacent ne sont que rarement des noms ronflants (2). Cette équipe qui se délite était composée de joueurs aux CV solides, mais, en fin de course, ils n’avaient terminé qu’à la 17ème place de D1. En 1990-1991, le LOSC apparaît plus faiblard. Voici son onze-type (composé de onze types) : Nadon – Reuzeau, Friis-Hansen, Buisine, Fichaux – Périlleux, Da Silva, Fiard – Assadourian, Frandsen – Brisson. En gras (3), les nouveaux arrivés à l’inter-saison. Et encore, tu n’y vois pas les joueurs à la limite de l’équipe-type, mais également fraîchement arrivés, comme Mickaël Mio-Nielsen et Henryk Nielsen.
Chériiiie ! Viens-voir cet effectif pas stable du tout et sans stars ! J’te parie qu’ils s’plantent !
En 1990-1991, l’équipe est profondément renouvelée, mais, à la surprise générale, et grâce à sa régularité et à sa solidité, accroche une 6ème place inespérée. Les deux saisons suivantes, l’équipe connaît peu de départs mais décline pourtant inexorablement : 13ème en 1991-1992 puis 17ème en 1992-1993. Pourquoi ? Viens-y trouver des éléments d’explications :
a) Peu de départs, mais des départs de cadres non remplacés
A l’été 1991, peu de joueurs quittent le LOSC, puisque parmi les cadres, seuls Bertrand Reuzeau et Philippe Périlleux s’en vont, tous deux à Montpellier. Le cas du premier semble mal géré, puisque le club ne lui trouve pas de remplaçant convainquant. Benoît Tihy arrive pour le remplacer numériquement. Mais il a déjà 32 ans et n’apporte plus autant que Reuzeau. Philippe Périlleux n’est pas non plus vraiment remplacé. Certes, José Bray arrive, mais seulement en 1992, et à un poste où Lille se carence progressivement.
En 1992, seul Sauvaget s’en va parmi les cadres, et sa dernière saison laisse peu croire qu’on perd quelqu’un d’irremplaçable. Les attaquants qui arrivent alors ne s’imposent pourtant pas comme indispensables, que cela soit Pascal Nouma, Samba N’Diaye ou Walquir Mota.
b) Un vieillissement non-compensé
En 1991, l’équipe qui vient d’obtenir une brillante 6ème place compte quelques joueurs expérimentés. Pas des dinosaures, mais des joueurs suffisamment âgés pour qu’on pense à leurs successeurs. Jean-Luc Buisine va sur ses 30 ans, Alain Fiard en a 33, François Brisson 31.
Ces trois joueurs vont justement décliner sur la période 1991-1993. Si Buisine trouve des remplaçants intéressants chez les jeunes, ce n’est pas le cas pour Alain Fiard et François Brisson. Le milieu de terrain souffre particulièrement, puisqu’en plus de Fiard, Da Silva décline également, et Philippe Périlleux n’a jamais été remplacé.
c) Des jeunes qui arrivent là où on a le moins besoin
Sur la période, le LOSC sort quelques jeunes de talents et principalement Eric Decroix, Fabien Leclercq et Oumar Dieng. Le problème ? C’est que ces trois-là jouent défenseurs centraux, alors qu’on aurait bien eu besoin de joueurs à tous les postes sauf à celui-là (en tout cas pas d’autant). Friis-Hansen peut en effet jouer à ce poste, comme Buisine et Thierry Oleksiak.
En définitive, le onze-type de 1990-1991, bien équilibré à défaut d’être génial, s’est progressivement délité. Si la défense reste globalement solide, elle manque de défenseurs latéraux ; si Friis-Hansen s’impose en milieu défensif, il s’agit d’une zone qui se décharne considérablement ; devant, ni Henryk Nielsen, ni François Brisson ne sont remplacés.
Les raisons de l’échec : probablement qu’en devant reconstruire presque totalement en 1990, Jacques Santini n’avait pas mesuré combien cette nouvelle mouture du LOSC était encore faillible. A son crédit, les belles performances de 1990-1991 ne l’ont pas aidé à y voir clair en la matière. La première leçon pour aujourd’hui : anticipons le déclin de nos cadres actuels. Pour nous, en 2016, le défi est au milieu de terrain, mais pas seulement.
2004-2005 : et pourtant, Lille avait perdu ses cadres
Eté 2004. Lille vient de terminer à la 10ème place du championnat et de se qualifier pour la Coupe Intertoto. Mais nombre de cadres historiques désertent. Après les départs de Fernando D’Amico et de Sylvain N’Diaye en 2003, le LOSC perd son gardien historique de la remontée (Greg Wimbée), sa vedette défensive qui fera le bonheur de l’équipe de France (Eric Abidal), son latéral droit (Stéphane Pichot), un jeune et talentueux défenseur (Mathieu Delpierre), son espoir au poste de milieu défensif (Benoît Cheyrou) et son buteur (Vladimir Manchev). En 2003-2004, son équipe-type, c’est ça : Wimbée – Abidal, Pichot, Tafforeau, Delpierre – Cheyrou, Landrin, Bodmer, Makoun, Brunel – Manchev. En gras (4), les joueurs qui partent lors du mercato estival.
Et pourtant, malgré tous ces départs, Lille fait une saison exceptionnelle, ponctuée d’un beau parcours en Coupe de l’UEFA et d’une belle seconde place en championnat qui leur donne accès directement aux poules de la C1. Comment expliquer cela malgré de tels changements ?
Des départs bien anticipés
Ah, oui, en fait, on t’a pas tout dit. Si ça c’est bien le onze-type de la saison précédente, le LOSC avait déjà apporté quelques retouches à son équipe lors du mercato hivernal précédent. Et avec succès : Tavlaridis et Acimovic ont été de bonnes pioches.
Et puis, surtout, quand tu regardes l’équipe-type de 2004-2005, tu te rends compte que s’il reste très peu de joueurs de l’équipe-type de l’année précédente (Tafforeau, Landrin, Makoun, Bodmer et Brunel), seul Tony Sylva est un nouvel arrivant. C’est donc dans son effectif que le LOSC trouve les remplaçants de ses cadres. La voilà cette équipe 2004-2005 : Sylva – Chalmé, Tavlaridis, Schmitz, Tafforeau – Landrin, Makoun, Dumont, Bodmer, Brunel – Moussilou.
Et le pire, c’est que ce n’est qu’à peine étonnant : Chalmé avait montré dès la saison précédente qu’il était une alternative intéressante à Pichot ; Tavlaridis avait déjà convaincu ; Moussilou avait fait une très belle seconde partie de saison ; par contre, Stéphane Dumont et Rafaël Schmitz, on s’y attendait pas.
Mais le plus stupéfiant dans cette affaire – logique qu’on parle de stupéfiants vu le nom du site – c’est que malgré tous ces départs, le LOSC conserve une profondeur de banc impressionnante : Vitakic, Dernis, Angbwa, Odemwingie, Acimovic, Debuchy, Plestan et Audel, voilà nos remplaçants. Et encore, je ne parle pas de Yohan Cabaye qui connaît ses premières titularisations en 2004-2005.
En fait quand on y regarde, le succès de cette saison devait beaucoup à la stabilité : nombreux de ceux qui se sont installés dans cette équipe étaient déjà là avant et ils arrivaient justement à maturité au bon moment.
Les raisons d’un succès : Bordel, soit Claude Puel et son équipe sont des p*****s de génies ou ce sont des p*****s d’inconscients qui ont eu du bol. En gros, soit il a excellemment anticipé la capacité de progression des gars en place, recruté les pièces manquantes et les doublures aux postes où il fallait pour faire un tel championnat malgré l’accumulation des matches (59 au total !), soit il a rien calculé mais ça a quand-même marché.
Ci-dessous, l’équipe-type du LOSC 2010-2011 et même cinq remplaçants. Entre parenthèses, l’année d’arrivée ou de début avec les A. Comme tu peux le voir, cet effectif brillait par sa stabilité. Et là, ça a marché.
Bisous. (Dis-le si tu trouves qu’on te fait trop de bisous sur ce blog. Nous on fait ça pour te faire plaisir, mais si c’est pas le cas faut le dire, hein)
(1) D’autant que le vieillissement des joueurs aboutit inexorablement au décès.
(2) Rappelons, comme nous l’avons déjà fait, des exemples de joueurs aux noms ronflants : Sommeil, Tudor, etc.
(3) Inutile de toucher ton écran pour voir les noms « gras ». En gras, ici, ça veut pas dire qu’on a rajouté de la graisse dans l’article. Je te laisse toi-même trouver la solution.
(4) Voir note précédente.
(5) http://droguebierecomplotlosc.unblog.fr/2015/11/06/bonjour-tout-le-monde/
Posté le 29 mars 2016 - par dbclosc
Rien ne sert d’être stable il faut … il faut quoi au juste ? (partie 1)
On entend parfois dire que les clubs dont l’effectif se stabilise sur la durée est plus performant. Pas faux. Mais l’étude détaillée montre que la stabilité d’un effectif n’est en rien une garantie d’amélioration des performances. Avec notre amour habituel, on t’offre une présentation en deux épisodes de trois équipes du LOSC qui ont déjoué, à leur profit ou pour leur plus grand malheur, la règle du bénéfice de la stabilité.
Aujourd’hui, retour sur le LOSC 1987-1990, qui a monté en puissance avant de céder à l’usure. Demain, retour sur le LOSC 1990-1993, qui réussit d’abord une belle saison malgré de profondes transformations de l’effectif, puis qui décline malgré la stabilité de son effectif. Demain, on te parlera aussi du LOSC 2004-2005 qui réalise une saison d’exception malgré un profond chamboulement d’effectif.
Le LOSC 1987-1990 : de l’ascension à l’usure
A l’été 1987, on se dit que le bilan de Georges Heylens, l’entraîneur lillois, laisse à désirer. Les performances réalisées entre 1984 et 1986 sont certes plus que correctes étant donné la jeunesse de l’effectif d’alors, mais la 14ème place de la saison précédente déçoit, notamment au regard de l’ambitieux recrutement lillois de l’été 1986, avec pour point d’orgue l’arrivée du duo d’internationaux belges Desmet et Vandenbergh. L’équipe-type de la saison 1986-1987 est alors la suivante : Lama – Péan, Thomas, Buisine, Prissette – Périlleux, Lacuesta, P.Plancque, S.Plancque – Desmet, Vandenbergh.
Bref, cet été 1987 nous fait un peu peur. Eric Péan s’en va pour Bordeaux et Lille perd la quasi-totalité de son milieu de terrain, puisque les frères Plancque s’en vont comme Félix Lacuesta, Guy Lacombe et Cyriaque Didaux. Sur le papier, les partants sont remplacés. Fernando Zappia arrive pour remplacer Péan, quand le milieu de terrain est complété par les arrivées d’Alain Fiard, de Jocelyn Angloma, de Jean-Luc Ribar et de Jean-François Daniel. En bonus, le jeune Christophe Galtier arrive pour occuper le flanc droit de la défense même si Eric Prissette reste au club. Reste à voir ce que cela va donner.
Lille commence bien par un large succès contre Nantes (3-0), perd à Nice (2-1), puis s’impose contre Metz (1-0). Ça va vite se gâter. Entre la 4ème et la 22ème journée, Lille ne gagne que 4 fois. Lors de la 23ème journée, Gaston Mobati, muet lors de la phase aller, donne la victoire aux siens sur le terrain de l’OM, alors 5ème au classement. Mobati marquera 10 buts et sera le meilleur buteur de D1 lors de la phase retour. A partir de là, ça va nettement mieux puisque Lille est la 4ème équipe de D1 sur les 16 derniers matches avec la deuxième attaque.
Classement sur les 16 dernières journées : tu fais moins ton malin, hein, Marseille ?
Lille termine 11ème sur l’ensemble du championnat.
Pour 1988-1989, Lille joue la stabilité : parmi les titulaires, seul Dominique Thomas part (pour Bordeaux), remplacé par Alain Doaré. Victor Da Silva arrive d’Alès pour densifier le milieu lillois, puis Abédi Pelé arrivera de Marseille comme joker pour la 12ème journée. Viens d’ailleurs voir cette louche de Pelé pour lui-même à partir de 0’50 sur la vidéo :
http://www.dailymotion.com/video/x2epzlg
Voilà l’équipe de la saison, qu’on peut compléter par Angloma, Buisine et Mobati. 1988-1989 : Lama – Doaré, Zappia, Guion, Galtier – Da Silva, Périlleux, Fiard, Pelé – Desmet, Vandenbergh. Lille finira 8ème, son meilleur classement depuis 1979.
Certes, on peut se dire que ce classement n’a rien d’extraordinaire. Cependant, si l’on fait le classement de la D1 en partant du match de Marseille en 1987-1988 jusqu’à la fin de la saison 1988-1989, le LOSC est la quatrième française. Ce qui est tout de suite plus impressionnant. Vu comme ça, la stabilité de l’effectif, ça paie. Après 6 mois de rodage, le LOSC est parti à un rythme très intéressant.
A priori, la saison suivante ne devrait pas être effrayante pour les Lillois, puisqu’ils conservent la grande majorité de leurs cadres. Si Bernard Lama s’en va, le jeune Jean-Claude Nadon arrive à sa place. Fernando Zappia s’en va, remplacé par Jakob Friis-Hansen, et si Buisine s’en va, il s’était fait subtiliser sa place de titulaire par David Guion l’an passé. Le seul départ qui ne semble pas réellement compensé est celui de Filip Desmet compensé numériquement par Patrice Sauvaget. Avec tout le respect que j’ai pour Patrice, au moins sur le papier, Desmet est au-dessus. On regrette également le départ de Roger Boli, le supersub lillois l’an passé, mais Gaston Mobati est encore là et le Rémois Frédéric Lafond arrive pour compléter l’attaque. Enfin, Dominique Thomas revient au bercail. Quelques départs, donc, mais ils semblent compensés pour l’essentiel. L’équipe-type 1989-1990 sera la suivante : Nadon – Friis-Hansen, Decroix, Galtier, Thomas – Angloma, Fiard, Périlleux, Pelé, Da Silva – Vandenbergh.
Seulement voilà, Erwin Vandenbergh a des velléités de départ et même s’il reste, il est beaucoup moins motivé. En parallèle, Gaston Mobati devient rapidement persona non grata en raison de son comportement pas toujours professionnel et il part en Grèce en décembre (pas en vacances, hein, il quitte le club pour de bon). En quelques mois, l’impressionnante armada offensive du LOSC s’est réduite à peau de chagrin et les solutions en attaque se limitent à un Vandenbergh démotivé, un Sauvaget un peu faiblichon et à un Frédéric Lafond dont on peut douter qu’il ait les épaules pour la D1.
Heureusement, Pelé, Périlleux et Angloma marquent 25 buts à eux trois. Grâce à eux, Lille fera illusion un temps, jusqu’à la 18ème journée, le LOSC pointant alors à la 8ème place.
Rajoutez aux carences de l’attaque une ambiance délétère à la direction du club, le tout orchestré par Paul Besson – on ne me fera pas croire qu’il ne fait pas parti du complot contre nous – , le LOSC décline inexorablement et finit à la 17ème place. Son pire classement depuis la remontée en 1978.
Demain, je te parlerai avec passion du LOSC suivant – 1990 à 1993 – et de celui de Cloclo Puel de 2004-2005.
Bisous.
Posté le 25 mars 2016 - par dbclosc
1996/1997 : Lille, une sacrée descente
Il y a certes le plaisir du jeu de mots, fût-il parfois un peu tiré par les cheveux, car il n’y a jamais de « bonne » descente sportive (hormis, bien entendu, en ski1). Mais celle-ci est tout de même particulièrement spectaculaire, parce que tout avait pourtant bien commencé. En résumé : un début de saison inespéré, une fin de saison désespérante, et la deuxième division à l’arrivée.
Le LOSC s’est maintenu de justesse en 1996 : on en a parlé ici. Cette nouvelle saison 1996-1997 ne s’annonce pas faramineuse. D’abord parce que la première division passe à 18 clubs en 1997/1998 : cela signifie donc qu’il y aura cette année 4 descentes. Quand on flirte avec la relégation, comme le fait le LOSC depuis des années, la diminution du nombre de clubs dans l’élite ne peut être considérée que comme une menace. Ensuite, parce qu’Antoine Sibierski, l’une des rares satisfaction de la formation lilloise, meilleur buteur lillois de l’exercice précédent en inscrivant un tiers des buts de l’équipe (9 sur 27) est parti à Auxerre. Enfin, parce que le LOSC traîne encore une dette de 18 millions (de francs), son recrutement est encadré par la Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG). Celle-ci n’a autorisé que le réinvestissement partiel du montant du transfert de Sibierski, 35% de 8 millions, soit environ 2,8 millions. Après les renouvellements de contrats et le recrutement de Bojan Banjac, il reste une enveloppe de 1,5 à 2 millions pour trouver un avant-entre voire un libéro. Jusqu’à la fin du mercato, l’été lillois est marqué par la recherche d’une perle rare… Les noms de Petar Puaça, Joël Tiéhi ou Viktor Belkin ont été avancés… mais personne ne vient. D’autant qu’en faisant venir un de ceux-là, il aurait fallu lâcher un joueur hors CEE (trois sont autorisés à l’époque : Bojan Banjac, Miladin Becanovic et Geza Meszoly sont déjà là). Au contraire, Lille est contraint d’alléger sa masse salariale : Germain, Périlleux, Simba et Nadon sont invités à quitter le club. Bref, comme le résume L’Équipe, visionnaire, en août 1996 lorsque son « tour des France des clubs » s’arrête à Lille, le LOSC est « sous la menace ». D’ailleurs, les matches amicaux sont catastrophiques : le dernier d’entre eux, contre le PSG à une semaine de la reprise du championnat se solde par un 0-4 à Grimonprez. Les objectifs sont donc modestes : l’un d’eux consiste à « marquer davantage » : merci coach !
L’Équipe, 1er août 1996.
En prime, une interview de Rabat. On sent que la confiance règne !
Coincé niveau recrutement, le LOSC mise donc sur son centre de formation : outre Fabien Leclercq, presque déjà un « ancien », Cédric Carrez, Frédéric Dindeleux et Djezon Boutoille partent comme titulaires. Thierry Rabat est appelé à jouer un cran plus haut, au milieu. Faute de pouvoir acheter un attaquant efficace, Miladin Becanovic est conservé. Hormis Banjac, l’intersaison ne permet à Lille que d’attirer des joueurs en fin de contrat et un prêt. Ce n’est qu’à la faveur de l’automne que de nouvelles solutions apparaissent : Franck Renou, en manque de temps de jeu à Nantes, arrive comme joker.
Anthony Garcia : milieu offensif confirmé de Beauvais en D2, cela faisait quelques temps que son nom apparaissait du côté de Lille. Recruté pour a priori jouer les doublures, il prend part à 25 matches et laisse le souvenir d’un joueur assez technique, auteur notamment d’un joli but contre Nice en début de saison, mais un peu lent et sans doute trop juste pour la D1.
David Garcion : quand on le voit jouer la première fois, on se demande bien comment Lille est parvenu à se le faire prêter par Nantes. Certes, à Nantes, l’avenir à court terme est bouché pour lui. Mais on n’est que Lille. Rapide, puissant, doté d’une lourde frappe, auteur d’un but sensationnel à Montpellier (13e journée) Garcion a impressionné durant la première partie de saison, durant laquelle il a formé avec Becanovic, Banjac et Boutoille une redoutable attaque. À l’image de l’équipe, il s’est progressivement éteint et a terminé la saison avec une sale histoire de dopage aux anabolisants (une première dans le football français) qui l’a suspendu pour de longs mois. On te renvoie à cette interview du médecin du LOSC Jean-Daniel Escande par Les cahiers du foot. Après Lille et cette suspension, Garcion a malheureusement connu une carrière sans grand relief.
Gilles Hampartzoumian : arrivé de Cannes avant de repartir à Cannes, il n’a pas laissé un grand souvenir. Ni bon, ni mauvais, gaucher, c’est un joueur moyen style « petit gros ». Il prend part à 28 matches. Davantage connu pour posséder l’un des patronymes les plus longs de la D1, avant que Rabesandratana ne se fasse connaître, il fait partie du groupe de joueurs ayant été contrôlés positifs au cannabis lors de la saison précédente (avec, notamment, Dieng, Paille et Barthez). « En qualités intrinsèques, j’étais aussi fort que Thuram » prétend-il. Non, je t’assure, je pense qu’on l’aurait remarqué. Ou alors il faut nous expliquer pourquoi tu n’as montré que l’extrinsèque. Là où t’es sûr de le battre, c’est au Scrabble® : tu fais 30 points. En plus de l’herbe, un bon gros melon donc.
Bojan Banjac : il y a un grand mystère sur son recrutement. Jean-Michel Cavalli prétend qu’il le suit depuis longtemps, de l’époque où il était stagiaire à Monaco. Les mauvaises langues disent qu’il a été recruté à la va-vite, en regardant la confrontation entre Guingamp et l’équipe serbe de Zemun en Intertoto, pour en outre apporter un soutien moral à Becanovic… Pour la petite anecdote, je me rappelle que sur 3615 LOSC (si, si…), il y avait en ce temps une rubrique questions/réponses dans laquelle un minitelnaute, qui avait vu Guingamp/Zemun, avait signalé la technique de ce meneur de jeu, et indiquaient aux dirigeants qu’ils seraient bien avisés de se renseigner. J’ignore qui répondait côté LOSC, mais j’ai lu un truc, en substance, « on l’a vu, on se renseigne ». Quoi qu’il en soit, Banjac est un vrai n°10, axial, technique, qui donne des ballons propres. On lui reprochera juste un physique fragile et un manque d’efficacité devant le but.
Pegguy Arphexad : après le transfert de Jean-Claude Nadon à Lens, le LOSC obtient le prêt du lensois Pegguy Arphexad, comme quoi les relations entre les deux clubs savent être cordiales quand il faut aider le voisin dans la dèche. Enfin, aider… À son arrivée à Lille, Arphexad représente 211 minutes en D1 obtenues à la faveur de la grave blessure de Guillaume Warmuz au printemps 1996, et déjà 6 buts encaissés. Avec Lille, 180 minutes en D1, 9 buts encaissés (5 à Marseille, 4 contre Strasbourg) et une précieuse contribution à l’enlisement de l’équipe : bravo l’artiste ! Allez, tout de même un super match de coupe contre Lyon : va lire et écouter plus bas.
Franck Renou : comme écrit plus haut, la perle rare que l’on n’a pas recrutée en été arrive comme joker en septembre, comme Becanovic un an auparavant. Ce n’est certes pas un nom ronflant2, mais c’est une bonne surprise : barré par la concurrence à Nantes, où il a été formé, il a connu des sélections chez les jeunes, et a marqué quelques buts après des entrées en jeu avec le FC Nantes, notamment le but (insuffisant) de la victoire contre la Juventus en demi-finale retour de Ligue des champions. Petit, rapide, on l’aime bien.
On pourrait presque ajouter Miladin Becanovic à la liste des recrues, tant l’intersaison a transformé le joueur. On y vient.
L’équipe-type correspond peu ou prou à la première photo de l’article (équipe du premier match de la saison contre Metz, le 10 août 1996), à deux exceptions près : Pascal Cygan joue peu, Fabien Leclercq est le défenseur latéral qui joue le plus (à droite ou à gauche), tandis que Duncker a pu jouer au milieu. Ensuite, à partir d’octobre, Patrick Collot retrouve une place de titulaire, soit à la place de Boutoille, blessé en automne, soit de Banjac ou de Garcion, pour faire tourner. Si Patrick Collot manque le début de saison, c’est parce qu’il a vécu un drame personnel : durant l’été, son épouse est accidentellement décédée ; on remarque sur la photo que les joueurs portent un brassard noir pour lui rendre hommage. Collot retrouve les terrains fin septembre à Strasbourg, et est titularisé pour la première fois de la saison le 11 octobre contre Nantes.
Voici donc l’effectif de la saison :
Photo prise en intérieur. Décor ajouté ensuite. Le problème, c’est que ça se voit.
Allez, de gauche à droite :
Premier rang : David Garcion, Patrick Collot, Djezon Boutoille, Jean-Michel Cavalli, Bernard Lecomte, Miladin Becanovic, Franck Renou, Denis Abed, Marc Cuvelier
Deuxième rang : Robert Santens, Philippe Levenard, David Coulibaly, Roger Hitoto, Frédéric Dindeleux, Paul Marchioni, Jean-Noël Dusé, Fabien Leclercq, Thierry Rabat, Bojan Banjac, Michel Gérard, Jean-Daniel Escande
Troisième rang : Grégory Legrand, Gilles Hampartzoumian, Pascal Cygan, Cédric Carrez, Jean-Marie Aubry, Arnaud Duncker, Geza Meszoly, Anthony Garcia, Pegguy Arphexad.
Du spectacle à Lille !
Le début de saison est superbe. La victoire inaugurale contre Metz grâce à un but de Becanovic sur un centre d’Arnaud Duncker est déjà un événement, puisque le LOSC se retrouve logiquement dans la première moitié de classement, ce qui n’était pas arrivé depuis deux ans. Début septembre, Lille est tranquillement 8e, en ayant gagné 3 de ses 4 matches à domicile, et en y inscrivant 3 buts à deux reprises, soit autant de fois que sur les deux saisons précédentes réunies (Rennes 3-1 et Nice 3-2, où Becanovic marque un but invraisemblable en longeant la ligne de but). Lors de la 12e journée, contre Nantes en octobre, Becanovic inscrit le 12e but du LOSC à domicile… et égale donc le total de la saison 1995/1996, total dépassé quelques minutes plus tard avec un but de Franck Renou. Comme on l’a déjà exposé dans cet article, Becanovic est en état de grâce en ce début de saison : un temps meilleur buteur du championnat, il est délesté du surpoids qui l’avait fait manquer son essai à Nantes à l’été 1995. Aminci, il est enfin devenu le joueur promis à son arrivée à Lille : jusque là lourd et pataud, il est désormais vif, disponible et, surtout, buteur. Son entente avec Banjac saute aux yeux et, avec la complicité de Garcion et de Boutoille, il est après 14 journées le joueur le plus décisif de la D1, avec 9 buts et 4 passes décisives. Message personnel : sur l’une de nos pages Facebook, Miladin Becanovic salue tous les Lillois.
Ah c’est autre chose que Simba/Pingel
But de Becanovic contre Guingamp, sur pénalty, lors de la 6 journée, depuis Fréquence Nord
Si la première moitié de saison est aussi marquée par de sévères défaites qu’on peut a posteriori prendre comme de sérieux avertissements (0-3 à Bordeaux, 0-3 à Strasbourg, 1-4 contre Monaco), globalement, on a le sentiment que l’équipe a passé un cap : elle ne perd que contre les équipes supposées plus fortes qu’elle (les trois précités plus Auxerre et Paris), leur tient parfois tête (un superbe 3-3 contre Nantes, 1-1 contre Lyon), prend des points à l’extérieur chez ses concurrents directs (0-0 à Bastia, 2-2 à Nancy, 0-0 au Havre, victoires 1-0 à Cannes et à Montpellier), tout en prenant des points à Grimonprez (victoires contre Metz, Rennes, Nice, Caen, nuls contre Guingamp, Marseille), avec un jeu parfois très fluide, en témoigne ce but de Djezon Boutoille contre Caen :
Faut dire que sur l’action, y a un mec aussi fort que Thuram
Après ce match, Anne-Sophie Roquette est sévèrement tancée par Bernard Lecomte. Le motif ? Avoir crié « Youpi ! On est toujours devant Lens ! » à l’issue du match. En soi, cela n’est pas bien grave, car d’une part c’est vrai, et d’autre part on peut encore dire à peu près ce qu’on veut dans ce pays. Le problème est qu’elle a dit ça dans le micro, que celui-ci était branché, et qu’il y avait encore des milliers de gens dans le stade. Maladresse mise à part, tout ceci est amusant et montre tout de même que quelque chose change. Et puisqu’on parle de nos voisins, venons-en au point d’orgue de ces matches aller (tiens, c’est aussi le point d’orgue de la saison) : mercredi 6 novembre 1996, 16e journée : le LOSC écrase Lens 2-1 grâce à un doublé de Patrick Collot, de nouveau buteur un mois après son retour. Cette victoire, rapidement dessinée en première mi-temps (Lens n’a pu réduire l’écart qu’à la dernière minute) est une performance rare dans les années 1990 : si Lille avait battu Lens en mai 1995, c’était lors d’un match sans enjeu lors de la dernière journée, et ce derby avait un peu compté pour du beurre. Il faut remonter alors au 11 février 1989 pour une victoire lilloise « à la régulière » : 1-2 à Lens grâce à Angloma et Wallemme contre son camp3. Grande joie sportive donc, et grande émotion collective pour le buteur du soir, ovationné par le public.
32e minute : Patrick Collot inscrit son deuxième but contre Lens
Après ce match, Lille est 4e ! À moins de la moitié du championnat, Lille a déjà marqué 2/3 de ses points et 70% de son total de buts de l’année précédente. Un classement inespéré pour une équipe qui a commencé la saison sans avant-centre (du moins, c’est ce qu’on croyait), qui n’est pas parvenue à faire signer des inconnus, qui a dû renoncer à faire venir un défenseur d’expérience, et qui, en raison de faibles moyens financiers, a dû se rabattre sur des joueurs comme Garcion et Banjac dont on ne savait pas grand chose. À l’arrivée, si la jeune défense encaisse pas mal de buts (17e défense après ce match contre Lens), la 7e attaque, loin des standards des années précédentes, compense largement les quelques errements derrière. Le LOSC gagne un match sur deux, les joueurs offensifs marquent (Abed, Becanovic, Boutoille, Collot, Garcia, Garcion ont tous marqué ; seul manque Banjac, toutefois très influent sur le jeu) ; Hitoto et Rabat forment un duo de récupérateurs efficace ; Arnaud Duncker est intenable et multiplie les montées côté droit. Sur l’ensemble des matches aller, l’affluence dépasse à six reprises les 10 000 spectateurs. Tout va bien.
Ça sent donc enfin la saison tranquille… Qui peut imaginer à ce moment là que sur les 22 matches qui restent, nous ne prendrons plus que 9 points ?
Le LOSC dans la lumière
Les bons résultats amènent une nouveauté : on parle désormais du LOSC dans la presse nationale. Dans L’Équipe, dans France Football, dans Onze Mondial, les articles et les photos foisonnent ; ça n’a l’air de rien mais, pour les gamins que nous étions, on était bien contents et fiers. Tout cela en plus d’un « magazine du LOSC » de 16 pages désormais distribué gratuitement à tous les spectateurs (et pas seulement aux abonnés) : on avait de quoi remplir nos agendas et nos murs de chambre avec de belles illustrations.
Au milieu du magazine, la présentation de l’effectif adverse, et le petit portrait de chaque joueur du LOSC. Absolument charmant. Au milieu de la page centrale, les paroles de la chanson « Le LOSC en avant » (M. Bareul / A. Camelia), diffusée durant l’échauffement, à la mi-temps, puis après le match. Car le LOSC édite un CD de dix titres, parmi lesquels on trouve les succès « Ah les Rouges et Blancs », « Trois pas en avant » ou « Allez le LOSC ». Ci-contre, la couverture du disque. Ma Maman disait que le passage « Le LOSC est beau, le LOSC est grand, tu portes nos couleurs comme on porte un enfant », c’était débile, mais elle n’a jamais trop suivi le foot.
Outre cet album, le club développe à cette période un merchandising que l’on n’avait pas connu avec cette ampleur jusque là : à côté des traditionnelles photos de joueurs, des fanions, des casquettes, du petit maillot pour la bagnole, arrivent une écharpe (ça faisait des années qu’on n’en trouvait pas de neuves : « Fiers d’être Lillois » d’un côté sur fond rouge, « en avant le LOSC » sur fond bleu de l’autre), des t.shirt (dont le fameux « Tremblez gardiens, Becanovic va encore frapper », que l’un de nous a glorieusement acheté), des sent-bon, des pulls, des oreillers… Malheureusement, cette année-là, le LOSC ne renouvelle pas les pog’s. Difficile de savoir si le merchandising est la conséquence des bons résultats ou si les produits qui déferlent en ce début de saison ont été conçus bien en amont, mais voilà le stade désormais doté d’un petit préfabriqué en bas de la tribune « Premières » dans lequel acheter toutes ces bricoles.
Des matches retour catastrophiques
Revenons au terrain. Après la victoire dans le derby, les matches aller se poursuivent avec une défaite à Paris (1-3, avec un nouveau but de Patrick Collot sur une grossière erreur de Lama, un peu comme l’année précédente, avec cette fois une frappe venant de l’axe, merci Bernard !) suivie de deux nuls honorables, l’un à domicile, l’autre à l’extérieur, qui permettent ainsi d’achever la première partie de saison à la 8e place avec 28 points, et surtout 10 points d’avance sur Montpellier, 17e et premier relégable. Il reste 19 matches pour prendre 14 points, en prenant pour objectif le seuil considéré comme vital de 42 points4. En attendant, il reste 4 matches à jouer avant la trêve hivernale, et les ennuis vont progressivement s’installer. Pour commencer la série retour, 3 défaites consécutives : face à Auxerre (0-1), à Rennes (0-2), et face au Bastia de Frédéric Antonetti, troisième à ce moment là : le superbe but de Garcion sur une passe lobée de Collot ne suffit pas (1-2). Pour terminer l’année, un nul chez le dernier niçois, grâce à Roger Hitoto reprenant un coup-franc sur le poteau de Garcion, ne suffit pas à sauver les apparences : l’équipe tourne beaucoup moins bien. En prime, c’est lors de ce match que David Garcion est contrôlé positif à l’issue d’un contrôle antidopage. À la trêve, le LOSC est rentré dans le rang au niveau du classement (13e), mais il possède encore une solide avance de 7 points sur le 17e ; de ce point de vue, il y a de quoi être optimiste sur la capacité du club à se maintenir tranquillement : à titre de comparaisons, le maintien a été possible les 4 saisons précédentes en étant successivement 16e, 16e, 14e puis 18e à la trêve.
1997, année de la défaite
Quand arrive l’année 1997, il faut se rendre à l’évidence : le LOSC ne sait plus gagner, et a même toutes les peines du monde à prendre des points et à marquer des buts. Les cinq premiers matches de l’année n’apportent qu’un pénible point, pris à domicile contre Bordeaux (0-0). Sinon, défaites à Guingamp, à Caen, et roustes à Marseille (1-5) puis contre Strasbourg (2-4), avec Pegguy Arphexad, vraiment pas irréprochable, dans les buts suite à la blessure de Jean-Marie Aubry en coupe contre Marseille. S’implante alors la poisse caractéristique des équipes à qui rien ne sourit :
_les blessures : Becanovic manque 3 matches de championnat et 2 de coupe de France entre fin janvier et fin février. Roger Hitoto se blesse gravement en équipe nationale du Zaïre. Dans la mesure où les matches de coupe ont été bien négociés (voir plus bas), ce n’est certes pas une explication suffisante à cette mauvaise série en championnat.
_le but-gag : par exemple, le deuxième but strasbourgeois, sur une frappe toute pourrie de François Keller (frère de Marc) qu’Arphexad laisse filer sous son ventre.
_le scénario de merde : le 8 mars 1997, 28e journée, Lille se rend à Caen, un relégable : une bonne occasion de prendre des points, non ? C’était sans compter sur le magnifique engagement des Lillois : cagades en série, perte de balle stupide de Rabat, intervention foireuse de Dindeleux, et but de Frédéric Née après 14 secondes. Défaite 1-0. Ce soir-là, Lille est relégable pour la première fois de la saison.
_le record contre son camp : 31e journée, Lille reçoit Montpellier, pas loin devant au classement : une bonne occasion de prendre des points, non ? C’était sans compter sur la passivité de la défense lilloise qui, ce soir-là, permet à Ibrahima Bakayoko (IBRAHIMA BAKAYOKO !) d’inscrire un triplé en 6 minutes et d’établir un nouveau record en championnat de France. Défaite 0-4. Par bonheur, Matt Moussilou a en partie lavé l’affront en faisant du triplé le plus rapide de France un record lillois 8 ans plus tard, quand on a explosé Istres 8-0. Jean-Michel Cavalli ne résiste pas à cette défaite : Charles Samoy, est nommé « manager de l’équipe professionnelle » et, sur sa proposition, Hervé Gauthier, responsable du centre de formation et de l’équipe de National 2, prend la tête de l’équipe première. Ça ne changera pas grand chose.
Seule éclaircie en championnat de la phase retour, avant le changement d’entraîneur : une victoire, la seule, à domicile face à un concurrent direct, Nancy, acquise de haute lutte : Becanovic ouvre le score en première mi-temps, mais Dindeleux est expulsé dès la 53e minute. Le LOSC tient bon et marque même un deuxième grâce à Banjac (enfin !). Au cours de ce match, Becanovic a réussi une espèce de roulette à la Zidane qui l’a fait éliminer 3 nancéiens. Seul face à Wimbée aux six mètres, il a ensuite tiré à côté. Cette victoire permet de sortir de la zone de relégation pour une journée (au détriment des Lensois).
Humilations en série et bouquet final à Bollaert
La fin du championnat est un long chemin de croix. Lille repasse 17e dès la journée suivante en raison d’une défaite à Nantes. Puis défaite à Monaco : sais-tu ce qu’il s’est passé dans ce match ? Sonny Anderson a tiré un pénalty. Et comme tu sais qu’il rate tous ses pénaltys contre Lille, ça a préservé pendant un temps le 0-0. David Garcion joue son dernier match contre Montpellier, avant sa suspension.
Le match décisif survient lors de la 33e journée : Lille reçoit Cannes. Si Lille est 17e, il est loin d’être largué. Devant, Lens, Rennes et Le Havre ne sont qu’à 2 points ; Cannes à 3. C’est le match qu’il faut gagner. Cannes marque en première mi-temps ; Becanovic manque un pénalty mais égalise dans la minute suivante ; mais finalement Cannes s’impose en marquant à la 86e. Cette fois ça semble bel et bien foutu : si Le Havre reste à deux points devant, les autres sont au moins à 5 points, et si le LOSC est incapable de battre Cannes chez lui, une équipe qu’elle avait battue au match aller en jouant à 10 contre 11 pendant une mi-temps, on ne voit plus trop ce qui peut le sauver.
34e journée : autant le LOSC affichait une mine radieuse en recevant le derby à l’aller, autant le retour à Lens s’apparente à une cérémonie funèbre. Lille, bien sûr, est en grand danger, mais Lens n’est qu’un poil mieux loti. « Une dramatique à Bollaert » titre La voix du Nord. Ce match est un sale souvenir pour les supporters lillois qui l’ont vécu : non seulement parce que, sportivement, le LOSC faisait un pas de plus vers la D2 en perdant 1-0 à cause d’un but de Philippe Brunel, cet ennemi de l’intérieur, mais aussi parce que l’accueil des Lensois a été particulièrement hostile. Quelques jours avant, le président lensois, Gervais Martel, déclare dans France Football qu’ « il n’y a plus la place pour deux (…) Bientôt, il n’y aura plus qu’un seul club dans la région. Lille est peut être condamné à devenir une filiale de Lens »5. Puis le public brandit des cercueils en carton. Sur l’un d’eux on peut lire : « La SPA en deuil, les Dogues Lillois en D2 ». Le LOSC passe 18e. 11 ans plus tard, le scénario sera inversé, puisque Lille enverra quasiment le RCL en Ligue 2 en le battant 2-1 lors de la 37e journée.
Le Havre, 16e, n’est toujours que trois points devant… Mais c’est le PSG qui débarque à Grimonprez, et s’impose (0-1). Lille prend un point à Lyon (avec Jean-Marie Stéphanopoli, Christophe Landrin et Frédéric Machado titulaires), et n’est toujours pas officiellement relégué au soir de la 36 journée : Rennes, 16e, est 5 points devant. Les autres sont hors d’atteinte. C’est donc le 17 mai, sous l’orage contre Le Havre, que Lille retrouve la Division 2 qu’il avait quittée 19 ans auparavant. Un nul 2-2 et un dernier but de Becanovic, avant une ultime défaite à Metz (0-1).
Classement retour : si on part de la fin, le LOSC est largement premier
Les coupes
En coupe de la ligue, Lille est éliminé à Toulon (D2) dès les 16e. 1-2, avec un but de Boutoille en fin de match. Il ne semble pas nécessaire de revenir sur ce match, sauf pour dire qu’il a été joué en décembre 1996, avec l’équipe-type, au moment où la dégringolade commençait.
En coupe de France, Lille a été éliminé en 1/8 de finale, après avoir joué contre 3 clubs de D1. D’abord, Marseille en 32e : on a largement parlé ici de ce match judiciaire et sportif. Quatre jours après arrivait Lyon. Un match gagné 1-0 grâce à un but de Boutoille, au cours d’un match riche en occasions, et une fin de match débridée où brille Arphexad, et où Leclercq sauve encore sur la ligne. Sur les contres, Lille manque le break. Ci-dessous, quelques actions de ce match commentées par Olivier Hamoir sur Fréquence Nord.
L’équipe laisse filer le 8e contre Montpellier à la maison : 0-3. L’urgence est désormais ailleurs.
Évolution du classement de Lille. Source : site de Fabien Torre
Épilogue
Il reste difficile de trouver des explications rationnelles à une telle différence de niveau et de résultats au cours d’une même saison. On peine à croire qu’un club professionnel ait eu un problème de préparation physique. L’avant-saison (comme c’était le cas depuis quelques années) avait été marqué par la volonté d’assainir le club financièrement, priorité absolue sous peine de voir le club disparaître. Résultat, le LOSC n’a pu recruter que des joueurs irréguliers : brillants un temps, décevants un autre. Si ces problèmes financiers, connus, ont pu souder le groupe en début de saison, la perspective des deux années à venir, encore marquées du sceau de « l’effort financier » a peut-être finalement lassé certains joueurs qui savaient qu’ils ne seraient de toute façon pas conservés, Division 1 ou pas. Les seuls « anciens » Rabat, Hitoto et Collot n’ont pas suffi à compenser les départs successifs de joueurs-cadres et d’expérience comme Thierry Bonalair, Per Frandsen, Eric Assadourian, Jacob Friis-Hansen ou Jean-Claude Nadon pour encadrer un groupe très jeune. On peut interroger l’opportunité de faire revenir Charles Samoy, sans responsabilités sportives au haut niveau depuis près de 10 ans. On peut se demander quelle était l’ambiance au sein de l’équipe : Samoy a déclaré qu’il n’avait « jamais vu un groupe où les joueurs s’entendaient aussi mal. C’était l’enfer du Nord6 ». On peut enfin se demander si le départ canon de cette saison 1996/1997 n’a pas été paradoxalement contre-productif : pour des joueurs habitués à jouer le bas de tableau, cette situation inédite a pu provoquer un relâchement plus ou moins conscient ; des efforts considérables ont été investis sur d’autres aspects comme les matches de coupe contre Marseille et Lyon, avec à la clé des belles performances non rééditées en championnat, comme si celui-ci était désormais délaissé, le maintien étant considéré comme une formalité. Au moment de se remobiliser, il était trop tard.
Quoi qu’il en soit, cette saison 1996/1997 est l’une des dernières étapes d’un cycle entamé au milieu des années 1980, quand le LOSC achetait des joueurs au rendement aléatoire. Résultat, une dette faramineuse, une valse d’entraîneurs, des résultats médiocres (hormis en 1989 et en 1991), un public clairsemé. À l’arrivée du président Bernard Lecomte en 1993, la priorité a été portée sur la résorption de la dette de 70 millions de francs, au détriment de l’aspect sportif. Saison après saison, le club a été remis à flots, au prix de la descente en 1997. Sans doute un mal nécessaire, voire un mal pour un bien, quand on connaît la suite.
FC Notes :
1 Devinette : Monsieur et Madame Ski sont alcooliques, que boivent-ils ?
Réponse : Six bières, parce que Sibierski.
2 Contrairement à Sommeil, ou Tudor.
3 Notons qu’entre les victoires lilloises de 1989 et de 1996, Lens n’a gagné que 2 derbies : en avril 1992 et en septembre 1995. Sinon, que des nuls et un bref passage de Lens en D2.
4 Avec 4 descentes, il est difficile de savoir si 42 points sont suffisants. Dans les faits, en fin de saison, le premier non-relégable (Rennes) se maintiendra avec 40 points.
5 Bien vu !
6 Légendes du Foot, Lille, la saga du LOSC, n°4, 2001, p. 54.
Posté le 24 mars 2016 - par dbclosc
Les malheurs de Matt. Une ode à Moussilou
Cet article a été d’abord publié le 24 mars 2016, quatre jours après le premier match de Matt Moussilou sous le maillot du FC Le Mont en D2 suisse de retour d’une grave blessure. Le 2 avril, pour sa deuxième entrée en jeu sous son nouveau maillot, Matt a retrouvé le chemin des filets, un peu moins de deux ans après son précédent but officiel en Tunisie. Fin août 2016, Matt se lance son dernier défi footballistique et signe à Yverdon-Sport, club de 1ère ligue suisse. Ça veut dire la quatrième division.
Ce 20 mars 2016, sur la pelouse de Neufchâtel Xamax, c’était un petit évènement. A la 89è minute du match, Matt Moussilou, l’attaquant du FC Le Mont Lausanne (Challenge league, D2 suisse) a fait ses débuts officiels avec l’équipe qu’il a rejointe l’été dernier, en remplaçant son coéquipier Fejzulahi.
On se risquerait presque à dire que son été reflète la carrière de Matt : pas de bol, vraiment pas d’bol. Dès la phase de préparation, Moussilou s’est en effet déchiré le tendon d’Achille, le genre de blessures qui exigent du temps avant d’être opérationnel. Pas d’bol, Matt. Et pourtant, ça n’a pas toujours été comme ça. Petit retour sur la carrière d’un joueur qui m’aura quand-même bien fait kiffer, quoi qu’on en dise.
Les débuts en L1 sous les ordres de Vahid (1)
Des grands, Matt a déjà la date de naissance : naître le 1er juin 1982, pile le jour de mes 1 an, c’est pas donné à tout le monde. Originaire de la Courneuve et de sa célèbre Cité des 4000, Moussilou rejoint le centre de formation du LOSC en 1998. Titulaire en CFA, aux côtés d’un Jean II Makoun alors attaquant avec la réserve, Matt explose les compteurs (14 buts) en 2001-2002. C’est cette saison-là que Matt débute, sous les ordres de coach Vahid : le 2/2/2 pour être précis (plus communément appelé « 2 février 2002 »), il entre à 25 minutes de la fin du déplacement à Bastia en lieu et place de Sébastien Michalowski. Mais Lille perd quand-même.
Premiers buts avec Cloclo Puel
Quand débute la saison 2002-2003, Moussilou est un espoir, mais un espoir qui n’a en tout et pour tout que 25 minutes dans les jambes avec les pros. Avec Puel, ça change d’entrée de jeu : Matt joue tous les matches de Coupe intertoto (pas toujours comme titulaire) puis marque rapidement ses premiers buts. Le 19 octobre 2002, il entre à la place de Manchev lors d’un déplacement à Monaco et égalise six minutes plus tard. Il aura fallu seulement 98 minutes dans l’élite française avant qu’il ne marque son premier but : normalement, comme on l’a montré, seuls les Belges savent marquer aussi vite. Viens-y écouter son premier but en L1 en direct à la radio (à l’époque c’était en direct, hein, plus maintenant) :
Le 7 décembre, il est titulaire en coupe de la Ligue à Istres et marque un doublé, encore à écouter ici (avoue que tu es choyé par nos soins) :
Matt commence à se faire sérieusement connaître des supporters.
L’année 2003 commence pourtant mollement, Matt n’ajoutant que 232 minutes de jeu en L1, pour aucun but. La première partie de la saison 2003-2004 est à peine plus encourageante, puisque Moussilou marque 1 but en coupe de la Ligue contre la L2 de Nîmes, et aucun lors de ses 5 matches (2 comme titulaire) en L1.
La révélation
Et puis, c’est la reprise. Profitant de la blessure de Manchev, – surnommé « Vlad l’empalé » - Matt est titulaire contre Sochaux, et il marque. La semaine suivante, à Monaco, Matt fait le filou. Alors que Flavio Roma, le goal monégasque tarde à dégager, Matt va récupérer le ballon dans ses pieds pour marquer le but de la victoire à un quart d’heure du terme (0-1). Il continue sur sa lancée et s’il joue moins ensuite avec le retour de Manchev, il claque quand-même 7 buts en un demi-championnat. Il n’a pas encore 22 ans, mais le petit Matt s’est fait un nom en quelques mois (NDDBCLOSC : c’est « Moussilou », le nom qu’il s’est fait).
Et encore, on n’avait encore rien vu. Avant que le championnat ne commence, Moussilou contribue largement au succès en coupe Intertoto en marquant 5 fois en 4 rencontres. Lille jouera l’UEFA et Matt jouera un rôle intéressant dans la belle performance lilloise. Il contribue d’abord à l’élimination des irlandais de Shelbourne en tour préliminaire (2-2, 2-0) avec un but, est le seul buteur du match de poule gagné contre le FC Séville (76è) et il marque également contre St-Pertersbourg (2-1). Regarde, si tu ne me crois pas. Et avec l’accent anglais.
http://www.dailymotion.com/video/x2x6ve5
Il marque encore contre Bâle en 16ème de finale. Lille est finalement éliminé en huitième par Auxerre (0-1, 0-0). Matt aura marqué 4 buts en C3 cette saison-là.
En parallèle, il marque 13 fois en L1 et contribue à bien traumatiser les Lyonnais d’Aulas, marquant d’abord en coupe de la Ligue (victoire 3-2) puis un doublé en championnat. Il entre aussi cette saison-là dans la page des records de L1 en marquant le triplé le plus rapide de l’histoire lors de la victoire contre Istres (8-0), en seulement 5 minutes. Il ajoutera même le n°4 peut avant sa sortie à l’heure de jeu. Matt est alors élu joueur du mois d’avril 2005.
Lille-Istres avec Queen en bonus
http://www.dailymotion.com/video/x7exz
Matt a tout déchiré cette saison-là. Même la photo du journal il l’a déchirée
Et vient voir l’interview qu’il donne dans L’Equipe suite à son quadruplé.
Mais pourquoi diable L’Equipe parlent-ils d’œuf au riz dans leur gros titre ?!
Il finit la saison avec 23 buts toutes compétitions confondues, aucun joueur de L1 ne faisant mieux en 2004-2005. Matt est alors à son zénith (St-Petersbourg).
Les premiers doutes
Il ne commence pas trop mal la saison 2005-2006, mais très vite, il galère. Matt perd vite sa place de titulaire au profit de Peter Odemwingie avec seulement cinq buts inscrits, tout competitions confondues. Il conserve cependant une belle cote sur le marché et Nice l’achète pour 4 millions d’euros, sa plus grosse dépense de son histoire jusque là.
Il est libre Matt. Par contre, faudrait peut-être lui dire qu’on le verra jamais voler
A Nice, sous la direction de Fredo Antonetti, la préparation se passe bien et Moussilou claque pas mal. En championnat, ça sera autre chose, et à la mi-saison, il n’a pas encore marqué un but. Son année 2006 est très loin des espoirs qu’il avait fait éclore. Il est prêté à Saint-Etienne. Là-bas, Matt joue peu, faute à la concurrence de Bafé Gomis. En 399 minutes de jeu, il marque tout de même 3 buts. Note qu’on n’y est pas pour rien : il nous met un doublé pour l’une de ses 2 titularisations stéphanoises. Dont l’un, à voir ci-dessous, sur une passe de Landrin. Quand j’vous parle de complot …
http://www.dailymotion.com/video/x1wuh5
Il retourne à Nice, mais il y est persona non grata. Curieusement, il est prêté à l’OM. Quatre entrées en jeu plus tard, il est prêté au Qatar, à Al-Arabi.
Le Ballon de plomb 2007
Quelques jours après son transfert, Moussilou faisait ses débuts avec Al-Arabi. Et dès ce premier match, il inscrivait son premier but. Cela n’allait pas empêcher qu’il soit désigné « ballon de plomb » 2007, récompense attribuée sur vote des internautes et organisée par Les cahiers du foot. Pour tout te dire, cette récompense m’est alors apparue – et m’apparaît encore – un peu injuste. Matt ne s’était pas distingué par ses coups de sang, il n’avait pas fait de déclarations tapageuses, et si son année n’avait pas été mirobolante, on ne peut pas vraiment dire qu’il avait eu les moyens de faire beaucoup mieux.
En effet, s’il fallait désigner Matt Moussilou comme ballon de plomb, il aurait été plus légitime de le faire l’année précédente, c’est-à-dire une saison où il avait été inoffensif en jouant tout de même pas mal : on pourrait presque même, pour 2006, lui reprocher son « erreur stratégique » en signant à Nice (Vraiment en cherchant des erreurs, hein).
En 2007, cela me semble différent. En janvier 2007, il est prêté à St-Etienne, et s’il est remplaçant, c’est plutôt logique : le titulaire est Bafé Gomis (c’est-à-dire pas n’importe qui) et il parvient quand-même à marquer trois fois malgré un maigrelet temps de jeu. Revenu à Nice, il n’est plus désiré. Quoi de plus logique alors que d’accepter son prêt à Marseille ? Même s’il est clair que ses chances de s’y imposer sont faibles, mieux vaut alors y signer que rester en réserve à Nice. Vu son échec marseillais, accepter de partir à Al-Arabi apparaît plutôt relever du bon sens. Et, dès son début là-bas, il y marque. Certes, ça n’est « que » le championnat du Qatar, mais que pouvait-il y faire de plus ? Le « ballon de plomb » de Matt, c’est encore mon seul grief à l’encontre des Cahiers.
Matt, footballeur précaire
Au Qatar, ça se passe pas mal. Matt marque 12 buts en 22 rencontres, ce qui en fait l’un des attaquants les plus efficaces du championnat. De retour de son prêt à Nice, Moussilou est directement envoyé en équipe réserve et y passera toute la saison. Au début de la saison 2009-2010, Moussilou n’est plus très motivé pour rester à Nice et il part au clash. Libéré de ses engagements par un commun accord plus ou moins commun (Eric Roy, le nouvel entraîneur assure qu’il comptait sur lui). Matt ne trouve aucun club pendant la période d’été. Vive, le chômage.
Premier passage par le chômage donc, pour Matt. Boulogne-sur-Mer, nouveau promu en L1 cherche un attaquant et se décide à lui proposer un contrat. En 15 matches avec Boulogne, il ne retrouve pourtant pas ses sensations, ne marquant qu’un but. Mais quel but ! Elu but de l’année par l’UNFP. A voir sur la vidéo à partir de 4’52 :
http://www.dailymotion.com/video/xdhest
Ce but ne lui empêche pas de se retrouver à nouveau au chômage la saison suivante. Il « rebondit » lors du mercato d’hiver à Lausanne sport, en D2 suisse. Très loin de ce à quoi il pouvait rêver il y a encore deux à trois ans. Et encore, il est alors loin d’être titulaire indiscutable, mais marque quelques buts qui contribuent à la montée de Lausanne sport en première division suisse. Au passage, indiquons aussi que Matt s’est fait escroquer 450.000 euros par un conseiller financier véreux.
Matt retrouve des couleurs à Lausanne
Avec Lausanne, Matt reprend des couleurs. Certes, il est relativement sevré de bons ballons au sein d’une équipe qui doit son maintien en première division aux déboires de ses concurrents davantage qu’à son niveau, il tire son épingle du jeu, est apprécié des supporters et, en deux saisons, il marque quand-même 14 buts en 57 rencontres.
Bien sûr, là aussi, il y connaît des déboires. Il est notamment suspendu quelques matches pour avoir frappé Vincent Rüfli, un adversaire, à la sortie du match. Selon Matt, son adversaire lui aurait tenu des propos racistes. Ne serait-ce que parce qu’on kiffe Matt, on est bien tentés de le croire.
Mais s’il est loin de son apogée avec nos Dogues, Moussilou retrouve un peu ses sensations. Ah oui, on avait oublié : maintenant il joue avec la sélection nationale congolaise.
Et puis la galère en Tunisie, puis à Amiens
A l’été 2013, Matt signe au Club Africain, un club tunisien ambitieux. Comme souvent pour Matt, ça ne se passe comme prévu. Ça avait pourtant bien commencé. Pour son premier match, contre Tozeur, Moussilou, entré à la mi-temps, ouvre le score pour les siens. Mais quand on a la poisse, on a la poisse : il se blesse et ne retrouve les terrains que trois mois plus tard, en janvier 2014. En avril, il est sanctionné par son club pour avoir séché l’entraînement. Matt quitte le club en fin de saison, fâché avec son club, et après n’avoir joué que 456 minutes, pour 12 matches et 4 petites titularisations, marquant quand-même deux fois. C’est déjà ça.
A l’aube de la saison 2014-2015, il rejoint Amiens, en National. Malheureusement pour lui, la galère continue : faute d’avoir reçu sa lettre de sortie de Tunisie – ce qui est vraisemblablement une obstruction volontaire – il n’est pas qualifié avant le mois de février 2015. Pour la troisième fois de sa carrière, Moussilou reste plus de 6 mois sans compétition. Et encore, on ne compte pas sa troisième saison niçoise qu’il passe exclusivement en réserve, ne jouant que quelques matches avec la CFA2. Bref, pas dans le rythme, la seconde partie de saison avec Amiens est loin de ses espérances initiales et il termine la saison sans aucun but marqué et en ayant joué seulement 471 petites minutes. Une énième galère. Certains disent que c’est une punition divine : en voulant quitter le LOSC, façon de renier – et non de « René » - le maillot sacré, Matt se serait attiré les foudres divines.
Matt a donc rejoint Lausanne l’été dernier. Au FC Le Mont, et pas à Lausanne Sport, en D2 suisse. Ça s’est encore mal passé d’entrée de jeu avec une rupture du tendon d’achille dès les matches amicaux. Il faut attendre fin mars 2016 pour le revoir sur les terrains. En 451 minutes de jeu et 9 rencontres, Matt tire son épingle du jeu et marque 2 fois et effectue une passe décisive. Mais bon, ça sent franchement la fin.
A tel point que, début 2016/2017, on ne sait pas trop ce que Matt fait et s’il resigne au FC Le Mont. Quand on va sur leur site, on a même l’impression qu’eux-mêmes ne sont pas au courant. Au final, Matt signe fin août à Yverdon-Sport, en première ligue suisse. Hein ? Non, non, Matt ne retrouve pas l’élite. La « première ligue », c’est la D4 suisse. Bon, voilà, je crois qu’on peut enfin le dire : on ne t’as pas oublié Matt, mais là, ta carrière se finit.
Bisous.
(1) « Vahid » et « ordres » dans la même phrase, c’est vrai que c’est un peu redondant.
Posté le 24 mars 2016 - par dbclosc
Le LOSC européen avec la 19ème attaque ? C’est possible.
Il ne serait pas improbable que Lille s’impose à Nantes lors de la 32ème journée de championnat. Il n’aurait non plus rien d’extraordinaire à ce que Caen s’incline à Toulouse et que Saint-Etienne ne l’emporte pas à Ajaccio. Précisions cependant que, dans un tel cas de figure, le plus probable est que Lille ne marque tout de même pas plus de 2 buts à Nantes. Et si cela se passait ainsi, nos Dogues seraient alors placés en 6ème position du classement tout en restant l’avant-dernière attaque du championnat.
Allons plus loin. Le LOSC européen en finissant 19ème attaque, c’est comme chez Hassan Céhef, c’est possible. Avoue, ça serait bien marrant. Note au passage qu’on aurait sans doute droit à des articles incendiaires de la part de la presse mainstream dénonçant le fait qu’on peut jouer les premiers rôles en L1 en jouant défensif. Si j’admets volontiers que le jeu de nos Lillois n’a pas toujours été parfait cette saison (1) il me semble pourtant que ce constat serait inexact, les Lillois ayant généralement tendu à faire le jeu, certes avec un succès mitigé.
Je suis remonté jusqu’à la saison 1985-1986 pour voir à quelles places avaient terminé les clubs terminant 19ème ou 20ème attaque du championnat afin de voir s’il y a des antécédents (2). Voilà ce que cela donne :
Depuis 30 ans, c’est Lorient, 19ème attaque en 2007-2008, qui réussit le meilleur classement (10ème). Et derrière, il n’y a pas grand-chose … C’est dire si finir dans les six premiers avec l’avant-dernière attaque serait atypique. Pour nos Lillois, allons chercher quelques modèles dans le passé d’équipes bien classées malgré une attaque assez inoffensive.
Bordeaux 2005-2006 : 2ème avec 43 buts marqués
Le Bordeaux de la saison 2005-2006 n’est pas une équipe flamboyante offensivement : ils ne marquent que deux fois trois buts en un match, contre Metz (3-3) et à Sochaux (3-0) pour un total de 43 buts inscrits au total. Attaque assez moyenne malgré un secteur offensif bien garni, voire très bien garnie en joueurs de talents : Marouane Chamakh, Lilian Laslandes, Jean-Claude Darcheville, Denilson, Valdimir Smicer et notre Nono Cheyrou de chez nous. Et pourtant, les Girondins finissent 2èmes !
Rennes 2006-2007 : quand ils marquent peu, ils sont enfin européens
Le Stade rennais, c’est l’équipe par excellence qui échoue dans les qualifications européennes, souvent après de bons débuts de championnat avant de s’écrouler. Mais finalement, ce qui leur réussit le mieux aux Rennais, c’est de ne pas marquer trop de buts. Après 28 journées, les Rennais sont bien en galère, 11ème au classement, avec 24 buts marqués. Ils remontent progressivement, d’abord tranquillement, sans marquer trop de buts (ils font deux fois 1-0 et deux fois 0-0), puis plus franchement offensivement ensuite : ils marquent 12 buts sur les 6 derniers matches, dont 3 contre Toulouse et 4 contre Rennes et finissent à la quatrième place.
A la dernière journée, nos Dogues pensent bien s’incliner chez eux, mais heureusement, Fauvergue égalise dans les arrêts de jeu, à la grande déception de Pierre Dréossi, le coach rennais. Et, bien sûr, ancien et éternel lillo. Dommage en un sens, car ça n’aurait pas changé grand-chose pour nous, dixièmes au final, alors que les Rennais aurait finit 3ème, en Champions League. Avec 38 buts marqués, et la 15ème attaque, ça aurait été super classe
Cannes 1990-1991 : 17ème attaque, mais européens
En 1990-1991, l’AS Cannes conserve encore l’accent lillo : coaché par Boro Primorac, l’équipe compte dans ses rangs Pierre Dréossi, Jean-François Daniel, Gilles Hampartzoumian, José Bray, Éric Guérit et Amara Simba (les quatre derniers cités sont arrivés au LOSC après cette saison-là). Cannes (de Zidane également) sait faire les 0-0 quand il faut (11 fois) et gagne juste ce qu’il faut dans un championnat où la victoire rapporte deux points. Les Cannois finissent quatrième du championnat et pourtant, ils ne marquent que 32 buts.
Comme le LOSC cette saison, ils avaient mal commencé puisqu’ils étaient 18èmes au classement après 17 journées avec 9 misérables buts marqués. Alors les 23 buts marqués sur les 21 journées suivantes, c’était le Barça à l’échelle de la Bocca. Et en ne perdant que deux fois.
(1) Un ami me demandait d’ailleurs récemment « Admets que le jeu de nos Lillois n’a pas toujours été parfait cette saison » et je lui avais alors répondu « Volontiers ! »
(2) La période 1997-2002 n’est pas retenue car il s’agissait de saisons à 18 clubs.
Posté le 23 mars 2016 - par dbclosc
1997 : Lille se fait justice en éliminant Marseille
Le 4 février 1997, Marseille reçoit Lille, à moins que Lille ne reçoive Marseille, à Valence, dans la Drôme. À l’origine de ce match de coupe de France, un imbroglio judiciaire et, finalement, une victoire lilloise sur le terrain.
Tout commence le 3 janvier 1997 : le tirage au sort des 32e de finale de la coupe de France 1996/1997 fait entrer en lice les clubs de Division 1. Il accouche de deux affiches entre clubs de l’élite, dont Marseille/Lille, deux équipes proches au classement dont la confrontation en championnat s’était achevée par un nul à Lille en septembre (1-1, Boutoille contre Letchkov). Les Marseillais ayant été tirés les premiers, le match doit logiquement se jouer à Marseille, au stade Vélodrome, comme une revanche du quart de finale joué la saison précédente, dont on t’a dit un mot dans le résumé de la saison 1995/1996.
Le Vélodrome en travaux
Construit pour la coupe du monde 1938, rénové pour l’Euro 84, le stade Vélodrome est en 1996 dans sa configuration issue de 1985, lorsque Bernard Tapie décide de supprimer la piste cycliste – d’où le stade tire son nom – portant la capacité du stade à 48 000 places. À partir de 1996 et jusque fin 1997, pour répondre aux exigences de la FIFA, le vétuste stade de Marseille est en réfection en vue de la coupe du monde, l’objectif étant de porter sa capacité à 60 000 places pour accueillir une demi-finale de coupe du monde (ce sera Pays-Bas/Brésil, avec un but de Kluivert). Le Vélodrome subit donc les retouches qui en feront ce stade dégueulasse, sans résonance, sans acoustique, et ouvert aux quatre vents1 – dans les faits, surtout le mistral – nécessitant de nouveaux travaux pour l’Euro 2016 avec, notamment, la présence de toits. Le 25 février 1998, le stade version Mondial 98 est terminé avec l’ouverture de la dernière tribune, et un match amical entre la France et la Norvège, au cours duquel Zidane marque son plus beau but avec l’équipe nationale.
Les travaux du Vélodrome n’empêchent pas l’Olympique de Marseille (OM) d’y jouer ses matches de championnat : les travaux ayant été calés sur le calendrier du club, Marseille joue donc en championnat à domicile. Mais d’autres compétitions n’ont pas été intégrées à la réflexion : les coupes nationales. Si, le 10 décembre 1996, le Vélodrome est disponible pour accueillir l’OM qui y élimine Auxerre (3-2) en coupe de la Ligue, avant que l’équipe ne se fasse sortir à Bordeaux au tour suivant, le stade ne peut accueillir que 1 500 spectateurs au moment de recevoir le LOSC, le 18 janvier 1997. Selon les statuts de la Fédération Française de Football (FFF), organisatrice de la coupe de France, les conditions techniques d’une part, de sécurité d’autre part, ne sont pas réunies pour organiser un 1/32e de finale de coupe de France.
Inversion du match : on jouera à Grimonprez-Jooris
Les dirigeants de l’OM ont alors 48 heures, à partir du tirage au sort, pour proposer un autre terrain à la commission d’organisation de la FFF, qui le validera. Mais personne ne bouge, hormis dans la presse, où les dirigeants marseillais font savoir qu’ils aimeraient que la rencontre se joue « dans le sud ». Mais le 9 janvier, en l’absence de requête officielle des marseillais, pour qui le délai de 48 heures est largement dépassé, la commission centrale de la coupe de France, conformément à ses statuts, inverse l’ordre du match et le fixe à Lille, même joue et même heure, soit le 18 janvier à 17 heures. Avec l’argument suivant : « l’OM n’a pas respecté le délai de 48 heures, après le tirage au sort, pour se manifester et demander que son match ait lieu sur un autre terrain« , en ajoutant : « s’il l’avait fait, il aurait obtenu satisfaction« . Cette décision est confirmée le lendemain, le 10 janvier, par le bureau du conseil fédéral.
C’est le début d’une bataille juridique entre les dirigeants des deux clubs. D’un côté, le président lillois, Bernard Lecomte, demande l’application du règlement de la FFF, l’instance sportive et organisatrice de la compétition ; de l’autre, le président-délégué de Marseille, Jean-Michel Roussier, fait appel devant le comité national olympique et sportif français (CNOSF), association qui chapeaute les fédérations nationales sportives, et devant la commission fédérale d’appel.
Le 15 janvier, le conciliateur nommé par le CNOSF donne raison à la FFF et propose (sans capacité exécutoire, donc) à l’OM de se conformer à sa décision, c’est-à-dire de se rendre à Lille. Le droit semble donc en faveur des Lillois.
Mais, parallèlement, Roussier amène l’affaire devant la justice civile : et le 16 janvier, le tribunal administratif de Marseille propose de jouer en ligue de Méditerranée ! La semaine est marquée par l’intransigeance des dirigeants marseillais, qui menacent de ne pas se déplacer à Lille. Claude Simonet leur brandit la menace d’une défaite par forfait, et précise que la FFF peut passer outre la décision du tribunal administratif.
Vendredi 17 janvier, la commission d’organisation de la FFF maintient le match à Lille. L’OM fait de nouveau appel auprès du CNOSF et réactive sa requête auprès du tribunal administratif de Marseille qui ne réagit pas à cette réactivation ; alors l’OM fait une autre requête. Nous sommes à 24h du match.
Jour J : le LOSC attend donc l’OM, à 17h.
Il n’y a qu’une seule équipe sur le terrain
Ce samedi après-midi, Grimonprez se remplit très lentement : seuls 4 000 billets ont été vendus. Il faut dire qu’une grande incertitude demeure : jusqu’au bout, certains de l’emporter sur le terrain judiciaire, les dirigeants marseillais ont affirmé qu’ils ne se déplaceraient pas, et ont indiqué à leurs supporters de ne pas se déplacer pour rien. Vont-ils mettre leur menace à exécution ? La presse locale relaie des rumeurs indiquant que l’OM a réservé un hôtel à proximité de Lesquin… Dans la matinée de samedi, un avion en provenance de Marseille atterrit à Lesquin. Les journalistes sont à l’affût et aperçoivent… Hamada Jambay, arrière droit de l’OM ! Alors, voilà l’OM ? Hé bien non, Jambay est seul et déclare, devant un auditoire captivé : « Je viens rendre visite à mon frère à Dunkerque ».
Dans le vestiaire lillois, en attendant Marseille : Miladin Becanovic (blessé), Jean-Noël Dusé, Jean-Michel Cavalli, Marc Cuvelier et Djezon Boutoille.
En fait, les Marseillais ne sont pas venus. Et ils ont pris cette décision la veille. La deuxième requête auprès du tribunal administratif est acceptée une heure et demie avant le début du match. Le tribunal estime que l’OM « présentait, dans sa requête en annulation, des motifs sérieux et que son exécution risquait d’entraîner des conséquences irréversibles ». En clair, le tribunal estime que la requête de Marseille est fondée : la décision d’inverser le match est suspendue un mois ! Le texte condamne en outre la FFF à verser 8 000 francs à l’OM « au titre de frais exposés ». Encore un peu et l’OM gagnait sur tapis vert ! Anne-Sophie Roquette annonce, sus les sifflets, la décision du tribunal, tandis que descendent des tribunes des « Simonnet, démission !« .
Juste avant 17h, heure théorique du coup d’envoi du match, un commissaire de police lillois notifie à Bernard Lecomte l’ordonnance du tribunal administratif de Marseille qui suspend pour une durée d’un mois la décision prise la veille par la commission centrale de la coupe de France.
Alain Sars, l’arbitre, constate l’absence des joueurs marseillais au coup d’envoi. Il n’y a donc qu’une seule équipe sur le terrain : une habitude à Lille, mais là c’est au sens littéral.
Frédéric Dindeleux, Jean-Marie Aubry, Djezon Boutoille et Franck Renou
saluent les spectateurs qui se sont déplacés
La non-venue des Marseillais suscite une cascades de réactions outrées, à commencer par celle de… Gervais Martel, qui parle en tant que président de l’Union des Clubs Professionnels de Football : « si on commence à sortir du cadre des terrains de football pour régler les problèmes, où va-t-on ? ». La décision du tribunal donne des idées au président lensois, dont l’équipe se déplace à Bourges pour son 32e. Pas de chance : de mauvaises conditions météo ont annulé le vol des Lensois, qui ont dû, en catastrophe, prendre le train : « on aurait pu faire constater par un huissier qu’on ne pouvait pas décoller, puis saisir le tribunal administratif… et on aurait joué dans un mois (…) Le comportement des dirigeants marseillais est lamentable, déplorable. Et le public est floué ».
Une ola pour Gervais et sa belle déclaration
Le président de la FFF, Claude Simonet, déplore « qu’une juridiction civile prenne le pas sur une juridiction sportive pour un problème uniquement sportif. Les règlements doivent être les mêmes pour tous. Si un club estime qu’ils ne sont pas bons, qu’il ne s’engage pas dans la compétition ».
Une décision qui aura permis à Gilles Hampartzoumian de fouler la pelouse de Grimonprez-Jooris
Dans la Voix des Sports, Patrick Delahaye et Guy Delhaye stigmatisent les Marseillais : « prendre la décision de ne pas venir à Lille le vendredi soir mais ne l’annoncer que le samedi midi, c’est proprement se moquer du monde » ; « Si Marseille n’était pas Marseille, l’OM aurait été rayé de la carte du football pour longtemps. Mais Marseille sera toujours Marseille. La capitale de tous les excès » ; « les méthodes détestables de Bernard Tapie ne sont pas toutes noyées au fond du Vieux-Port » ; « Nous ne sommes pas des ânes » disait Jean-Michel Roussier au téléphone samedi après-midi. Tout bien réfléchi… »
Épilogue judiciaire : le 21 janvier, les présidents des deux clubs participent à une « réunion de médiation » au siège de la FFF, en présence de Claude Simonet. Bonne poire, Bernard Lecomte, qui ne cherche pas la guerre et de dit « légaliste », n’insiste pas davantage mais souhaite « un terrain neutre qui soit vraiment neutre », c’est-à-dire non situé en Ligue de Méditerranée. Il faut dire que, de son côté, Jean-Michel Roussier souhaite revenir au Vélodrome, qui est dispo ! Un accord est trouvé pour jouer le match sur terrain neutre, à Valence2, le mardi 4 février à 17h.
La Drôme adhère
Dans le sympathique stade Georges Pompidou et devant près de 10 000 personnes contentes d’être là (cette précision ne vaut que pour justifier mon intertitre), le match entre Marseille et Lille va enfin commencer. Avec l’enfance footballistique qu’on a eue chez DBC, je ne te dis pas l’événement que constitue la retransmission d’un match du LOSC en direct sur TF1, avec au commentaire Thierry Roland et Jean-Michel Larqué. C’est Choco pops à volonté en rentrant du collège ! TF1 prend l’antenne avec pour générique la reprise de Go West par les Pet Shop Boys, et c’est parti : Lille joue en rouge et Marseille en blanc, signe que, finalement, c’est bien Marseille qui reçoit.
Voici la composition lilloise, dont les principaux absents, blessés, sont Becanovic et Hitoto, ce dernier pour un bon moment.
Aubry;
Duncker, Leclercq, Carrez, Levenard ;
Rabat, Collot, Garcion, Garcia ;
Boutoille, Renou
Côté marseillais : la star est dans les buts, avec le gardien allemand champion d’Europe Andreas Köpke, et le danger numéro est Xavier Gravelaine.
Dernier coup d’éclat avant la descente
Le match commence tambour battant avec deux occasions d’entrée de jeu, une pour chaque équipe : Ben Slimane, l’attaquant tunisien de l’OM, frappe à côté dès la première minute alors qu’il était seul face à Aubry. Quelques secondes plus tard, Garcion, en position similaire, malheureusement sur son pied droit, frappe sur Köpke.
Le match est équilibré et les Lillois prennent l’avantage à la demi-heure de jeu. À l’origine, un une-deux assez quelconque entre Boutoille et Garcia ; ce dernier semble bien repris par la défense marseillaise, mais l’italien Alberto Malusci commet une faute, offrant un excellent coup-franc à une vingtaine de mètres pour le LOSC. Garcia et Garcion se placent à proximité du ballon. Le gaucher Garcion enroule superbement par-dessus le mur.
Coup-franc de Garcion : Droit au but
Le poing droit de Köpke parvient à détourner le ballon sur la barre transversale mais Franck Renou, plus rapide que Chris Makin, pousse le ballon de la tête au fond des filets. Un but à voir en vidéo :
Juste avant la mi-temps, le LOSC rate le break : sur un centre contré d’Arnaud Duncker, côté droit, Thierry Rabat place une tête qui passe juste au-dessus du but marseillais (45e). À la pause, le LOSC propose une excellente prestation, et Jean-Michel Larqué se dit « impressionné par la solidarité de cette équipe lilloise ». La deuxième période est plus délicate : Lille subit, mais sans vraiment concéder d’occasion. Et, problème de taille : Jean-Marie Aubry s’est blessé et termine la rencontre avec une déchirure qui ne fait que s’aggraver. Les dernières minutes sont épiques : pour les deux derniers corners du match, sur lesquels Köpke est monté, Leclercq repousse dans un premier temps sur la ligne une reprise de Victor Agali, avant que Marc Libbra ne place une tête sur la transversale d’un Jean-Marie Aubry qui ne saute même plus. A revivre ici en vidéo :
Frédéric Machado, entré à la 64e à la place de Boutoille
« Lille noie l’OM dans la coupe » titre L’Équipe en Une le lendemain. Le LOSC a donc remporté sur le terrain le match qu’il avait à moitié perdu devant les tribunaux, et ce n’est que justice tant le comportement des Marseillais avait suscité l’indignation du monde footballistique. Il est cependant remporté au prix fort : Jean-Marie Aubry s’est blessé, ce qui le prive de 3 matches. Dans un premier temps, cette victoire est suivie, 4 jours plus tard, d’une victoire à Grimonprez face à Lyon en 16e, que nous évoquons dans le bilan de la saison, avec notamment une très belle performance de sa doublure Pegguy Arphexad… La seule, puisqu’il encaissera ensuite 9 buts sur les deux matches de championnat qu’il joua comme titulaire, dont le retour à Marseille, où l’OM se venge en nous mettant 5-1 10 jours plus tard. Cette semaine à deux victoires a été le dernier coup d’éclat et la consolation bien trop maigre d’une triste fin de saison, où le LOSC s’est montré incapable de reproduire en championnat ses performances en coupe.
Franck Renou (avec la victoire)
Notes :
1 Rolland Courbis, quand il entraînait l’OM, désignait le Vélodrome comme « l’enrhumeur ».
2 Valence est tout de même bien plus proche de Marseille que de Lille. Les coordonnées géographiques du Vélodrome sont 43° 16′ 11″ N 5° 23′ 45″ E ; celles de Grimonprez-Jooris 50° 38’ 40” N 3° 2’ 49” E. L’idéal eut donc été de jouer à équidistance, de ces deux points, quelque part au sud de la Bourgogne.
Posté le 20 mars 2016 - par dbclosc
Le LOSC a-t-il déjà fait une série aussi calamiteuse que l’OM d’aujourd’hui ?
Marseille reste sur 13 matches consécutifs sans victoire en L1. Par charité chrétienne, et pour montrer que ce qui arrive à nos amis Marseillais peut arriver aux meilleurs – donc à nous – nous avons cherché les séries sans victoire à domicile du LOSC depuis 30 ans. Ce qui arrive à l’OM maintenant, ça a bien dû nous arriver une fois sur une telle période, non ?
Mai-septembre 2007
On remonte, on remonte, mais on peine à trouver de longues séries sans victoires chez nous. Jusqu’à 2007, jamais le LOSC ne reste plus de trois matches sans victoire de suite. En remontant jusqu’au début de la saison 2007-2008 en y rajoutant le dernier match de la saison 2006-2007, on trouve pourtant la trace d’une série de 5 matches sans victoire : Lille finit 2006-2007 par un nul contre Rennes (1-1), commence la saison suivante par des matches nuls contre Lorient (0-0), contre Sochaux (1-1), une défaite contre Monaco (0-1), puis un nul contre Bordeaux (1-1), avant de battre, enfin, Valenciennes (3-0).
Bref, jusque-là, on est très loin de la série marseillaise. Remontons encore en arrière : on a fait pire.
Août-novembre 2003
Début de saison 2003-2004, le LOSC est dans une phase de reconstruction après la fin de cycle de l’équipe Vahid. Puel a repris l’équipe en 2002 et le LOSC vient de finir à la 14ème place. Lille commence par trois victoires, dont deux à domicile, mais ça va très vite se gâter : Lille va enchaîner 12 matches sans victoires, dont 6 à domicile, prenant au total 6 points. Contre Nantes, Lille met fin à cette série, même si on a eu peur jusqu’au bout ou presque. Si Brunel ouvre le score (42è), il faut attendre les arrêts de jeu pour que ce bon vieux Hector Tapia parachève le succès des Dogues (2-0).
Remontons encore dans le temps : entre octobre 1995 et janvier 1996, Lille enchaîne une nouvelle série de 6 matches de suite sans victoire à domicile. Lille fait ainsi le partage contre Metz (0-0), Martigues (0-0), Paris (0-0), St-Etienne (1-1), perd contre Cannes (0-2) puis fait encore un nul vierge contre Monaco (0-0). Lille n’a donc marqué que 1 fois sur les 6 derniers matches chez lui. Contre Gueugnon, le LOSC fait son carton de la saison (2-0). Si, si, Lille n’a pas fait mieux cette saison-là.
On est encore loin des 13 matches de suite de l’OM. Peut-être peut-on « faire mieux » en remontant encore dans le passé, tel Marty McFly.
Oui, ces mecs-là ont contribué à un record
Avril-octobre 1993
En 1992-1993, le LOSC a vraiment une attaque toute pourrie et se bat pour le maintien et n’espère vraiment rien de mieux. Lors de la 32ème journée, les Dogues prennent le point contre Monaco (1-1), font de même contre Sochaux (0-0) et St-Etienne (0-0) et finissent par une défaite contre Strasbourg (2-3). A l’issue de la saison 1992-1993, les Lillois restent sur quatre matches de suite sans victoire chez eux. Et sur 7 matches domicile et extérieur confondus. En 1993-1994, Lille poursuivra sa série, échouant chez lui contre Martigues (1-1), Lens (0-0), Le Havre (2-2), Nantes (0-0), St-Etienne (0-2) et Marseille (1-3). Quand Lille s’impose contre Sochaux (3-1), grâce à des buts de Assadourian, Etamé et Rollain, Lille met fin à une série de 18 matches de suite sans victoire. C’était pénible, j’te jure. Mais « seulement » 10 de suite sans victoire à domicile. On l’a senti à cette époque la force du complot.
Même en remontant jusqu’en 1985, on ne retrouve plus de séries significatives sans victoire chez nous. Désolé les Marseillais, on a essayé de montrer que nous aussi ça nous était arrivé, mais on a raté.
Posté le 18 mars 2016 - par dbclosc
Jean Parisseaux qui quitte le LOSC (1986), c’est la formation qu’on assassine
Le départ de Jean Parisseaux du LOSC (1986) incarne un changement d’époque du point de vue des « politiques de jeunes » des clubs de football. Comme un symbole, quand il part, le LOSC passe d’une logique de « formation » des jeunes à une logique de « détection ». En pratique – car ce sont des idéaux-types – il y a toujours et détection et formation, mais il apparaît clairement qu’on passe à cette époque vers une autre ère du rapport aux jeunes joueurs.
Ça n’a l’air de rien de passer de la « formation » à la « détection ». Mais ça a en réalité beaucoup d’implications. C’est un peu comme si, en tant que prof, je passais d’une logique où je faisais avec mes bourricots d’élèves pour en tirer le meilleur, à une autre où je sélectionne les meilleurs pour les faire bosser dans l’optique qu’ils participent à « Question pour un champion spécial grandes écoles ». Dans le second cas, ma priorité c’est « Questions pour un champion », et mes bourricots, du coup, je m’en bats ce que vous imaginez que je peux me battre.
Jean Parisseaux était un formateur. Et, sur ce point, ça allait bien à José Arribas, coach de l’équipe première de 1977 à 1982. C’est d’ailleurs un peu ce qu’on leur a reproché : ils privilégiaient l’avenir et le beau jeu mais, en attendant, les résultats c’était pas toujours ça.
Quand Georges Heylens arrive en 1984, il coache alors l’une des plus juvéniles des équipes de D1. Dans le noyau des 16 ou 17 joueurs qui composent l’équipe de G. Heylens, Mottet (25 ans), Péan (20), S. Plancque (23), P. Plancque (20), Froger (21), Prissette (20), Garcia (20), Titeca (19), Guion (20), et Meudic (20) ont été formés au club. Et encore, ce décompte ne prend-il pas en compte Thomas (21 ans) et Philippe Périlleux (20 ans), recrutés respectivement à l’INF Vichy et à Valenciennes. Pourtant, si Heylens coache une équipe de jeunes, il est un entraîneur beaucoup plus « moderne », dans le sens où il privilégie largement une logique de détection et de recrutement.
A la différence de ses prédécesseurs, Heylens « recrute » avant de former. Il est d’ailleurs frappant de constater que les jeunes formés au club qui jouent sous sa direction ont rarement été lancés par lui dans le grand bain : c’est en effet son prédécesseur, Arnaud Dos Santos, qui les lance pour la plupart.
Certes, des jeunes arrivent avec Heylens : Philippe Périlleux (20 ans à son arrivée), Jean-François Daniel (23 ans), Abédi Pelé (23), Jean-Luc Ribar (22) Jocelyn Angloma (pas encore 22) et Christophe Galtier (20 ans) : mais il s’agit de jeunes à très forts potentiels dont on sait qu’ils ont déjà les épaules pour être titulaires dès le départ. On pourrait certes objecter que c’est lui qui lance Bernard Lama, à 23 ans, mais on peut aussi se demander ce qu’il en aurait été si le gardien n’avait pas mis la pression sur ses dirigeants, car lassé d’attendre en réserve. Quelques jeunes sortiront du centre de formation suite au départ de Georges Heylens en 1989. Insuffisant pour inverser une tendance générale au foot français plus que le produit du seul entraîneur belge.
Le graphique suivant montre bien la transformation qui s’opère au milieu des années 1980 et, s’il était doté du langage, il parlerait de lui-même et nous dirait : « regarde comme je montre bien que le nombre des jeunes formés au club jouant comme titulaire (en rouge) ou jouant ne serait-ce qu’un match (en bleu) décroit à partir de la saison 1987-1988 ! Et regarde combien il y a davantage de jeunes formés au club à jouer quand Georges s’en va !».
On peut alors se demander si les jeunes talents Alama Soumah, Fabrice Leclerc et Pedro De Figueiredo n’auraient pas eu davantage la chance de se montrer – voire de s’imposer – au LOSC avec Arnaud Dos Santos ou Arribas. Les joueurs des générations nées en 1963 et 1964 avaient commencé à faire leur trou en équipe première en 1984. Ceux nés en 1966 et 1967, pourtant aussi très talentueux, arrivaient justement à maturité quand l’effectif lillois était suffisamment étoffé en joueurs confirmés.
Devenu entraîneur de l’équipe première de Lens en 1988-1989, Jean Parisseaux reste fidèle à ses valeurs. Sans grand succès immédiat puisque le Racing finit bon dernier de première division. Mais, avec le recul, on peut se dire que Lens doit en partie ses succès des années 1990 à cette stratégie. Regarde leur équipe cette saison-là. Les joueurs entourés en rouge ont été formés au club :
Je n’ai pas l’habitude de vanter les mérites lensois. Mais, cette fois-ci, c’est un peu grâce à notre Jeannot. Donc disons-le quand-même.
Bisous.
Posté le 16 mars 2016 - par dbclosc
« Stats de la lose » ou « analyse de la lose » ?
La saison dernière, L’équipe nous gratifiait d’un article tout en finesse intitulé « Les stats de la lose ». Son propos ? (1) En France, on pourrait être « honteux », car la moyenne de buts en L1 est plus basse que chez les voisins européens (2), ce qui fait, naturellement « mal au cœur ». Bref, le propos est de dire que, en France, en tant que supporter, on s’emmerde et, surtout – dénonciation récurrente – davantage qu’ailleurs (3).
Première remarque : dire que la France est « dernière » (ce qui n’est pas du tout exact dans l’absolu mais vrai dans la liste proposée par L’équipe) c’est mettre l’accent sur son classement et décréter que, puisque la France est « dernière », c’est qu’elle est mauvaise sans pour autant argumenter sur le contenu. Pourtant, faisons l’hypothèse de pays dont la propension à marquer des buts serait strictement égale : dans ce cas, le plus probable est que ces pays aient des moyennes de buts très proches, mais, pour des facteurs difficiles à recenser, une hiérarchie s’établirait : il y aurait donc un dernier bien que les équipes soient, en réalité, à un niveau équivalent, seules quelques contingences expliquant les différences entre les différentes équipes.
Et quand on compare les pays pris dans l’exemple de l’article de L’équipe, on constate que l’écart n’est pas si béant que cela. Surtout, pour la moitié des pays, l’écart dans la moyenne de buts est si faible qu’il est impossible que les supporters les perçoivent si ce n’est par la comparaison stricto sensu des moyennes de buts. Dit autrement, en France, on constate à travers les chiffres que la moyenne de buts est un peu plus faible, mais il est certain que les supporters ne peuvent pas affirmer qu’ils s’en rendent compte sans ces chiffres.
Illustrons ceci par un exemple : si, cette saison, un club français marque en moyenne moins qu’un club russe, ukrainien ou italien, c’est environ un but sur un championnat entier (un peu plus). Croit-on vraiment que c’est ce but en moins (sur une saison donc) qui ferait que les supporters s’ennuient davantage ?
Bien sûr, dans certains championnats, les écarts sont plus élevés, mais même en Allemagne, le nombre de buts moyen par équipe n’est plus élevé que de 6 buts sur une saison. Ça commence à faire beaucoup, mais pas de quoi péter un steack. Mais c’est assez pour un papier de L’équipe.
Deuxième remarque : ce constat partant d’une moyenne, il occulte le fait qu’il peut y avoir une homogénéité plus ou moins forte en la matière selon les pays. Pour le dire autrement, si dans un championnat donné la moyenne de buts est tiré vers le haut par trois équipes offensives, cela fait une belle jambe aux supporters des dix-sept autres équipes : « leur » championnat a une belle moyenne de buts même si leur équipe est la reine des 0-0.
Franck Béria quand Marvin Martin lui a dit qu’il préférait L’équipe à DB & C contre le LOSC
On ne peut certes pas réduire la « faiblesse offensive » de la L1 à cette seule dimension, mais il faut bien voir que les championnats qui connaissent une moyenne de buts élevée sont souvent des championnats où il y a plusieurs « locomotives » : on pourrait croire que, puisque les « gros » encaissent moins de buts, cela ne change rien à la moyenne totale qu’ils marquent davantage. En pratique, cela change tout : certes, ces équipes encaissent moins, mais, surtout elles marquent beaucoup plus. Le graphique suivant présente les moyennes de buts des différents championnats une fois ôtées les équipes au-dessus du lot (Et encore, on n’a retiré aucune équipe en Angleterre, mais peut-être plus parce qu’il y a trop d’équipes au-dessus du lot).
Effet presque mécanique, un championnat qui comporte trois locomotives (on parle toujours de foot, hein) tendra vers une moyenne de buts plus élevée qu’un championnat avec une seule.
Quand Loko motive, Raï est sur la bonne voie
Troisième remarque : la moyenne de buts est implicitement présentée comme un indicateur objectif de la qualité du championnat. S’il est certain que nous ne dédaignons pas un petit festival offensif de temps en temps, nous avons déjà montré par le passé à Drogue, Bière que nous kiffons aussi grave sa mère les pénibles victoires 1-0 pour peu que les vainqueurs soient des laborieux faisant avec les moyens du bord.
Cette présentation léquipesque traduit implicitement la conception selon laquelle les équipes solides avant d’être créatives seraient moins intéressantes à voir, occultant le fait que les équipes qui jouent ainsi le font dans l’optique de faire ce que les supporters attendent avant tout : faire les meilleurs résultats possibles. On peut se plaindre, comme on l’a souvent vu écrit, que les Angevins n’avaient pas toujours le jeu le plus chatoyant. Mais il y a une réelle contradiction à produire cette critique tout en s’émerveillant du fait que les Angevins luttent avec les meilleurs : étant donné leurs moyens, les Angevins devaient choisir, soit l’option de l’efficacité, soit celle du beau jeu (en perdant).
Mais à L’équipe, la contradiction, c’est une philosophie de vie. On les entend encore se plaindre du fait que le PSG n’ait pas de concurrent sans en tirer les conclusions : l’argent ne fait peut-être pas tout, mais avec des moyens aussi disproportionnés, les seules chances des adversaires des Parisiens de pouvoir les concurrencer réside dans une grande rigueur dans le jeu, parfois au détriment de la créativité offensive.
Le propos de cet article n’est pas – doit-on le préciser ? – d’appeler à des organisations tactiques plus défensives. Nous aussi avons pris un grand plaisir à voir jouer le LOSC de Rudi Garcia, indéniablement le plus plaisant à voir jouer. Simplement, nous ne renions pas le plaisir que nous avons eu à soutenir un LOSC plus défensif quand les circonstances faisaient que c’était l’option la plus pertinente (4). Alors, oui, le LOSC de Rudi nous a plu. Mais il avait le meilleur de milieu de France, Gervinho, Hazard et Sow devant. Et Frau, De Melo et Obraniak sur le banc. C’est tout de suite plus facile de marquer des buts.
(1) Note que cette question est grammaticalement incorrecte.
(2) Ironie du destin, à partir de cette date et jusqu’à la fin du championnat, la moyenne de buts en L1 montait à 2,67 par match, soit l’une des meilleures moyenne européenne
(3) On ne sait pas si « c’est très français » de faire de telles analyses, mais en tout cas, c’est très con.
(4) C’est notamment cette rigueur qui a permis au LOSC de terminer 3ème du championnat en 2000-2001 malgré un statut de promu.