Posté le 6 mars 2016 - par dbclosc
1995-1996 : le maintien et c’est tout
On t’a déjà parlé de 1994-1995, de ses brillants 1-0 à domicile, son néant à l’extérieur, et un maintien largement assuré (48 points), même s’il a fallu attendre les dernières journées pour l’assurer à la faveur d’une fin de saison bien négociée. 1995/1996 n’est pas du même tonneau : en résumé, ça a été pénible à domicile, il y eut quelques coups d’éclat à l’extérieur, et on a pensé à plusieurs reprises que c’était foutu. Retour sur une saison où on a tremblé de bout en bout.
L’avant-saison a de quoi inciter à l’optimisme : le club a parfaitement terminé l’exercice 1994/1995, a de solides piliers avec Jean-Claude Nadon et Jacob Friis-Hansen, et peut en outre s’appuyer sur des jeunes formés au club déjà régulièrement titulaires (Antoine Sibierski, Fabien Leclercq) ou en passe de l’être (Frédéric Dindeleux, Cédric Carrez, Djezon Boutoille). Cependant, le mercato de cet été 1995 est marqué par un crève-coeur : après 183 matches avec les Dogues au cours desquels sa vitesse a ravi les supporters, Eric Assadourian, en fin de contrat, part à Lyon. L’attaque est d’ailleurs complètement à refaire, puisque Franck Farina et Clément Garcia partent aussi. Surtout, il faut aussi compter avec le départ du capitaine expérimenté Thierry Bonalair. Partent aussi des joueurs pas toujours titulaires (Jérôme Foulon, Lyambo Etschélé, Hervé Rollain) ou qui ne ne sont pas imposés (Henrik Lykke, Christian Pérez).
Avant la relégation en 1997, le LOSC a connu quelques années au cours desquelles il ne pouvait recruter que des joueurs en fin de contrat, et c’est sans doute une explication de ses difficultés sportives. Mais, et on peut porter ce regard a posteriori, le recrutement cette année là, hormis Jean-Marie Aubry et Patrick Collot, a de quoi laisser circonspect : les (nombreux) nouveaux joueurs sont recrutés en D2, dans des clubs relégués, ou des clubs de D1 dans lesquels ils ne jouent pas.
Geza Meszoly, venu du Havre, est un défenseur central approximatif, ni particulièrement solide, ni technique. Il ne jouera que 16 matches.
Joël Germain, de Caen, est un défenseur obèse dont on n’imagine pas qu’il ait pu être recruté pour autre chose que son expérience. 11 matches, dont seulement 2 comme titulaire (les deux premières journées d’ailleurs).
Philippe Périlleux, un ancien de la maison. Il fut un pion essentiel du LOSC entre 1984 et 1991, avant de partir à Montpellier. Réputé pour sa lourde frappe, il a joué une grande partie de la première moitié de saison avant de disparaître de la circulation, gêné par des problèmes physiques.
Thierry Rabat, l’élégance incarnée, une foulée distinguée cheveux aux vents. Il laisse le souvenir mitigé d’un joueur tantôt rassurant, tantôt inquiétant. Assez bon techniquement, mais au physique déclinant.
Amara Simba semble être la bonne pioche : ancien international, « l’homme à la bicyclette » sort d’une honnête saison à Caen avec 12 buts, malgré la relégation. Hélas, il laisse surtout le souvenir d’un attaquant incroyablement maladroit et s’écroulant au moindre contact. Mais il est parvenu à mettre les deux buts qu’il fallait en fin de saison.
Pascal Cygan est l’arrière gauche de Wasquehal. Costaud, ou lourd, il ne s’impose que quelques années plus tard quand il est replacé dans l’axe.
Pascal Cygan a eu des cheveux
Patrick Collot arrive de Martigues et remplace Eric Assadourian comme ailier droit, avec les mêmes caractéristiques de rapidité. Après un début de saison poussif, il est irréprochable jusqu’à la fin de son aventure lilloise en 2001.
Jean-Marie Aubry est le gardien d’Angers et vient faire la doublure de Jean-Claude Nadon (pas de sa veste hein).
Frank Pingel, attaquant danois. Après des matches amicaux prometteurs quant à son entente avec Amara Simba, ses prestations en championnat sont toutes pourries. Lui et ses 120 kilos repartent dès septembre.
DBC contre le LOSC t’offre cet autographe de Frank Pingel, preuve qu’il a tout de même laissé une trace à Lille
La saison commence à Bordeaux par une défaite 1 à 0. Jusque là, rien d’alarmant.
Après cette première journée, le LOSC pointe à la 15e place du championnat, avec 0 point et une honnête différence de buts de moins 1. On te montre ce tableau car ce sera le meilleur classement de la saison.
En fait, le début de saison est une catastrophe : les deux premiers matches à domicile se soldent par autant de défaites (0-2 face à Bastia, et un bon gros 0-3 face au promu Guingamp). Le premier point ramené de Saint-Etienne (1-1) doit beaucoup au gardien Nadon, qui arrête un pénalty alors que le LOSC est mené. La défaite à Cannes lors de la 5e journée (1-2) condamne Jean Fernandez, remplacé par son adjoint Jean-Michel Cavalli. Celui-ci commence bien, avec un point pris face au champion en titre nantais mais, comme à Saint-Etienne, avec un peu de chance : N’Doram envoie son pénalty sur la transversale (0-0). Entre deux nouvelles défaites à Monaco (1-2) et à Gueugnon, pour la première victoire des Gueugnoneux à domicile en D1 (1-3), le derby est salement perdu à Grimonprez (1-3). La défense prend l’eau et l’animation offensive ne semble reposer que sur les épaules d’Antoine Sibierski. Après 9 journées, le LOSC ne doit ses deux maigres points qu’à la maladresse des tireurs de pénaltys adverses, et semble déjà promis à la deuxième division.
Solidité défensive retrouvée et renouveau en attaque
Face à cela, kékonfé ? On fait venir un joker monténégrin, Miladin Becanovic, dont on t’a relaté le parcours lillois ici. S’il réalise des débuts tonitruants, marquant 13 minutes après son entrée en jeu contre Le Havre, pour la première victoire du LOSC, Miladin arrive avec quelques kilos en trop dont il ne se débarrasse que lors de l’intersaison suivante. Et on change de gardien : Jean-Claude Nadon, l’inamovible portier depuis 1989, considéré comme faiblard depuis le début de saison (et notamment sur le but de Meyrieu lors du derby, et lors du match à Gueugnon), est remplacé par Jean-Marie Aubry. Lien de cause à effet ou pas, l’arrivée de l’automne correspond à une nette amélioration : outre ce premier succès face au Havre, Lille enchaîne avec un nul à l’extérieur, puis une victoire face à Strasbourg, grâce à un doublé d’Amara Simba, comme quoi tout arrive. En 3 journées, Lille est parvenu à doubler Cannes et n’est plus dernier. Surtout, l’équipe découvre une solidité défensive qui lui faisait défaut : les confrontations face à Montpellier et Martigues et, de manière plus probante, face aux leaders messin en octobre, puis parisien en novembre, accouchent toutes de 0-0.
Si le nul contre Martigues était d’un niveau consternant, le nul contre Metz, alors leader invaincu, a montré toutes les qualités que pouvait montrer cette équipe, dans laquelle Patrick Collot prend une place prépondérante. Pointe également son nez un petit jeune, Djezon Boutoille, très vif en attaque mais jusque là très malchanceux devant le but… jusque fin octobre où, tranquillement, Lille décide d’aller gagner à Auxerre, grâce aux deux premiers buts en D1 de Boutoille. Un mois plus tard, son troisième but permet d’arracher un nul à Lyon à la dernière minute (1-1). À l’approche de l’hiver, le LOSC parvient enfin à sortir (provisoirement) de la zone de relégation… mais y replonge très vite, le départ surprise de Jacob Friis-Hansen à Bordeaux en novembre ayant de nouveau fragilisé la défense. En janvier, le LOSC recrute Denis Abed, dont la technique et le pied gauche font beaucoup de bien.
Des grosses perfs à l’extérieur…
La victoire à Auxerre est la première d’une drôle de particularité dont on t’a déjà parlé dans cet article : dans le marasme général de cette saison 1995/1996 , le LOSC s’impose 4 fois à l’extérieur ; à Auxerre donc, futur champion ; à Nantes, champion en titre (1-2, but de Carrez et Sibierski) ; à Guingamp, pour la seule défaite des Bretons à domicile cette saison (0-1, but de Collot) ; et, en fin de saison, à Paris, champion d’Europe (0-1, but de Collot). Si l’équipe de Lille est la 20e équipe à domicile, elle est la 10e à l’extérieur, et marque davantage à l’extérieur qu’à domicile (15 buts contre 12). Signalons aussi un valeureux nul à Lens en février, grâce à un coup-franc d’Antoine Sibierski (1-1).
Une statue pour Patrick Collot
…mais ça reste globalement à chier
Mais ne nous y trompons pas, ces quelques illuminations n’apportent que les quelques points qui permettent de garder l’espoir, et ne peuvent effacer la tendance globale : c’est très mauvais. De la 2e à la 14e, de la 20e à la 24e, de la 33e à la 35e, le LOSC est relégable durant 21 journées. Une position de relégable due à de bonnes déculottées (0-4 à Bastia, 1-4 au Havre, 0-4 contre Auxerre), à l’incapacité à battre certains adversaires directs à domicile (0-0 contre Martigues, 1-1 contre Le Havre, 1-1 contre Saint-Étienne, 0-2 contre Cannes), à la persistance des 0-0 à domicile (contre Monaco, contre Rennes), et à de stupides défaites (0-1 à Martigues, 1-2 à Nice après avoir ouvert le score à la… 86e minute). Et, symptomatique de la pression générée par l’occupation prolongée du bas de tableau, plusieurs rencontres sont émaillées de bagarres générales, par exemple contre Monaco (où Anderson a tiré un pénalty et, évidemment, l’a manqué) et contre Saint-Étienne.
Rien ne sert de partir à point, il faut courir
En bas de tableau toute la saison, le LOSC craque de nouveau au printemps et se retrouve relégable. Il reste 4 matches, Lille est 19e, n’a pris que 30 points, n’a marqué que 23 fois… et doit jouer Nice, un adversaire direct, Paris, qui lutte pour le titre, Lyon, pépère en milieu de tableau, et Bordeaux, finaliste de la C3. En gros, il faudrait gagner 3 fois en 4 matches, alors qu’on n’y est parvenu précédemment que 6 fois en 30 matches. C’est donc le moment que choisit l’équipe pour signer 3 victoires consécutives, de la 35e à la 37 journée : Nice outragée (1-0), Paris brisée (1-0), Lyon martyrisée (2-1), mais Lille libérée, et Simba qui marque deux fois, joliment en plus.
C’est moi Simba, c’est moi le roi
Le maintien est donc assuré à une journée du terme de la saison. Comme il n’est plus nécessaire de gagner, le dernier match est bâclé (0-2 contre Bordeaux), et on s’en fout d’ailleurs. Avec 39 points et 27 buts marqués, le LOSC reste en D1 avec un faible bilan. Depuis l’instauration de la victoire à 3 points en 1994/1995, aucune équipe ne s’est maintenue avec moins de 39 points dans une première division à 20 clubs ; outre Lille, Ajaccio en 2003, Bastia et Toulouse en 2004, et Lorient en 2012, se sont maintenus avec ce total. Depuis 1990, toujours en ne comptabilisant que les championnats à 20 clubs, seuls Lyon en 1992 (25 buts marqués), Lille en 1993 (26), Lille en 1996 (27), Cannes en 1997 (25) et Grenoble en 2009 (24) se sont maintenus en marquant 27 buts ou moins. Sur ces 5 équipes, 3 sont descendues la saison suivante. Ce petit teaser pour un prochain article sur la saison 1996/1997 t’est offert par la cellule marketing & développement de DBC contre le LOSC.
Coupes :
Le parcours du LOSC cette année là n’est pas dégueulasse. En coupe de la ligue, Lille bat Caen en 1/16e en montrant qu’il est possible de mettre plusieurs buts dans un même match, certes contre une équipe de D2 (victoire 4 à 1 grâce à des doublés de Becanovic et de Périlleux). L’équipe est éliminée au tour suivante à Metz (0-2), futur vainqueur de l’épreuve, alors on dira que c’est honorable, et qu’elle serait sûrement passée contre un autre adversaire.
En coupe de France, Saint-Leu est d’abord dégagé grâce à un pénalty de Patrick Collot. En 1/16e, le LOSC se qualifie à Nancy aux tirs aux buts (0-0, 2-4). Durant ce match, Jean-Claude Nadon, titulaire en coupe, arrête en première mi-temps un pénalty de Stéphane Capiaux. DBC contre le LOSC t’offre le commentaire en direct de Olivier Hamoir sur Fréquence Nord :
En 1/8 de finale, Lille tire un gros morceau et reçoit Monaco. Lille ouvre rapidement le score par Sibierski, mais Scifo égalise en début de seconde mi-temps. Comme lors du tour précédent, la qualification se joue aux tirs aux buts (5-4), et le tireur monégasque malheureux s’appelle bien entendu Sonny Anderson. Le LOSC se rend en quarts à Marseille, alors en D2, et s’incline sur un pénalty absolument scandaleux pour une prétendue faute de Cygan sur Cascarino. Le match est diffusé sur TF1 : Jean-Michel Cavalli est interviewé sur le banc alors que les deux joueurs sont à la lutte. Pas inquiet, il développe son propos puis l’interrompt lorsqu’il se rend compte que l’arbitre a sifflé. Même Jean-Michel Larqué déclare : « je dirais que l’arbitre a décidé qu’il y avait pénalty ». Le LOSC, qui n’avait pas atteint ce stade de la compétition depuis la saison 1987/1988, est éliminé après un match très équilibré, et un gros raté de Frédéric Machado en fin de match.
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