Posté le 7 mars 2016 - par dbclosc
1990-1991 : ma toute première fois (avec le LOSC)
Eté 1990. A Lille, l’ambiance est délétère (et non de l’éther, ça n’a rien à voir). C’est le bordel au niveau de l’équipe dirigeante et le LOSC est au bord de l’implosion (au sens figuré, je te rassure). Fini les espérances de la seconde partie des années 1980, quand le LOSC avait attiré un certain nombre de joueurs emballants dans l’optique de séduire un public lassé.
Lille vient alors de finir à une faiblarde 17ème place. Ça n’était pourtant pas faute de disposer de talents certains dans l’effectif. Pour la plupart, ces talents partent : Erwin Vandenbergh s’en va à La Gantoise, Pelé à Marseille, Angloma au PSG et Galtier à Toulouse. Philippe Périlleux ne cache pas ses envies d’ailleurs, – on parle de son transfert au PSG – lui qui vient de réaliser une saison remarquable dans l’entre-jeu lillois. La fuite des talents lillois ne commence certes pas là : Mobati est parti en cours de saison 89-90, comme étaient partis avant eux, à l’été 1989, Filip Desmet, Bernard Lama et Roger Boli. Forcément, il est difficile de se remettre du départ de joueurs de cette importance.
Ce LOSC qui disparaît, c’est celui de joueurs de talent, capables de brillants coups d’éclats, mais aussi de décevoir, ou, en tout cas, qui ne sont pas toujours assez « tueurs » – les guillemets visent à souligner que c’est (encore) du sens figuré et que nous ne souhaitons pas avoir de problèmes avec la police pour incitation à l’homicide – ce qui a rendu le public parfois un peu dubitatif.
Bref, Lille se reconstruit d’une autre manière. Moins clinquant, mais ça n’est pas sans avantage. Derrière, Buisine revient, Cervetti et Reuzeau arrivent pour remplacer Doaré, Prissette et Galtier. Au milieu, Mio Nielsen remplace numériquement Angloma. Devant, Vandenbergh et Pelé sont remplacés par le Toulousain Éric Assadourian, le Danois Henryk Nielsen et l’expérimenté François Brisson. On ne sait que penser de la patte de Santini sur cette équipe. Il fait avec les moyens du bord, mais on ne sait pas trop où ça va nous mener. Etrange équipe en vérité, qui va nous faire vivre le quasi-extraordinaire dans une étrange monotonie.
Cette saison 1990-1991, c’est aussi la première que va suivre votre serviteur (« votre serviteur » c’est moi, même si, en fait, je ne suis pas vraiment à votre service, même si je vous aime beaucoup). Ma toute première fois avec le LOSC.
Ma toute première fois, c’était avec ces mecs. Si, si.
Après quatre journées, Lille semble bien parti. Trois matches nuls lors des trois premières journées – dont le premier qui laisse sur sa faim, puisque les Dogues gagnaient 2-0 à Metz à un quart d’heure de la fin – puis une victoire 3-0 contre Toulouse. Au rayon des satisfactions, l’avant-centre H.Nielsen, méconnu lors de son arrivée, qui a déjà marqué à trois reprises. Deux défaites plus tard – à Marseille (0-2) puis contre Cannes (0-2) – et on se dit qu’en fait on va bien galérer comme prévu. Et puis, en fait non : 2 victoires et quatre nuls plus tard, Lille revient bien, et Nielsen confirme en ajoutant 3 autres buts.
La stratégie du 1-0 à domicile et du 0-0 à l’extérieur
La stratégie de Jacques Santini, c’est clairement celle de la victoire 1-0 à domicile et du 0-0 à l’extérieur. Si en théorie ça peut donner des choses pas mal – Lille aurait été champion en remportant ses 19 matches à domicile et en faisant dix-neuf 0-0 à l’extérieur – en pratique ça ne mène jamais très haut. Avec une stratégie comme ça, on n’arrive pas toujours à gagner chez soi, on ne gagne presque jamais à l’extérieur et on y perd quand-même souvent. Ceci étant, pour une équipe comme Lille à l’époque, c’était sans doute le mieux à faire.
Ça n’est pas flamboyant, certes. Entre la 9ème et la 26ème journée de championnat, Lille joue 8 matches à domicile en ne marquant que cinq fois. D’accord, mais ça ne les empêche pas de gagner 4 fois et de faire 4 matches nuls : Lille n’encaisse qu’un but à Grimonprez sur la période, contre Rennes (1). A l’extérieur, comme prévu, Lille ne gagne pas sur ce laps de temps, mais assez solide, ne perd « que » quatre fois. Ça n’a l’air de rien, mais tout en ne marquant que 12 fois sur 18 matches, Lille reste dans le coup pour la qualif’ en Coupe d’Europe, alors 7ème au classement.
Et le bizarroïde arriva
Solides mais pas flamboyants. Incapables de gagner à l’extérieur mais réguliers et prenant les points qu’il faut à l’extérieur. Voilà le résumé du LOSC jusque-là. Et puis après, ça n’est plus du tout ça.
D’abord parce que Lille met une raclée à Toulon (4-1) bien que l’arbite ait refusé un 5ème but tout à fait valable à Brisson – sans doute cela lui paraissait-il bizarre que Lille marque autant en un match – avant que Lille ne cède (2) à domicile contre des Sochaliens qui luttent pour le maintien (0-1) (3). Et puis, comme rien n’était plus vraiment normal, Lille gagna ensuite à Rennes (1-3) puis à Montpellier (1-2) avec un 0-0 à domicile contre Paris entre deux. Et puis Lille s’imposa (1-0) contre Auxerre grâce à Brisson (4).
Nous étions alors groggys devant une telle débauche de victoires et de spectacle, Lille restant sur 4 victoires, 1 nul et 1 défaite en 6 matches, et avec 10 buts inscrits. Lille est 5ème, une place qui sera peut-être qualificative pour la coupe de l’UEFA (elle le sera effectivement). Lille est encore solide derrière et commence à marquer, donc forcément on y croit à la qualif’ en C3.
Sauf que non. On vous l’a dit, à partir d’un moment, c’est devenu bizarroïde. La solide défense prend l’eau à Nice (4-1). Puis Lille mène contre Lyon, son concurrent direct. Et puis, 84ème minute, M.Rideau siffle, sans doute à tort, un péno pour Lyon. Il est transformé. Si les Lillois avaient gagné ce soir-là, ils auraient fini européens. Sauf qu’ils font 0-0 à Caen la semaine suivante, perdent contre le 17ème Nancy (0-2) à Grimonprez. La victoire finale contre Metz (4-1) est alors insuffisante. Lille finit 6ème, et Lyon termine européen malgré un goal-average négatif de -5.
La saison suivante, Jacques Santini reprend sa stratégie du 1-0 à Lille et du 0-0 à l’extérieur (5). A trois journées de la fin, Lille est bien au chaud en neuvième position, un peu trop loin pour jouer l’Europe, mais largement devant les relégables. Les Lillois lâchent l’affaire, et finissent 13ème.
En cadeau, les stats des joueurs cette saison-là.
Bisous, et n’oublie pas de lire les notes de bas de page. Je ne les écris pas pour moi, sinon je ne les publierais pas.
|
Buts |
Passes dé |
Péno provoqué décisif |
Coup-Franc décisif provoqué |
Brisson |
10 |
3 |
0 |
0 |
H.Nielsen |
8 |
2 |
2 |
1 |
Périlleux |
4 |
4 |
1 |
0 |
Assadourian |
4 |
4 |
0 |
0 |
Frandsen |
4 |
2 |
0 |
1 |
Sauvaget |
4 |
1 |
0 |
0 |
Buisine |
2 |
1 |
0 |
0 |
Friis-Hansen |
1 |
2 |
0 |
0 |
Fiard |
0 |
2 |
0 |
0 |
Da Silva |
0 |
2 |
0 |
0 |
Reuzeau |
0 |
2 |
0 |
0 |
Decroix |
1 |
0 |
0 |
0 |
(1) Jean-Claude Nadon reste 647 minutes sans prendre de but à domicile sur cette même période. Lille réalise quatre victoires 1-0, trois nuls 0-0 et un atypique 1-1.
(2) Sache que dans la phrase « avant que Lille ne cède », « ne » n’est pas une négation mais un « ne explétif ».
(3) C’était le tout premier match que j’ai suivi au stade. Je me souviens, à l’époque, je croyais en Dieu. Et je ne vous cache pas que j’ai dû passer par une salutaire mise au point avec lui pour lui expliquer ce que je pensais de son idée de nous faire perdre ce match.
(4) But que j’ai vu en direct sur Canal +. Non, non, j’avais pas de décodeur, mais j’ai quand-même regardé ce match en crypté. Depuis, je suis myope.
(5) On s’emmerde sec à Grimonprez, même si ça ne marche pas trop mal : après 15 matches à domicile, Lille a marqué 11 fois et encaissé 8 buts.
Laisser un commentaire
Vous pouvez vous exprimer.
0 commentaire
Nous aimerions connaître la vôtre!