Posté le 24 mars 2016 - par dbclosc
Les malheurs de Matt. Une ode à Moussilou
Cet article a été d’abord publié le 24 mars 2016, quatre jours après le premier match de Matt Moussilou sous le maillot du FC Le Mont en D2 suisse de retour d’une grave blessure. Le 2 avril, pour sa deuxième entrée en jeu sous son nouveau maillot, Matt a retrouvé le chemin des filets, un peu moins de deux ans après son précédent but officiel en Tunisie. Fin août 2016, Matt se lance son dernier défi footballistique et signe à Yverdon-Sport, club de 1ère ligue suisse. Ça veut dire la quatrième division.
Ce 20 mars 2016, sur la pelouse de Neufchâtel Xamax, c’était un petit évènement. A la 89è minute du match, Matt Moussilou, l’attaquant du FC Le Mont Lausanne (Challenge league, D2 suisse) a fait ses débuts officiels avec l’équipe qu’il a rejointe l’été dernier, en remplaçant son coéquipier Fejzulahi.
On se risquerait presque à dire que son été reflète la carrière de Matt : pas de bol, vraiment pas d’bol. Dès la phase de préparation, Moussilou s’est en effet déchiré le tendon d’Achille, le genre de blessures qui exigent du temps avant d’être opérationnel. Pas d’bol, Matt. Et pourtant, ça n’a pas toujours été comme ça. Petit retour sur la carrière d’un joueur qui m’aura quand-même bien fait kiffer, quoi qu’on en dise.
Les débuts en L1 sous les ordres de Vahid (1)
Des grands, Matt a déjà la date de naissance : naître le 1er juin 1982, pile le jour de mes 1 an, c’est pas donné à tout le monde. Originaire de la Courneuve et de sa célèbre Cité des 4000, Moussilou rejoint le centre de formation du LOSC en 1998. Titulaire en CFA, aux côtés d’un Jean II Makoun alors attaquant avec la réserve, Matt explose les compteurs (14 buts) en 2001-2002. C’est cette saison-là que Matt débute, sous les ordres de coach Vahid : le 2/2/2 pour être précis (plus communément appelé « 2 février 2002 »), il entre à 25 minutes de la fin du déplacement à Bastia en lieu et place de Sébastien Michalowski. Mais Lille perd quand-même.
Premiers buts avec Cloclo Puel
Quand débute la saison 2002-2003, Moussilou est un espoir, mais un espoir qui n’a en tout et pour tout que 25 minutes dans les jambes avec les pros. Avec Puel, ça change d’entrée de jeu : Matt joue tous les matches de Coupe intertoto (pas toujours comme titulaire) puis marque rapidement ses premiers buts. Le 19 octobre 2002, il entre à la place de Manchev lors d’un déplacement à Monaco et égalise six minutes plus tard. Il aura fallu seulement 98 minutes dans l’élite française avant qu’il ne marque son premier but : normalement, comme on l’a montré, seuls les Belges savent marquer aussi vite. Viens-y écouter son premier but en L1 en direct à la radio (à l’époque c’était en direct, hein, plus maintenant) :
Le 7 décembre, il est titulaire en coupe de la Ligue à Istres et marque un doublé, encore à écouter ici (avoue que tu es choyé par nos soins) :
Matt commence à se faire sérieusement connaître des supporters.
L’année 2003 commence pourtant mollement, Matt n’ajoutant que 232 minutes de jeu en L1, pour aucun but. La première partie de la saison 2003-2004 est à peine plus encourageante, puisque Moussilou marque 1 but en coupe de la Ligue contre la L2 de Nîmes, et aucun lors de ses 5 matches (2 comme titulaire) en L1.
La révélation
Et puis, c’est la reprise. Profitant de la blessure de Manchev, – surnommé « Vlad l’empalé » - Matt est titulaire contre Sochaux, et il marque. La semaine suivante, à Monaco, Matt fait le filou. Alors que Flavio Roma, le goal monégasque tarde à dégager, Matt va récupérer le ballon dans ses pieds pour marquer le but de la victoire à un quart d’heure du terme (0-1). Il continue sur sa lancée et s’il joue moins ensuite avec le retour de Manchev, il claque quand-même 7 buts en un demi-championnat. Il n’a pas encore 22 ans, mais le petit Matt s’est fait un nom en quelques mois (NDDBCLOSC : c’est « Moussilou », le nom qu’il s’est fait).
Et encore, on n’avait encore rien vu. Avant que le championnat ne commence, Moussilou contribue largement au succès en coupe Intertoto en marquant 5 fois en 4 rencontres. Lille jouera l’UEFA et Matt jouera un rôle intéressant dans la belle performance lilloise. Il contribue d’abord à l’élimination des irlandais de Shelbourne en tour préliminaire (2-2, 2-0) avec un but, est le seul buteur du match de poule gagné contre le FC Séville (76è) et il marque également contre St-Pertersbourg (2-1). Regarde, si tu ne me crois pas. Et avec l’accent anglais.
http://www.dailymotion.com/video/x2x6ve5
Il marque encore contre Bâle en 16ème de finale. Lille est finalement éliminé en huitième par Auxerre (0-1, 0-0). Matt aura marqué 4 buts en C3 cette saison-là.
En parallèle, il marque 13 fois en L1 et contribue à bien traumatiser les Lyonnais d’Aulas, marquant d’abord en coupe de la Ligue (victoire 3-2) puis un doublé en championnat. Il entre aussi cette saison-là dans la page des records de L1 en marquant le triplé le plus rapide de l’histoire lors de la victoire contre Istres (8-0), en seulement 5 minutes. Il ajoutera même le n°4 peut avant sa sortie à l’heure de jeu. Matt est alors élu joueur du mois d’avril 2005.
Lille-Istres avec Queen en bonus
http://www.dailymotion.com/video/x7exz
Matt a tout déchiré cette saison-là. Même la photo du journal il l’a déchirée
Et vient voir l’interview qu’il donne dans L’Equipe suite à son quadruplé.
Mais pourquoi diable L’Equipe parlent-ils d’œuf au riz dans leur gros titre ?!
Il finit la saison avec 23 buts toutes compétitions confondues, aucun joueur de L1 ne faisant mieux en 2004-2005. Matt est alors à son zénith (St-Petersbourg).
Les premiers doutes
Il ne commence pas trop mal la saison 2005-2006, mais très vite, il galère. Matt perd vite sa place de titulaire au profit de Peter Odemwingie avec seulement cinq buts inscrits, tout competitions confondues. Il conserve cependant une belle cote sur le marché et Nice l’achète pour 4 millions d’euros, sa plus grosse dépense de son histoire jusque là.
Il est libre Matt. Par contre, faudrait peut-être lui dire qu’on le verra jamais voler
A Nice, sous la direction de Fredo Antonetti, la préparation se passe bien et Moussilou claque pas mal. En championnat, ça sera autre chose, et à la mi-saison, il n’a pas encore marqué un but. Son année 2006 est très loin des espoirs qu’il avait fait éclore. Il est prêté à Saint-Etienne. Là-bas, Matt joue peu, faute à la concurrence de Bafé Gomis. En 399 minutes de jeu, il marque tout de même 3 buts. Note qu’on n’y est pas pour rien : il nous met un doublé pour l’une de ses 2 titularisations stéphanoises. Dont l’un, à voir ci-dessous, sur une passe de Landrin. Quand j’vous parle de complot …
http://www.dailymotion.com/video/x1wuh5
Il retourne à Nice, mais il y est persona non grata. Curieusement, il est prêté à l’OM. Quatre entrées en jeu plus tard, il est prêté au Qatar, à Al-Arabi.
Le Ballon de plomb 2007
Quelques jours après son transfert, Moussilou faisait ses débuts avec Al-Arabi. Et dès ce premier match, il inscrivait son premier but. Cela n’allait pas empêcher qu’il soit désigné « ballon de plomb » 2007, récompense attribuée sur vote des internautes et organisée par Les cahiers du foot. Pour tout te dire, cette récompense m’est alors apparue – et m’apparaît encore – un peu injuste. Matt ne s’était pas distingué par ses coups de sang, il n’avait pas fait de déclarations tapageuses, et si son année n’avait pas été mirobolante, on ne peut pas vraiment dire qu’il avait eu les moyens de faire beaucoup mieux.
En effet, s’il fallait désigner Matt Moussilou comme ballon de plomb, il aurait été plus légitime de le faire l’année précédente, c’est-à-dire une saison où il avait été inoffensif en jouant tout de même pas mal : on pourrait presque même, pour 2006, lui reprocher son « erreur stratégique » en signant à Nice (Vraiment en cherchant des erreurs, hein).
En 2007, cela me semble différent. En janvier 2007, il est prêté à St-Etienne, et s’il est remplaçant, c’est plutôt logique : le titulaire est Bafé Gomis (c’est-à-dire pas n’importe qui) et il parvient quand-même à marquer trois fois malgré un maigrelet temps de jeu. Revenu à Nice, il n’est plus désiré. Quoi de plus logique alors que d’accepter son prêt à Marseille ? Même s’il est clair que ses chances de s’y imposer sont faibles, mieux vaut alors y signer que rester en réserve à Nice. Vu son échec marseillais, accepter de partir à Al-Arabi apparaît plutôt relever du bon sens. Et, dès son début là-bas, il y marque. Certes, ça n’est « que » le championnat du Qatar, mais que pouvait-il y faire de plus ? Le « ballon de plomb » de Matt, c’est encore mon seul grief à l’encontre des Cahiers.
Matt, footballeur précaire
Au Qatar, ça se passe pas mal. Matt marque 12 buts en 22 rencontres, ce qui en fait l’un des attaquants les plus efficaces du championnat. De retour de son prêt à Nice, Moussilou est directement envoyé en équipe réserve et y passera toute la saison. Au début de la saison 2009-2010, Moussilou n’est plus très motivé pour rester à Nice et il part au clash. Libéré de ses engagements par un commun accord plus ou moins commun (Eric Roy, le nouvel entraîneur assure qu’il comptait sur lui). Matt ne trouve aucun club pendant la période d’été. Vive, le chômage.
Premier passage par le chômage donc, pour Matt. Boulogne-sur-Mer, nouveau promu en L1 cherche un attaquant et se décide à lui proposer un contrat. En 15 matches avec Boulogne, il ne retrouve pourtant pas ses sensations, ne marquant qu’un but. Mais quel but ! Elu but de l’année par l’UNFP. A voir sur la vidéo à partir de 4’52 :
http://www.dailymotion.com/video/xdhest
Ce but ne lui empêche pas de se retrouver à nouveau au chômage la saison suivante. Il « rebondit » lors du mercato d’hiver à Lausanne sport, en D2 suisse. Très loin de ce à quoi il pouvait rêver il y a encore deux à trois ans. Et encore, il est alors loin d’être titulaire indiscutable, mais marque quelques buts qui contribuent à la montée de Lausanne sport en première division suisse. Au passage, indiquons aussi que Matt s’est fait escroquer 450.000 euros par un conseiller financier véreux.
Matt retrouve des couleurs à Lausanne
Avec Lausanne, Matt reprend des couleurs. Certes, il est relativement sevré de bons ballons au sein d’une équipe qui doit son maintien en première division aux déboires de ses concurrents davantage qu’à son niveau, il tire son épingle du jeu, est apprécié des supporters et, en deux saisons, il marque quand-même 14 buts en 57 rencontres.
Bien sûr, là aussi, il y connaît des déboires. Il est notamment suspendu quelques matches pour avoir frappé Vincent Rüfli, un adversaire, à la sortie du match. Selon Matt, son adversaire lui aurait tenu des propos racistes. Ne serait-ce que parce qu’on kiffe Matt, on est bien tentés de le croire.
Mais s’il est loin de son apogée avec nos Dogues, Moussilou retrouve un peu ses sensations. Ah oui, on avait oublié : maintenant il joue avec la sélection nationale congolaise.
Et puis la galère en Tunisie, puis à Amiens
A l’été 2013, Matt signe au Club Africain, un club tunisien ambitieux. Comme souvent pour Matt, ça ne se passe comme prévu. Ça avait pourtant bien commencé. Pour son premier match, contre Tozeur, Moussilou, entré à la mi-temps, ouvre le score pour les siens. Mais quand on a la poisse, on a la poisse : il se blesse et ne retrouve les terrains que trois mois plus tard, en janvier 2014. En avril, il est sanctionné par son club pour avoir séché l’entraînement. Matt quitte le club en fin de saison, fâché avec son club, et après n’avoir joué que 456 minutes, pour 12 matches et 4 petites titularisations, marquant quand-même deux fois. C’est déjà ça.
A l’aube de la saison 2014-2015, il rejoint Amiens, en National. Malheureusement pour lui, la galère continue : faute d’avoir reçu sa lettre de sortie de Tunisie – ce qui est vraisemblablement une obstruction volontaire – il n’est pas qualifié avant le mois de février 2015. Pour la troisième fois de sa carrière, Moussilou reste plus de 6 mois sans compétition. Et encore, on ne compte pas sa troisième saison niçoise qu’il passe exclusivement en réserve, ne jouant que quelques matches avec la CFA2. Bref, pas dans le rythme, la seconde partie de saison avec Amiens est loin de ses espérances initiales et il termine la saison sans aucun but marqué et en ayant joué seulement 471 petites minutes. Une énième galère. Certains disent que c’est une punition divine : en voulant quitter le LOSC, façon de renier – et non de « René » - le maillot sacré, Matt se serait attiré les foudres divines.
Matt a donc rejoint Lausanne l’été dernier. Au FC Le Mont, et pas à Lausanne Sport, en D2 suisse. Ça s’est encore mal passé d’entrée de jeu avec une rupture du tendon d’achille dès les matches amicaux. Il faut attendre fin mars 2016 pour le revoir sur les terrains. En 451 minutes de jeu et 9 rencontres, Matt tire son épingle du jeu et marque 2 fois et effectue une passe décisive. Mais bon, ça sent franchement la fin.
A tel point que, début 2016/2017, on ne sait pas trop ce que Matt fait et s’il resigne au FC Le Mont. Quand on va sur leur site, on a même l’impression qu’eux-mêmes ne sont pas au courant. Au final, Matt signe fin août à Yverdon-Sport, en première ligue suisse. Hein ? Non, non, Matt ne retrouve pas l’élite. La « première ligue », c’est la D4 suisse. Bon, voilà, je crois qu’on peut enfin le dire : on ne t’as pas oublié Matt, mais là, ta carrière se finit.
Bisous.
(1) « Vahid » et « ordres » dans la même phrase, c’est vrai que c’est un peu redondant.
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