Posté le 30 mars 2016 - par dbclosc
Rien ne sert d’être stable il faut … il faut quoi au juste ? (partie 2)
Hier, nous t’avons entretenu du fait que la stabilité d’un effectif n’est pas une garantie absolue à la réussite. Si le LOSC 1987-1990 a eu un effectif stable, ce qui s’est répercuté dans un premier temps par une belle progression, son cycle s’est mal fini la faute à la démotivation de certains entraînée par une ambiance globalement délétère.
Suite de notre mini-feuilleton aujourd’hui avec le LOSC 1990-1993 et le LOSC 2004-2005. Le premier cas est dans la lignée du précédent. Curieusement, le club chamboule son effectif en 1990 pour réaliser de suite son meilleur classement depuis 12 ans. Et puis diverses raisons que nous t’exposons ici ont fait que le LOSC a inéluctablement décliné. Nous enchaînons avec un contre-exemple, plus positif, celui du LOSC 2004-2005 : malgré le départ de nombreux cadres (et pas des moindres), l’équipe réalise une saison d’exception. Nous verrons cependant que cela n’est pas sans lien avec la stabilité, mais une stabilité plus globale et de long terme.
Enfin, pour finir sur une note vraiment vraiment positive, on te montrera l’équipe-type de 2010-2011 qui devient championne avec un effectif très stable. Mais ça on ne le développe pas, mais rince-toi bien l’œil sur cette équipe de rêve.
Le LOSC 1990-1993 : le déclin dans la stabilité
En soit, ne pas chambouler chaque saison son effectif, c’est bien pour que l’effectif apprenne à jouer ensemble. Ça n’est pourtant pas une condition suffisante pour réussir. Une première cause d’échec peut résider dans le vieillissement de l’équipe. Vous imaginez bien que même si on avait réussi à garder intact le bel effectif du LOSC de l’après-guerre, il est peu probable qu’il parvienne aujourd’hui à lutter avec les meilleurs (1).
Le LOSC version 90-93 illustre cette problématique. Lors de l’été 1990, l’effectif du LOSC est profondément transformé : il perd ainsi (entre autres) des joueurs aussi importants que Galtier, Angloma, Vandenbergh et Abedi Pelé. Ceux qui les remplacent ne sont que rarement des noms ronflants (2). Cette équipe qui se délite était composée de joueurs aux CV solides, mais, en fin de course, ils n’avaient terminé qu’à la 17ème place de D1. En 1990-1991, le LOSC apparaît plus faiblard. Voici son onze-type (composé de onze types) : Nadon – Reuzeau, Friis-Hansen, Buisine, Fichaux – Périlleux, Da Silva, Fiard – Assadourian, Frandsen – Brisson. En gras (3), les nouveaux arrivés à l’inter-saison. Et encore, tu n’y vois pas les joueurs à la limite de l’équipe-type, mais également fraîchement arrivés, comme Mickaël Mio-Nielsen et Henryk Nielsen.
Chériiiie ! Viens-voir cet effectif pas stable du tout et sans stars ! J’te parie qu’ils s’plantent !
En 1990-1991, l’équipe est profondément renouvelée, mais, à la surprise générale, et grâce à sa régularité et à sa solidité, accroche une 6ème place inespérée. Les deux saisons suivantes, l’équipe connaît peu de départs mais décline pourtant inexorablement : 13ème en 1991-1992 puis 17ème en 1992-1993. Pourquoi ? Viens-y trouver des éléments d’explications :
a) Peu de départs, mais des départs de cadres non remplacés
A l’été 1991, peu de joueurs quittent le LOSC, puisque parmi les cadres, seuls Bertrand Reuzeau et Philippe Périlleux s’en vont, tous deux à Montpellier. Le cas du premier semble mal géré, puisque le club ne lui trouve pas de remplaçant convainquant. Benoît Tihy arrive pour le remplacer numériquement. Mais il a déjà 32 ans et n’apporte plus autant que Reuzeau. Philippe Périlleux n’est pas non plus vraiment remplacé. Certes, José Bray arrive, mais seulement en 1992, et à un poste où Lille se carence progressivement.
En 1992, seul Sauvaget s’en va parmi les cadres, et sa dernière saison laisse peu croire qu’on perd quelqu’un d’irremplaçable. Les attaquants qui arrivent alors ne s’imposent pourtant pas comme indispensables, que cela soit Pascal Nouma, Samba N’Diaye ou Walquir Mota.
b) Un vieillissement non-compensé
En 1991, l’équipe qui vient d’obtenir une brillante 6ème place compte quelques joueurs expérimentés. Pas des dinosaures, mais des joueurs suffisamment âgés pour qu’on pense à leurs successeurs. Jean-Luc Buisine va sur ses 30 ans, Alain Fiard en a 33, François Brisson 31.
Ces trois joueurs vont justement décliner sur la période 1991-1993. Si Buisine trouve des remplaçants intéressants chez les jeunes, ce n’est pas le cas pour Alain Fiard et François Brisson. Le milieu de terrain souffre particulièrement, puisqu’en plus de Fiard, Da Silva décline également, et Philippe Périlleux n’a jamais été remplacé.
c) Des jeunes qui arrivent là où on a le moins besoin
Sur la période, le LOSC sort quelques jeunes de talents et principalement Eric Decroix, Fabien Leclercq et Oumar Dieng. Le problème ? C’est que ces trois-là jouent défenseurs centraux, alors qu’on aurait bien eu besoin de joueurs à tous les postes sauf à celui-là (en tout cas pas d’autant). Friis-Hansen peut en effet jouer à ce poste, comme Buisine et Thierry Oleksiak.
En définitive, le onze-type de 1990-1991, bien équilibré à défaut d’être génial, s’est progressivement délité. Si la défense reste globalement solide, elle manque de défenseurs latéraux ; si Friis-Hansen s’impose en milieu défensif, il s’agit d’une zone qui se décharne considérablement ; devant, ni Henryk Nielsen, ni François Brisson ne sont remplacés.
Les raisons de l’échec : probablement qu’en devant reconstruire presque totalement en 1990, Jacques Santini n’avait pas mesuré combien cette nouvelle mouture du LOSC était encore faillible. A son crédit, les belles performances de 1990-1991 ne l’ont pas aidé à y voir clair en la matière. La première leçon pour aujourd’hui : anticipons le déclin de nos cadres actuels. Pour nous, en 2016, le défi est au milieu de terrain, mais pas seulement.
2004-2005 : et pourtant, Lille avait perdu ses cadres
Eté 2004. Lille vient de terminer à la 10ème place du championnat et de se qualifier pour la Coupe Intertoto. Mais nombre de cadres historiques désertent. Après les départs de Fernando D’Amico et de Sylvain N’Diaye en 2003, le LOSC perd son gardien historique de la remontée (Greg Wimbée), sa vedette défensive qui fera le bonheur de l’équipe de France (Eric Abidal), son latéral droit (Stéphane Pichot), un jeune et talentueux défenseur (Mathieu Delpierre), son espoir au poste de milieu défensif (Benoît Cheyrou) et son buteur (Vladimir Manchev). En 2003-2004, son équipe-type, c’est ça : Wimbée – Abidal, Pichot, Tafforeau, Delpierre – Cheyrou, Landrin, Bodmer, Makoun, Brunel – Manchev. En gras (4), les joueurs qui partent lors du mercato estival.
Et pourtant, malgré tous ces départs, Lille fait une saison exceptionnelle, ponctuée d’un beau parcours en Coupe de l’UEFA et d’une belle seconde place en championnat qui leur donne accès directement aux poules de la C1. Comment expliquer cela malgré de tels changements ?
Des départs bien anticipés
Ah, oui, en fait, on t’a pas tout dit. Si ça c’est bien le onze-type de la saison précédente, le LOSC avait déjà apporté quelques retouches à son équipe lors du mercato hivernal précédent. Et avec succès : Tavlaridis et Acimovic ont été de bonnes pioches.
Et puis, surtout, quand tu regardes l’équipe-type de 2004-2005, tu te rends compte que s’il reste très peu de joueurs de l’équipe-type de l’année précédente (Tafforeau, Landrin, Makoun, Bodmer et Brunel), seul Tony Sylva est un nouvel arrivant. C’est donc dans son effectif que le LOSC trouve les remplaçants de ses cadres. La voilà cette équipe 2004-2005 : Sylva – Chalmé, Tavlaridis, Schmitz, Tafforeau – Landrin, Makoun, Dumont, Bodmer, Brunel – Moussilou.
Et le pire, c’est que ce n’est qu’à peine étonnant : Chalmé avait montré dès la saison précédente qu’il était une alternative intéressante à Pichot ; Tavlaridis avait déjà convaincu ; Moussilou avait fait une très belle seconde partie de saison ; par contre, Stéphane Dumont et Rafaël Schmitz, on s’y attendait pas.
Mais le plus stupéfiant dans cette affaire – logique qu’on parle de stupéfiants vu le nom du site – c’est que malgré tous ces départs, le LOSC conserve une profondeur de banc impressionnante : Vitakic, Dernis, Angbwa, Odemwingie, Acimovic, Debuchy, Plestan et Audel, voilà nos remplaçants. Et encore, je ne parle pas de Yohan Cabaye qui connaît ses premières titularisations en 2004-2005.
En fait quand on y regarde, le succès de cette saison devait beaucoup à la stabilité : nombreux de ceux qui se sont installés dans cette équipe étaient déjà là avant et ils arrivaient justement à maturité au bon moment.
Les raisons d’un succès : Bordel, soit Claude Puel et son équipe sont des p*****s de génies ou ce sont des p*****s d’inconscients qui ont eu du bol. En gros, soit il a excellemment anticipé la capacité de progression des gars en place, recruté les pièces manquantes et les doublures aux postes où il fallait pour faire un tel championnat malgré l’accumulation des matches (59 au total !), soit il a rien calculé mais ça a quand-même marché.
Ci-dessous, l’équipe-type du LOSC 2010-2011 et même cinq remplaçants. Entre parenthèses, l’année d’arrivée ou de début avec les A. Comme tu peux le voir, cet effectif brillait par sa stabilité. Et là, ça a marché.
Bisous. (Dis-le si tu trouves qu’on te fait trop de bisous sur ce blog. Nous on fait ça pour te faire plaisir, mais si c’est pas le cas faut le dire, hein)
(1) D’autant que le vieillissement des joueurs aboutit inexorablement au décès.
(2) Rappelons, comme nous l’avons déjà fait, des exemples de joueurs aux noms ronflants : Sommeil, Tudor, etc.
(3) Inutile de toucher ton écran pour voir les noms « gras ». En gras, ici, ça veut pas dire qu’on a rajouté de la graisse dans l’article. Je te laisse toi-même trouver la solution.
(4) Voir note précédente.
(5) http://droguebierecomplotlosc.unblog.fr/2015/11/06/bonjour-tout-le-monde/
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