Archiver pour avril 2016
Posté le 30 avril 2016 - par dbclosc
Enquête au Bisounoursland, le pays qui a éradiqué les erreurs d’arbitage.
Les débats sur l’arbitage font rage en France. Enfin … débats, non. Il y a un quasi-consensus (en France) pour considérer que les arbites (français) sont mauvais. Le Bisounoursland est sans doute un modèle pour nous : ce pays a entamé des réformes courageuses pour éradiquer totalement les erreurs d’arbitage. Ils ont réussi, nous avons enquêté dessus.
Jacques Bisounours, le président de la Fédé bisounourslandaise nous accueille dans son bureau. Il a le visage fermé. Une cuite la veille ? A pas réussi à faire popo l’matin ? Non, si Jacques Bisounours est ainsi, c’est que le dossier des erreurs d’arbitage ne l’enchante pas. Mais il a besoin d’en parler. « Ça nous paraissait un véritable fléau ces erreurs d’arbitrage. L’équité sportive, tout ça … et puis bien sûr les enjeux financiers. » Puis, dans un soupir : « et on a réussi ». Nous sommes alors un peu étonnés. Mais aussi impatients de savoir leur recette miracle, ce que nous lui demandons. « Au début on a pensé à l’arbitrage vidéo. Mais ça n’a fait que déplacer le problème. On trouvait toujours de nouvelles erreurs d’arbitrage de plus. A la fin, les matches duraient 17h30 en moyenne à cause des coupures dues au visionnage ». Ouais, un peu pointilleux les bisounourslandais, quoi. C’est pas chez nous que ça arriverait …
« Et puis on s’est trouvé face au problème de l’interprétation. On n’y avait jamais pensé au fait qu’il pouvait y avoir de l’interprétation et que du coup on pouvait défendre deux visions alternatives sur un même fait de jeu ». Visiblement, notre interlocuteur venait de décarocher. De l’interprétation ? Pas du tout, ça se saurait : il y a les bonnes décisions (parfois) et les mauvaises (en général). Mais il poursuit : « Donc on a voulu supprimer les interprétations. Donc on a rafraîchi les règles. » Rafraîchir les règles, ça veut dire les simplifier. Bonne idée, remarque. Moi et mes potes on a toujours trouvé que les arbites se cachaient derrière des règles absconses pour défendre leurs erreurs. Ben oui, c’est pas parce que je ne comprends rien à ce qu’ils expliquent que je ne sais pas que j’ai raison, dans le fond, de dire qu’ils ont tort. Donc, ok, mais comment faire ?
« On a testé plusieurs réformes. Mais il y avait toujours un problème. Donc, on a décidé de retirer toutes les règles. Les joueurs faisaient ce qu’ils voulaient. Il n’y avait même plus de buts à marquer, parce que c’était vraiment le cœur du problème. Les scores étaient définis à l’avance, de manière à optimiser le modèle économique ».
Et ?
« On y croyait … » En disant ça, un sourire illumina brièvement son visage. Puis il s’assombrit à nouveau. Nous, pendant ce temps-là, on était en train de se demander si cette idée était absolument géniale ou totalement débile. Apparemment, avec le recul, Jacques Bisounours semble plutôt opter pour la seconde option. « En fait, au début, ça marchait bien … il y avait bien les petits clubs qui protestaient : les dirigeants de Toufflours et de Mouche-Mouche, l’équivalent de Troyes et d’Arles-Avignon chez vous, contestaient au regard du fait qu’il était décidé à l’avance qu’ils perdaient. Mais comme c’était la logique sportive qu’ils perdent, l’esprit du sport restait intact ».
Jusque-là, on voit pas où est le problème.
« En fait, on s’est rapidement rendu compte qu’on allait trop loin … » Trop loin ? D’accord, mais où ? En Sibérie ? Au fin fond des steppes du Pas-de-Calais ? « En fait, c’était chiant de voir ces joueurs faire n’importe quoi pendant 90 minutes. Des fois, ils jouaient à la belote, des fois ils se tapaient dessus. Au début c’était marrant, mais très vite … » Là, on commençait à se dire que Jacques Bisounours avait une fâcheuse tendance à ne pas finir ses phrases.
« Bon, Jacques ! Droit au but. Qu’est-ce qui s’est passé ? » (Là, c’est nous qui parlons)
« Ben, en fait, assez rapidement, tout le monde s’est désintéressé du foot et s’est tourné vers d’autres sports où il y avait encore des arbitres » Des arbites, d’accord. Mais pas d’erreurs d’arbitages, on est bien d’accords ? « Non, non, des sports avec des arbitres et des erreurs d’arbitrage, mais les gens ont commencé à se dire que ça faisait partie du jeu. Mais en attendant, le foot, chez nous c’est mort … »
Bon, ok. Tout ça pour ça. Triste exemple. Les Bisounourslandais préfèrent les sports avec erreurs d’arbitage. A l’entendre, les erreurs d’arbitrage, ça ferait « partie du jeu ». N’importe nawak. Et pourquoi pas un foot à visage humain pendant qu’on y est.
Posté le 28 avril 2016 - par dbclosc
Comment Lille m’a appris l’épicurisme. Et a niqué Pascal Nouma.
Eté 1990. Je découvre les compétitions footballistiques à l’occasion de la Coupe du Monde de football. Tous les commentateurs disent qu’on s’emmerde en s’appuyant sur le fait que la moyenne de buts est la plus basse de l’histoire de la compétition. Moi, je me régale en voyant l’Italie gagner ses matches par 1-0 et, sans le savoir, je me prépare à ma laborieuse vie de supporter.
Coupe du monde, Téléfoot et reprise de volée par Auchan
En début de saison 1990-1991, je commence à suivre les résultats du LOSC. Lors des Téléfoot du dimanche après-midi, ou à l’occasion des matchs commentés à la radio quand, invariablement, chaque but est annoncé par un jingle publicitaire commençant par Final Countdown puis enchaînant sur le fameux « reprise de volée par Auchan ! » Avec le recul, je me demande comment j’ai pu subir ça à répétition. Je te rassure : à l’époque, on avait pas trop de buts, donc pas trop de jingles à subir.
1990-1991. C’est là que j’ai appris à me délecter des 0-0. Ce score, on l’a connu 9 fois cette saison-là, et c’était à chaque fois le même bonheur. Alors quand on gagnait, t’imagines, c’était Hiroshima dans mon slip. Même un misérable 1-0 contre Caen sur un but d’Assadourian, c’était l’extase.
Découverte de l’épicurisme sauce aux cailloux
Le LOSC m’a dont appris à être épicurien. Être épicurien, pour ta gouverne, ça n’est pas aller au Parc pour aller voir une orgies de buts contrairement à ce que pensent beaucoup qui aujourd’hui se disent « épicuriens ». L’épicurisme c’est « cueille le jour » ou, si tu préfères, « kiffe ta défaite 2-0, ça veut dire que tu t’en es pas mangés 9 dans les dents ». Alors, j’en ai mangé de l’épicurisme sauce aux cailloux bien rêches avec le LOSC, comme le soir du tout premier match que j’allais voir à Grimonprez, quand Sochaux s’imposait chez nous (1-0). Et encore, cette saison 1990-1991, ça c’était bien passé : 6ème ! Encore en course pour l’Europe jusqu’au bout pour échouer d’un rien !
A l’époque on marquait peu, mais, pour tout te dire, cela me paraissait bien naturel. Après tout, 39 buts en 38 matches, ça veut dire qu’on marque un poil plus d’un but par match. De même, ne pas gagner à l’extérieur, c’était plutôt logique. Donc, la saison 1991-1992, terminée à la 13ème place avec 31 buts marqués, ça m’allait à peu près. Et puis, une ou deux fois par an, on avait droit à une orgie de buts, comme le soir de ce Lille-Toulouse (3-1) ou de ce match à Rennes (2-3). En 1991-1992 comme la saison précédente, Lille mettait 3 buts à Toulouse et à Rennes. Ma conviction était faite : ces deux équipes doivent absolument rester en D1, c’est eux notre bouffée d’oxygène annuelle.
Sauf que Rennes est descendu. Et puis, 6ème journée, Lille va à Toulouse et fait un traditionnel 0-0 qui m’a laissé un goût amer : étrange, ces 0-0 qui faisaient ma joie ne correspondaient pas à l’image que je me faisais des Lille-Toulouse. C’est là que j’ai compris que ça allait être compliqué. 5 buts marqués après 17 matches, rapidement en position de relégable, on allait bien galérer pour se sauver lors de la 37ème journée, à Nîmes. Score du match ? Ne sais-tu pas quel est le score fétiche du LOSC d’alors ? 0-0, bien sûr.
La saison 1993-1994 commence et, comme prévu, c’est la galère, avec onze premières journées sans victoire et seulement deux 0-0 et une bonne dernière place à la clé. Puis arrive une victoire contre Sochaux (3-1) puis, deux journées plus tard, la revanche ultime …
The ultimate revanche
29 octobre 1993, Lille se déplace sur le terrain du Caen de Pascal Nouma. Pour rappel, Pascal Nouma avait été prêté au LOSC la saison précédente et y était arrivé avec les pieds de plomb ; d’autres que moi diraient « avec les pieds carrés » : mettons tous le monde d’accord, il était arrivé à Lille avec les pieds carrés de plomb et ne s’était pas gêné pour nous chier dessus. Au sens figuré, je te rassure, mais quand-même.
T’as de la chance d’être un ouf Pascal Nouma, sinon, j’te faisais un high-kick de super vannes
Et quand, à l’heure de jeu, Nouma marque le deuxième but caennais, s’en réjouissant plus que de raison, ben on est franchement deg’ …
Et puis l’improbable est arrivé : Frandsen (77è) puis Andersson deux fois (84è, 86è) transforment notre humiliation par Pascal Nouma en revanche ultime : l’ultimate revanche !
Très beau slip Pascal, mais ça ne suffit pas
Cette saison allait d’ailleurs être à bien des égards bien plus goûteuse que la précédente : maintien assuré dès la 36ème journée, 41 buts inscrits (mon record jusqu’alors!) et un buteur qui passe la barre des 10 buts (Andersson, 11 buts).
Comme aurait pu le dire Thierry Rolland entre deux saillies sexisto-racistes, « le LOSC marque 41 buts ! Vous l’croyez ça ? Le LOSC marque 41 buts en championnat en faisant 2-2 à Martigues ! Sur des buts d’Etamé et Frandsen ! Je crois qu’après avoir vu ça, on peut mourir tranquilles ! Le plus tard possible mais, on peut, ah, c’est super ! Quel pied ! Ah mais quel pied ! ».
Posté le 27 avril 2016 - par dbclosc
Angers 1993-1994 : recruter lillois ne suffit pas toujours
Sofiane Boufal, la petite starlette lilloise, est arrivée d’Angers en janvier 2015. Un angevin qui signe chez nous, ça n’arrive pas tout le temps, et pourtant, au début des années 1990, c’était un de nos marchés préférés. Patrice Sauvaget arrive chez nous en 1989 pour animer l’attaque et claquer 10 buts (en trois ans et 88 matches de D1, oui …). Puis Philippe Levenard arrivait en 1994, suivi de Jean-Marie Aubry un an plus tard.
Mais le sommet de la coopération lillo-angevine n’a pas eu lieu à Lille, mais à Angers, en 1993-1994. Cette saison-là, Angers, qui vient de remonter en D1 est très lillois.
1992-1993 : la saison de la remontée en D1
Le SCO Angers n’a jamais été un gros morceau. Le club oscille entre D1 et D2 et son principal fait d’armes consiste en une finale de coupe de France en 1957, puis en championnat, en un début d’années 1970 concrétisé par deux 4ème places (en 1972 et 1974) et une 5ème place (en 1973). Descendu en D2 en 1981, Angers passe les années 1980 à se maintenir péniblement en D2. Au début des années 1990, le club revient bien : 4ème en 1991, 2ème en 1992, Angers remonte finalement à l’issue de la saison 1992-1993.
Angers s’appuie d’abord sur une défense solide : les Angevins ont d’ailleurs fini la saison sans encaisser de buts lors de leurs quatre derniers matches de saison régulière avant de céder en finale des champions contre Martigues (1-1, 4-3). Dans l’effectif angevin de cette saison-là, des noms qui nous parlent : Jean-Marie Aubry est le titulaire devant le jeune Ulrich Ramé, Philippe Levenard qui viendra chez nous est en défense, tout comme David Guion, formé chez nous et titulaire en défense en 1988-1989, et Thierry Oleksiak, lillois de 1991 à 1993. Le tout est coaché par Hervé Gauthier, défenseur lillois entre 1973 et 1977 et qui allait ensuite coacher la réserve du LOSC puis, éphémèrement, l’équipe première en 1996-1997.
A la ferme, eul Viaud y est din la grange. Et à Angers ?
Au coude à coude avec Rouen jusqu’à deux journées de la fin, Angers assure sa montée la journée suivante grâce à une victoire à Guingamp (2-0) associée à une défaite de Rouen à Niort (3-1).
1993-1994 : un recrutement lillo
Pour assurer en D1, Angers pense avoir trouvé le truc, tu sais, ce truc tenté avec succès par Roubaix et par Cannes : recruter lillois. Recrutement d’entraîneur d’abord, puis Alain De Martigny, ancien milieu de terrain et co-équipier de Gauthier au LOSC dans les années 1970. Puis recrutement d’ex du LOSC, avec Christophe Galtier et Eric Péan.
Angers, c’est alors six joueurs qui ont joué ou joueront au LOSC, un gardien et cinq défenseurs. Ça promet une défense de feu.
Nos joueurs ! Nos couleurs ! Vous voulez pas notre talent aussi ?!
Ben raté, en fait. Angers se distingue avant tout par son attaque – et encore – et a une défense bien dégueulasse. Ça avait d’ailleurs mal commencé d’entrée de jeu avec une belle déculottée à Sochaux (4-1). Les 4 premiers buts qui devaient être suivis de 59 autres jusqu’au bout d’une saison qu’ils ont fini à une belle dernière place, 11 points derrière nos valeureux Dogues.
Posté le 25 avril 2016 - par dbclosc
Pastore à travers
Alors, valable ou pas, le premier but parisien ? Le débat a agité les commentateurs de la finale de coupe de la Ligue PSG-Lille (mais particulièrement les supporters lillois – il est vrai que les décisions arbitrales font davantage polémique quand elles vous sont défavorables). L’arbitrage étant aussi question d’interprétation, voilà typiquement le genre d’action où chacun trouvera des raisons légitimes de défendre son camp.
PSG/Lille, 23 avril 2016, 40e minute de jeu : corner pour le PSG frappé par Di Maria. Vincent Enyeama dégage du poing à l’entrée de la surface de but où se trouve, seul, Javier Pastore. L’Argentin reprend instantanément : le ballon, légèrement dévié par Mavuba, finit au fond des filets, permettant aux Parisiens de mener 1-0. Point litigieux de l’action : Kurzawa est hors-jeu au moment de la frappe de Pastore : a-t-il gêné le gardien du LOSC ? Les avis divergent et offrent un mélange d’avis définitifs et de supputations à l’infini débouchant sur un flou que seul le football et les éditoriaux de Christophe Barbier peuvent nous offrir. Chacun donne son avis, et il semble y avoir autant de définitions des notions utilisées (« passif », « gêne », « action de jeu », « influence », « avantage ») que de personnes qui s’expriment. De L’équipe à 20minutes, en passant par foot01 ou RTL, tout le monde a son mot à dire, ici de façon assez neutre. Même la Belgique s’interroge. En revanche, la presse régionale se montre plus catégorique (tiens donc !) et estime que le but aurait dû être refusé (France 3 Nord-Pas-de-Calais, La Voix du Nord).
Si t’es perplexe, aie le bon réflexe
À l’arrivée, comment analyser sereinement l’action ? « Quand tu sais pas ou quand t’as un doute sur un mot, tu vas voir dans le dictionnaire », me disaient mes parents quand j’étais gosse. On devrait conseiller à peu près la même chose aux fans de foot : quand tu sais pas ou quand t’as un doute sur une action, tu vas voir les règles. Le seul problème est d’avoir l’honnêteté de douter. Ou juste d’être curieux. Tiens, en ouvrant un dico par curiosité, j’ai découvert par exemple que la distinction chameau/dromadaire n’a rien à voir avec ce que je croyais savoir, et qu’un dromadaire n’est rien d’autre qu’un chameau à une bosse dit « chameau d’Arabie ». De quoi ébranler ses certitudes les plus solidement établies. Un bon réflexe, somme toute basique, est donc de se tourner vers les lois du jeu. On peut facilement trouver sur Internet ce document constitué de deux parties : on trouve d’abord, en une soixantaine de pages, les 17 lois du jeu proprement dites ; et, ensuite, une partie plus longue, intitulée « Interprétation des Lois du Jeu et directives pour arbitres ». Rien qu’à partir de la structure du document, on peut donc rapidement deviner une difficulté inhérente à l’arbitrage en football : il y a la règle d’un côté, et des interprétations de l’autre. Cette seule information semble toutefois ignorée de beaucoup de commentateurs – à commencer par les professionnels – qui assènent parfois avec une assurance inversement proportionnelle à leur connaissance des lois du jeu des approximations voire, parfois, de totales inventions (par exemple, sur les notions de « dernier défenseur », de « main décollée du corps », inexistantes dans les textes).
Layvin Kurzawa est hors-jeu…
Première information : un concert de Maître Gims en préambule n’est nullement prévu dans les lois du jeu. Ensuite, est considéré hors-jeu un joueur qui est « plus près de la ligne de but adverse que le ballon et l’avant-dernier adversaire ». Rappelons que ce n’est pas une infraction en soi : il n’est pas interdit de se promener sur le terrain dans cette position. Elle ne pose problème que dans des cas très précisément définis par les lois du jeu. Il faut en l’occurrence se tourner vers la loi XI. Celle-ci énonce que le hors-jeu n’est sanctionnable qu’à deux conditions, et dans 3 cas de figure : la première condition est que l’attaquant se trouve dans la moitié de terrain adverse ; la deuxième condition est que le ballon soit joué par un de ses coéquipiers, vers l’avant. Une définition assez compliquée sur le papier, mais qu’on visualise tous. Par exemple :
Nous sommes dans le camp lillois. Le parisien Javier Pastore joue le ballon vers l’avant. Layvin Kurzawa, son coéquipier, est hors-jeu : il est positionné derrière la ligne virtuelle parallèle à la ligne de but et passant par l’avant-dernier défenseur (Vincent Enyeama). S’il faut en croire le « révélateur », Adrien Rabiot est également hors-jeu. Cependant, écrivais-je, le hors-jeu n’est pas systématiquement sanctionné : il existe différents cas de figure, explicités dans la partie énoncée plus haut, « Interprétation des Lois du Jeu et directives pour arbitres ». La polémique ne porte pas sur la position de Kurzawa qui, tout le monde est d’accord, est hors-jeu. C’est là qu’il faut creuser pour comprendre la décision arbitrale.
…mais est-il sanctionnable pour autant ?
Les lois du jeu précisent trois cas pour pénaliser une position de hors-jeu : « au moment où le ballon est touché ou joué par un coéquipier, le joueur prend, de l’avis de l’arbitre, une part active au jeu en
• intervenant dans le jeu, ou
• interférant avec un adversaire, ou
• tirant un avantage de cette position ».
Premier élément crucial : la subjectivité de l’arbitre. Comme pour nombre d’autres cas, il n’existe pas nécessairement de « vérité » intrinsèque ou d’ « objectivité » d’une décision.
Dans la seconde partie des lois du jeu, sont précisés les termes utilisés :
• « « Intervenir dans le jeu » signifie jouer ou toucher le ballon passé ou touché par un coéquipier.
• « Interférer avec un adversaire » signifie empêcher un adversaire de jouer ou d’être en position de jouer le ballon en entravant clairement sa vision du jeu ou en lui disputant le ballon.
• « Tirer un avantage » d’une position de hors-jeu signifie jouer un ballon
_qui a rebondi sur un poteau ou la transversale dans sa direction ou jouer un ballon qui a rebondi sur ou a été dévié par un adversaire dans sa direction alors qu’il était en position de hors-jeu
_qui a rebondi sur, a été dévié par un joueur ou repoussé par le gardien – ou tout joueur le suppléant –, alors qu’il était en position de hors-jeu.
Un joueur en position de hors-jeu qui reçoit un ballon joué délibérément par un adversaire (à l’exclusion d’un ballon repoussé par le gardien ou par tout joueur le suppléant), n’est pas considéré comme tirant un quelconque avantage de sa position ».
Dans notre cas, nous sommes dans la deuxième configuration : Kurzawa n’a pas touché ni joué le ballon, les options 1 et 3 sont donc écartées ; la question qui se pose est : Kurzawa a-t-il interféré avec un adversaire, en l’occurrence Vincent Enyeama, ce dont a l’air de se plaindre notre gardien ? À l’arbitre donc de décider si le hors-jeu du parisien a empêché Enyeama de jouer ou d’être en position de jouer le ballon en entravant clairement sa vision du jeu ou en lui disputant le ballon. Tâche bien difficile.
On peut se référer à deux schémas de la FIFA sur la question du hors jeu : les schémas 2 et 13, les plus proche du cas présent.
Voici le commentaire (p. 114) : « Un attaquant en position de hors-jeu (A), n’interférant pas avec un adversaire, ne touche pas le ballon. Le joueur ne peut être pénalisé car il n’a pas touché le ballon ». Ce schéma illustre donc le principe de la Loi XI, sans toutefois nous éclairer sur le cas Kurzawa (qui serait ici représenté par la lettre A, et Enyeama par GB, gardien de but), car il est assez peu complexe et ne laisse donc guère de doute sur l’interprétation que l’arbitre doit donner à l’ « interférence ».
Le schéma 13 est plus complexe, car il concerne un cas où l’attaquant « joue ou touche » le ballon, ce qui n’est pas le cas de Kurzawa. Notons toutefois le commentaire car, hormis ce point précédent, l’action est similaire : « Le tir d’un coéquipier (A) rebondit sur ou est dévié par un adversaire et arrive sur l’attaquant (B) qui doit alors être pénalisé pour avoir joué ou touché le ballon alors qu’il était auparavant en position de hors-jeu ». Cela correspond en fait davantage au cas de Samuel Umititi, quelques heures plus tôt à Toulouse.
Voici donc les deux illustrations les plus proches de ce qu’on a connu lors de cette finale : ce sont des modèles-types, donc ça ne colle jamais complètement mais, dans un cas, le hors-jeu est sanctionnable, dans l’autre non. D’où la place de l’interprétation de l’arbitre. Que peut-on relever comme autres éléments ? Revoyons, plus haut, la première capture d’écran : Kurzawa est derrière Enyeama. Il est donc difficile de soutenir que le gardien a été gêné au moment de la frappe. Mais, un rien plus tard, Enyeama et Kurzawa sont au même niveau que le ballon : le parisien empêche t-il Enyeama de faire une intervention, ou entrave-t-il celle-ci ?
Il faut pour cela un autre angle : impossible, évidemment, de se faire un avis précis avec ces captures d’écran, mais le ballon arrive vite. Enyeama est-il battu ?
Sur les images, on n’a pas le sentiment qu’Enyeama regarde Kurzawa ; si ce dernier gêne le gardien, ça serait alors parce qu’il « sent » un joueur qu’il pense être un coéquipier, et auquel cas la gêne est manifeste. Mais on n’a pas non plus l’impression qu’Enyeama retienne son plongeon : parce qu’il sait que c’est un Parisien à côté, et que l’arbitre va siffler, ou parce qu’il est en retard…? Là encore, on ne peut pas le savoir.
Bien sûr, Vincent Enyeama a tout intérêt à dire qu’il a été gêné et, sait-on jamais, durant le faible laps de temps durant lequel l’arbitre doit se décider et, sans doute, a un moment d’hésitation car il a parfaitement saisi les informations de cette action, il peut inciter M. Buquet à siffler en faveur du LOSC, donc refuser le but. On l’aurait compris. L’arbitre l’a validé : on le comprend aussi.
Un plaidoyer pour la vidéo, vraiment ?
Sur les réseaux sociaux (et dans l’article de la Voix du Nord en lien au début de cet article), d’aucuns ont vu dans cette situation un argument pour le recours à l’arbitrage vidéo. Honnêtement, on se demande plutôt comme cette action n’est pas davantage l’illustration que la vidéo, en de nombreux cas, ne peut que déplacer les problèmes, voire en créera de nouveaux : il n’existe ici pas de « bonne » ni de « mauvaise » décision, mais deux interprétations aux conséquences très différentes (but ou pas but), mais également défendables. L’arbitre a quelques secondes pour prendre sa décision : à DBC, 2 jours après, on n’est toujours pas sûrs de ce qu’on aurait fait si on avait été dans un hypothétique comité de visionnage en direct : combien de temps pour décider ? Pour, de toute façon, une décision qui, quelle qu’elle soit, serait tout autant polémique… Alors, on fera le procès des visionneurs ?
L’action est à ce point litigieuse que même deux arbitres internationaux ne parviennent pas à se mettre d’accord ! Interrogé par RTL, Bruno Derrien considère que le but est valable au motif que « Kurzawa ne masque pas la frappe au départ. Pour ma part, j’ai plutôt tendance à penser que l’arbitre a eu raison de ne pas siffler ». À l’inverse, Joël Quiniou, questionné par RMC, pense que « Kurzawa est trop proche du gardien et il gêne son action. Il ne peut pas intervenir complètement normalement ». Même M. Derrien, un vieux défenseur de l’arbitrage vidéo, lâche : « cette action est une preuve que la vidéo ne trancherait pas tout ».
Comme on en avait parlé pour le match à Rennes, ne masquons pas non plus les errements de notre équipe : quand on concède un corner, on peut éviter de laisser l’adversaire le plus technique seul aux 18 mètres. Plutôt que de se rallier à l’interprétation qui arrange notre camp, pour mieux faire de celle de l’arbitre une « erreur », écrivons clairement que, de notre point de vue, M. Buquet a parfaitement tenu cette finale, a pris une décision qui, en tant que supporters lillois, nous est défavorable, mais qu’elle est parfaitement légitime et compréhensible.
N’oublions pas que si l’arbitre avait estimé qu’Enyeama a été gêné, il aurait été tout autant impossible de le prouver, et il est probable que les Parisiens auraient contesté de la même manière, sans que l’on puisse leur donner complètement tort, ni complètement raison. L’essentiel, samedi soir, est bien d’avoir vu une solide et combative équipe lilloise, à des années-lumière de son niveau d’il y a quelques mois, mais sûrement pas à celui d’un adversaire aussi redoutable.
Posté le 24 avril 2016 - par dbclosc
Le patient Jean-Pierre Lauricella
Jean-Pierre Lauricella est aujourd’hui l’entraîneur des gardiens du RC Lens. Destinée qui apparaît des plus logiques quand on sait qu’il est né à Charbonnier-les-Mines, la ville au nom le plus minier de la terre entière.
Pourtant, avant d’échouer au RC Lens, Jean-Pierre fût longtemps un « éternel lillois ». Né le 4 février 1965, Jean-Pierre arrive au centre de formation du LOSC en 1979, à l’âge de 14 ans. Le jeune Jean-Pierre – oui, je sais, « jeune » et « Jean-Pierre » nous apparaît aujourd’hui un peu oxymorique, mais pas à l’époque – semble alors promis à un bel avenir.
D’abord derrière Bergeroo, Mottet et Lama
Dès la saison 1981-1982, il fait ses débuts avec la réserve du LOSC en D3. Il ne joue alors qu’un match. Pas mal pour un jeune qui a alors tout juste 17 ans et qui doit faire face à une très forte concurrence : le n°1 est Philippe Bergeroo, international A, le n°2 est alors Jean-Pierre Mottet, quand le n°3, de deux ans son aîné, n’est autre que Nanard Lama.
Puis n°3 …
La saison suivante, le toujours jeune et mineur – bien que footballeur – Jean-Pierre profite du prêt de Lama à Abbeville pour jouer un peu plus avec la réserve : 6 matches. Pas énorme, mais déjà beaucoup vu la concurrence. La saison se finit en apothéose, avec un titre de champion d’Europe avec l’équipe de France des moins de 18 ans. L’avenir s’annonce radieux …
Lama est encore prêté la saison suivante, et la place semble se dégager, avec le départ de Bergeroo qui propulse Momotte comme titulaire de l’équipe première. Jean-Pierre n’est cependant pas n°2, puisqu’il se place derrière le jeune Sylvain Matrisciano, deux ans de plsu que lui. Il joue tout de même 8 matches, améliorant encore son temps de jeu avec la réserve.
Le départ de Sylvain Matrisciano malgré le retour de Lama semble lui donner des chances supplémentaires. En 1984-1985, il joue même davantage de matches que Lama avec la réserve, faisant de lui un quasi n°2. La saison 1985-1986 confirme cependant que Nanard est devant et à l’issue de la saison, Jean-Pierre semble donc à peine plus avancé que quatre ans auparavant.
Et puis les prêts et un statut de n°3 persistant
Il est alors prêté à Valenciennes, où il joue ses 17 premiers matches pros, en D2. Revenu à Lille, il reste troisième gardien, derrière Lama, n°1, mais aussi derrière Dominique Leclercq arrivé en début de saison. Jean-Pierre est alors à nouveau prêté en 1988-1989, à Annecy en D2, où il est l’indiscutable taulier dans les cages.
Et puis le Graal …
Et puis voilà, à 24 ans, Jean-Pierre atteignait enfin le Saint-Graal. Enfin, son Saint-Graal à lui : la place de n°2, derrière Jean-Claude Nadon nouveau portier de l’équipe première.
Jean-Pierre est tellement lié à Grimonprez que certains prétendent que la décision de détruire ce stade a été prise quand il a quitté le LOSC
Il joue alors l’essentiel des matches avec la réserve, et, chose incroyable, il débute même en D1. Il débute ainsi dans les cages le 3 mars 1990 contre Lyon et préserve sa cage inviolée. Il jouera 7 autres matches, encaissant quand-même au passage 13 buts, dont 5 à Montpellier, sans pourtant être vraiment responsable de la déroute.
Le gardien qui empêchait les buts de son équipe
Jean-Pierre est alors n°2, et il le restera jusqu’à la fin de sa carrière professionnelle en 1996. Entre temps, il disputera en tout et pour tout 6 autres en matches en D1.
Particularité de la carrière de Jean-Pierre, sur les 5 matches qu’il joue entre 1991 et 1996, son équipe ne marque aucun but, puisque Lille s’incline contre Metz (0-2), Toulouse (0-1), Monaco (0-3), Nantes (0-2) et Bordeaux (0-2). Il est en quelque sorte le gardien qui empêchait les buts. Pas ceux de ses adversaires (il en encaisse 2 par match) mais ceux de sa propre équipe.
Bon, d’accord, il ne stoppait pas nos tirs, mais y avait quelque chose en lui qui faisait que, même quand il était bon, ça se passait rarement bien pour nous.
Tu me diras, ça se passait pas non plus génialement bien avec Jean-Claude Nadon. Mais quand-même un peu mieux.
Jean-Pierre rejoint alors Tourcoing en 1996. Dix-sept années après son arrivée avec une fidélité qui force le respect de tout supporter lillois. Jean-Pierre, on ne t’oublie pas.
Posté le 21 avril 2016 - par dbclosc
Quatre finales du LOSC, quatre scénarios. Quel modèle pour la finale de 2016 ?
A Drogue, bière on a voulu te rappeler quatre finales passées du LOSC, deux gagnées, deux perdues. On te les présente, et après on te somme – sous peine de représailles – de voter pour ton pronostic pour le PSG-Lille de samedi en finale de coupe de la Ligue : auquel de ces quatre scénarios ressemblera la finale ?
1951 : Milan-Lille 5-0
L’été 1951 commence, et le LOSC est le représentant français en coupe Latine en remplacement de Nice, champion de France, mais qui a décliné l’invitation. Nos Dogues se rendent donc en Italie où se joue cette troisième édition du trophée. Pour ceux qui ne le savent pas – les plus jeunes d’entre nous surtout, ceux qui n’étaient pas encore nés, dont moi mais de peu – la Coupe Latine est l’ancêtre de la Champions League avec moins de pays représentés : seuls les pays « latins » (t’avais un indice dans le nom), France, Portugal, Italie et Espagne, ont leur champion comme représentant.
Lille affronte le Sporting du Portugal en demi-finale, mais les deux équipes font match nul (1-1) pendant que le Milan AC se défait aisément de l’Atlético Madrid (4-1). Lille doit rejouer ! Le LOSC s’impose finalement (6-4), mais après prolongation. Lille est en finale, deux jours plus tard, mais les Lillois ont deux sérieux handicaps : 1) La finale se joue en Italie ; 2) Le LOSC vient d’enchaîner 210 minutes les trois jours précédents, contre seulement 90 au Milan !
Lille perd 2-0 à la mi-temps. Puis 3, 4 et finalement 5-0. Dur, mais faut dire qu’on a pas été aidés. Complot j’vous dis !
1955 : Lille-Bordeaux 5-2
En 1955, ça sent la fin de règne pour Lille. En dix ans d’existence, le LOSC a fait rien de moins que remporter deux championnats, quatre places de vice-champion, quatre coupes de France, plus deux finales perdues. Mais, pour la première fois de son histoire, le LOSC est en-dessous de la 4ème place, finissant le championnat … 16ème ! Lille se sauvera en barrages, mais on est très loin des perfs d’antan. Heureusement, le LOSC a une finale de coupe pour sauver sa saison, contre Bordeaux, 6ème du championnat : ça semble jouable à défaut d’être fait (D’ailleurs, si c’était fait, pas sût qu’on se serait casser l’cul à la jouer).
Jean Vincent ouvre le score (7è), Yvon Douis double (28è) puis triple la mise (31è), puis Gérard Bourbotte ajoute le n°4 (35è). Ca semble cuit pour Bordeaux quand soudain …
Soudain, les Bordelais réduisent la marque une première fois (41è) puis une seconde (63è). Bon, d’accord, on ne tremble pas encore mais …
Mais Gérard Bourbotte ajoute un cinquième et dernier but (75è). Belle revanche pour les Dogues après une saison foireuse !
2004 : Leiria-Lille 0-2 (ap)
A l’été 2004, le LOSC dispute la coupe intertoto, une coupe européenne de rattrapage pour les non qualifiés en coupe d’Europe, dont les trois vainqueurs – oui, oui, trois vainqueurs – se qualifient en coupe de l’UEFA. Et Lille se retrouve en finale, contre les Portugais de Leiria. Au match aller au Stadium, Lille lâche le 0-0. Au retour, rebelote, et on doit jouer les prolongations.
Contre Leiria, Greg a fait le taf
Et là, Moussilou (105è) et Acimovic nous sauvent (116è). Bien vu les gars : ils iront jusqu’en 8ème de finale en coupe de l’UEFA.
1985 : Beveren-Lille 1-1 (5 tab à 4)
Lors du tournoi de la communauté urbaine de 1985 Lille affronte Beveren pour la petite finale du prestigieux tournoi. Si P. Plancque ouvre vite la marque (5è), les Belges égalisent et il faudra alors se départager aux tirs aux buts. Pas de bol, Lille s’incline et fini dernier de son tournoi.
Posté le 20 avril 2016 - par dbclosc
Le LOSC, meilleure équipe de coupe des années 1980 ?
Ok, ok ! C’est vrai, des fois j’ai poussé le bouchon un peu loin pour prouver que le LOSC était – déjà – la meilleure équipe française dans les années 1980 et 1990. Une fois n’est pas coutume l’interprétation de la supériorité du LOSC ne sera pas (trop) tirée par les cheveux : j’insiste, elle sera limite défendable.
Bref, ce dont je voudrais t’entretenir aujourd’hui, c’est du fait que le LOSC de Georges Heylens était la meilleure équipe de Coupe de son époque. Bon d’accord, c’est exagéré, mais tu vas voir, pas trop non plus.
Le LOSC d’Heylens, meilleure équipe de Coupe de son époque ?
Certes, me diras-tu, ça dépend des critères que l’on prend. Si l’on suppose que pour avoir ce statut, il faut avoir gagné la Coupe au moins une fois, alors, non, c’est sûr, le LOSC de Georges Heylens ne mérite pas d’être désignée comme la meilleure équipe de Coupe de son équipe. De ce point de vue, quatre équipes au moins méritent davantage de titre que Lille : Metz, Monaco, Marseille et Bordeaux, vainqueurs entre 1984 et 1989. Si l’on compte en plus les finalistes malheureux – ce qui est un comble d’être « malheureux » d’être finaliste quand on sait comment c’est dur d’y parvenir – il faut ajouter le PSG et Sochaux. Six équipes sont parvenues en finale de Coupe de France quand le LOSC n’y parvenait pas. Dur a priori de défendre qu’ils aient pu être les meilleurs. Les lillois font cependant partie des 6 équipes qui sont parvenues en demi-finales sans atteindre la finale : ce qui placerait les Lillois entre la 7ème et la 12ème place de ce point de vue, rien de très différent de ce qu’ils faisaient en championnat.
On peut alors rajouter un autre critère, celui d’avoir réussi ces performances à répétition. En effet, peut-on désigner « meilleure équipe de Coupe » sur une période de cinq ans, une équipe qui aurait gagné la Coupe une année, mais qui aurait été éliminée dès les 32ème les quatre autres éditions ? De ce point de vue, Lille est toujours loin de la tête : derrière Bordeaux (deux titres), Marseille (un titre et deux finales perdues), Monaco (un titre et une finale), Paris (1 finale et une demi-finale) et même Reims (deux demi-finales) ont fait mieux que le LOSC avec une seule demi-finale.
Mais alors, tu dois te demander où est-ce que je viens dénicher l’idée saugrenue qu’il serait « défendable » que le LOSC ait été la meilleure équipe de Coupe de l’époque. Je te l’accorde, cette thèse est vraisemblablement exagérée. Ceci étant, il me semble des plus raisonnables de dire que le LOSC a fait partie des toutes meilleures.
Une belle régularité en Coupe de France
D’abord, pour des raisons de régularité et de répétition des performances. Lille, ça n’est qu’une seule demi-finale, mais c’est deux éliminations en quart, une en huitième, et une en seizième. Lille passe donc toujours au moins un tour, aucun des vainqueurs ne pouvant se targuer d’une telle performance. Seuls quatre clubs y sont parvenus : Lille donc, Lens, le PSG et Nice. Parmi ces quatre équipes, il n’y a que Lille et Lens qui passent le stade des seizièmes à au moins quatre reprises.
Auxerre, une fois éliminé dès les 32èmes, atteint également les huitièmes à quatre reprises. Lille atteint également trois fois les quarts au cours de la période : comme Lens, Marseille et Sochaux et rien de plus. Ni Monaco, ni Bordeaux, ni Metz, pourtant vainqueurs de la Coupe pendant la période n’y parviennent. Metz a même été éliminé trois fois dès les 32èmes et une fois lors du tour suivant. Bon, allez, d’accord, admettons-le, ça n’est sans doute pas le LOSC la meilleure équipe de Coupe de la période.
Ne serait-ce que parce que Marseille, avec ses trois finales en 5 ans (dont une gagnée) semble indiscutablement devant.
Lille, dans le peloton derrière l’OM avec Monaco, Bordeaux, Sochaux et Paris
De mon point de vue, Metz est indiscutablement derrière : une Coupe d’accord, mais un seul tour passé les quatre autres années, soit sept tours passés (en comptant la victoire en finale) contre 13 à Lille. Après, Lille, Monaco, Bordeaux, Sochaux et le PSG me paraissent de très honnêtes dauphins, dans qu’on puisse en départager l’un davantage que l’autre.
Toutes ces équipes passent 13 tours en 5 ans, sauf Monaco qui en passe 14.
Si l’on se place du point de vue des « coups d’éclats », Bordeaux et ses deux titres se distingue – bien qu’il n’ait passé qu’un tour lors des trois autres éditions – comme Monaco avec un titre et une finale perdue – en dépit de seulement trois tours passés pour les trois autres éditions – et le PSG avec une finale et une demi-finale.
Du point de vue de la régularité, Sochaux et Lille sont devant. Sochaux s’arrête une fois en quart, une fois en demi, une fois en finale. Lille ne fait pas de finale, mais une demi, deux quarts et un huitième en plus. Qui de ses cinq équipes mérite le titre de dauphin de Marseille ? Je ne sais pas, j’ai juste mon avis du supporter.
Posté le 17 avril 2016 - par dbclosc
Elle témoigne : « Mon mari porte malheur au LOSC et refuse de se soigner »
Quand elle en parle, elle a du mal à cacher ses émotions. Simone, 52 ans, a rencontré Roberto au début des années 1990. « Je me souviens, dès que je l’ai rencontré, il m’emmenait au stade de temps en temps. » A l’époque, elle vit une belle histoire d’amour avec Roberto, sans la moindre ombre au tableau. Enfin, c’est ce qu’elle croyait. « A chaque fois qu’on allait à Grimonprez, le LOSC perdait. Mais je n’avais pas encore fait le lien avec Roberto, car à l’époque le LOSC perdait tout le temps, avec ou sans Roberto ».
Les premiers indices se font voir lors de la saison 1996-1997. « Au début de saison, on n’allait pas souvent au stade. On a bien été voir ce match contre Monaco (1-4), mais c’est tout ». Le LOSC réalise alors un début de saison exceptionnel et se retrouve 4ème après 16 journées. « C’était inespéré. Après, Roberto voulait aller à chaque match à domicile. » Bilan ? Le LOSC gagne un de ces matches, fait 3 nuls et en perd 6.
Gérard, un proche ami de Roberto et Simone
« La descente en D2 ne l’a pas démotivé » poursuit Simone. « Il adorait Thierry Froger. » Là encore, ça sera sans succès pour le LOSC. « Mais quand Froger a été viré et que Vahid est arrivé à sa place, Roberto l’a mal vécu et a décidé d’arrêter d’aller au stade. Au début, quand j’ai vu les résultats s’améliorer, j’ai pensé que c’était le changement d’entraîneur ». Croyant bien faire, Simone incite alors son mari à retourner au stade, d’autant que Roberto est un grand admirateur du nouvel arrivé, Neném, en lequel il avait « une grande confiance ». « C’était contre Amiens, en 1998-1999, Lille était bien revenu dans la course à la montée. Et puis là, on a perdu comme des bouses ».
Le couple ne retourne ensuite plus au stade jusqu’à la 14ème journée de la saison suivante ; alors que Lille écrase le championnat. « C’était contre Sochaux, je m’en souviens comme si c’était hier. Quand on a perdu, c’est là que j’ai commencé à comprendre ». Mais au début, Simone pense que c’est elle qui porte malheur au LOSC, mais une amie lui dit que c’est peut-être son mari. « Pour en avoir le cœur net, je me suis arrangée pour aller à quelques matches sans mon mari. On les a tous gagnés ! Et largement ! ».
Simone continue d’expliquer son calvaire « J’ai voulu lui en parler, mais sa réponse ma blessée ». Nous lui demandons alors à quel point sa réaction lui a fait mal au cœur. Elle corrige « A la tête, oui ! Sa réaction c’est de me balancer un pain à la tronche ! J’ai eu 15 jours d’ITT !» Simone change alors de stratégie. A chaque approche d’un match à domicile, Simone trouve des excuses pour éviter qu’ils se rendent au match. « Un soir de match, j’ai fait croire à Roberto que j’allais accoucher, alors que je n’étais même pas enceinte ! Heureusement qu’il est distrait et qu’il n’a rien capté ». Puis elle soupire « à chaque match du LOSC, je fais semblant d’avoir trop envie de lui, mais en réalité … » Puis elle ajoute : « mais des fois, je ne trouve rien … et je ne peux pas l’empêcher d’aller supporter Lille ». Comme pour la 37ème journée contre Marseille la saison dernière (0-4) par exemple.
« A l’intersaison, j’ai cru que c’était fini » complète Simone. « Il était fan d’Hervé Renard et s’est mis en tête d’aller voir tous les matches du LOSC, même les déplacements ». Heureusement, le fanatisme de Roberto pour Hervé Renard associé au licenciement de ce dernier ont engendré son dégoût du LOSC : « Depuis, il en veut beaucoup aux dirigeants et du coup il ne va plus au stade ».
Simone a déjà contacté divers spécialistes pour résoudre le problème de Roberto, mais le fait qu’il soit dans le déni de son problème empêche de le régler. « J’ai même fait appel aux plus grands des marabouts. Je m’en souviens d’un que m’avait conseillé un ami : il avait fait appel à lui quand sa femme l’avait quitté. Et bien celle-ci était revenu le soir-même ! Et « comme une chienne » en plus, comme le promettait sa carte de visite publicitaire ! Quand j’ai fait part du problème à ce grand marabout, il est devenu tout blanc et s’est enfui en courant en hurlant ‘’la malédiction ! la malédiction’’ » poursuit Simone.
Depuis, Simone s’est résignée à vivre avec le problème de son mari. Elle relativise : « au moins, il déteste Antonetti, mais imaginez ce qu’il se passerait si Froger était nommé à la tête de l’équipe l’année prochaine ? » Une issue que personne n’ose imaginer. Avec le recul, elle s’en veut, persuadée d’avoir pris trop tard conscience du problème. « Le triplé de Bakayoko à Grimonprez en 6 minutes de jeu en 1997, j’veux dire … c’était évident qu’il y avait quelque chose de surnaturel ». Et encore une piste dans l’analyse du complot ourdi contre notre cher LOSC.
Posté le 16 avril 2016 - par dbclosc
Partenaires particuliers. Ceux qui se faisaient des passes décisives sous l’ère Rudi Garcia
Je ne t’apprends sans doute rien en te disant que le LOSC de l’époque de Rudi Garcia a disposé d’éléments offensifs d’une qualité certaine. Une équipe qui marchait bien ensemble, mais, il faut le dire, il y en avait quand-même qui avaient leurs chouchous et qui faisaient davantage de passes décisives qu’à d’autres.
Viens lire ici les statistiques des passes décisives (en L1) entre Gervinho, Sow,Hazard, De Melo, Obraniak et Frau quand ils jouaient ensemble. Mais qui étaient ces « partenaires particuliers » ?
Il est pas joli mon schéma ?
Gervinho aime Moussa Sow
Ils n’ont joué qu’une saison ensemble, celle du titre, mais leur complémentarité a fait beaucoup de mal aux défenses adverses. Gervinho n’a jamais fait autant de passes décisives qu’à Moussa : 6 des 25 buts de l’avant-centre sénégalais en 2010-2011 ont en effet été marqués sur une passe décisive de l’Ivoirien. Moussa n’est d’ailleurs pas un ingrat : il réserve 2 de ses 3 passes décisives à Gervinho.
Etrangement, si Eden Hazard était le meilleur passeur lillois de l’époque, il a offert peu de caviars – on parle de passes, hein, pour le reste je sais pas – à son buteur : seulement 2 en 2010-2011 et un seul les six mois suivants, jusqu’au départ de Sow au mercato hivernal.
Hazard aime Gervinho
Les deux ont joué deux ans ensemble (2009-2011) et ont eu le temps de se rendre de bons ballons. Eden fait ainsi 8 passes décisives à Gervinho sur la seule L1, quand Gervais lui en offre 4, ce qui fait son deuxième chouchou après Moussa Sow.
Obraniak aime De Melo
L’un et l’autre étaient les supersubs du LOSC, Obraniak se montrant particulièrement décisif en coupe de France : certes en finale grâce à son but, mais déjà bien avant, offrant buts et passes à son équipe.
En L1, nul autre joueur que Tulio De Melo n’a autant bénéficié des largesses de Ludovic. L’un et l’autre joue ensemble au LOSC entre août 2008 et janvier 2012. Les mauvaises langues disent qu’ils jouaient surtout aux cartes, plus habitués à se côtoyer sur le banc que sur le terrain, mais force est de constater une certaine complémentarité entre eux quand ils étaient sur la pelouse. Malgré un faible temps de jeu commun, Ludovic offre quatre passes décisives à Tulio en L1. Tulio doit également son but en coupe 2011 contre Wasquehal à Ludo, ainsi que son but contre Sofia en Europa League en 2010.
Pourquoi donc ? Ludo excellait dans les coups-francs excentrés et les corners et Tulio adorait justement placer sa tête sur ce type d’action. Les deux étaient faits pour se trouver. Ils l’ont fait. A titre de comparaison, Gervinho et Hazard n’ont donné chacun qu’une seule passe décisive à De Melo sur a période.
Personne ne déteste Pierre-Alain
Et PAF dans tout ça ? Pierre-Alain Frau a marqué pas mal de buts avec le LOSC et pas mal de ses coéquipiers lui ont fait des passes décisives : 8 pour la seule L1. Mais aucun ne lui en a fait vraiment beaucoup. Logiquement, c’est Hazard, celui qui en fait le plus tout court qui en fait le plus à Pierre-Alain. Trois fois il est arrivé ceci : passe de Hazard et PAF ! But !
Gervinho et Obraniak ont également fait deux passes décisives à Pierre-Alain. Bref, ils ne rechignaient pas à le servir, mais ils n’entretenaient pas non plus un statut de « partenaires particuliers ».
Posté le 15 avril 2016 - par dbclosc
De quelques statistiques oubliées sur les derbys entre Lille et Lens
Comment ? Hein ? Pourquoi j’ai titré « ‘de’ quelques statistiques oubliées » et pas simplement « quelques statistiques oubliées » ? Et pourquoi d’abord je le ferais pas (d’abord bis) ? Oui, ça fait pédant, gente « De la démocratie en Amérique » de Tocqueville, mais je vois pas pourquoi Tocqueville pourrait être pédant et pas nous. C’est pas parce que, à Drogue, Bière, on est jeunes (de moins en moins), beaux (de moins en moins) et sympathiques (de moins … bon t’as compris) qu’on pourrait pas être AUSSI pédants. Dont acte.
Bref, ce dont je voudrais aujourd’hui t’entretenir, c’est donc DE quelques statistiques oubliées sur les derbys opposant notre cher LOSC adoré, chéri et tout ce que tu veux à ce bon vieux RC Lens, honni, qui nous fait bien rigoler, mais qui garde quand-même une petite touche sympathique.
Accroche-toi bien à ton slip : c’est parti !
La série de buts marqués la plus longue : 16
Le 25 mars 1951, le Lensois Ludwikowski portait la marque à 2-0 en faveur des siens lors du derby contre le LOSC. J’espère que les supporters lensois ont bien profité de ce but, parce qu’il allait alors falloir attendre longtemps avant de revoir un but lensois parmi ceux qui allaient suivre dans les derbys.
Ainsi, Dubreucq, Prevost, Lechantre, Van Cappelen, Vincent, Jensen, Van Den Hart, Lefebvre (4 fois), Baujard (csc), Plewa, Douis (2 fois) et Louis (csc) allaient marquer les 16 buts suivants en derbys, tous pour le LOSC. Kozakiewicz allait enfin libérer les siens le 9 septembre 1954.
Le plus longtemps sans se prendre de buts : 602 minutes
Ah ben, tiens ! C’est justement exactement la même période que la précédente ! Si Lens l’emporte donc contre Lille le 25 mars 1951 (finalement 2-1), les matches se suivront ensuite sans que les Lensois parviennent à marquer avant 602 minutes, donc par Kozakiewicz, qui réduisait la marque à 1-2 (score final : 3-3).
Entre temps, Lille s’était imposé à Bollaert à trois reprises (0-2, 0-3 et 0-2), sur son terrain deux fois (5-0 et 1-0) et fait un match nul, encore à Henri-Jooris (0-0).
Le match des victoires par plus de trois buts d’écart : Lille gagne 13 à 3 (voire 13 à 2)
Etrangement, c’est bien le RC Lens qui a réussi le plus gros carton de l’ensemble des derbys, puisque le Racing s’imposait chez lui 7-0 le 14 mai 1970. Ceci étant, on a deux bonnes raisons de contester ce résultat :
- Il a eu lieu en 1969-1970, la seule saison où les deux équipes relevaient du statut amateur. En pro, Lille n’a jamais perdu par plus de trois buts d’écarts.
- C’était il y’a 47 ans, et quand on sait qu’il n’y a eu que 906 spectateurs ce jour-là – autre record – on se dit qu’il ne doit pas y avoir beaucoup de témoins vivants : si un Lensois vous remémore ce souvenir, contestez vigoureusement et exigez de lui qu’il vous trouve un témoin oculaire. Il est peu probable qu’il le trouve.
Bref, revenons à nos cartons en pro. Lille s’impose 4-0 en 1945, 4-1 en 1949, 5-0 en 1950, 5-0 et 0-3 en 1952, 4-1 en 1958, 4-0 en 1964, 3-0 en 1966, 4-1 en 1971 puis 4-1 en 1972. Note donc que, jusque-là, Lens n’a pas encore gagné une seule fois un derby par plus de deux buts d’écart, alors que c’est déjà arrivé 10 fois à nos Dogues. Cela arrivera en 1973 (défaite 4-1 à Bollaert) puis une deuxième et dernière fois en 1982 (0-3 à Grimonprez).
Et puis après, ça n’était plus que le LOSC, encore à trois reprises : 1-4 en 1986, 4-0 en 2006, 1-4 en 2010.
Le 100ème buteur lillois : Boro Primorac
Le 11 février 1984, ce bon vieux Boro transformait un pénaltoche à la 15ème minute de jeu. Ce but, ça n’est rien de moins que le 100è du LOSC contre le RC Lens. Si l’on ne compte que les buts en pro, c’est le but suivant qui devient le 100è, et il est marqué par Didier Christophe, milieu de terrain et international A du LOSC. Ah, au fait, on avait gagné 3-1.
La famille qui scorait contre Lens : les Debreucq
On l’a déjà souligné mais le LOSC, c’est une histoire de famille. En matière de derbys, c’est l’affaire des Debreucq. Le 25 mars 1951, c’est l’international Albert Debreucq qui marquait contre Lens, réduisant la marque dans empêcher la victoire adverse (1-2). Dix-huit ans plus tard, le 30 août 1969, c’était le fils, Serge, qui marquait aussi contre le voisin lensois, cette fois pour un match nul (1-1).
Ceux qui marquaient contre Lens : Baratte, Bihel et Odemwingie
Après la guerre, Jean Baratte était le meilleur attaquant français et il jouait chez nous. Entre le 18 août 1946 et le 22 octobre 1950, Jeannot marque à neuf reprises contre le Racing, dont un doublé mémorable lors de la finale de Coupe de France remportée par Lille (3-2).
A la même époque, René Bihel montre aussi une efficacité certaine contre le voisin lensois, scorant à cinq reprises en seulement deux saisons (1944-1946). René, c’est aussi le premier lillois à marquer contre le RC Lens, après 9 minutes d’un derby remporté largement (4-0).
elle est pas choupinours, dis-moi, cette photo d’équipe du Lille 1944-45 ?
Et puis plus récemment, Peter Odemwingie est devenu le bourreau des Lensois, marquant également à 5 reprises, dont un triplé mémorable. C’était en 2006 et ça a fini à 4-0.
Bisous.