Posté le 6 avril 2016 - par dbclosc
6 avril 2001 : l’histoire d’un coup de boule de Laurent Peyrelade
Le 6 avril 2001, veille de son anniversaire, Laurent Peyrelade inscrivait un doublé dont un but fantastique grâce à un lointain coup de boule au cours d’un match de haut niveau contre Bordeaux. Revenons sur son parcours lillois, et rappelons-nous (encore) une période dorée.
Quand on évoque Laurent Peyrelade, on a le sourire. D’abord parce qu’il a a été durant 4 saisons un attaquant losciste aux performances régulières. Outre un très honnête total de 36 buts en 126 matches de championnat (D1 et D2 confondues), il fait partie de ces joueurs dont on n’a pas le souvenir qu’ils aient fait un jour un mauvais match, et ce en dépit de deux saisons en D2 (97/98 et 98/99) qui ont souvent conduit à remettre en cause, en plus de l’équipe dans sa globalité, quelques performances individuelles. Adroit devant le but, altruiste, grand artisan de la remontée en 2000 puis de la 3e place en 2001, et auteur de quelques réalisations marquantes (voir plus bas), il était la garantie d’une performance exemplaire. Et on a aussi le sourire en se remémorant son propre sourire : Laurent Peyrelade, c’est le mec sympa, cool, et content de jouer au foot. En témoigne sa manière récurrente de répondre aux journalistes, sans se prendre au sérieux, glissant souvent une petite vanne, ou même la difficulté que nous avons eue à trouver des photos « sérieuses » dans nos archives : on le voit souvent fêter ses buts ou ceux des autres avec un sourire communicatif ou des grimaces qui nous font bien marrer.
Débuts modestes et révélation au Mans
Laurent Peyrelade débute sa carrière en championnat amateur : formé au Limoges Landouge foot, il rejoint ensuite l’ASPTT Limoges qu’il contribue à faire monter en PH en 1988 puis en DH en 1989. Il découvre la 3e division (National 1) à Brive de 1990 à 1993, où il profite de la proximité avec Clermont pour y passer son DEUG STAPS, à Pau en 1993/1994, où il a comme coéquipiers Bob Senoussi, Fred Viseux et Pascal Plancque, et de nouveau à Brive la saison suivante. Il découvre donc le football professionnel assez tardivement : en 1995, à 24 ans, il est en effet recruté par le FC Nantes, tout juste sacré champion de France. D’un strict point de vue numérique, le club nantais compense ses deux départs en attaque (Loko au PSG et Siasia au Portugal) par les deux arrivées de Kosecki, et donc de Laurent Peyrelade. Bien sûr, Laurent arrive plutôt pour remplacer Siasia, nigérian au faible temps de jeu, auteur de 4 buts en deux saisons. La saison s’annonce cependant longue, puisqu’il faut jouer la ligue des champions, et il pourrait alors profiter de l’accumulation des matches pour tirer son épingle du jeu. Mais, concrètement, le temps de jeu de Laurent Peyrelade est très faible en championnat : 21 matches joués, dont seulement deux comme titulaire, pour un total de 361 minutes jouées sur la saison… et tout de même un but, à Lyon, lors de la 32e journée, qui permet aux Nantais d’arracher le 1-1 à la 86e. Dans les coupes nationales, Laurent profite d’un temps de jeu plus élevé pour se distinguer : en coupe de la Ligue, il est titulaire à Montpellier en 1/16, et Nantes s’impose ; en 1/8e, son but en prolongation n’empêche pas l’élimination face à Guingamp (2-3). En coupe de France, il marque l’un des sept but nantais Saint-Quentin en 1/32e, mais manque le dernier tir au but en 1/16e, et Monaco se qualifie à la Beaujoire. À l’arrivée, Laurent Peyrelade présente la particularité d’être le seul joueur nantais à avoir marqué dans les trois compétitions nationales, mais c’est bien insuffisant : alors que la saison nantaise est moyenne, N’Doram, Ouédec, Kosecki, Pedros et Gourvenec se partagent l’attaque, Franck Renou monte parfois au jeu, et Garcion et Peyrelade ne récupèrent que les miettes. En manque de temps de jeu, Laurent est alors prêté au Mans à l’été 1996, club entraîné par Thierry Froger. Titulaire indiscutable, il prend part à 35 matches et inscrit 11 buts, terminant ainsi meilleur buteur du club à égalité avec… Dagui Bakari. Pour la deuxième année consécutive, Le Mans termine à une belle 6e place. Son entraîneur est récompensé du titre du meilleur entraîneur de Division 2 sur l’année civile 1996 par France football. Sollicité à l’issue de cette saison 1996/1997, il rejoint le LOSC, un autre club dans lequel il a joué, pour remplir l’objectif de remontée immédiate. Dans ses valises, deux joueurs du MUC 72 : Bob Senoussi et Laurent Peyrelade.
Un joueur incontestable dans un collectif parfois contesté
À son arrivée à Lille en 1997, Laurent Peyrelade est donc l’un des rares joueurs à avoir connu une saison complète en D2, la plupart des joueurs de l’effectif, venant de D1, sont de vieux briscards de l’élite (Aubry, Collot, Duncker), des jeunes formés au club (Carrez, Dindeleux, Leclercq, Sanz, Boutoille, Landrin, Machado) ou ailleurs en D1 (Renou), ou encore des joueurs que le LOSC est allé chercher à l’époque en D3 (Cygan, Hitoto, Tourenne). Les mouvements de l’été 1997 visent donc en partie à recruter des joueurs rompus à la D2 : outre les deux manceaux, on note l’arrivée d’un grand buteur à ce niveau : Samuel Lobé.
Après un premier nul à Saint-Etienne (2-2), il suffit de 2 minutes pour que Laurent Peyrelade marque son premier but à Grimonprez-Jooris, puis son deuxième quelques minutes plus tard, au cours d’une mémorable victoire 7-3 contre Martigues. Au cours de cette première saison, il prend part à 3/4 des matches (une blessure l’éloigne des terrains en octobre), et inscrit 7 buts, loin derrière les 19 de Samuel Lobé, mais dans un rôle d’attaquant de soutien, le jeu étant principalement tourné vers Lobé. Dans une saison où le niveau de jeu est souvent critiqué et les performances jugées trop peu satisfaisantes, Laurent Peyrelade échappe aux détracteurs. Il parvient dès lors à garder une place importante dans l’équipe la saison suivante, alors que Lobé est resté et que les recrues Pickeu et Valois semblent menacer sa place. Pour la première journée de la saison 1998/1999 contre Guingamp, il est d’ailleurs remplaçant : il entre en jeu à la 69e minute alors que Lille est mené, et égalise à la 70e. Finalement, Guingamp s’impose, mais Peyrelade montre qu’il faudra encore compter avec lui. Le début de saison reste poussif d’un point de vue individuel : s’il est parfois titularisé, le trio Boutoille-Pickeu-Valois est privilégié. Le départ de Thierry Froger et les mauvaises performances de Samuel Lobé lui rendent service : lors de la 9e journée, contre Nîmes, il inscrit un doublé après avoir remplacé Lobé à la mi-temps, et le LOSC s’impose 3-0. Au cours d’une saison là aussi irrégulière collectivement, il parvient, comme l’équipe, à finir en trombe, inscrivant 10 buts lors des 13 dernières journées, dont certains ont entretenu l’espoir jusqu’au bout, comme celui de la victoire face à Troyes en février (1-0, sur un service Nénem), la superbe remontée de balle sur 50 mètres ponctuée d’une frappe en lucarne contre Nice (2-0), ou le pénalty face à Valence en avril donnant la victoire 2-1 (alors que le LOSC est mené à la mi-temps et que les DVE sortent des pancartes évoquant des « chèvres »). Malheureusement, le doublé lors de l’ultime journée, à Guingamp, portant son total à 15 buts, s’avère inutile (0-2) : c’est encore raté pour cette année.
Belle photo, hein ? Pendant ce temps, le pire, c’est que c’est Lobé qui marque pour Troyes à Cannes
La consécration avec Vahid
Deux fois consécutivement 4e, quand on vise la montée, c’est donc deux fois raté. Un nouveau ménage d’intersaison s’annonce et, cette fois, Vahid Halilhodzic va pouvoir choisir ses joueurs. La confiance envers Laurent Peyrelade est logiquement renouvelée : sur sa lancée, il part comme titulaire, mais à une place similaire à celle qu’il avait lors de sa première année : l’attaquant axial est désormais Dagui Bakari, chargé de peser sur les défenses adverses, tandis que les attaquants autour, le plus souvent Boutoille et Peyrelade, mais aussi Valois ou Giublesi, et les milieux offensifs, Agasson, Collot et Cheyrou, sont censés profiter de ce point de fixation. Comme chacun le sait, cette saison se déroule à merveille. Laurent Peyrelade inscrit son premier but lors de la 4e journée contre Ajaccio (4-2), et en inscrit au total 7, dont deux lors du match face à Caen en mars 2000 (3-2), match de la montée officieuse avec envahissement de terrain hivernal, même si, mathématiquement, ce n’est pas encore fait. Il semble sur une pente toujours ascendante et, s’il a moins marqué cette année là, son influence sur le jeu a semblé grandissante. La remontée en D1 acquise, il devient, au même titre que Carl Tourenne, Patrick Collot ou Djezon Boutoille, l’un des rares à avoir connu les 3 saisons de D2 et à en être sorti avec une côte intacte, tant ses performances et sa régularité ont ravi les supporters, pendant que bien d’autres sont trop marqués du sceau des saisons-galère.
C’est littéralement l’époque où le LOSC survole le championnat et marche sur ses adversaires
Comme pour bien d’autres, on se demande ce que ça va donner en D1. Réponse dès la première journée, avec un nul probant face à Monaco (1-1), puis un carton à Strasbourg une semaine plus tard (0-4), avec un premier but dans cette saison, son 2e en D1. Dans cette équipe où presque tout le monde marque, il finit même meilleur buteur avec, encore une fois, le même chiffre que derrière son maillot depuis 1998 : 7 (il a porté le n°22 en 97/98). L’équipe tourne beaucoup devant entre lui-même, Bakari, Beck, Boutoille, Valois et Sterjovski, voire Agasson, Cheyrou, Collot, Dernis et Murati, si bien que le nombre de titularisations est assez faible (12). Comme beaucoup d’autres remplaçants sous Vahid, il met à profit ses 13 entrées en jeu, notamment en marquant le but de la victoire à la dernière minute contre Lens en septembre 2000, 5 minutes après que Dagui Bakari a égalisé : sur un corner de Ted Agasson, il est déjà à un cheveu de reprendre le ballon de la tête; Christophe Pignol récupère, transmet à N’Diaye qui centre, Bakari s’efface et surprend la charnière centrale lensoise ; Peyrelade envoie le ballon dans la lucarne de Warmuz.
Fernando, Laurent, Dagui, et Rool dépité : coeur avec les doigts
Mais, signe de son importance, il est titulaire lors de 5 des 6 derniers matches de la saison, au moment où le LOSC lutte encore pour le titre puis pour la ligue des champions. Dans ce sprint final, après une interruption du championnat de 3 semaines, Lille, leader à égalité avec Nantes, reçoit Bordeaux, 4e, pour le match au sommet de cette 30e journée.
Dans un match très ouvert et riche en occasions, Pauleta ouvre le score de la tête en première mi-temps. Dès la reprise, Peyrelade égalise après s’être bien démarqué.
Mais le chef-d’œuvre survient 7 minutes plus tard : sur une perte de balle de Jérôme Bonnissel, Sterjovski déborde côté droit. Il a deux solutions : passer à Dagui Bakari, apparemment pris par la défense centrale, ou trouver Laurent Peyrelade au second poteau. L’Australien envoie un long centre qui paraît difficilement négociable. Mais Peyrelade, au prix d’une incroyable extension, reprend instantanément de la tête et surprend tout le monde, à commencer par Ramé, très loin du ballon.
Sur Europe 1, Lionel Gougelot est en admiration :
Score final : 2-2, puisque Pauleta repasse par là. Le LOSC perd la tête du championnat lors de cette journée, mais a offert un superbe spectacle ; surtout, il reste en course pour la ligue des champions, obtenue lors de la dernière journée à Monaco, où Peyrelade marque à nouveau un superbe but, grâce à une reprise de volée en extension sur une longue ouverture de Fahmi. En fin de match, il prend de vitesse toute la défense monégasque avant de servir Cheyrou, qui envoie le LOSC en ligue des champions. Il quitte le LOSC sur ces deux derniers coups d’éclat : curieusement, son contrat n’est pas prolongé.
La carrière de Laurent Peyrelade se poursuit de façon plus anonyme, d’abord à Sedan, en D1, pour 3 buts en 20 matches, puis un retour au Mans, qu’il contribue à faire monter en D1 en 2003, mais ses 5 buts et la présence de Fernando D’Amico ne suffisent pas à maintenir le club. Sa carrière s’achève le 21 février 2005, la faute à une blessure au genou lors d’un match à Brest.
Par la suite, Laurent Peyrelade a passé son DEF (diplôme d’entraîneur de football) et s’est investi au MUC (entraîneur des U17 et éducateur au centre de formation de 2006 à 2009 ; entraîneur adjoint de l’équipe première, notamment chargé des séquences vidéo sur l’adversaire, de 2009 à 2011). Après la liquidation judiciaire du club, il continue de s’engager bénévolement auprès des sports-études et de la préformation des U12/U13/U14/U15. Depuis fin mai 2015, Laurent Peyrelade entraîne le Rodez Aveyron Football, et est passé de la CFA à la L2.
2 commentaires
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7 avril 2017
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WILLERVAL a dit:
Un joueur qui aura laissé une trace indélibile au losc !
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7 avril 2017
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dbclosc a dit:
Ah ne surtout pas confondre avec un gars comme Pascal Nouma, lequel a plutôt laissé la trace d’un débile.