Posté le 28 avril 2016 - par dbclosc
Comment Lille m’a appris l’épicurisme. Et a niqué Pascal Nouma.
Eté 1990. Je découvre les compétitions footballistiques à l’occasion de la Coupe du Monde de football. Tous les commentateurs disent qu’on s’emmerde en s’appuyant sur le fait que la moyenne de buts est la plus basse de l’histoire de la compétition. Moi, je me régale en voyant l’Italie gagner ses matches par 1-0 et, sans le savoir, je me prépare à ma laborieuse vie de supporter.
Coupe du monde, Téléfoot et reprise de volée par Auchan
En début de saison 1990-1991, je commence à suivre les résultats du LOSC. Lors des Téléfoot du dimanche après-midi, ou à l’occasion des matchs commentés à la radio quand, invariablement, chaque but est annoncé par un jingle publicitaire commençant par Final Countdown puis enchaînant sur le fameux « reprise de volée par Auchan ! » Avec le recul, je me demande comment j’ai pu subir ça à répétition. Je te rassure : à l’époque, on avait pas trop de buts, donc pas trop de jingles à subir.
1990-1991. C’est là que j’ai appris à me délecter des 0-0. Ce score, on l’a connu 9 fois cette saison-là, et c’était à chaque fois le même bonheur. Alors quand on gagnait, t’imagines, c’était Hiroshima dans mon slip. Même un misérable 1-0 contre Caen sur un but d’Assadourian, c’était l’extase.
Découverte de l’épicurisme sauce aux cailloux
Le LOSC m’a dont appris à être épicurien. Être épicurien, pour ta gouverne, ça n’est pas aller au Parc pour aller voir une orgies de buts contrairement à ce que pensent beaucoup qui aujourd’hui se disent « épicuriens ». L’épicurisme c’est « cueille le jour » ou, si tu préfères, « kiffe ta défaite 2-0, ça veut dire que tu t’en es pas mangés 9 dans les dents ». Alors, j’en ai mangé de l’épicurisme sauce aux cailloux bien rêches avec le LOSC, comme le soir du tout premier match que j’allais voir à Grimonprez, quand Sochaux s’imposait chez nous (1-0). Et encore, cette saison 1990-1991, ça c’était bien passé : 6ème ! Encore en course pour l’Europe jusqu’au bout pour échouer d’un rien !
A l’époque on marquait peu, mais, pour tout te dire, cela me paraissait bien naturel. Après tout, 39 buts en 38 matches, ça veut dire qu’on marque un poil plus d’un but par match. De même, ne pas gagner à l’extérieur, c’était plutôt logique. Donc, la saison 1991-1992, terminée à la 13ème place avec 31 buts marqués, ça m’allait à peu près. Et puis, une ou deux fois par an, on avait droit à une orgie de buts, comme le soir de ce Lille-Toulouse (3-1) ou de ce match à Rennes (2-3). En 1991-1992 comme la saison précédente, Lille mettait 3 buts à Toulouse et à Rennes. Ma conviction était faite : ces deux équipes doivent absolument rester en D1, c’est eux notre bouffée d’oxygène annuelle.
Sauf que Rennes est descendu. Et puis, 6ème journée, Lille va à Toulouse et fait un traditionnel 0-0 qui m’a laissé un goût amer : étrange, ces 0-0 qui faisaient ma joie ne correspondaient pas à l’image que je me faisais des Lille-Toulouse. C’est là que j’ai compris que ça allait être compliqué. 5 buts marqués après 17 matches, rapidement en position de relégable, on allait bien galérer pour se sauver lors de la 37ème journée, à Nîmes. Score du match ? Ne sais-tu pas quel est le score fétiche du LOSC d’alors ? 0-0, bien sûr.
La saison 1993-1994 commence et, comme prévu, c’est la galère, avec onze premières journées sans victoire et seulement deux 0-0 et une bonne dernière place à la clé. Puis arrive une victoire contre Sochaux (3-1) puis, deux journées plus tard, la revanche ultime …
The ultimate revanche
29 octobre 1993, Lille se déplace sur le terrain du Caen de Pascal Nouma. Pour rappel, Pascal Nouma avait été prêté au LOSC la saison précédente et y était arrivé avec les pieds de plomb ; d’autres que moi diraient « avec les pieds carrés » : mettons tous le monde d’accord, il était arrivé à Lille avec les pieds carrés de plomb et ne s’était pas gêné pour nous chier dessus. Au sens figuré, je te rassure, mais quand-même.
T’as de la chance d’être un ouf Pascal Nouma, sinon, j’te faisais un high-kick de super vannes
Et quand, à l’heure de jeu, Nouma marque le deuxième but caennais, s’en réjouissant plus que de raison, ben on est franchement deg’ …
Et puis l’improbable est arrivé : Frandsen (77è) puis Andersson deux fois (84è, 86è) transforment notre humiliation par Pascal Nouma en revanche ultime : l’ultimate revanche !
Très beau slip Pascal, mais ça ne suffit pas
Cette saison allait d’ailleurs être à bien des égards bien plus goûteuse que la précédente : maintien assuré dès la 36ème journée, 41 buts inscrits (mon record jusqu’alors!) et un buteur qui passe la barre des 10 buts (Andersson, 11 buts).
Comme aurait pu le dire Thierry Rolland entre deux saillies sexisto-racistes, « le LOSC marque 41 buts ! Vous l’croyez ça ? Le LOSC marque 41 buts en championnat en faisant 2-2 à Martigues ! Sur des buts d’Etamé et Frandsen ! Je crois qu’après avoir vu ça, on peut mourir tranquilles ! Le plus tard possible mais, on peut, ah, c’est super ! Quel pied ! Ah mais quel pied ! ».
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