Posté le 17 mai 2016 - par dbclosc
Avant le derby du nord, le derby lillois
Je vais peut-être te paraître blasphématoire, mais il faut bien voir que le LOSC est le produit de la fusion entre deux clubs rivaux des années 1930 à savoir l’Olympique Lillois et le Sporting Club de Fives. Un peu comme si, aujourd’hui, Lille et Lens fusionnaient. Imagines-tu que cela arrive et que, toi, dans quarante ans, tu sois là à pester comme un-e vieux (vieille) con-ne sur ce club que serait le Racing Club Olympique Sporting Club de Lille (RCOSCL, oui je sais, ça fait deux fois « club ») en le considérant comme illégitime. Et bien c’est peut-être ce que se sont dit jadis les vieux supporters de l’OL et su SCF lors de la création du LOSC (pardon, le « Stade Lillois » au tout départ).
Mais bon, laissons les vieux (vieilles) con-ne-s qui maudissent le LOSC et ne nous appesantissons pas trop non plus sur le fait que nous serons peut-être aussi des vieux (vieilles) con-ne-s qui maudiraient le cas échéant le RCOSCL et venons-en au cœur de cet article : les « derbys lillois » qui attiraient les foules des années 1930 dans les stades Félix-Virnot (à Mons-en-Baroeul où joue Fives) et Victor-Boucquey (qui sera rebaptisé ensuite « Henri-Jooris », oui, je sais, ça te parle plus tout de suite).
A l’origine il y a donc le SC Fives, créé en 1901 sous le nom d’ « Eclair Fivois » avant de changer de nom en 1910 et l’Olympique Lillois, créé en 1902. C’est très clairement l’Olympique lillois qui domine : l’OL est notamment champion de France USFSA (1914), vainqueur du Trophée de France (1914 également), champion du Nord à trois reprises (1921, 1922, 1929) et vice-champion régional quatre fois (1920, 1923, 1924, 1928). Le SC Fives est champion de PH du Nord à quatre reprises, mais il ne s’agit que de la deuxième division régionale.
Et puis arrive la création du premier championnat professionnel en 1932. Au départ – je te passe les détails – l’OL refuse d’y participer. Mais, à la surprise générale, le SC Fives, qui ne figure même pas dans les dix meilleures équipes régionales, dépose un dossier de candidature lequel est accepté ! Piqués au vif, les dirigeants de l’OL ripostent et déposent également un dossier de candidature également accepté. Il y aura donc deux clubs lillois dans le premier championnat de France professionnel.
C’était un peu le bordel quand-même les photos d’équipe à l’époque, non ?! ici, l’OL 1933-1934
Les deux équipes ne s’affrontent pourtant pas lors de la première édition puisqu’elles intègrent deux groupes différents (de 10 équipes chacune) : l’OL finit premier du groupe A, puis remporte la finale, quand Fives termine 7ème de son groupe, ce qui lui assure le maintien en première division pour la prochaine édition à poule unique de 16 clubs. L’OL devient alors le premier champion de l’ère professionnelle quand Fives fait une étonnante apparition dans l’élite nationale, lui qui était jusqu’alors habitué à l’antichambre de l’élite régionale.
Mais, finalement, qui était le meilleur de l’OL ou du SCF ? Comme mon cœur saigne déjà par avance pour avoir à trancher, j’ai trouvé une arnaque : défendre les deux thèses opposées.
L’Olympique Lillois : l’incontestable meilleur club du Nord des années 1930
Difficile de contester la suprématie de l’OL sur le football nordiste au cours des années 1930 et toute autre interprétation ne pourrait être que le produit du complot contre l’OL. D’ailleurs, ce seul tableau devrait achever de convaincre les plus réfractaires.
Tableau 1 : classements de l’OL et du SCF (1932-1939)
|
1933 |
1934 |
1935 |
1936 |
1937 |
1938 |
1939 |
Olympique Lillois |
1 (A) |
4 |
7 |
2 |
5 |
7 |
5 |
SC Fives |
7 (B) |
2 |
8 |
8 |
11 |
12 |
9 |
Sur sept saisons en D1, l’OL termine devant le SC Fives à chaque fois sauf en 1934. Et encore, c’était pas de bol, le parcours de l’Olympique étant très satisfaisant, sauf que c’est justement cette saison que les Fivois ont claqué leur record.
Sinon, l’Olympique c’est un titre de champion, cinq fois sur sept dans les cinq premiers et jamais en dessous de la septième place. Fives, c’est une 2ème place et sinon au mieux 8ème, sauf en 1932-1933, mais 7ème d’une des deux poules, soit environ 13 ou 14ème dans la hiérarchie nationale.
Le SC Fives : Présent au bon moment
Difficile de contester la suprématie du SC Fives sur le football nordiste au cours des années 1930 et toute autre interprétation ne pourrait être que le produit du complot contre le SC Fives. Certes, les Fivois n’ont pas été champion de France à la différence de l’OL, mais comme l’indique son nom, la « suprématie régionale » se détermine à partir des performances infra-régionales.
Journal Le Matin du 6 novembre 1933 : le SC Fives vient de vaincre son glorieux voisin
Or, lors des derbys, le SC Fives sort indiscutablement vainqueur. Fives sort ainsi vainqueur de 6 des 12 confrontations entre les deux clubs et n’en perd que 4. A cela, il faut ajouter la confrontation entre les deux équipes lors de la coupe de France 1938 : après deux matches nuls (2-2 puis 1-1), Fives élimine finalement son rival et se qualifie en demi-finale. Entre 1932 et 1939, Fives affronte donc 15 fois son rival mais ne s’incline qu’à quatre reprises.
Celui ou celle qui trouve à qui appartient ce blason gagne un slip Drogue, Bière & Complot contre le LOSC
Bref, pas les mêmes profils de ouineures. Les schtroumpfs se demandaient s’il fallait dire « schtroumpf-bouchon » ou « tire-bouschtroumpf ». De la même manière, nous nous interrogions à propos de la préhistoire du LOSC : doit-on être « Lille Osc » ou « Lille oSC » ? A choisir, prenons les deux.
Ah, oui, pendant que j’y suis : sache que cet article sera complété très très bientôt par un autre article dur la « D1 derbys du nord » des années 1930. A l’époque, il y a eu jusqu’à 6 équipes de la région, dont quatre de l’agglomération lilloise dans la seule D1 à 16 clubs ! Ca en fait des derbys, et ça vaut bien un article !
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