Archiver pour mai 2016
Posté le 5 mai 2016 - par dbclosc
Te souviens-tu de Grimonprez-Jooris ?
Du 28 octobre 1975 au 15 mai 2004, le LOSC a joué ses matches à domicile au stade Grimonprez-Jooris. Inauguré par un nul en amical contre le Feyenoord Rotterdam (1-1) et laissé à l’abandon après une victoire contre Bastia (2-0), il laisse aux supporters qui l’ont connu le souvenir d’années sportivement moyennes voire médiocres, exception faite des époques Arribas et Halilhodzic, et malgré tout une indécrottable nostalgie, relative à une époque où le foot à Lille était d’un autre monde.
À proximité de la Citadelle de Lille, achevée par Vauban en 1670, se sont édifiés deux stades au cours du XXe siècle, qui n’ont pu être construits qu’à mesure que la législation relative à ce site militaire s’est assouplie afin d’y permettre des activités plus civilisées.
Depuis sa création en 1944, le LOSC jouait dans le stade Henri Jooris, inauguré en 1902 (anciennement stade de l’avenue de Dunkerque, puis stade Victor-Boucquey, et finalement baptisé ainsi en 1943, du nom d’un ancien président de l’Olympique lillois, club résident du stade). Notons toutefois que jusqu’en 1949, il arrive au LOSC de « recevoir » au stade Jules Lemaire, à Mons-en-Baroeul (notamment durant les travaux de réfection consécutifs à la chute d’un toit, sur lequel étaient assis de nombreux spectateurs, lors d’un Lille-Lens en 1946 : 53 blessés) : ce stade est l’ancien stade du SC Fives, un des deux ancêtres du LOSC. Situé face à la Citadelle, au niveau de l’île des Bois Blancs, au croisement du tracé de la vieille Deûle et du chenal du port fluvial, le LOSC y a été couronné deux fois champion de France, en 1946 puis en 1954. Condamné pour favoriser le navigation fluviale, le vieux stade Henri Jooris laisse sa place à un nouveau stade à deux pas de là, de l’autre côté de la Deûle, au Nord de la Citadelle.
Grimonprez-Jooris n’a, à proprement parler, pas été construit pour remplacer Henri-Jooris. Plus précisément, dès 1956, un stade municipal, du nom de Félix Grimonprez, un ancien champion de hockey sur gazon décédé durant la défense de Calais en 1940, est construit, destiné à l’athlétisme. Ce stade ne comporte qu’un millier de places assises et, outre un terrain principal, des terrains d’entraînement multisports. Alors que la décision de construire un stade à Villeneuve d’Ascq est prise au début des années 1970, et que le LOSC semble devoir y déménager en raison de la destruction programmée d’Henri-Jooris, le maire de Lille, Augustin Laurent, pris dans une querelle politique avec le maire de la commnauté urbaine, Arthur Notebart, s’oppose au déménagement du LOSC et parvient à obtenir la construction d’un stade de 25 000 places sur l’emplacement du stade Félix Grimonprez. De là vient le nom du stade : si la mairie souhaitait garder le nom initial, le club souhaitait que le nom de son ancien président soit conservé : le compromis se nommera Grimonprez-Jooris. Les sportifs habitués de l’ex-Grimonprez sont invités à se défouler ailleurs, et qu’importe si l’aménagement, précipité, ne respecte pas la législation sur les constructions au sein de sites classés. Trois des quatre tribunes sont couvertes ; le toit forme un fer à cheval tourné vers le Nord. Un « jouet en or », selon les termes du président Paul-Max Delannoy, avec de bien belles images de l’aménagement de Grimonprez-Jooris dans cette vidéo.
Initialement d’une capacité de 20 000 à 25 000 places, le stade est dans les faits limité à 15 000 spectateurs dans les années 1990 par la commission de sécurité, et ce jusqu’en 2000, où la tribune secondes est doté d’un étage, portant cette capacité à 21 000 places. Le LOSC et ses supporters quittent Grimonprez-Jooris en mai 2004, pensant y retourner deux ans plus tard, puisqu’un projet d’extension à 33 000 places, projet de la mairie, est dans un premier temps accepté par le président Seydoux. Cependant, le projet suscite des résistances de la part de deux associations défendant le Vieux-Lille et le site de la Citadelle, qui obtiennent gain de cause : il n’y aura pas de Grimonprez-Jooris II. Après quelques années de délabrement progressif, le stade est entièrement détruit à partir de mars 2010, et disparaît en avril 2011. En attendant la livraison du « grand stade », le LOSC a joué durant 8 saisons au Stadium-Nord. Aujourd’hui, une plaine de jeux et un espace vert ont remplacé Grimonprez-Jooris.
C’est dans ce stade qu’on a connu nos premiers émois footballistiques, dans un contexte pas franchement encourageant : entre découverte de l’épicurisme et saisons à chier, il reste néanmoins le stade de notre première fois. On savait aussi y rire, et trouver un peu de bonheur dans des victoires 1-0. Les anciens disent que les samedis de pleine lune, on peut voir les fantômes de ceux qui ont rendu l’endroit vivant, on entendrait aussi des chants, une voix qui crie « il faut pas lâcher, il faut se qualifier » et un vieux sorcier à l’accent bosniaque qui répète « Travail… Rigueur… Discipline« . Mais d’autres disent que ces phénomènes ne sont dus qu’à l’imagination des nostalgiques. Chacun se fera son opinion.
Et tu sais que toi aussi, tu as fréquenté ce stade si…
Tu as entendu « Living on my own » de Freddy Mercury, que la sono passait en boucle en 1993 et 1994
En approchant du stade, tu étais fasciné par la vision des projecteurs
Tu allais voir les joueurs adverses à la fin du match pour avoir des autographes, puis tu filais voir les joueurs du LOSC
Par exemple, ceci est un autographe de Japhet N’Doram, obtenu en octobre 1996
Tu as déjà croisé le chanteur Boris à la sortie du stade
Tu allais au stade en te disant que ce serait quand même formidable de réussir à mettre un but contre Le Havre, Martigues ou Sochaux
En entrant dans le stade, tu ne pouvais pas t’empêcher d’aller faire un tour en secondes, pour avoir une première image de la soirée
Tu as vu jouer ces inconnus qu’étaient à l’époque Drogba (Le Mans), Luyindula (Niort), Squilacci (Toulon), Distin (Gueugnon), Rothen (Caen), Malouda (Châteauroux)
Tu as connu les banderoles « Assad ou rien », « fan-club Djezon Boutoille » et « Pickeugool »
Tu as déjà croisé des types bizarres dans leur voiture le long de la Deûle en quittant le stade
Tu sais que le vrai Andersson a deux « s »
Tu pestais contre les corners de Boutoille qui dépassaient rarement le premier poteau
Tu as cru saluer Fernando D’Amico à la sortie du stade, alors qu’en fait c’était le frangin Patricio qui venait quand il jouait à Wasquehal
Tu as déjà vu un entraînement se finir par un tennis-ballon sur le terrain en schiste
Tu étais dans le Virage Est et tu te disais qu’il y avait quand-même des gens qui disaient des trucs un peu racistes à côté de toi
Tu n’aimes pas Bruno Derrien
Quand la tribune « Secondes » a été agrandie en 2000, tu n’avais jamais rien vu d’aussi impressionnant
Tu as fumé la pelouse du stade que tu avais récupérée après le match de la montée contre Valence en 1999-2000
Tu as encore en mémoire Anne-Sophie Roquette, avant un match contre Sochaux en 1991, criant « J’espère qu’il y aura des buts en quantité ! En notre faveur bien entendu ! », pour perdre finalement 1-0
Tu as vu Cannes, Toulon, Amiens gagner chez toi
Tu appelais le secrétariat au 20 12 82 92 pour connaître les horaires d’entraînement
Quand tu ne pouvais pas te déplacer au stade, tu écoutais Olivier Hamoir ou Jean-Pierre Mortagne sur Fréquence Nord.
Tu étais le plus heureux du monde après avoir perdu 0-1 contre Parme
Tu n’as jamais compris comment fonctionnait le vieux panneau d’affichage du stade avec ses points rouges et verts
Sans le savoir, tu as vu le premier match en D1 d’Alain Durand, avant qu’il ne revienne t’assassiner plusieurs années plus tard en marquant un but décisif avec le Red Star
Tu connais ces grands buteurs de D2 que sont Réginald Ray, Samuel Michel, Guilherme Mauricio, Robert Malm et Samuel Lobé
Tu as déjà assisté à des entraînements tout seul, dans le froid de l’hiver
Tu as vu l’incroyable progression de mecs comme Bakari, Cygan et Wimbée
T’as peut-être pris un but d’Ewerthon de Dortmund, mais t’as gardé tes cages inviolées contre Dortmund d’Everton
à partir de 1999, tu te levais à la 90e minute pour mieux voir le but vainqueur de la 93e.
Tu achetais les photos des joueurs pour la modique somme de 100 francs au secrétariat au pied du stade
Tu te rappelles parfaitement le 24 septembre 2000 : non pas parce que le quinquennat a été adopté par référendum, mais parce que Lille a battu Lens 2-1 grâce à deux buts dans les 5 dernières minutes.
Tu allais voir tes potes à la mi-temps dans d’autres tribunes. Tu n’oubliais pas de prendre le petit carton vert pour revenir dans la tienne.
Tu te remémores les déboulés côté droit d’Eric Assadourian, d’Arnaud Duncker et de Frédérik Viseux.
T’aimais bien quand Momo Camara bourrinait de 30 mètres. Parfois, ça rentrait.
À l’époque où il n’y avait pas de smartphone, tu attendais impatiemment qu’Anne-Sophie annonce les résultats des autres matches, et tu applaudissais quand Lens perdait.
Au début, tu ne savais pas distinguer Olivier Pickeu de Jean-Louis Valois
Quand tu venais aux entraînements, tu attendais les joueurs en visitant le stade, qui était toujours ouvert. Parfois même, tu garais ta voiture avec celle des joueurs, quand personne ne surveillait.
Tu traitais les présidentielles qui ne faisaient la ola qu’à partir du troisième tour
Les soirs d’envahissement de terrain, tu te rendais compte que le terrain était sacrément pentu dans le sens de la largeur
Avant qu’ils ne signent au LOSC, tu as vu Ecker, Bakari, Pickeu, Brunel et Frau marquer contre nous, chez nous.
Grâce à Grégory Wimbée, tu sais comment arrêter deux fois le même pénalty.
Tu as vu Matt Moussilou inscrire le dernier but de l’histoire du stade.
Tu as attendu un grand stade pendant 20 ans, et désormais tu te remémores l’ancien avec nostalgie.
Posté le 4 mai 2016 - par dbclosc
Les résultats du LOSC selon la période du championnat (2005-2015)
Oui, je sais, mon titre est moisi, mais la question n’est pas là. Si tu suis attentivement ton équipe favorite (ce dont je ne doute pas un instant), tu auras remarqué que le LOSC n’effectue pas les mêmes performances selon la période du championnat.
En fait, l’explication est relativement connue : cela est notamment due à la stratégie de Rudi Garcia qui effectuait une préparation physique renforcée. Les débuts étaient difficiles, mais le but était d’être au top physiquement en fin de saison.
Le magnifique graphique ci-dessus le montre bien : entre 2005 et 2015, Lille part faiblement et monte progressivement et continuellement jusqu’à la trêve hivernale. On remarque au passage que cela est également assez vrai cette saison. Selon les mauvaises langues, c’est la conséquence d’un effet « Hervé Renard » : je suis assez d’accord avec les mauvaises langues.
Par contre, on observe une chute à la reprise hivernale, une amélioration le mois suivant, un nouveau déclin ensuite pour enfin bien finir les saisons.
Plus rigolo, et ceci est vraisemblablement dû au hasard (et non au Eden) plus qu’à autre chose, lorsque l’on fait le détail journée par journée, on observe qu’il y a parfois d’importantes différences d’une journée à l’autre.
Si je dis que c’est la conséquence du hasard, c’est que je ne vois franchement aucune explication plausible – sauf peut-être le complot contre le LOSC – pour rendre compte du fait que le LOSC est lamentable lors des 26èmes journées (2 victoires seulement pour 4 défaites, 1 point/match) et irrésistible lors des 28èmes journées (8 victoires et deux nuls, 2,6 points par match).
Oui, c’est vrai, cette saison nos Dogues ont été un peu moins irrésistibles lors de la 28ème journée et ce déplacement à Montpellier. Mais la question n’est pas là, c’est comme pour mon titre.
Tu noteras au passage l’effet très classe des graphiques sur fond noir.
Ah, pendant que j’y suis. Tu seras peut-être intéressé de savoir les perfs du LOSC sur les 2 dernières journées de championnat : pas terribles lors des 37èmes journées (1,4 pt/match), nos Dogues finissent très bien leurs championnat (1,9 pt/match) pour une moyenne de 3,3 points pris sur les deux dernières journées.