Archiver pour juin 2016
Posté le 30 juin 2016 - par dbclosc
Patrice Sauvaget, le goleador des matches qui comptent pour du beurre
Alors qu’il devenait sélectionneur de l’équipe de France, Jacques Santini se faisait interroger sur son style défensif, ce qu’il réfutait. En substance, Jacquot affirmait qu’il avait cette réputation depuis son passage à Lille et que ce style de jeu tenait aux qualités de l’effectif lillois. Et il avait ajouté un truc très proche du genre : « Forcément, avec Sauvaget, j’allais pas avoir une attaque de fou ». Bel hommage tout en finesse de Santini à celui qui avait participé à la mutinerie de solidarité envers lui lors d’un fameux match à Sedan en 1992.
Il est cependant vrai que rares sont ceux qui gardent de Patrice Sauvaget le souvenir d’un goleador. Et encore, ceux qui ont un tel souvenir le confondent avec un autre. En trois saisons au LOSC, Patrice est en effet titulaire au sein de l’attaque lilloise, mais ne score que 10 fois en 88 matches de D1 plus une fois en 6 matches de coupe de France. Et tout ça avec un record de 4 buts en une saison.
Et bien rendons à Patrice ce qui appartient à Patrice et complétons ce portait a priori moyennement flatteur en présentant une autre facette de lui : peu prolifique en D1 et en coupe de France, Patrice était en revanche un redoutable goléador lors des matches qui comptait pour du beurre (façon de parler, je parle des matches non officiels, et aucun beurre n’était en jeu).
Au cours d’une récente crise de geekation, je me suis mis en tête de recenser les matches amicaux du LOSC lors de ses préparations estivales des années 1990. Bref, je ne sais pas si Sauvaget a été efficace lors des matches amicaux de l’été 1989, mais je peux t’assurer qu’ensuite ça a été quelque chose.
Sauvaget, le goleador pour du beurre, Acte 1
La saison 1989-1990 s’achève, difficile pour le LOSC. Devant, Vandenbergh a fait une saison pourrie, Mobati est parti avant la fin des matches aller, ce qui a fait de Patrice le meilleur des attaaquants du LOSC cette saison-là. Mais un meilleur qui n’a quand-même marqué que 4 buts (dont 1 en coupe).
Il y a une erreur de flocage : il ne s’agit pas de Rolland, mais bien de Patrice. Ici, sous le maillot angevin
Mais comme Patrice est un garçon charmant, il nous fait espérer une belle saison lors de la préparation estivale. Il marque d’abord contre Lens pour le premier match (1-0), puis encore lors du second contre Dunkerque (1-1), avant de provoquer le pénalty transformé par Périlleux contre Rouen (2-0).
Pour terminer, il offre une passe décisive à H.Nielsen lors du quatrième et dernier match amical contre Waregem (5-1). Ca s’annonce bien.
Sauvaget, le goleador pour du beurre, Acte 2
La saison 1990-1991 a été très satisfaisante pour le LOSC, 6ème du championnat, mais un peu moins pour Patrice, auteur de seulement 4 buts en D1.
Il ne marque pas contre Toulon (1-2) mais marque le seul but lillois contre Beauvais (1-1). Mais on a encore rien vu : il inscrit un doublé contre Lens (3-0) puis un autre contre le Cercle Bruges (3-0), portant son total à 5 buts en préparation, ne laissant que des miettes à Frandsen (2 buts) et Brisson (1 but).
Sauvaget, le goleador pour du beurre, Acte 3
La saison 1991-1992 se termine pour le LOSC, et Patrice est pointé du doigt : il n’a marqué que trois buts en championnat. Enfin, la saison n’est pas tout à fait terminée, puisqu’il y a encore la coupe de la Ligue ancienne version à jouer et qu’elle est quand-même officielle quoi que nettement moins valorisée.
Patrice joue le premier match, à Lens et que fait-il à ton avis : comme lors des deux précédents matches amicaux contre le voisin honni, il plante marque, et un doublé, comme la fois précédente. Et encore se fait-il refusé un troisième but. Juste pour ça (5 buts en 3 derbys!), Patrice mérite sa médaille de dogue éternel, même s’il n’a pas marqué lors de son seul derby joué en D1. Il marquera un troisième but dans la compétition, contre St-Quentin (défaite 5-3), terminant meilleur buteur du club en coupe de la Ligue.
Seulement 3 buts en championnat en 1991-1992. Mais 5 autres en amical et 3 en coupe de la Ligue.
Patrice Sauvaget, le goleador pour du beurre, Acte final
La préparation de la saison 1992-1993 commence. Patrice est à l’entraînement à la reprise, mais clairement, on veut se débarasser de lui. Mota est arrivé, mais Patrice ne veut pas en rester là. Contre l’USVA (3-0), il marque encore une fois. Son dernier but avec le LOSC.
Le LOSC veut engager le Cannois José Bray. Ils s’arrangent avec les dirigeants azuréens et échangent Bray contre Sauvaget.
Patrice s’en va après avoir marqué au moins 22 buts avec le LOSC. Au moins, parce qu’on n’a pas compté ceux de l’été 1989.
Posté le 29 juin 2016 - par dbclosc
Adieu Gérard Bourbotte
Gérard Bourbotte est décédé samedi 25 juin 2016 à l’âge de 82 ans. Ancien joueur du LOSC, il a participé à la glorieuse époque de l’après-guerre, avant de connaître des moments plus difficiles, ne pouvant éviter la descente de 1956. Resté fidèle au club, il contribue à la remontée de 1957 et, après quelques piges à Strasbourg, au Red Star puis au Stade Français, il revient dans le Nord en 1963 et dispute encore 5 saisons à Lille, dont quelques mois comme entraîneur-adjoint.
Bully plutôt que le LOSC
Comme de nombreux attaquants de cette époque, Gérard Bourbotte est un petit gars du coin, né le 7 février 1934 à La Bassée. Enfant, il y joue ses premiers matches jusqu’à l’âge de 17 ans, au moment où le LOSC souhaite l’intégrer comme stagiaire : « mon père était boucher-charcutier, et quand il a su ce qu’on m’offrait, il a dit : ‘ça ne va pas ! Soit tu n’es pas fait pour devenir footballeur pro et alors ce salaire est beaucoup trop élevé, soit tu peux effectivement faire carrière dans le foot mais dans ce cas il est nettement insuffisant !’ ». Gérard suit alors les conseils de son père et s’engage à l’ES Bully. Un an plus tard, le LOSC revient à la charge, en lui proposant une somme plus importante qui, cette fois, convainc le père de donner le feu vert à son fils. Nous sommes en 1952, époque où l’ossature bâtie depuis 1944 se défait peu à peu : lors de cet intersaison, partent notamment Jean Lechantre (Roubaix) et Jean-Marie Prévost (Malo-Rosendael). Ne restent des années 1940 que Jean Baratte, Albert Dubreucq et Marceau Somerlinck. Gérard Bourbotte, au même titre que Roland Clauws et Jean Van Gool, symbolise le renouveau du LOSC.
Remplaçant mais encourageant pendant 2 saisons
Au cours de sa première saison (1952/1953), Bourbotte trouve progressivement ses marques au sein de l’attaque : « je me suis intégré très vite dans l’équipe, je dirais même que je n’ai pas trouvé trop de différences, à part la longueur des déplacements, entre Bully et Lille. Je n’étais pas titulaire, mais comme il y avait presque toujours un blessé et que j’étais assez polyvalent, je jouais à peu près tous les matches ». Bon, pas exactement : 17 matches, soit exactement la moitié, ce qui n’est tout de même pas mal pour un petit jeune fraîchement arrivé de Bully, devant s’intégrer à une équipe dont la ligne d’attaque est formée par Baratte, Strappe et Vincent. À une époque où les remplacements ne sont pas encore autorisés en cours de match, prendre part à 17 rencontres est en effet le signe d’une rotation importante de l’effectif. Surtout, Bourbotte inscrit déjà 8 buts dès sa première saison. Le LOSC y fait jeu égal avec Reims durant la moitié de la saison, mais finit finalement 4e. Il remporte la coupe de France face à Nice, mais Bourbotte ne prend pas part au match (l’attaque est composée de Jensen, Strappe, Baratte, Vincent et Lefèvre)
La deuxième saison est du même tonneau au niveau individuel, quoiqu’un peu en-deçà des espoirs suscités par sa première saison : 14 matches et 3 buts. En revanche, sur un plan collectif, le LOSC enlève cette année-là le titre de champion de France, même si ses compères en attaque n’ont pas été très prolifiques non plus (le meilleur buteur, Strappe, n’inscrit « que » 11 buts, et le LOSC en inscrit au total 49, pendant que l’avant-dernier, Le Havre, en marque 54). Le point fort de Lille est bien sa défense, qui n’encaisse que 22 buts encaissés en 34 matches, soit une moyenne de 0,65 but encaissé par match, record qui n’est battu qu’en 1994 par le PSG.
Déclin collectif et explosion individuelle
Finalement, la trajectoire sportive de Gérard Bourbotte est inversement proportionnelle à celle du LOSC : jusque là remplaçant et buteur occasionnel derrière les « grands anciens », il entame la saison 1954/1955 comme titulaire aux côtés de Douis, Vincent, Strappe et Lefèvre, et inscrit 10 buts en championnat, un championnat terminé péniblement puisque le LOSC ne se maintient que grâce à des barrages remportés contre Rennes (1-0 ; 6-1). Ajoutons à cette dizaine 4 buts inscrits en Coupe de France, dont deux inscrits en finale contre Bordeaux, 6e du championnat, alors que Lille venait de perdre chez lui en championnat contre le relégable troyen. Le club remporte donc sa deuxième coupe de France grâce une superbe prestation (5-2), après avoir sorti le champion Reims en 1/8 (1-0), Toulouse en 1/4 (1-0), et Strasbourg en 1/2 (4-0). Les buts de la finale sont à revivre dans cette vidéo :
Les vainqueurs de la coupe de France 1955 sur la pelouse du stade Jules-Lemaire de Fives.
Debout : Henno (président), Ruminski, Pazur, Clauws, Lemaître, Bieganski, Somerlinck, Van Gool
Assis : Bourbotte, Douis, Vincent, Strappe, Lefèvre, Lenglet, Cheuva (entraîneur)
Finalement, le couperet tombe la saison suivante : si Bourbotte réitère sa performance en 1955/1956 (10 buts en championnat, 1 en coupe de France), le LOSC est finalement relégué après des barrages perdus contre Valenciennes (0-1 ; 1-0 ; 0-4). Le LOSC n’est plus la place forte du football français et se retrouve face à une situation inédite : jouer en Division 2.
L’attaque de la saison 1956/1957 est formée par Bourbotte, Devlaminck, Walzack et Bourgeois. Gérard inscrit 21 buts en championnat, et neuf en coupe de France. La troisième place arrachée en championnat permet de jouer un barrage contre Rennes, que les Lillois remportent après une « belle » (0-2 ; 3-1 ; 2-1). Le LOSC retrouve provisoirement l’élite en 1957. Mais l’entraîneur André Cheuva jette son dévolu sur un jeune attaquant de Rouen : François Heutte. Durant la première partie de cette saison 1957/1958, Bourbotte ne dispute que 7 matches et ne marque qu’un seul but.
8 juin 1957 au Parc des Princes, Lille bat Rennes 3-1 en barrages retour pour l’accession en D1.
Debout : Novotarski, Pazur, Van Gool, Delepaut, Sommerlynck, Biéganski
Assis : Douis, Bourbotte, Devlaminck, Strappe, Walzack
Intermède infidèle
Il préfère partir en cours de saison en deuxième Division, à Strasbourg, qu’il contribue largement à faire monter en D1 grâce à ses 14 buts en 12 matches. Il ne vit donc que de loin la nouvelle descente du LOSC en 1959, et les quelques années insipides sans monter qui suivent. Il reste un an et demi en Alsace (29 matches et 13 buts en 1958/1959), puis s’installe à Paris : d’abord au Red Star, durant une saison de D2 (30 matches et 17 buts), puis au Stade Français, de nouveau en D1 (90 matches et 28 buts). Nous sommes alors en 1963. Le LOSC est en D2 depuis 4 ans. Le nouvel entraîneur arrivé de Bruges, Jules Bigot cherche un joueur expérimenté « pour mettre le pied sur le ballon ». Il pense à un ancien du club : Gérard Bourbotte ; seulement, celui-ci est convoité par de nombreux clubs de D1, notamment Rennes, Nice et Le Havre. Le contrat qu’offre le LOSC étant plus juteux, Bourbotte revient dans le Nord.
Au milieu de terrain… et au centre des conflits
Le LOSC remonte immédiatement et décroche le titre de champion de D2, après une victoire contre le Red Star le 27 mai 1964. Reconverti milieu de terrain, Bourbotte signe là une dernière saison assez prolifique (10 buts). Suivent alors deux saisons relativement tranquilles en D1 (même s’il faut se maintenir via les barrages en 1966). Plus ou moins officieusement, Bourbotte devient progressivement l’adjoint de Jules Bigot. En revanche, en coulisses, la saison 1965/1966 révèle de fortes tensions internes : le président Jules Denis laisse sa place à Robert Barbieux, qui n’apprécie guère Jules Bigot, et lui annonce que son salaire est divisé par deux. L’entraîneur refuse, et Barbieux annonce que le club changera d’entraîneur dès la fin de saison. Cependant, Barbieux n’abandonne pas son idée de réduire le salaire de Bigot. Un accord est finalement trouvé, mais Barbieux invoque ensuite les difficultés sportives de l’équipe, relégable au soir de la 28 journée, et éliminée de la coupe par Cherbourg (D2) : « vous n’avez plus la confiance de tous vos joueurs ». L’entraîneur répond : « Vous savez, je dispose de 15 joueurs et chaque semaine, je n’ai pas la confiance des 4 que j’enlève de l’équipe. Je la retrouve éventuellement la semaine suivante si je les réintègre en tant que titulaire ». Bien répondu, mais Bigot est viré. Bourbotte est pressenti pour lui succéder ; mais il prend fait et cause pour Bigot, estimant que son limogeage est injuste. Bourbotte est donc aussi viré de son poste d’adjoint. Lors des deux saisons suivantes, il ne joue que 7 matches pour 2 buts marqués, et sa carrière s’achève sur une descente du LOSC, un an avant que le club ne renonce au professionnalisme.
Reconversion… mais toujours proche du LOSC
La fin de l’aventure sportive avec le LOSC a marqué Gérard Bourbotte : « Peut-être cette décision a-t-elle changé ma carrière. Je pensais rester dans le football, elle m’a incité à aller voir ailleurs et je suis devenu représentant ». D’abord représentant chez l’Oréal (de Madrid), il passe au bout de 3 ans chez Adidas, toujours comme commercial, durant 21 ans. À sa retraite, il devient jusqu’au début des années 2000 président des Anciens du LOSC, association dont le président d’honneur était… Jules Bigot. Une cérémonie religieuse en la mémoire de Gérard Bourbotte aura lieu jeudi 30 juin à 10h30 en l’église Saint-Vaast d’Aubers.
Posté le 28 juin 2016 - par dbclosc
Le LOSC 1992-1993, la fin d’une époque
La saison 1991-1992 est terminée d’une bien étrange manière pour le LOSC. Avec leur nouvel entraîneur, Bruno Metsu, les Dogues ont pourtant des raisons d’espérer, puisqu’ils conservent la quasi-totalité du onze de l’année précédente et que quelques apports permettent d’améliorer l’effectif.
Des joueurs qui s’en vont à l’été, seuls Patrice Sauvaget et Michaël Mio Nielsen et Victor Da Silva pouvaient prétendre à une place de titulaire. Et encore, le premier nommé avait été décevant, le deuxième était-il largement concurrencé en défense et Victor Da Silva était derrière Fichaux et Fiard dans la hiérarchie. Autrement dit, il ne manque qu’un poste à combler, celui d’attaquant, plus trois ou quatre joueurs pour se substituer aux remplaçants, Antoine Cervetti et Henryk Nielsen quittant également le club.
Au poste de milieu défensif, c’est le Cannois José Bray qui arrive. La ligne offensive est complétée pour sa part par Walquir Mota, prolifique avant-centre de D2, Samba N’Diaye, un jeune prometteur prêté par Metz, et par Edgar Borgès, un milieu offensif international uruguayen en provenance du Nacional Montevideo. Et Oumar Dieng revient de son prêt de Louhans-Cuiseaux. Une forte stabilité donc, puisque presque tout le onze de la saison précédente reste (Nadon – Friis-Hansen, Buisine, Leclercq, Oleksiak, Rollain – Fichaux, Fiard, Frandsen – Assadourian, Brisson). Mais la stabilité ne suffit pas toujours …
Une équipe a priori plus offensive. Et pourtant …
L’équipe préparée par Bruno Metsu est a priori plus offensive que celle de l’année dernière. Alors que le LOSC avait l’habitude de jouer avec sept éléments défensifs (cinq défenseurs et deux milieux défensifs) et trois offensifs, Metsu prépare un système avec un joueur offensif de plus. En gros, l’équipe débute en 4-2-2-2, c’est-à-dire avec Nadon dans les buts, une défense où quatre joueurs sont piochés parmi Rollain, Tihy, Oleksiak, Buisine et Friis-Hansen, deux milieux défensifs choisis entre Fiard, Bray et Friis-Hansen le polyvalent, Frandsen milieu offensif, accompagné de Borgès ou d’Assadourian, et un duo d’attaque N’Diaye-Mota. Et sur le banc, il y a Leclercq, Fichaux et Brisson.
Sur le papier, plus de joueurs offensifs et un peu de réserve. Le LOSC a d’ailleurs fait sa campagne publicitaire sur le spectacle qui sera offert aux supporters, avec une audacieuse campagne « Show devant » mettant en avant le duo offensif sud-américain Mota-Borgès. On attend pour voir.
Lille débute par trois déplacements (défaites à Strasbourg, 2-0, à Montpellier, 3-0, et victoire à Valenciennes 1-0) et un match à Grimonprez, gagné 1-0 contre Caen lors des quatre premières journées. Deux victoires, deux nuls en jouant plus à l’extérieur, cela convient. Trois matches nuls plus tard, contre Paris (0-0), à Toulouse (0-0) et contre Metz (1-1), un constat s’impose cependant : le système offensif annoncé ne fonctionne pas. Pas d’inquiétude outre-mesure pourtant, puisque le LOSC est 11ème avec la 5ème défense et seulement deux matches perdus.
Borges face à Déhu. En challenge Emile-Olivier, ça avait fait 6-0 contre Lens. Là, en championnat, ça a fait 0-0.
C’est pourtant une solidité défensive en trompe-l’œil et on va vite s’en rendre compte. Oleksiak et Buisine sont en-dessous. Lors des 9 matches suivants, le LOSC ne gagne qu’une fois (contre Toulon 1-0), fait deux nuls et s’incline six fois (dont des échecs retentissants, à Nantes, 4-0, et à Monaco, 3-0). Sur la période, le LOSC marque toujours aussi peu (2 fois) et encaisse désormais beaucoup (14 buts).
Une amélioration sensible (c’était pas dur de faire mieux en même temps …)
L’équipe connaît alors une évolition sensible. Nouma arrive pour pallier l’inefficacité offensive, Fiard perd sa place au profit de Fichaux, comme Buisine puis bientôt Oleksiak au bénéfice de Leclercq et Dieng. L’amélioration semble arriver vite, même si cela rapporte peu de points dans l’escarcelle. Un nul à Saint-Etienne (0-0), un autre contre Nîmes (2-2), puis une défaite à Caen (4-3). Seulement deux points en trois matches, mais autant de buts marqués que depuis le début de saison avec un Pascal Nouma qui semble alors un vrai plus. Comme quoi, les jeunes, ça ne fait pas que foutre le bordel. Assadourian s’impose définitivement au détriment de Borgès. Le onze lillois ressemble désormais à ça : Nadon – Rollain, Leclercq, Dieng, Tihy – Fichaux, Bray, Frandsen – Assadourian, N’Diaye, Nouma, avec en plus Friis-Hansen qui joue presque toujours, soit en défense soit milieu défensif.
L’amélioration ne semble pourtant rapidement qu’être un feu de paille après un nul contre Montpellier (0-0), une défaite contre Valenciennes (1-2), une lourde défaite à Paris (3-0) puis deux autres nuls contre Toulouse (2-2) et à Metz (0-0) avec, toute de même, une belle victoire contre l’OM (2-0). Après 25 journées, le LOSC est 18ème avec toujours la moins bonne attaque même si celle-ci s’est considérablement améliorée.
Henryk Kasperszak arrive en remplacement de Bruno Metsu et les choses s’améliorent. Lille enchaîne alors avec sa meilleure période, ponctuée de 3 victoires, 3 nuls et une seule défaite, 8 buts marqués et 5 encaissés, avec de belles performances contre Auxerre (1-0), à Lyon (3-1) et contre Monaco (1-1). Le jeu n’a encore rien d’extraordinaire, mais, au moins, certains joueurs s’affirment comme les jeunes Leclercq et N’Diaye (20 ans). Les Lillois sont maintenant 16èmes avec 4 points d’avance sur Le Havre, 18ème et semble avoir fait le plus dur dans l’optique du maintien.
De quoi se lâcher et s’autoriser une fin de saison pourrie, ponctuée de trois bons vieux 0-0, de défaites à Bordeaux (3-0) et Marseille (4-1) et d’une dernière lors de l’ultime journée, contre Strasbourg (2-3) après avoir mené 2-0.
La fin d’une époque
Cette saison marque la fin d’une époque. Fin d’époque, parce que des joueurs comme Brisson, et surtout comme Fiard et Buisine semblent au bout de leurs carrières. Fin d’une époque débutée en 1978-1979 au cours de laquelle le LOSC a semblé être l’éternelle équipe de milieu de tableau, capable au mieux de croire en l’Europe à défaut de l’atteindre, pour entrer désormais dans l’ère de la lutte pour le maintien. Fin d’une époque, aussi, parce que le LOSC voit arriver progressivement le passage à une autre stratégie dirigeante avec l’importance croissante de Bernard Lecomte.
Une nouvelle époque, un peu douloureuse parfois, mais qui est avant tout une transition vers « l’ère Vahid ». Sans doute cela valait-il le coup.
Quel bilan ? (note que cette phrase est grammaticalement incorrecte)
Le LOSC se sauve lors de l’avant-dernière journée et termine à la 17ème place. Offensivement, le bilan est famélique, avec 26 buts inscrits. Dans ce secteur, beaucoup est à reconstruire, puisque Nouma et N’Diaye s’en vont suite à leurs prêts, que Brisson s’en va également et parce que Borgès et Mota n’ont pas montré autant qu’on attendait d’eux. Beaucoup est donc à reconstruire dans ce secteur, mais pas tout, notamment parce qu’Éric Assadourian s’affirme enfin comme un maillon incontournable. Seulement 1 but et 1 passe décisive après 20 journées pour lui, mais ensuite 5 autres buts et 2 passes décisives, faisant de lui la satisfaction offensive de la saison, Frandsen confirmant pour sa part davantage qu’il ne se révèle.
Défensivement, le LOSC peut nourrir aussi quelques satisfactions. Fabien Leclercq semble ainsi avoir passé un cap et Oumar Dieng vient de finir sa première saison comme titulaire. Et dans les buts, Nadon confirme. Le chantier de l’effectif n’apparaît alors pas insurmontable.
En défense, Lille fait une bonne affaire à l’intersaison 1993 en enrôlant Thierry Bonalair, quand Tihy et Oleksiak s’en vont. Au milieu, Fiard n’est pas remplacé, mais Bray et Fichaux restent et Friis-Hansen s’imposera à leur poste. Devant, la transformation est plus radicale : Kennet Andersson arrive au poste d’avant-centre, tandis que Clément Garcia et Jean-Jacques Etamé signent également et que le jeune Sibierski semble pouvoir jouer un rôle d’alternative crédible. Ces quatre-là se disputeront les quatre places offensives à pourvoir dans le schéma pensé par Pierre Mankowski avec Frandsen et Assad.
Roger Boli, l’ancien Dogue qui s’enfuie balle au pied, poursuivi par l’Auxerrois Bonalair qui arrive en 1993. Comme un symbole. Symbole de quoi ? Je n’sais pas
Ce recrutement était quantitativement réduit, mais qualitativement nettement plus réussi que celui de la saison précédente.
Pour découvrir nos bilans des autres saisons, vous pouvez suivre ces liens :
1993/1994 : Quand les supporters redécouvraient le spectacle (mais gardaient la défaite)
1994/1995 : Le laborieux 1-0 triomphant
1995-1996 : Le maintien et c’est tout
1996-1997 : Lille, une sacrée descente
1997-1998 : À la place du con, saison 1/2
1998-1999 : À la place du con, saison 2/2
Posté le 25 juin 2016 - par dbclosc
Le LOSC et la coupe de la Ligue : 18 ans de galère (1994-2012)
En 1994/1995, la coupe de la Ligue version contemporaine connaît sa première édition et Lille débute par une défaite sur le terrain du Havre. Au cours de la saison suivante, le LOSC connaît son premier match à domicile dans la compétition et sa première victoire par la même occasion, contre Caen, et largement (4-1). Une victoire dans cette compétition, il aurait fallu en profiter, car on ne le sait pas encore, cela allait être chose rare, en tout cas jusqu’à une période récente.
Alors certes, vu qu’on vient d’atteindre la finale de l’édition 2016, ça peut paraître a priori étonnant. Et pourtant, le LOSC a connu d’étonnantes galères dans cette compétition.
1995-2002 : six ans et huit matches sans victoire dans le temps réglementaire
Si en 1995/1996 Lille bat donc largement Caen, le LOSC enchaînera ensuite huit matches sans victoire dans le temps réglementaire en coupe de la Ligue. Certes, Lille se qualifie une fois aux tirs aux buts (contre Caen, en 1997-1998), mais Lille reste pour autant incapable de gagner un match dans le temps réglementaire jusqu’à cette victoire à Istres (2-1) le 7 décembre 2002. Cette saison-là, le LOSC réalise d’ailleurs sa meilleure performance dans la compétition : un quart-de-finale, c’est-à-dire deux tours passés.
Il faudra ensuite attendre la saison 2012-2013 pour que le LOSC passe à nouveau deux tours, cette foi pour sa première demi-finale, perdue à Saint-Etienne aux tirs aux buts (0-0, 7 à 6), Lille ayant été dispensé des seizièmes de finale en raison de son statut d’européen.
Une amélioration certaine (2012-2016)
Depuis, le LOSC a semble-t-il pris un pli nettement plus positif dans cette compétition. En effet, si les Dogues attendent la 19ème édition pour atteindre les demi-finales de cette compétition, ils font désormais partie des équipes qui y font de beaux parcours. Certes, Lille échoue lamentablement contre Auxerre dès les seizièmes de finale en 2013-2014 (0-1 ap à domicile), mais cela reste le seul accroc notable depuis 2012.
A cette exception près, seul Paris a réussi à vaincre les Lillois en coupe de la Ligue. En 2014-2015 d’abord, quand Lille s’incline chez lui au stade des demi-finales (0-1), puis, en 2015-2016, cette fois en finale (1-2). Le contraste est donc assez saisissant.
Une disette particulièrement longue à domicile
Les difficultés lilloises dans la compétition, n’en doutons pas, tiennent pour une large part au complot sévèrement ourdi contre nos ouailles. Il n’empêche, force est de constater que ce complot s’est abattu avec une force toute particulière lors de nos matches à domicile. Après cette victoire contre Caen en 1995/1996, le LOSC a en effet dû patienter 15 longues années ( !) pour l’emporter à nouveau sur sa pelouse à l’issue du temps réglementaire.
Cette équipe est championne de France en 2011; elle gagne aussi la coupe de France; mais elle a fait encore plus fort : mettre fin à la malédiction des matches non-gagnés à domicile en coupe de la Ligue
Le LOSC se qualifie cependant à plusieurs reprises : contre Caen donc en 1997/1998, Nîmes en 2002/2003, Lyon en 2004/2005, puis Rennes en 2009/2010. Mais à chaque fois, il faut au moins les prolongations pour y parvenir.
Et, par un heureux Eden, c’est par une victoire contre Caen, encore sur le score de 4-1, que le LOSC met fin à cette série. Ce qui nous permet d’élaborer cette théorie du cercle des 4-1 contre Caen.
La théorie du cercle des 4-1 contre Caen
Cette théorie, en gros, on peut la schématiser comme ça :
L’explication de cette théorie ? Euh … aucune, c’est juste que c’était joli. Ne dis pas le contraire.
Bisous.
Posté le 22 juin 2016 - par dbclosc
L’étrange coupe de la Ligue 1992 de Monsieur LOSC
Je voudrais te parler aujourd’hui de la Coupe de la Ligue 1992, appelée alors Coupe d’été, car elle se passait pour l’essentiel, voire en totalité, comme pour l’édition 1992, au cours de l’été. Il faut quand-même que je te contextualise ça. A l’époque, la Coupe de la Ligue, ça n’a rien à voir avec celle d’aujourd’hui : ça avait beaucoup moins de valeur et c’était beaucoup plus sympa.
Cette compétition n’a pas lieu tous les ans, mais uniquement les années de compétitions internationales, afin de combler les longues trêves estivales. Premier truc marrant de cette compétition, elle changeait toujours de système : un coup elle était réservée aux clubs de D2 (comme en 1991), un autre coup elle était uniquement à élimination directe, comme en 1994. Mais, le plus souvent, cette compétition commençait par une phase de poules « régionales » (le territoire était découpé en huit ou neuf groupes) qui précédait une phase à élimination directe. Parfois, il y a eu deux phases de poules : une première, avec les clubs de D2, suivie d’une seconde avec les qualifiés de ces clubs de D2 et ceux de D1. De toute façon, la Coupe de la Ligue a tort.
La coupe de la Ligue a tort
Mais, bref, passons et concentrons-nous sur l’édition 1992.
Un bien étrange règlement
En termes de cocasseries, la première édition se suffit à elle-seule. D’abord, la compétition débute par quatorze matches aller-retour entre 28 des 36 équipes de D2. Mais, pas d’éliminés à l’issue de ces matches : ils servent juste à déterminer quelles équipes, parmi celles-ci, joueront 3 matches à domicile et 2 matches à l’extérieur (et inversement) lors de la phase de poule.
En effet, la phase de poules régionales oppose six équipes, mais pas en matches aller-retour (Avoue que ça ferait beaucoup, sachant qu’avec ce système, une équipe peut théoriquement jouer 12 matches dans cette compétition). Dans le groupe régional du Nord, le LOSC a pour opposants Lens, Dunkerque, Valenciennes, Amiens et Saint-Quentin.
Mais l’originalité ne s’arrête pas là : lors de ces matches, en cas d’égalité, les deux équipes se départagent aux tirs aux buts. Une équipe gagnante dans le temps réglementaire empoche trois points, une victoire aux tirs aux buts rapporte deux points, une défaite aux tirs aux buts, un point, et une défaite dans le temps réglementaire ne rapporte rien du tout, si ce n’est, bien sûr, la joie de voir des adversaires ravis et épanouis.
Ah oui, pour finir, toutes les équipes ne disputent pas ce premier tour régional et sont directement qualifiés en 16èmes de finale. Il s’agit des deux premiers de D1, des deux équipes qui disputent le barrage pour la montée/descente, parce qu’ils ont encore des matches à jouer. Et puis aussi Cannes, bien que ceux-ci aient terminé 19è, c’est-à-dire déjà relégués avant les barrages (Et on t’avoue qu’on ne voit pas bien pourquoi ils sont dispensés d’un tour).
Un coquet début de tournoi
Lille débute par un déplacement sur le terrain du RC Lens. De quoi se sentir lancé d’entrée de jeu dans la compétition. Lille prend la compétition au sérieux, même si Santini s’autorise quelques fantaisies par rapport à son équipe habituelle, puisque Antoine Cervetti, et surtout Christophe Avril et le jeune Farid Soudani débutent la rencontre.
Pour info, c’est Farid sous Dani
Ça commence bien, puisque Lille ouvre le score par Assadourian, sur un service de Fiard (9è) et double la mise par Sauvaget (15è). Sauvaget se fait refuser un but (35è), puis Rollain (68è) et enfin Sauvaget (81è) portent le score à 4-0. Lens réduit enfin la marque par un certain Walquir Mota (85è sur pénalty) à l’essai à Lens.
Lille continue ensuite pépèrement son chemin, avec un Farid Soudani toujours titulaire à Amiens, et unique buteur du match (85è). Je te parle bien ici du seul et unique but de Farid avec l’équipe première du LOSC. C’était un 12 mai 1992. Lille bat ensuite Dunkerque, cette fois-ci aux tirs aux buts (3 à 1), grâce à notamment deux tirs aux buts stoppés par Nadon. Le match s’était clôturé sur le score de 1-1, Jimmy Hébert ouvrant le score pour nous (contre son camp, 23è), Claude Fichaux lui rendant la pareil quelques minutes plus tard (csc, 34è) : un échange de politesse en gros.
Le LOSC assurait enfin définitivement sa qualification trois jours plus tard contre Valenciennes (2-1). Si Jean-Jacques Allais ouvrait le score (17è), Fiard (65è) puis Frandsen (81è) sur un service d’Assadourian marquaient pour donner la victoire aux Lillois. Le jeune Monteiro, tout comme encore Avril et Soudani, eut droit à une titularisation. Le LOSC assuré de sa qualification et un point est suffisant pour assurer la première place du groupe. Tout va bien pour le LOSC qui est alors la 3ème équipe la plus performante du tournoi sur l’ensemble des 48 équipes qui disputent ce tour de qualification.
Pour info, le LOSC de cette époque c’est avant tout une équipe très solide défensivement. Au cours de la saison écoulée, les Dogues n’ont encaissé que 34 buts en 38 matches, et leur plus grand désastre défensif se résume à un match nul (3-3) à Caen. A part ça, le LOSC a encaissé deux buts à 7 reprises. Bref, après les 4 matches de coupe de la Ligue, et 3 buts encaissés, le LOSC reste dans la continuité de sa rigueur défensive en championnat.
Et puis Saint-Quentin …
Le LOSC doit encore disputer un dernier match de poule à Saint-Quentin. Et ce dernier match, pour tout de dire, les Lillois s’en footent et on le constate dès qu’on voit l’équipe alignée : Lauricella titulaire dans les buts, Sauvaget en défense, Cervetti et Tihy en attaque, entres autres originalités, et puis le jeune Soarès joue d’entrée. Ply ouvre le score rapidement pour l’OSQ, mais le Pires n’est pas encore arrivé. Enfin si, mais il n’a pas encore marqué, ce qu’il fait au bout d’un quart d’heure. Et ça fait déjà 2-0.
Mais les Lillois se ressaisissent et Frandsen réduit la marque sur un service de Ben Tihy (19è). Jean-Claude Brodel creuse à nouveau l’écart sept minutes plus tard (3-1, 26è). A la reprise, Tihy, encore lui, sert Sauvaget pour le deuxième but lillois (48è), mais Ply aggrave vite la marque (50è). A un quart d’heure du terme, Santini profite d’un péno provoqué par Tihy pour faire entrer Jean-Claude Nadon comme attaquant, justement à la place de Benoît (Tihy au cas où t’aurais pas suivi). Jean-Claude en profite pour transformer le péno et pour marquer son seul but avec l’équipe lilloise. Lille est à deux doigts d’égaliser, mais c’est finalement Hariat qui assure définitivement le succès des Saint-Quentinois (90è).
Lille termine néanmoins premier de son groupe, et ils se sont bien fait plaisir sur ce match un peu n’importe quoi.
Bref, tout va bien. Mais le président Besson n’a pas bien apprécié ces libertés prises pour ce match et notamment l’entrée en jeu de Nadon devant.
Et puis Sedan …
Le 26 mai, le LOSC doit se rendre à Sedan. Sauf qu’avant de partir en bus, Jacques Santini reçoit un courrier recommandé du président Besson qui lui annonce qu’il n’est plus entraîneur du LOSC à compter du 24 mai. Santini ne partira donc pas à Sedan. La décision plaît peu aux joueurs qui devaient en principe jouer avec leur équipe-type mais qui en décident finalement autrement.
Le LOSC débute le match de Sedan sans entraîneur sur le banc, Georges Honoré, l’adjoint de Santini, ayant renoncé à se substituer à Jacquot. Les Lillois qui avaient expérimenté la fantaisie de faire jouer chacun à des rôles originaux contre Saint-Quentin décident de remettre le couvert. L’équipe qui débute le match sera la suivante :
Nadon
Sauvaget Frandsen
Avril Assadourian
Buisine Rollain
Oleksiak Fichaux
Tihy Brisson
A part Nadon et Brisson, personne ne joue à son poste de prédilection. A la mi-temps, le score est déjà de 3-0, Siegmann (7è), Auniac (33è sp) et Lecoq (41è) ayant marqué pour les Ardennais. A la mi-temps, Lauricella remplace Nadon, Hansen prend la place de Sauvaget, Nielsen celle de Frandsen et Fiard celle de Tihy, mais il était déjà trop tard et, après tout, vu le contexte, ils s’en footaient un peu.
Certains joueurs rigolent : on vient juste de leur annoncer les postes auxquels ils allaient jouer contre Sedan, mais ils n’ont pas encore compris que ça n’était pas une blague
Gamiette ajoute le quatrième (52è), quand les Dogues commencent un peu à se rebeller et à se créer quelques occases. Et Brisson, sur un service d’Hervé Rollain, réduisait la marque. Sauvait l’honneur pensait-on alors. Peut-être pas tout à fait. Songné ajoutait un cinquième but pour Sedan (70è). Loin d’être rassasiés, les Sedanais allaient ajouter quatre autre buts en 16 minutes par Maennel deux fois (71è, 83è), puis par Skubi (Scoobidoo !, 85è) et enfin par Gamiette (86è). 9-1, ça fait quand-même beaucoup !
Que penser de ce match ?
La Voix du Nord n’est pas tendre pour les joueurs et titre, le 28 mai 1992, « Lille : histoire d’une bavure ». Pierre Diéval tance le LOSC dans sa globalité, refusant de prendre position entre le président Besson et les joueurs dans ce conflit les opposant. Pour Diéval, c’est « le LOSC » qui « s’est moqué du public ». De la même manière, la presse sedanaise n’y va pas de main morte : L’Ardennais évoque « l’attitude lamentable des Lillois » qui « balancèrent littéralement le match (…) Les pros lillois se sont moqués du monde. Ils ont foulé au pied le respect qu’ils doivent au sport qu’ils pratiquent, au métier qu’ils exercent, au public et à leurs adversaires. L’équipe lilloise, au grand complet, n’avait strictement rien à f (passez-nous lexpression) de ce qui pouvait lui arriver. Dans la gamme « malaise », on trouve difficilement mieux . » Nous voudrions te défendre une autre interprétation.
A l’origine de cet évènement, c’est un conflit de longue date entre le président Besson et à peu près le reste du Monde et qui se ressent particulièrement douloureusement pour l’entraîneur et donc aussi pour les joueurs. Besson a, semble-t-il, appris la diplomatie en Corée du Nord (en réalité je connais peu la diplomatie de Corée du Nord, mais là je fais appelle à tes représentations spontanées sur la Corée du Nord pour véhiculer l’idée que Besson est très peu diplomate) et la réaction des joueurs, sans doute désespérée, doit au moins être lue à travers l’attitude particulièrement bizarroïde du président. Ce recommandé, juste avant ce match de coupe de la Ligue, sans le prévenir, avoue que si ça n’est pas de la provocation de brin, ça y ressemble beaucoup.
La presse, ardennaise comme nordiste, ne s’est pas cachée d’avoir vu dans le comportement des joueurs Lillois une insulte au football. En termes de communication, ça n’était certainement pas le plus adroit, mais il nous semble que cette stratégie cachait quelque chose d’assez sain. Comme le souligne Benoît Tihy, cette affaire est dommageable « pour l’image du club » mais ce sont bien « les joueurs qui [sont] en première ligne et qui [vont] tout prendre ». Pourtant, derrière les neufs buts encaissés, la démarche des joueurs était avant tout solidaire. Encore Benoît Tihy : « Les joueurs sont solidaires de leur entraîneur. On est quoi ? Des bouffons ? […] Il y a des choses qu’on ne peut pas tolérer ». La manière était-elle inadaptée ? Peut-être. Mais cette sortie de route, soyons en sûrs, elle n’aurait pas eu lieu sans la stratégie très particulière du président Besson.
Ah, oui, pour finir, c’est Montpellier qui remporte le trophée, 3 à 1, contre Angers. Six anciens ou futurs Lillois disputent cette finale, trois de chaque côté. Jean-Marie Aubry, David Guion et Philippe Levenard chez les Angevins (plus Hervé Gauthier sur le banc), Bertrand Reuzeau, Philippe Périlleux et Olivier Pickeu du côté de Montpellier. Périlleux et Pickeu inscriront même un but (chacun, hein) lors de cette finale.
Posté le 21 juin 2016 - par dbclosc
Le « gang des André » des années 1960 (Tous les buteurs s’appellent André)
Dans les années 1960, le LOSC connaît peut-être la période la plus difficile de son histoire. Club dominant de l’après-guerre, le LOSC connaît un premier coup d’arrêt à l’issue de la saison 1956-1957. Après une remontée immédiate, les Dogues finissent 6ème de première division pour descendre une deuxième fois en 1959. Cette fois-ci, la purge sera plus longue puisque le LOSC s’englue dans le ventre mou de D2 pour remonter à nouveau en 1964 !
Un nouveau départ ? On l’espère quand, pour son retour, le LOSC finit 9ème. Mais au lieu de remonter, Lille chute à nouveau pour descendre à l’issue de la saison en 1967-1968. Après une saison en D2, le LOSC abandonne le statut pro, et repart pour une saison en Championnat de France Amateur (CFA), la seule et unique saison en amateur de son histoire, avant de bien repartir pour connaître le succès qu’on lui a récemment connu.
Mais, au cours des années 1960, le LOSC c’est aussi le « gang des André », ces joueurs qui se prénomment André et qui terrorisaient les défenses adverses. Heureusement, d’ailleurs, que les André faisaient ce boulot, parce qu’il n’y avait pas grand monde à Lille pour jouer les terreurs à part eux.
Tous les buteurs s’appellent André
Beau titre, n’est-ce pas ? Alors, bien sûr, cette généralisation te paraît peut-être abusive, sachant que Sow ne s’appelait pas André, Gervinho non plus, pas davantage que Kalou. Ceci étant, pour la période 1965-1968, au moins au LOSC, c’est quand-même beaucoup moins abusif.
Sauras-tu identifier s’il y a des André sur cette photo du LOSC 1967-1968
En 1965, André Guy, sur lequel nous avons fait un papier d’excellence (Plus précisément, on a écrit un papier à propos de sa carrière lilloise, mais on ne l’a pas écrit en étant sur lui), rejoignait le LOSC et un autre André, Houen. En fait, ça fait deux André en plus, car André Houen n’a jamais joué en équipe première jusqu’alors. André Guy restera deux ans après avoir marqué de nombreux buts, quand André Houen restera jusqu’à perte du statut pro en 1969.
Deux ans plus tard, deux autres André, tous les deux attaquants, Perrin et Breuval, viennent compléter l’effectif.
55 % des buts marqués par des André
Au cours de la période 1965-1968, les Dogues inscrivent 133 buts en première division. Sur ceux-ci, 72, soit 55 %, sont marqués par des André.
Je sais, tu vas me dire que 42 d’entre eux sont marqués par le seul André Guy. Oui, mais il n’empêche que cela en fait encore 30 marqués par les trois autres, soit encore bien davantage que les Claude, auteurs de 17 buts.
D’ailleurs, comme tu le vois, trois des six meilleurs buteurs de la période, dont les deux meilleurs, s’appellent André.
Enfin, si tu doutais encore que la forte proportion de buts marqués par les André ne s’explique pas que par le seul André Guy (ce qui commencerait à être un peu abusé de ta part), tu constateras que la proportion de buts marqués par les André est encore très forte après le départ de Guy (qui s’appelle André aussi, hein, oui, je sais, c’est chaud à suivre) : 51 % en 1967-1968, contre 51 % en 1965-1966, 60 % en 1966-1967. Toute dernière chose : les André marquent alors 0,34 but/match joué contre 0,06 aux autres prénoms.
Bisous.
Posté le 19 juin 2016 - par dbclosc
La génération du LOSC née en 1963-1964 (Partie 2) : que sont-ils devenus après le LOSC ?
Deuxième et dernière partie de notre feuilleton à succès sur les jeunes joueurs du LOSC nés en 1963 et 1964 et sur leurs parcours. Tu remarqueras que ces jeunes sont aujourd’hui vachement moins jeunes, mais là n’est pas la question. Non, aujourd’hui, je vais te parler des carrières post-LOSC des douze joueurs dont on t’a parlé il y a très peu.
Ce schéma suivant récapitule les « réussites » des carrières de ces différents joueurs. L’axe horizontal représente le niveau de ces joueurs sous le maillot du LOSC. En gros, plus ils sont placés sur la droite, plus ils ont été bons et prometteurs avec notre chère équipe, plus ils sont placés à gauche, moins ils ont montré de choses avec notre maillot. L’axe vertical représente ces mêmes joueurs selon leur après carrière lilloise, plus ils sont placés haut, plus ils ont fait une belle carrière après le LOSC, plus ils sont bas, moins ils réalisé de belles performances après leur départ de chez nous.
Tu remarqueras qu’un axe rouge traverse le schéma, partant du coin en bas à gauche et allant jusqu’au coin en haut à droite. En gros, ceux qui sont au-dessus de cet axe se sont montré plus à leur avantage après leur départ que lorsqu’ils portaient le maillot des Dogues. C’est le cas de Michemiche Titeca et, surtout, de Bernard Lama ; ceux qui sont sur cet axe ont fait aussi bien au LOSC qu’après. Ce cas de figure concerne Rudi Garcia, Jean-Pierre Meudic, Éric Prissette et Philippe Périlleux. Les autres ont connu des carrières plus décevantes après leur départ, comme c’est le cas pour Thierry Froger, Luc Courson et Éric Péan, mais encore davantage pour Pascal Guion, Dominique Thomas et Pascal Plancque.
Ces joueurs dans le détail.
Pour eux, ça a progressé
Bernard Lama
C’est celui qui a joué le plus tard en équipe première, mais c’est finalement lui qui a fait la plus belle carrière. Titulaire au LOSC de 1986 à 1989, il joue ensuite à Metz (1989-1990), Brest (1990-1991), Lens (1991-1992), puis à Paris, où il connaît le sommet de sa carrière, devenant international A (44 sélections), champion de France et vainqueur de la C2 (entre autres).
Il joue ensuite brièvement à West Ham (1998) avant de revenir à Paris (jusqu’en 2000) avant d’effectuer une dernière saison à Rennes.
Michel Titeca
En 1983-1984, le petit Michel (il se dit qu’il mesure un mètre pile) se révèle. Il s’agira de son sommet lillois puisque son temps de jeu se réduit l’année suivante et qu’il part ensuite à Rouen, dans le cadre d’un échange avec Cyriaque Didaux. Il y fera l’essentiel de sa carrière puisqu’il y reste jusqu’en 1994, avec un intermède d’un an à Beauvais, pour rejoindre Wasquehal en National 2 et avec lequel il remontera, et jouera, en D2.
A Rouen, Michel Titeca (« Toi tu es chat » en français) connaît une carrière honorable. En D2, certes, mais il s’impose comme titulaire au poste de meneur dans un club qui joue chaque année la montée : il échoue d’ailleurs à trois reprises au stade des barrages. A titre individuel, la saison 1991-1992 est sa meilleure, Michel inscrivant 8 buts et réalisant 8 passes décisives, presque toutes pour Jean-Pierre Orts, un autre ancien Lillo. Il marque 32 buts en D2 et fait un paquet de passes décisives même si on ne les a pas toutes comptées.
Pour eux, ça a été dans la continuité du LOSC
Philippe Périlleux
Philippe passe sept années au LOSC, termine premier joueur de champ au classement des étoiles France Foot en 1989-1990 et devient ensuite international A’. Il part à Montpellier en 1991 où il passe quatre années, dont les trois premières comme indiscutable titulaire d’une équipe qui joue les outsiders. En 1995, Philippe revient au LOSC pour disputer une 8ème saison sous le maillot des Dogues, mais Périlleux n’a plus son (brillant) niveau d’antan. Il s’en va en 1996 pour disputer sa dernière saison pro avec Dunkerque.
Rudi Garcia
Sans jamais être titulaire indiscutable, Garcia est un élément utile de l’effectif lillois de 1983 à 1988 avec lequel il dispute 68 matches de D1. Parti à Caen, où il est enfin titulaire, Rudi passe trois années correctes en D1. Il part en 1988, pour une dernière saison pro à Martigues.
Comme Thierry Froger il se révèle avant tout comme entraîneur. Comme Thierry, il devient entraîneur du LOSC. A la différence de Thierry, il y rencontre le succès, notamment matérialisé par le doublé coupe-championnat de 2011.
Jean-Pierre Meudic
Jean-Pierre Meudic quitte le LOSC en 1987, après avoir montré des choses très intéressantes, mais sans avoir pu s’imposer. Normal, son entraîneur c’était Georges Heylens, qui lui préférait des stars confirmées. Il s’en va donc à La Roche-sur-Yon, en D2, où il passe trois saisons et marque 15 buts en D2. Il passe ensuite une dernière saison en D2, cette fois-ci à Bourges, sa ville natale, où il inscrit 11 buts, son record sur une saison.
A 27 ans, la carrière de Jean-Pierre touche visiblement à sa fin. Il passera encore deux saisons à Pau, en D3, où il sera l’indiscutable leader technique de son équipe, pour enfin terminer sa carrière à Lyon-Duchère, toujours en D3, où il arrive en 1993. Meudic symbolise bien cette génération née en 1963-1964 : du talent que tout le monde voit, mais en même temps une grande difficulté à passer un cap.
Éric Prissette
Sans jamais avoir été le meilleur de sa génération, Eric Prissette a fait une carrière honnête, restant plus de trois ans titulaire en défense, de 1985 à la fin de l’année 1988. Oublié par Jacques Santini, il s’en va en D2 au Havre en 1990. Il va alors avoir ses 26 ans. Après une année comme titulaire, il s’en va à Châteauroux où il reste deux ans. Mais il y joue très peu.
Pour eux, ça a été moins bien
Éric Péan
Il débute avec les Dogues en équipe première à 17 ans, en 1981, pour ne plus quitter le onze jusqu’à son départ plus de 6 ans plus tard. Péan n’a que 23 ans quand il quitte le LOSC, mais déjà 204 matches de D1 et 29 en coupe de France. Il joue deux ans à Bordeaux, où il termine d’abord deuxième du championnat et joue la Coupe d’Europe, mais il semble déjà un cran en-dessous lors de la seconde partie de sa première saison girondine.
En 1989, à seulement 25 ans, il entame un tour de France à Caen (1989-90), Toulon (1990-92), Lyon (1992-93), Angers (1993-1994) puis Tours (1994-1996). Très clairement, après son départ du LOSC il n’a jamais franchi le palier qui lui était promis.
Pascal Plancque
De l’ensemble des joueurs de cette génération, c’est vraisemblablement Pascal qui connaît la carrière post-LOSC la plus décevante. A Lille, il se révèle sans doute comme le plus prometteur de sa génération et il connaît le sommet de sa carrière au début de l’année 1985, lors de la double confrontation en coupe contre Bordeaux. Il a alors 21 ans. En 1987, il part pour Auxerre, un club ambitieux et il y découvre la coupe d’Europe. A son grand malheur, puisque c’est en coupe de l’UEFA qu’il se blesse gravement.
Il quitte Auxerre pour Laval en 1988, mais il ne retrouve plus jamais son niveau d’antan, ne jouant plus que les faire-valoir. Il part en 1990, à Pau en D3 : il n’a pas encore 27 ans. A Pau, Pascal est un joueur important, sans plus. En 1992-1993, il termine premier de son groupe de D3 avec les Palois et reste dans le club béarnais jusqu’en 1995. Très loin de ce que ses impressionnantes débuts avaient laissé espérer.
Dominique Thomas
Presque dix ans. C’est la période qui sépare le premier match en D1 de Dominique Thomas, avec le LOSC, de son dernier, toujours avec le LOSC. Une fidélité record, seulement entrecoupée d’une saison, 1988-1989, avec Bordeaux. Pas de bol pour Dominique, ça n’était pas le bon choix : il part pour Bordeaux pour passer un pallier dans une équipe qui joue la Coupe d’Europe tous les ans et termine 13ème du championnat quand Lille finit à la 8ème place. Quand, il revient, il est en-dessous de son niveau habituel.
Il se blesse gravement en fin de saison et ne joue plus pendant deux ans et demi, pour faire enfin 3 matches d’adieu en 1992-1993.
Pascal Guion
A l’été 1985, Pascal a 20 ans. Il vient de réaliser une saison pleine avec le LOSC en tant que quasi-titulaire, c’est-à-dire certes en concurrence avec Bernard Bureau mais par rapport auquel il s’est montré plus à son avantage, en 1984-1985. En outre, il est surtout l’auteur du but qui met Bordeaux et Lille à égalité en seizième de coupe de France, et ouvre la voie des prolongations pour une qualification historique (1-3 ; 5-1). Et puis, avec Michel Titeca, il est échangé contre Cyriaque Didaux. Direction Rouen et la D2.
Pascal ne le sait pas encore, mais cette saison 1984-1985 avec le LOSC, c’est le sommet de sa carrière. Il joue ensuite successivement à Rouen (1985-1986), Cannes (1986-1987), Beauvais (1987-1990), Reims (1990-1992), sans jamais sortir du lot. En 1992, Pascal n’a pas encore 28 ans quand il signe à Château-Thierry, en D4. Il y restera quatre ans et signera une dernière saison à Reims, alors en National 3, le cinquième échelon national.
Thierry Froger
Quand Thierry s’en va en 1986, il a 50 matches de D1 au compteur et demeure un honnête joueur de football. Il poursuit sa carrière à Grenoble, une année, puis passe quatre ans au Mans et met alors un terme à sa carrière, pas exceptionnelle, mais quand-même correcte. Mais c’est comme entraîneur que Thierry se révèle ce qui lui vaut même un titre France Foot d’entraîneur de l’année de D2 en 1996 avec Le Mans.
Il revient à 34 ans comme entraîneur des Dogues et on y croit. Mais ça se terminera mal pour Thierry, qui se fait péter la gueule (et une dent) par un supporter mécontent. Il est encore élu entraîneur de l’année de D2 en 2004 avant de se faire à nouveau molester par les supporters, cristoliens cette fois-ci, en 2015.
Luc Courson
De tous les joueurs de cette génération, Luc est le seul à n’être jamais parvenu à s’imposer, ne serait-ce que fugacement, comme un titulaire. Il quitte le LOSC avec seulement 16 matches en D1, étalés sur cinq saisons de 1983 à 1988, avec un pic à 8 matches et 323 minutes de jeu en 1984-1985. Comme un symbole de sa difficulté à passer un cap, Luc tire sur la barre en fin de match lors d’un fameux Lille-Bordeaux de coupe 1985, ratant l’occasion d’offrir la qualification aux siens.
Luc s’en va alors à Calais, en D3. Et puis plus rien en pro. Aux dernières nouvelles, il est maintenant l’entraîneur de Breteuil qui joue en DH.
La remarque très pertinente pour conclure
Ah oui, pour finir, je ne sais pas si tu as remarqué, mais les Pascal débutent vachement bien leur carrière pour ensuite avoir beaucoup de mal. Ceci est très révélateur et explique beaucoup de choses sur le déclin de l’émission « Pascal le grand frère ».
Posté le 17 juin 2016 - par dbclosc
La génération du LOSC née en 1963-1964 (partie 1) : génération dorée ou gâchée ?
Cher ami. Tu t’en souviens peut-être, je t’ai un jour parlé de la jeunesse florissante lilloise qui, lors de la saison 1983-1984, avait sauvé la mise de l’équipe première. Je voudrais ici te parler un peu plus de cette jeunesse, une génération de joueurs nés en 1963 et 1964 et couvés depuis la fin des années 1970, qui se révèle alors mais dont la trajectoire laisse a posteriori un étrange goût d’inachevé.
Si cette génération laisse cette impression, c’est parce que tous ces joueurs ont montré très jeunes de belles dispositions mais qu’ils ont également pour la plupart connu un déclin prématuré et parce que le LOSC a échoué dans son utopie de créer une équipe qui grandirait ensemble pour atteindre son sommet avec l’arrivée à maturité des joueurs.
A partir des seuls joueurs nés en 1963 et 1964, on peut réaliser un onze potentiellement très compétitif si l’on ajoute aux 10 joueurs formés au club Dominique Thomas (de l’INF Vichy) et Philippe Périlleux (de Valenciennes) qui arrivent au LOSC à 20 ans. Ça donnerait ça :
Lama
Thomas Froger
Péan Prissette
Rudi Garcia
Périlleux P. Plancque
Titeca Meudic P.Guion
Et en bonus, y’a Luc Courson.
A l’été 1983, tous ces joueurs font partie de l’effectif lillois même si Jean-Pierre Meudic part en prêt en 1983-1984. Ceci étant, parmi eux, seuls Eric Péan, devenu titulaire la saison précédente, et Pascal Plancque, qui a joué 4 matches, ont déjà joué en équipe première. A l’exception de Lama et de Meudic tous joueront en D1 cette saison-là. Si cette génération cumulait 36 titularisations en 1982-1983, ils atteignent le total de 119 la saison suivante. Et encore, on ne compte pas Sylvain Matrisciano, né en 1963 et qui est prêté au LOSC cette saison-là et qui joue deux fois.
Ces joueurs joueront pour l’essentiel deux ans et demi ensemble en équipe première, des matches retour de la saison 1983-1984 à la fin de la saison 1985-1986. Deux années et demie où ces jeunes joueurs montreront de très belles choses, permettant d’accrocher une 9ème place en 1984 alors que la saison était mal embarquée, faisant un très beau parcours en coupe l’année suivante, échouant en demi-finales, puis obtenant une honorable 10ème place en championnat l’année suivante.
On voudrait ici te rendre compte de cet énorme gâchis. Gâchis, dont le premier acte a lieu à l’été 1985.
L’énorme gâchis, Acte 1
Eté 1985. Il règne une étonnante atmosphère d’espoir à Lille. Etonnante, parce que le LOSC vient de galérer à se maintenir. Oui, mais c’était avec une équipe de jeunots, laquelle a en outre réussi un superbe parcours en coupe de France. Autant dire qu’il y a de quoi voir les choses positivement avec ces jeunes qui ont une belle marge de progression et un entraîneur, Georges Heylens, qui n’est pas dénué d’ambition.
Pourtant, en 1985, un premier « drame » va se produire. Pour engager le Rouennais Cyriaque Didaux, 24 ans, le LOSC donne aux Rouennais deux jeunes : Pascal Guion et Michel Titeca. Ce choix de l’équipe dirigeante va, à notre sens à raison, fortement déplaire à Jean Parisseaux, le formateur, qui se casse le cul depuis des années à former ces p’tits jeunes. Ce choix est d’autant plus surprenant que Cyriaque Didaux, s’il est un très honorable joueur, ne semble pas au-dessus de Pascal Guion qui vient de réaliser une très belle saison et qui a quatre ans de moins. Alors, Guion plus Titeca, ça a l’air d’une erreur stratégique, mais qui n’est finalement pas très étonnante, notamment quand on sait que Georges Heylens est plutôt peu amateur de la formation. On a d’ailleurs imaginé la manière dont cela a pu se passer entre Jacques Amyot, alors président, et Georges Heylens :
Jacques Amyot : eh, Jacques, il t’intéresse Cyriaque Didaux ?
Georges Heylens : ah ! Didaux ! Il est pas mal, hein … (en pensée : « mais qu’est-ce que je pourrais foutre de ce con ? Moi c’est Bocandé qui m’intéresse »)
JA : ah ben, chouette, parce que le président de Rouen est d’accord !
GH : Ah, c’est bien ça ! (en pensée : « mais pourquoi j’dis ça, moi ?! J’en ai rien à foutre de Didaux. Ça va pas arranger le coup pour Bocandé »)
JA : par contre, en échange, il faut lui refiler Titeca et Guion …
GH : ah ? Bon, ben, pourquoi pas … (en pensée : « remarque, c’est vrai que je m’en fiche un peu de ces deux-là. Moi, je préfère Bocandé »)
JA : ben, tope-là, alors Georges ! (Ils topent là)
GH : bon, ben c’est bien. Tu leur dis ?
JA : … hein ?
GH : Ben, tu leur dis à Titeca et Guion qu’ils vont à Rouen ?
JA : … ben …
GH : au fait, pendant que t’es là : tu connais Bocandé ?
Bref, tout ça pour dire que le LOSC perdait d’un coup deux jeunes pousses, et tout ça pour récupérer Cyriaque Didaux.
Sans Michel Titeca et Pascal Guion, mais sinon, le reste y est
L’énorme gâchis : Acte 2
Le deuxième acte de cet énorme gâchis a lieu au cours de la saison 1986-1987. Petit rappel, à l’été 1986, le LOSC compte encore la plupart de ses pépites, et Bernard Lama devient enfin le n°1. Et Nanard Lama, ça n’est pas rien. Certes, il y a des départs importants, comme ceux de Philippe Piette, « Middles » Boro Primorac, Noureddine Kourichi, Jean-Pierre Mottet et Bernard Bureau, mais ça n’est pas forcément un drame : déjà parce que Kourichi et Primorac étaient en-dessous la saison précédente, et ensuite parce que les arrivants paraissent bons. Devant, Erwin Vandenbergh, Filip Desmet et Gaston Mobati arrivent. Au milieu c’est Félix Lacuesta. Et en défense, Jean-Luc Buisine et José Pastinelli. En gros : ceux qui arrive remplace bien ceux qui partent et les jeunes vont arriver à maturité.
Pourtant, si le LOSC réussira un beau parcours en coupe (quart-de-finaliste), il échouera à faire mieux que 14ème en championnat. Du côté des jeunes, on peut trouver deux types d’échecs. D’une part, l’échec des jeunes qui, bien que talentueux, ne parviennent pas à franchir de palier supplémentaire : c’est le cas notamment de Rudi Garcia et de Jean-Pierre Meudic, qui semblent stagner. D’autre part, il y a le cas de ces jeunes confirmés qui déçoivent. Pascal Plancque en est l’exemple le plus éloquent. S’il avait été jusque-là irrégulier, il s’était aussi montré capable de très brillantes performances. Cette saison-là, avec son frère, ils sont mis en cause par la presse locale, notamment pour leur comportement jugé « violent », ce qui a nui à leurs performances, et en particulier à celles de Pascal, bien plus médiocres que ce qu’il avait montré jusqu’alors. Eric Prissette, qui avait montré de belles choses la saison précédente est aussi en-dessous.
Il demeure cependant de belles satisfactions chez ces jeunes : Lama, après des débuts timides, a montré de très belles choses ; Éric Péan s’affirme encore davantage, confirmant qu’il est l’un des très bons défenseurs du championnat ; et Périlleux prend encore un peu plus d’importance dans cette équipe lilloise.
L’énorme gâchis : Acte 3
Eté 1987. Le LOSC connaît une nouvelle saignée au sein de sa génération 1963-1964. Pascal Plancque s’en va à Auxerre, Éric Péan rejoint Bordeaux pour jouer l’Europe et Jean-Pierre Meudic s’en va à La Roche-sur-Yon, en D2, sans avoir jamais su s’imposer comme titulaire à Lille. Avec ces trois-là, les Dogues perdent indéniablement des joueurs talentueux.
Le LOSC 1987-1988, avec Garcia, Lama, Périlleux, Prissette, Thomas et Meudic
Il reste encore Lama, Thomas, Prissette, Garcia, Périlleux et Courson. Cette génération a certes été bien amputée d’une bonne partie de ses meilleurs talents, mais certains de ceux qui sont restés sont en train de franchir un cap, avec Lama, Thomas et Périlleux.
Mais cette génération s’effrite très rapidement : Garcia, Courson et Dominique Thomas s’en vont en 1988. Éric Prissette joue progressivement de moins en moins. Lama s’en va à Metz en 1989, et si Thomas revient, il est à cent-mille lieux de ce qu’il était avant son départ. En bref, Philippe Périlleux fait office de dernier des Mohicans de sa génération, encore titulaire indéboulonnable au milieu de terrain du LOSC jusqu’en 1991.
Et puis, plus rien.
Ah, si. En 1993, Dominique Thomas joue ses 3 derniers matches en pro, 33 mois après son précédent match de mai 1990, avant qu’il ne se blesse gravement.
Très bientôt, la suite : que sont devenus ces jeunes Dogues après leur départ du LOSC.
Posté le 16 juin 2016 - par dbclosc
Le scandale de la Coupe Latine 1951 (Comment on nous a volé notre trophée européen)
A partir de 1949, avait lieu chaque année la Coupe Latine, l’ancêtre de la Coupe des clubs champions, et opposait en fin de saison les champions des grands pays latins, la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal. Le LOSC participe à l’édition 1951, en remplacement de Nice qui a décliné l’invitation. En revanche, les représentants des autres pays participants sont bien les champions.
Cette édition fût l’objet d’un scandale gigantesque … mais en fait, non. Mais aujourd’hui, si on faisait la même chose, cela ferait un énorme scandale. La cause ? L’organisation du calendrier et le règlement posaient certaines questions en termes d’équité.
Première cause d’inéquité : les finalistes ayant vocation à se rencontrer le dimanche 24 juin ne jouaient pas leurs demi-finales le même jour. Si l’Atletico Madrid et le Milan AC se rencontraient le mercredi, quatre jours avant la finale, Lillois et joueurs du Sporting du Portugal jouaient le lendemain et bénéficiaient de ce fait automatiquement d’un jour de repos en moins. Et donc d’un potentiel handicap.
Un article, avant le début de la compétition, qui prédit déjà le résultat. Par contre, cette histoire de croquemitaine, je crois qu’il est un peu parano Momo Pefferkorn.
Milan, favori du tournoi organisé en Italie, cartonne son adversaire madrilène le mercredi (4-1). Le lendemain, le LOSC et le Sporting ne parviennent pas à se départager et c’est là qu’un autre point de règlement vient poser problème : en cas d’égalité, les deux équipes disputent 30 minutes de prolongation. Et, deuxième problème, si les équipes sont encore à égalité après prolongations, dix autres minutes de prolongation sont jouées. Et si les deux équipes sont encore à égalité au bout de ces 130 minutes, elles se rencontrent le lendemain en match d’appui. Et bien, c’est ce qui s’est passé, Lille et le Sporting se séparant sur le score de 1-1.
Bref, les deux équipes se retrouveront le lendemain et son vainqueur jouera donc la finale deux jours plus tard avec 220 minutes dans les jambes quand leurs adversaires n’auront joué que 90 minutes quatre jours plus tôt. Et c’est Lille qui mène 4 à 2 à l’heure de jeu qui est bien parti pour se qualifier pour la finale.
Les joueurs du Sporting du Portugal, ardents comploteurs contre le LOSC
Sauf que les Portugais réduisent le score, puis égalisent. 4-4 ! Les deux équipes doivent jouer une autre prolongation de 30 minutes ! C’est Tempowski (91è) puis Strappe (97è) (pour son cinquième but du match !) qui donnent finalement la victoire aux Dogues. Après 250 minutes de dur combat …
Presque quatre matches entiers en trois jours
Bref, si tu connais un autre exemple d’une finale aussi déséquilibrée dans les conditions physiques respectives, tu me dis. Complot ? Bien sûr, cela va sans dire, tout a été organisé par des gens hauts placés – en haut de la Tour Eiffel, en Bolivie, etc. – pour nous faire perdre et, par conséquent, pour faire gagner Milan. Et c’est ce qui se passera. Lille tient une demi-heure puis encaisse trois buts avant la mi-temps. Puis deux en deuxième. 5-0.
En 72 heures, les Lillois venaient d’enchaîner 340 minutes de jeu, soit, à 20 minutes près, quatre matches entiers. Il va sans dire que dans des conditions normales, les Dogues auraient facilement battu le Milan AC et aurait gagné son premier trophée, bien avant les excellents tournois de la CUDL et autre coupe Intertoto (sans oublier le tournoi de Martigues). Comment ça c’est pas sûr ? Tu fais aussi partie du complot, non ?
Au fait, on a quand-même un petit lot de consolation, c’est André Strappe, auteur de 5 buts, qui termine meilleur buteur de la compétition. Cinq buts en demi de coupe européenne : alors, Zlatan, c’est quand que tu nous fais ça ?
Ah oui, on oubliait. Le LOSC avait d’emblée un handicap : Jean-Marie Prévost et Jean Baratte, le meilleur buteur de l’histoire des Dogues, étaient blessés. Et, comme par hasard, Baratte a été blessé lors d’un match de l’équipe de France contre l’Italie. L’Italie, tu sais, c’est le pays du Milan AC.
Posté le 14 juin 2016 - par dbclosc
Les destins liés du LOSC et de Didier Simon (Last night, Didier saved my life)
Quand on évoque l’équipe du LOSC de la fin des années 1970, celle de José Arribas qui est remontée en première division en 1978 pour terminer 6ème de l’élite l’année suivante en proposant un football spectaculaire, on évoque le plus souvent – et nous les premiers – la partie la plus visible de l’iceberg – c’est une expression, ne cherche pas d’iceberg autour de toi – c’est-à-dire les finisseurs de l’équipe, Pierre Pleimelding, Roberto Cabral et Zarko Olarevic.
Pourtant, le succès de cette équipe doit aussi beaucoup à d’autres, humbles tâcherons qui ont contribué, en partant de plus ou moins bas sur le terrain, à cette belle réussite collective. On peut penser à Philippe Bergerôo qui gagne sa place de gardien en équipe de France sous nos couleurs, au regretté Serge Besnard, milieu et défenseur de devoir, à Alain Grumelon, le Rio Mavuba de l’époque, mais aussi à Arnaud Dos Santos, à mi-chemin entre un rôle de récupérateur et d’animateur de l’attaque.
Mais s’il ne fallait en retenir qu’un, il s’agirait de Didier Simon. Arrivé de Reims en 1976, son parcours épousera les contours de l’évolution de son club, comme si le destin de l’entité et du joueur étaient intimement liés.
Last night, Didier saved ma life
Au début de la saison 1976-1977, Didier Simon, 22 ans, joue encore au Stade de Reims dont il est le meneur de jeu. Dès la première journée, Simon et son club jouent contre le LOSC. Didier fait alors une partie d’une très grande qualité et se montre comme le meilleur bonhomme du match. Cette belle prestation a-t-elle attiré le regard des dirigeants lillois ? On ne sait pas. Toujours est-il que Didier rejoint le LOSC après quelques journées de championnat pour y rester six années.
Didier, le maillot rémois te donne un air constipé : t’es sûr que tu préfères pas porter le nôtre ?
En 1976, le LOSC reste sur une 13ème place en championnat. La performance apparaît modeste au regard de la qualité d’un effectif qui comptait alors Alain de Martigny, Ignacio Prieto, Stanislav Karasi et quatre internationaux français, Bernard Gardon, Michel Mézy, Patrick Parizon et Christian Coste, les deux premiers quittant le club – un peu forcés – à l’intersaison 1976. Le club dispose pourtant encore d’un effectif sympathique sur le papier, en tout cas suffisamment qualitatif pour espérer passer une saison tranquille voire pour espérer tutoyer les places d’honneur.
Didier y découvre une ambiance bien pourrave, laquelle est sans doute pour beaucoup dans l’explication du fait que le LOSC se retrouve déjà largué, bien au chaud à la dernière place, dès la fin des matches aller. Les cadres sont presque tous décevants, et Lille finit le championnat à la 19ème place. Didier constitue pour sa part l’une des rares satisfactions de la saison. A l’été 1977, il veut pourtant partir, un peu traumatisé par l’ambiance.
Fort heureusement, on prendra une sage décision. On dégage nos vedettes et on garde les jeunes joueurs qui ont émergé la saison précédente et qui, à défaut d’être les plus grands talents que la Terre ait portés, montrent sur le terrain une hargne qui ne sera pas inutile pour reconstruire un club dans la difficulté financière. Exit les Mézy, Karasi, Coste, Parizon et Gardon, bienvenue aux Pleimelding, Olarevic, Dos Santos et autres jeunes du club. Et José Arribas donc, en tant que coach, qui vient instiller sa philosophie du football et demande trois ans aux dirigeants pour remonter dans l’élite.
L’histoire en Didier et le LOSC est déjà commencée, mais c’est seulement maintenant qu’elle prend son essor. Il est, avec Zarko Olarevic, le leader technique de cette équipe qui assure la montée en D1 sur son terrain un soir de victoire contre Quimper. Indéniablement, Didier fait une très bonne saison, marquant 10 buts, mais offrant bien davantage que cela.
Didier + Simon = Didier Simon
En 1978, Didier retrouve donc la D1. Cette division, il la connaît bien, puisqu’il y a joué quatre ans avec Reims et une année avec le LOSC. Mais la situation n’est plus vraiment la même. C’est notamment son statut qui a changé, puisqu’il était un jeunot à Reims et que, à Lille, son aura était limitée par la concurrence des quelques stars et autres grandes gueules. Certes, au niveau sportif les ambitions de Simon ne sont pas beaucoup plus importantes puisqu’elles sont liées à celles, modestes, de son club. Mais il est maintenant un cadre au statut affirmé. Et il deviendra bientôt plus que cela.
Entre 1974 et 1977, le LOSC comptait dans ses rangs un certain nombre de joueurs dont la réputation dépassait largement le cadre du club, puisque plusieurs ont porté le maillot de l’équipe de France et que d’autres s’étaient fait une réputation pour leur talent, comme Prieto, et d’autres pour leurs frasques et leur talent (comme Karasi). En 1978, la donne est tout autre : il n’y a plus de vedettes à Lille, tout au plus quelques joueurs confirmés, comme Dos Santos, et surtout beaucoup de quasi-inconnus.
Ce LOSC de José Arribas est particulièrement tourné vers l’avant. Dès la première journée, le LOSC plante 4 buts contre le Nancy d’un certain Michel Platini (Dès qu’on parle de Michel Platini il faut que cela soit précédé par « un certain », me demande pas pourquoi c’est comme ça). Bien sûr, ils en encaissent aussi 3, mais cela leur a suffi pour gagner. Au passage, c’est Simon qui inscrit le but décisif à la 89ème minute de jeu d’un match qui apparaissait mal engagé après le but de Rubio portant le score à 3-1 pour Nancy (34è).
La suite sera du même acabit, Lille marquant beaucoup et encaissant beaucoup : victoire 5-3 contre Laval, match nul 4-4 à Metz, défaite 5-1 à St-Etienne, victoire 4-2 contre le PFC. Bref, au mois de novembre, le LOSC est confortablement installée dans le bas de la première partie du classement et quelques joueurs Lillois se font remarquer. Didier est étincelant à tel point qu’un certain Michel Platini pourrait commencer à se faire du souci. Didier, comme Pleimelding, est convoqué en équipe de France par Michel Hidalgo. Pleimelding jouera, mais pas Didier, en raison de la concurrence particulièrement forte à son poste en France à l’époque, et donc notamment celle d’un certain Michel Platini. Vu la forme hallucinante de Didier à l’époque, il n’est pourtant pas sûr qu’un certain Michel Platini soit vraiment bien au-dessus de lui à ce moment.
Après quelques défaites, les Dogues de José se sont dit qu’ils devaient peut-être mettre un peu d’eau dans leur vin et nuancent leur football-champagne (note que j’ai casé deux alcools, trois boissons, un animal et un José en une phrase d’une ligne et demie). Si leur moyenne de but en pâtit un peu, le LOSC enchaîne 10 matches sans défaite entre la 28è et la 37è journée, tout cela en n’encaissant que 8 buts, alors qu’ils s’en prenaient près de deux par match jusqu’alors. Ils terminent à une très belle 6ème place.
Comme je te le disais en introduction, le succès du LOSC cette saison-là est presque systématiquement associée à la mise en avant du trio d’attaque Pleimelding-Cabral-Olarevic. Forcément, leurs stats impressionnent : chacun 15 buts ou plus, 52 à eux trois. Didier, avec 8 buts, est loin de ces performances, mais des quatre acteurs essentiels du jeu offensif, c’est peut-être bien « Sim » – surnom que nous inventons et qui nous permet de rendre un hommage à l’acteur du même nom – qui a été le maillon le plus important.
Indice de la véracité de cette thèse : les performances lilloises ont été étroitement dépendantes du niveau de performance de Simon.
Simon-LOSC, destins liés
Au début de la saison 1979-1980, le LOSC a davantage d’ambitions qu’un an plus tôt. Certes, l’ambition est avant tout de stabiliser le club dans l’élite, mais une 6ème place pour un promu, ça donne des idées. Après 18 journées, et une victoire convaincante contre le PSG (4-2), le LOSC est d’ailleurs 7ème, confirmant ses belles perfs passées. La première partie de saison de Simon est à l’image de celle du LOSC : excellente et dans la continuité de la précédente. Mais c’est précisément là que Didier connaît une période de moins bien. Et le LOSC avec.
Ne pas confondre « l’étoile du Nord » (Didier Simon) avec « les poils du Nord » (Arnaud Dos Santos)
Lille enchaîne ainsi 5 défaites de rang, alors qu’il n’avait perdu que 13 des 56 matches depuis sa remontée. Le LOSC bat certes Strasbourg (2-0), le champion en titre, mais la série difficile continue puisqu’il ne prend qu’un point en trois matches, portant sa série négative à 1 victoire, 1 nul et 7 défaites en 9 matches. Peut-être encore pire : le LOSC n’a gagné que 2 de ses 17 derniers matches, pour 10 défaites. Didier retrouve alors sa dynamique d’antan, les Dogues suivent et s’éloignent de la zone rouge dont ils se rapprochaient, mais il est trop tard pour faire mieux qu’une 13ème place.
La saison suivante confirme le lien entre le niveau simonien et les performances du LOSC : Didier est très en-dessous de ce qu’il a montré les années précédentes, et les Dogues s’engluent en bas de classement. Lille s’en sortira finalement, finissant 17ème, à égalité de points avec le barragiste, Tours. D’ailleurs, le déclin statistique du trio Cabral-Pleimelding-Olarevic reflète bien celui de leur meneur de jeu : ils scorent 25 fois à eux trois, soit moins de la moitié de leur total de 1978-1979.
Alors, il est mort Sim ? Non, pas encore. Blessé en tout début de saison, Didier revient vite et montre qu’il n’a rien perdu de ses qualités, retrouvant le niveau qui avait fait de lui un postulant crédible à l’équipe de France. Les résultats s’en ressentent et, l’espace de quelques minutes, le LOSC prend la tête du championnat. Mais sa deuxième partie de saison sera désastreuse : entre pépins physiques et contre-performance, Didier n’est plus que l’ombre de lui-même. Sur le terrain en tout cas. Après, dans sa vie perso, j’en sais rien. Mais, bref, en parallèle, la fin de saison lilloise est très mauvaise.
Et après ?
Après ? Ah, oui, tu veux dire : après le LOSC, j’imagine ! En 1982, Didier a près de 29 ans et vient de passer six années au LOSC et rejoint alors Sochaux. Très rapidement, le meneur se blesse et loupe trois mois de compétitions. Mais son retour sera remarquable. Juste avant la trêve hivernale, Didier montre qu’il est encore là, contribuant royalement à la victoire des siens à Toulouse (2-6), en scorant deux fois et en réalisant une passe décisive (appelée parfois « remise » à l’époque).
Janvier et février seront également superbes pour Didier. Il joue 7 matches pendant ces deux mois (dont 1 en coupe) et marque à 8 reprises et réalise 2 passes décisives. Fait remarquable, quand il finit le mois de février, il reste sur une série de 8 matches au cours desquels il marque à chaque match, pour un total de 10 buts inscrits et 3 passes dé.
Mais Didier se blesse à nouveau, et, comme par Eden, Sochaux fait une fin de saison très pourrie alors qu’il avait enchaîné les victoires quand son meneur marquait en série (1). La fin de carrière de Didier sera compliquée puisqu’il se blessera souvent. Sans être mauvais, Simon n’aura plus l’occasion d’exprimer son talent en professionnel. Il met un terme à sa carrière en 1985, peu avant ses 32 ans.
On pense à toi, Didier. N’hésite pas à nous donner des nouvelles.
(1) La différence de performances du FC Sochaux entre le renouveau simonien et le reste de la saison est éloquente : 5 victoires et 2 nuls sur les 7 matches de D1 où Didier marque, et 4 victoires, 15 nuls et 12 défaites pour les autres matches.