Posté le 7 juin 2016 - par dbclosc
Bruno Cheyrou, les doublés jumeaux
Comme cela peut arriver dans la vie de tous les jours, le football offre parfois des impressions de déjà-vu, c’est-à-dire le sentiment de vivre une situation que l’on a déjà vécu, tout en sachant bien que cela est impossible. Il existe de nombreuses causes à ce phénomène psychologique encore peu exploré mais, au-delà de toute dimension scientifique, il se peut aussi simplement qu’une impression de déjà-vu soit en effet un déjà-vu. Ainsi, chaque joueur a des caractéristiques propres, ces qualités sont plus ou moins mises en valeur par le système dans lequel les joueurs s’intègrent et, somme toute, les matches se suivent et se ressemblent : si on le connaît bien, on peut même souvent anticiper le choix que va faire un joueur quand il reçoit le ballon (et prier si on sait qu’il opte pour la mauvaise solution. Exemple : Mavuba arme à 25 mètres). On peut même remarquer que certains joueurs ont une préférence pour la réalisation de certains gestes, qu’ils répètent au point qu’on leur donne un nom spécifique (une « papinade » pour une reprise de volée, une « Zidane » pour une roulette, ou une « Zlatan » pour certains types de reprises acrobatiques)1. De même, David Trézéguet a souvent mis des buts similaires et, à Lille, on se rappelle à quel point le jeu de tête de Beck ou les dribbles de Gervinho et d’Hazard ont apporté de nombreuses situations dangereuses qu’on sentait venir de loin.
Ces habitudes et ces possibilités de prévision renvoient donc à des systèmes de jeu liés aux qualités des joueurs, qui créent des automatismes. Il est cependant insolite qu’un joueur semble marquer exactement le même but. C’est ce qui est arrivé à Bruno Cheyrou, sous les couleurs du LOSC : il a même fait plus fort, puisque les buts de ses deux premiers doublés avec le LOSC sont exactement les mêmes : son premier, contre Créteil, est réalisé alors que Lille est encore en deuxième division. Ce match de la 35e journée, le 29 avril 2000, est facilement remporté (5-0), et officialise le titre de champion du LOSC. Bruno Cheyrou y inscrit les 3e et 4e buts : c’est son premier doublé en championnat professionnel.

56e minute : bien servi par Laurent Peyrelade, Bruno Cheyrou se retrouve isolé côté gauche : de son pied favori, il croise sa frappe qui termine dans le petit filet opposé.
80e minute : coup-franc lillois à une vingtaine de mètres, décalé côté droit. Du pied gauche, Bruno Cheyrou choisit le côté ouvert, à ras de terre. Le gardien est battu sur son côté droit.
Un peu plus d’un an plus tard, le 12 mai 2001, Lille tente d’accrocher l’Europe à l’issue de sa formidable saison. Lors de la 33e et avant-dernière journée, le LOSC se rend au Parc des Princes, et revient avec un nul (2-2), grâce à au deuxième doublé de son numéro 28 aux 12e et 69e minutes. Le résumé du match est à retrouver sur cette vidéo :

Comme on le voit, à la 12e minute, Bruno Cheyrou enroule un coup-franc à une vingtaine de mètres, à ras de terre, légèrement décalé côté droit. Dominique Casagrande est battu sur sa droite. Puis, à la 69e minute, le décalage de Landrin permet à Bruno Cheyrou de frapper pied gauche dans le petit filet opposé.
Voilà. Nous n’avons pas d’explication à proposer, et il n’y en de toute façon aucune à trouver. Le plus incroyable reste tout de même que le LOSC ait, quelques temps après, formé un joueur qui ressemblait très fort à Bruno Cheyrou, et qui laissait une impression de déjà-vu, c’est-à-dire le sentiment de vivre une situation que l’on a déjà vécu, tout en sachant bien que cela est impossible. Par exemple, vous croyez peut-être avoir déjà lu cette phrase. Il existe de nombreuses causes à ce phénomène psychologique encore peu exploré, mais il peut simplement s’agir d’un petit frère : Benoît qu’il s’appelait.
FC Notes :
1 Ce qui est différent des gestes associés à un joueur parce qu’il est le premier – devant des caméras de télévision en tout cas – à l’avoir réalisé (comme une Madjer ou une Panenka).
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