Posté le 14 juin 2016 - par dbclosc
Les destins liés du LOSC et de Didier Simon (Last night, Didier saved my life)
Quand on évoque l’équipe du LOSC de la fin des années 1970, celle de José Arribas qui est remontée en première division en 1978 pour terminer 6ème de l’élite l’année suivante en proposant un football spectaculaire, on évoque le plus souvent – et nous les premiers – la partie la plus visible de l’iceberg – c’est une expression, ne cherche pas d’iceberg autour de toi – c’est-à-dire les finisseurs de l’équipe, Pierre Pleimelding, Roberto Cabral et Zarko Olarevic.
Pourtant, le succès de cette équipe doit aussi beaucoup à d’autres, humbles tâcherons qui ont contribué, en partant de plus ou moins bas sur le terrain, à cette belle réussite collective. On peut penser à Philippe Bergerôo qui gagne sa place de gardien en équipe de France sous nos couleurs, au regretté Serge Besnard, milieu et défenseur de devoir, à Alain Grumelon, le Rio Mavuba de l’époque, mais aussi à Arnaud Dos Santos, à mi-chemin entre un rôle de récupérateur et d’animateur de l’attaque.
Mais s’il ne fallait en retenir qu’un, il s’agirait de Didier Simon. Arrivé de Reims en 1976, son parcours épousera les contours de l’évolution de son club, comme si le destin de l’entité et du joueur étaient intimement liés.
Last night, Didier saved ma life
Au début de la saison 1976-1977, Didier Simon, 22 ans, joue encore au Stade de Reims dont il est le meneur de jeu. Dès la première journée, Simon et son club jouent contre le LOSC. Didier fait alors une partie d’une très grande qualité et se montre comme le meilleur bonhomme du match. Cette belle prestation a-t-elle attiré le regard des dirigeants lillois ? On ne sait pas. Toujours est-il que Didier rejoint le LOSC après quelques journées de championnat pour y rester six années.
Didier, le maillot rémois te donne un air constipé : t’es sûr que tu préfères pas porter le nôtre ?
En 1976, le LOSC reste sur une 13ème place en championnat. La performance apparaît modeste au regard de la qualité d’un effectif qui comptait alors Alain de Martigny, Ignacio Prieto, Stanislav Karasi et quatre internationaux français, Bernard Gardon, Michel Mézy, Patrick Parizon et Christian Coste, les deux premiers quittant le club – un peu forcés – à l’intersaison 1976. Le club dispose pourtant encore d’un effectif sympathique sur le papier, en tout cas suffisamment qualitatif pour espérer passer une saison tranquille voire pour espérer tutoyer les places d’honneur.
Didier y découvre une ambiance bien pourrave, laquelle est sans doute pour beaucoup dans l’explication du fait que le LOSC se retrouve déjà largué, bien au chaud à la dernière place, dès la fin des matches aller. Les cadres sont presque tous décevants, et Lille finit le championnat à la 19ème place. Didier constitue pour sa part l’une des rares satisfactions de la saison. A l’été 1977, il veut pourtant partir, un peu traumatisé par l’ambiance.
Fort heureusement, on prendra une sage décision. On dégage nos vedettes et on garde les jeunes joueurs qui ont émergé la saison précédente et qui, à défaut d’être les plus grands talents que la Terre ait portés, montrent sur le terrain une hargne qui ne sera pas inutile pour reconstruire un club dans la difficulté financière. Exit les Mézy, Karasi, Coste, Parizon et Gardon, bienvenue aux Pleimelding, Olarevic, Dos Santos et autres jeunes du club. Et José Arribas donc, en tant que coach, qui vient instiller sa philosophie du football et demande trois ans aux dirigeants pour remonter dans l’élite.
L’histoire en Didier et le LOSC est déjà commencée, mais c’est seulement maintenant qu’elle prend son essor. Il est, avec Zarko Olarevic, le leader technique de cette équipe qui assure la montée en D1 sur son terrain un soir de victoire contre Quimper. Indéniablement, Didier fait une très bonne saison, marquant 10 buts, mais offrant bien davantage que cela.
Didier + Simon = Didier Simon
En 1978, Didier retrouve donc la D1. Cette division, il la connaît bien, puisqu’il y a joué quatre ans avec Reims et une année avec le LOSC. Mais la situation n’est plus vraiment la même. C’est notamment son statut qui a changé, puisqu’il était un jeunot à Reims et que, à Lille, son aura était limitée par la concurrence des quelques stars et autres grandes gueules. Certes, au niveau sportif les ambitions de Simon ne sont pas beaucoup plus importantes puisqu’elles sont liées à celles, modestes, de son club. Mais il est maintenant un cadre au statut affirmé. Et il deviendra bientôt plus que cela.
Entre 1974 et 1977, le LOSC comptait dans ses rangs un certain nombre de joueurs dont la réputation dépassait largement le cadre du club, puisque plusieurs ont porté le maillot de l’équipe de France et que d’autres s’étaient fait une réputation pour leur talent, comme Prieto, et d’autres pour leurs frasques et leur talent (comme Karasi). En 1978, la donne est tout autre : il n’y a plus de vedettes à Lille, tout au plus quelques joueurs confirmés, comme Dos Santos, et surtout beaucoup de quasi-inconnus.
Ce LOSC de José Arribas est particulièrement tourné vers l’avant. Dès la première journée, le LOSC plante 4 buts contre le Nancy d’un certain Michel Platini (Dès qu’on parle de Michel Platini il faut que cela soit précédé par « un certain », me demande pas pourquoi c’est comme ça). Bien sûr, ils en encaissent aussi 3, mais cela leur a suffi pour gagner. Au passage, c’est Simon qui inscrit le but décisif à la 89ème minute de jeu d’un match qui apparaissait mal engagé après le but de Rubio portant le score à 3-1 pour Nancy (34è).
La suite sera du même acabit, Lille marquant beaucoup et encaissant beaucoup : victoire 5-3 contre Laval, match nul 4-4 à Metz, défaite 5-1 à St-Etienne, victoire 4-2 contre le PFC. Bref, au mois de novembre, le LOSC est confortablement installée dans le bas de la première partie du classement et quelques joueurs Lillois se font remarquer. Didier est étincelant à tel point qu’un certain Michel Platini pourrait commencer à se faire du souci. Didier, comme Pleimelding, est convoqué en équipe de France par Michel Hidalgo. Pleimelding jouera, mais pas Didier, en raison de la concurrence particulièrement forte à son poste en France à l’époque, et donc notamment celle d’un certain Michel Platini. Vu la forme hallucinante de Didier à l’époque, il n’est pourtant pas sûr qu’un certain Michel Platini soit vraiment bien au-dessus de lui à ce moment.
Après quelques défaites, les Dogues de José se sont dit qu’ils devaient peut-être mettre un peu d’eau dans leur vin et nuancent leur football-champagne (note que j’ai casé deux alcools, trois boissons, un animal et un José en une phrase d’une ligne et demie). Si leur moyenne de but en pâtit un peu, le LOSC enchaîne 10 matches sans défaite entre la 28è et la 37è journée, tout cela en n’encaissant que 8 buts, alors qu’ils s’en prenaient près de deux par match jusqu’alors. Ils terminent à une très belle 6ème place.
Comme je te le disais en introduction, le succès du LOSC cette saison-là est presque systématiquement associée à la mise en avant du trio d’attaque Pleimelding-Cabral-Olarevic. Forcément, leurs stats impressionnent : chacun 15 buts ou plus, 52 à eux trois. Didier, avec 8 buts, est loin de ces performances, mais des quatre acteurs essentiels du jeu offensif, c’est peut-être bien « Sim » – surnom que nous inventons et qui nous permet de rendre un hommage à l’acteur du même nom – qui a été le maillon le plus important.
Indice de la véracité de cette thèse : les performances lilloises ont été étroitement dépendantes du niveau de performance de Simon.
Simon-LOSC, destins liés
Au début de la saison 1979-1980, le LOSC a davantage d’ambitions qu’un an plus tôt. Certes, l’ambition est avant tout de stabiliser le club dans l’élite, mais une 6ème place pour un promu, ça donne des idées. Après 18 journées, et une victoire convaincante contre le PSG (4-2), le LOSC est d’ailleurs 7ème, confirmant ses belles perfs passées. La première partie de saison de Simon est à l’image de celle du LOSC : excellente et dans la continuité de la précédente. Mais c’est précisément là que Didier connaît une période de moins bien. Et le LOSC avec.
Ne pas confondre « l’étoile du Nord » (Didier Simon) avec « les poils du Nord » (Arnaud Dos Santos)
Lille enchaîne ainsi 5 défaites de rang, alors qu’il n’avait perdu que 13 des 56 matches depuis sa remontée. Le LOSC bat certes Strasbourg (2-0), le champion en titre, mais la série difficile continue puisqu’il ne prend qu’un point en trois matches, portant sa série négative à 1 victoire, 1 nul et 7 défaites en 9 matches. Peut-être encore pire : le LOSC n’a gagné que 2 de ses 17 derniers matches, pour 10 défaites. Didier retrouve alors sa dynamique d’antan, les Dogues suivent et s’éloignent de la zone rouge dont ils se rapprochaient, mais il est trop tard pour faire mieux qu’une 13ème place.
La saison suivante confirme le lien entre le niveau simonien et les performances du LOSC : Didier est très en-dessous de ce qu’il a montré les années précédentes, et les Dogues s’engluent en bas de classement. Lille s’en sortira finalement, finissant 17ème, à égalité de points avec le barragiste, Tours. D’ailleurs, le déclin statistique du trio Cabral-Pleimelding-Olarevic reflète bien celui de leur meneur de jeu : ils scorent 25 fois à eux trois, soit moins de la moitié de leur total de 1978-1979.
Alors, il est mort Sim ? Non, pas encore. Blessé en tout début de saison, Didier revient vite et montre qu’il n’a rien perdu de ses qualités, retrouvant le niveau qui avait fait de lui un postulant crédible à l’équipe de France. Les résultats s’en ressentent et, l’espace de quelques minutes, le LOSC prend la tête du championnat. Mais sa deuxième partie de saison sera désastreuse : entre pépins physiques et contre-performance, Didier n’est plus que l’ombre de lui-même. Sur le terrain en tout cas. Après, dans sa vie perso, j’en sais rien. Mais, bref, en parallèle, la fin de saison lilloise est très mauvaise.
Et après ?
Après ? Ah, oui, tu veux dire : après le LOSC, j’imagine ! En 1982, Didier a près de 29 ans et vient de passer six années au LOSC et rejoint alors Sochaux. Très rapidement, le meneur se blesse et loupe trois mois de compétitions. Mais son retour sera remarquable. Juste avant la trêve hivernale, Didier montre qu’il est encore là, contribuant royalement à la victoire des siens à Toulouse (2-6), en scorant deux fois et en réalisant une passe décisive (appelée parfois « remise » à l’époque).
Janvier et février seront également superbes pour Didier. Il joue 7 matches pendant ces deux mois (dont 1 en coupe) et marque à 8 reprises et réalise 2 passes décisives. Fait remarquable, quand il finit le mois de février, il reste sur une série de 8 matches au cours desquels il marque à chaque match, pour un total de 10 buts inscrits et 3 passes dé.
Mais Didier se blesse à nouveau, et, comme par Eden, Sochaux fait une fin de saison très pourrie alors qu’il avait enchaîné les victoires quand son meneur marquait en série (1). La fin de carrière de Didier sera compliquée puisqu’il se blessera souvent. Sans être mauvais, Simon n’aura plus l’occasion d’exprimer son talent en professionnel. Il met un terme à sa carrière en 1985, peu avant ses 32 ans.
On pense à toi, Didier. N’hésite pas à nous donner des nouvelles.
(1) La différence de performances du FC Sochaux entre le renouveau simonien et le reste de la saison est éloquente : 5 victoires et 2 nuls sur les 7 matches de D1 où Didier marque, et 4 victoires, 15 nuls et 12 défaites pour les autres matches.
5 commentaires
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15 février 2022
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Francois a dit:
En tant que très ancien supporter du Stade de Reims, j’ai beaucoup appréciè les années rémoises de Didier Simon, alors jeune plein de talent et de d’élégance dans le jeu. Il avait quand même réussi a se créer une place de titulaire dans l’effectif rémois au milieu des Bianchi, Santamaria, Georges et Bernard Lech, Ravier etc… déjà pas une mince affaire.
J’ai aussi suivi ses années Lilloise et n’étais pas étonné de sa réussite.
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4 avril 2019
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claudelepierre@laposte.net a dit:
un joueur de très grande classe qui a souvent marquer de superbe but et une vision du jeux au dessus de la moyenne merci et reviens nous voir allez notre bon vieux losc
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10 septembre 2017
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Mollet a dit:
Je me souviens de l’élégance de Didier Simon sur le terrain. Un joueur de classe .Merci pour l’article.
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7 décembre 2016
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Simon. Didier. a dit:
Merci pour ce bel hommage digne de mon total investissement pour le losc , le club de mon cœur pour toujours. Je suis maintenant retraité à Bordeaux et toujours passionné de sport et de football. Lille, les chtis et le losc restent mes meilleurs souvenirs de ma vie . Vous pouvez me joindre au 06 51 19 06 63 pour évoquer nos souvenirs du losc si vous le souhaitez , avec plaisir. Bien amicalement. Didier Simon.
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8 décembre 2016
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dbclosc a dit:
Merci beaucoup pour ce message qui nous fait très plaisir ! On ne loupera pas l’occasion de vous contacter pour que vous nous fassiez part de vos souvenirs lillois !