Posté le 28 juin 2016 - par dbclosc
Le LOSC 1992-1993, la fin d’une époque
La saison 1991-1992 est terminée d’une bien étrange manière pour le LOSC. Avec leur nouvel entraîneur, Bruno Metsu, les Dogues ont pourtant des raisons d’espérer, puisqu’ils conservent la quasi-totalité du onze de l’année précédente et que quelques apports permettent d’améliorer l’effectif.
Des joueurs qui s’en vont à l’été, seuls Patrice Sauvaget et Michaël Mio Nielsen et Victor Da Silva pouvaient prétendre à une place de titulaire. Et encore, le premier nommé avait été décevant, le deuxième était-il largement concurrencé en défense et Victor Da Silva était derrière Fichaux et Fiard dans la hiérarchie. Autrement dit, il ne manque qu’un poste à combler, celui d’attaquant, plus trois ou quatre joueurs pour se substituer aux remplaçants, Antoine Cervetti et Henryk Nielsen quittant également le club.
Au poste de milieu défensif, c’est le Cannois José Bray qui arrive. La ligne offensive est complétée pour sa part par Walquir Mota, prolifique avant-centre de D2, Samba N’Diaye, un jeune prometteur prêté par Metz, et par Edgar Borgès, un milieu offensif international uruguayen en provenance du Nacional Montevideo. Et Oumar Dieng revient de son prêt de Louhans-Cuiseaux. Une forte stabilité donc, puisque presque tout le onze de la saison précédente reste (Nadon – Friis-Hansen, Buisine, Leclercq, Oleksiak, Rollain – Fichaux, Fiard, Frandsen – Assadourian, Brisson). Mais la stabilité ne suffit pas toujours …
Une équipe a priori plus offensive. Et pourtant …
L’équipe préparée par Bruno Metsu est a priori plus offensive que celle de l’année dernière. Alors que le LOSC avait l’habitude de jouer avec sept éléments défensifs (cinq défenseurs et deux milieux défensifs) et trois offensifs, Metsu prépare un système avec un joueur offensif de plus. En gros, l’équipe débute en 4-2-2-2, c’est-à-dire avec Nadon dans les buts, une défense où quatre joueurs sont piochés parmi Rollain, Tihy, Oleksiak, Buisine et Friis-Hansen, deux milieux défensifs choisis entre Fiard, Bray et Friis-Hansen le polyvalent, Frandsen milieu offensif, accompagné de Borgès ou d’Assadourian, et un duo d’attaque N’Diaye-Mota. Et sur le banc, il y a Leclercq, Fichaux et Brisson.
Sur le papier, plus de joueurs offensifs et un peu de réserve. Le LOSC a d’ailleurs fait sa campagne publicitaire sur le spectacle qui sera offert aux supporters, avec une audacieuse campagne « Show devant » mettant en avant le duo offensif sud-américain Mota-Borgès. On attend pour voir.
Lille débute par trois déplacements (défaites à Strasbourg, 2-0, à Montpellier, 3-0, et victoire à Valenciennes 1-0) et un match à Grimonprez, gagné 1-0 contre Caen lors des quatre premières journées. Deux victoires, deux nuls en jouant plus à l’extérieur, cela convient. Trois matches nuls plus tard, contre Paris (0-0), à Toulouse (0-0) et contre Metz (1-1), un constat s’impose cependant : le système offensif annoncé ne fonctionne pas. Pas d’inquiétude outre-mesure pourtant, puisque le LOSC est 11ème avec la 5ème défense et seulement deux matches perdus.
Borges face à Déhu. En challenge Emile-Olivier, ça avait fait 6-0 contre Lens. Là, en championnat, ça a fait 0-0.
C’est pourtant une solidité défensive en trompe-l’œil et on va vite s’en rendre compte. Oleksiak et Buisine sont en-dessous. Lors des 9 matches suivants, le LOSC ne gagne qu’une fois (contre Toulon 1-0), fait deux nuls et s’incline six fois (dont des échecs retentissants, à Nantes, 4-0, et à Monaco, 3-0). Sur la période, le LOSC marque toujours aussi peu (2 fois) et encaisse désormais beaucoup (14 buts).
Une amélioration sensible (c’était pas dur de faire mieux en même temps …)
L’équipe connaît alors une évolition sensible. Nouma arrive pour pallier l’inefficacité offensive, Fiard perd sa place au profit de Fichaux, comme Buisine puis bientôt Oleksiak au bénéfice de Leclercq et Dieng. L’amélioration semble arriver vite, même si cela rapporte peu de points dans l’escarcelle. Un nul à Saint-Etienne (0-0), un autre contre Nîmes (2-2), puis une défaite à Caen (4-3). Seulement deux points en trois matches, mais autant de buts marqués que depuis le début de saison avec un Pascal Nouma qui semble alors un vrai plus. Comme quoi, les jeunes, ça ne fait pas que foutre le bordel. Assadourian s’impose définitivement au détriment de Borgès. Le onze lillois ressemble désormais à ça : Nadon – Rollain, Leclercq, Dieng, Tihy – Fichaux, Bray, Frandsen – Assadourian, N’Diaye, Nouma, avec en plus Friis-Hansen qui joue presque toujours, soit en défense soit milieu défensif.
L’amélioration ne semble pourtant rapidement qu’être un feu de paille après un nul contre Montpellier (0-0), une défaite contre Valenciennes (1-2), une lourde défaite à Paris (3-0) puis deux autres nuls contre Toulouse (2-2) et à Metz (0-0) avec, toute de même, une belle victoire contre l’OM (2-0). Après 25 journées, le LOSC est 18ème avec toujours la moins bonne attaque même si celle-ci s’est considérablement améliorée.
Henryk Kasperszak arrive en remplacement de Bruno Metsu et les choses s’améliorent. Lille enchaîne alors avec sa meilleure période, ponctuée de 3 victoires, 3 nuls et une seule défaite, 8 buts marqués et 5 encaissés, avec de belles performances contre Auxerre (1-0), à Lyon (3-1) et contre Monaco (1-1). Le jeu n’a encore rien d’extraordinaire, mais, au moins, certains joueurs s’affirment comme les jeunes Leclercq et N’Diaye (20 ans). Les Lillois sont maintenant 16èmes avec 4 points d’avance sur Le Havre, 18ème et semble avoir fait le plus dur dans l’optique du maintien.
De quoi se lâcher et s’autoriser une fin de saison pourrie, ponctuée de trois bons vieux 0-0, de défaites à Bordeaux (3-0) et Marseille (4-1) et d’une dernière lors de l’ultime journée, contre Strasbourg (2-3) après avoir mené 2-0.
La fin d’une époque
Cette saison marque la fin d’une époque. Fin d’époque, parce que des joueurs comme Brisson, et surtout comme Fiard et Buisine semblent au bout de leurs carrières. Fin d’une époque débutée en 1978-1979 au cours de laquelle le LOSC a semblé être l’éternelle équipe de milieu de tableau, capable au mieux de croire en l’Europe à défaut de l’atteindre, pour entrer désormais dans l’ère de la lutte pour le maintien. Fin d’une époque, aussi, parce que le LOSC voit arriver progressivement le passage à une autre stratégie dirigeante avec l’importance croissante de Bernard Lecomte.
Une nouvelle époque, un peu douloureuse parfois, mais qui est avant tout une transition vers « l’ère Vahid ». Sans doute cela valait-il le coup.
Quel bilan ? (note que cette phrase est grammaticalement incorrecte)
Le LOSC se sauve lors de l’avant-dernière journée et termine à la 17ème place. Offensivement, le bilan est famélique, avec 26 buts inscrits. Dans ce secteur, beaucoup est à reconstruire, puisque Nouma et N’Diaye s’en vont suite à leurs prêts, que Brisson s’en va également et parce que Borgès et Mota n’ont pas montré autant qu’on attendait d’eux. Beaucoup est donc à reconstruire dans ce secteur, mais pas tout, notamment parce qu’Éric Assadourian s’affirme enfin comme un maillon incontournable. Seulement 1 but et 1 passe décisive après 20 journées pour lui, mais ensuite 5 autres buts et 2 passes décisives, faisant de lui la satisfaction offensive de la saison, Frandsen confirmant pour sa part davantage qu’il ne se révèle.
Défensivement, le LOSC peut nourrir aussi quelques satisfactions. Fabien Leclercq semble ainsi avoir passé un cap et Oumar Dieng vient de finir sa première saison comme titulaire. Et dans les buts, Nadon confirme. Le chantier de l’effectif n’apparaît alors pas insurmontable.
En défense, Lille fait une bonne affaire à l’intersaison 1993 en enrôlant Thierry Bonalair, quand Tihy et Oleksiak s’en vont. Au milieu, Fiard n’est pas remplacé, mais Bray et Fichaux restent et Friis-Hansen s’imposera à leur poste. Devant, la transformation est plus radicale : Kennet Andersson arrive au poste d’avant-centre, tandis que Clément Garcia et Jean-Jacques Etamé signent également et que le jeune Sibierski semble pouvoir jouer un rôle d’alternative crédible. Ces quatre-là se disputeront les quatre places offensives à pourvoir dans le schéma pensé par Pierre Mankowski avec Frandsen et Assad.
Roger Boli, l’ancien Dogue qui s’enfuie balle au pied, poursuivi par l’Auxerrois Bonalair qui arrive en 1993. Comme un symbole. Symbole de quoi ? Je n’sais pas
Ce recrutement était quantitativement réduit, mais qualitativement nettement plus réussi que celui de la saison précédente.
Pour découvrir nos bilans des autres saisons, vous pouvez suivre ces liens :
1993/1994 : Quand les supporters redécouvraient le spectacle (mais gardaient la défaite)
1994/1995 : Le laborieux 1-0 triomphant
1995-1996 : Le maintien et c’est tout
1996-1997 : Lille, une sacrée descente
1997-1998 : À la place du con, saison 1/2
1998-1999 : À la place du con, saison 2/2
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