Posté le 12 juillet 2016 - par dbclosc
La fraternelle concurrence entre les frères Plancque
Les frères Plancque ont marqué l’histoire du LOSC, Stéphane faisant ses débuts avec l’équipe première en janvier 1978, à l’âge de 17 ans (et 0 mois), lors d’un match de coupe de France contre Hautmont. Pascal fait pour sa part ses débuts en juillet 1980 lors d’un match du tournoi de la communauté urbaine de Lille contre Hambourg, un mois avant ses 17 ans. Ils partiront tous les deux à l’été 1987, respectivement 9 ans et demi et 7 ans après leurs débuts sous le maillot des Dogues.
Ce n’est cependant qu’au cours de la saison 1982-1983 que les deux joueurs peuvent raisonnablement être considérés comme étant deux joueurs potentiellement importants dans l’effectif, même s’ils ont joué ensemble auparavant, Pascal étant jusque-là essentiellement un joueur de la réserve en D3.
C’est donc à partir de la saison 1982-1983 et jusqu’à l’été 1987 que l’on peut se demander si, au-delà d’une relation fraternelle incontestable, les deux Plancque n’étaient pas aussi dans une certaine mesure des concurrents. Les deux joueurs ne jouaient certes pas exactement au même poste mais, sur bien des aspects, ils avaient des qualités et des registres communs qui les amenaient à être de potentiels concurrents. La question de leur concurrence est en réalité complexe et ne peut être réduite à des arguments concluant unilatéralement à l’existence d’une concurrence entre eux ou d’une absence totale de concurrence.
A priori, la question de la concurrence entre les deux frères pourrait paraître incongrue. Le registre de Stéphane était a priori plus défensif que celui de Pascal le petit frère (et encore). Il faut aussi convenir que les deux frères ont très souvent été alignés d’entrée de jeu ensemble, ce qui atteste qu’il n’est pas très difficile de les faire jouer ensemble.
Stéphane Plancque : un milieu défensif ?
Au premier argument, on peut cependant d’abord opposer que la séparation des joueurs en postes relève davantage d’une nécessité pratique de catégorisation qu’en une séparation nette des rôles effectifs qui sont occupés. Prenons de simples exemples contemporains. Yohan Cabaye et Paul Pogba sont-ils des milieux défensifs ou des milieux offensifs ? En fait, pour l’un et l’autre, la réponse est qu’ils sont tantôt milieux défensifs, tantôt milieux offensifs selon le système mis en place. Ni l’un, ni l’autre ne sont Didier Deschamps ou Zinédine Zidane, ces deux derniers étant plus clairement identifiables, le premier comme défensif et le second comme offensif. Et bien, Stéphane Plancque c’était un peu ça, un joueur qui, selon les circonstances, a pu jouer en position plus ou moins défensive. Cette polyvalence était plus généralement dans l’air du temps, les effectifs plus modestes impliquant que chaque joueur soit plus capables d’occuper plusieurs postes.
Prenons un exemple footballistique très contemporain et comparons-le au LOSC de la saison 1985-1986 pour illustrer le cas de la concurrence ou non entre les Plancque. A la veille des matches contre l’Islande et contre l’Allemagne, le débat ne portait pas tellement sur la présence de Griezmann, Payet et Giroud, qui paraissait plutôt évidente à la plupart des observateurs, qu’à la question du système dans lequel ils devaient s’inscrire et donc des joueurs qui devaient les accompagner. En gros, fallait-il mettre en place un système avec une ligne de trois milieux défensifs qui accompagne le trio offensif (comme contre l’Irlande) ou un autre avec deux milieux clairement défensifs accompagnant un quatuor offensif (comme contre l’Albanie) ?
Face à cette question, Sissoko était le joueur idoine pour répondre « ni l’un, ni l’autre ». Ce qui fait potentiellement de Sissoko un concurrent pour un offensif droit dans un système avec quatre offensifs et d’un défensif dans un système avec trois offensifs. C’est donc du système que dépend avec qui Sissoko est en concurrence, même si les qualités de polyvalence de Sissoko contribuent à définir ce système. Le LOSC 1985-1986 rencontre en partie cette problématique.
Au cours de cette saison-là, un trio offensif s’impose plus ou moins comme une évidence à Georges Heylens en début de saison. Il s’agit de Cyriaque Didaux, Bernard Bureau et Kim Vilfort, même si ce dernier sera très vite contesté. Georges Heylens peinera énormément à trouver la bonne formule au milieu. Au départ, il opte pour un système où sont alignés Primorac et Pascal Plancque, auquel il associe des joueurs aux qualités très variés d’un match à l’autre : Philippe Périlleux, Philippe Piette et même Claude Robin, soit trois profils très différents. La mayonnaise prend difficilement et Lille enchaîne les échecs. Quand Stéphane Plancque revient, il est évident qu’il est un potentiel concurrent pour son frère Pascal et, jusqu’à la fin des matches aller, Heylens aligne généralement ou l’un ou l’autre des frères mais rarement les deux, dans un système qui peine encore à trouver sa cohérence. Certes, les deux Philippe P. (Piette et Périlleux) s’imposent, mais Vilfort est progressivement relégué sur le banc, ouvrant une autre place sur le terrain. Deux places sont donc alternativement disputées par les frères Plancque, « Marls »Boro Primorac et même par Luc Courson.
Philippe Périlleux, Philippe Piette et Pascal Plancque : le trio des PP flingueurs du milieu de terrain du LOSC 1985-1986
Et puis le système va progressivement trouver sa stabilité, l’arrivée de Gérard Soler mettant définitivement fin aux questionnements. Il y a certes encore de la concurrence, mais celle-ci est plus claire car le système de jeu est désormais défini. En gros, Mottet est dans les buts, la défense est composée de Robin, Péan, Kourichi et Thomas, le milieu de Périlleux (ou Primorac), Garcia, S.Plancque (ou Piette) et P.Plancque, et l’attaque de Soler et Bureau. Il y’a eu des variantes, mais, en gros, ça a été ça.
En 1985-1986, il y a donc eu deux systèmes, l’un faisant des frères Plancque des concurrents, l’autre en faisant des joueurs complémentaires. Cette alternance se trouve à d’autres moments de leurs carrières, comme en 1982-1983 et en 1986-1987. En 1982-1983, les frères commencent la saison ensemble, puis la finissent en concurrents ; en 1986-1987, les deux débutent la saison tous les deux titulaires, avant d’être mis en concurrence en fin de saison. Mais, le plus souvent, les deux frères ont joué ensemble.
Une complémentarité entre les frères
Parfois mis en concurrence, Stéphane et Pascal ont souvent joué ensemble. Seulement 5 fois en 82/83, mais Pascal ne joue que 8 matches ; mais déjà 13 fois en 83/84 sur les 14 matches que joue Pascal ; puis 31 fois en 84/85 ! Certes, on chutera à 17 joutes communes en 85/86, pour les raisons explicitées plus haut, mais les deux frères ont néanmoins plus souvent joué ensemble qu’alternativement.
Comment ça « est-ce que S.Plancque était milieu défensif ou offensif ? » T’es con ou quoi ??? J’ai écrit tout ça pour que tu me poses cette question ?
En fait, on avoue : on a un peu forcé le trait pour te raconter ce qui est quand-même un peu vrai, à savoir cette ironie du sort qui fait que deux frères unis comme deux doigts contigus sur une main comptant de deux à six doigts (voire plus), ont été de fait en concurrence au cours de leur carrière lilloise. Mais en réalité, cette concurrence est plus large, puisque, comme tu le sais parce que tu as bien suivi, un ensemble de facteurs complexes fait que l’on peut être en concurrence avec l’un à un moment donné puis avec un autre à un autre moment.
Bref, des qualités similaires sur bien des aspects, mais partager des qualités communes n’empêche pas de jouer ensemble. Balmont et Mavuba partagent tous deux la gentillesse comme qualité, ce qui ne les a pas empêchés de partager de longues années de terrain ensemble avec le LOSC.
En 1987, les deux frères quittent le LOSC, Pascal pour Auxerre et Stéphane pour Strasbourg. Hasard ou destins communs (hein qu’il est bien pourri ce début de phrase ?!), les deux se blessent gravement la saison qui suit leurs départs. Stéphane se remettra bien, continuant une belle carrière, mais pas Pascal qui ne retrouvera plus jamais son niveau alors que sa blessure arrive alors qu’il n’a que 24 ans. En 1990, Pascal rejoint Pau en D3 et y passe encore quelques belles années, à un niveau qui correspond bien au niveau qu’il a alors. Un niveau certes beaucoup plus bas que ce que son talent lui aurait autorisé sans ces circonstances, mais de quoi continuer à arpenter les terrains à un niveau très correct.
Les deux laissent en tout cas une trace incontestable au LOSC. Avec notre maillot, Stéphane Plancque dispute 200 matches (tout pile) en D1 (12 buts), 30 matches (6 buts) en coupe de France, 10 matches en coupe de la Ligue et 8 matches (1 but) en tournoi de la CUDL. Pascal le petit frère joue 108 matches en D1 (10 buts), 17 matches (1 but) en coupe de France, 8 matches (3 buts) en coupe de la Ligue et 10 matches (1 but) en tournoi de la CUDL.
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