Posté le 21 juillet 2016 - par dbclosc
« Chair de poule » : sortie d’une collection consacrée au LOSC
Vous rappelez-vous la collection « Chair de poule » ? Ces romans pour enfants et adolescents, en partie adaptés à la télévision, ont connu un immense succès dans les années 1990. Les récits d’épouvante entraînaient les lecteurs dans des univers effrayants, fantastiques ou horrifiques, toujours chargés de suspense, et dans lesquels on rencontrait bien souvent des fantômes, des momies, et autres pantins maléfiques ou morts-vivants. Autrement dit, l’horreur était bien souvent très proche de nous et de notre quotidien. Et bien figurez-vous Arsène qu’après une observation fine de la vie de notre club favori au cours des 20 dernières années, l’auteur américain R.L. Stine a décidé d’écrire une collection spécialement consacrée au LOSC. C’est la première fois qu’il met son talent au service d’histoires inspirées de faits réels. En exclusivité, DBC contre le LOSC a pu se procurer les premiers ouvrages. Nous vous en livrons ici les résumés ainsi que nos comptes-rendus de lecture.
N’hésitez pas à nous signaler d’autres titres qui nous auraient échappé !
« Le retour de prêt de Marvin Martin »
Intrigue : Été 2017. Alors que la ville de Lille profite paisiblement du soleil qui l’inonde, la population prend progressivement conscience du drame qui se joue en coulisses : le prêt de Marvin Martin à Dijon arrive à expiration. L’ex-futur Zidane parviendra t-il à se faire accepter ?
L’avis de DBC : l’auteur s’aventure ici dans un récit audacieux qui relève davantage du football-fiction que d’une inspiration réaliste. En effet, il se projette dans un futur incertain. Les mauvaises langues diront que Marvin Martin est en soi du football-fiction. Avec l’audace qui le caractérise, R.L. Stine parvient à susciter chez le lecteur des sentiments ambivalents, qui ne permettent pas de se forger un avis définitif sur l’enfant-prodige. Comment évaluer le niveau d’un joueur qui a fait une passe décisive à chaque match de championnat, mais qui n’en a joué qu’un seul pour cause de blessures à répétition ? Les dirigeants seront-ils sensibles à l’argument de Marvin Martin consistant à répéter que « cette fois, c’est la bonne, je suis prêt physiquement » ? Comment réagiront-ils quand ils découvriront qu’il a déclaré à son arrivée à Dijon « cette fois, c’est la bonne, je suis prêt physiquement » ? Une lecture pour tous à déguster avec une bonne chicha.
« Rio Mavuba arme sa frappe »
Intrigue : À l’issue d’une action bien construite, le capitaine lillois Rio Mavuba se retrouve seul aux 18 mètres adverses. Il s’apprête à frapper.
L’avis de DBC : Ce thème terrifiant est parfaitement exploité par l’auteur, qui sait jouer sur la corde sensible du lecteur en graduant l’horreur grâce à la description très fine de feintes de frappe de Mavuba. Cependant, elles ne font que rassurer qu’un temps les passionnés de football : en effet, la seconde partie de l’ouvrage explore des tréfonds rarement atteints dans la littérature mondiale. R. L Stine a bien du mérite à rendre captivant à l’écrit ce qui est insupportable pour nos yeux. La conclusion de l’action est absolument dégueulasse,si bien qu’exceptionnellement, l’ouvrage est accompagné d’un avertissement pour les moins de 16 ans, qui pourraient être profondément choqués en découvrant que le football recèle aussi sa part sombre.
« Le mercato du LOSC » (sous-titré La grande Braderie de Lille)
Intrigue : Le président Seydoux souhaite recruter trois joueurs de National et un de Ligue 2. Mais auparavant, il doit trouver 50 M€ en se séparant des trois meilleurs éléments de son effectif.
L’avis de DBC : L’intrigue s’inscrit dans une tradition régionale : R. L. Stine a beau être américain, il n’est est pas moins un fin connaisseur de la région du Nord et de ses traditionnelles braderies. On y retrouve le président Michel Seydoux alpaguer la foule aux cris de « ils sont frais mes joueurs ! » ; « 15M par ici ! J’en ai un autre à 7M, je vous le mets ? » ; « par iciiiii, j’ai un attaquant qui a mis un but en coupe du monde ! 15M ? Vendu ! ». Le principal intérêt de ce récit d’épouvante réside dans la multiplicité des points de vue : le financier Seydoux, les joueurs qui se servent du LOSC comme d’un tremplin, les agents qui s’en mettent plein les fouilles, le directeur sportif qui évoque une « stratégie bien pensée », et les supporters qui ont rarement la chance de voir une de leurs idoles faire une bonne saison sans qu’il ne s’en aille dans la foulée. Une réussite !
« Coupe de la ligue : Elana titulaire »
Intrigue : Pour le 1/16 de finale de coupe de la Ligue, l’entraîneur décide de titulariser Steeve Elana dans les cages. Ce choix s’avérera-t-il judicieux ou, au contraire, le LOSC encaissera t-il un but-casquette ?
L’avis de DBC : le titre s’inspire directement d’une coupure de presse qui avait semé la terreur dans Lille il y a quelques années. L’auteur fait la preuve d’un grand brio littéraire pour décrire l’approche du but lillois par l’adversaire. Les premières prises de balle font déjà passer des frissons ; on sent progressivement la défense ne plus faire confiance à son gardien : pas de passe en retrait, trajectoire des centres systématiquement coupée, six-mètres joués par les défenseurs centraux… Jusqu’à la terrible 56e minute:longue balle vers la défense lilloise, Steeve Elana crie « j’ai ! », mais il n’a rien du tout, si ce n’est des gants en peau de pêche… Sans évoquer l’esthétique foireuse de la sortie, la partie technique atteint des sommets d’épouvante. À lire de préférence accompagné(e).
« Un nouveau stade en 2003 ! »
Intrigue : en 1999, les nouveaux actionnaires du club, Luc Dayan et Francis Graille, promettent qu’un nouveau stade sera opérationnel dès 2003.
L’avis de DBC : Ce volume reprend un serpent de mer des années Vahid : la question du nouveau stade, ou la rénovation de l’ancien. La catastrophe arrive de manière lente et graduelle : on sent que tout se met en place pour qu’arrive un dénouement malheureux, tant les pièces du puzzle se liguent contre le LOSC (site militaire, patrimoine protégé, association d’habitants, mairie frileuse, manque de soutien des investisseurs locaux), mais on est frappés par la détermination ou la naïveté des présidents qui sombrent progressivement dans le déni, manquant d’entraîner le club avec eux. L’association « Sauvons la fricadelle » apparaît comme un personnage majeur qu’il serait intéressant de réutiliser pour un épisode à paraître sur le régime alimentaire de Frank Pingel.
« René Girard, pour l’amour du jeu »
Intrigue : L’auteur se glisse dans les coulisses du style de jeu et des compositions d’équipe de René Girard.
L’avis de DBC : Une thématique à glacer le sang, dont le titre constitue à lui seul une entrée importante dans l’abomination. Le style littéraire de l’auteur permet de restituer la prononciation de René Girard, qu’on croirait entendre, ce qui donne rapidement le tournis. On s’imprègne peu à peu de la philosophie de non-jeu de Girard, et cela est probablement la plus grande stupéfaction du lecteur, qui se surprend à trouver une composition en 7-2-1 trop offensive. Ce qui est profondément désespérant pour le football, c’est que les résultats ne sont pas foncièrement mauvais… De quoi donner des idées diaboliques aux techniciens issus de « l’école du bus », qui masquent leurs vilaines intentions derrière des expressions prétendument tactiques telles que « on quadrille bien le terrain », « on joue avec nos qualités », « on a beaucoup travaillé l’efficacité ». Une ode au mauvais goût !
« Réduits à 10 ! »
Intrigue : Anthologie des sorties de Grégory Wimbée en dehors de sa surface.
L’avis de DBC : S’inspirant de faits réels (matches contre Sochaux, Guingamp et Sedan), ce récit fait frémir par la répétition du même geste incompréhensible : le gardien de but n’est pas dans sa surface de réparation mais met (Jacquet) la main. Or, c’est défendu ! Prenant le point de vue des supporters placés dans le kop, le narrateur transmet avec passion le geste irréparable qu’anticipent largement les supporters, au moment où ils voient leur gardien courir vers l’attaquant adverse. On a beau savoir ce qu’il va se passer, le dénouement est inexorable : carton rouge, et une équipe réduite à 10. Probablement le volume le plus fataliste de la série. Dans une postface en guise de bouquet final, une nouvelle inédite sur les sorties aériennes de Grégory Malicki .
« Maman, j’ai raté la montée »
Intrigue : Thierry Froger.
L’avis de DBC : « Hé, en fait, Popeye, il gagne à pas être connu » entend-on à l’issue du film d’auteur Les bronzés font du ski. Thierry Froger, c’est un peu le Popeye du LOSC. C’est donc avec un sadisme parfaitement conscient que Stine lui consacre ce volume. Les défaites contre Amiens, Toulon et Beauvais sont largement décrites, dans un style chatoyant et ironiquement épique, et constituent probablement le summum de ce que le football peut produire de monstrueux : une équipe favorite, mais des joueurs paralysés, un entraîneur au schéma de jeu douteux, un public hostile. À noter les sueurs froides qui vous parviennent lors de la description du moment où le LOSC possède 6 points d’avance sur Sochaux à 5 journées de la fin avant de voir cette avance réduite à « peau de zob ». Un final haletant et quelques scènes de violence : on signale deux dents cassées.
« Méfiez-vous des coups-francs ! »
Intrigue : L’inexpérimenté LOSC affronte le vieux briscard Manchester United. Comment les jeunes Lillois aborderont cette grande affiche ?
L’avis de DBC : On dit souvent que l’histoire se répète. Le scénario est connu de tous : la vaillante petite équipe joue bien, mais les éléments lui sont défavorables, et l’équipe la plus roublarde finit par l’emporter sur un coup pas très net. Tout est réuni ici pour pleurer encore quelques dizaines d’années : un carton jaune oublié pour Scholes, qui l’aurait suspendu au retour, un but refusé à Odemwingie suite à un gros coup de vent, et un but qui trahit une grande naïveté. Agrémentez le tout d’un manque de connaissance du règlement UEFA, et Bodmer envoie le ballon en touche sur l’engagement pour que le LOSC pose une réclamation fantôme. Cerise sur l’Hitoto : des incidents en tribunes provoqués par les Anglais qui entraînent une forte amende pour le LOSC. Brrrr !
« Panique dans le vestiaire »
Intrigue : Le LOSC ne mène que 3-0 à la pause. Son entraîneur bosniaque passe un savon à ses joueurs.
L’avis de DBC : R. L. Stine propose ici un véritable travail d’investigation virtuel. Tel une petite souris, il semble présent dans le vestiaire et relate les échanges du vestiaire de Grimonprez. Une véritable soufflante ! L’effet de terreur est renforcé par le prononcé très particulier de Vahid Halilhodzic, furieux que la défense ait été placée 53 centimètres trop bas sur un contre adverse. Voici un extrait éloquent : « Toi mal placé… ! Toi payer ! Toi faire 25 tours de terrain après match et 100 pompes avec enclume sur dos ! Même si toi avoir mis triplé ! ». On retrouve ici les mécanismes propres à l’oppression qu’a très bien décrits Hannah Arendt, avec une passivité presque complice des dominés. Tout le monde savait, mais personne n’a rien fait… À méditer.
« En bon père de famille »
Intrigue : été 2009, le LOSC se structure, et il faut gérer le mercato. Rudi Garcia est viré. Finalement, il n’est plus viré. Généalogie d’un grand club.
L’avis de DBC : On se rappelle qu’après une première saison très satisfaisante et un jeu offensif, Rudi Garcia est invité à faire ses paquets pour déménager. Dissensions au sein du club, avis divergents, « crise de croissance », implication de certains joueurs… Le récit ne manque pas d’humour, mais se distingue surtout par sa dimension pathétique. 15 jours d’imbroglio, la menace de l’arrivée de Paul Le Guen : les supporters en tremblent encore.
« L’esprit de Munich »
Intrigue : Le LOSC a la chance de jouer un match de prestige face au grand Bayern de Munich. Les joueurs misent sur une belle première mi-temps.
L’avis de DBC : On soulignera ici surtout la malice dans le choix du titre, qui fait référence à un épisode historique peu glorieux, une constante dès lors que l’on évoque l’Allemagne. Après, qu’il y ait 5-0 à la mi-temps, ça peut arriver à tout le monde. Stine sait toutefois rappeler que ça fait quand même une énorme tâche pour la carte de visite du club, qui tient là son humiliation européenne tel un vulgaire La Corogne-PSG.
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