Posté le 26 juillet 2016 - par dbclosc
La malédiction des « hommes aux deux prénoms » au LOSC (1975-2016)
Il y a des faits tellement évidents qu’on en arrive à ne plus les voir. Parmi ces faits, l’un des plus évidents réside dans le fait que, au début des années 1980, le LOSC a dans son effectif une proportion particulièrement importante de joueurs dont le nom de famille est également un prénom. En effet, alors que seul 0,3 joueur par an au LOSC ont un nom de famille qui est un prénom entre 2001 et 2011, cette moyenne s’établissait à 2,8 entre 1980 et 1985, soit plus de neuf fois davantage.
Le commun des mortels serait tenté d’y voir une « coïncidence ». A DBC LOSC, nous savons que tout s’explique, et qu’il y a donc une explication plausible à cet état de fait. Ceci étant, on n’a pas vraiment trouvé d’explication valable. On en a donc déduit que c’était parce que le LOSC s’était alors lancé dans une stratégie de recrutement de joueurs dont le nom de famille est un prénom.
C’est débile ? Oui, tout à fait, et c’est ce qu’on s’apprête à te montrer, que cette stratégie était débile.
Hein ?
C’est ma théorie qui est débile ?
Bon, d’accord. Mais écoute-la quand-même. Ah oui, au fait, cerise sur le bateau, tu auras en bonus la thèse principale : celle de la « malédiction des hommes aux deux prénoms », malédiction qui débute quand le LOSC se lance avec le plus de vigueur dans cette stratégie.
1981-1984 : l’âge d’or des « joueurs dont le nom de famille est un prénom » (ou « hommes aux deux prénoms »)
Ce graphique te montre une évidence : le LOSC s’est lancé au début des années 1980 dans une stratégie de recrutement de joueurs dont le nom de famille est un prénom. On voit le nombre de joueurs dans cette situation croître, jusqu’à atteindre le nombre de cinq en 1983-1984 pour rapidement décroître et se stabiliser à une moyenne inférieure à un par an à partir des années 1990.
Pourquoi cette stratégie, me diras-tu ? A vrai dire, aucune certitude là-dessus. Mais je suppute. Au début des années 1980, les dirigeants lillois veulent attirer le public. Du coup, quoi de mieux que des joueurs dont le nom de famille est un prénom ? Ça fait tout de suite « matches entre copains » sur le mode : « Denis passe à Henry, Henry remet pour Thomas qui décale Christophe … Christophe centre pour Noël et but ! ». Et j’te parle pas de Françoise qui a à cœur de montrer que le foot c’est pas qu’une histoire de mecs. Donc voilà, nous on pense que c’est ça la vraie raison.
La jurisprudence Simon-Henry
Mais, tu vas me dire, pourquoi une telle stratégie paraît-elle sportivement bonne ? A mon humble avis, c’est le cas Simon qui a laissé penser aux dirigeants que c’était une bonne idée. En 1976, le LOSC recrute Didier Simon qui s’impose comme un meneur de jeu de grand talent. En plus, dès 1978, un petit prodige nommé Joël Henry fait ses débuts en pro à seulement 16 ans. De tels exemples ont semble-t-il donné une information capitale aux dirigeants : les joueurs dont le nom de famille est un prénom sont diablement bons.
Dès lors, en 1981, ils recrutent Pascal Françoise qui s’ajoute à Simon et Henry. L’expérience est un peu moins concluante, mais les dirigeants ne se démontent pas. Ainsi, si Simon s’en va, Didier Christophe, international A, arrive au LOSC et semble confirmer la thèse du talent des joueurs dont le nom de famille est un prénom.
Et là, une vague de joueurs dont le nom de famille est un prénom arrive …
La vague (ça fait peur, hein, comme intertitre ?)
En 1983, Pascal Françoise s’en va, mais on ne perd pas notre meilleur joueur dont le nom de famille est un prénom. Viennent compléter l’effectif : Dominique Thomas, Lucien Denis, Claude Robin et Jean-Paul Noël, portant à cinq le nombre de joueurs dont le nom de famille est un prénom.
Mais bon, il s’avère que cette stratégie de recrutement ne marche pas à tous les coups. On comprend ainsi assez vite pourquoi Guy Roux nous a refilé aussi facilement Jean-Paul Noël et Lucien Denis, et le bisontin Claude Robin fait une première saison moisie. Même Didier Christophe a un coup de mou, seul Dominique Thomas se révélant comme une vraie satisfaction.
La malédiction des hommes aux deux prénoms
Bref, assez vite les dirigeants comprennent que la stratégie est pourrie. Jean-François Daniel arrive cependant en 1987/1988, mais la saison pourrie de ce joueur pourtant talentueux laisse entendre qu’il y aurait plutôt une malédiction sur les joueurs dont le nom de famille est un prénom. Ce que semble d’ailleurs confirmer la grave blessure de Dominique Thomas en 1990.
Roger et Toto ? Ah non, ça nous arrange pas, on veut plus d’hommes aux deux prénoms. Comment ? HItoto ? Ok, c’est bon alors …
Bref, fini les conneries. Les dirigeants font néanmoins signer Joël Germain en 1995, non sans méfiance. Ils constatent alors vraisemblablement qu’avoir un nom qui est un prénom porte la poisse. D’ailleurs, si tu regardes bien, les joueurs du LOSC qui seront dans ce cas-là confirment la thèse : Bruno Clément, Dagui Bakari qui se verra diagnostiquer des problèmes cardiaques, Youssef Sofiane l’ancien grand espoir du foot, Gianni Bruno et, bien sûr, l’inoubliable Marvin Martin.
Et comme ça ne suffisait pas, on a pris Baptiste Guillaume.
2016 : le retour à la raison
Mais 2016 est peut-être l’année du retour à la raison (1). Un an après son recrutement pour une petite fortune (2), Baptiste Guillaume a été prêté. La réflexion a été plus longue pour Marvin Martin, mais elle a finalement abouti à la même conclusion : un prêt également.
Mais on aurait dû réagir avant : depuis combien de temps Christian Jeanpierre nous a-t-il montré sa médiocrité ?
Bisous, prends bien soin de toi.
(1) Le cas Sunzu semble confirmer ce glissement dans la stratégie initiée par les dirigeants du LOSC : Stophira Sunzu doit son prénom à un hommage de ses parents à Yannick Stopyra. Le LOSC semble donc glisser vers une stratégie de recrutement de joueurs dont le prénom est un nom de famille, ou d’ »hommes aux deux noms de famille ».
(2) Si Baptiste Guillaume vaut ce qu’il coûte, faudra m’expliquer pourquoi on ne veut pas m’embaucher, même au SMIC, même pour n’importe quel taf. Dis M.Seydoux, tu m’embauches ? (non, non, pas pour jouer …) (3)
(3) Ah oui, par contre, l’auteur de cet article est un « homme aux deux prénoms » …
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8 septembre 2018
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DUPONT Antoine (peut-on considérer Dupont comme un prénom ?) a dit:
Excellent article d’investigation, comme à l’accoutumée. Cependant je propose une autre hypothèse sur le pourquoi de cette stratégie de recrutement : cela permettrait de déstabiliser l’équipe adverse. En voici un exemple :
(Corner pour le losc)
Hé, prend Michel au marquage.
(Equipe adverse
- Michel Denis ou Christophe Michel ?
- …(l’autre concentré sur l’action, n’écoute plus)
- Hé ! Lequel de Michel que je dois prendre ?!
(Le corner est tiré, Christophe Michel s’élève dans les airs pour mettre un coup de tête)
BUUUTTT DU LOSC!!! Le numéro 7, Christooooopheeeee… MICHEL !
- Putain mais je t’avais dis de le prendre au marquage !!
Voilà, ça me parait quand même beaucoup plus plausible.
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8 septembre 2018
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Bobby a dit:
Tout à fait plausible, d’ailleurs, je pense que d’autres éléments attestent d’une stratégie de déstabilisation de l’adversaire. Le recrutement de Baptiste Guillaume est à notre sens une entreprise de déstabilisation en elle-même : quand l’adversaire voit qu’un club comme le LOSC qui vise l’Europe aligne Guillaume, il ne comprend plus. Il se sent comme dans la 4ème dimension. Toute rationalité semble avoir disparu. L’adversaire perd alors tout repère et son équilibre se disloque.
C’est en tout cas ce qu’on espérait.