Archiver pour octobre 2016
Posté le 30 octobre 2016 - par dbclosc
The Belgian Connection. Plus d’un siècle d’histoire commune entre le foot lillois et la Belgique.
Il n’y a pas si longtemps, on a rappelé notre belle histoire d’amour avec Georges (Heylens), Erwin (Vandenbergh) et Filip (Desmet). Et pourtant, notre « histoire belge » n’a pas commencé avec ce mémorable trio. Cette histoire a même commencé il y a plus d’un siècle, avec Alphonse Six. Ici, on va te retracer ces personnages historiques pour nous et néanmoins d’Outre-Quiévrain. Ces dernières saisons, cette Belgian connection s’épanouit chez les filles.
Alphonse SIX (1913-1914)
Né le premier jour de l’an 1890, Alphonse Six n’est pas le fils d’Alphonse Cinq, contrairement à ce que personne ne pense. Faute de sang bleu, Fonfonse (comme personne ne l’appelle, également) deviendra roi de la surface de réparation et fera honneur à ses glorieux deuxième et troisième prénoms, Léopold et Baudouin.
En 1906, le Cercle de Bruges l’engage. Il y fait ses débuts la saison suivante, au cours de laquelle il n’inscrit qu’un but. La suivante est beaucoup plus réussie puisque Six en inscrit le double. 27 matchs, 3 buts, son club se dit qu’il va fout’ eu’l bazar. C’est ainsi qu’Alphonse est confirmé en attaque. Le Cercle fait une superbe saison et termine troisième du championnat en 1909/1910. Six est le principal responsable de ce parcours : en 18 matchs, il inscrit 27 buts !
Ses belles prestations lui permettent de faire ses débuts avec les Diables Rouges. Il joue son premier match le 13 mars 1910 lors du Challenge Vanden Abeele : chaque année, Belges et Néerlandais s’affrontent à Anvers pour désigner le vainqueur de cette compétition d’un seul match. La Belgique s’impose 3-2, Six inscrivant le but vainqueur à la 119’. Quatre autres buts suivront cette année-là : il égalise contre l’Angleterre (alors probablement la meilleure équipe du monde) lors d’un nul 2-2 pour ce qui est considéré comme le plus grand exploit footballistique belge avant la Première Guerre Mondiale. La semaine suivante, il inscrit un triplé contre l’Équipe de France lors d’une large victoire 0-4.
Six confirme la saison suivante : en 20 matchs, il inscrit 38 pions (exactement la moitié des buts inscrits par son équipe) et termine meilleur buteur du championnat. Le Cercle devient le premier club flamand champion de Belgique. Si les Vert et Noir ne conservent pas leur titre en 1911/1912, Six continue d’affoler les compteurs, avec 24 buts en 22 matchs dont un quintuplé (le seul de l’histoire du club).
Six rejoint alors l’équipe-phare de Belgique, l’Union Saint-Gilloise, qui lui promet une place de titulaire et, surtout, un travail. Problème : son nouveau club ne respecte pas cette seconde promesse. Il quitte le club et rejoint l’Olympique Lillois en 1913. Son talent est connu dans le Nord : l’OL affronte régulièrement le Cercle ou d’autres équipes belges lors de tournois et de matchs amicaux. Avec le club lillois, il remporte le championnat régional 1913 et devient champion USFSA (Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques) en 1914, inscrivant un but en finale. Il est ainsi le premier joueur belge à remporter un trophée avec un club étranger.
L’Olympique Lillois avant la demi-finale du championnat de France 1914. Alphonse Six est au centre, derrière le gardien.
La menace d’un conflit l’oblige à rejoindre l’armée. Il est mobilisé le 1er août 1914. Encerclé par l’ennemi allemand qui vient d’envahir la Belgique, il meurt le 19 août. Il est l’un des 26 footballeurs belges à avoir trouvé la mort lors de la Grande Guerre.
Robert DE VEEN (1932-1934)
Né en 1886, Robert De Veen ne connaîtra qu’un seul club au cours de sa carrière de joueur : le Club de Bruges. En douze saisons et 172 matchs, il inscrit 135 buts pour les Blauw en Zwart. Bien qu’il n’ait jamais été champion, il connaîtra huit fois le podium et terminera deux fois meilleur buteur, en 1905 et 1906. C’est lors de cette dernière année qu’il fait ses débuts en équipe nationale. Il totalise 23 sélections et 26 buts, dont 13 contre l’Équipe de France. En 2016, il est toujours le cinquième meilleur buteur de la sélection. Le record étant à 30 buts, on peut imaginer qu’il sera battu dans les années à venir. Il met fin à sa carrière en 1914.
C’est en 1932 qu’il arrive dans l’Hexagone, lorsque l’Olympique Lillois le nomme entraîneur. Bien leur en a pris, puisque l’OL décroche le seul titre de champion de France de son histoire (parmi les championnats organisés par la FFF). Après avoir survolé le groupe A (14 victoires en 18 matchs, 5 points d’avance quand la victoire est à deux points), l’OL bat le vainqueur du groupe B, Antibes, en finale sur le score de 4-3.
Le niveau de la deuxième saison est plus homogène : malgré le titre honorifique de meilleure attaque du championnat (70 buts en 26 matchs), l’OL termine quatrième à deux points du champion, le FC Sète. Le voisin fivois termine à la deuxième place.
Après deux ans dans le Nord, De Veen va voir un peu plus au sud et rejoint en 1934 un club promu en Division Interrégionale (le deuxième niveau national) : le RC Lens, qui se sent obligé de piquer le savoir-faire nordiste pour réussir. Et ça marche ! Si Robert ne reste qu’une saison du côté de Bollaert, il pose les fondations d’un club qui rejoindra l’élite en 1937.
En 1938, il a l’opportunité d’entraîner le Club de Bruges, son club de cœur et formateur. Jusqu’alors, sa seule expérience belge se limite à un passage du côté de Tournai, en deuxième division. Malheureusement, il n’aura le même succès qu’outre-Quiévrain. Disons-le clairement : il manque De Veen. La saison brugeoise est à chier puisque les Flamands sont relégués de Division d’Honneur, cinq ans après leur retour. Alors qu’il devait initialement garder son poste, De Veen démissionne, probablement affaibli par la maladie. Il meurt en décembre 1939.
Georges (1932-1934) et Robert MEURIS (1955-1956)
Né en 1907 dans la banlieue bruxelloise, Georges débute dans le club du coin en 1923. Aussi bien défenseur que milieu de terrain, lui et son équipe créent la surprise au printemps 1926 en accédant la première division pour la toute première fois. L’expérience sera douloureuse, surtout en tant qu’élément défensif : Forest perd 16 de ses 26 matchs, termine dernier à 7 points du premier non-relégable et décroche avec brio le titre de pire défense de la saison, avec 83 buts concédés. A onze reprises, le petit club encaissera au moins 4 buts dans un match. En quelque sorte, leur belle saison en D2 était l’arbre qui cache la Forest.
Georges quitte le club sur cette relégation. Le football belge n’étant pas professionnalisé, la pratique du ballon rond est incompatible avec sa vie de travailleur. On le retrouve sur les terrains en France en 1932, année de la création du football professionnel. Robert De Veen le fait en effet venir à l’Olympique Lillois, où il reste deux saisons, comme son entraîneur. Meuris fait donc partie des premiers champions de France de l’histoire. Il dispute 41 rencontres de D1 et marque 4 buts avec l’OL.
La suite s’écrit à Montpellier, à Valenciennes-Anzin mais surtout au Red Star, où il restera six saisons, connaissant la D1, la D2 et enfin la « D1 Nord », organisée pendant la guerre. Naturalisé français, il porte une fois le maillot bleu, lors d’une défaite 0-2 contre l’Irlande, en mai 1937, lors de la première confrontation entre les deux nations. En 1942, âgé de 35 ans, il rejoint le SCO Angers en qualité d’entraîneur-joueur. Il aura cette double responsabilité pendant cinq saisons, jouant et entraînant au passage son fils Robert. A 40 ans, après 186 matchs de D1 et 86 de D2, Georges met fin à sa carrière de joueur et quitte simultanément son poste d’entraîneur du SCO. Il reste toutefois Angevin puisqu’il rejoint l’autre club de la ville, le Club Sportif Jean-Bouin, qui est à la recherche de sa gloire d’antan. Comme De Veen avec Lens, Meuris n’y reste qu’un, le temps d’apporter son expérience à un club qui vise plus haut. Et c’est une nouvelle réussite d’un ancien Lillois, puisque le CSJB retrouve la Division d’Honneur en 1949 pendant quelques années, avant de disparaître en 1954. On le retrouve sur le banc dans les années 60 en Belgique : ses trois saisons au Cercle de Bruges ne resteront pas dans les annales, puisque le club termine toujours dans la deuxième partie de tableau. 1965/1966 se termine notamment par une relégation et un départ à Waterschei, club de Genk, en D2. Alors que l’objectif est de monter, il termine troisième et l’expérience ne se prolonge pas. A 60 ans, il se retire et meurt au milieu des années 80.
Son fils Robert est également ancien Lillois. Son titre de champion de France 1947 avec Roubaix-Tourcoing est son principal fait d’arme. Il fera régulièrement l’ascenseur entre la D2 et la D1 avec Monaco, le Racing Paris, Nîmes et enfin le LOSC pendant un an, où il terminera sa carrière. Comme un symbole, il se retire sur une relégation subie lors des barrages, après une défaite face à Valenciennes-Anzin.
Georges HEYLENS (1984-1989), Erwin VANDENBERGH (1986-1990) et Filip DESMET (1986-1989)
Pendant cinq ans, Georges (Heylens) a été le coach de l’équipe première du LOSC (1984-1989). Entraîneur réputé, il devait nous permettre de franchir un palier à une époque où les budgets des clubs français explosaient et, corrélativement, leurs ambitions. Époque de politiques financières étranges, mais aussi d’espoirs. Deux ans plus tard, suivant cette logique ambitieuse, deux internationaux belges, tout juste demi-finalistes de la Coupe du Monde au Mexique, le rejoignaient.
C’était notre trio belge qui nous apportait tant d’espoirs. Espoirs largement déçus, certes, mais on n’oublie pas qu’ils nous ont fait rêver. On n’oublie pas non plus le beau jeu qu’ils ont produit et on retient finalement plutôt ce romantisme que nos déceptions. Car il y a vraiment du romantisme dans cette histoire dans laquelle on trouvait à la fois espoir et émotions changeantes. Et c’est aussi parce que le foot, à la différence d’un Walt Disney, ça ne finit pas toujours bien, qu’on y prend du plaisir.
La suite à lire ici :
Stéphan VAN DER HEYDEN (1997-1998)
Quand il arrive au LOSC en cours de saison 1997/1998, on se dit qu’on fait une bonne pioche avec Stefan, 28 ans et un CV plutôt clinquant pour la D2 française. Ce milieu offensif gauche, formé à Beveren où il se révèle en 1990/1991, est rapidement transféré au grand FC Bruges. Il y est titulaire pendant cinq saisons et y découvre les joies de la sélection nationale belge et y dispute 23 rencontres européennes, quand-même. En 1992, il dispute même la demi-finale de Coupe des Coupes contre le Werder de Brême : vainqueurs à l’aller (1-0), les Brugeois s’inclinent malheureusement au retour (2-0).
En 1996, il rejoint Roda, en D1 néerlandaise où il se retrouve placardisé lors de sa deuxième saison. Une aubaine pour le LOSC qui recrute Stéphan pour la deuxième partie de saison. Très bon sur les coups de pied arrêtés, Stéphan fait des débuts très intéressants et fait preuve d’une belle activité côté gauche. Il jouera 16 matchs de D2 pour 1 but sous nos couleurs pour un bilan mitigé au final en dépit d’une qualité certaine du joueur. A l’été 1998, il retourne à Roda.
Kevin MIRALLAS (2004-2008)
Kévin est un précoce : il marque son premier but sous les couleurs du LOSC 5 minutes après être entré en jeu contre le PSG en 2005. Il reste à ce jour le plus jeune buteur lillois dans l’élite, à 17 ans, 7 mois et 2 jours. Ses poursuivants se nomment… Eden Hazard (17 ans, 8 mois et 13 jours) et Divock Origi (17 ans, 9 mois et 15 jours). Joker de luxe pendant 2 saisons, il explose lors de l’Euro Espoirs 2007 et s’impose comme titulaire au LOSC à la fin de la saison 2007-2008, en signant notamment 2 doublés consécutifs, à Marseille puis contre Toulouse. Il quitte alors le LOSC de manière un peu précipité, ou il tombe un peu dans l’oubli avant de renaître en Grèce, puis en Angleterre, ce qui lui permet de participer à la coupe du monde 2014 avec les Diables Rouges.
http://www.dailymotion.com/video/x57uqb
Eden HAZARD (2005-2012)
Notre long article à son propos est à lire ici : http://droguebierecomplotlosc.unblog.fr/2016/11/15/longue-vie-au-roi-des-belges-trajectoire-et-carriere-deden-hazard/
Gianni BRUNO (2007-2014)
Arrivé du Standard de Liège à 16 ans, Gianni fait ses débuts en janvier 2012, lors d’un match de Coupe de la Ligue à Lyon qu’on n’aurait jamais dû perdre. Il inscrit son premier but professionnel dix jours plus tard, en inscrivant à la 114’ l’unique but d’une victoire de prestige sur le terrain de Compiègne. Jusqu’à la fin de saison, il enchaînera les courtes entrées en jeu en Ligue 1, totalisant 10 apparitions et 118 minutes. Ajaccio devient sa première victime en Ligue 1. S’il profite d’un léger turnover pour gratter du temps de jeu (et même deux titularisations), ses prestations sont plutôt quelconques et petit à petit, ses apparitions se limitent à des matchs sans grand enjeu : Gianni est titulaire en Coupe de la Ligue à Bastia et en Ligue des Champions à Borisov. Il marque à chaque fois, devenant ainsi buteur dans chacune des compétitions auxquelles il a participé avec son club formateur. Ne souhaitant pas évoluer sur l’aile (Kalou commence à bien tourner dans l’axe), Divock Origi passe devant lui dans la hiérarchie.
Sa progression passe donc par un départ : Bastia l’accueille pour remplacer Anthony Modeste. Si son bilan est correct (8 buts), le club corse ne lève pas l’option d’achat. Barré au LOSC, il est transféré à Evian, où il prend l’eau (17 matchs, 1 but). Lorient sent le bon coup et se le fait prêter au mercato hivernal : le bilan est deux fois meilleur puisqu’il inscrit autant de buts avec un temps de jeu divisé par deux. De retour à Evian (entre temps relégué en Ligue 2), il participe activement à la non-remontée : 21 matchs, 4 buts et un nouveau prêt au mercato hivernal. Cette fois-ci, direction la Russie et Samara, entraîné par la légende Vercauteren. Son prêt est prolongé à l’été 2016. Son bilan y est pour le moment tout aussi famélique.
Divock ORIGI (2010-2015)
Venu de Genk à 15 ans, Divock a dû patienter un an dans le Nord avant de pouvoir enfiler la vareuse lilloise. L’affaire s’est d’ailleurs terminée au tribunal et le LOSC a dû indemniser Genk à hauteur de 300 000 €. Il en a profité pour apprendre le français, que même qu’on est toujours surpris qu’il en parlait pas un mot quand on l’entend parler aujourd’hui tellement que c’est bien.
Février 2013. Les premiers matches au Grand Stade sont décevants. Le LOSC a, pour la deuxième fois consécutive, terminé dernier de sa poule de Ligue des Champions. Les résultats en championnat ne sont pas plus reluisants, puisqu’on ne pointe qu’à la 11ème place après 22 journées, avec seulement 7 victoires et 26 buts marqués, loin des standards (de Liège) habituels d’une équipe entraînée par Rudi Garcia. Ni Kalou, ni Roux, ni De Melo n’arrivent à s’imposer. Menée 0-1 par Troyes, l’équipe voit arriver un petit nouveau à la 68’. Six minutes plus tard, sur un centre parfait de Payet, Origi inscrit son premier but en Ligue 1. Il sera utilisé à neuf autre reprises cette saison-là, passant devant Gianni Bruno dans la hiérarchie et participant à la « remontée qui ne sert à rien » : à partir de ce match, le LOSC tourne à 2 points et 2 buts par match (principalement grâce à Salomon Kalou) mais paume l’Europe lors de la dernière journée.
En 2013-2014, il est titularisé par René Girard, soit en position d’avant-centre dans un 4-3-1-2, soit sur l’aile gauche dans un 4-3-3. Il participe à 30 matchs, marque 5 buts et est la surprise de Marc Wilmots dans la liste des 23 Belges qui vont participer à la Coupe du Monde au Brésil. Il profite ainsi de la grave blessure de Christian Benteke. Divock sera même particulièrement performant lors de ses entrées en jeu, puisqu’il marquera le seul but du match contre la Russie, sur une passe d’Eden Hazard. Ce but a fait de lui le 6ème plus jeune buteur de tous les temps en Coupe du Monde.
Revenu crevé après cette Coupe du Monde lors de sa première saison pleine, Origi n’a jamais pu assumer le statut d’attaquant n°1 après le départ de Salomon Kalou. Entre temps, il avait signé à Liverpool, qui nous l’avait gentiment prêté un an supplémentaire. Auteur de huit buts, dont 5 lors des deux derniers mois, il vit une affreuse série de 21h sur un terrain sans marquer en championnat, entre le 27 septembre 2014 et le 15 mars 2015.
Baptiste GUILLAUME (2015-2016)
Formé à La Gaillette, Guillaume (qui n’est pas son prénom) a compris qu’il avait très mal débuté son parcours footballistique. Faute de pognon en provenance d’Azerbaïdjan (la faute à un jour férié, souvenez-vous), le RC Lens a dû aligner par défaut son équipe réserve en Ligue 1 lors de la saison 2014-2015. Propulsé titulaire, il n’a pu faire mieux que deux petits buts en 27 matchs. Logiquement dernier, le RCL est retourné en Ligue 2. Pendant ce temps, Baptiste est resté en Ligue 1 pour une coquette somme (alors que la somme n’a pas fait d’effort particulier quant aux soins auto-apportés) qu’on ne rappellera pas parce que c’est vraiment mettre une pression inutile sur un joueur qui, de l’aveu même de Jean-Michel Vandamme, « n’a pas fini sa post-formation ». Mais 4M€ quand même putain ! Si ses débuts lillois ne sont pas convaincants, on admet volontiers qu’être avant-centre du LOSC lors de la dizaine de matchs d’Hervé Renard, c’était pas vraiment un cadeau. L’arrivée d’Antonetti coïncide avec son placement en équipe réserve, où il effectue la deuxième partie de saison 2015-2016. Il participe activement à la remontée en CFA (12 buts en 16 matchs), avant de rejoindre Strasbourg, promu en Ligue 2, en prêt. Il participe à la remontée du club alsacien en L1, inscrivant même 10 buts. Sollicité, il est transféré à Angers, où il joue peu et n’inscrit que 2 buts en 2017-2018. Son avenir s’écrit désormais à Nîmes.
Jana CORYN (2016-…)
Un an après sa « création », la section féminine du LOSC renouvelle de vieilles habitudes : aller chercher en Belgique, ce beau pays, les trésors introuvables ici. Le premier d’entre eux est Jana Coryn. Âgée alors de 23 ans, elle vient de terminer meilleure buteuse du championnat belge avec le Lierse (19 buts) et a remporté la coupe nationale. Elle est l’une des grands artisanes de la remontée du LOSC en 2017, puisqu’elle termine meilleure buteuse du club (25 buts, et on ne compte pas le triplé « pour du beurre » contre La Roche…). Elle en a inscrit 6 pour sa première saison en D1, au cours de laquelle elle a souvent été excentrée côté droit. Elle est aussi internationale Belge, où elle est souvent cantonnée à un statut de joker.
Silke DEMEYERE (2016-…)
Coéquipière de Coryn à Zulte-Waregem, à Bruges et au Lierse, Silke Demeyere est repérée alors que les dirigeants lillois viennent initialement pour discuter avec Jana Coryn. Plutôt n°10, elle joue un cran plus bas à Lille, en milieu défensive, où nous avons maintes fois souligné ses qualités de récupératrice et son attitude hors-norme sur le terrain. Elle aussi partie prenante de la remontée en 2017, elle est reléguée sur le banc au début de la précédente saison avant de logiquement se refaire une place dans le 11 titulaire. Contrairement à ses équipières et compatriotes, et de manière assez surprenante, elle n’est pas appelée en sélection nationale (hormis un stage en début d’année 2018). Nous l’avons rencontrée en mars.
Maud COUTEREELS (2016-…)
Une troisième Belge rejoint les rangs du LOSC lors de l’été 2016. Arrivée au LOSC auréolée de 16 titres (elle est notamment 7 fois championne de Belgique avec le Standard de Liège), le titre de championnes de D2 en 2017 lui en apporte un 17e. Après avoir ainsi fait le tour du championnat belge, elle est rapidement promue capitaine à Lille, comme elle l’était à Liège, et s’impose comme une taulière derrière, apportant un répondant physique indéniable. Adroite des deux pieds, elle tente sa chance de temps à autre sur coup-franc. Pour sa première saison en D1 française, elle a inscrit un but très important à Marseille (2-0). Parallèlement, elle est régulièrement appelée chez les Red Flames et a joué l’Euro 2017 au poste d’arrière droite.
Nos 3 Belges ont récemment resigné et seront Lilloises en 2018-2019
Ils auraient pu y être et comme on les met là du coup ils y sont :
Serge DJAMBA : Prêté deux saisons de suite en D1 belge (La Louvière et Ostende), Serge fera plutôt carrière dans les divisions inférieures belges, puisqu’il connaîtra six clubs de D2, D3 et D4.
Salvatore CRIMI : né en 1993, le gardien international U19 a fait toute sa formation au Domaine de Luchin, avant de retourner dans son pays natal. Passé par Zulte Waregem et Charleroi (D1), c’est en D2 et dans un troisième club qu’il effectue ses débuts professionnels. Il s’en souviendra, puisque son équipe (le White Star Bruxelles) s’incline 6-0. Il évolue aujourd’hui en 4ème division, à Woluwé-Zaventem.
Kylian HAZARD : le troisième frère Hazard est passé par le centre de formation du LOSC, comme son premier frère. Non conservé, il prend le chemin de la D2 belge et du White Star Bruxelles, entraîné par l’ancien agent de ses deux frères aînés. Pas au niveau, il rejoint Zulte Waregem, qui vient d’accueillir deux saisons son deuxième frère, Thorgan, avec succès. Malheureusement, son temps de jeu est tout aussi réduit. Voulant à tout prix embrasser une carrière de footballeur professionnel, il rejoint en 2015 Ujpest, en Hongrie, propriété d’un Belge. Sa première saison s’achève avec 5 buts et 4 assists toutes compétitions confondues.
Junior MALANDA : arrière droit de la réserve du LOSC, Junior n’acceptait pas de ne pas avoir sa chance en équipe première. Son avenir losciste bouché par Debuchy (entre autres), Zulte Waregem lui ouvre une porte de sortie en 2012. Il trouve rapidement sa place dans le 11 de base, au poste de récupérateur à côté de Jonathan Delaplace. Sa saison est extraordinaire puisque Zulte Waregem termine vice-champion. Junior force un transfert vers Wolfsburg à l’été 2013. Il reste une demi-saison de plus à Zulte, le temps de faire très belle impression en Ligue Europa. Il fait ensuite valoir ses qualités en Bundesliga, où il fait rapidement l’unanimité avant d’avoir un creux, fin 2014. Il meurt dans un accident de voiture en janvier 2015, à 20 ans.
Sébastien DEWAEST : très costaud et pas spécialement habile avec ses pieds, Dewaest est comparable à Soumaoro. Non désiré par Chihab avec la réserve du LOSC après 11 années de bon service dans les équipes de jeunes, le défenseur central rejoint Roulers en D2 belge, malgré l’intérêt de clubs de D1 (qui souhaitaient d’abord le faire jouer en réserve). Deux saisons et demie d’apprentissage suffisent à attirer l’œil de Charleroi, qui l’accueille en 2013. Il est ainsi un titulaire indiscutable de l’excellent Felice Mazzù et aide les Zèbres à se qualifier pour la Coupe d’Europe. L’aventure est de courte durée puisqu’ils sont éliminés lors des tours préliminaires. Genk vient alors aux nouvelles et l’arrache pour 3M€ en août 2015, quelques heures après une phrase que les supporters carolos ne lui pardonnent pas : « si c’est pour aller à Genk, autant rester à Charleroi ».
Dino ARSLANAGIC : après quasiment une décennie du côté de Mouscron, il trouve refuge au Domaine de Luchin lors de la faillite du club hurlu en 2009, peu après ses 16 ans. Il n’y reste que deux ans, puisqu’il rejoint le Standard de Liège en juin 2011. Utilisé pour la première fois en équipe première fin 2012 lors d’un match de Coupe de Belgique en tant que défenseur central, il gagne du temps de jeu et s’impose comme titulaire régulier au cours des saisons 2013/2014 et 2014/2015 (respectivement 29 et 35 matchs). Malheureusement pour lui, ses prestations ne sont pas suffisantes et il perd petit à petit sa place. Titulaire lors de play-offs sans enjeu, il participe tout de même à 24 matchs lors de la saison 2015/2016. Aujourd’hui sur une voie de garage, il est à la recherche d’un nouveau challenge.
Birger LONGUEVILLE : venu de Bruges, le grand blond avec deux chaussures parfois noires et parfois d’autres couleurs Birger ne reste que deux saisons au LOSC (2007-2009). On le retrouve ensuite du côté d’Anderlecht, où son passage n’est pas beaucoup plus marquant. Il descend alors d’un étage et se retrouve à Roulers, avec qui il fait ses débuts pros. Une saison et demie et 10 matchs et dix matchs plus tard, Longueville quitte le football professionnel et rejoint Deinze en D3. Il quitte le club en 2015 sur une promotion. Il évolue depuis à Berlare, un club de 5ème division proche de Lokeren.
Steeven WILLEMS : Peut-être te souviens-tu de ce 13 juillet 2012. Ce jour-là, le HAC inaugure son nouveau stade et le LOSC est l’invité de marque. Après une première mi-temps avec la meilleure équipe possible (Debuchy, Chedjou, Martin et Kalou sont absents), Rudi Garcia fait largement tourner en 2ème mi-temps. Outre Klonaridis et Julian Michel, Steeven Willems était là. Et il a été plutôt bon dans mes souvenirs. Néanmoins, ses prestations avec la réserve seront assez quelconques et Steeven rejoint la Jupiler Pro League et Charleroi en 2013. S’il joue en moyenne une vingtaine de matchs par saison, il semble cette fois avoir passé un cap puisqu’il n’a toujours pas raté une minute de championnat pour le moment. Il marque même de très loin (même si c’est une drôle d’idée de jouer avec un ballon de plage).
Viktor KLONARIDIS : 50% Belge, 50% Grec et 100% pas au niveau, Totor cumule tout de même 38mn en Ligue 1 en 2012-2013. Prêté six mois à Mouscron en D2 (8 matchs, 2 buts), il repart rapidement en Grèce (d’où il était venu) pour prendre un peu plus de plaisir : 103 matchs avec le Panathinaikos, 23 buts, 16 passes décisives et une polyvalence à couper le souffle (ce qui ne veut rien dire). A l’été 2016, il rejoint le RC Lens, où son temps de jeu lui-même est limité.
Posté le 28 octobre 2016 - par dbclosc
À la place du con, saison 2/2 : 1998/1999
Après l’échec de la montée la saison précédente, le LOSC entame ce nouvel exercice avec la même ambition : remonter en D1. Enfin délesté de ses problèmes financiers, le club effectue un recrutement alléchant. Cependant, le début de saison est catastrophique, conduisant le président Lecomte à se séparer de Thierry Froger. L’arrivée de Vahid Halilhodzic pose les bases d’un renouveau sportif considérable, mais toutefois pas suffisant pour remonter cette fois-ci. À la différence de buts, Lille termine de nouveau à la quatrième place.
Comme nous l’avons évoqué dans notre article sur la saison 1997/1998, premier épisode de notre saga intitulée « à la place du con », que les plus grands producteurs d’Hollywood nous envient, cette dernière a surtout permis de mener à terme l’opération d’assainissement financier entamé par Bernard Lecomte à son arrivée en 1993. Il est désormais temps d’utiliser les moyens du club pour se consacrer principalement à l’aspect sportif, avec le même objectif de remontée.
Bernard Lecomte avait donné 2 ans à Thierry Froger pour accéder à la D1 : autrement dit, pour le coach, c’est cette année ou jamais. À la veille de la reprise, Thierry Froger, s’exprimant dans la Voix des sports, semble avoir pointé nombre des problèmes qui ont touché l’effectif la saison précédente : « Je retire de l’échec de l’année dernière beaucoup de choses : il m’a surtout conforté dans mes convictions de travail et de solidarité. Je reste persuadé qu’en respectant ces deux valeurs, ce point qui nous a manqué, nous l’aurions eu depuis belle lurette (…) Je regrette de ne pas avoir réussi à faire comprendre à certains la nécessité de travailler tous les jours et d’accepter la concurrence (…) à partir du moment où tout le monde se met au travail chaque jour et a la volonté de bien faire son métier, la réussite se trouve souvent au bout (…) Ce groupe a deux visages. Il vit à peu près bien, mais peut se transformer à l’approche de la compétition, avec la pression » (supplément à la Voix des sports, 3 août 1998, page IV).
On l’avait en effet remarqué : le groupe a un problème qui dépasse le cadre sportif. Quand le même journal interroge Fabien Leclercq sur la fin de saison ratée (« Comment le LOSC en est arrivé là alors qu’il avait toutes les cartes en main ? »), il répond laconiquement : « trop de divergences… ». Révélateur du poids de l’échec de la saison précédente, même les nouveaux ont leur avis sur la question ; ainsi, Olivier Pickeu déclare : « quand vous avez 6 points d’avance si près du but et que vous échouez, le problème est forcément d’ordre psychologique. C’est une question d’état d’esprit. S’aimer permet de se transcender. C’est ce qui a dû manquer au groupe dans les matches capitaux… ».
Un recrutement impressionnant
Ce nouvel exercice se joue à vingt clubs : les joueurs soulignent que ça rendra le championnat « plus relevé ». Guingamp, Cannes, Châteauroux, Nice et Saint-Etienne apparaissent comme les concurrents les plus sérieux du LOSC. Quittent le club : Denis Abed, Cédric Anselin, Arnaud Duncker, Stephan Van Der Heyden, Anthony Garcia, Bojan Banjac, et Jean-Marie-Aubry, probablement le départ qui pose le plus question pour la nouvelle saison. Par ailleurs, son côté « grande gueule » pourrait manquer, à moins qu’il n’ait été considéré comme un problème, puisqu’il avait en effet eu une sérieuse incartade avec son coach ; sont en outre prêtés : Cédric Carrez à Nice, et Frédéric Machado à Valence (dans la Drôme). Cela n’empêche pas le LOSC de faire sa publicité dans la métropole lilloise avec un joueur qui est sans doute censé ne représenter personne en particulier, mais qui ressemble tout de même furieusement à Frédéric Machado.
Au rayon arrivées :
Mohammed Camara est prêté par le Havre. Arrière gauche, il a placement parfois douteux, mais sa rapidité, sa qualité de centre et sa frappe de balle sont des atouts majeurs pour la saison. Spécialiste du « je frappe comme un bourrin en espérant que ça soit dévié », il inscrit 2 buts et demi au cours de la saison (précisément, l’une des lourdes frappes lointaines a été déviée par et accordée à Cygan).
Adick Koot est un défenseur central néerlandais expérimenté. Venant de Cannes, il y a rencontré Pierre Dréossi quelques années auparavant. Après des premières discussions à l’issue d’un Lille-Cannes en D1 au printemps 1997, il reste d’abord dans le sud où il est entraîneur-joueur. Il rejoint finalement le LOSC un an plus tard, avec pour mission d’encadrer les jeunes du club. Son arrivée apporte quelque ambiguïté sur ce que cherche à faire le club : est-il une roue de secours en cas d’éviction de Froger ? Quand la Voix des sports interroge Froger sur ce sujet (« Avez-vous ressenti comme une menace l’arrivée d’Adick Koot ? »), l’entraîneur répond : « J’ai rencontré Adick plusieurs fois avant sa venue et si je n’avais pas voulu qu’il nous rejoigne, il ne serait pas là. J’ai toujours voulu travailler avec des gens compétents et il en est un. Il va nous apporter beaucoup. Il nous a manqué un homme comme lui la saison dernière, un relais capable de faire la cohésion. Maintenant, s’il redevient entraîneur, eh bien, je redeviendrai joueur ». Difficile de dire quelle image il a laissée. S’il nous est impossible de savoir quel a été son apport dans le vestiaire, sur le seul aspect sportif, on dira que ça a été très moyen, le point d’orgue de ses approximations ayant été atteint lors d’un match en fin de saison contre Amiens où il appuie mal sa passe en retrait, et permet à Desgeorges d’inscrire le but vainqueur. Un regret : ne pas avoir recruté Jean-Christophe Devaux dans la foulée, pour une défense centrale Koot-Devaux.
Olivier Pickeu est la recrue-phare de l’intersaison. Sollicité par des clubs de D1 (Rennes, Strasbourg, Lorient, Sochaux, et surtout Nancy), il reste sur 3 saisons à Amiens durant lesquelles il a inscrit successivement 16, 13 et 17 buts, des buts souvent spectaculaires. Et, surtout, c’est le retour d’un joueur formé au club, même s’il n’y a jamais joué. « « J’ai l’impression de revenir chez moi. J’ai commencé à jouer au football ici de 8 à 16 ans. Le LOSC, c’est mon club ! C’est une grande fierté pour moi de porter ce maillot ! ». Très symboliquement, il prend le n°9 de Samuel Lobé. En manque de confiance, puis dans un système qui ne lui convient pas, Olivier Pickeu inscrit 7 buts, un total décevant malgré sa grande activité devant.
Jean-Louis Valois remplace poste pour poste Stéphan Van Der Heyden. Plus rapide que le Belge, il est doté d’une bonne frappe et d’un pied gauche précis. Il vient de Gueugnon, où il a inscrit 11 buts lors de la saison précédente. Sa première saison à Lille est certainement la meilleure des 3. Il est l’un des rares à surnager durant les premières semaines, et se montre régulier et combatif toute la saison. Un total de 5 buts pour lui cette saison.
Frédérik Viseux est arrière droit. Il vient de Sochaux, qu’il a contribué à faire monter en D1. C’est par ailleurs un proche ami d’Olivier Pickeu, avec qui il a précédemment joué à Amiens. Longtemps blessé, il ne prend part qu’à 5 matches en fin de saison. Dommage, car les qualités de débordement, de centre et de tacle qu’il a montrées, notamment lors du match contre Sedan, montrent qu’il aura bien manqué à l’équipe. La saison suivante sera l’occasion pour lui de se montrer davantage et, surtout, de poursuivre sur sa lancée.
Grégory Wimbée vient remplacer Jean-Marie Aubry dans les buts. Longtemps en ballottage avec Bruno Valencony, il vient de Cannes, et est surtout connu pour être le premier gardien de but (et le seul, à ce moment là) à avoir marqué en championnat sur une action de jeu. C’était avec Nancy, contre Lens, avec Nadon dans le but. Grand et mince, il réalise des débuts malheureux en marquant contre son camp dès la première journée. Hormis un moment rigolo lors du match contre Gueugnon, où il détourne deux fois le même pénalty, sa première saison est sans relief particulier ; il est même souvent fébrile, et l’intermède Bruno Clément durant l’automne manque de l’écarter pour de bon. Par la suite, il réalise une extraordinaire progression.
Comme Djezon Boutoille, Samuel Lobé (même si on ne compte plus trop sur lui), Franck Renou et Laurent Peyrelade sont restés, les 6 attaquants Lillois (avec, donc Pickeu et Valois), représentent 64 buts sur la saison 1997/1998. De quoi être assez confiant… Les questions viennent principalement de la défense, largement renouvelée.
Thierry Froger fait en outre confiance à quelques jeunes : David Coulibaly et Alain Raguel ont pris part une bonne partie des matches amicaux : ils sont d’ailleurs titulaires pour la première journée. Dans les faits, ils ne s’imposeront jamais à Lille, et Coulibaly rejoindra même Froger à Châteauroux, où ni l’un ni l’autre ne s’impose davantage.
Comme la saison précédente, le LOSC a reporté le challenge Emile Olivier (le dernier à ce jour sous forme de tournoi), amputé de Lens : victoire 1-0 en finale contre Boulogne, en 2 fois 25 minutes. Comme quoi, Thierry Froger a aussi été, à son échelle, un winner.
Première composition de la saison : Patrick Collot, Grégory Wimbée, Jean-Louis Valois (à moitié endormi), Adick Koot, Gaël Sanz (qui fume un bon bédo)
Djezon Boutoille (facétieux, fait une blague à son voisin pour qu’il se retourne), Fabien Leclercq, Roger Hitoto, Alain Raguel, David Coulibaly, Olivier Pickeu
On se casse les dents d’emblée
Pas de chance : pour le premier match de la saison, Lille s’incline 1-2 : les jeunes Raguel et Coulibaly ne sont pas à leur aise ; Pickeu n’est pas servi dans de bonnes conditions ; seul Peyrelade, remplaçant au départ, parvient à égaliser ; mais dans sa lancée de la saison précédente, Lille est incapable de profiter de son élan et encaisse un deuxième but quelques minutes plus tard ; de surcroît, Grégory Wimbée se saisit mal d’un centre guingampais : le ballon rebondit sur son torse et finit dans le but. Le public réclame déjà le départ de Thierry Froger.
Deux 0-0 plus tard, Lille n’a toujours pas gagné et se traîne déjà en queue de classement. Thierry Froger se fait cracher dessus à l’issue de Lille-Caen. Lundi 24 août, avant l’entraînement de l’équipe, Thierry Froger reconnaît l’un de ses agresseurs et tente de parlementer. Manifestement toujours mécontent, le type lui assène un coup de poing dans la figure. Bilan : un hématome à la pommette et une dent en moins. Froger garde en outre une dent contre ceux – apparemment tous – qui n’ont pas réagi : « il y en a même un qui m’a dit que cela faisait partie des risques du métier. Cette attitude est encore plus grave que l’agression elle-même car elle prouve que pour certaines personnes il est normal de s’en prendre ainsi à un entraîneur. D’ailleurs, l’agresseur est resté sur place, il m’a donné son identité et a attendu la police calmement. Pour lui, c’était normal ».
En fin de semaine, le LOSC gagne enfin, à Wasquehal, grâce à un but d’Adick Koot.
Embellie très temporaire, puisque Lille perd de nouveau face à Cannes, à domicile (0-2) : cette fois, Thierry Froger est pris à partie durant le match. Outre le public, qui réclame sa démission, quelques supporters se rendent directement en tribune présidentielle et donnent des coups de pied sur le banc de touche.
La fin de l’ère Froger est entérinée quelques jours plus tard : Boutoille joue les gardiens de but sur la ligne, est expulsé, et Beauvais remporte le match sur ce pénalty de Bruno Roux (le père de Nolan). C’en est trop après cette nouvelle prestation insipide : Bernard Lecomte signifie à Thierry Froger la fin de leur collaboration. Lille est 17e, premier non-relégable. L’ambiance est bien terne : même Djezon Boutoille pense à rejoindre Calais.
Arrivée de Vahid Halilhodzic
La veille du match à Beauvais, Bernard Lecomte a convoqué Pierre Dréossi, en lui signifiant qu’en cas de défaite, il reprendrait l’équipe. C’est ensuite ce que le président indique aux joueurs, après leur défaite. Mais, dans le même temps, Jacques Vendroux, de France Inter, signale à Pierre Dréossi que Vahid Halilhodzic est au stade : ayant entraîné Beauvais quelques saisons auparavant, il est rentré la veille pour retrouver son épouse. Dréossi informe Lecomte, et celui-ci relate : « quand on m’a appris que Vahid Halilhodzic était présent, qu’il était au chômage, j’avoue que cela ne me disait pas grand chose ». Rendez-vous est pris pour le lendemain au domicile du président. Après quelques heures d’échange, Vahid dit banco, en dépit de conditions salariales qui ne le satisfont pas. C’est un peu le hasard, mais le LOSC tient là sa meilleure recrue depuis des années. Son arrivée à Lille ne fait pas l’unanimité : par exemple, un copain à moi disait que ça serait plus difficile de chanter « Halilhodzic démission » que « Froger démission ». Blague à part, cela reflète en partie la confiance que l’on projette désormais sur cette équipe.
Vahid Halilhodzic trouve une équipe démobilisée. Il explique qu’il a trouvé 3 clans : les jeunes, les vieux et les nouveaux. Le nouveau coach pose les bases d’une nouvelle relation de travail, basée sur une intransigeance sur le terrain, et une proximité en dehors. On le voit aux entraînements très interventionniste, interrompant les exercices, discutant plusieurs minutes avec un joueur… De plus, il instaure des règles comportementales censées rapprocher les joueurs : « on était obligés de se lever pour dire bonjour, et il fallait se regarder dans les yeux », se rappelle Christophe Landrin.
Pour son premier match, le LOSC affronte Le Mans, un match dont on a déjà parlé dans cet article, afin d’évoquer l’idée que s’y met déjà en place ce qui sera une constante des années Vahid : ce 19 septembre 1998, alors que le LOSC est mené 1-3 à domicile et qu’il se dirige vers, déjà, sa troisième défaite à Grimonprez de la saison, Vahid Halilhodzic fait entrer Laurent Peyrelade et Franck Renou à la 74e minute, aux places de Patrick Collot et de Samuel Lobé, et le LOSC se rue à l’attaque. À la 80e minute, Laurent Peyrelade trouve le poteau ; 2 minutes plus tard, il ramène le score à 2-3 ; à la 90e, Jean-Louis Valois égalise. Une fin de match à rebondissements, des joueurs qui se congratulent et un entraîneur le poing rageur grâce à son coaching gagnant : un scénario auquel se sont habitués les supporters lilllois entre 1998 et 2002.
Lille s’incline ensuite à Troyes, mais enchaîne par la suite 3 victoires consécutives. Olivier Pickeu marque enfin son premier but contre Nîmes (3-0). Le leader stéphanois vient toutefois interrompre cette belle série (1-2) : Samuel Lobé inscrit là son dernier but sous les couleurs du LOSC. Jusqu’à la trêve, le LOSC remonte doucement, avec seulement 2 défaites lors des 11 derniers matches de l’année civile, dont 7 avec Bruno Clément dans les buts, qui réalise de très bonnes performances. Cette période reste toutefois marquée par des points perdus bêtement : contre Ajaccio, où le LOSC domine largement et mène à la mi-temps avant de s’effondrer ensuite (1-3) ; contre Châteauroux, où l’équipe est remontée deux fois (2-2) ; ou contre Wasquehal, où le LOSC, ouvrant enfin le score à la 84e, laisse Oudjani égaliser à la 86e… À la trêve, Lille est quatrième avec 37 points, loin derrière Troyes (47) et Saint-Etienne (46), mais à seulement deux points de Gueugnon. Ce n’est pas encore le podium, Lille est en retard par rapport à la saison précédente, mais la dynamique est bonne et les progrès sont réels.
Repositionnements et éclosion de joueurs
Si le LOSC va mieux, c’est sans doute parce que les joueurs adhèrent aux principes de l’entraîneur (ont-ils le choix ?), mais aussi parce que Vahid remodèle quelque peu la structure de l’équipe. Jusque là principalement habitué aux matches avec l’équipe réserve, Pascal Cygan gagne ses galons de titulaire, dans l’axe, aux côtés d’Adick Koot. Parallèlement, Frédéric Dindeleux et Gaël Sanz sont progressivement poussés vers la sortie. Au milieu, Christophe Landrin quitte sa position de n°10 à laquelle Froger s’obstinait à le mettre sans grande réussite : il se met désormais un cran derrière et est bien plus performant. Vahid lance également Bruno Cheyrou, un grand gaucher technique rapidement buteur de la tête (à Amiens, puis à Sedan). Stéphane Noro a également droit a quelques apparitions.
Au cours de la saison, Coulibaly et Raguel apparaissent de moins en moins, de même que Senoussi et Hitoto : une ossature au milieu se forme, composée de Collot, Cheyrou, Tourenne et Landrin. Devant, Olivier Pickeu n’est pas à l’aise dans le système de jeu d’Halilhodzic : il sert parfois de remiseur mais n’a pas forcément les qualités physiques pour y parvenir : on ne peut en tout cas pas lui reprocher de ne pas se battre (la vidéo plus bas du match contre Amiens illustre plusieurs de ces situations, où Olive sert de point d’ancrage pour dévier vers Peyrelade) ; Peyrelade est donc promu « attaquant principal », et réalise une seconde partie de saison remarquable.
Quant à Samuel Lobé, il a disparu de la circulation : il est même transféré durant le mercato hivernal à Troyes. De son côté, le LOSC récupère un Brésilien : Carlos Alberto Lisoboa dit Nenem, dont on a parlé dans cet article.
Comme un air d’année dernière
L’année 1999 reprend correctement, avec une laborieuse victoire contre le Beauvais d’Assadourian (1-0), et un Cheyrou encore buteur. Jusque fin février, le LOSC alterne victoires à domicile et prestations indigentes à l’extérieur. Des victoires parfois prestigieuses (1-0 contre Troyes), et des défaites franchement surprenantes, au Mans (1-2), ou juste après la belle victoire contre Troyes (0-3 à Nîmes). Le LOSC alterne donc toujours le bon et le mauvais, comme un mauvais remake de la saison précédente. Dans la vidéo ci-dessous, la réaction de Vahid est éloquente : « certains se sont un petit peu enflammés, première division et tout ça… On peut rêver toujours ! ».
Après une victoire contre le Red Star, on a joué 28 journées, et le LOSC ne pointe qu’à la 6e place… Saint-Etienne est à 15 points, Troyes à 9, et Sedan à 3. Se sont intercalés : Châteauroux et Ajaccio. Mais Lille signe une importante victoire à Gueugnon (0-1), avant de tomber chez le leader, malgré une prestation correcte (2-3). Après 30 journées, Lille est à 6 points du podium.
C’est le sprint final : Lille bat Nice, grâce à deux superbes buts de Pickeu et Peyrelade. Puis défaite à Laval (0-1), sans rien montrer. Cette fois, ça paraît cuit, Lille est à 9 points de Sedan et 10 de Troyes : il ne reste que 6 journées. Lille reçoit un mal classé : Valence. L’accueil des DVE est particulièrement hostile, avec une pancarte : « 1945-1955 : nos héros – Années 1990 : des chèvres ». Valence mène à la mi-temps, mais Lille parvient à renverser la situation (2-1). Et, dans la foulée, victoire à Ajaccio (0-2) grâce à deux buts inscrits en fin de match. Victoire précieuse, car elle écarte définitivement Ajaccio, et parce qu’elle permet de revenir sur Troyes et Sedan, qui nous font aussi une « Lille 1998 », en se montrant incapables de garder leur avance.
Il reste 4 journées et Lille (55 points) est à 5 points de Troyes et Sedan (60). Après Gueugnon, c’est la deuxième victoire en peu de temps chez une équipe de la première partie de tableau. Et si, cette année, la dynamique de fin de saison était pour nous ?
Amiens de mes couilles
35e journée de D2 : Lille reçoit Amiens, premier non-relégable. Il fait beau, le public est confiant. Lille se crée de nombreuses occasions : mais entre ballon sauvé sur la ligne, arrêts du gardien, et but refusé pour hors-jeu, le score reste à 0-0. Jusqu’à la 82e: Peyrelade réalise une drôle de tête en retrait, mais le ballon arrive tranquillement sur Koot. Et là, c’est le drame : passe en retrait mal appuyée, Koot réalise une ouverture pour Emmanuel Desgorges ; cependant Wimbée est le premier sur le ballon, mais dégage dans l’attaquant amiénois, qui conclut dans le but vide. Quelques DVE envahissent immédiatement le terrain, le match est arrêté, puis reprend dans une lourde ambiance. Comme l’année précédente, Amiens s’impose 1-0, grâce à un but de son avant-centre chevelu, sur sa seule occasion. Dans un stade déserté, Vahid Halilhodzic reste longuement prostré sur le banc de touche. Il présente sa démission, que le président refuse, et se demande « si quelqu’un le fait exprès ». Des moments à revivre dans cette vidéo :
Alors, c’est cuit ? Cui-cui ? Et bien non, puisque Troyes et Sedan ont également perdu. À croire que cette troisième place est maudite : comme Lille et Sochaux en 1997/1998, aucune équipe ne parvient à s’y installer durablement ou sans être sous la menace du poursuivant. Il y a donc toujours 5 points d’écart, mais il ne reste que 3 matches.
3 victoires insuffisantes pour finir
L’espoir reste permis. Mais le déplacement à Châteauroux, 7e, s’avère délicat. Le LOSC arrache la victoire en fin de match grâce à un but de Laurent Peyrelade, bien servi par Pickeu. Sedan a gagné… mais Troyes a encore perdu, à Wasquehal (1-2). Il reste deux journées, et si Lille reste à 5 points de Sedan, il est désormais à 2 points de Troyes. Qui se présente à Grimonprez-Jooris ? Sedan… Ce match offre une superbe ambiance à Lille (et pas seulement parce que le club a fourni des espèces de faux maillots dégueulasses du style « marcel en sac à patates » rendant le stade rouge et blanc). Les Sedanais sont également venus en nombre. Et la prestation lilloise est remarquable : Sedan, l’équipe surprise de la deuxième partie de saison, ne se crée aucune occasion, tandis que les Lillois jouent bien. Ils sont logiquement récompensés à l’heure de jeu, avec un but de Bruno Cheyrou. Lille revient donc à deux points de Sedan… et revient à hauteur de Troyes, qui a concédé le nul à domicile contre Niort (pas de chance, les Troyens ont égalisé à la dernière minute sur un csc).
Mais la différence de buts est favorable aux Aubois : +15 contre + 8 pour nous. Cette victoire est l’occasion d’une grande fête : Vahid est porté en triomphe par le public qui a envahi le terrain. Enfin, l’équipe a montré un visage très séduisant, ce qui n’était arrivé que par à-coups durant la saison. Et surtout, les supporters sont à nouveau portés par l’espoir fou de retrouver la D1, ce qui était inespéré après la défaite contre Amiens.
« C’est magnifique. On a une moyenne d’âge extraordinaire ».
Tout se joue donc le 29 mai 1999. Sedan n’a besoin que d’un point, grâce à une différence de buts largement favorable. Concentrons-nous donc sur le duel entre Troyes et Lille. Troyes se rend à Cannes, 12e. Lille se rend à Guingamp, 7e. Lille joue bien et mène à la mi-temps grâce à un but de Peyrelade. Et comme, dans le même temps, le score est de 0-0 entre Cannes et Troyes, Lille est virtuellement en D1. Hélas, Troyes ouvre le score en début de seconde mi-temps, avant même que le match n’ait repris en Bretagne. Le buteur ? Samuel Lobé, encore Lillois 6 mois auparavant. On a évoqué cet épisode ici. Le deuxième but de Peyrelade, son 15e de la saison, est inutile. Carl Tourenne peut grimacer : Lille échoue une fois de plus au pied du podium. Dans la vidéo ci-dessous, Fabien Leclercq déclare qu’il n’a « jamais vécu une victoire aussi triste« . Halilhodzic, de son côté : « C’est la victoire la plus amère de ma carrière. L’équipe ne mérite pas ça. Nous avons réalisé une folle remontée et j’ai vécu quelque chose d’exceptionnel. Mais ce soir, je me sens minable puisque nous ne montons pas. C’était l’objectif à atteindre et j’ai échoué ».
Vahid Halilhodzic, Momo Camara, Rudi Giublesi,
et Jérôme Foulon, avec le maillot de Guingamp.
Encore raté, donc. Dans des conditions assez différentes de la saison précédente : cette fois, le LOSC n’a jamais été en position de monter, étant classé au mieux 4e. S’il a dilapidé son avance au printemps 1997, il a tenté de rattraper son retard un an plus tard, à l’issue d’une saison qui a marqué de nets progrès, probablement grâce à l’arrivée de Vahid Hailhodzic qui, avec des joueurs qu’il n’a pas choisis, est parvenu à gagner 13 places. Un groupe semble né : quelques joueurs paraissent voués à former une solide ossature pour la saison suivante (Viseux, Cygan, Landrin, Collot, Boutoille, Peyrelade). Par ailleurs, le dossier de la privatisation avance : mené par Bernard Roman, de la mairie de Lille, il désigne Luc Dayan et Francis Graille comme vainqueurs du contrat moral avec la ville, l’emportant sur un regroupement de PME réunies sous l’appellation « foot en Nord ». Le conseil municipal vend le club à la société SOCLE (à peu près l’anagramme de LOSC…), créée pour l’occasion. Les deux hommes d’affaires s’engagent à injecter 5 MF pour le recrutement, et s’engagent à assurer un budget de 60 MF en D2, puis 80 MF en D1. Avec Vahid comme entraîneur.
Les coupes
Pas grand chose de notable à signaler : qualification à Calais au 7e tour (2-1) ; victoire à Aubervilliers (3-0) au 8e tour ; en 32e, Lille bat Dives, à Caen (2-0), puis élimine Boulogne-sur-mer au tour suivant (2-1). En 1/8e de finale, Lille est éliminé à Guingamp (0-1). Fiorèse se rattrape en marquant après avoir lamentablement manqué un pénalty.
(Si le gif ne se lance pas automatiquement, cliquez dessus. Vous allez voir, ça vaut le coup)
En coupe de la Ligue, Lille est éliminé dès le premier tour, à Louhans-Cuiseaux. Voilà, voilà.
Pour découvrir nos bilans des autres saisons, vous pouvez suivre ces liens :
1992/1993 : La fin d’une époque
1993/1994 : Quand les supporters redécouvraient le spectacle (mais gardaient la défaite)
1994/1995 : Le laborieux 1-0 triomphant
1995-1996 : Le maintien et c’est tout
1996-1997 : Lille, une sacrée descente
1997-1998 : À la place du con, saison 1/2
Posté le 25 octobre 2016 - par dbclosc
Je t’aime à la belge. L’histoire nostalgique d’une déception amoureuse entre nous, Georges (Heylens), Erwin (Vandenbergh) et Filip (Desmet)
Pendant cinq ans, Georges (Heylens) a été le coach de l’équipe première du LOSC (1984-1989). Entraîneur réputé, il devait nous permettre de franchir un palier à une époque où les budgets des clubs français explosaient et, corrélativement, leurs ambitions. Époque de politiques financières étranges, mais aussi d’espoirs. Deux ans plus tard, suivant cette logique ambitieuse, deux internationaux belges, tout juste demi-finalistes de la Coupe du Monde au Mexique, le rejoignaient.
C’était notre trio belge qui nous apportait tant d’espoirs. Espoirs largement déçus, certes, mais on n’oublie pas qu’ils nous ont fait rêver. On n’oublie pas non plus le beau jeu qu’ils ont produit et on retient finalement plutôt ce romantisme que nos déceptions. Car il y a vraiment du romantisme dans cette histoire dans laquelle on trouvait à la fois espoir et émotions changeantes. Et c’est aussi parce que le foot, à la différence d’un Walt Disney, ça ne finit pas toujours bien, qu’on y prend du plaisir.
On a alors décidé de te narrer quelques anecdotes et points particulièrement marquants de notre histoire avec Georges, Erwin et Filip pour t’en rappeler la saveur ou, si tu ne la connais pas, pour te la faire découvrir.
Georges et nous
Le premier de NOS Belges – car, oui, ces Belges nous appartiennent – arrive donc en 1984. Il s’agit de Georges (Heylens). Ancien arrière droit international (Belge, donc), Georges est désormais un entraîneur à succès et fort courtisé. En l’occurrence, Georges vient de mener le petit club de Seraing, tout juste promu, à la 5ème place du classement de D1 belge (bien aidé par Nico Claesen et Jules Bocandé).
Et c’est Lille qu’il choisit de rejoindre : contacté par Charly (Samoy) qu’il connaît notamment pour avoir fréquemment joué contre lui quand il jouait à Anderlecht. Georges passera cinq années à Lille et conserve auprès de beaucoup de supporters une côte intacte et bien plus encore (à la différence de Thierry Froger qui garde une côte intacte, mais pas davantage). Il faut dire que si le parcours lillois au cours de ces cinq années a quelque chose d’un peu décevant, c’est aussi parce que l’équipe construite par Georges était très attrayante et parfois capable de performances remarquables. Cette déception naît alors des belles espérances qu’on pouvait avoir.
Quand Georges parle de son histoire avec le LOSC, on dirait qu’aucun nuage n’est jamais venu l’assombrir. Illusion rétrospective ou diplomatie ? Sans doute un peu des deux. Mais l’histoire n’était pas qu’une passade, mais une vraie histoire d’amour, certes parfois tumultueuse. En 1986, Georges est sur le point de quitter Lille. Alors, pas la peine de lutter ? Est-ce que Monaco n’est pas trop sexy par rapport à Lille ? (1)
Sauf que, derrière, il y a les sentiments. Et on sent bien que Georges est prêt à envisager de continuer l’histoire si le LOSC fait preuve de bonne volonté. Il raconte : « la direction du LOSC en a eu vent [du contact avec Monaco] et m’a convoqué au conseil d’administration. Là, on m’a proposé trois ans de plus et deux internationaux belges : Vandenbergh et Desmet. J’ai signé dans la journée. » Allez Georges, c’est vrai, on est plus moches, mais on aime les Belges, et ça, ça n’a pas de prix ! (2)
D’ailleurs, si on demandait à Georges ce qu’il pense du cliché comme quoi les Lillois sont sympas, t’inquiète qu’il le validerait. Quand il est interrogé sur ce qu’il retient de Lille, il répond ainsi : « Le respect que les gens ont pour le travail de l’entraîneur. J’étais présent chaque jour de sept heures du matin à vingt heures et c’était très apprécié. Le respect, c’est rare en football ». Entre nous, Georges, on respecte ton travail d’entraîneur, on a même parfois un peu envie de te demander de revenir, et on respecte aussi ta manière de parler.
Georges, Erwin, Filip et nous
En juillet 1986, le LOSC a désormais deux Belges de plus dans son effectif. Début juillet, Erwin (Vandenbergh) est déjà à Lille pour le tirage au sort du célèbre tournoi de la CUDL. Erwin était de la coupe du Monde 1986 mais s’était blessé dès le premier match. Diagnostic ? La coupe du Monde est finie pour lui. Triste, Erwin rentre au pays et là on lui apprend qu’en fait il aurait pu se soigner en trois jours. Mais bon, passons. Mi-juillet, pour son premier match sous les couleurs du LOSC, Erwin marque un triplé contre Lens en coupe de la Ligue pour une coquette victoire finale (4-0).
Filip, qui est resté jusqu’au bout de la Coupe du Monde à laquelle la Belgique termine demi-finaliste, arrive un poil plus tard. Il fait ses débuts contre Valenciennes, encore en coupe de la Ligue, et montre ce que c’est que cette belle histoire d’amour belge, offrant la passe décisive à Erwin (1-1).
Quand la saison débute en D1, Erwin a déjà marqué 5 buts en coupe de la Ligue et Filip a déjà donné deux passes décisives. Et la saison de D1 débute merveilleusement, le public lillois étant rapidement conquis par sa Belgian connection : après 10 journées, Lille est 5ème, 2ème attaque et le duo Belge a déjà inscrit 12 buts. Nos Quick et Flupke impressionnent et le LOSC fait l’objet d’une double page comme « club du mois » dans le magazine Onze qui met en exergue le « duo d’enfer » belge.
Ça se gâtera pourtant rapidement pour Erwin, vite en panne d’efficacité ensuite, mais ça continuera pas trop mal Filip qui finit même meilleur passeur du championnat tout en marquant 13 buts en D1 ce qui lui permet de finir 7ème au classement des goleadors.
Filip, ce sacré farceur néo-épicurien
Caractéristique qui n’est pas pour nous déplaire, Filip était un sacré farceur. Quand il arrive au LOSC, il entraîne son camarade Erwin, l’incitant à faire croire à ses camarades français qu’ils ne comprennent pas le Français. Inspiré par cette blague, j’ai essayé de faire la même à mes meilleurs potes, mais personne ne m’a pris au sérieux (oui, remarque, tu me diras que c’était une blague).
Ses farces, Filip n’a pas attendu de jouer chez nous pour les faire. L’intéressé raconte ses quelques petites blagounettes du temps où il était à Waregem. « J’adorais faire des farces : découper des bas, enduire un sac de vaseline, cacher un soutien-gorge dans le sac de Luc Millecamps – sa femme enrageait – ou le jeter tout nu dans la neige, devant les jeunes joueurs et leurs mères. Je me rappelle Luc crier : -Laisse-moi rentrer ! »
- Eh, Erwin, j’ai une idée ! On pourrait mettre des capotes dans le sac de Luc Millecamps pour lui faire une farce !
- Euh … Filip … Sa femme l’a déjà quitté à cause de tes blagues, ça sert plus à rien de lui faire celle-là !
Et puis, ça non plus ça n’est pas pour nous déplaire, Filip n’était pas un carriériste ambitieux et il n’a jamais sacrifié bières et frites au service de son physique. « Je raffolais aussi de pain sec avec du maquereau et des steaks-frites. Mais je variais : un jour un steak avec des frites, le lendemain des frites avec un steak. (Rires). J’avais mon menu la veille du match : à midi une tarte aux pommes et le soir, un gros paquet de frites avec de la sauce, une saucisse brune et une brochette. […] J’accusais généralement huit kilos de trop à la reprise des entraînements. » Merci pour cette anecdote Filip, mais c’est pas bien d’accuser comme ça sans preuves, quand bien même s’agirait-il de kilos de trop.
Georges en prenait soin de ce Filip, parfois un poil inquiet. « On devait s’occuper de lui tous les jours. Je lui demandais à quelle heure il rentrait, à quelle heure il allait au lit, combien de bières il comptait boire… Il avait continué à vivre à Waregem et faisait parfois le fou ». Un poil d’inquiétude pour Georges, mais aussi beaucoup de fierté. Parce que tout le monde ne peut pas se la péter en disant avoir coaché en même temps Filip, Erwin, mais aussi, Abedi (Pelé), Jocelyn (Angloma) et Bernard (Lama).
Quand Gaston s’interpose entre Erwin et Filip
On l’a dit, le début de l’histoire en Erwin et Filip est idyllique, l’un et l’autre marquant en série sur les caviars de leur partenaire particulier. Douze buts à deux après 10 journées donc, puis seulement neuf sur les 28 journées suivantes. La saison suivante reste délicate puisque le duo n’a inscrit que 10 buts à la trêve (après 24 journées à l’époque).
C’est à peu près à cette époque que Gaston (Mobati) vient se faire le concurrent de Filip pour devenir le nouveau partenaire (d’attaque) d’Erwin : sur la phase retour, Erwin et Gaston inscrivent pas moins de 16 buts.
Mais Gaston s’essouffle. En début de saison 1988/1989, Filip en profite pour retrouver son statut de partenaire particulier d’Erwin. Après 21 journées, le duo a déjà inscrit 14 buts et Gaston s’est alors éloigné d’Erwin pour se rapprocher de Roger (sur le banc), soit un sacré duo de supersubs.
Quand Filip lance des rumeurs dévalorisantes sur Erwin
Pour autant, si Filip ne cesse de rappeler le plaisir qu’il a eu de jouer avec Erwin, il répand régulièrement une rumeur mensongère à propos de son expérience lilloise. En décembre 1990, Filip déclarait ainsi : « en trois saisons, j’avais marqué 37 buts pour le compte du Losc. Et Erwin une bonne trentaine. » Récemment, il renchérissait. «Je n’étais pas un vrai buteur mais plutôt un complément. […] Curieusement, je ne suis devenu un réalisateur que quand j’ai quitté Waregem pour Lille. Au Losc, j’ai marqué davantage que mon compère Erwin Vandenbergh! » Or, désolé, mais s’il est exact que Filip s’est découvert une âme de buteur qu’il ne se connaissait pas avant, il n’a alors pas marqué davantage et pas autant qu’il ne l’affirme. Au total, Filip a marqué 27 buts en D1 et un but en coupe. Sur la même période, Erwin marquait 33 buts en D1, 4 buts en coupe et 5 en coupe de la Ligue, soit davantage que Filip et en marquait encore sept autres la saison suivante.
Alors pourquoi Filip s’entête-t-il à répandre contre l’évidence la rumeur selon laquelle il aurait marqué davantage qu’Erwin au LOSC ? Volonté de lui nuire ? Rancœur mal digérée ? La raison est sans doute plus prosaïque : ayant un peu trop picolé la veille, étant un peu vantard sur les bords, Filip se fait gentiment une petite légende. Et, côté légende, marquer davantage qu’Erwin, avoue que ça en jette.
Mais accordons-lui au moins une petite part de vérité : il est longtemps en avance sur son compère Erwin. Il faut en effet attendre le 25 novembre 1988 et l’égalisation d’Erwin contre l’OM pour qu’il dépasse Filip en nombre de buts en D1.
Et puis, on te l’a dit : Filip est un farceur.
Filip élu « joueur des années 80 » par les supporters ?
Forcément, si on te parle de l’histoire d’amour entre les supporters du LOSC et ses Belges, on ne peut manquer d’évoquer que Filip aurait été désigné « joueurs des années 80 » par les supporters. On met le conditionnel parce qu’on a trouvé nulle part d’info sur qui aurait organisé cette désignation et qui aurait voté.
En tout cas, nous, ce qu’on peut en dire, c’est que cette année on a organisé la désignation de notre « 11 de cœur » et que si les joueurs de l’ère Vahid ont raflé les places d’honneur, un certain nombre des Lillois des années 1980 ont été cités. En ne retenant que les joueurs ayant porté le maillot des Dogues au cours de cette décennie, on obtient le classement suivant :
Joueur |
Votes |
% des votants |
Filip Desmet |
5 |
13,5 % |
Erwin Vandenbergh |
5 |
13,5 % |
Jean-Claude Nadon |
5 |
13,5 % |
P. Plancque |
3 |
8,1% |
Pleimelding |
2 |
5,4 % |
Dans ce classement, trois joueurs se partagent la tête des joueurs dont Filip mais aussi Erwin. Et le troisième, c’est Jean-Claude Nadon arrivé en 1989, mais qui doit plus logiquement être considéré comme un joueur des années 1990.
Georges, Jules, Alex et Nico
L’histoire fût belle entre Georges, Filip, Erwin et nous. Pour autant, il faut le rappeler, au départ c’est avec d’autres attaquants venus de Belgique que Georges avait voulu conclure. D’abord avec Jules (Bocandé) alors à Metz mais qui s’était révélé à Seraing en 1983/1984 quand Georges y était entraîneur. Mais aussi avec Nico (Claesen) que Georges avait également coaché la même saison. Ou encore avec Alex (Czerniatynski) également international belge. Mais à chaque fois, il n’avait pas conclu.
Pire, au départ, Georges ne voulait pas faire venir Erwin en priorité mais René (Vanderheycken), qui est aussi à Anderlecht comme Erwin ! Après, on n’est pas complètement dupes : c’est pas vraiment René qu’il voulait, c’était probablement pour rendre jaloux Erwin. Entre nous, René, ça n’est pas mal, mais à choisir, on préfère quand-même Erwin.
Bref, tout ça pour dire que si l’arrivée de Georges nous amenait presque inéluctablement à connaître une histoire d’amour avec des Belges, certaines contingences auraient pu nous amener à d’autres rencontres. Mais Jules, le Sénégalais, allait continuer son histoire messine débutée un an plus tôt et devenir meilleur buteur de D1 française ; et Alex comme Nico privilégient le Standard.
Et puis ça ne s’est pas fait et on a conclu avec Erwin et Filip. Alors, quand il y avait de l’eau dans le gaz avec eux, c’est sûr qu’on repensait à Nico et Alex, en se disant que, eux, ils ne nous auraient sans doute pas déçus. Mais, en fait, il n’y a rien de moins sûr.
Guy, l’ex de Erwin et Filip
Mais il y a un encore un autre larron qui vient foutre le brin dans l’histoire entre Georges, Erwin, Filip et nous. Ce larron, c’est celui qui devient rapidement l’ex d’Erwin et Filip, Guy (Thys). Guy, il devient rapidement l’ex-(entraîneur) de Filip et Erwin, puisqu’il est l’inamovible sélectionneur belge de 1976 à 1989, faisant débuter l’un et l’autre chez les Diables Rouges. Forcément, les ex, c’est le genre de choses qui peuvent foutre la merde avec l’actuel (Georges). Et pourtant, le Georges ne fait pas trop dans la jalousie excessive. Non, d’ailleurs, si nous et Georges on a des raisons de lui en vouloir, c’est plutôt pour avoir brisé le cœur de nos chouchous que pour autre chose. Héros nationaux, Filip et Erwin ne jouent quasiment plus avec la sélection à partir du moment où ils ont signé à Lille.
En 1990, Guy donnait son interprétation quant à la non-sélection d’Erwin pendant sa période lilloise: « Je me suis déplacé personnellement six fois à Lille où se sont rendus aussi Labeau, Sablon, Jacob et Meeuws. Tous nos rapports concordaient: Erwin manquait alors de la plus élémentaire combativité ». Ceci étant, recontextualisons cette déclaration de Guy : elle date de septembre 1990, quand Guy rappelle Erwin en sélection pour la première fois depuis plus de deux ans, un peu plus de trois mois après le départ d’Erwin de Lille.
Quand il dit qu’il s’est déplacé six fois, de quelle période parle-t-il ? Pas de ses trois derniers mois avec Lille, puisque Erwin ne jouait plus. Pas des six précédents, puisqu’il s’agit des six mois où Guy n’était plus sélectionneur des Diables Rouges. Probablement des trois années précédentes. Or, ce qui est bizarre c’est que quand on dit que Vandenbergh a manqué de combativité avec Lille, on ne peut que trouver ça exact si l’on parle de sa dernière année avec le LOSC, mais c’est précisément l’année où Guy n’était pas sélectionneur. En revanche, s’il parle des trois années précédentes, on peut être d’accord quant à 1987, mais certainement pas pour le reste du temps. D’ailleurs, fait remarquable, des quatre sélections avec les Diables quand il était au LOSC, une seule a eu lieu en 1988 qui demeure pourtant sa meilleure année avec le LOSC (1) et aucune sur les six premiers mois de l’année 1989, pourtant dans la lignée de l’année précédente.
Bref, on lisait dans la presse de l’époque qu’Erwin en voulait à Guy de ne pas le suivre avec le LOSC. Et le pire, c’est que à sa place, Guy a souvent sélectionné Nico Claesen, un ex(-joueur) de Georges quand il était à Seraing. Ambiance, ambiance …
Mais en 1990, Guy repense à Erwin. Et Erwin, très déçu par Bernard (Gardon) n’était pas contre cet appel du pied de Guy et ne lui tint pas rigueur de l’avoir oublié à son sommet lillois. Et pourtant, Erwin n’avait pas vraiment tort de se plaindre …
Quand Bernard fout le brin entre nous et nos Belges
En 1988, Bernard (Gardon) était devenu directeur sportif du LOSC. Et, pas de bol, il ne voyait pas d’un très bon œil la stratégie outre-quiévraine du club et, en particulier la relation de proximité du trio (paraît-il, mais nous n’avons pas demandé à Bernard ce qu’il en pense). Un an plus tard Georges quittait le club et n’avait toujours pas digéré vingt-cinq ans plus tard. Il raconte alors avec amertume son départ. « Sans nouvelles des dirigeants lillois, j’étais en contact avec le Standard de Liège. Le président Dewailly s’est alors opposé à mon départ. Malheureusement, le manager de l’époque n’aimait pas trop la philosophie « frontalière ». J’ai oublié son nom (Bernard Gardon, ndlr), c’est dire le peu d’intérêt que je lui porte ».
C’est également en 1989 que Filip, en fin de contrat quitte les Dogues. En cause, le manque des dirigeants, mais aussi le départ de Georges, dernière raison éventuelle pour rempiler.« Nous en avions marre [lui et Erwin] de voir nos efforts être réduits à néant par une politique de transferts qui échappait à l’entraîneur lui-même. Heylens parti, je n’éprouvais plus aucune joie à évoluer là-bas. » Là où l’affaire est particulièrement mal gérée humainement par Bernard, c’est qu’il s’oppose à un départ gratuit d’Erwin à l’Antwerp alors que le club anversois rechigne à verser une indemnité de transfert.
Bref, l’accord ne se trouve pas et Bernard ne se gêne pas pour critiquer publiquement Erwin. « Vandenbergh est venu chez nous il y a 3 ans. Il a signé un contrat de 5 ans, avouant, qu’il réalisait une bonne opération financière. Cette fois, pour les mêmes raisons, il veut partir et trouve 1000 prétextes pour manifester une mauvaise volonté qui ne l’honore pas. A tel point que, lorsqu’on dit que les joueurs français n’ont pas de conscience professionnelle, ce n’est rien par-rapport à Vandenbergh ». L’ambiance est délétère et Erwin se braque faisant ostensiblement la tronche à l’entraînement. L’affaire de son transfert avance malgré tout, Patrice Garande est sur le point de signer pour le remplacer, mais au final l’affaire capote (anglaise).
Au final, Erwin reste, mais il est totalement démotivé. Son talent reste, ce qui lui permet encore de se montrer décisif, mais la patate en moins ça change énormément de choses. Erwin est donc encore physiquement lillois mais il est mentalement très loin.
Prolongement
En 1990, après un an à la tête du Beerschot d’Anvers, Georges devient coach à Charleroi. Et Georges n’a pas oublié sa belle histoire avec Filip et Erwin terminée un an plus tôt. En décembre 1990, Georges n’hésite pas à tendre la main à Filip, en difficulté à Courtrai où il n’est plus désiré suite à une blessure tenace. Filip raconte : « Je suis rentré à Courtrai, en début de compétition, avec la ferme volonté de mettre les bouchées doubles. Mais au lieu d’être accueilli à bras ouverts, j’ai eu la désagréable sensation d’être tout juste toléré. Tant par l’entraîneur que par mon président. Les relations se sont peu à peu détériorées et à l’exception d’un match contre Ekeren, je n’ai jamais entamé la moindre rencontre ! »
En réalité, c’est la totalité de la doublette lilloise que Georges voulait reconstituer n’ayant pas manqué de solliciter Erwin pour le rejoindre au sein du club carolo. Sans succès. Bref, c’est à deux que Filip et Georges reprennent leur histoire avec une réussite mitigée : 10 matches et 1 but pour Filip qui mettra fin à sa carrière la saison suivante. Derniers soubresauts d’une belle histoire entre les deux hommes commencée cinq ans plus tôt.
Georges, de son côté, reste en contact avec le LOSC. En 2011, il serait d’ailleurs devenu responsable du recrutement en Belgique et aux Pays-Bas. On met le conditionnel, car tout ceci n’est pas très clair et que Georges lui-même ne dit pas exactement cela. Selon lui, c’est désormais son fils qui serait le « scout officiel » des Dogues et il ne serait, lui, que son chauffeur. On est preneurs de précisions si vous avez.
Souvenirs, souvenirs …
Et voilà. Cela fait maintenant plus de 25 ans que s’est terminée notre belle histoire d’amour avec ce trio belge. Et, comme on le sait les histoires d’amour finissent mal (en général).
Et ça n’a pas loupé. Et le temps passe et on se souvient avec nostalgie des bons moments qu’on a passés ensemble. En 2010, Georges évoquait ses souvenirs à la presse nordiste. « Il faut dire qu’on était toujours présent dans les grands rendez-vous. Mais on n’arrivait pas à gérer les petits. Sinon Lille aurait pu être plus rapidement parmi les cinq meilleures équipes de France. Lors de la dernière année, on rate l’Europe de peu, en dépit d’un dernier match gagné 8-0 contre Laval. Je m’en souviens comme si c’était hier. Des banderoles dans le stade demandaient à ce que je reste au club et que la présidence (Amyot-Dewailly) démissionne. Je remercie encore aujourd’hui le public pour son formidable soutien. »
Un peu amer lors de son départ, Filip n’évoque désormais que les bons souvenirs. Il rappelle souvent sa fierté d’avoir pu jouer aux côtés d’Erwin, une légende en Belgique notamment pour avoir marqué contre l’Argentine lors du match d’ouverture de la coupe du Monde 1982. De son passage lillois, Filip décrit de bons souvenirs. « Je n’en garde que du bon. Quand je suis arrivé, je ne parlais pas un mot de Français, j’étais un étranger, bien que voisin. J’ai appris à découvrir le club et je n’ai jamais rencontré de problèmes. Les gens ont toujours été très gentils et accueillants avec moi. » Même si, dans son discours, on sent aussi une pointe de déception par rapport aux résultats un poil décevants par rapport à l’équipe qu’il y a pu avoir. « Être sacré champion de France, on l’avait nous aussi rêvé dans les années 80, mais notre niveau était trop loin des équipes de tête. Pourtant, de grands joueurs sont passés sous ce maillot. Je pense à Lama, Angloma ou Abedi Pelé ». On ne le contredira pas : Lille avait alors une très belle équipe et le jeu dispensé était alors l’un des meilleurs de D1, mais des résultats un peu moins bons.
En 1987, Filip terminait meilleur passeur du championnat. Un quart de siècle plus tard, un autre Belge le rejoignait au palmarès : Eden (Hazard). Erwin, lui, a inscrit 51 buts sous le maillot lillois au total, dont 38 en première division. Depuis, aucun joueur n’a marqué autant en D1 avec nos couleurs, même si Eden, avec 36 buts inscrits, n’est pas loin de ce total.
L’ « histoire belge » du LOSC était et demeure belle. Et celle de beaucoup des auteurs de DBC aussi. On ne pouvait donc qu’en rappeler certains éléments saillants.
Le bonus chiffres chocs
0,79
La moyenne de « buts et passes décisives » d’Erwin en D1 sur l’année 1988. Aucun joueur en D1 n’atteint une telle moyenne. Même JPP et Hoddle sont derrière.
9
Le nombre de buts d’Erwin contre le RC Lens en 10 rencontres disputées. Il joue 2 rencontres de coupe d’Europe avec Anderlecht (1 but), 6 matches de D1 (4 buts), 1 match de coupe de la Ligue (3 buts) et 1 en tournoi de la CUDL (1 but).
10
C’est le nombre de rencontres au cours desquelles Filip et Erwin ont été alignés avec Abedi Pelé. Quand on y pense, dix petites rencontres où le LOSC bénéficiait alors d’un trio offensif des plus coquets, soit dix petites rencontres pour nous montrer ce qu’on aurait pu avoir mais qu’on a jamais eu à fond.
13
En cinq saisons sous la direction de Georges, le LOSC passe 13 tours en Coupe de France. Une demi-finale avec un groupe de jeunots en 1985, deux quarts-de-finale ensuite (en 1987 et 1988) et toujours au moins un tour de passé. Sous la direction de Georges, le LOSC a presque toujours été au rendez-vous de la Coupe. Avec une seule réserve : la coupe 1989, bien débutée par le LOSC (avec uen victoire à Strasbourg 3-0 puis une qualification contre Rouen après avoir assuré à l’aller, 4-0), mais terminée par une élimination évitable par Mulhouse (0-0, 3-2).
13
C’est aussi le nombre de jours entre le premier match d’Erwin avec les Dogues et son sixième but avec nos couleurs (5 en coupes de la Ligue, 1 en tournoi de la CUDL). Six buts en 13 jours et 4 rencontres ! Mazette ! Des débuts en fanfare …
21
Le nombre de passes décisives de Filip en D1 avec le LOSC entre 1986 et 1989. Sur cette période, seul Jean-Marc Ferreri fait mieux (22) en D1. Il est aussi à égalité avec son compère de la sélection belge, Frankie Vercauteren.
65
Le nombre total de buts cumulés d’Erwin et de Filip en D1. Pendant leurs trois saisons communes, le duo en inscrit 60, soit 20 par saison en D1, avec une forte régularité d’une saison sur l’autre : 21 en 1986-1987, 19 en 1987-1988 et 20 en 1988-1989.
1000 à 3000
Le nombre de supporters belges, selon Georges, qui traversaient la frontière pour voir jouer les Dogues pendant la période où le trio belge était constitué. On dit bien « selon Georges », parce qu’on a aucune idée de la manière dont il fait ce chiffrage. Notre hypothèse : Georges obligeait tous les supporters belges à se regrouper avant chaque match et il les comptait un par un.
-
C’est finalement Stefan Kovacs, ancien sélectionneur des Bleus qui vient coacher Monaco en 1986/1987 sans avoir vocation à rester. En 1987, c’est Arsène Wenger qui devient l’entraîneur monégasque, lui pour un bail plus long.
-
Bon, après, cette version n’est pas tout à fait celle qu’il donne ailleurs. Dans une autre interview, Georges raconte qu’il négocie l’arrivée de Filip dès février 1986 et que Erwin donne son accord bien plus tard.
-
Erwin marque alors 15 buts et fait 8 passes décisives en D1, ce qui en fait le deuxième buteur alors même qu’il rate 9 matches ! Cette année-là, il termine avec la meilleure moyenne de buts et passes décisives/match (0,79) de D1 devant Jean-Pierre Papin (0,70). Il marque également 2 fois et fait une passe décisive en coupe de France.
Posté le 22 octobre 2016 - par dbclosc
À la place du con, saison 1/2 : 1997/1998
Après des années de lutte contre la relégation, la sanction est tombée sans surprise en mai 1997 : le LOSC a été relégué en deuxième division, à l’issue d’une saison qui avait pourtant très bien commencé. À l’orée de ce nouvel exercice, le club est en chantier : nouvel entraîneur, nouveaux joueurs, et une ambiance assez terne, conséquence des saisons précédentes où le spectacle, les occasions de s’enflammer, et donc le public, ont rarement été au rendez-vous. Cependant, dans l’ombre, le club se structure sous l’impulsion du président Bernard Lecomte, tout d’abord financièrement, avec une situation en voie d’équilibre et, déjà, de grandes ambitions. Sur le terrain, l’équipe, comme tout club fraîchement relégué, fait logiquement partie des favoris pour retrouver l’élite. Et longtemps, le LOSC est en position de monter… jusqu’à la 39e journée.
On y était donc préparés depuis quelques temps : le LOSC retrouve la D2 (la « super D2 » même, c’est ainsi qu’elle s’appelait officieusement depuis le passage à une poule unique en 1993). Une petite précision pour commencer : la saison 1997/1998 est à ce jour la dernière à avoir admis 22 clubs en deuxième division. Cela signifie donc que le championnat s’étalera sur 42 journées. Comment parvenons-nous à ce chiffre, Arielle et Bertrand ?
1. Chaque équipe rencontre 21 adversaires ;
2. une fois à domicile, une fois à l’extérieur ;
3. 21 * 2 = 42 ;
Les nouvelles têtes
Le LOSC aura donc le plaisir d’affronter des équipes permettant à ses supporters de réviser leur géographie : Lorient, Valence, Mulhouse, Louhans-Cuiseaux, Toulon, et puis le voisin de Wasquehal. Pour cela, l’effectif est remanié : Becanovic, logiquement sollicité, est transféré à Marseille; Meszoly est vendu à sa valeur, c’est-à-dire pas grand chose ; et beaucoup de départs pour pas un rond car fins de contrat (Levenard, Hampartzoumian, Rabat, Simba) ou retours de prêt (Garcion, Arphexad). Mais la bonne nouvelle, c’est tout de même de garder quelques « anciens » qui auraient tout aussi bien pu rester en D1 (Aubry, Collot, Duncker, Hitoto, Renou), et les jeunes que le club a formés (Boutoille, Carrez, Dindeleux, Leclercq). D’autres joueurs formés au club ont un temps de jeu moindre, même si Froger leur fait de plus en plus confiance, à mesure que la saison avance : Coulibaly, Landrin, Machado et Sanz. Cygan est toujours là. Abed, Banjac, et Garcia sont également restés mais jouent très peu.
Avant que la saison précédente ne se termine, on connaissait déjà le nom du nouvel entraîneur : Thierry Froger, un ancien défenseur de la maison (1978-1986). Il arrive auréolé d’une belle réputation obtenue grâce à de bons débuts en tait que coach : entraîneur du club du Mans depuis 1994, il vient de terminer deux fois consécutivement à une belle 6e place ; il est même récompensé du titre du meilleur entraîneur de Division 2 sur l’année civile 1996 par France football. Jean-Pierre Mottet est le nouvel adjoint. Froger amène dans ses bagages deux joueurs du Mans : Al Habo Senoussi et Laurent Peyrelade.
Al Habo (dit « Bob ») Senoussi est un grand milieu défensif tchadien formé à Antibes. Sortant de deux solides saisons en D2, il est rapidement titulaire à Lille. Le retour de blessure de Roger Hitoto durant l’hiver a souvent donné l’impression que l’un des deux était de trop pour accompagner Tourenne au milieu, mais aucun n’était plus mauvais que l’autre. Il a été le seul buteur d’un match au sommet contre Lorient en février 1998.
On a déjà abondamment parlé de Laurent Peyrelade, notamment dans cet article. Comme Bob, Lolo arrive de la Sarthe, où habite Henriette (du Mans). Rapidement titulaire devant, il a été irréprochable pendant ses 4 saisons à Lille, devenant un des chouchous des supporters, non seulement pour ses performances sur le terrain, mais aussi pour son sourire en dehors. Durant cette première saison, il inscrit 7 buts, dans une configuration où il n’est qu’un attaquant de soutien. Il a de plus été écarté des terrains plusieurs semaines à l’automne à cause d’une blessure.
Si le Lolo est attaquant de soutien, c’est parce que l’avant-centre principal est Samuel Lobé, qui a déjà pas mal bourlingué, et présente l’avantage d’être un buteur confirmé de D2. Les dirigeants Lillois vont le chercher à Créteil, en National 1, où il vient d’inscrire 22 buts. Il ne brille pas par sa vitesse, mais il sait marquer quand le jeu est pour lui, c’est-à-dire haut : de fait, il marque peu à l’extérieur. Au total sur la saison, un honorable score de 19 buts.
Carl Tourenne est la bonne surprise du mercato : inconnu à son arrivée de Poitiers, en National 1, en dépit d’un passage antérieur à Valenciennes, il s’impose rapidement au milieu de terrain, et reste l’un des rares à avoir vécu les 3 saisons de D2 sans que sa popularité ne soit à un moment atteinte. Les filles n’ont pas oublié ses yeux bleus.
Arrivent en outre : Cédric Anselin, prêté par Bordeaux. Jeune ailier gauche, il vient gagner un peu de temps de jeu, qu’il obtient en tout début de saison, en faisait d’ailleurs des prestations très correctes ; mais il perd progressivement la confiance de l’entraîneur, et ne joue quasiment plus avec l’arrivée lors du mercato hivernal du Belge Stephan Van Der Heyden : venu de Roda, il présente un volume de jeu plus intéressant, a un pied gauche très précis sur les centres et les coups de pied arrêtés ; il marque aussi un but superbe lors de son premier match contre le Red Star en janvier 1998. Emmanuel Coquelet vient de Valenciennes : il s’entraîne souvent avec le groupe pro mais ne joue qu’avec la réserve. Enfin, Bruno Clément arrive de Monaco comme doublure de Jean-Marie Aubry. Il prend part à 8 matches, alternant le bon (le match contre Lorient) et le moins bon (ballon perdu face à un attaquant Niçois en voulant dribbler). Il est bien meilleur lors de sa deuxième saison, quand il remplace temporairement Wimbée.
L’équipe-type ressemble à peu près à celle alignée ce 9 août 1997 contre Martigues :
Aubry
Duncker Sanz (Carrez) Dindeleux Leclercq
(Hitoto) Senoussi Tourenne
Collot
Peyrelade Lobé Boutoille
Sur le banc, par temps de jeu décroissant : Cygan, Machado, Renou, Landrin, Van Der Heyden, Banjac, Anselin, Garcia, Clément.
Somme toute, un bel effectif, et Lille, ne serait-ce qu’en tant que frais relégué, fait partie des favoris, au même titre que les 3 autres : Nice, Nancy et Caen. S’ajoutent à ce quatuor Sochaux et Martigues. Pour le reste, la D2 reste assez imprévisible, et s’incruste toujours au moins une équipe que l’on n’attend pas.
Le changement, c’est maintenant
En dépit de la relégation, l’ambiance semble bonne. Comme l’évoque Bernard Lecomte dans Le Magazine du LOSC de septembre 1997 : « Une relégation n’est pas facile à gérer. Je l’ai d’ailleurs mal vécue, surtout après le démarrage de début de saison. Je me souviens encore de cette sensation de vertige, celle d’être sur un toboggan et de ne pouvoir freiner… Nous étions arrivés à une conjonction du physique et du moral qui équivalait à une forme d’impuissance. Mais c’est déjà du passé ! ». En effet, on est déjà tournés vers de nouveaux objectifs : remonter, et donc jouer les premiers rôles, ce qui n’est pas un petit événement pour qui a visé la 15e place de sa division depuis 10 ans. Les matches amicaux ont été bons, Lille a même remporté le challenge Emile-Olivier en battant Lens en finale (photo ci-dessous) ! En relisant les magazines du LOSC de l’époque, on est frappés de voir que dans la rubrique « Le mot du président », Bernard Lecomte a systématiquement un mot pour exposer la situation financière du club, et ce de manière de plus en plus positive et optimiste. Est-ce une raison de la venue du public ? « Peut-être est-ce notre travail de transparence, cette volonté d’expliquer constamment que ce que nous faisons porte ses fruits. Nous avons toujours insisté sur les efforts drastiques, la compression nécessaire de la masse salariale. Cette rigueur indispensable a eu un prix : lorsque nous avons eu besoin d’un effectif frais en fin de saison dernière, nous n’avions ni la quantité, ni la qualité. On connaît la suite… Mais le public a compris Sans doute apprécie-t-il l’image de club sain que renvoie le LOSC en se disant : ‘Bon, ça devait arriver. Eh bien c’est arrivé. Maintenant il faut rebondir. Et vite, si possible…’ ». ».
L’ambiance au stade est bien meilleure, et le public est présent, grâce aussi à des tarifs d’abonnements assez intéressants, notamment un « pack famille » aux conditions souples qui permet d’abonner 4 personnes à la fois. Comme si le public savait que le club avait presque mangé son pain noir, le record du nombre d’abonnés est battu. Le LOSC est donc très actif en coulisses : dans la même interview citée précédemment, le président Lecomte pose les bases d’une vision à plus long terme : « il est évident que la CUDL envisage de profiter du Mouvement ‘Lille 2004′ pour développer le sport de haut niveau. Le LOSC devrait logiquement devenir le grand club de football de Lille-Métropole (…) Nous avons besoin d’un outil [Note DBC : comprendre « un stade »] conforme aux réalités économiques, aux besoins du public et des entreprises. À cet égard, je souhaiterais que la CUDL rende sa décision publique avant la fin de cette année (…) Il faut aussi s’engager dans la voie de la privatisation progressive de la société d’économie mixte du LOSC. Le monde économique ne suivra que s’il y a une ambition politique clairement affichée ».
Sur le terrain : couci-couça
Premier match de la saison à Saint-Etienne, ce qui constitue déjà un premier choc, même si on ne sait pas trop ce que valent les Verts : Lobé ouvre rapidement le score sur pénalty, mais les Lillois mettent déjà en évidence certaines carences défensives : Saint-Etienne mène 2-1 à la mi-temps. Finalement, Lobé égalise en fin de match, et on peut considérer le score comme un bon nul.
Le premier match de la saison à Grimonprez-Jooris voit venir Martigues, qui vient de prendre une branlée à Sochaux (1-4). Au cours de ce match mémorable, Lille s’impose 7 à 3, avec un triplé de Lobé, et un doublé de Peyrelade : même si la défense en prend encore 3, la doublette d’attaque semble parée, et on se dit que ça peut être vite réglé pour nos Dogues. Bon, en fait, les Martégaux ont joué comme des quiches toute la saison, ont fini par être relégués, donc c’était une victoire en trompe-l’oeil, mais on prend quand même. Le nul suivant à Sochaux semble plus probant (0-0). Le début de saison est bon : après 7 journées, dont 4 à l’extérieur, le LOSC est invaincu : tout est gagné à Grimonprez, et un point est ramené de chaque déplacement.
Le mois de septembre coïncide avec des performances médiocres : seul Mulhouse tombe face aux Dogues grâce à un but de Lobé (1-0). Mais une première défaite à Lorient (0-2), puis à domicile contre Nancy (2-3) sèment le doute, d’autant que jusque mi-octobre, les Lillois alignent 4 nuls et se fixent en milieu de tableau : si, en termes de points, la 3e place n’est pas loin, être 10e après un nul à Wasquehal (But pour Lille de Pascal Cygan, l’ex, tandis que Lobé rate un péno à 1-1) et avant d’affronter Caen (15e journée) fait un peu tâche… Pistache. Fort heureusement, le match contre les Normands va remettre tout le monde dans le bon sens, sauf peut-être l’arbitre, qui expulse coup sur coup 2 Caennais pour contestation à la demi-heure de jeu : Lille en profite grâce à Tourenne et un doublé de Lobé pour gagner 3-0. Et pour la première fois de la saison, Lille enchaîne 3 victoires consécutives, grâce à une première victoire à l’extérieur, à Laval (1-2), puis contre Niort (3-0).
But de Pascal Cygan à Wasquehal le 8 octobre 1997 (Fréquence Nord, Olivier Hamoir)
Un premier gros raté à Toulon
Après 17 journées, le LOSC est 3e, ce qui suffit pour monter en première division. Cependant, l’équipe souffre d’une grande irrégularité. Si elle est performante à domicile (6 victoires, 1 nul, 1 défaite, 21 buts marqués, 7 encaissés), elle peine à gagner à l’extérieur et montre un autre visage, sans toutefois perdre davantage (1 victoire, 7 nuls, 1 défaite, 7 buts marqués, 8 encaissés). Alors, on pourrait dire qu’elle s’adapte en étant plus prudente hors de ses bases. En fait, elle souffre d’une incapacité à produire un jeu fluide : ce sont surtout ses individualités qui font la différence, avec notamment beaucoup de buts de la tête sur coups de pied arrêtés. Surtout, en cours de match, elle présente de gros temps faibles. Thierry Froger effectue souvent un voire deux changements à la mi-temps pour réveiller tout le monde : c’était le cas contre Nancy où, mené 0-2 à la mi-temps, le LOSC revient à 2-2 à la 60e grâce aux entrée d’Anselin et de Machado, buteur ; ou plus tard contre Beauvais, où l’entrée de Banjac permet de débloquer la situation.
On a souvent critiqué Lobé parce qu’il était « un peu pataud ». En revanche, on a moins souvent critiqué Pato quand il était « un peu lobé ». C’est bien la preuve que Lobé > Pato
C’est alors qu’arrive le déplacement à Toulon, 20e. Les Varois s’imposent 1-0. Dans un édito sobrement intitulé « J’ai envie de me fâcher », Bernard Lecomte recadre tout le monde, estimant s’être senti « trahi » et « indigné ». Rappelant que le club est sur la bonne voie financière, il incite les joueurs à se mettre au diapason et à prendre leurs responsabilités. Peut-on y voir le signe d’un problème chez les joueurs ?
Stabilisation à la 3e place
Après ce coup de gueule, ça va mieux : Lille termine l’année civile sans perdre les 7 derniers matches… mais avec 4 nuls, tout de même : ça coince toujours à l’extérieur. À la trêve hivernale, le LOSC est sur le podium, 3e, et ce pour la 5e fois de la saison : 41 points en 24 matches, c’est assez faible pour qui veut monter, mais l’équipe est solide et compte le plus petit nombre de défaites (3). Et, cette fois, après le creux de l’automne, il s’y installe pour un moment. Pour 3 mois, dans un premier temps. La reprise du championnat permet de cartonner le Red Star de façon convaincante (4-1). Lobé continue de marquer, et le Belge Van Der Heyden réalise des débuts en fanfare, avec une activité débordante et un superbe but, d’un pointu du gauche, après avoir éliminé toute la défense adverse. Et puis la catastrophe : pas le temps de savourer que, dès la journée suivante, Lille se prend une monumentale branlée à Gueugnon (0-4). Que penser de cette équipe, si inconstante ? Cette lourde défaite semble provoquer un – court – électrochoc : quelques jours lus tard, dans le match au sommet, Lille bat le leader lorientais grâce à un but précoce de Senoussi et, une semaine plus tard, deuxième victoire à l’extérieur (en 29 journées…) à Mulhouse (1-3, Senoussi, Lobé et Peyrelade) ! « Performance » de Gueugnon mise à part, la bonne série permet au LOSC d’être solidement installé à la 3e place, un point derrière Nancy, tandis que Lorient est intouchable à 7 points. Surtout, Lille a déjà 6 points d’avance sur le 4e, Sochaux. Nous sommes fin janvier : ce n’est toujours pas brillant en termes de jeu, mais la montée se dessine, simplement en étant intouchable à domicile et solide à l’extérieur : le but semble être de perdre le moins possible, et ça devrait passer.
Une seule constante : l’inconstance
Sauf que le LOSC se met à changer ses habitudes. Alors qu’on le croyait lancé vers les sommets, Amiens vient s’imposer à Lille sur un but d’Olivier Pickeu. Puis Troyes gagne à Grimonprez (0-2). Certes, on n’a pas eu de bol : Lobé et Van Der Heyden ont trouvé les poteaux en 1e mi-temps. Mais, entre ces deux matches, Lille ramène un excellent nul de chez le 2e, Nancy (1-1). Une nouvelle défaite à Valence (1-3) replace Lille en 4e position au soir de la 33 journée. On ne sait quoi penser de cette équipe, de son niveau, de sa motivation. Heureusement, les Sochaliens souffrent du même mal : 3 journées et 7 points plus tard, les Lillois ont à nouveau 6 points d’avance sur les Doubistes, qui ont enchaîné 3 défaites consécutives. On est fin mars, 36 journées ont été jouées : ça sent bon, non ?
Un finish en queue de poisson
Bons princes, les Lillois rendent la pareille à Sochaux : « à votre tour de prendre 7 points, et nous on perd trois fois de suite ». Ainsi, au soir de la 39 journée, Sochaux est de nouveau 3e, un point devant Lille, qui vient de perdre à Niort (0-2), contre Toulon (0-1 !), puis à Nice (1-2). La défaite contre Toulon a des airs d’humiliation : quasi-relégué, le club varois, déjà vainqueur à l’aller, marque d’emblée par Patrick Revelles (4e minute), et Thierry Froger semble incapable de faire réagir son équipe, qui court stérilement après le score.
La 40e journée est un coup pour rien : Lille et Sochaux s’imposent, respectivement contre Louhans-Cuiseaux (3-1, avec un splendide but de Sanz contre son camp) et Saint-Etienne (4-0). Il reste deux matches : Lille se rend d’abord à Beauvais, 17e, tandis que Sochaux a un déplacement compliqué à Nice. Anthony Garcia permet au LOSC de mener à la mi-temps. Mais Lille encaisse deux buts aux 80e et 87e minutes… Alors c’est mort ? Non, puisque Sochaux a perdu à Nice (1-2). La course à la 3e place ressemble décidément à un concours de lenteur.
8 mai 1998 : 42e journée du championnat. Les données sont simples : il faut faire mieux que Sochaux : soit gagner pendant que Sochaux fait nul, soit faire nul pendant que Sochaux perd. Et si on fait nul, il faut espérer que Troyes ne gagne pas, car ces cons là sont revenus. On va recopier en partie ce qu’on a déjà écrit dans cet article : ça commence plutôt bien : Martigues ouvre rapidement le score : dès le quart d’heure de jeu, Lille est virtuellement en D1, et ce malgré le 0-0 à Grimonprez. « Martigues ! Martigues ! », scande le public lillois, accroché à ses transistors. À la même minute (35e), Djezon Boutoille place une tête en lucarne et Baudry égalise à Martigues : Lille est donc toujours en position de monter. La deuxième période part bien en sucette : Sochaux prend l’avantage par Isabey, et n’a donc plus à se soucier de ce qui se passe à Lille, une victoire assurant au FCSM la D1. Et l’ASSE égalise. Ah, c’est le scénario catastrophe mon p’tit Jean-Mimi. Lille pousse, et Senoussi redonne l’avantage en fin de match à Lille (85e). Il faut que Martigues égalise… et pénalty pour Martigues ! Tiré de façon affligeante, il est arrêté par le gardien sochalien. Voyez plutôt. Fin du match à Lille, mais ça joue encore à Martigues. Exceptionnellement, la sono du stade se branche sur le multiplex d’Europe 1 : les joueurs, restés sur le terrain, et le public, espèrent une égalisation qui ne vient pas. Si Lille a battu Saint-Étienne, cela ne suffit pas : la D1 est pour Nancy, Lorient et Sochaux. Le LOSC reste en D2. Et en plus Lens est champion : quelle soirée de merde.
L’essentiel est ailleurs
4e, c’est donc la place du con lorsque seulement 3 équipes montent, et qu’il s’agit en l’occurrence des 3 premières. Le LOSC n’a jamais convaincu durant cette saison : s’il a largement fait illusion jusqu’au milieu de l’hiver, des résultats trop inconstants et quelques ratés monumentaux (Amiens, Toulon, Beauvais) se sont greffés au manque de fonds de jeu, conduisant à une contestation grandissante de l’entraîneur par le public. Lille n’a jamais été mieux classé que 3e, même s’il l’a été 19 fois sur 42 : en cela, ce n’est pas fondamentalement anormal de ne pas monter. Ce qui est dommageable, voire troublant, c’est d’être rattrapé de la sorte sur la fin de championnat. Sur les 13 derniers matches, Lille s’incline 7 fois, alors qu’il n’y avait eu que 4 défaites lors des 29 premières journées ! En établissant un classement sur les seuls matches retours, Lille est 10e, derrière Wasquehal (9e) et Sochaux (8e) qui ne fait pas beaucoup mieux. Sur les 13 dernières journées, Lille est 19e…
Sportivement, il a donc de quoi être déçu : l’objectif de remontée immédiate n’est pas rempli ; l’équipe n’a jamais semblé en mesure d’imposer un style de jeu ; les circonstances de l’échec de fin de saison sont tellement lamentables qu’elles en sont suspectes : certaines individualités sont pointées du doigt, accusés d’avoir volontairement levé le pied, sachant que le club ne les conserverait pas en D1.
Mais à l’issue de la saison, Bernard Lecomte annonce que le club a enfin soldé l’ensemble des dettes qu’il traînait depuis plusieurs années. Cela fait évidemment disparaître une sacrée menace au-dessus du club, qui peut désormais se refonder sur des bases financières saines. Si cette montée ratée s’ajoute à l’échec de la descente un an auparavant, la dynamique impulsée par Bernard Lecomte n’est pas brisée, et il est désormais permis d’espérer qu’avec quelques réglages supplémentaires, des jours meilleurs se dessinent.
Les coupes
Ce sera très rapide. En coupe de France, Lille élimine Tinqueux au 7e tour (2-0) et se fait sortir par Boulogne-sur-mer au 8e, après prolongation (0-1). Chapeau les gars.
En coupe de la ligue, lors du premier tour, Lille élimine Caen (2-2, 3-2 aux tirs aux buts) au cours d’un match particulier. Pour on ne sait plus quelle raison, ce match s’est joué un mardi, après les autres matches du premier tour. Il y avait assez peu de monde dans le stade (4608 spectateurs parait-il). Lors de la prolongation, il y a eu une coupure de courant, et les joueurs sont rentrés aux vestiaires. Dans le noir, un grand drapeau a commencé à circuler en tribune « honneurs », la sono a lancé « I will survive », et l’interruption s’est transformée en fête géante, comme on n’en avait pas vu à Grimonprez depuis des années. Le match s’est terminé dans une grosse ambiance, alors même que le match était somme toute banal, mais je crois simplement que les gens étaient contents d’être là ce soir-là. Du coup, la victoire aux tirs aux buts a été amplement fêté par les joueurs également, restés longtemps sur le terrain après le match. Dernière anecdote plus personnelle : comme le match a fini très tard (prolongation + coupure), Fréquence Nord n’a pas pu retransmettre le match jusqu’à la fin (genre le décrochage régional était autorisé jusqu 23h, puis c’est un programme national qui reprenait l’antenne). En rentrant à la maison, ma sœur, qui avait été privée de match à cause du lycée le lendemain (moi j’étais au collège et y avait pas cours le mercredi) nous accueille en mode zombie : « euuuh…. c’est qui qu’a gagné… ? Parce que Fréquence Nord a coupé et aucune radio n’en a parlé… Peux pas dormir sans savoir ». Encore le genre de truc improbable aujourd’hui. Voilà, belle anecdote. Le tour d’après, le LOSC est sorti au Mans (0-1).
Délire à Grimonprez : le LOSC élimine Caen aux tirs aux buts
Pour découvrir nos bilans des autres saisons, vous pouvez suivre ces liens :
1992/1993 : La fin d’une époque
1993/1994 : Quand les supporters redécouvraient le spectacle (mais gardaient la défaite)
1994/1995 : Le laborieux 1-0 triomphant
1995-1996 : Le maintien et c’est tout
1996-1997 : Lille, une sacrée descente
1998-1999 : À la place du con, saison 2/2
Posté le 19 octobre 2016 - par dbclosc
The Final Countdown for Europe. Sur les tentatives ratées du LOSC dans la course à l’Europe (1955-2001).
Dans les années 1980, le groupe Europe sortait ce qui allait être son tube, The Final Countdown, en français « le compte-à-rebours final », titre dont l’intensité dramatique n’échappera à personne (à ne pas confondre avec « the final condom », ce qui signifie « le dernier préservatif », même si un tel titre aurait été d’une intensité dramatique tout au moins aussi forte.)
The final countdown – dont on a d’ailleurs dû se coltiner un extrait à chaque annonce de but lors des directs régionaux sur France Bleu – a donc été écrit par un groupe intitulé « Europe ». Quel meilleur prétexte pour te parler des final countdowns du LOSC dans la course à la qualification européenne ? Premier rappel, notamment pour les plus jeunes, le LOSC se qualifie pour la première fois dans une compétition européenne en 2001, soit une attente assez incroyable pour un club comme le LOSC.
On te fait ici une brève histoire des rendez-vous ratés du LOSC avec l’Europe en partant des réglementations complotistes à notre égard pour en venir aux compétitions au cours desquelles on a cru à l’Europe au fil de leurs avancements pour finalement nous voir échouer.
La création de la Coupe des champions et de la Coupe des Coupes : un complot contre le LOSC
Après la guerre, le LOSC est incontestablement le club dominant en France avec deux titres de champions et cinq coupes de France remportés. Et encore, je ne te parle pas des très nombreuses places d’honneur, titres de vice-champion ou de finaliste de la Coupe. En gros, ce statut de dominant, le LOSC l’acquiert dès sa création jusqu’à 1955 date de sa dernière victoire en coupe de France.
Complot contre le LOSC oblige, c’est en 1955/1956 qu’a lieu la première coupe des champions qu’aurait vraisemblablement disputé Lille, en tant que champion en titre, si la compétition avait débuté un an plus tôt. Et comme par hasard, c’est justement en 1960/1961 qu’a lieu la première Coupe des vainqueurs de coupes, c’est-à-dire au moment où il devient clair que le LOSC n’y arrive plus dans cette Coupe de France dans laquelle il se montrait jusqu’alors particulièrement performant.
La Coupe des Villes de Foires, autre outil du complot contre le LOSC
En 1955, Ernst Thommen, Ottorino Barassi et Stanley Rous créent la Coupe d’Europe des Villes de Foires compétition alors indépendante de l’UEFA avant que l’institution du foot européen se la réapproprie en 1971. Au départ, cette Coupe d’Europe a vocation à voir s’opposer des clubs de villes accueillant des foires, lesquelles sont invitées (et non qualifiées) (1). Toi, pensant à ta belle ducasse, tu te dis que forcément, Lille a dû être souvent invité.
Sauf que non, car les foires en question sont des foires commerciales. Et le LOSC ne sera jamais invité, comme par hasard. Ce qui fait que, régulièrement, des équipes moins bien classées que le LOSC disputeront cette compétition.
1975-1976
En 1975/1976, le LOSC a une belle équipe avec des internationaux A comme Michel Mézy, Patrick Parizon, Bernard Gardon et Christian Coste, le Yougoslave Stanislav Karasi et le Chilien Ignacio Prieto, Etoile d’or France Football la saison précédente. Cette saison, le LOSC connaîtra alors peut-être sa première qualification en coupe d’Europe, ce qui implique de terminer dans les trois premiers ou même dans les quatre premiers si le vainqueur de la Coupe termine sur le podium.
Le LOSC reste longtemps en course pour une qualification, puisqu’après 24 journées le LOSC n’est encore qu’à quatre points du podium. Deux journées plus tard, les Dogues sont encore en course, mais il faudra terminer en trombe car il faut désormais 6 points pour rattraper le 3ème et 5 pour rejoindre le 4ème. Mais on y croit parce que cette équipe a du talent. Et là, le LOSC connaît une série improbable pour un prétendant à l’Europe : Lille perd à Marseille (2-0), à Lyon (3-0), contre Nice (0-3) puis à Nancy (5-0). En comptant la Coupe de France, le LOSC subit alors une terrible série de 22 buts encaissés sans en rendre un seul.
Bref, les espoirs européens du LOSC se sont alors complètement éteints à l’issue de ces quatre journées : il reste 8 rencontres, mais le LOSC accuse un retard de 11 points sur la quatrième place dont on n’est même pas certain qu’elle suffise à une qualification européenne. Le LOSC échouera à la 13ème place.
1982-1983
Doté d’une belle équipe, on a cru un temps que le LOSC pourrait se qualifier en coupe d’Europe par la voie du championnat. Après 20 journées, Lille n’est qu’à 3 points du quatrième, Laval, et à 4 points du cinquième, Monaco. Pourtant, assez vite, les Dogues se retrouveront largués, cumulant 7 points de retard sur les places européennes à 11 journées du terme.
Qu’à cela ne tienne, Lille s’y remet à y croire à travers la Coupe de France. Lille élimine d’abord Hazebrouck (2-0), puis Bastia (1-0 et 1-0), Martigues (1-2 et 2-0) et enfin Rouen (2-0 et 0-1). Lille est alors en demi-finale de la Coupe de France, à une qualification de la finale au Parc des Princes. Seul petit problème, on doit jouer Nantes, leader incontesté du championnat alors qu’on aurait quand-même préféré jouer Tours, 17ème de D1 à l’époque.
Mais comme les Nantais ne sont pas très sympas (ceux-là en tout cas) alors qu’ils auraient pu facilement se contenter de leur titre de champion, ils nous opposent plus qu’une farouche résistance. Nantes s’impose d’abord à l’aller, sur notre terrain à nous (1-0). A Nantes, c’est encore Amisse qui ouvre le score (69è), mais René, ce bon René (Marsiglia) égalise quatre minutes plus tard !
L’égalisation !
L’éga, l’égalisation !
Il reste alors une petite vingtaine de minutes pour rêver, un but étant suffisant ! Les Lillois pousseront, malheureusement sans succès.
1984-1985
Disons-le franchement, le championnat est très très mal engagé. Franchement, on flippe même un peu pour le maintien : après 24 journées, Lille n’a qu’un point d’avance sur le barragiste. La situation ne s’améliorera guère puisque le LOSC est encore à égalité de points avec le barragiste avant la dernière journée !
Entre temps, Lille aura quand-même repris des couleurs en Coupe de France, avec en point d’orgue une qualification qui reste dans l’histoire en 16ème de finale contre le grand Bordeaux : battus 3-1 à l’aller, rapidement menés 1-0 chez eux, personne n’y croit. Et pourtant, emmenés par un grand Pascal Plancque, poussés par le public, les Lillois arrachent les prolongations (3-1) ! Mieux : survoltés, les Lillois ajoutent deux nouveaux buts en prolongation pour une victoire historique.
Ils éliminent ensuite Rouen (2-1 et 0-0) puis Saint-Étienne (0-1 et 2-0) et se retrouvent en demi-finale. Cette saison, ça sera Monaco. Battus 2-0 en principauté, les Lillois commencent idéalement la match retour en ouvrant le score par Philippe Périlleux après moins de deux minutes de jeu.
Mais non. Ça ne sera toujours pas pour cette fois. 1-0 score final. Insuffisant.
1988-1989
Lille avait très bien débuté sa saison, en l’emportant à Laval (2-1), en battant l’OM (2-1), puis en allant prendre un point précieux à Monaco (1-1). Et puis ça s’était gâté, Lille enchaînant les déconvenues, la faute à des problèmes en défense et à l’absence d’un meneur de jeu efficace. Pour la 12ème journée, Abédi Pelé arrive comme joker et Lille revient bien. Très bien même, puisqu’au bout de la 29ème journée, les Lillois se retrouvent 7èmes à 8 points du 4ème mais surtout à seulement trois petites unités du 5ème.
Les espoirs les plus fous semblent alors permis. La quatrième place en championnat semble un peu loin mais la cinquième est à portée de main et elle pourrait être qualificative pour la Coupe de l’UEFA si la coupe était remportée par l’un des quatre premiers. Deuxième raison d’espérer : Lille a éliminé Strasbourg (3-0) à la Meineau en Coupe de France et affronte Rouen au tour suivant en large favori. Qui sait si Lille, qui s’est montrée comme une vraie équipe de coupe n’est pas en mesure de la remporter. Surtout, le calendrier est dégagé puisque Lille a déjà affronté cinq des six équipes qui le précédent au classement.
Le déplacement à Toulon s’avère alors crucial. C’est malheureusement Toulon qui ouvre le score, mais Lille n’abdique pas et Mobati égalise à l’heure de jeu. Lille espère forcer la décision en fin de match, mais c’est au contraire les Toulonnais qui reprennent un avantage décisif à 5 minutes du terme (2-1). Lille reprend cependant des couleurs en écrasant Rouen (4-0) en coupe de France. Le déplacement à Sochaux semble la dernière chance lilloise hors coupe de France. Les Lillois s’inclinent (2-0). On espère alors avec la Coupe. Mais, là encore, les espoirs seront déçus : Lille est éliminé, sans trop de gloire, par la D2 de Mulhouse (0-0 et 2-3).
A trois journées de la fin, un bref espoir subsiste. Si cela semble bien mal engagé au regard de l’écart qui sépare le LOSC du dernier qualifié européen (sept points), cette possibilité n’est pas exclue au regard du calendrier qui voit le LOSC être opposé à trois des cinq derniers du championnat soit un calendrier bien plus soft que le cinquième.
Contre Strasbourg, nos Dogues ouvrent le score grâce à Roger Boli (26è) mais Fabrice Mège douche nos derniers espoirs européens en égalisant (1-1, 60è). On se consolera avec une victoire champagne contre Laval pour la dernière journée (8-0).
1990-1991
Ce championnat est fou. Après 29 journées, le LOSC est en milieu de classement mais seulement à 4 points du 4ème mais aussi seulement 4 points devant le barragiste. Lille remporte alors sa première victoire à l’extérieur (3-1 à Rennes), lâche le nul chez lui contre Paris (0-0) puis remporte une victoire convaincante à Montpellier (2-1). Lille est alors très bien placé, 6ème à un misérable petit point des 4ème et 5ème places lesquelles seront en définitives toutes les deux qualificatives. Ça se précise la journée suivante avec une victoire probante contre Auxerre grâce à un but de Brisson (2) en fin de match et une cinquième place à la clé.
On ne parle désormais plus de maintien même s’il n’est pas encore totalement assuré. Quoi qu’il en soit, à deux journées de la fin, avec deux points de retard sur le quatrième et un seul avec un goal-average nettement favorable par rapport au cinquième, le LOSC est alors à un tournant décisif et la qualification européenne n’a alors rien d’utopique. Surtout, Lille a un précieux avantage : il reçoit pour ses deux derniers matches, d’abord Nancy, 18ème, puis Metz, 11ème.
Une navrante défaite à Grimonprez contre Nancy (0-2) achève quasiment nos espoirs. Le baroud d’honneur final contre Metz (4-1) suffira tout juste à nous assurer la sixième place (3), juste derrière Lyon, dernier qualifié européen.
Il nous faudra ensuite attendre dix ans et la belle équipe de Vahid pour espérer une qualification européenne. Mais cette fois, ça sera (enfin) la bonne.
(1) C’est en 1969 que, pour la première fois, les qualifiés dans cette compétition le sont uniquement grâce à leurs résultats sur le terrain. En 1969 donc … comme par hasard l’année où le LOSC perd son statut pro.
(2) L’auteur de cet article a regardé le match sur Canal+ alors qu’il n’avait pas de décodeur ce qui ne l’empêche pas de se souvenir très bien du but de Brisson. Il ne pourra cependant vous décrire ce but qu’en crypté.
(3) Après la 37ème journée, il reste une toute petite chance au LOSC pour terminer 5ème : il est tout d’abord nécessaire que Montpellier ne gagne pas (ce qui sera le cas), que Bordeaux batte Lyon et que, dans le même temps, le LOSC rattrape son goal-average sur les Girondins, de 4 buts. Par exemple, si Bordeaux l’emporte 1-0, Lille doit l’emporter par cinq buts d’écarts. Par six en cas de victoire 2-0 de Bordeaux, etc. Finalement, Bordeaux s’inclinera 1-0 …
Posté le 17 octobre 2016 - par dbclosc
Hélas, Aulas nous lasse. Pourquoi Jean-Miche fait (injustement) du LOSC le responsable de la fragilité de l’indice UEFA français
En 2012, et comme à son habitude, Jean-Michel Aulas analysait les performances lilloises en coupe d’Europe avec beaucoup de nuances et de contextualisation, ce qui lui permettait de dresser un « constat » un poil sévère à l’encontre de notre club de cœur : « La perte de l’indice est due exclusivement à la Ligue Europa et pas à la Ligue des Champions. (…) Ces cinq dernières années, Lyon a emmagasiné 40-45 % des points de cet indice. La Ligue Europa nous a trahis. Ne pas la jouer, comme Lille l’a fait l’année dernière, c’est monstrueux ! »
Bon, tu l’as compris, Jean-Miche fait de notre équipe chérie la responsable du très discutable déclin français au niveau européen. On va te montrer que cette responsabilité est loin d’être attestée pour ensuite t’expliquer les causes de cette prise de position de Jean-Miche ainsi que les causes de l’évolution de la stratégie de nos Dogues en matière de compétition européenne. En gros, derrière le ton de l’évidence, Jean-Miche masque qu’il nous demande de défendre ses propres intérêts.
La « responsabilité » lilloise dans la fragilisation de l’indice UEFA de la France
Premier constat : Jean-Miche pointe du doigt le LOSC comme le responsable (comme le suggère l’utilisation de l’adjectif « monstrueux » précédé du présentatif « c’est ») du « déclin » français à l’indice UEFA ciblant son « échec » lors de l’Europa League 2010/2011. Lille n’aurait « pas joué », référence faite à la stratégie qu’avait adopté Rudi Garcia en 16ème de finale de la compétition en alignant une équipe-bis.
Or, le parcours lillois cette saison-là n’est pas aussi « monstrueux » que Jean-Miche veut bien le dire. Lille passe d’abord le tour préliminaire, passe son tour de poules et, certes, échoue en 16ème contre le PSV. Certes, Garcia a mis son équipe-bis pour ces matches, mais il faut également souligner que cette équipe-bis était suffisamment solide pour qu’on n’assimile pas cette stratégie à un sabordage pur et simple : au match aller, l’équipe alignée est la suivante : Landreau – Debuchy, Chedjou, Rozenhal, Emerson – Vandam, Dumont, Gueye – Frau, De Melo, Obraniak. Tu avoueras qu’en termes d’équipes en bois on a trouvé pire.
On peut bien sûr discuter de la stratégie de Garcia, mais il n’a finalement rien fait d’autre que de privilégier le championnat et la coupe (ce qu’il a bien fait puisque le LOSC remporte ces compétitions) plutôt que tenter de « faire un coup » en coupe d’Europe, « coup » dont les chances de réussites sont très aléatoires (1). En 2011, le bilan de Garcia parle en tout cas pour lui. Personne ne sait ce qui se serait passé s’il avait décidé de jouer l’Europe à fond, mais l’honnêteté intellectuelle impose de rappeler que cette stratégie a abouti à la conquête de deux titres.
Constat n°2 : Jean-Miche juge donc le comportement des Lillois « monstrueux » quant à l’indice UEFA français. Or, il étaye finalement une thèse sur le LOSC à travers un seul et unique exemple, la double confrontation avec le PSV en 2011. Or, à l’époque où il tient ces propos, le LOSC a toujours tiré vers le haut l’indice français.
Lecture : en 2001/2002, la performance du LOSC génère 0,804 point de plus à l’indice UEFA français que la moyenne des autres clubs français engagés. Le fait que ce solde soit positif de 2001/2002 à 2011/2012 montre que le LOSC tire alors l’indice français sur cette période tandis que le fait qu’il soit négatif depuis 2012/2013 montre que le LOSC le tire alors vers le bas depuis cette date.
On le voit sur ce graphique, si les résultats du LOSC tirent l’indice UEFA français vers le bas à partir de 2013, il le tirait au contraire vers le haut depuis ses débuts européens jusqu’en 2012. En gros, au moment au Jean-Miche dézingue le LOSC sur son apport négatif, dans la vraie vie nos Dogues avaient fait exactement l’inverse.
Constat n°3 : au-delà du LOSC, Jean-Miche pointe la responsabilité des clubs qualifiés en Ligue Europa. Or, s’il a raison de dire que l’indice UEFA français est étroitement dépendant des performances en Champions League, il oublie fort malheureusement de souligner que c’est très largement un effet réglementaire : les clubs qui disputent la C1 bénéficient en effet d’un indice majoré par rapport aux clubs qui jouent l’Europa League.
De plus, le système est fait de manière à donner un effet incitatif à la motivation beaucoup plus fort pour des raisons simplement économiques. En effet, un club qui dispute la C1 connaît une très forte incitation à aller le plus loin possible tant les gains potentiels sont forts. Inversement, un club dans la situation de Lille, c’est-à-dire disputant la Ligue Europa et le titre n’a qu’un intérêt faible d’un point de vue économique à passer un ou deux tours de plus en compétition européenne mais un grand intérêt à assurer une qualification en phase de poules de Ligue des champions.
Constat n°4 : quand on a lu l’affirmation de Jean-Miche selon laquelle l’OL contribuerait à « 40 à 45 % » de l’indice UEFA français, on t’avoue qu’on a été un peu sceptiques. Mais on t’avoue aussi que ça nous a emmerdé d’aller vérifier, donc on s’est contenté d’aller voir la contribution de l’OL depuis 2011. Et elle est de 17 %.
Ça ne nous permet pas de dire si Jean-Miche a exagéré les mérites de son club en 2012, mais ça nous permet au moins de dire que, sur la base des critères énoncés par lui-même, son club est sur une pente descendante.
De quoi qu’y s’mêle ? Un éclairage sur les causes du cassage de c**** de Jean-Miche
Mais, me diras-tu, « de quoi qu’y s’mêle » le Jean-Miche ? Qu’est-ce qu’il vient nous emmerder à nous dire ce qu’on doit faire en Coupe d’Europe ? Est-ce que, bon, bordel, on peut pas avoir des résultats de brins en compétition européenne si ça nous chante ?
En fait, c’est tout simple, c’est juste que Jean-Miche a un intérêt direct à ce que les clubs qui disputent l’Europa League fassent de bonnes perfs, et d’autant plus aujourd’hui avec un PSG devenu presque intouchable et un Monaco qui émerge comme un concurrent plus que sérieux.
En fait, le gros truc que tu dois retenir, c’est que, à la limite, si la France est 4ème, 5ème ou 6ème, ça change assez peu de choses, et que, par contre, il est crucial pour Jean-Miche que la France ne tombe pas à la 7ème place.
Concrètement, être 6ème plutôt que 4ème ou 5ème, ça ne change que le fait que le troisième représentant en C1 du 6ème doive jouer un tour préliminaire de plus que les 4ème ou 5ème avant d’arriver à la si lucrative phase de poules de C1. En revanche, être 7ème n’octroie plus que deux places en C1, dont une seule qualification directe. L’enjeu est alors primordial pour un club comme Lyon dont le positionnement hiérarchique en France le place comme un concurrent à Monaco pour la deuxième place.
Pognon, Position et Prise de Position : le PPPP
Pour bien comprendre les Prises de Position de Jean-Miche, il faut resituer sa Position et ce que ça implique en termes de pognon : appelons-ça, le PPPP. Et c’est là qu’on comprend qu’avant d’être une prise de position dictée par des considérations sportives, ce qui guide Jean-Miche, c’est la question du modèle économique lyonnais au regard de la hiérarchie nationale actuelle.
Or, dans la stratégie économique de Jean-Miche, les revenus de la C1 sont essentiels (2). Pour Lyon, chaque échec à la qualification en C1, mais également chaque résultat en C1 une fois qualifié, a de très importantes répercussions économiques. Aujourd’hui, pour Lyon, la situation est favorable bien que précaire : terminer deuxième du championnat suffit et une troisième place serait sans doute suffisante pour atteindre ensuite la phase de poules. Mais si la France passait à la 7ème place, la situation des Lyonnais serait en revanche très délicate puisque la deuxième place en championnat deviendrait un enjeu primordial et pas nécessairement suffisant, cette place ne qualifiant pas directement pour la phase de poules.
Et là où on comprend le particulier intérêt de Jean-Miche pour la question, c’est qu’il est précisément le président du club français dont la stratégie économique est la plus dépendante de la C1. Pour Paris, la question se pose moins, d’une part parce que ses chances d’échouer à la 3ème place sont faibles et parce que ses sources de financement sont presque infinies. Pour Monaco, le renouveau est encore trop récent pour que leur stratégie économique soit dépendante d’un parcours en C1.
Le LOSC, le PPPP et paradoxe européen
Pour les autres prétendants européens, comme notre LOSC, la dépendance à la C1 n’existe pas en tant que telle pour la simple raison qu’il leur apparaîtrait déraisonnable de pouvoir tabler sur une qualification systématique pour cette compétition. Si le LOSC semble être sur une pente légèrement descendante quant à sa place dans la hiérarchie nationale, il n’empêche que même à son « sommet », c’est-à-dire schématiquement entre 2009 et 2012, le LOSC ne pouvait espérer raisonnablement s’appuyer sur la C1 comme source régulière de financement.
On n’est pas en train de te dire que l’enjeu européen est nul pour le LOSC, mais simplement que sa position dans la hiérarchie nationale associée à l’organisation actuelle des compétitions européennes impose aux dirigeants de ne voir dans les compétitions européennes qu’un éventuel bonus et non un élément essentiel.
C’est donc aussi à l’aune de cette position qu’il faut lire le rapport des Loscistes aux compétitions européennes. D’abord vécu comme une chance et une récompense au début des années 2000, l’Europe était jouée ainsi, c’est-à-dire comportant une forte dimension de prestige qui était au principe de la motivation des joueurs et de l’entraîneur.
Mais quand la position du LOSC se stabilise dans le haut de la hiérarchie nationale, vers la fin des années 2000, son rapport à l’Europe a alors sensiblement évolué et devient en apparence paradoxal sur certains aspects. La qualification en Ligue des champions devient un objectif qui n’est plus déraisonnable tandis que jouer à fond la Ligue Europa ne présente qu’un intérêt restreint. Le LOSC est alors dans une situation paradoxale, celle d’un club qui a davantage intérêt à se battre pour se qualifier en coupe d’Europe qu’à faire bonne figure dans la compétition européenne qu’il disputera.
C’est à l’aune de cette position, relativement récente, qu’il faut lire les performances lilloises en coupe d’Europe en 2010/2011. Au-delà des considérations sportives, quand le championnat avance et que le LOSC se trouve bien placé, la qualification en C1 apparaît de plus en plus comme une option qu’il ne faut pas rater. Pour dire les choses clairement, passer deux tours de plus en Ligue Europa n’aurait pas rapporté plus de 2 millions d’euros supplémentaires quand une qualif’ en phase de poules de la C1 assurerait un revenu de 20 à 30 millions d’euros droits TV compris. Dans cette optique, prendre le risque de rater sa fin de championnat pour faire un beau parcours semble déraisonnable (3).
Il faut aussi resituer la stratégie du LOSC vis-à-vis de la Ligue Europa en 2010/2011 dans l’expérience récente du club. La saison précédente, les Dogues s’étaient investis corps et âmes en coupe d’Europe, mais cet investissement avait alors été lu comme une cause au moins partielle du fait que le LOSC avait échoué sur le fil à se qualifier en C1. Suivant la logique égocentrée de Jean-Miche, Lille aurait quand-même dû jouer la C3 à fond en 2011. Suivant la logique des dirigeants de Lille, qui pensent constater avoir perdu 30 millions d’euros à cause du surinvestissement en coupe d’Europe, l’attente de Jean-Miche semble moins adaptée.
Ressources des compétitions européennes et stratégies économiques
Ligue Europa et Ligue des champions, deux compétitions européennes, mais dont les bénéfices éventuels sont extrêmement divergents ce qui conditionne largement les stratégies des clubs. La spécificité de la C1 tient ainsi à ce qu’elle génère de telles ressources qu’elle peut inciter certains clubs qui y participent régulièrement à penser ces ressources comme des revenus structurels là où les revenus de la Ligue Europa sont trop faibles et aléatoires pour être pensés comme une source de financement régulière et primordiale.
En effet, imaginons qu’un club dont le budget habituel est de 70 millions d’euros participe à la C1, il se retrouve alors doté d’une ressource supplémentaire inhabituelle d’environ 30 millions d’euros. Si la prudence voudrait que ces 30 millions d’euros soient traités comme une cagnotte dans laquelle on puise avec prudence, un tel revenu incite cependant à piocher allègrement pour investir et consolider la place acquise. Le budget augmente alors plus ou moins mécaniquement et il est alors primordial que les recettes se développent aussi à un niveau plus élevé. Un tel club sera alors fortement incité à budgéter en misant sur des revenus réguliers de la C1, par exemple 15 millions par an en misant sur une participation à la Ligue des champions un an sur deux.
Or, c’est bien le problème d’appliquer une telle logique au sport ou l’aléa est une composante caractéristique mais aussi (en principe) valorisée. Paraîtrait même que l’incertitude du sport serait « glorieuse ». Problème du gestionnaire, il doit tout faire pour que cet aléa soit réduit. Cette contradiction, elle est particulièrement forte pour un club comme l’Olympique lyonnais. Pour des clubs comme le Real ou le Bayern, cette pression sur la stratégie est moins forte notamment parce qu’ils bénéficient de ressources symboliques et financières qui leur donnent un peu plus de garanties quant à la pérennité structurelle (4). Elle est également moins forte pour des clubs un cran en dessous, comme le LOSC, lesquels ne peuvent actuellement pas tabler sur de fortes ressources de la C1.
L’OL de Jean-Miche s’est en revanche construit sur l’anticipation de ressources pensées comme structurelles issues de la Ligue des champions. Lyon est donc dans un équilibre particulièrement fragile et les importantes fluctuations budgétaires du club rhodanien sont à la fois le fruit de cette fragilité et de l’entêtement de Jean-Miche à engager son club dans cette stratégie (Dans l’espoir que l’OL évolue vers une sécurisation de sa position). Cette sécurisation passe alors aussi par la voie politique en essayant d’influer sur des réformes réglementaires limitant les chances des poursuivants de pouvoir les concurrencer.
Un dernier mot tout de même sur la stratégie du LOSC pour ne pas se méprendre sur l’interprétation de notre analyse. En 2010/2011, une éventuelle qualification en C1 relève bien sûr d’un grand intérêt. Mais l’idée est alors moins d’espérer des ressources structurelles de cette compétition que de trouver une solution temporaire à la faiblesse des revenus de la billetterie du Stadium Nord en attendant la manne qu’est censée apporter le Grand Stade. Or, en 2012, l’arrivée dudit Grand Stade impose un changement stratégique : en cause, le Grand Stade ne génère pas les revenus espérés mais devient au contraire un boulet. La qualification en C1 à l’issue de la saison 2012/2013 devient alors essentielle, mais la situation financière limite les possibilités d’investissement et, parallèlement, les chances de se stabiliser dans le top 3 national. En conséquence, Lille doit vendre chaque année à un niveau plus ou moins équivalent à ce que rapporte une participation à la C1.
Jean-Miche dénonce donc le LOSC alors même que c’est un système dont il n’a cessé d’encourager le développement qui explique la prise de position lilloise. Au début des années 2000, Lyon est devenu le club dominant en France et faisant bonne figure sur la scène européenne. Jean-Miche a milité pour un système favorisant la concentration des ressources dans les mains des plus gros clubs européens. C’est donc un système qui bénéficie aux gros, mais, pour qu’il marche bien, il faut que les clubs qui les suivent dans la hiérarchie, comme par exemple le LOSC, réalisent aussi de bonnes performances en Ligue Europa pour consolider la place nationale. En définitive, ce que Jean-Miche reproche aux Dogues, c’est de défendre ses intérêts alors que, de son point de vue, c’est ceux de l’OL qu’ils devraient servir. Et tu as compris que cet OL qu’il faudrait servir, ça n’est pas l’Olympique Lillois.
(1) On peut certes supputer que l’équipe-type aurait mieux fait mais il faut aussi souligner que même ainsi une éventuelle qualification en quart de finale aurait été une performance extrêmement satisfaisante. Mettre l’équipe-type n’aurait donc sans doute pas permis une amélioration extrêmement forte de l’indice UEFA français.
(2) Pour donner un ordre d’idée, une équipe qui dispute la phase de poule de Ligue des champions touche 12 millions d’euros si elle perd tous ses matches ; elle touche 15,5 millions et demi si elle finit troisième de son groupe en gagnant 2 matches et en faisant un nul auxquels il faut ajouter les revenus ultérieurs du reversement en Ligue Europa ; elle touche 22,5 millions si elle est éliminée en huitièmes de finale avec 3 victoires, 1 nul et 2 défaites en poules ; 28,5 millions en étant sortie en quart de finale ; 35,5 en demi-finale ; 46 en finale ; 61 si elle remporte la compétition. Ces chiffres montrent donc qu’un club comme l’OL peut raisonnablement anticiper un revenu annuel de 20 millions de la C1 auxquels il faut ajouter les droits TV. Or, ces droits TV dépassent largement les primes de résultats : Lyon aurait ainsi empoché 41 millions d’euros au total en 2015/2016 au titre de la C1 malgré un parcours extrêmement décevant.
(3) Aujourd’hui, un club éliminé en 16ème de finale de Ligue Europa en terminant premier de son groupe empocherait environ 5 millions d’euros hors droits TV quand un demi-finaliste toucherait un peu plus de 8 millions et un finaliste perdant un peu moins de 12 millions. Autrement dit, en matière financière, il y a davantage d’intérêt à perdre tous ses matches en phase de poule de C1 qu’à atteindre la finale de la C3.
(4) On n’est pas en train de dire que les revenus de la C1 ne sont pas d’une grande importance pour ces clubs mais on veut en revanche insister sur le fait qu’un ensemble de raisons fait qu’il est pour eux très improbables d’échouer sportivement dans des proportions qui remettraient en question leur stratégie économique.
Posté le 11 octobre 2016 - par dbclosc
On n’a pas fait ce qu’il fallait. Mais on l’a fait au bon moment.
On a titré ce qu’on a titré, mais on aurait aussi pu titrer l’inverse : « on a fait ce qu’il fallait, mais pas au bon moment ». Un petit article pour te remémorer (ou même simplement te mémorer) ces saisons où notre classement final ne reflétait pas ce qu’on aurait dû en attendre vu le nombre de points.
On n’a pas fait ce qu’il fallait. Mais on l’a fait au bon moment.
En 2010/2011, le LOSC est champion de France ! Un juste retour des choses pour ce grand club, 57 ans après son dernier titre, injustement privé d’autres entre deux à cause de nombreux complots contre lui. Et pourtant, on n’avait pas fait ce qu’il fallait pour. Mais on l’a pas fait au bon moment. Il fallait en effet remonter à 2003 pour trouver un champion avec moins de points que le LOSC et, depuis, tous les champions ont fait mieux : 76 points, entre 2003 et 2016, on finit généralement 2ème voire même 3ème. En 2011, le LOSC est champion avec ce score.
Ce coup, on l’avait déjà fait quand on était tout petit. En 1946, le LOSC était champion avec 45 points. Jusqu’en 1954, il n’est arrivé qu’une seule fois qu’un champion ait si peu de points au final.
On a fait ce qu’il fallait, mais pas au bon moment
De 1946 à 1949, le LOSC finit toujours le championnat avec 47 points au compteur. De 1945 à 1956, ce total suffit 6 fois sur 11 pour obtenir le titre. Mais pas de bol, le LOSC le réalise 3 des 5 saisons où ça ne suffit pas. C’était même presque drôle en 1947 : le LOSC ne finit alors que 4ème.
On n’a vraiment pas fait ce qu’il fallait, mais il s’en est quand-même fallu de peu
En 1951, le LOSC réalise une saison lamentable par rapport à ses habitudes. Seulement 41 points, alors que le LOSC a toujours totalisé entre 45 et 47 points par saison jusqu’ici. En coupe de France, le LOSC, ce grand habitué des finales, échoue en huitièmes de finale.
Jean Baratte, le genre de gars à faire ce qu’il faut mais pas au bon moment où pas ce qu’il faut mais au bon moment
Lamentable … et pourtant, ça n’est vraiment pas passé loin. Cinq ans après son premier titre de champion, le LOSC est passé à un poil du deuxième. Et pas un poil pubien, réputé pour son épaisseur. Lille finit alors à égalité de points avec Nice, le champion avec le plus faible nombre de points de l’histoire.
On a fait ce qu’il fallait, mais tout à fait, mais pas au bon moment, encore que
En la matière, la saison 1990/1991 nous laisse une impression très étrange. Cette saison-là, le LOSC termine 6ème du classement avec 39 points. Cela fait alors 12 ans que le LOSC n’a pas fait aussi bien et il faut remonter au titre de 1954 pour trouver trace d’un meilleur classement. Surtout, ce qui est extraordinaire de finir aussi haut au classement avec aussi peu de points : entre 1985 et 1995 (1) un score de 39 points aboutit à un classement compris entre la 8ème et la 10ème place sauf donc en 1990/1991.
Et pourtant, c’est aussi un peu la saison des regrets. Deux points de plus et le LOSC pouvait terminer 4ème avec seulement 41 points alors que ce score présage généralement d’un classement entre la 6ème et la 9ème position. Et le pire, c’est qu’il y avait vraiment moyen : lors de la 37ème journée, le LOSC reçoit Nancy, 18ème au classement. Normalement la bonne affaire : sauf que Lille, lamentable ce soir-là, s’incline 2-0. Les deux points qui ont manqué pour la 4ème place et l’Europe.
(1) Les nombres de points de 1988/1989 et 1994/1995 ont été ramenés sur une base de victoire à 2 points et non de 3 comme c’était le cas ces saisons-là.
Posté le 8 octobre 2016 - par dbclosc
La pression du maillot : la bière est-elle à l’origine du scapulaire du LOSC ?
En 1955, la Brasserie du Pélican, qui produit notamment la bière Pelforth, crée une publicité sur laquelle apparaît un personnage vêtu d’une tenue du LOSC. Or, à cette époque, c’est une autre brasserie locale, la Brasserie Excelsior, qui sponsorise le LOSC. On trouve donc sur cette réclame la brasserie concurrente ! Retour sur cette anomalie, qui nous a emmené sur de nombreuses pistes et cette question inattendue : la bière est-elle à l’origine du scapulaire du maillot du LOSC ?
À l’origine de cet article, une illustration, que nous détenons depuis bien longtemps, et que nombre d’entre vous connaissez probablement.
Les brasseries ont connu leur âge d’or au début du XXe siècle, dans le Nord comme ailleurs. Si elles ont aujourd’hui presque disparu du paysage industriel, elles ont en partie accompagné l’histoire du LOSC. On voit ici une réclame pour la bière Pelforth, lancée en 1937, et produite par la Brasserie Pélican (connue aussi sous les noms de brasserie de la famille Waymel, puis Brasserie Coopérative de Mons-en-Barœul, puis Pelforth en 1972 et absorbée par Heineken en 1988). Aujourd’hui encore, la brasserie garde un site de production à Mons-en-Baroeul, sur la zone industrielle de la Pilaterie, dans la rue du houblon, comme un symbole. Et on reconnaît aisément sur cette publicité un joueur du LOSC, identifiable grâce à sa tunique aux couleurs blanche, rouge et bleue, ainsi que par la fleur de lys située au centre du scapulaire. À cette période, bien avant la loi Evin de janvier 1991 relative à la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme, la publicité pour l’alcool peut s’afficher sans véritable contrainte, et y associer le club de football phare de la région peut-être considéré comme bénéfique pour les deux parties.
Sauf que… Le LOSC n’a rien demandé dans cette affaire. Nous n’avons pas poussé l’investigation jusqu’à savoir dans quelle mesure on pouvait, en ce temps, utiliser l’image d’un club sans le froisser outre mesure mais, à notre connaissance, le LOSC n’a pas réagi. Et pourtant, le plus fendard dans cette histoire, c’est que le LOSC est, depuis des années – et ce avant même qu’il ne s’appelle LOSC, via l’Olympique Lillois (OL) -, sponsorisé par l’autre grande brasserie de la région, la brasserie Excelsior, qui, elle, aurait pu se poser quelques questions !
Si la brasserie Excelsior soutient le LOSC, c’est parce qu’elle a été fondée en 1907 par Henri Jooris, secrétaire général de l’Olympique Lillois de 1911 à 1919, puis président de ce même club jusqu’en 1932, et enfin président d’honneur (kebab) par la suite. Son nom reste associé aux premiers succès de l’OL, d’abord avec quatre titres régionaux (1921, 1922, 1929 et 1931), puis un titre national en 1933. En dehors de ses activités sportives, Henri Jooris était un homme d’affaires, qui fonda la Grande boulangerie coopérative en 1902, rapidement devenue la plus importante boulangerie industrielle du Nord sous le nom de L’indépendante après la première guerre mondiale. Il est également connu pour avoir eu divers intérêts dans des hôtels, des tavernes, et donc une brasserie, société sœur de la Grande Boulangerie coopérative : connue d’abord sous le nom de Brasserie-Malterie Coopérative – Le Progrès Lillois à sa création en 1907, elle adopte successivement, au gré des fusions, acquisitions et changements de statuts, les noms de Grande Brasserie de Lille Henri Jooris en 1910, Brasserie Coopérative de Lille en 1919 (la mode est à la coopérative), Brasserie Centrale du Nord de la France en 1923, Grande Brasserie de Lille en 1947 (elle devient à partir de cette date une société anonyme), Grande Brasserie Koenigsbier, et enfin Kronenbourg en 1983, mais tout en restant connue via la simple appellation « Excelsior », qui est en fait la bière-phare de la brasserie. Celle-ci exploite notamment les marques Excelsior. Arbonoise, Bière de la Ducasse, Cigogne, Fiesta, Koenigsbier, Saphir, ou Ludwik. Elle était située 39 boulevard de la Moselle à Lille : si vous vous rendez sur place, vous ne trouverez rien d’intéressant, car la brasserie a fermé en 1987 puis été rasée en 1989, mais au moins ça vous dégourdira.
Revenons aux premières années de la Grande Brasserie. Henri Jooris profite de ses diverses responsabilités pour les promouvoir les unes grâce aux autres. Jusqu’aux années 1970, la publicité sur les maillots n’est pas autorisée : les sponsors se trouvent donc aux alentours du terrain ou au niveau des gradins. Ainsi, de la publicité pour la Grande Brasserie Excelsior apparaît aux abords du stade Victor-Boucquey, puis au stade Henri-Jooris, après le décès de son fondateur. Avec la création du LOSC, les liens noués avec l’un de ses ancêtres, l’OL, demeurent : en effet, la brasserie Excelsior demeure un soutien du nouveau club. Sur cette photo prise lors de la saison 1954-1955 au stade Henri-Jooris, on aperçoit ainsi clairement la marque Excelsior sur le haut de la tribune.
Résumons donc : l’ancien président de l’OL, Henri Jooris, crée la brasserie Excelsior, qui sponsorise le club, puis le club qui lui succède, le LOSC. Dans la région, une autre brasserie émerge et devient la concurrente directe d’Excelsior : Pélican. Et en 1955, Pélican décide de promouvoir son produit-phare, la Pelforth, en utilisant l’image du LOSC, club qui est sponsorisé par son concurrent.
C’est quoi c’bordel là, Carpentier ?
Comment expliquer cette entourloupe ? Hé bien à vrai dire, nous n’avons pas vraiment de réponse. Les quelques sources que nous avons trouvées ne font état que d’une « erreur de communication », qui n’a pas été repérée lors de sa conception. Les explications les plus simples étant les meilleures, on s’en contentera, car nous aimons ces petites anecdotes qui ponctuent la grande histoire de notre glorieux club. Clin d’œil facétieux de l’histoire : en 1971, la limonade Pel d’Or est l’une des premières marques à s’afficher sur les maillots du LOSC, alors fraîchement promu en D2. Or, Pel d’Or appartient à la marque Pelforth. Même si la brasserie Excelsior n’a alors plus rien à voir avec le LOSC, ça ne manque pas de sel, et tant mieux d’ailleurs, parce que le sel dans la bière, c’est dégueulasse.
L’article aurait dû s’arrêter là : notre intention initiale était de ne poster l’image de cette pub que sur facebook, en racontant très rapidement ce « raté ». Sauf qu’en allant fouiller dans l’histoire de la brasserie Excelsior, nous avons trouvé un élément qui, à notre connaissance, n’a jamais été soulevé, et qu’en tout cas nous ignorions.
Rappelez-vous, fidèles lecteurs : il y a quelques mois, dans un dossier en 4 volets, nous avons évoqué les origines du LOSC. Dans l’un de ces articles, consacré au maillot du LOSC et à ses couleurs, nous écrivions ceci à propos de leurs origines : « le premier maillot du LOSC à domicile, au début de la saison 1944-1945, est bleu à parements rouges ou, blanc avec un scapulaire rouge et bleu. Très vite, les maillots sont à dominante blanche avec un scapulaire rouge : sont ainsi reprises les couleurs de l’OL, et le scapulaire du SCF ». Le scapulaire serait donc simplement calqué sur le modèle du Sporting Club Fivois. Si cette explication reste probablement largement1 valable, elle nous semble soudainement incomplète. Précédemment, dans cet article, nous avons en effet souligné les liens importants entre la Brasserie Excelsior et l’OL, puis le LOSC. Quand on jette un œil aux premiers logos de la Brasserie Excelsior, on est frappés par leur ressemblance avec des logos de clubs de football, et la manière dont ils condensent l’ensemble des caractéristiques des représentations sportives qu’on avait soulignées dans notre article sur l’évolution des logos du LOSC : couleurs spécifiques, formes géométriques distinctives, dates fondatrices, animal emblématique. En l’occurrence, celui d’Excelsior est rouge et blanc (tiens donc!), et représente une espèce de « V » dans lequel se trouve un aigle aux ailes déployées.
http://www.capsulesdebieres.fr/cbf/brasseries/lille.htm
Maintenant que vous avez bien en tête la représentation graphique de la Brasserie Excelsior, nous vous invitions à regarder de nouveau la photographie postée plus haut, celle de la saison 1954-1955 : la publicité Excelsior sur les gradins n’est-elle pas en parfaite harmonie avec les maillots des joueurs Lillois ? Bien sûr, nous avons peu de sources (mais quand même, on a bien cherché), et si une telle opération publicitaire a réellement existé, il est fort probable qu’elle ait été peu revendiquée comme telle Autrement dit, voilà notre idée : on interroge assez peu l’origine des « scapulaires », comme s’ils constituaient une déclinaison « normale » des maillots, une simple préoccupation esthétique. Si, officiellement, le scapulaire du LOSC reprend celui de SCF, on peut aussi légitimement penser, sans extrapoler dans l’interprétation, que le scapulaire du LOSC, qui a été exhumé cette année, a une origine dans la bière. Que les amateurs d’histoire du LOSC nous apportent leurs lumières !
Qabala, août 2016 : superbe hommage des joueurs au scapulaire, qui décident de brasser (de l’air)
FC Notes :
1 Honnêtement, on s’est dit : « est-ce que ça se fait de placer deux adverbes consécutifs dans une phrase ? ». La preuve que oui.
Posté le 4 octobre 2016 - par dbclosc
Qu’est-ce qui nous fait venir au stade ? Une analyse statistique et comparée (1986-1989 et 2011/2014)
A DBC, des fois on s’emmerde. Alors plutôt que de ne rien foutre et de traîner en joggine sur le canapé en regardant des émissions débiles, on fait des analyses statistiques sur le LOSC. Cette fois, notre décrépitude sociale nous a amenés à nous questionner sur les déterminants du fait d’aller au stade. Concrètement, on s’est demander en fonction de quoi variaient les affluences du LOSC.
Pour ce faire, on a analysé deux époques, avec chaque fois des hypothèses explicatives derrière. En gros, pour les deux périodes on a testé plusieurs effets : « l’effet dernier résultat » : l’hypothèse c’est qu’un bon dernier résultat attire des gens ; « l’effet classement » : l’hypothèse c’est que les gens viennent davantage quand le LOSC est bien classé ; « l’effet affiche » : l’hypothèse c’est qu’il y a plus de monde face aux gros morceaux. Enfin, pour la période 2011-2014, qu’on a choisie à dessein, on a fait l’hypothèse d’un « effet grand stade », c’est-à-dire qu’il y aurait un effet propre à la création du grand Stade dans l’affluence.
Pour tout dire, on avait une idée des résultats. Mais ce qui nous paraissait intéressant, c’était de quantifier l’effet de ces variables. On a donc fait des régressions logistiques qui, paradoxalement, ont fait progresser notre connaissance.
Pas d’effet « dernier résultat »
Le premier enseignement réside dans l’absence d’effet du dernier match du LOSC sur la fréquentation du stade et cela sur les deux périodes étudiées. Cela est en soi relativement peu étonnant même si on aurait pu postuler que cette variable ait un effet à la marge.
Il n’en est rien : que le LOSC vienne de perdre, ait fait match nul ou ait remporté son précédent match, cela n’a apparemment aucun effet et ce pour les deux périodes étudiées.
L’effet « Stade Pierre Mauroy »
Le deuxième enseignement, là encore peu étonnant, est le fort « effet stade ». En effet, entre la dernière saison au Stadium Nord et la première dans son nouveau stade, la fréquentation du stade augmente de 22.600 spectateurs ce qui serait exclusivement explicable par cet « effet stade » et en rien par les autres facteurs.
Comment ça Grimonprez attirait moins de monde que le Stade Pierre-Mauroy ???
Ceci étant, derrière « l’effet stade » il ya vraisemblablement deux effets distincts : d’une part l’effet du stade en lui-même, plus fréquenté pour lui-même, et l’ « effet nouveauté », puisque l’analyse ne prend en compte que la première saison avec le nouveau stade. Or, la forte érosion de la fréquentation constatée entre 2012/2013 et 2015/2016 suggère une importance du facteur « nouveauté ». Sans prendre de grands risques, on peut dire que l’ « effet grand stade » en lui-même est d’environ 15.000 spectateurs.
L’ « effet affiche »
L’analyse révèle un fort « effet affiche » pour la période 1986/1989 (+4.882 spectateurs explicables par l’ « effet affiche ») mais un « effet affiche » plus faible pour la période 2011/2014 (+3425 spectatuers). Autrement dit, alors que la fréquentation du stade est très fortement dépendante de l’adversaire à la fin des années 1980, ça n’est plus le cas 25 ans plus tard. En effet, une affiche attire environ 10 % de public en plus sur la période récente alors qu’elle pouvait plus ou moins doubler l’affluence à la fin des années 1980 quand une affluence ordinaire attirait environ 6.000 spectateurs (1).
Cette disparition de l’ « effet affiche » doit cependant être nuancée, et il semble que celui-ci reprenne un peu d’importance les saisons suivantes même s’il semble désormais d’une importance relative beaucoup plus faible.
L’ « effet classement »
On constate un fort « effet classement » sur 1986/1989 (+386 spectateurs par place gagnée dans le classement) mais un effet nul au début des années 2000. En gros, à la fin des années 1980, gagner 5 places attire 1900 personnes, ce qui est beaucoup à l’échelle de la fréquentation habituelle de l’époque.
Cette disparition de l’ « effet classement » doit être mise en parallèle avec l’atténuation de l’ « effet affiche » et peut être interprétée de deux manières différentes, les deux interprétations n’étant pas nécessairement contradictoires.
On peut d’abord l’interpréter comme l’effet d’une fidélité croissante du public : quel que soit le classement du LOSC, quel que soit l’adversaire, le public est présent.
Mais on peut également l’interpréter comme le fait que le Stade est fréquenté par une proportion de plus en plus importante de « non connaisseurs » et de « consommateurs ». Désormais, on irait au Stade sans nécessairement se préoccuper outre-mesure des résultats de l’équipe et de la qualité de l’adversaire.
Une chose est sûre : les temps changent.
Bisous.
(1) L’affluence moyenne était un peu supérieure : le chiffre de 6.000 faisant référence à une tendance habituelle en dehors de ces affiches.