Posté le 4 octobre 2016 - par dbclosc
Qu’est-ce qui nous fait venir au stade ? Une analyse statistique et comparée (1986-1989 et 2011/2014)
A DBC, des fois on s’emmerde. Alors plutôt que de ne rien foutre et de traîner en joggine sur le canapé en regardant des émissions débiles, on fait des analyses statistiques sur le LOSC. Cette fois, notre décrépitude sociale nous a amenés à nous questionner sur les déterminants du fait d’aller au stade. Concrètement, on s’est demander en fonction de quoi variaient les affluences du LOSC.
Pour ce faire, on a analysé deux époques, avec chaque fois des hypothèses explicatives derrière. En gros, pour les deux périodes on a testé plusieurs effets : « l’effet dernier résultat » : l’hypothèse c’est qu’un bon dernier résultat attire des gens ; « l’effet classement » : l’hypothèse c’est que les gens viennent davantage quand le LOSC est bien classé ; « l’effet affiche » : l’hypothèse c’est qu’il y a plus de monde face aux gros morceaux. Enfin, pour la période 2011-2014, qu’on a choisie à dessein, on a fait l’hypothèse d’un « effet grand stade », c’est-à-dire qu’il y aurait un effet propre à la création du grand Stade dans l’affluence.
Pour tout dire, on avait une idée des résultats. Mais ce qui nous paraissait intéressant, c’était de quantifier l’effet de ces variables. On a donc fait des régressions logistiques qui, paradoxalement, ont fait progresser notre connaissance.
Pas d’effet « dernier résultat »
Le premier enseignement réside dans l’absence d’effet du dernier match du LOSC sur la fréquentation du stade et cela sur les deux périodes étudiées. Cela est en soi relativement peu étonnant même si on aurait pu postuler que cette variable ait un effet à la marge.
Il n’en est rien : que le LOSC vienne de perdre, ait fait match nul ou ait remporté son précédent match, cela n’a apparemment aucun effet et ce pour les deux périodes étudiées.
L’effet « Stade Pierre Mauroy »
Le deuxième enseignement, là encore peu étonnant, est le fort « effet stade ». En effet, entre la dernière saison au Stadium Nord et la première dans son nouveau stade, la fréquentation du stade augmente de 22.600 spectateurs ce qui serait exclusivement explicable par cet « effet stade » et en rien par les autres facteurs.
Comment ça Grimonprez attirait moins de monde que le Stade Pierre-Mauroy ???
Ceci étant, derrière « l’effet stade » il ya vraisemblablement deux effets distincts : d’une part l’effet du stade en lui-même, plus fréquenté pour lui-même, et l’ « effet nouveauté », puisque l’analyse ne prend en compte que la première saison avec le nouveau stade. Or, la forte érosion de la fréquentation constatée entre 2012/2013 et 2015/2016 suggère une importance du facteur « nouveauté ». Sans prendre de grands risques, on peut dire que l’ « effet grand stade » en lui-même est d’environ 15.000 spectateurs.
L’ « effet affiche »
L’analyse révèle un fort « effet affiche » pour la période 1986/1989 (+4.882 spectateurs explicables par l’ « effet affiche ») mais un « effet affiche » plus faible pour la période 2011/2014 (+3425 spectatuers). Autrement dit, alors que la fréquentation du stade est très fortement dépendante de l’adversaire à la fin des années 1980, ça n’est plus le cas 25 ans plus tard. En effet, une affiche attire environ 10 % de public en plus sur la période récente alors qu’elle pouvait plus ou moins doubler l’affluence à la fin des années 1980 quand une affluence ordinaire attirait environ 6.000 spectateurs (1).
Cette disparition de l’ « effet affiche » doit cependant être nuancée, et il semble que celui-ci reprenne un peu d’importance les saisons suivantes même s’il semble désormais d’une importance relative beaucoup plus faible.
L’ « effet classement »
On constate un fort « effet classement » sur 1986/1989 (+386 spectateurs par place gagnée dans le classement) mais un effet nul au début des années 2000. En gros, à la fin des années 1980, gagner 5 places attire 1900 personnes, ce qui est beaucoup à l’échelle de la fréquentation habituelle de l’époque.
Cette disparition de l’ « effet classement » doit être mise en parallèle avec l’atténuation de l’ « effet affiche » et peut être interprétée de deux manières différentes, les deux interprétations n’étant pas nécessairement contradictoires.
On peut d’abord l’interpréter comme l’effet d’une fidélité croissante du public : quel que soit le classement du LOSC, quel que soit l’adversaire, le public est présent.
Mais on peut également l’interpréter comme le fait que le Stade est fréquenté par une proportion de plus en plus importante de « non connaisseurs » et de « consommateurs ». Désormais, on irait au Stade sans nécessairement se préoccuper outre-mesure des résultats de l’équipe et de la qualité de l’adversaire.
Une chose est sûre : les temps changent.
Bisous.
(1) L’affluence moyenne était un peu supérieure : le chiffre de 6.000 faisant référence à une tendance habituelle en dehors de ces affiches.
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8 octobre 2016
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Xylophène a dit:
Sinon, je ne suis pas tout à fait d’accord avec le fait qu’il n’y a pas ou plus d’effet résultat.
Depuis l’ouverture du GSPM, on voit quand même que ça évolue avec le niveau de l’équipe.
La 1ère saison, on tourne à 40 000 de moyenne, puis à 35 000, puis à 30-35 000 et enfin 30 000 la saison dernière.
Et 20-25 000 en ce début de saison où l’on joue pour l’instant le maintien.
Pour moi, ça montre tout de même une évolution en fonction des résultats et de l’ambition sportive.
Ce qui nous donne :
- le LOSC joue le maintien-ventre mou : 20-25 000 spectateurs
- le LOSC joue le haut du ventre mou (5-7ème place) : un bon 30 000 spectateurs
- le LOSC joue les 3 premières places : 35-40 000 spectateurs
- le LOSC joue le titre : 40-45 000 spectateurs
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8 octobre 2016
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dbclosc a dit:
salut Xylophène !
Alors, là tu rentres dans des questions techniques. L’article porte sur une étude stats 2011-2014 par régression linéaire. Ce qu’on peut dire d’une telle analyse, c’est que les résultats sont indiscutables, mais, et c’est là le plus important, l’interprétation est en revanche hautement discutable. Mais, selon les résultats sur 2011-2014, il n’y a pas un poil d’effet classement.
Après, je suis d’accord : il y a sans doute un effet « codage » de l’étude : en gros, les classements du LOSC ont assez peu varié sur la période et ça nuit à l’évaluation de l’effet classement. Tout simplement, si le classement du LOSC varie peu (et c’est assez vrai sur 2011-2014) alors c’est assez logique que cela influe peu sur la propension des supporters à aller au stade : 3ème ou 5ème ? C’est sûr que ça ne doit pas changer la vision des choses des supporters, si ce n’est peut être sur les matches décisifs.
Ceci étant, je trouve que les chiffres que tu cites ne sont pas exactement conformes à la réalité. Les affluences récentes que tu cites sont sans doute plus le produit d’un tassement de l’effet nouveauté du stade. Illustration : l’an dernier, on n’était pas mieux barrés du tout, mais avec de meilleures affluences. Quand tu regardes, la moyenne était à 38000 en 2013/2014 (6ème au classement) et à 30000 l’an dernier (5ème). Après, je suis d’accord : il y a sans doute encore un « effet classement », mais il me semble que l’analyse stat montre qu’il est assez réduit, en tout cas plus faible que ce que tu suggères.
A +
PS : tu ne mets plus à jour ton blog ?(je comprends que les résultats récents n’incitent pas !)
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9 octobre 2016
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Xylophène a dit:
Je suis d’accord sauf que sur la période retenue, si j’ai bien tout compris, il n’est pris en compte que le classement final. Sauf que, par exemple, la saison dernière, le LOSC ne doit sa 5ème place qu’à un finish assez extraordinaire. Sinon, les dogues ont essentiellement joué le maintien/ventre mou devant un gros 25 000 spectateurs.
A mon sens, ce n’est pas qu’une question de classement final mais aussi une question d’ambition affichée/recrutement (« on n’attire pas les mouches avec du vinaigre » nous disait Michel Seydoux). Si le LOSC recrute quelques « noms » et aligne quelques joueurs spectaculaires, une partie des spectateurs viennent plus volontiers au stade.
Et à mon sens, l’effet « nouveau stade » en tant que tel est assez limité et n’a duré que les 2-3 premiers mois.
Si les gens sont venus en masse la première saison, c’est aussi parce que le LOSC avait une cote d’enfer suite au titre de 2011 et jouait le titre depuis 3-4 saisons. C’était plus « l’effet Hazard » que « l’effet nouveau stade », à mon sens.
Après, ça dépend de ce qu’on entend par « effet nouveau stade » : est-ce que c’est la nouveauté qui attire les gens ou le meilleur confort pour assister à un match ?
Bon, je crois que je suis un peu relou, là, non ?
Sinon, pour mon blog, je dois avouer que la motivation s’est quelque peu érodée au fil du temps. J’ai terminé la saison dernière un peu en me forçant ce qui est un peu dommage parce que j’avais fait ça un peu pour y prendre du plaisir. En même temps, j’ai lancé mon blog en faisant des compte-rendus de match ce qui m’obligeait à fournir un post par semaine. Mais je ne regrette rien, j’y ai pris du plaisir aussi.
Et puis bon, si j’ai lancé mon blog, c’est aussi parce que, quand je me suis lancé, à ma connaissance, il n’y avait pas réellement de blog digne de ce nom sur le club. Ça m’énervait un peu de voir que d’autres clubs avaient des supporters plus actifs, qui essaient de faire vivre un « esprit club » alors que nous, à Lille, on a tendance à être un peu trop sobre et intimiste dans notre passion. Combien de fois je lis sur le net que le LOSC est un club sans âme, sans engouement, etc. Ça m’a piqué au vif et je me suis lancé.
Ce qui est un peu bête c’est que je me suis lancé un peu en même temps que vous alors que l’on avait dans le fond un peu la même démarche.
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10 octobre 2016
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dbclosc a dit:
Et bien figure toi que pour le classement j’ai pris le classement journée par journée ! D’ailleurs, je t’avoue que l’absence d effet classement entre 2011 et 2014 m’a surpris et que je m’étais demandé si ça n’était pas le fait que le LOSC a alors très peu varié en termes de classement. Or, ce qui est troublant la saison dernière, c’est qu’il y avait peu ou prou 30.000 personnes que cela soit quand c’était bien la galère ou quand on était au plus près d’une qualif miraculeuse en UEFA !
Pour les fortes affluences, tu as raison de pointer la pluralité des explications possibles : ce que le modèle stat mesure ne nous dit pas tout des causes exactes, loin de là. Par contre l’effet Hazard, ça n’est pas possible ; Hazard n’a jamais joué à Pierre Mauroy, partant en 2012 (16000 spectateurs de moyenne) juste avant les débuts dans le nouveau stade (40000 la première saison).
Oui, pour le blog, je comprends qu’il y ait des fois des moments de démotivation ! Après, n’hésite pas à te remotiver ! A plus.
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5 octobre 2016
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Xylophène a dit:
Le meilleur public de France, tout simplement.
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6 octobre 2016
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dbclosc a dit:
Mais nous laissons avec joie à nos amis lensois le titre de « meilleur public de L2 de France »
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4 octobre 2016
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WILLERVAL a dit:
En ce qui me concerne, la seule motivation qui me fait venir au stade, c’est mon amour inconditionnel du losc depuis 1987 !
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4 octobre 2016
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dbclosc a dit:
Et ça doit être le cas de beaucoup ! On n’a malheureusement pas pu le prendre en compte car impossible à coder !