Posté le 19 octobre 2016 - par dbclosc
The Final Countdown for Europe. Sur les tentatives ratées du LOSC dans la course à l’Europe (1955-2001).
Dans les années 1980, le groupe Europe sortait ce qui allait être son tube, The Final Countdown, en français « le compte-à-rebours final », titre dont l’intensité dramatique n’échappera à personne (à ne pas confondre avec « the final condom », ce qui signifie « le dernier préservatif », même si un tel titre aurait été d’une intensité dramatique tout au moins aussi forte.)
The final countdown – dont on a d’ailleurs dû se coltiner un extrait à chaque annonce de but lors des directs régionaux sur France Bleu – a donc été écrit par un groupe intitulé « Europe ». Quel meilleur prétexte pour te parler des final countdowns du LOSC dans la course à la qualification européenne ? Premier rappel, notamment pour les plus jeunes, le LOSC se qualifie pour la première fois dans une compétition européenne en 2001, soit une attente assez incroyable pour un club comme le LOSC.
On te fait ici une brève histoire des rendez-vous ratés du LOSC avec l’Europe en partant des réglementations complotistes à notre égard pour en venir aux compétitions au cours desquelles on a cru à l’Europe au fil de leurs avancements pour finalement nous voir échouer.
La création de la Coupe des champions et de la Coupe des Coupes : un complot contre le LOSC
Après la guerre, le LOSC est incontestablement le club dominant en France avec deux titres de champions et cinq coupes de France remportés. Et encore, je ne te parle pas des très nombreuses places d’honneur, titres de vice-champion ou de finaliste de la Coupe. En gros, ce statut de dominant, le LOSC l’acquiert dès sa création jusqu’à 1955 date de sa dernière victoire en coupe de France.
Complot contre le LOSC oblige, c’est en 1955/1956 qu’a lieu la première coupe des champions qu’aurait vraisemblablement disputé Lille, en tant que champion en titre, si la compétition avait débuté un an plus tôt. Et comme par hasard, c’est justement en 1960/1961 qu’a lieu la première Coupe des vainqueurs de coupes, c’est-à-dire au moment où il devient clair que le LOSC n’y arrive plus dans cette Coupe de France dans laquelle il se montrait jusqu’alors particulièrement performant.
La Coupe des Villes de Foires, autre outil du complot contre le LOSC
En 1955, Ernst Thommen, Ottorino Barassi et Stanley Rous créent la Coupe d’Europe des Villes de Foires compétition alors indépendante de l’UEFA avant que l’institution du foot européen se la réapproprie en 1971. Au départ, cette Coupe d’Europe a vocation à voir s’opposer des clubs de villes accueillant des foires, lesquelles sont invitées (et non qualifiées) (1). Toi, pensant à ta belle ducasse, tu te dis que forcément, Lille a dû être souvent invité.
Sauf que non, car les foires en question sont des foires commerciales. Et le LOSC ne sera jamais invité, comme par hasard. Ce qui fait que, régulièrement, des équipes moins bien classées que le LOSC disputeront cette compétition.
1975-1976
En 1975/1976, le LOSC a une belle équipe avec des internationaux A comme Michel Mézy, Patrick Parizon, Bernard Gardon et Christian Coste, le Yougoslave Stanislav Karasi et le Chilien Ignacio Prieto, Etoile d’or France Football la saison précédente. Cette saison, le LOSC connaîtra alors peut-être sa première qualification en coupe d’Europe, ce qui implique de terminer dans les trois premiers ou même dans les quatre premiers si le vainqueur de la Coupe termine sur le podium.
Le LOSC reste longtemps en course pour une qualification, puisqu’après 24 journées le LOSC n’est encore qu’à quatre points du podium. Deux journées plus tard, les Dogues sont encore en course, mais il faudra terminer en trombe car il faut désormais 6 points pour rattraper le 3ème et 5 pour rejoindre le 4ème. Mais on y croit parce que cette équipe a du talent. Et là, le LOSC connaît une série improbable pour un prétendant à l’Europe : Lille perd à Marseille (2-0), à Lyon (3-0), contre Nice (0-3) puis à Nancy (5-0). En comptant la Coupe de France, le LOSC subit alors une terrible série de 22 buts encaissés sans en rendre un seul.
Bref, les espoirs européens du LOSC se sont alors complètement éteints à l’issue de ces quatre journées : il reste 8 rencontres, mais le LOSC accuse un retard de 11 points sur la quatrième place dont on n’est même pas certain qu’elle suffise à une qualification européenne. Le LOSC échouera à la 13ème place.
1982-1983
Doté d’une belle équipe, on a cru un temps que le LOSC pourrait se qualifier en coupe d’Europe par la voie du championnat. Après 20 journées, Lille n’est qu’à 3 points du quatrième, Laval, et à 4 points du cinquième, Monaco. Pourtant, assez vite, les Dogues se retrouveront largués, cumulant 7 points de retard sur les places européennes à 11 journées du terme.
Qu’à cela ne tienne, Lille s’y remet à y croire à travers la Coupe de France. Lille élimine d’abord Hazebrouck (2-0), puis Bastia (1-0 et 1-0), Martigues (1-2 et 2-0) et enfin Rouen (2-0 et 0-1). Lille est alors en demi-finale de la Coupe de France, à une qualification de la finale au Parc des Princes. Seul petit problème, on doit jouer Nantes, leader incontesté du championnat alors qu’on aurait quand-même préféré jouer Tours, 17ème de D1 à l’époque.
Mais comme les Nantais ne sont pas très sympas (ceux-là en tout cas) alors qu’ils auraient pu facilement se contenter de leur titre de champion, ils nous opposent plus qu’une farouche résistance. Nantes s’impose d’abord à l’aller, sur notre terrain à nous (1-0). A Nantes, c’est encore Amisse qui ouvre le score (69è), mais René, ce bon René (Marsiglia) égalise quatre minutes plus tard !
L’égalisation !
L’éga, l’égalisation !
Il reste alors une petite vingtaine de minutes pour rêver, un but étant suffisant ! Les Lillois pousseront, malheureusement sans succès.
1984-1985
Disons-le franchement, le championnat est très très mal engagé. Franchement, on flippe même un peu pour le maintien : après 24 journées, Lille n’a qu’un point d’avance sur le barragiste. La situation ne s’améliorera guère puisque le LOSC est encore à égalité de points avec le barragiste avant la dernière journée !
Entre temps, Lille aura quand-même repris des couleurs en Coupe de France, avec en point d’orgue une qualification qui reste dans l’histoire en 16ème de finale contre le grand Bordeaux : battus 3-1 à l’aller, rapidement menés 1-0 chez eux, personne n’y croit. Et pourtant, emmenés par un grand Pascal Plancque, poussés par le public, les Lillois arrachent les prolongations (3-1) ! Mieux : survoltés, les Lillois ajoutent deux nouveaux buts en prolongation pour une victoire historique.
Ils éliminent ensuite Rouen (2-1 et 0-0) puis Saint-Étienne (0-1 et 2-0) et se retrouvent en demi-finale. Cette saison, ça sera Monaco. Battus 2-0 en principauté, les Lillois commencent idéalement la match retour en ouvrant le score par Philippe Périlleux après moins de deux minutes de jeu.
Mais non. Ça ne sera toujours pas pour cette fois. 1-0 score final. Insuffisant.
1988-1989
Lille avait très bien débuté sa saison, en l’emportant à Laval (2-1), en battant l’OM (2-1), puis en allant prendre un point précieux à Monaco (1-1). Et puis ça s’était gâté, Lille enchaînant les déconvenues, la faute à des problèmes en défense et à l’absence d’un meneur de jeu efficace. Pour la 12ème journée, Abédi Pelé arrive comme joker et Lille revient bien. Très bien même, puisqu’au bout de la 29ème journée, les Lillois se retrouvent 7èmes à 8 points du 4ème mais surtout à seulement trois petites unités du 5ème.
Les espoirs les plus fous semblent alors permis. La quatrième place en championnat semble un peu loin mais la cinquième est à portée de main et elle pourrait être qualificative pour la Coupe de l’UEFA si la coupe était remportée par l’un des quatre premiers. Deuxième raison d’espérer : Lille a éliminé Strasbourg (3-0) à la Meineau en Coupe de France et affronte Rouen au tour suivant en large favori. Qui sait si Lille, qui s’est montrée comme une vraie équipe de coupe n’est pas en mesure de la remporter. Surtout, le calendrier est dégagé puisque Lille a déjà affronté cinq des six équipes qui le précédent au classement.
Le déplacement à Toulon s’avère alors crucial. C’est malheureusement Toulon qui ouvre le score, mais Lille n’abdique pas et Mobati égalise à l’heure de jeu. Lille espère forcer la décision en fin de match, mais c’est au contraire les Toulonnais qui reprennent un avantage décisif à 5 minutes du terme (2-1). Lille reprend cependant des couleurs en écrasant Rouen (4-0) en coupe de France. Le déplacement à Sochaux semble la dernière chance lilloise hors coupe de France. Les Lillois s’inclinent (2-0). On espère alors avec la Coupe. Mais, là encore, les espoirs seront déçus : Lille est éliminé, sans trop de gloire, par la D2 de Mulhouse (0-0 et 2-3).
A trois journées de la fin, un bref espoir subsiste. Si cela semble bien mal engagé au regard de l’écart qui sépare le LOSC du dernier qualifié européen (sept points), cette possibilité n’est pas exclue au regard du calendrier qui voit le LOSC être opposé à trois des cinq derniers du championnat soit un calendrier bien plus soft que le cinquième.
Contre Strasbourg, nos Dogues ouvrent le score grâce à Roger Boli (26è) mais Fabrice Mège douche nos derniers espoirs européens en égalisant (1-1, 60è). On se consolera avec une victoire champagne contre Laval pour la dernière journée (8-0).
1990-1991
Ce championnat est fou. Après 29 journées, le LOSC est en milieu de classement mais seulement à 4 points du 4ème mais aussi seulement 4 points devant le barragiste. Lille remporte alors sa première victoire à l’extérieur (3-1 à Rennes), lâche le nul chez lui contre Paris (0-0) puis remporte une victoire convaincante à Montpellier (2-1). Lille est alors très bien placé, 6ème à un misérable petit point des 4ème et 5ème places lesquelles seront en définitives toutes les deux qualificatives. Ça se précise la journée suivante avec une victoire probante contre Auxerre grâce à un but de Brisson (2) en fin de match et une cinquième place à la clé.
On ne parle désormais plus de maintien même s’il n’est pas encore totalement assuré. Quoi qu’il en soit, à deux journées de la fin, avec deux points de retard sur le quatrième et un seul avec un goal-average nettement favorable par rapport au cinquième, le LOSC est alors à un tournant décisif et la qualification européenne n’a alors rien d’utopique. Surtout, Lille a un précieux avantage : il reçoit pour ses deux derniers matches, d’abord Nancy, 18ème, puis Metz, 11ème.
Une navrante défaite à Grimonprez contre Nancy (0-2) achève quasiment nos espoirs. Le baroud d’honneur final contre Metz (4-1) suffira tout juste à nous assurer la sixième place (3), juste derrière Lyon, dernier qualifié européen.
Il nous faudra ensuite attendre dix ans et la belle équipe de Vahid pour espérer une qualification européenne. Mais cette fois, ça sera (enfin) la bonne.
(1) C’est en 1969 que, pour la première fois, les qualifiés dans cette compétition le sont uniquement grâce à leurs résultats sur le terrain. En 1969 donc … comme par hasard l’année où le LOSC perd son statut pro.
(2) L’auteur de cet article a regardé le match sur Canal+ alors qu’il n’avait pas de décodeur ce qui ne l’empêche pas de se souvenir très bien du but de Brisson. Il ne pourra cependant vous décrire ce but qu’en crypté.
(3) Après la 37ème journée, il reste une toute petite chance au LOSC pour terminer 5ème : il est tout d’abord nécessaire que Montpellier ne gagne pas (ce qui sera le cas), que Bordeaux batte Lyon et que, dans le même temps, le LOSC rattrape son goal-average sur les Girondins, de 4 buts. Par exemple, si Bordeaux l’emporte 1-0, Lille doit l’emporter par cinq buts d’écarts. Par six en cas de victoire 2-0 de Bordeaux, etc. Finalement, Bordeaux s’inclinera 1-0 …
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