Posté le 22 octobre 2016 - par dbclosc
À la place du con, saison 1/2 : 1997/1998
Après des années de lutte contre la relégation, la sanction est tombée sans surprise en mai 1997 : le LOSC a été relégué en deuxième division, à l’issue d’une saison qui avait pourtant très bien commencé. À l’orée de ce nouvel exercice, le club est en chantier : nouvel entraîneur, nouveaux joueurs, et une ambiance assez terne, conséquence des saisons précédentes où le spectacle, les occasions de s’enflammer, et donc le public, ont rarement été au rendez-vous. Cependant, dans l’ombre, le club se structure sous l’impulsion du président Bernard Lecomte, tout d’abord financièrement, avec une situation en voie d’équilibre et, déjà, de grandes ambitions. Sur le terrain, l’équipe, comme tout club fraîchement relégué, fait logiquement partie des favoris pour retrouver l’élite. Et longtemps, le LOSC est en position de monter… jusqu’à la 39e journée.
On y était donc préparés depuis quelques temps : le LOSC retrouve la D2 (la « super D2 » même, c’est ainsi qu’elle s’appelait officieusement depuis le passage à une poule unique en 1993). Une petite précision pour commencer : la saison 1997/1998 est à ce jour la dernière à avoir admis 22 clubs en deuxième division. Cela signifie donc que le championnat s’étalera sur 42 journées. Comment parvenons-nous à ce chiffre, Arielle et Bertrand ?
1. Chaque équipe rencontre 21 adversaires ;
2. une fois à domicile, une fois à l’extérieur ;
3. 21 * 2 = 42 ;
Les nouvelles têtes
Le LOSC aura donc le plaisir d’affronter des équipes permettant à ses supporters de réviser leur géographie : Lorient, Valence, Mulhouse, Louhans-Cuiseaux, Toulon, et puis le voisin de Wasquehal. Pour cela, l’effectif est remanié : Becanovic, logiquement sollicité, est transféré à Marseille; Meszoly est vendu à sa valeur, c’est-à-dire pas grand chose ; et beaucoup de départs pour pas un rond car fins de contrat (Levenard, Hampartzoumian, Rabat, Simba) ou retours de prêt (Garcion, Arphexad). Mais la bonne nouvelle, c’est tout de même de garder quelques « anciens » qui auraient tout aussi bien pu rester en D1 (Aubry, Collot, Duncker, Hitoto, Renou), et les jeunes que le club a formés (Boutoille, Carrez, Dindeleux, Leclercq). D’autres joueurs formés au club ont un temps de jeu moindre, même si Froger leur fait de plus en plus confiance, à mesure que la saison avance : Coulibaly, Landrin, Machado et Sanz. Cygan est toujours là. Abed, Banjac, et Garcia sont également restés mais jouent très peu.
Avant que la saison précédente ne se termine, on connaissait déjà le nom du nouvel entraîneur : Thierry Froger, un ancien défenseur de la maison (1978-1986). Il arrive auréolé d’une belle réputation obtenue grâce à de bons débuts en tait que coach : entraîneur du club du Mans depuis 1994, il vient de terminer deux fois consécutivement à une belle 6e place ; il est même récompensé du titre du meilleur entraîneur de Division 2 sur l’année civile 1996 par France football. Jean-Pierre Mottet est le nouvel adjoint. Froger amène dans ses bagages deux joueurs du Mans : Al Habo Senoussi et Laurent Peyrelade.
Al Habo (dit « Bob ») Senoussi est un grand milieu défensif tchadien formé à Antibes. Sortant de deux solides saisons en D2, il est rapidement titulaire à Lille. Le retour de blessure de Roger Hitoto durant l’hiver a souvent donné l’impression que l’un des deux était de trop pour accompagner Tourenne au milieu, mais aucun n’était plus mauvais que l’autre. Il a été le seul buteur d’un match au sommet contre Lorient en février 1998.
On a déjà abondamment parlé de Laurent Peyrelade, notamment dans cet article. Comme Bob, Lolo arrive de la Sarthe, où habite Henriette (du Mans). Rapidement titulaire devant, il a été irréprochable pendant ses 4 saisons à Lille, devenant un des chouchous des supporters, non seulement pour ses performances sur le terrain, mais aussi pour son sourire en dehors. Durant cette première saison, il inscrit 7 buts, dans une configuration où il n’est qu’un attaquant de soutien. Il a de plus été écarté des terrains plusieurs semaines à l’automne à cause d’une blessure.
Si le Lolo est attaquant de soutien, c’est parce que l’avant-centre principal est Samuel Lobé, qui a déjà pas mal bourlingué, et présente l’avantage d’être un buteur confirmé de D2. Les dirigeants Lillois vont le chercher à Créteil, en National 1, où il vient d’inscrire 22 buts. Il ne brille pas par sa vitesse, mais il sait marquer quand le jeu est pour lui, c’est-à-dire haut : de fait, il marque peu à l’extérieur. Au total sur la saison, un honorable score de 19 buts.
Carl Tourenne est la bonne surprise du mercato : inconnu à son arrivée de Poitiers, en National 1, en dépit d’un passage antérieur à Valenciennes, il s’impose rapidement au milieu de terrain, et reste l’un des rares à avoir vécu les 3 saisons de D2 sans que sa popularité ne soit à un moment atteinte. Les filles n’ont pas oublié ses yeux bleus.
Arrivent en outre : Cédric Anselin, prêté par Bordeaux. Jeune ailier gauche, il vient gagner un peu de temps de jeu, qu’il obtient en tout début de saison, en faisait d’ailleurs des prestations très correctes ; mais il perd progressivement la confiance de l’entraîneur, et ne joue quasiment plus avec l’arrivée lors du mercato hivernal du Belge Stephan Van Der Heyden : venu de Roda, il présente un volume de jeu plus intéressant, a un pied gauche très précis sur les centres et les coups de pied arrêtés ; il marque aussi un but superbe lors de son premier match contre le Red Star en janvier 1998. Emmanuel Coquelet vient de Valenciennes : il s’entraîne souvent avec le groupe pro mais ne joue qu’avec la réserve. Enfin, Bruno Clément arrive de Monaco comme doublure de Jean-Marie Aubry. Il prend part à 8 matches, alternant le bon (le match contre Lorient) et le moins bon (ballon perdu face à un attaquant Niçois en voulant dribbler). Il est bien meilleur lors de sa deuxième saison, quand il remplace temporairement Wimbée.
L’équipe-type ressemble à peu près à celle alignée ce 9 août 1997 contre Martigues :
Aubry
Duncker Sanz (Carrez) Dindeleux Leclercq
(Hitoto) Senoussi Tourenne
Collot
Peyrelade Lobé Boutoille
Sur le banc, par temps de jeu décroissant : Cygan, Machado, Renou, Landrin, Van Der Heyden, Banjac, Anselin, Garcia, Clément.
Somme toute, un bel effectif, et Lille, ne serait-ce qu’en tant que frais relégué, fait partie des favoris, au même titre que les 3 autres : Nice, Nancy et Caen. S’ajoutent à ce quatuor Sochaux et Martigues. Pour le reste, la D2 reste assez imprévisible, et s’incruste toujours au moins une équipe que l’on n’attend pas.
Le changement, c’est maintenant
En dépit de la relégation, l’ambiance semble bonne. Comme l’évoque Bernard Lecomte dans Le Magazine du LOSC de septembre 1997 : « Une relégation n’est pas facile à gérer. Je l’ai d’ailleurs mal vécue, surtout après le démarrage de début de saison. Je me souviens encore de cette sensation de vertige, celle d’être sur un toboggan et de ne pouvoir freiner… Nous étions arrivés à une conjonction du physique et du moral qui équivalait à une forme d’impuissance. Mais c’est déjà du passé ! ». En effet, on est déjà tournés vers de nouveaux objectifs : remonter, et donc jouer les premiers rôles, ce qui n’est pas un petit événement pour qui a visé la 15e place de sa division depuis 10 ans. Les matches amicaux ont été bons, Lille a même remporté le challenge Emile-Olivier en battant Lens en finale (photo ci-dessous) ! En relisant les magazines du LOSC de l’époque, on est frappés de voir que dans la rubrique « Le mot du président », Bernard Lecomte a systématiquement un mot pour exposer la situation financière du club, et ce de manière de plus en plus positive et optimiste. Est-ce une raison de la venue du public ? « Peut-être est-ce notre travail de transparence, cette volonté d’expliquer constamment que ce que nous faisons porte ses fruits. Nous avons toujours insisté sur les efforts drastiques, la compression nécessaire de la masse salariale. Cette rigueur indispensable a eu un prix : lorsque nous avons eu besoin d’un effectif frais en fin de saison dernière, nous n’avions ni la quantité, ni la qualité. On connaît la suite… Mais le public a compris Sans doute apprécie-t-il l’image de club sain que renvoie le LOSC en se disant : ‘Bon, ça devait arriver. Eh bien c’est arrivé. Maintenant il faut rebondir. Et vite, si possible…’ ». ».
L’ambiance au stade est bien meilleure, et le public est présent, grâce aussi à des tarifs d’abonnements assez intéressants, notamment un « pack famille » aux conditions souples qui permet d’abonner 4 personnes à la fois. Comme si le public savait que le club avait presque mangé son pain noir, le record du nombre d’abonnés est battu. Le LOSC est donc très actif en coulisses : dans la même interview citée précédemment, le président Lecomte pose les bases d’une vision à plus long terme : « il est évident que la CUDL envisage de profiter du Mouvement ‘Lille 2004′ pour développer le sport de haut niveau. Le LOSC devrait logiquement devenir le grand club de football de Lille-Métropole (…) Nous avons besoin d’un outil [Note DBC : comprendre « un stade »] conforme aux réalités économiques, aux besoins du public et des entreprises. À cet égard, je souhaiterais que la CUDL rende sa décision publique avant la fin de cette année (…) Il faut aussi s’engager dans la voie de la privatisation progressive de la société d’économie mixte du LOSC. Le monde économique ne suivra que s’il y a une ambition politique clairement affichée ».
Sur le terrain : couci-couça
Premier match de la saison à Saint-Etienne, ce qui constitue déjà un premier choc, même si on ne sait pas trop ce que valent les Verts : Lobé ouvre rapidement le score sur pénalty, mais les Lillois mettent déjà en évidence certaines carences défensives : Saint-Etienne mène 2-1 à la mi-temps. Finalement, Lobé égalise en fin de match, et on peut considérer le score comme un bon nul.

Le premier match de la saison à Grimonprez-Jooris voit venir Martigues, qui vient de prendre une branlée à Sochaux (1-4). Au cours de ce match mémorable, Lille s’impose 7 à 3, avec un triplé de Lobé, et un doublé de Peyrelade : même si la défense en prend encore 3, la doublette d’attaque semble parée, et on se dit que ça peut être vite réglé pour nos Dogues. Bon, en fait, les Martégaux ont joué comme des quiches toute la saison, ont fini par être relégués, donc c’était une victoire en trompe-l’oeil, mais on prend quand même. Le nul suivant à Sochaux semble plus probant (0-0). Le début de saison est bon : après 7 journées, dont 4 à l’extérieur, le LOSC est invaincu : tout est gagné à Grimonprez, et un point est ramené de chaque déplacement.
Le mois de septembre coïncide avec des performances médiocres : seul Mulhouse tombe face aux Dogues grâce à un but de Lobé (1-0). Mais une première défaite à Lorient (0-2), puis à domicile contre Nancy (2-3) sèment le doute, d’autant que jusque mi-octobre, les Lillois alignent 4 nuls et se fixent en milieu de tableau : si, en termes de points, la 3e place n’est pas loin, être 10e après un nul à Wasquehal (But pour Lille de Pascal Cygan, l’ex, tandis que Lobé rate un péno à 1-1) et avant d’affronter Caen (15e journée) fait un peu tâche… Pistache. Fort heureusement, le match contre les Normands va remettre tout le monde dans le bon sens, sauf peut-être l’arbitre, qui expulse coup sur coup 2 Caennais pour contestation à la demi-heure de jeu : Lille en profite grâce à Tourenne et un doublé de Lobé pour gagner 3-0. Et pour la première fois de la saison, Lille enchaîne 3 victoires consécutives, grâce à une première victoire à l’extérieur, à Laval (1-2), puis contre Niort (3-0).
But de Pascal Cygan à Wasquehal le 8 octobre 1997 (Fréquence Nord, Olivier Hamoir)
Un premier gros raté à Toulon
Après 17 journées, le LOSC est 3e, ce qui suffit pour monter en première division. Cependant, l’équipe souffre d’une grande irrégularité. Si elle est performante à domicile (6 victoires, 1 nul, 1 défaite, 21 buts marqués, 7 encaissés), elle peine à gagner à l’extérieur et montre un autre visage, sans toutefois perdre davantage (1 victoire, 7 nuls, 1 défaite, 7 buts marqués, 8 encaissés). Alors, on pourrait dire qu’elle s’adapte en étant plus prudente hors de ses bases. En fait, elle souffre d’une incapacité à produire un jeu fluide : ce sont surtout ses individualités qui font la différence, avec notamment beaucoup de buts de la tête sur coups de pied arrêtés. Surtout, en cours de match, elle présente de gros temps faibles. Thierry Froger effectue souvent un voire deux changements à la mi-temps pour réveiller tout le monde : c’était le cas contre Nancy où, mené 0-2 à la mi-temps, le LOSC revient à 2-2 à la 60e grâce aux entrée d’Anselin et de Machado, buteur ; ou plus tard contre Beauvais, où l’entrée de Banjac permet de débloquer la situation.
On a souvent critiqué Lobé parce qu’il était « un peu pataud ». En revanche, on a moins souvent critiqué Pato quand il était « un peu lobé ». C’est bien la preuve que Lobé > Pato
C’est alors qu’arrive le déplacement à Toulon, 20e. Les Varois s’imposent 1-0. Dans un édito sobrement intitulé « J’ai envie de me fâcher », Bernard Lecomte recadre tout le monde, estimant s’être senti « trahi » et « indigné ». Rappelant que le club est sur la bonne voie financière, il incite les joueurs à se mettre au diapason et à prendre leurs responsabilités. Peut-on y voir le signe d’un problème chez les joueurs ?
Stabilisation à la 3e place
Après ce coup de gueule, ça va mieux : Lille termine l’année civile sans perdre les 7 derniers matches… mais avec 4 nuls, tout de même : ça coince toujours à l’extérieur. À la trêve hivernale, le LOSC est sur le podium, 3e, et ce pour la 5e fois de la saison : 41 points en 24 matches, c’est assez faible pour qui veut monter, mais l’équipe est solide et compte le plus petit nombre de défaites (3). Et, cette fois, après le creux de l’automne, il s’y installe pour un moment. Pour 3 mois, dans un premier temps. La reprise du championnat permet de cartonner le Red Star de façon convaincante (4-1). Lobé continue de marquer, et le Belge Van Der Heyden réalise des débuts en fanfare, avec une activité débordante et un superbe but, d’un pointu du gauche, après avoir éliminé toute la défense adverse. Et puis la catastrophe : pas le temps de savourer que, dès la journée suivante, Lille se prend une monumentale branlée à Gueugnon (0-4). Que penser de cette équipe, si inconstante ? Cette lourde défaite semble provoquer un – court – électrochoc : quelques jours lus tard, dans le match au sommet, Lille bat le leader lorientais grâce à un but précoce de Senoussi et, une semaine plus tard, deuxième victoire à l’extérieur (en 29 journées…) à Mulhouse (1-3, Senoussi, Lobé et Peyrelade) ! « Performance » de Gueugnon mise à part, la bonne série permet au LOSC d’être solidement installé à la 3e place, un point derrière Nancy, tandis que Lorient est intouchable à 7 points. Surtout, Lille a déjà 6 points d’avance sur le 4e, Sochaux. Nous sommes fin janvier : ce n’est toujours pas brillant en termes de jeu, mais la montée se dessine, simplement en étant intouchable à domicile et solide à l’extérieur : le but semble être de perdre le moins possible, et ça devrait passer.
Une seule constante : l’inconstance
Sauf que le LOSC se met à changer ses habitudes. Alors qu’on le croyait lancé vers les sommets, Amiens vient s’imposer à Lille sur un but d’Olivier Pickeu. Puis Troyes gagne à Grimonprez (0-2). Certes, on n’a pas eu de bol : Lobé et Van Der Heyden ont trouvé les poteaux en 1e mi-temps. Mais, entre ces deux matches, Lille ramène un excellent nul de chez le 2e, Nancy (1-1). Une nouvelle défaite à Valence (1-3) replace Lille en 4e position au soir de la 33 journée. On ne sait quoi penser de cette équipe, de son niveau, de sa motivation. Heureusement, les Sochaliens souffrent du même mal : 3 journées et 7 points plus tard, les Lillois ont à nouveau 6 points d’avance sur les Doubistes, qui ont enchaîné 3 défaites consécutives. On est fin mars, 36 journées ont été jouées : ça sent bon, non ?
Un finish en queue de poisson
Bons princes, les Lillois rendent la pareille à Sochaux : « à votre tour de prendre 7 points, et nous on perd trois fois de suite ». Ainsi, au soir de la 39 journée, Sochaux est de nouveau 3e, un point devant Lille, qui vient de perdre à Niort (0-2), contre Toulon (0-1 !), puis à Nice (1-2). La défaite contre Toulon a des airs d’humiliation : quasi-relégué, le club varois, déjà vainqueur à l’aller, marque d’emblée par Patrick Revelles (4e minute), et Thierry Froger semble incapable de faire réagir son équipe, qui court stérilement après le score.
La 40e journée est un coup pour rien : Lille et Sochaux s’imposent, respectivement contre Louhans-Cuiseaux (3-1, avec un splendide but de Sanz contre son camp) et Saint-Etienne (4-0). Il reste deux matches : Lille se rend d’abord à Beauvais, 17e, tandis que Sochaux a un déplacement compliqué à Nice. Anthony Garcia permet au LOSC de mener à la mi-temps. Mais Lille encaisse deux buts aux 80e et 87e minutes… Alors c’est mort ? Non, puisque Sochaux a perdu à Nice (1-2). La course à la 3e place ressemble décidément à un concours de lenteur.
8 mai 1998 : 42e journée du championnat. Les données sont simples : il faut faire mieux que Sochaux : soit gagner pendant que Sochaux fait nul, soit faire nul pendant que Sochaux perd. Et si on fait nul, il faut espérer que Troyes ne gagne pas, car ces cons là sont revenus. On va recopier en partie ce qu’on a déjà écrit dans cet article : ça commence plutôt bien : Martigues ouvre rapidement le score : dès le quart d’heure de jeu, Lille est virtuellement en D1, et ce malgré le 0-0 à Grimonprez. « Martigues ! Martigues ! », scande le public lillois, accroché à ses transistors. À la même minute (35e), Djezon Boutoille place une tête en lucarne et Baudry égalise à Martigues : Lille est donc toujours en position de monter. La deuxième période part bien en sucette : Sochaux prend l’avantage par Isabey, et n’a donc plus à se soucier de ce qui se passe à Lille, une victoire assurant au FCSM la D1. Et l’ASSE égalise. Ah, c’est le scénario catastrophe mon p’tit Jean-Mimi. Lille pousse, et Senoussi redonne l’avantage en fin de match à Lille (85e). Il faut que Martigues égalise… et pénalty pour Martigues ! Tiré de façon affligeante, il est arrêté par le gardien sochalien. Voyez plutôt. Fin du match à Lille, mais ça joue encore à Martigues. Exceptionnellement, la sono du stade se branche sur le multiplex d’Europe 1 : les joueurs, restés sur le terrain, et le public, espèrent une égalisation qui ne vient pas. Si Lille a battu Saint-Étienne, cela ne suffit pas : la D1 est pour Nancy, Lorient et Sochaux. Le LOSC reste en D2. Et en plus Lens est champion : quelle soirée de merde.
L’essentiel est ailleurs
4e, c’est donc la place du con lorsque seulement 3 équipes montent, et qu’il s’agit en l’occurrence des 3 premières. Le LOSC n’a jamais convaincu durant cette saison : s’il a largement fait illusion jusqu’au milieu de l’hiver, des résultats trop inconstants et quelques ratés monumentaux (Amiens, Toulon, Beauvais) se sont greffés au manque de fonds de jeu, conduisant à une contestation grandissante de l’entraîneur par le public. Lille n’a jamais été mieux classé que 3e, même s’il l’a été 19 fois sur 42 : en cela, ce n’est pas fondamentalement anormal de ne pas monter. Ce qui est dommageable, voire troublant, c’est d’être rattrapé de la sorte sur la fin de championnat. Sur les 13 derniers matches, Lille s’incline 7 fois, alors qu’il n’y avait eu que 4 défaites lors des 29 premières journées ! En établissant un classement sur les seuls matches retours, Lille est 10e, derrière Wasquehal (9e) et Sochaux (8e) qui ne fait pas beaucoup mieux. Sur les 13 dernières journées, Lille est 19e…
Sportivement, il a donc de quoi être déçu : l’objectif de remontée immédiate n’est pas rempli ; l’équipe n’a jamais semblé en mesure d’imposer un style de jeu ; les circonstances de l’échec de fin de saison sont tellement lamentables qu’elles en sont suspectes : certaines individualités sont pointées du doigt, accusés d’avoir volontairement levé le pied, sachant que le club ne les conserverait pas en D1.
Mais à l’issue de la saison, Bernard Lecomte annonce que le club a enfin soldé l’ensemble des dettes qu’il traînait depuis plusieurs années. Cela fait évidemment disparaître une sacrée menace au-dessus du club, qui peut désormais se refonder sur des bases financières saines. Si cette montée ratée s’ajoute à l’échec de la descente un an auparavant, la dynamique impulsée par Bernard Lecomte n’est pas brisée, et il est désormais permis d’espérer qu’avec quelques réglages supplémentaires, des jours meilleurs se dessinent.
Les coupes
Ce sera très rapide. En coupe de France, Lille élimine Tinqueux au 7e tour (2-0) et se fait sortir par Boulogne-sur-mer au 8e, après prolongation (0-1). Chapeau les gars.
En coupe de la ligue, lors du premier tour, Lille élimine Caen (2-2, 3-2 aux tirs aux buts) au cours d’un match particulier. Pour on ne sait plus quelle raison, ce match s’est joué un mardi, après les autres matches du premier tour. Il y avait assez peu de monde dans le stade (4608 spectateurs parait-il). Lors de la prolongation, il y a eu une coupure de courant, et les joueurs sont rentrés aux vestiaires. Dans le noir, un grand drapeau a commencé à circuler en tribune « honneurs », la sono a lancé « I will survive », et l’interruption s’est transformée en fête géante, comme on n’en avait pas vu à Grimonprez depuis des années. Le match s’est terminé dans une grosse ambiance, alors même que le match était somme toute banal, mais je crois simplement que les gens étaient contents d’être là ce soir-là. Du coup, la victoire aux tirs aux buts a été amplement fêté par les joueurs également, restés longtemps sur le terrain après le match. Dernière anecdote plus personnelle : comme le match a fini très tard (prolongation + coupure), Fréquence Nord n’a pas pu retransmettre le match jusqu’à la fin (genre le décrochage régional était autorisé jusqu 23h, puis c’est un programme national qui reprenait l’antenne). En rentrant à la maison, ma sœur, qui avait été privée de match à cause du lycée le lendemain (moi j’étais au collège et y avait pas cours le mercredi) nous accueille en mode zombie : « euuuh…. c’est qui qu’a gagné… ? Parce que Fréquence Nord a coupé et aucune radio n’en a parlé… Peux pas dormir sans savoir ». Encore le genre de truc improbable aujourd’hui. Voilà, belle anecdote. Le tour d’après, le LOSC est sorti au Mans (0-1).
Délire à Grimonprez : le LOSC élimine Caen aux tirs aux buts
Pour découvrir nos bilans des autres saisons, vous pouvez suivre ces liens :
1992/1993 : La fin d’une époque
1993/1994 : Quand les supporters redécouvraient le spectacle (mais gardaient la défaite)
1994/1995 : Le laborieux 1-0 triomphant
1995-1996 : Le maintien et c’est tout
1996-1997 : Lille, une sacrée descente
1998-1999 : À la place du con, saison 2/2
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