Posté le 25 octobre 2016 - par dbclosc
Je t’aime à la belge. L’histoire nostalgique d’une déception amoureuse entre nous, Georges (Heylens), Erwin (Vandenbergh) et Filip (Desmet)
Pendant cinq ans, Georges (Heylens) a été le coach de l’équipe première du LOSC (1984-1989). Entraîneur réputé, il devait nous permettre de franchir un palier à une époque où les budgets des clubs français explosaient et, corrélativement, leurs ambitions. Époque de politiques financières étranges, mais aussi d’espoirs. Deux ans plus tard, suivant cette logique ambitieuse, deux internationaux belges, tout juste demi-finalistes de la Coupe du Monde au Mexique, le rejoignaient.
C’était notre trio belge qui nous apportait tant d’espoirs. Espoirs largement déçus, certes, mais on n’oublie pas qu’ils nous ont fait rêver. On n’oublie pas non plus le beau jeu qu’ils ont produit et on retient finalement plutôt ce romantisme que nos déceptions. Car il y a vraiment du romantisme dans cette histoire dans laquelle on trouvait à la fois espoir et émotions changeantes. Et c’est aussi parce que le foot, à la différence d’un Walt Disney, ça ne finit pas toujours bien, qu’on y prend du plaisir.
On a alors décidé de te narrer quelques anecdotes et points particulièrement marquants de notre histoire avec Georges, Erwin et Filip pour t’en rappeler la saveur ou, si tu ne la connais pas, pour te la faire découvrir.
Georges et nous
Le premier de NOS Belges – car, oui, ces Belges nous appartiennent – arrive donc en 1984. Il s’agit de Georges (Heylens). Ancien arrière droit international (Belge, donc), Georges est désormais un entraîneur à succès et fort courtisé. En l’occurrence, Georges vient de mener le petit club de Seraing, tout juste promu, à la 5ème place du classement de D1 belge (bien aidé par Nico Claesen et Jules Bocandé).
Et c’est Lille qu’il choisit de rejoindre : contacté par Charly (Samoy) qu’il connaît notamment pour avoir fréquemment joué contre lui quand il jouait à Anderlecht. Georges passera cinq années à Lille et conserve auprès de beaucoup de supporters une côte intacte et bien plus encore (à la différence de Thierry Froger qui garde une côte intacte, mais pas davantage). Il faut dire que si le parcours lillois au cours de ces cinq années a quelque chose d’un peu décevant, c’est aussi parce que l’équipe construite par Georges était très attrayante et parfois capable de performances remarquables. Cette déception naît alors des belles espérances qu’on pouvait avoir.
Quand Georges parle de son histoire avec le LOSC, on dirait qu’aucun nuage n’est jamais venu l’assombrir. Illusion rétrospective ou diplomatie ? Sans doute un peu des deux. Mais l’histoire n’était pas qu’une passade, mais une vraie histoire d’amour, certes parfois tumultueuse. En 1986, Georges est sur le point de quitter Lille. Alors, pas la peine de lutter ? Est-ce que Monaco n’est pas trop sexy par rapport à Lille ? (1)
Sauf que, derrière, il y a les sentiments. Et on sent bien que Georges est prêt à envisager de continuer l’histoire si le LOSC fait preuve de bonne volonté. Il raconte : « la direction du LOSC en a eu vent [du contact avec Monaco] et m’a convoqué au conseil d’administration. Là, on m’a proposé trois ans de plus et deux internationaux belges : Vandenbergh et Desmet. J’ai signé dans la journée. » Allez Georges, c’est vrai, on est plus moches, mais on aime les Belges, et ça, ça n’a pas de prix ! (2)
D’ailleurs, si on demandait à Georges ce qu’il pense du cliché comme quoi les Lillois sont sympas, t’inquiète qu’il le validerait. Quand il est interrogé sur ce qu’il retient de Lille, il répond ainsi : « Le respect que les gens ont pour le travail de l’entraîneur. J’étais présent chaque jour de sept heures du matin à vingt heures et c’était très apprécié. Le respect, c’est rare en football ». Entre nous, Georges, on respecte ton travail d’entraîneur, on a même parfois un peu envie de te demander de revenir, et on respecte aussi ta manière de parler.
Georges, Erwin, Filip et nous
En juillet 1986, le LOSC a désormais deux Belges de plus dans son effectif. Début juillet, Erwin (Vandenbergh) est déjà à Lille pour le tirage au sort du célèbre tournoi de la CUDL. Erwin était de la coupe du Monde 1986 mais s’était blessé dès le premier match. Diagnostic ? La coupe du Monde est finie pour lui. Triste, Erwin rentre au pays et là on lui apprend qu’en fait il aurait pu se soigner en trois jours. Mais bon, passons. Mi-juillet, pour son premier match sous les couleurs du LOSC, Erwin marque un triplé contre Lens en coupe de la Ligue pour une coquette victoire finale (4-0).
Filip, qui est resté jusqu’au bout de la Coupe du Monde à laquelle la Belgique termine demi-finaliste, arrive un poil plus tard. Il fait ses débuts contre Valenciennes, encore en coupe de la Ligue, et montre ce que c’est que cette belle histoire d’amour belge, offrant la passe décisive à Erwin (1-1).
Quand la saison débute en D1, Erwin a déjà marqué 5 buts en coupe de la Ligue et Filip a déjà donné deux passes décisives. Et la saison de D1 débute merveilleusement, le public lillois étant rapidement conquis par sa Belgian connection : après 10 journées, Lille est 5ème, 2ème attaque et le duo Belge a déjà inscrit 12 buts. Nos Quick et Flupke impressionnent et le LOSC fait l’objet d’une double page comme « club du mois » dans le magazine Onze qui met en exergue le « duo d’enfer » belge.
Ça se gâtera pourtant rapidement pour Erwin, vite en panne d’efficacité ensuite, mais ça continuera pas trop mal Filip qui finit même meilleur passeur du championnat tout en marquant 13 buts en D1 ce qui lui permet de finir 7ème au classement des goleadors.
Filip, ce sacré farceur néo-épicurien
Caractéristique qui n’est pas pour nous déplaire, Filip était un sacré farceur. Quand il arrive au LOSC, il entraîne son camarade Erwin, l’incitant à faire croire à ses camarades français qu’ils ne comprennent pas le Français. Inspiré par cette blague, j’ai essayé de faire la même à mes meilleurs potes, mais personne ne m’a pris au sérieux (oui, remarque, tu me diras que c’était une blague).
Ses farces, Filip n’a pas attendu de jouer chez nous pour les faire. L’intéressé raconte ses quelques petites blagounettes du temps où il était à Waregem. « J’adorais faire des farces : découper des bas, enduire un sac de vaseline, cacher un soutien-gorge dans le sac de Luc Millecamps – sa femme enrageait – ou le jeter tout nu dans la neige, devant les jeunes joueurs et leurs mères. Je me rappelle Luc crier : -Laisse-moi rentrer ! »
- Eh, Erwin, j’ai une idée ! On pourrait mettre des capotes dans le sac de Luc Millecamps pour lui faire une farce !
- Euh … Filip … Sa femme l’a déjà quitté à cause de tes blagues, ça sert plus à rien de lui faire celle-là !
Et puis, ça non plus ça n’est pas pour nous déplaire, Filip n’était pas un carriériste ambitieux et il n’a jamais sacrifié bières et frites au service de son physique. « Je raffolais aussi de pain sec avec du maquereau et des steaks-frites. Mais je variais : un jour un steak avec des frites, le lendemain des frites avec un steak. (Rires). J’avais mon menu la veille du match : à midi une tarte aux pommes et le soir, un gros paquet de frites avec de la sauce, une saucisse brune et une brochette. […] J’accusais généralement huit kilos de trop à la reprise des entraînements. » Merci pour cette anecdote Filip, mais c’est pas bien d’accuser comme ça sans preuves, quand bien même s’agirait-il de kilos de trop.
Georges en prenait soin de ce Filip, parfois un poil inquiet. « On devait s’occuper de lui tous les jours. Je lui demandais à quelle heure il rentrait, à quelle heure il allait au lit, combien de bières il comptait boire… Il avait continué à vivre à Waregem et faisait parfois le fou ». Un poil d’inquiétude pour Georges, mais aussi beaucoup de fierté. Parce que tout le monde ne peut pas se la péter en disant avoir coaché en même temps Filip, Erwin, mais aussi, Abedi (Pelé), Jocelyn (Angloma) et Bernard (Lama).
Quand Gaston s’interpose entre Erwin et Filip
On l’a dit, le début de l’histoire en Erwin et Filip est idyllique, l’un et l’autre marquant en série sur les caviars de leur partenaire particulier. Douze buts à deux après 10 journées donc, puis seulement neuf sur les 28 journées suivantes. La saison suivante reste délicate puisque le duo n’a inscrit que 10 buts à la trêve (après 24 journées à l’époque).
C’est à peu près à cette époque que Gaston (Mobati) vient se faire le concurrent de Filip pour devenir le nouveau partenaire (d’attaque) d’Erwin : sur la phase retour, Erwin et Gaston inscrivent pas moins de 16 buts.
Mais Gaston s’essouffle. En début de saison 1988/1989, Filip en profite pour retrouver son statut de partenaire particulier d’Erwin. Après 21 journées, le duo a déjà inscrit 14 buts et Gaston s’est alors éloigné d’Erwin pour se rapprocher de Roger (sur le banc), soit un sacré duo de supersubs.
Quand Filip lance des rumeurs dévalorisantes sur Erwin
Pour autant, si Filip ne cesse de rappeler le plaisir qu’il a eu de jouer avec Erwin, il répand régulièrement une rumeur mensongère à propos de son expérience lilloise. En décembre 1990, Filip déclarait ainsi : « en trois saisons, j’avais marqué 37 buts pour le compte du Losc. Et Erwin une bonne trentaine. » Récemment, il renchérissait. «Je n’étais pas un vrai buteur mais plutôt un complément. […] Curieusement, je ne suis devenu un réalisateur que quand j’ai quitté Waregem pour Lille. Au Losc, j’ai marqué davantage que mon compère Erwin Vandenbergh! » Or, désolé, mais s’il est exact que Filip s’est découvert une âme de buteur qu’il ne se connaissait pas avant, il n’a alors pas marqué davantage et pas autant qu’il ne l’affirme. Au total, Filip a marqué 27 buts en D1 et un but en coupe. Sur la même période, Erwin marquait 33 buts en D1, 4 buts en coupe et 5 en coupe de la Ligue, soit davantage que Filip et en marquait encore sept autres la saison suivante.
Alors pourquoi Filip s’entête-t-il à répandre contre l’évidence la rumeur selon laquelle il aurait marqué davantage qu’Erwin au LOSC ? Volonté de lui nuire ? Rancœur mal digérée ? La raison est sans doute plus prosaïque : ayant un peu trop picolé la veille, étant un peu vantard sur les bords, Filip se fait gentiment une petite légende. Et, côté légende, marquer davantage qu’Erwin, avoue que ça en jette.
Mais accordons-lui au moins une petite part de vérité : il est longtemps en avance sur son compère Erwin. Il faut en effet attendre le 25 novembre 1988 et l’égalisation d’Erwin contre l’OM pour qu’il dépasse Filip en nombre de buts en D1.
Et puis, on te l’a dit : Filip est un farceur.
Filip élu « joueur des années 80 » par les supporters ?
Forcément, si on te parle de l’histoire d’amour entre les supporters du LOSC et ses Belges, on ne peut manquer d’évoquer que Filip aurait été désigné « joueurs des années 80 » par les supporters. On met le conditionnel parce qu’on a trouvé nulle part d’info sur qui aurait organisé cette désignation et qui aurait voté.
En tout cas, nous, ce qu’on peut en dire, c’est que cette année on a organisé la désignation de notre « 11 de cœur » et que si les joueurs de l’ère Vahid ont raflé les places d’honneur, un certain nombre des Lillois des années 1980 ont été cités. En ne retenant que les joueurs ayant porté le maillot des Dogues au cours de cette décennie, on obtient le classement suivant :
Joueur |
Votes |
% des votants |
Filip Desmet |
5 |
13,5 % |
Erwin Vandenbergh |
5 |
13,5 % |
Jean-Claude Nadon |
5 |
13,5 % |
P. Plancque |
3 |
8,1% |
Pleimelding |
2 |
5,4 % |
Dans ce classement, trois joueurs se partagent la tête des joueurs dont Filip mais aussi Erwin. Et le troisième, c’est Jean-Claude Nadon arrivé en 1989, mais qui doit plus logiquement être considéré comme un joueur des années 1990.
Georges, Jules, Alex et Nico
L’histoire fût belle entre Georges, Filip, Erwin et nous. Pour autant, il faut le rappeler, au départ c’est avec d’autres attaquants venus de Belgique que Georges avait voulu conclure. D’abord avec Jules (Bocandé) alors à Metz mais qui s’était révélé à Seraing en 1983/1984 quand Georges y était entraîneur. Mais aussi avec Nico (Claesen) que Georges avait également coaché la même saison. Ou encore avec Alex (Czerniatynski) également international belge. Mais à chaque fois, il n’avait pas conclu.
Pire, au départ, Georges ne voulait pas faire venir Erwin en priorité mais René (Vanderheycken), qui est aussi à Anderlecht comme Erwin ! Après, on n’est pas complètement dupes : c’est pas vraiment René qu’il voulait, c’était probablement pour rendre jaloux Erwin. Entre nous, René, ça n’est pas mal, mais à choisir, on préfère quand-même Erwin.
Bref, tout ça pour dire que si l’arrivée de Georges nous amenait presque inéluctablement à connaître une histoire d’amour avec des Belges, certaines contingences auraient pu nous amener à d’autres rencontres. Mais Jules, le Sénégalais, allait continuer son histoire messine débutée un an plus tôt et devenir meilleur buteur de D1 française ; et Alex comme Nico privilégient le Standard.
Et puis ça ne s’est pas fait et on a conclu avec Erwin et Filip. Alors, quand il y avait de l’eau dans le gaz avec eux, c’est sûr qu’on repensait à Nico et Alex, en se disant que, eux, ils ne nous auraient sans doute pas déçus. Mais, en fait, il n’y a rien de moins sûr.
Guy, l’ex de Erwin et Filip
Mais il y a un encore un autre larron qui vient foutre le brin dans l’histoire entre Georges, Erwin, Filip et nous. Ce larron, c’est celui qui devient rapidement l’ex d’Erwin et Filip, Guy (Thys). Guy, il devient rapidement l’ex-(entraîneur) de Filip et Erwin, puisqu’il est l’inamovible sélectionneur belge de 1976 à 1989, faisant débuter l’un et l’autre chez les Diables Rouges. Forcément, les ex, c’est le genre de choses qui peuvent foutre la merde avec l’actuel (Georges). Et pourtant, le Georges ne fait pas trop dans la jalousie excessive. Non, d’ailleurs, si nous et Georges on a des raisons de lui en vouloir, c’est plutôt pour avoir brisé le cœur de nos chouchous que pour autre chose. Héros nationaux, Filip et Erwin ne jouent quasiment plus avec la sélection à partir du moment où ils ont signé à Lille.
En 1990, Guy donnait son interprétation quant à la non-sélection d’Erwin pendant sa période lilloise: « Je me suis déplacé personnellement six fois à Lille où se sont rendus aussi Labeau, Sablon, Jacob et Meeuws. Tous nos rapports concordaient: Erwin manquait alors de la plus élémentaire combativité ». Ceci étant, recontextualisons cette déclaration de Guy : elle date de septembre 1990, quand Guy rappelle Erwin en sélection pour la première fois depuis plus de deux ans, un peu plus de trois mois après le départ d’Erwin de Lille.
Quand il dit qu’il s’est déplacé six fois, de quelle période parle-t-il ? Pas de ses trois derniers mois avec Lille, puisque Erwin ne jouait plus. Pas des six précédents, puisqu’il s’agit des six mois où Guy n’était plus sélectionneur des Diables Rouges. Probablement des trois années précédentes. Or, ce qui est bizarre c’est que quand on dit que Vandenbergh a manqué de combativité avec Lille, on ne peut que trouver ça exact si l’on parle de sa dernière année avec le LOSC, mais c’est précisément l’année où Guy n’était pas sélectionneur. En revanche, s’il parle des trois années précédentes, on peut être d’accord quant à 1987, mais certainement pas pour le reste du temps. D’ailleurs, fait remarquable, des quatre sélections avec les Diables quand il était au LOSC, une seule a eu lieu en 1988 qui demeure pourtant sa meilleure année avec le LOSC (1) et aucune sur les six premiers mois de l’année 1989, pourtant dans la lignée de l’année précédente.
Bref, on lisait dans la presse de l’époque qu’Erwin en voulait à Guy de ne pas le suivre avec le LOSC. Et le pire, c’est que à sa place, Guy a souvent sélectionné Nico Claesen, un ex(-joueur) de Georges quand il était à Seraing. Ambiance, ambiance …
Mais en 1990, Guy repense à Erwin. Et Erwin, très déçu par Bernard (Gardon) n’était pas contre cet appel du pied de Guy et ne lui tint pas rigueur de l’avoir oublié à son sommet lillois. Et pourtant, Erwin n’avait pas vraiment tort de se plaindre …
Quand Bernard fout le brin entre nous et nos Belges
En 1988, Bernard (Gardon) était devenu directeur sportif du LOSC. Et, pas de bol, il ne voyait pas d’un très bon œil la stratégie outre-quiévraine du club et, en particulier la relation de proximité du trio (paraît-il, mais nous n’avons pas demandé à Bernard ce qu’il en pense). Un an plus tard Georges quittait le club et n’avait toujours pas digéré vingt-cinq ans plus tard. Il raconte alors avec amertume son départ. « Sans nouvelles des dirigeants lillois, j’étais en contact avec le Standard de Liège. Le président Dewailly s’est alors opposé à mon départ. Malheureusement, le manager de l’époque n’aimait pas trop la philosophie « frontalière ». J’ai oublié son nom (Bernard Gardon, ndlr), c’est dire le peu d’intérêt que je lui porte ».
C’est également en 1989 que Filip, en fin de contrat quitte les Dogues. En cause, le manque des dirigeants, mais aussi le départ de Georges, dernière raison éventuelle pour rempiler.« Nous en avions marre [lui et Erwin] de voir nos efforts être réduits à néant par une politique de transferts qui échappait à l’entraîneur lui-même. Heylens parti, je n’éprouvais plus aucune joie à évoluer là-bas. » Là où l’affaire est particulièrement mal gérée humainement par Bernard, c’est qu’il s’oppose à un départ gratuit d’Erwin à l’Antwerp alors que le club anversois rechigne à verser une indemnité de transfert.
Bref, l’accord ne se trouve pas et Bernard ne se gêne pas pour critiquer publiquement Erwin. « Vandenbergh est venu chez nous il y a 3 ans. Il a signé un contrat de 5 ans, avouant, qu’il réalisait une bonne opération financière. Cette fois, pour les mêmes raisons, il veut partir et trouve 1000 prétextes pour manifester une mauvaise volonté qui ne l’honore pas. A tel point que, lorsqu’on dit que les joueurs français n’ont pas de conscience professionnelle, ce n’est rien par-rapport à Vandenbergh ». L’ambiance est délétère et Erwin se braque faisant ostensiblement la tronche à l’entraînement. L’affaire de son transfert avance malgré tout, Patrice Garande est sur le point de signer pour le remplacer, mais au final l’affaire capote (anglaise).
Au final, Erwin reste, mais il est totalement démotivé. Son talent reste, ce qui lui permet encore de se montrer décisif, mais la patate en moins ça change énormément de choses. Erwin est donc encore physiquement lillois mais il est mentalement très loin.
Prolongement
En 1990, après un an à la tête du Beerschot d’Anvers, Georges devient coach à Charleroi. Et Georges n’a pas oublié sa belle histoire avec Filip et Erwin terminée un an plus tôt. En décembre 1990, Georges n’hésite pas à tendre la main à Filip, en difficulté à Courtrai où il n’est plus désiré suite à une blessure tenace. Filip raconte : « Je suis rentré à Courtrai, en début de compétition, avec la ferme volonté de mettre les bouchées doubles. Mais au lieu d’être accueilli à bras ouverts, j’ai eu la désagréable sensation d’être tout juste toléré. Tant par l’entraîneur que par mon président. Les relations se sont peu à peu détériorées et à l’exception d’un match contre Ekeren, je n’ai jamais entamé la moindre rencontre ! »
En réalité, c’est la totalité de la doublette lilloise que Georges voulait reconstituer n’ayant pas manqué de solliciter Erwin pour le rejoindre au sein du club carolo. Sans succès. Bref, c’est à deux que Filip et Georges reprennent leur histoire avec une réussite mitigée : 10 matches et 1 but pour Filip qui mettra fin à sa carrière la saison suivante. Derniers soubresauts d’une belle histoire entre les deux hommes commencée cinq ans plus tôt.
Georges, de son côté, reste en contact avec le LOSC. En 2011, il serait d’ailleurs devenu responsable du recrutement en Belgique et aux Pays-Bas. On met le conditionnel, car tout ceci n’est pas très clair et que Georges lui-même ne dit pas exactement cela. Selon lui, c’est désormais son fils qui serait le « scout officiel » des Dogues et il ne serait, lui, que son chauffeur. On est preneurs de précisions si vous avez.
Souvenirs, souvenirs …
Et voilà. Cela fait maintenant plus de 25 ans que s’est terminée notre belle histoire d’amour avec ce trio belge. Et, comme on le sait les histoires d’amour finissent mal (en général).
Et ça n’a pas loupé. Et le temps passe et on se souvient avec nostalgie des bons moments qu’on a passés ensemble. En 2010, Georges évoquait ses souvenirs à la presse nordiste. « Il faut dire qu’on était toujours présent dans les grands rendez-vous. Mais on n’arrivait pas à gérer les petits. Sinon Lille aurait pu être plus rapidement parmi les cinq meilleures équipes de France. Lors de la dernière année, on rate l’Europe de peu, en dépit d’un dernier match gagné 8-0 contre Laval. Je m’en souviens comme si c’était hier. Des banderoles dans le stade demandaient à ce que je reste au club et que la présidence (Amyot-Dewailly) démissionne. Je remercie encore aujourd’hui le public pour son formidable soutien. »
Un peu amer lors de son départ, Filip n’évoque désormais que les bons souvenirs. Il rappelle souvent sa fierté d’avoir pu jouer aux côtés d’Erwin, une légende en Belgique notamment pour avoir marqué contre l’Argentine lors du match d’ouverture de la coupe du Monde 1982. De son passage lillois, Filip décrit de bons souvenirs. « Je n’en garde que du bon. Quand je suis arrivé, je ne parlais pas un mot de Français, j’étais un étranger, bien que voisin. J’ai appris à découvrir le club et je n’ai jamais rencontré de problèmes. Les gens ont toujours été très gentils et accueillants avec moi. » Même si, dans son discours, on sent aussi une pointe de déception par rapport aux résultats un poil décevants par rapport à l’équipe qu’il y a pu avoir. « Être sacré champion de France, on l’avait nous aussi rêvé dans les années 80, mais notre niveau était trop loin des équipes de tête. Pourtant, de grands joueurs sont passés sous ce maillot. Je pense à Lama, Angloma ou Abedi Pelé ». On ne le contredira pas : Lille avait alors une très belle équipe et le jeu dispensé était alors l’un des meilleurs de D1, mais des résultats un peu moins bons.
En 1987, Filip terminait meilleur passeur du championnat. Un quart de siècle plus tard, un autre Belge le rejoignait au palmarès : Eden (Hazard). Erwin, lui, a inscrit 51 buts sous le maillot lillois au total, dont 38 en première division. Depuis, aucun joueur n’a marqué autant en D1 avec nos couleurs, même si Eden, avec 36 buts inscrits, n’est pas loin de ce total.
L’ « histoire belge » du LOSC était et demeure belle. Et celle de beaucoup des auteurs de DBC aussi. On ne pouvait donc qu’en rappeler certains éléments saillants.
Le bonus chiffres chocs
0,79
La moyenne de « buts et passes décisives » d’Erwin en D1 sur l’année 1988. Aucun joueur en D1 n’atteint une telle moyenne. Même JPP et Hoddle sont derrière.
9
Le nombre de buts d’Erwin contre le RC Lens en 10 rencontres disputées. Il joue 2 rencontres de coupe d’Europe avec Anderlecht (1 but), 6 matches de D1 (4 buts), 1 match de coupe de la Ligue (3 buts) et 1 en tournoi de la CUDL (1 but).
10
C’est le nombre de rencontres au cours desquelles Filip et Erwin ont été alignés avec Abedi Pelé. Quand on y pense, dix petites rencontres où le LOSC bénéficiait alors d’un trio offensif des plus coquets, soit dix petites rencontres pour nous montrer ce qu’on aurait pu avoir mais qu’on a jamais eu à fond.
13
En cinq saisons sous la direction de Georges, le LOSC passe 13 tours en Coupe de France. Une demi-finale avec un groupe de jeunots en 1985, deux quarts-de-finale ensuite (en 1987 et 1988) et toujours au moins un tour de passé. Sous la direction de Georges, le LOSC a presque toujours été au rendez-vous de la Coupe. Avec une seule réserve : la coupe 1989, bien débutée par le LOSC (avec uen victoire à Strasbourg 3-0 puis une qualification contre Rouen après avoir assuré à l’aller, 4-0), mais terminée par une élimination évitable par Mulhouse (0-0, 3-2).
13
C’est aussi le nombre de jours entre le premier match d’Erwin avec les Dogues et son sixième but avec nos couleurs (5 en coupes de la Ligue, 1 en tournoi de la CUDL). Six buts en 13 jours et 4 rencontres ! Mazette ! Des débuts en fanfare …
21
Le nombre de passes décisives de Filip en D1 avec le LOSC entre 1986 et 1989. Sur cette période, seul Jean-Marc Ferreri fait mieux (22) en D1. Il est aussi à égalité avec son compère de la sélection belge, Frankie Vercauteren.
65
Le nombre total de buts cumulés d’Erwin et de Filip en D1. Pendant leurs trois saisons communes, le duo en inscrit 60, soit 20 par saison en D1, avec une forte régularité d’une saison sur l’autre : 21 en 1986-1987, 19 en 1987-1988 et 20 en 1988-1989.
1000 à 3000
Le nombre de supporters belges, selon Georges, qui traversaient la frontière pour voir jouer les Dogues pendant la période où le trio belge était constitué. On dit bien « selon Georges », parce qu’on a aucune idée de la manière dont il fait ce chiffrage. Notre hypothèse : Georges obligeait tous les supporters belges à se regrouper avant chaque match et il les comptait un par un.
-
C’est finalement Stefan Kovacs, ancien sélectionneur des Bleus qui vient coacher Monaco en 1986/1987 sans avoir vocation à rester. En 1987, c’est Arsène Wenger qui devient l’entraîneur monégasque, lui pour un bail plus long.
-
Bon, après, cette version n’est pas tout à fait celle qu’il donne ailleurs. Dans une autre interview, Georges raconte qu’il négocie l’arrivée de Filip dès février 1986 et que Erwin donne son accord bien plus tard.
-
Erwin marque alors 15 buts et fait 8 passes décisives en D1, ce qui en fait le deuxième buteur alors même qu’il rate 9 matches ! Cette année-là, il termine avec la meilleure moyenne de buts et passes décisives/match (0,79) de D1 devant Jean-Pierre Papin (0,70). Il marque également 2 fois et fait une passe décisive en coupe de France.
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