Posté le 28 octobre 2016 - par dbclosc
À la place du con, saison 2/2 : 1998/1999
Après l’échec de la montée la saison précédente, le LOSC entame ce nouvel exercice avec la même ambition : remonter en D1. Enfin délesté de ses problèmes financiers, le club effectue un recrutement alléchant. Cependant, le début de saison est catastrophique, conduisant le président Lecomte à se séparer de Thierry Froger. L’arrivée de Vahid Halilhodzic pose les bases d’un renouveau sportif considérable, mais toutefois pas suffisant pour remonter cette fois-ci. À la différence de buts, Lille termine de nouveau à la quatrième place.
Comme nous l’avons évoqué dans notre article sur la saison 1997/1998, premier épisode de notre saga intitulée « à la place du con », que les plus grands producteurs d’Hollywood nous envient, cette dernière a surtout permis de mener à terme l’opération d’assainissement financier entamé par Bernard Lecomte à son arrivée en 1993. Il est désormais temps d’utiliser les moyens du club pour se consacrer principalement à l’aspect sportif, avec le même objectif de remontée.
Bernard Lecomte avait donné 2 ans à Thierry Froger pour accéder à la D1 : autrement dit, pour le coach, c’est cette année ou jamais. À la veille de la reprise, Thierry Froger, s’exprimant dans la Voix des sports, semble avoir pointé nombre des problèmes qui ont touché l’effectif la saison précédente : « Je retire de l’échec de l’année dernière beaucoup de choses : il m’a surtout conforté dans mes convictions de travail et de solidarité. Je reste persuadé qu’en respectant ces deux valeurs, ce point qui nous a manqué, nous l’aurions eu depuis belle lurette (…) Je regrette de ne pas avoir réussi à faire comprendre à certains la nécessité de travailler tous les jours et d’accepter la concurrence (…) à partir du moment où tout le monde se met au travail chaque jour et a la volonté de bien faire son métier, la réussite se trouve souvent au bout (…) Ce groupe a deux visages. Il vit à peu près bien, mais peut se transformer à l’approche de la compétition, avec la pression » (supplément à la Voix des sports, 3 août 1998, page IV).
On l’avait en effet remarqué : le groupe a un problème qui dépasse le cadre sportif. Quand le même journal interroge Fabien Leclercq sur la fin de saison ratée (« Comment le LOSC en est arrivé là alors qu’il avait toutes les cartes en main ? »), il répond laconiquement : « trop de divergences… ». Révélateur du poids de l’échec de la saison précédente, même les nouveaux ont leur avis sur la question ; ainsi, Olivier Pickeu déclare : « quand vous avez 6 points d’avance si près du but et que vous échouez, le problème est forcément d’ordre psychologique. C’est une question d’état d’esprit. S’aimer permet de se transcender. C’est ce qui a dû manquer au groupe dans les matches capitaux… ».
Un recrutement impressionnant
Ce nouvel exercice se joue à vingt clubs : les joueurs soulignent que ça rendra le championnat « plus relevé ». Guingamp, Cannes, Châteauroux, Nice et Saint-Etienne apparaissent comme les concurrents les plus sérieux du LOSC. Quittent le club : Denis Abed, Cédric Anselin, Arnaud Duncker, Stephan Van Der Heyden, Anthony Garcia, Bojan Banjac, et Jean-Marie-Aubry, probablement le départ qui pose le plus question pour la nouvelle saison. Par ailleurs, son côté « grande gueule » pourrait manquer, à moins qu’il n’ait été considéré comme un problème, puisqu’il avait en effet eu une sérieuse incartade avec son coach ; sont en outre prêtés : Cédric Carrez à Nice, et Frédéric Machado à Valence (dans la Drôme). Cela n’empêche pas le LOSC de faire sa publicité dans la métropole lilloise avec un joueur qui est sans doute censé ne représenter personne en particulier, mais qui ressemble tout de même furieusement à Frédéric Machado.
Au rayon arrivées :
Mohammed Camara est prêté par le Havre. Arrière gauche, il a placement parfois douteux, mais sa rapidité, sa qualité de centre et sa frappe de balle sont des atouts majeurs pour la saison. Spécialiste du « je frappe comme un bourrin en espérant que ça soit dévié », il inscrit 2 buts et demi au cours de la saison (précisément, l’une des lourdes frappes lointaines a été déviée par et accordée à Cygan).
Adick Koot est un défenseur central néerlandais expérimenté. Venant de Cannes, il y a rencontré Pierre Dréossi quelques années auparavant. Après des premières discussions à l’issue d’un Lille-Cannes en D1 au printemps 1997, il reste d’abord dans le sud où il est entraîneur-joueur. Il rejoint finalement le LOSC un an plus tard, avec pour mission d’encadrer les jeunes du club. Son arrivée apporte quelque ambiguïté sur ce que cherche à faire le club : est-il une roue de secours en cas d’éviction de Froger ? Quand la Voix des sports interroge Froger sur ce sujet (« Avez-vous ressenti comme une menace l’arrivée d’Adick Koot ? »), l’entraîneur répond : « J’ai rencontré Adick plusieurs fois avant sa venue et si je n’avais pas voulu qu’il nous rejoigne, il ne serait pas là. J’ai toujours voulu travailler avec des gens compétents et il en est un. Il va nous apporter beaucoup. Il nous a manqué un homme comme lui la saison dernière, un relais capable de faire la cohésion. Maintenant, s’il redevient entraîneur, eh bien, je redeviendrai joueur ». Difficile de dire quelle image il a laissée. S’il nous est impossible de savoir quel a été son apport dans le vestiaire, sur le seul aspect sportif, on dira que ça a été très moyen, le point d’orgue de ses approximations ayant été atteint lors d’un match en fin de saison contre Amiens où il appuie mal sa passe en retrait, et permet à Desgeorges d’inscrire le but vainqueur. Un regret : ne pas avoir recruté Jean-Christophe Devaux dans la foulée, pour une défense centrale Koot-Devaux.
Olivier Pickeu est la recrue-phare de l’intersaison. Sollicité par des clubs de D1 (Rennes, Strasbourg, Lorient, Sochaux, et surtout Nancy), il reste sur 3 saisons à Amiens durant lesquelles il a inscrit successivement 16, 13 et 17 buts, des buts souvent spectaculaires. Et, surtout, c’est le retour d’un joueur formé au club, même s’il n’y a jamais joué. « « J’ai l’impression de revenir chez moi. J’ai commencé à jouer au football ici de 8 à 16 ans. Le LOSC, c’est mon club ! C’est une grande fierté pour moi de porter ce maillot ! ». Très symboliquement, il prend le n°9 de Samuel Lobé. En manque de confiance, puis dans un système qui ne lui convient pas, Olivier Pickeu inscrit 7 buts, un total décevant malgré sa grande activité devant.
Jean-Louis Valois remplace poste pour poste Stéphan Van Der Heyden. Plus rapide que le Belge, il est doté d’une bonne frappe et d’un pied gauche précis. Il vient de Gueugnon, où il a inscrit 11 buts lors de la saison précédente. Sa première saison à Lille est certainement la meilleure des 3. Il est l’un des rares à surnager durant les premières semaines, et se montre régulier et combatif toute la saison. Un total de 5 buts pour lui cette saison.
Frédérik Viseux est arrière droit. Il vient de Sochaux, qu’il a contribué à faire monter en D1. C’est par ailleurs un proche ami d’Olivier Pickeu, avec qui il a précédemment joué à Amiens. Longtemps blessé, il ne prend part qu’à 5 matches en fin de saison. Dommage, car les qualités de débordement, de centre et de tacle qu’il a montrées, notamment lors du match contre Sedan, montrent qu’il aura bien manqué à l’équipe. La saison suivante sera l’occasion pour lui de se montrer davantage et, surtout, de poursuivre sur sa lancée.
Grégory Wimbée vient remplacer Jean-Marie Aubry dans les buts. Longtemps en ballottage avec Bruno Valencony, il vient de Cannes, et est surtout connu pour être le premier gardien de but (et le seul, à ce moment là) à avoir marqué en championnat sur une action de jeu. C’était avec Nancy, contre Lens, avec Nadon dans le but. Grand et mince, il réalise des débuts malheureux en marquant contre son camp dès la première journée. Hormis un moment rigolo lors du match contre Gueugnon, où il détourne deux fois le même pénalty, sa première saison est sans relief particulier ; il est même souvent fébrile, et l’intermède Bruno Clément durant l’automne manque de l’écarter pour de bon. Par la suite, il réalise une extraordinaire progression.
Comme Djezon Boutoille, Samuel Lobé (même si on ne compte plus trop sur lui), Franck Renou et Laurent Peyrelade sont restés, les 6 attaquants Lillois (avec, donc Pickeu et Valois), représentent 64 buts sur la saison 1997/1998. De quoi être assez confiant… Les questions viennent principalement de la défense, largement renouvelée.
Thierry Froger fait en outre confiance à quelques jeunes : David Coulibaly et Alain Raguel ont pris part une bonne partie des matches amicaux : ils sont d’ailleurs titulaires pour la première journée. Dans les faits, ils ne s’imposeront jamais à Lille, et Coulibaly rejoindra même Froger à Châteauroux, où ni l’un ni l’autre ne s’impose davantage.
Comme la saison précédente, le LOSC a reporté le challenge Emile Olivier (le dernier à ce jour sous forme de tournoi), amputé de Lens : victoire 1-0 en finale contre Boulogne, en 2 fois 25 minutes. Comme quoi, Thierry Froger a aussi été, à son échelle, un winner.
Première composition de la saison : Patrick Collot, Grégory Wimbée, Jean-Louis Valois (à moitié endormi), Adick Koot, Gaël Sanz (qui fume un bon bédo)
Djezon Boutoille (facétieux, fait une blague à son voisin pour qu’il se retourne), Fabien Leclercq, Roger Hitoto, Alain Raguel, David Coulibaly, Olivier Pickeu
On se casse les dents d’emblée
Pas de chance : pour le premier match de la saison, Lille s’incline 1-2 : les jeunes Raguel et Coulibaly ne sont pas à leur aise ; Pickeu n’est pas servi dans de bonnes conditions ; seul Peyrelade, remplaçant au départ, parvient à égaliser ; mais dans sa lancée de la saison précédente, Lille est incapable de profiter de son élan et encaisse un deuxième but quelques minutes plus tard ; de surcroît, Grégory Wimbée se saisit mal d’un centre guingampais : le ballon rebondit sur son torse et finit dans le but. Le public réclame déjà le départ de Thierry Froger.
Deux 0-0 plus tard, Lille n’a toujours pas gagné et se traîne déjà en queue de classement. Thierry Froger se fait cracher dessus à l’issue de Lille-Caen. Lundi 24 août, avant l’entraînement de l’équipe, Thierry Froger reconnaît l’un de ses agresseurs et tente de parlementer. Manifestement toujours mécontent, le type lui assène un coup de poing dans la figure. Bilan : un hématome à la pommette et une dent en moins. Froger garde en outre une dent contre ceux – apparemment tous – qui n’ont pas réagi : « il y en a même un qui m’a dit que cela faisait partie des risques du métier. Cette attitude est encore plus grave que l’agression elle-même car elle prouve que pour certaines personnes il est normal de s’en prendre ainsi à un entraîneur. D’ailleurs, l’agresseur est resté sur place, il m’a donné son identité et a attendu la police calmement. Pour lui, c’était normal ».
En fin de semaine, le LOSC gagne enfin, à Wasquehal, grâce à un but d’Adick Koot.
Embellie très temporaire, puisque Lille perd de nouveau face à Cannes, à domicile (0-2) : cette fois, Thierry Froger est pris à partie durant le match. Outre le public, qui réclame sa démission, quelques supporters se rendent directement en tribune présidentielle et donnent des coups de pied sur le banc de touche.
La fin de l’ère Froger est entérinée quelques jours plus tard : Boutoille joue les gardiens de but sur la ligne, est expulsé, et Beauvais remporte le match sur ce pénalty de Bruno Roux (le père de Nolan). C’en est trop après cette nouvelle prestation insipide : Bernard Lecomte signifie à Thierry Froger la fin de leur collaboration. Lille est 17e, premier non-relégable. L’ambiance est bien terne : même Djezon Boutoille pense à rejoindre Calais.
Arrivée de Vahid Halilhodzic
La veille du match à Beauvais, Bernard Lecomte a convoqué Pierre Dréossi, en lui signifiant qu’en cas de défaite, il reprendrait l’équipe. C’est ensuite ce que le président indique aux joueurs, après leur défaite. Mais, dans le même temps, Jacques Vendroux, de France Inter, signale à Pierre Dréossi que Vahid Halilhodzic est au stade : ayant entraîné Beauvais quelques saisons auparavant, il est rentré la veille pour retrouver son épouse. Dréossi informe Lecomte, et celui-ci relate : « quand on m’a appris que Vahid Halilhodzic était présent, qu’il était au chômage, j’avoue que cela ne me disait pas grand chose ». Rendez-vous est pris pour le lendemain au domicile du président. Après quelques heures d’échange, Vahid dit banco, en dépit de conditions salariales qui ne le satisfont pas. C’est un peu le hasard, mais le LOSC tient là sa meilleure recrue depuis des années. Son arrivée à Lille ne fait pas l’unanimité : par exemple, un copain à moi disait que ça serait plus difficile de chanter « Halilhodzic démission » que « Froger démission ». Blague à part, cela reflète en partie la confiance que l’on projette désormais sur cette équipe.
Vahid Halilhodzic trouve une équipe démobilisée. Il explique qu’il a trouvé 3 clans : les jeunes, les vieux et les nouveaux. Le nouveau coach pose les bases d’une nouvelle relation de travail, basée sur une intransigeance sur le terrain, et une proximité en dehors. On le voit aux entraînements très interventionniste, interrompant les exercices, discutant plusieurs minutes avec un joueur… De plus, il instaure des règles comportementales censées rapprocher les joueurs : « on était obligés de se lever pour dire bonjour, et il fallait se regarder dans les yeux », se rappelle Christophe Landrin.
Pour son premier match, le LOSC affronte Le Mans, un match dont on a déjà parlé dans cet article, afin d’évoquer l’idée que s’y met déjà en place ce qui sera une constante des années Vahid : ce 19 septembre 1998, alors que le LOSC est mené 1-3 à domicile et qu’il se dirige vers, déjà, sa troisième défaite à Grimonprez de la saison, Vahid Halilhodzic fait entrer Laurent Peyrelade et Franck Renou à la 74e minute, aux places de Patrick Collot et de Samuel Lobé, et le LOSC se rue à l’attaque. À la 80e minute, Laurent Peyrelade trouve le poteau ; 2 minutes plus tard, il ramène le score à 2-3 ; à la 90e, Jean-Louis Valois égalise. Une fin de match à rebondissements, des joueurs qui se congratulent et un entraîneur le poing rageur grâce à son coaching gagnant : un scénario auquel se sont habitués les supporters lilllois entre 1998 et 2002.
Lille s’incline ensuite à Troyes, mais enchaîne par la suite 3 victoires consécutives. Olivier Pickeu marque enfin son premier but contre Nîmes (3-0). Le leader stéphanois vient toutefois interrompre cette belle série (1-2) : Samuel Lobé inscrit là son dernier but sous les couleurs du LOSC. Jusqu’à la trêve, le LOSC remonte doucement, avec seulement 2 défaites lors des 11 derniers matches de l’année civile, dont 7 avec Bruno Clément dans les buts, qui réalise de très bonnes performances. Cette période reste toutefois marquée par des points perdus bêtement : contre Ajaccio, où le LOSC domine largement et mène à la mi-temps avant de s’effondrer ensuite (1-3) ; contre Châteauroux, où l’équipe est remontée deux fois (2-2) ; ou contre Wasquehal, où le LOSC, ouvrant enfin le score à la 84e, laisse Oudjani égaliser à la 86e… À la trêve, Lille est quatrième avec 37 points, loin derrière Troyes (47) et Saint-Etienne (46), mais à seulement deux points de Gueugnon. Ce n’est pas encore le podium, Lille est en retard par rapport à la saison précédente, mais la dynamique est bonne et les progrès sont réels.
Repositionnements et éclosion de joueurs
Si le LOSC va mieux, c’est sans doute parce que les joueurs adhèrent aux principes de l’entraîneur (ont-ils le choix ?), mais aussi parce que Vahid remodèle quelque peu la structure de l’équipe. Jusque là principalement habitué aux matches avec l’équipe réserve, Pascal Cygan gagne ses galons de titulaire, dans l’axe, aux côtés d’Adick Koot. Parallèlement, Frédéric Dindeleux et Gaël Sanz sont progressivement poussés vers la sortie. Au milieu, Christophe Landrin quitte sa position de n°10 à laquelle Froger s’obstinait à le mettre sans grande réussite : il se met désormais un cran derrière et est bien plus performant. Vahid lance également Bruno Cheyrou, un grand gaucher technique rapidement buteur de la tête (à Amiens, puis à Sedan). Stéphane Noro a également droit a quelques apparitions.
Au cours de la saison, Coulibaly et Raguel apparaissent de moins en moins, de même que Senoussi et Hitoto : une ossature au milieu se forme, composée de Collot, Cheyrou, Tourenne et Landrin. Devant, Olivier Pickeu n’est pas à l’aise dans le système de jeu d’Halilhodzic : il sert parfois de remiseur mais n’a pas forcément les qualités physiques pour y parvenir : on ne peut en tout cas pas lui reprocher de ne pas se battre (la vidéo plus bas du match contre Amiens illustre plusieurs de ces situations, où Olive sert de point d’ancrage pour dévier vers Peyrelade) ; Peyrelade est donc promu « attaquant principal », et réalise une seconde partie de saison remarquable.
Quant à Samuel Lobé, il a disparu de la circulation : il est même transféré durant le mercato hivernal à Troyes. De son côté, le LOSC récupère un Brésilien : Carlos Alberto Lisoboa dit Nenem, dont on a parlé dans cet article.
Comme un air d’année dernière
L’année 1999 reprend correctement, avec une laborieuse victoire contre le Beauvais d’Assadourian (1-0), et un Cheyrou encore buteur. Jusque fin février, le LOSC alterne victoires à domicile et prestations indigentes à l’extérieur. Des victoires parfois prestigieuses (1-0 contre Troyes), et des défaites franchement surprenantes, au Mans (1-2), ou juste après la belle victoire contre Troyes (0-3 à Nîmes). Le LOSC alterne donc toujours le bon et le mauvais, comme un mauvais remake de la saison précédente. Dans la vidéo ci-dessous, la réaction de Vahid est éloquente : « certains se sont un petit peu enflammés, première division et tout ça… On peut rêver toujours ! ».
Après une victoire contre le Red Star, on a joué 28 journées, et le LOSC ne pointe qu’à la 6e place… Saint-Etienne est à 15 points, Troyes à 9, et Sedan à 3. Se sont intercalés : Châteauroux et Ajaccio. Mais Lille signe une importante victoire à Gueugnon (0-1), avant de tomber chez le leader, malgré une prestation correcte (2-3). Après 30 journées, Lille est à 6 points du podium.
C’est le sprint final : Lille bat Nice, grâce à deux superbes buts de Pickeu et Peyrelade. Puis défaite à Laval (0-1), sans rien montrer. Cette fois, ça paraît cuit, Lille est à 9 points de Sedan et 10 de Troyes : il ne reste que 6 journées. Lille reçoit un mal classé : Valence. L’accueil des DVE est particulièrement hostile, avec une pancarte : « 1945-1955 : nos héros – Années 1990 : des chèvres ». Valence mène à la mi-temps, mais Lille parvient à renverser la situation (2-1). Et, dans la foulée, victoire à Ajaccio (0-2) grâce à deux buts inscrits en fin de match. Victoire précieuse, car elle écarte définitivement Ajaccio, et parce qu’elle permet de revenir sur Troyes et Sedan, qui nous font aussi une « Lille 1998 », en se montrant incapables de garder leur avance.
Il reste 4 journées et Lille (55 points) est à 5 points de Troyes et Sedan (60). Après Gueugnon, c’est la deuxième victoire en peu de temps chez une équipe de la première partie de tableau. Et si, cette année, la dynamique de fin de saison était pour nous ?
Amiens de mes couilles
35e journée de D2 : Lille reçoit Amiens, premier non-relégable. Il fait beau, le public est confiant. Lille se crée de nombreuses occasions : mais entre ballon sauvé sur la ligne, arrêts du gardien, et but refusé pour hors-jeu, le score reste à 0-0. Jusqu’à la 82e: Peyrelade réalise une drôle de tête en retrait, mais le ballon arrive tranquillement sur Koot. Et là, c’est le drame : passe en retrait mal appuyée, Koot réalise une ouverture pour Emmanuel Desgorges ; cependant Wimbée est le premier sur le ballon, mais dégage dans l’attaquant amiénois, qui conclut dans le but vide. Quelques DVE envahissent immédiatement le terrain, le match est arrêté, puis reprend dans une lourde ambiance. Comme l’année précédente, Amiens s’impose 1-0, grâce à un but de son avant-centre chevelu, sur sa seule occasion. Dans un stade déserté, Vahid Halilhodzic reste longuement prostré sur le banc de touche. Il présente sa démission, que le président refuse, et se demande « si quelqu’un le fait exprès ». Des moments à revivre dans cette vidéo :
Alors, c’est cuit ? Cui-cui ? Et bien non, puisque Troyes et Sedan ont également perdu. À croire que cette troisième place est maudite : comme Lille et Sochaux en 1997/1998, aucune équipe ne parvient à s’y installer durablement ou sans être sous la menace du poursuivant. Il y a donc toujours 5 points d’écart, mais il ne reste que 3 matches.
3 victoires insuffisantes pour finir
L’espoir reste permis. Mais le déplacement à Châteauroux, 7e, s’avère délicat. Le LOSC arrache la victoire en fin de match grâce à un but de Laurent Peyrelade, bien servi par Pickeu. Sedan a gagné… mais Troyes a encore perdu, à Wasquehal (1-2). Il reste deux journées, et si Lille reste à 5 points de Sedan, il est désormais à 2 points de Troyes. Qui se présente à Grimonprez-Jooris ? Sedan… Ce match offre une superbe ambiance à Lille (et pas seulement parce que le club a fourni des espèces de faux maillots dégueulasses du style « marcel en sac à patates » rendant le stade rouge et blanc). Les Sedanais sont également venus en nombre. Et la prestation lilloise est remarquable : Sedan, l’équipe surprise de la deuxième partie de saison, ne se crée aucune occasion, tandis que les Lillois jouent bien. Ils sont logiquement récompensés à l’heure de jeu, avec un but de Bruno Cheyrou. Lille revient donc à deux points de Sedan… et revient à hauteur de Troyes, qui a concédé le nul à domicile contre Niort (pas de chance, les Troyens ont égalisé à la dernière minute sur un csc).
Mais la différence de buts est favorable aux Aubois : +15 contre + 8 pour nous. Cette victoire est l’occasion d’une grande fête : Vahid est porté en triomphe par le public qui a envahi le terrain. Enfin, l’équipe a montré un visage très séduisant, ce qui n’était arrivé que par à-coups durant la saison. Et surtout, les supporters sont à nouveau portés par l’espoir fou de retrouver la D1, ce qui était inespéré après la défaite contre Amiens.
« C’est magnifique. On a une moyenne d’âge extraordinaire ».
Tout se joue donc le 29 mai 1999. Sedan n’a besoin que d’un point, grâce à une différence de buts largement favorable. Concentrons-nous donc sur le duel entre Troyes et Lille. Troyes se rend à Cannes, 12e. Lille se rend à Guingamp, 7e. Lille joue bien et mène à la mi-temps grâce à un but de Peyrelade. Et comme, dans le même temps, le score est de 0-0 entre Cannes et Troyes, Lille est virtuellement en D1. Hélas, Troyes ouvre le score en début de seconde mi-temps, avant même que le match n’ait repris en Bretagne. Le buteur ? Samuel Lobé, encore Lillois 6 mois auparavant. On a évoqué cet épisode ici. Le deuxième but de Peyrelade, son 15e de la saison, est inutile. Carl Tourenne peut grimacer : Lille échoue une fois de plus au pied du podium. Dans la vidéo ci-dessous, Fabien Leclercq déclare qu’il n’a « jamais vécu une victoire aussi triste« . Halilhodzic, de son côté : « C’est la victoire la plus amère de ma carrière. L’équipe ne mérite pas ça. Nous avons réalisé une folle remontée et j’ai vécu quelque chose d’exceptionnel. Mais ce soir, je me sens minable puisque nous ne montons pas. C’était l’objectif à atteindre et j’ai échoué ».
Vahid Halilhodzic, Momo Camara, Rudi Giublesi,
et Jérôme Foulon, avec le maillot de Guingamp.
Encore raté, donc. Dans des conditions assez différentes de la saison précédente : cette fois, le LOSC n’a jamais été en position de monter, étant classé au mieux 4e. S’il a dilapidé son avance au printemps 1997, il a tenté de rattraper son retard un an plus tard, à l’issue d’une saison qui a marqué de nets progrès, probablement grâce à l’arrivée de Vahid Hailhodzic qui, avec des joueurs qu’il n’a pas choisis, est parvenu à gagner 13 places. Un groupe semble né : quelques joueurs paraissent voués à former une solide ossature pour la saison suivante (Viseux, Cygan, Landrin, Collot, Boutoille, Peyrelade). Par ailleurs, le dossier de la privatisation avance : mené par Bernard Roman, de la mairie de Lille, il désigne Luc Dayan et Francis Graille comme vainqueurs du contrat moral avec la ville, l’emportant sur un regroupement de PME réunies sous l’appellation « foot en Nord ». Le conseil municipal vend le club à la société SOCLE (à peu près l’anagramme de LOSC…), créée pour l’occasion. Les deux hommes d’affaires s’engagent à injecter 5 MF pour le recrutement, et s’engagent à assurer un budget de 60 MF en D2, puis 80 MF en D1. Avec Vahid comme entraîneur.
Les coupes
Pas grand chose de notable à signaler : qualification à Calais au 7e tour (2-1) ; victoire à Aubervilliers (3-0) au 8e tour ; en 32e, Lille bat Dives, à Caen (2-0), puis élimine Boulogne-sur-mer au tour suivant (2-1). En 1/8e de finale, Lille est éliminé à Guingamp (0-1). Fiorèse se rattrape en marquant après avoir lamentablement manqué un pénalty.
(Si le gif ne se lance pas automatiquement, cliquez dessus. Vous allez voir, ça vaut le coup)
En coupe de la Ligue, Lille est éliminé dès le premier tour, à Louhans-Cuiseaux. Voilà, voilà.
Pour découvrir nos bilans des autres saisons, vous pouvez suivre ces liens :
1992/1993 : La fin d’une époque
1993/1994 : Quand les supporters redécouvraient le spectacle (mais gardaient la défaite)
1994/1995 : Le laborieux 1-0 triomphant
1995-1996 : Le maintien et c’est tout
1996-1997 : Lille, une sacrée descente
1997-1998 : À la place du con, saison 1/2
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