Archiver pour novembre 2016
Posté le 30 novembre 2016 - par dbclosc
Pourquoi t’es fier d’être losciste. Sur cinq rencontres qui ont fait notre fierté
Le début de saison lillois est compliqué, on ne va pas se le cacher en dépit de notre tendance pathologique à nous voiler la face. Mais, n’en doutons pas, nous aurons très bientôt de nouvelles raisons d’être fiers. En attendant des jours meilleurs, tel François Hollande espérant qu’on oublie ses casseroles d’ici mai prochain, on te rappelle cinq matches passés du LOSC et autant de motifs de fierté. La liste n’est, évidemment, pas exhaustive.
Le 7 avril 1979 : Lille-Saint-Etienne 3-0
Le 7 avril 1979, après la victoire contre Saint-Étienne dans un Grimonprez-Jooris comble, t’es fier. T’es fier, parce que tu t’es senti invincible comme jamais. Fier de ton invincibilité parce qu’en face, c’était le grand Saint-Étienne et que le grand Saint-Étienne, il a super bien joué, mais rien ne pouvait t’atteindre ce soir-là. Parce que Olarevic, ce soir là, il fait trois passes décisives d’excellence. Parce que ton avant-centre, Pleimelding, il a deux occases et il marque 2 buts. Easy, le Ploum. Parce que Bergeroo était imbattable. Tellement imbattable, que quand l’arbite a sifflé péno contre nous, t’as eu juste un tout petit peu peur qu’ils marquent les Stéphanois, mais, dans le fond tu le savais qu’ils allaient rater.
Et si tu me crois pas que ça c’est passé comme ça, regarde ce long résumé de 10 minutes :
Alors, t’es fier, hein ?
Le 12 mars 1985 : Lille-Bordeaux 5-1 (ap)
Le 12 mars 1985, après la qualification de Lille en 16ème de finale de la coupe de France, t’es fier. Parce que avent ce match retour, il n’y avait pas grand monde qui pariait sur ton club, battu 3-1 à l’aller chez le grand Bordeaux. Et les Bordelais ne s’étaient pas gênés pour se foutre de nos gueules avant le match en comparant nos joueurs à des rugbymen. Et en plus, dès le début du match, ce sont les Bordelais qui ouvrent le score. Alors, quand Pascal Guion porte le score à 3-1 pour Lille et ouvrant la porte aux prolongations, t’étais content. Et quand Savic a porté la marque à 5-1 sur un centre de Pascal Plancque, t’es entré sur le terrain.
Parce que t’étais fier. Cette saison-là, le LOSC a atteint les demi-finales de la coupe de France.
Le 31 mai 1995 : Lille-Lens 3-1
Le 31 mai 1995, t’es fier. T’es fier, parce que cette victoire sur Lens 3-1, c’est un peu ta revanche. C’est ta revanche, parce que toute l’année, tes potes du collège qui supportaient Lens se foutaient de ta gueule parce que ton LOSC était assez loin des Lensois. T’es fier, et tu rigoles bien en pensant à eux, ces opportunistes qui habitent Lille mais supportent Lens depuis que le voisin est passé devant dans la hiérarchie régionale. T’es fier et tu rigoles en pensant que Frank Farina a mis deux buts alors que tes potes se sont foutus de sa gueule tout le temps parce qu’il ne marquait pas beaucoup.
Frank Farina, particulièrement à son avantage. On parle du match contre Lens
T’es fier, et tu ne manqueras pas de le faire remarquer à tes potes de collège lundi. Et t’as vraiment hâte de leur balancer ta fierté à la gueule.
Le 19 mai 2001 : Monaco-Lille 1-2
Le 19 mai 2001, après la victoire à Monaco, t’es fier. T’es fier, pas tant parce que t’as gagné sur le terrain d’une équipe du calibre de Monaco, même si c’est une super perf. Non, si t’es fier, c’est parce que tes Dogues, malgré leur statut de petit promu voué à jouer le maintien jusqu’au bout, viennent de se qualifier pour la prestigieuse Ligue des champions. T’es fier vu le scénario aussi. Ben oui, longtemps en course pour cette C1, le LOSC avait perdu cette place au profit de Bordeaux deux journées plus tôt. Et il la récupère à la dernière journée. Et c’est ta première qualification européenne. Et là, t’es fier.
Le 6 décembre 2006 : Milan AC-Lille 0-2
Le 6 décembre 2006, t’es fier. Parce que ce jour-là, tu te te disais que tu n’espérais pas grand chose quand ton équipe se déplaçait sur le terrain d’une équipe du calibre du Milan AC. Quand Peter Odemwingie a ouvert le score, t’étais tout fou, mais quand-même encore presque convaincu qu’on allait pas gagner. Quand Keita a mis le 2-0, c’était la folie, et la victoire à San Siro, ça commençait à prendre une tournure crédible. T’étais déjà vachement fier. Encore un peu fébrile, mais fier. Et vingt-cinq minutes plus tard, quand l’arbitre a sifflé la fin du match, officialisant la victoire du LOSC et la qualification en huitième de la C1, t’étais vachement, vachement fier.
Et la vidéo, avec commentaires en italien et musique pourrie. Ne nous remercie pas :
Bon, t’es à nouveau fier maintenant ?
Posté le 28 novembre 2016 - par dbclosc
Patrick Collot, formidable
Ce samedi 26 novembre 2016, Patrick Collot était sur le banc lillois en tant qu’entraîneur de l’équipe première du LOSC pour la deuxième fois, un peu plus d’un an après sa première, à Troyes, et dans les mêmes circonstances : assurer l’intérim après un mauvais début de saison. Habituellement discret, il répond présent en cette période troublée pour l’équipe et floue pour le club. Mais on n’en doutait pas : d’abord comme joueur, puis comme recruteur ou entraîneur des jeunes, voilà plus de 20 ans que Patrick Collot répond présent. Portrait d’un éminent losciste et d’un homme aux qualités morales unanimement saluées par ceux qui l’ont côtoyé.
Été 1995. Les supporters Lillois sont tristes : leur chouchou de l’aile droite, Eric Assadourian, s’en est allé. Pour le remplacer, le LOSC fait appel à Patrick Collot, ailier droit du FC Martigues. 21 ans après, il était difficile d’imaginer qu’il serait toujours dans le Nord, et qu’il a d’ores et déjà durablement inscrit son empreinte sur le club et dans le cœur des supporters.
Un gars du Sud
À DBC, on a souvent évoqué d’anciens joueurs en disant que c’étaient « des gars du coin ». Une fois n’est pas coutume, Patrick Collot n’est pas « un gars du coin »1 : il est né à Avignon, le 22 juin 1967. C’est donc logiquement sur ses terres natales que Patounet débute le football, à la MJC Avignon. Repéré par Toulon, il rejoint le club varois, qui évolue alors en première division, en 1987. C’est là qu’il dispute son premier match en D1, le 9 avril 1988, à Bordeaux, à l’occasion d’une cinglante défaite. La fiche France Football ci-dessous vous indiquera que, lors de ce match, Jean-Pierre Mottet gardait le but toulonnais, tandis que Dupraz sortait déjà ses couilles. On trouve aussi dans les rangs toulonnais un autre ancien Lillois : Bernard Pardo.
Au cours de cette première saison professionnelle, Patrick Collot prend part à 6 matches et inscrit déjà 2 buts. Durant les deux saisons suivantes, son temps de jeu augmente considérablement : entre 1988 et 1990, il dispute 55 rencontres de D1 et inscrit 6 buts, mettant notamment en avant ses qualités de rapidité.
La saison suivante, il est prêté en D2 : retour dans sa ville natale, au sein de l’Olympique Avignonnais. Il a notamment pour coéquipier Laurent Paganelli, qu’il avait déjà fréquenté à Toulon. L’actuel consultant de Canal + se rappelle : « c’était un super-coéquipier, un joueur avec beaucoup de qualités. Gentil mais avec du caractère. Il incarnait bien les valeurs du sport. C’est un gars qui vaut le coup, très attachant ». Si, lors de cette année 1990/1991, Patrick s’en tire bien à titre personnel (30 matches, 7 buts), la saison du club est complètement plombée par de lourds problèmes financiers, et Avignon est rétrogradé par la DNCG, au point de retrouver la DH Méditerranée en 1994. Patrick retrouve alors le Sporting Club de Toulon durant deux saisons. Mais l’affaire de « la caisse noire du Sporting Club Toulon » (une affaire de détournement d’argent au sein du club, et de transferts arrangés notamment avec l’OM) révèle les liens qui unissent certains clubs du sud au grand banditisme (ce qui conduira en 2002 à l’assassinat de François Vanverberghe, coéquipier de Pat’ à Toulon). Rolland Courbis, entraîneur de Toulon de 1986 à 1990, est reconnu comme l’instigateur de ce système et est condamné à une lourde amende et à de la prison avec sursis. Déjà sportivement rétrogradé en D2 – en dépit, encore, de chiffres honorables pour Patrick Collot : 26 matches, 5 buts –, le club est rétrogradé d’une division supplémentaire par la DNCG. Décidément, ce n’est pas de chance. Patrick rebondit alors dans un autre club du Sud, à Martigues. Casanier, Patrick ? Dans le Magazine du LOSC n°40, du 17 mai 1997, il reconnaît : « j’aurais sans doute pu mieux faire. Je ne suis pas parti assez vite du Sud où j’avais toutes mes attaches. J’ai toujours choisi la solution de facilité et de proximité. Depuis que je suis à Lille, je me suis épanoui et j’ai le sentiment que mes performances se sont améliorées J’ai peur de l’inconnu et m’éloigner n’était pas dans ma logique de vie. Aujourd’hui, je le regrette car je pense qu’une expérience de ce type aurait été intéressante ». D’abord remplaçant lors de sa première saison au FCM, il joue un rôle essentiel dans le maintien du club en fin de saison, en marquant notamment 5 fois lors de ses 7 derniers matches, dont 3 fois en sortant du banc. Logiquement, il débute alors l’exercice suivant en tant que titulaire. En deux saisons à Martigues, de 1993 à 1995, Patrick Collot joue 49 matches de D1 et inscrit 8 buts, dont celui ci-dessous, à Saint-Etienne (à 3’15).
On remarque une caractéristique de Pat’ quand il est buteur, qu’avait bien identifiée Paganelli, à propos d’un but marqué avec Toulon : « je revois son but contre Laval, avec Toulon. Une volée d’un autre monde. Derrière, il courait dans tous les sens ! On ne pouvait plus l’arrêter ! J’étais heureux comme si c’était moi qui avais marqué ». Paganelli évoque ici le 1er but en D1 de Collot, pour son deuxième match, lors de la 32e journée du championnat 1987/1988 : il n’avait alors que 38 minutes de D1 dans les jambes.
Vite adopté dans le Nord
En fin de contrat avec Martigues, Patrick Collot répond aux sollicitations du LOSC. Mais il arrive à reculons dans le Nord. En 2007, il avait confié à France Football avoir l’impression d’être parti vers « le froid et la grisaille ». L’influence de Courbis, probablement. Il reconnaît d’ailleurs que, davantage que l’attrait de la ville ou du challenge sportif, « c’est Thierry Rabat qui [l']a fait venir », lui qui avait déjà signé au LOSC quelques semaines auparavant, également en provenance de Martigues. C’est sans doute là la meilleure action de Thierry Rabat en faveur du LOSC.
Comme pour l’équipe entière, le début de saison est compliqué pour Patrick. Lille se traîne en fond de classement, et il faut attendre la 10e journée pour signer un premier succès. Patrick inscrit son premier but avec le LOSC quelques semaines plus tard, à Rennes, insuffisant pour éviter la défaite (1-3). Mais il s’affirme en milieu de terrain. Il joue un peu plus bas que ne jouait Eric Assadourian, et a une position plus centrale sur le terrain. Sa rapidité et sa qualité de passe en font un joueur fiable et régulier. Il se révèle notamment lors du match contre le leader messin (14e journée, 21 octobre 1995). Presque à lui seul, il déstabilise l’équipe adverse à chaque action : seule manque la réussite, et le match s’achève sur un 0-0.
Désormais titulaire indiscutable, il signe le but de la victoire à Guingamp (0-1) juste avant Noël, dans cette curieuse saison où Lille ne gagne à l’extérieur que chez les gros (bon, Guingamp n’est pas un « gros », mais c’est leur seule défaite à domicile cette saison là). Si l’équipe tourne globalement moins bien que la saison précédente, au moins le chouchou Assadourian a été remplacé, et ce n’était pas une mince affaire. Au cours d’une fin de saison haletante, Patrick Collot inscrit un but improbable au Parc des Princes, en dévissant un centre, ce qui contribue largement à maintenir le LOSC en D1.
Réservé, charmant… mais un peu sanguin aussi
Outre ses performances sportives, Patrick Collot fait l’unanimité autour de sa personnalité. On a déjà évoqué plus haut les souvenirs de L. Paganelli, par exemple. Lui-même, en interview, met en avant l’importance de sa famille, ou des relations humaines dans son métier. Ainsi, en septembre 1997, dans le magazine du LOSC n°42, il déclare : « je suis réservé (…) Je fais un métier extraordinaire mais qui comporte un aspect frustrant : la plupart des gens vous connaissent, mais vous vous ne les connaissez pas. On vous considère comme un joueur, comme un numéro au sein d’une équipe. Le côté humain de votre personnalité est complètement occulté. Difficile dans ces conditions de se faire des amis en dehors du milieu du foot. Tout ça fait qu’effectivement, j’ai parfois l’air un peu en retrait (…) Le football me prend beaucoup de temps et je passe le reste avec ma fille, Camille ». On garde en effet de Patrick, joueur, l’image d’un joueur calme, posé, et aimable avec les supporters. Certes, on dit ça de beaucoup d’ex-joueurs sur ce site. Mais c’est particulièrement le cas pour Collot, ne serait-ce que pour lancer un amical « bonjour » aux entraînements ou après les matches, à la fois aux enfants, qui le regardent de près, mais aussi aux parents, derrière, qui regardent tout cela d’un air bienveillant. Simple et les pieds sur terre, Patrick Collot a toujours été conscient de la brièveté d’une carrière de footballeur, et soucieux de son avenir après sa retraite sportive : « Mon avenir, c’est le gros point d’interrogation. Comme la plupart des professionnels, j’ai arrêté l’école assez tôt (BEP comptabilité) pour me consacrer entièrement au football. Alors je n’ai pas une vision précise de mes possibilités en dehors de ce sport. J’avais commencé un bilan de compétences l’année dernière mais j’ai dû tout arrêter pour faire face aux difficultés de fin de saison. Je vais sans doute reprendre ce cursus car cela me semble très utile. Les clubs devraient se soucier davantage de l’avenir de leurs joueurs, ce serait un plus indéniable pour les joueurs qui tentent l’aventure d’une carrière professionnelle (…) Les gens ici sont très attachants. On n’oublie pas un passage dans un club nordiste (…) Si mon avenir professionnel passe par Lille ou le Nord, cela ne me posera pas trop de problèmes. Je suis bien ici » (Le Magazine du LOSC, septembre 1997).
Patrick Collot est tellement sympa qu’il fait des dédicaces personnalisées, à son initiative. Cette photo, je l’ai eue des années dans mon portefeuille, si ça vous intéresse, chers lecteurs. Et puis, tant qu’on y est dans les anecdotes, sachez que j’ai gagné un maillot 95/96 floqué « 11″ grâce à lui, suite à une tombola à Gondecourt, où il était venu avec David Garcion pour le lancement de la section locale de supporters.
Sur le terrain, Patrick Collot a parfois donné le sentiment inverse : celui d’un joueur bagarreur, qui répondait facilement à la provocation. Lors de sa première saison, il récolte ainsi 7 cartons jaunes, ce qui fait tout de même beaucoup pour un milieu offensif. Et on se rappelle aussi quelques coups de sang mémorables, comme cette fois où il boxe Enzo Scifo avec un remarquable pif/paf crochet droit-poing gauche, alors que ça joue à 30 mètres de là, ce qui lui vaut une exclusion directe dès la 21e minute d’un très bizarre Lille-Monaco en janvier 1996. En février 1998, il est expulsé pour un deuxième jaune après un tacle dangereux sur un Lorientais ; enfin, en août 2001, il défonce Jean-Christophe Rouvière (la raclure), juste après l’ouverture du score de Montpellier à la 82e… Nouvelle exclusion, mais, heureusement, le Vahid time a fait le reste. Mais avouons que ce n’est pas ce qu’on retient de lui.
Là par exemple, ça n’a pas l’air d’être le grand amour entre Patoche et Moravcik
1996, la douleur et les sommets
Irréprochable sur le terrain, Patrick Collot est bien parti pour entamer la nouvelle saison 1996/1997 comme l’un des cadres du LOSC. Mais peu avant la reprise du championnat, son épouse décède suite à un accident à cheval. Patrick manque alors le début de championnat, et nul doute que l’attachement qu’on lui porte est aussi lié à ce drame, la pudeur avec laquelle il l’a évoqué, et la dignité avec laquelle il a repris son métier.
Il reprend la compétition en octobre, à Strasbourg, et retrouve progressivement une place de titulaire, au cours d’une première partie de saison remarquable. Le point d’orgue de cette saison a lieu le 6 novembre : le LOSC bat Lens 2-1 grâce à un doublé de Patrick Collot, de nouveau buteur un mois après son retour. Ce soir là, Lille est 4e. Outre l’immense joie sportive, l’émotion collective est grande pour le buteur du soir, ovationné par le public.
Sportivement, la suite de la saison est malheureusement catastrophique : on en a parlé ici. Patrick Collot parvient à scorer ensuite à Paris, sur un but tout aussi ridicule que celui de la saison précédente au Parc (1-3), puis contre Strasbourg, sur pénalty (2-4). Il est l’un des rares joueurs expérimentés de cette jeune équipe qui s’effondre, et ne peut éviter la relégation en deuxième division. À l’issue de cette triste saison, à la fois pour le joueur et pour l’homme, Patrick Collot pense aux supporters : « j’aimerais qu’ils se souviennent que nous nous sommes battus pour le maintien deux années de suite en 1996 et 1997 ».
Cadre de l’équipe en D2
En deuxième division, Patrick Collot fait désormais partie des anciens du club. Toujours titulaire, il est aussi bien souvent le capitaine de l’équipe. Dans des équipes parfois contestées et chahutées par le public, sa côte ne faiblit pas. Lors de la saison 1997-1998, il prend part à 33 rencontres et inscrit 5 buts ; puis 31 matches, sans marquer, en 98/99. À l’orée de la saison 1999/2000, il est l’un des rares survivants à entamer une troisième saison consécutive en D2 (avec Boutoille, Cygan, Landrin, Peyrelade et Tourenne). D’abord parce qu’il n’a jamais déçu ; ensuite parce que Vahid Halilhodzic, arrivé en septembre 1998, compte beaucoup sur lui : « J’étais un joueur moyen, en fin de carrière. Quand Vahid est arrivé, j’ai connu mes plus belles heures de professionnel. Au départ, on le jaugeait, mais on était dans une telle détresse sportive qu’on n’a pas eu d’autres choix que de foncer. Après, on le suivait les yeux fermés. Il a recrée l’état d’esprit qu’on avait perdu, sa grande force a été de nous donner confiance en nous »2. Si, pendant cette troisième saison en D2, Collot joue de moins en moins, ses prestations sont toujours remarquées : dès la 5e journée, il permet au LOSC d’ouvrir le score à Châteauroux (3-2), avant d’inscrire le seul but du match contre Louhans-Cuiseaux une semaine plus tard. Quand Collot entre en jeu, le public le célèbre ; et quand il marque, il continue de courir partout :
Il participe à 30 matches, dont 13 en tant que titulaire. Il fait face à la concurrence de Ted Agasson, de Djezon Boutoille, et observe l’émergence de Bruno Cheyrou. Mais son rôle est désormais aussi ailleurs : il est devenu le relais de l’entraîneur, et a un rôle fondamental dans le vestiaire. En quelque sorte, sa reconversion a déjà commencé.
Retour en D1
Mais pour le moment, Patrick Collot est encore footballeur professionnel. Le LOSC retrouve en 2000 la première division. À 33 ans, le temps de jeu de Pat’ est voué à diminuer. Mais il est aussi l’un des rares de l’effectif à avoir connu l’élite. L’heure de la retraite n’a pas encore sonné. Et il va le prouver très rapidement : après un nul encourageant contre Monaco lors de la première journée, où Patrick entre en jeu à la 81e, Lille se rend à Strasbourg, et mène déjà 2-0 après une heure de jeu. Il entre en jeu à la 76e et, sur son premier ballon, il se jette pour reprendre un centre d’Agasson côté droit, et le score passe à 0-3. 3 ans et demi après son dernier but en D1, contre ce même adversaire, Patrick Collot marque de nouveau à ce niveau, dans le même stade que celui où il avait repris la compétition en octobre 1996. Il semble ne pas en revenir lui-même : après tant d’épreuves personnelles et sportives, il permet à son équipe de mener 3-0 à l’extérieur. Mieux : face à une équipe complètement à la rue, il inscrit le 0-4 quelques minutes plus tard, sur un but similaire, et sous les vivas ironiques du public strasbourgeois.
Blessé durant quelques semaines, il ne réapparaît que le 29 novembre pour le match retour contre Strasbourg. Nul doute que cela lui a permis de savourer sa nouvelle paternité. Une semaine après ce retour, il inscrit contre Sedan le deuxième but lillois, son dernier en D1. C’est à réentendre avec le son de Fréquence Nord :
Et en vidéo :
Comme prévu, son temps de jeu diminue. Il prend part à 15 matches, dont 3 comme titulaire (avec 3 victoires à la clé : contre Saint-Etienne, à Lens, à Guingamp). Il est également présent dans la dernière ligne droite : entrées en jeu contre Marseille, à Toulouse, contre Bordeaux, à Auxerre, et enfin à Monaco, pour le bouquet final et la qualification en Ligue des Champions. Halilhodzic a fait d’une équipe mal classée de D2 une équipe européenne, en faisant de Collot un élément essentiel du terrain et du vestiaire. Le 9 avril 2001, dans un entretien à L’équipe, l’entraîneur évoquait le chemin parcouru et évoquait sa relation particulière avec son joueur : « Dans les vestiaires, aujourd’hui, les joueurs me chambrent. Quand on gagne, ils peuvent. Quand on perd, non. Pendant ma première saison, après une défaite, les joueurs ont commencé à rigoler. J’ai stoppé le bus. J’ai dit : « Je suis déçu. Si vous rigolez, vous sortez ! ». Le joueur qui ne déteste pas perdre ne peut pas avoir de résultat. La défaite est acceptable mais il ne faut jamais avoir de regrets. J’aime bien la relation humaine avec mes joueurs mais je ne fais pas de cadeaux. Si je dois en faire, c’est à Pat’ Collot. Et pourtant, je ne le fais pas jouer souvent ».
Une nouvelle carrière, toujours à Lille
2001-2002 est la dernière saison de Patrick Collot. Il participe à 5 matches de championnat, 2 de Ligue des Champions, et 1 d’UEFA. Pour insister sur la mentalité du joueur et de l’homme, relayons ici cette anecdote racontée par Stéphane Pauwels, quand Lille s’est déplacé à Manchester en septembre 2001 pour la première rencontre de poule de Ligue des Champions : « C’était son rêve de jouer contre Manchester United. Mais Vahid l’a mis 17e homme juste avant le match. Il a pleuré de chagrin, puis s’est redressé, est allé dans le vestiaire et a regardé les joueurs un par un en leur disant : ‘Écoutez moi bien, les gars. Ce maillot du LOSC, il représente quelque chose. S’il y en a un qui ne bouge pas ses couilles aujourd’hui, ça va faire mal.’ ».
Il prend sa retraite durant la trêve hivernale, en janvier 2002. Récemment, sur le site du LOSC, il faisait le bilan de ses années de joueur à Lille : « avec le LOSC, c’est un peu une histoire d’amour. Ici, j’ai tout connu. De grosses joies, comme la remontée en 2000, ou la qualification en Champions League l’année suivante. Mais aussi de vrais moments de tristesse avec cette descente en 1997. Au final, il en reste beaucoup d’émotions, ce qui a eu pour effet de créer un lien très fort entre le club, les supporters et moi ». Au total, toutes compétitions confondues, il a disputé 199 matches pour le LOSC, et inscrit 18 buts. Avec le soutien de Vahid Halilhodzic, il intègre la cellule de recrutement, avec Marcel Campagnac, au sein de laquelle il reste 4 ans, tout en assurant pendant les deux dernières années la formation des U15 et des U16, à l’arrivée de Claude Puel.
Par la suite, le 23 mai 2006, Claude Puel lui propose de devenir son adjoint, après le départ de Laurent Roussey vers Saint-Etienne : « le club avait réfléchi à l’idée d’intégrer une personne du club au sein du staff. Claude a accepté de me former à ce nouveau métier. Débutait alors une nouvelle aventure ».
Fidélité à Puel…
Le tandem Puel/Collot fonctionne deux ans sur le banc lillois. À l’issue de la saison 2007/2008, Claude Puel signe à Lyon. À sa demande, Patrick Collot l’accompagne, toujours en tant qu’entraîneur adjoint. Puel ne tarit pas d’éloges au sujet de son adjoint : « « j’apprécie l’homme, sa droiture, son honnêteté intellectuelle. On peut compter sur lui en toute circonstance, notamment dans les moments difficiles, comme maintenant. Il est franc, fidèle en amitié et pas du tout calculateur ». Patounet se rappelle cette période : « un nouveau cycle sportif s’ouvrait au LOSC, différent de celui de Vahid Halilhodzic. Après deux belles saisons lilloises, Claude Puel m’a proposé de venir l’épauler à l’OL. J’ai vu ce projet comme une valorisation de notre travail, avec la possibilité de connaître la Champions League chaque année. Cela a duré trois ans. Trois saisons intéressantes à Lyon ».
Malheureusement, l’histoire avec l’OL termine en eau de boudin : Patrick Collot, tout comme Claude Puel, est licencié en juin 2011 pour « faute grave ». Au-delà de la qualification juridique, qui colle assez mal avec l’image que l’on se fait de Pat’ Collot et de Claude Puel, le président Aulas cherchait davantage à se débarrasser de son entraîneur. D’ailleurs, quelques temps après, la décision a été jugée abusive, et Patrick a récupéré 500 000 € en mai 2013, somme qui couvre les salaires et primes dues ainsi que les dommages et intérêts pour préjudice personnel, professionnel et moral.
… Mais surtout au LOSC
Après 2 ans de chômage, Patrick Collot revient au LOSC en janvier 2013, au même poste que celui qu’il avait occupé en 2002, dans la cellule de recrutement : « nous avons eu avec ma femme, envie de remonter dans le Nord. C’est ici qu’on s’est rencontrés, que nous avons nos amis. Les contacts avec le LOSC n’ont pas tardé à se matérialiser, si bien que je suis revenu au club en janvier 2013. Un vrai plaisir de retrouver la maison lilloise ». En août 2014, il retrouve un poste d’adjoint, au Royal Mouscron Peruwelz, qui à l’époque est partenaire du LOSC. Il y retrouve un autre fidèle de la maison lilloise, Rachid Chihab, qu’il a connu lorsqu’ils travaillaient chez les jeunes. À son retour, il reprend encore un poste qu’il a déjà occupé : entraîneur-adjoint, cette fois d’Hervé Renard. Suite à son licenciement le 11 novembre 2015, il prend en charge, par intérim, l’équipe première lors d’un déplacement à Troyes (1-1), avant de devenir l’adjoint du nouvel entraîneur, Frédéric Antonetti.
Quasiment un an plus tard, après l’éviction d’Antonetti, Patrick Collot a entamé un nouvel intérim à la tête du LOSC, en dirigeant l’équipe à Nantes. Quel sera son avenir au sein du club, au moment où celui-ci se restructure et tente d’attirer des « grands » noms ?
A DBC, et nul doute que cet avis est partagé par nombre de supporters du LOSC, on espère que le club saura trouver une place de choix à celui qui n’a jamais déçu, qui a fait preuve de sa compétence, a montré sa gentillesse, et a toujours su répondre présent, même quand on l’appelle pour le rôle peu valorisant de pompier de service. Et sans considération pour les chemises qu’il porte.
FC Notes :
1 Du coin de Lille hein. Parce qu’on est toujours du coin de quelque part, si on y réfléchit bien.
2 Coach Vahid : une vie comme un roman, Laurent Jaoui et Lionel Rosso, 2006, Sport et récréations.
Posté le 20 novembre 2016 - par dbclosc
Les Dogues, terroristes des Parisiens (1981-1990). Merci Mitterrand !
La saison 1980/1981 est sur le point de s’achever. Les riches menacent de quitter le pays. Non, pas en raison des résultats du championnat de foot. C’est plutôt l’élection de Mitterrand (deux « t », deux « r ») qui leur fait peur, parce que, vois-tu, pour eux, Mitterrand et Staline c’est à peu près la même chose. Mais bon, d’ailleurs, ce petit refrain de Staline et du départ – quand on ne nous parle pas de « fuite des cerveaux », ce qui est assez cocasse sachant qui menace de partir – les riches nous le ressortent à chaque fois qu’ils entendent un discours qui tend à remettre en question leurs privilèges.
Bref, les riches ont peur. Il y a pourtant des raisons d’avoir peur avec l’élection de Mitterrand, mais pas celles qu’ils redoutent. Ce qui devait faire peur, c’est que Mitterrand va alors laisser faire les terroristes lillois qui, neuf ans durant, ont terrorisé les Parisiens. En foot, hein.
Le Paris SG, le club qui monte
A l’origine, la création du PSG a pour objectif de permettre à la capitale d’avoir un grand club. Le PSG fait progressivement son trou au cours des années 1980. Avec un titre de champion (en 1986) et deux coupes de France remportées (1982 et 1983) plus de nombreuses places d’honneur, le PSG devient indubitablement l’un des « gros » de l’élite française.
En parallèle, le LOSC se stabilise dans l’élite nationale et réalise quelques beaux parcours en coupe de France. Ceci étant, Lille est alors un club clairement en-dessous du PSG ; entre 1981 et 1990, le LOSC ne termine qu’une fois devant les Parisiens au classement.
En 1981, le LOSC recrute ces quatre terroristes anti-parisiens
Lille présent dans les grands rendez-vous, mais absent au quotidien : le syndrome du dragueur
Le dragueur, il est toujours présent pour pécho. Par contre, une fois qu’il a pécho, il s’en fout un peu : sa finalité, c’est de pécho. Le LOSC des année 1980, c’est un peu ça, plutôt médiocre au quotidien, mais capable de nous séduire par d’incroyables rencontres contre les élites françaises, comme quand il élimine Bordeaux en coupe en 1985 après une victoire incroyable (5-1) ou quand il inflige la défaite à l’OM lors de chacun de ses déplacements des saisons 1988 à 1991.
La famille Plancque, bourreau des Bordelais en 1985
C’est aussi l’équipe qui met la misère au voisin lensois à Bollaert en 1985/1986 (4-1) ou la saison suivante (3-1). Mais aussi l’équipe qui perd chez lui contre Niort, futur relégué (0-1) ou se fait sortir par la D3 caennaise en coupe de France. Bref, un LOSC qui nous sort le grand jeu pour nous pécho, qu’on trouve bien égocentrique au quotidien, mais que finalement, on arrive pas à faire autrement que le kiffer.
Les Dogues terreur du Parc des Princes
Bref, revenons à nos moutons. L’arrivée de Mitterrand autorise de nouvelles effrayantes manières de manifester allant, parfois, jusqu’au terrorisme. Pendant neuf ans, le « gang des Lillois » terrorisera le Paris SG sans que Mitterrand n’intervienne. Bravo la Gauche laxiste !
Eric Péan au marquage de Safet Susic
Rappelons-le, le LOSC de l’époque n’était pas très à l’aise à l’extérieur. En dehors de ses déplacements sur le terrain du PSG, les Dogues ne remportent que 16 matches en 162 déplacements, soit moins d’un sur 10. Paris a beau être un cador, les valeureux Lillois obtiennent des résultats plus que coquets en terre parisienne, avec un bilan de 4 victoires, 1 nul et 4 défaites.
Parmi les glorieux succès, on pense bien sûr en premier lieu à cette victoire au Parc un soir d’octobre 1984. Le jeune Patrick Rey connaît la deuxième titularisation de sa carrière et disputera un match de feu contribuant largement à mettre à terre le Paris de Safet Susic d’un doublé accompagné d’une passe décisive pour une victoire spectaculaire (5-4) : après deux minutes de jeu, ça faisait déjà 1-1. Et Bernard Bureau, on reparlera de lui, marque également un doublé ce soir là.
Moins de quatre ans plus, le 12 septembre 1987, les Lillois l’emportent à nouveau au Parc. Sous la direction d’un étincelant Erwin Vandenbergh, la défense parisienne est mise au supplice, et a déjà cédé à trois reprises au bout de 34 minutes de jeu, grâce à un but de Desmet (11è) et à un doublé de Vandenbergh (25è, 34è). La réduction du score sur un péno de Calderon (89è) relève de l’anecdote (« ah ! Tiens ! J’ai une bonne anecdote : Calderon a réduit le score sur péno à la 89è ! »).
Grimonprez-Jooris, terre de torture pour Parisiens
Bref, au Parc, le LOSC avait pris la fâcheuse habitude d’être toujours présent, lui qui galérait d’ordinaire en déplacement. A domicile, les Dogues étaient nettement plus efficaces puisqu’ils remportèrent 94 de leurs 171 matches chez eux, soit 55 %. Ceci étant, chez lui, le LOSC avait quand-même une cible préférée. Oui, ce sont eux : les « Parisiens ».
Neuf rencontres disputées à Grimonprez entre Lille et Paris entre 1981 et 1990, neuf victoires pour les Dogues, 15 buts inscrits et seulement 3 encaissés. S’il ne fallait en garder qu’une – même si en fait on les garde toutes – on retiendrait très probablement celle de 1985/1986. Cette saison-là, alors que Lille et Paris étaient sur le point de terminer le match à 1 à 1, une panne d’éclairage (Merci Mitterrand!) mis fin précocement à la rencontre. Le match est alors à rejouer !
Mais quand, un soir de janvier frisquet (normal c’est janvier), nos chouchous affrontent Paris, on n’est pourtant pas confiants confiants. Si tu veux savoir pourquoi, regarde le classement avant l’match :
Et pourtant, l’improbable arrivera. A un quart d’heure de la fin, un coup-franc brossé de Pascal Plancque arrive sur Bureau qui catapulte le ballon de la tête au fond des filets d’un Bats impuissant (à arrêter le tir, hein). Six minutes plus tard, le même Bureau part en contre, élimine deux défenseurs et fusille Bats (d’un tir, hein) qui fait mouche. 2-0 ! Le leader invaincu est toujours leader mais vachement moins invaincu !
Paris, à terre. Logique en même temps contre Lille tant ce fût une tradition folklorique lilloise du XXème siècle.
Posté le 15 novembre 2016 - par dbclosc
Longue vie au Roi des Belges. Trajectoire et carrière d’Eden Hazard
Dans le cadre de notre « dossier belge », on t’a déjà parlé de notre histoire d’amour avec Georges Heylens, Filip Desmet et Erwin Vandenbergh ainsi que de notre Belgian connection depuis un siècle. Troisième volet, on va te parler aujourd’hui d’un ancien du LOSC, un p’tit jeune pas très connu mais qui, à nos yeux de grands spécialistes dénichant les pépites là où les autres sont aveugles à leurs talents, a eu une influence considérable sur le jeu de nos chers Dogues. Retiens bien ce nom, peu t’en parleront, il s’agit d’Eden Hazard. S’il est si méconnu, c’est aussi et surtout en raison d’un quiproquo : lorsque l’on interrogeait ses entraîneurs suite à une victoire, ceux-ci déclaraient souvent que « la victoire ne doit rien au hasard », les gens, mésinterprétant ces propos pensant alors à tort qu’Hazard avait été très mauvais.
En matière de jeux de mots, nous nous arrêterons là : Eden a suffisamment subi en la matière. On a bien essayé d’en faire quelques uns, mais à chaque tentative nous vomissions, dégoûtés qu’on était de notre propre médiocrité.
Une famille de footeux
Eden, c’est le fils de Thierry Hazard. Rassure-toi, pas celui-là.
Non, non, plutôt celui-là (celui de droite, hein, en dessous duquel il est marqué « Thierry Hazard »).
Et, plus généralement, Eden vient d’une famille de footeux plutôt que de musicos. Sa mère était elle même footballeuse en première division belge et ses petits frères Kylian et Thorgan sont depuis devenus footballeurs professionnels. Et Ethan, le petit dernier, on ne l’a jamais vu jouer, mais on soupçonne qu’il ne soit pas une brêle totale en foot. C’est vrai qu’on a pas de preuve absolue, mais t’avoueras que le contraire serait sacrément surprenant.
2007/2008 : Au Nord, c’était Eden (1)
Alors qu’il s’entraîne avec les professionnels depuis quelques semaines, Eden profite de la trêve internationale d’octobre 2007 pour faire ses débuts à l’occasion d’un match amical contre Bruges. Le LOSC s’impose 3-0, trois buts inscrits dans les cinq dernières minutes. Si les deux premiers sont inscrits par Nicolas Fauvergue, le troisième est l’œuvre d’Eden, qui pique son ballon devant le gardien après avoir dribblé quelques compatriotes. Puel est satisfait et le reprend quelques semaines plus tard pour un déplacement à Nancy. Il y fait ses débuts en Ligue 1 en rentrant à 15mn du terme, ne pouvant empêcher la défaite 2-0. Eden fera 3 autres apparitions dans la saison (Metz, Sochaux, Paris), se contentant de quelques minutes à chaque fois.
Lancer un joueur de 16 ans peut souvent paraître précoce. Néanmoins, Jean-Michel Vandamme justifie la décision du club, dans un reportage de 2010 : « Ça ne servait plus à rien de le laisser avec les jeunes du centre de formation, parce qu’il voyait plus vite, parce qu’il agissait plus vite. Il faisait des trucs qui ne correspondaient pas au niveau des autres. Donc là, on allait perdre notre temps. Donc on a pris le risque de le balancer chez les pros, ce que j’ai trouvé un peu audacieux, mais on n’avait plus le choix ! »
Les débuts d’Eden sont donc extrêmement précoces (16 ans et 10 mois), signe évident de son grand talent pour ceux qui ne l’auraient pas compris en le voyant jouer. Ceci étant, méfiance : les autres talents du LOSC qui ont débuté avant leurs 17 ans étaient tous extrêmement prometteurs mais n’ont pas atteint les sommets qui leurs étaient promis : Pascal Plancque (qui débute à 16 ans et 11 mois) ne se remet jamais de la blessure subie à Auxerre à 24 ans. Oumar Dieng (pas encore 16 ans et 10 mois) et Joël Henry (16 ans et 4 mois) feront également d’honnêtes carrières mais nettement en-dessous de ce qu’on en attendait.
La suite de la carrière d’Eden Hazard sera très différente …
2008/2009 : quand Eden s’installe en équipe première
Avec l’arrivée de Rudi Garcia, Eden en profite pour apparaître de nouveau sur les feuilles de match. Il est toutefois, dans un premier temps, utilisé avec parcimonie. Ainsi, lors de la première journée à Nancy, Pierre-Alain Frau (ailier sur ce match) se blesse gravement après une demi-heure de jeu. En l’absence d’Obraniak, on pouvait s’attendre à une entrée d’Eden. Garcia lui préfère Larsen Touré, ce qui est assez amusant à lire huit ans plus tard. Il restera sur le banc jusqu’à la 5ème journée, lorsqu’il entre pour une demi-heure à Sochaux. La semaine suivante, Rudi lui donne vingt minutes. Le LOSC est tenu en échec par Auxerre 1-1. Pire, à la 80’, Auxerre prend l’avantage. Mais sur un corner mal repoussé à la 88’, Eden contrôle de la semelle et frappe dans le petit filet, inscrivant son tout premier but en Ligue 1. Dans la foulée, De Melo donnera la victoire.
Conflit avec son coiffeur ? Admiration envers Tony Vairelles ? Même pour nos meilleurs chercheurs cette coiffure reste un mystère
Dès lors, Eden rentre régulièrement en jeu et obtient mi-novembre sa première titularisation face à Saint-Etienne. Un fort joli but et 70mn plus tard, il sort sous l’ovation du Stadium. Le consultant en bord de terrain (Florian Genton) s’empresse de le retrouver sur le banc de touche et ne résiste pas à l’idée de demander à un gamin de 17 ans qui a 200mn de Ligue 1 dans les jambes s’il pense à partir : « un dernier mot sur votre avenir Eden, parce qu’on sait que vous êtes supervisé. Plusieurs clubs s’intéressent à vous. Vous faîtes un gros début de saison, votre avenir dans un premier temps, c’est Lille pour commencer ? ». Connard.
Eden continue son apprentissage et gratte quelques titularisations en Ligue 1 (Auxerre, Le Mans, Sochaux) ou en Coupe (Sainte-Geneviève-des-Bois, Dunkerque). Mais c’est le 4 mars 2009 qu’il va se montrer aux yeux du grand public. Lille reçoit Lyon en 1/8 de finale de Coupe de France, devant les caméras de France Télévisions et les commentaires de Xavier Gravelaine. Lille s’impose 3-2 et élimine le champion de France en titre. Eden inscrit un but et offre deux passes décisives.
Lors du tour suivant, Lille se déplace à Toulouse. Ce qui nous intéresse n’est pas l’élimination, ni la Panenka réussie par Eden lors de la séance de tirs au but (couillu, quand même). Ce jour-là, Lille termine à neuf, après les expulsions d’Obraniak et de Cabaye. Récemment, Ludovic expliquait que cette expulsion avait été un tournant dans sa carrière, puisqu’elle a permis à Eden de prendre son envol et de piquer la place de titulaire de son coéquipier : « là où il arrive à prendre sa chance et à se lancer, c’est une erreur de ma part. […] Derrière, la donne elle change, et ma carrière change aussi puisque je ne suis plus titulaire indiscutable ».
Titulaire lors de neuf des dix derniers matchs, Eden s’impose dans le 11, ce qui poussera Obraniak à demander un départ, refusé. Il décroche également son premier trophée individuel, en étant élu meilleur espoir lors des trophées UNFP.
2009/2010 : Eden s’affirme
A 18 ans, Eden part comme titulaire au sein d’une équipe ambitieuse. Le talent d’Eden, tout le monde le voit, même ma grand-mère qui n’y connaît pourtant footrement rien en foute et qui, de surcroît, a quelques problèmes de vue en raison de son grand âge. Pourtant, son début de saison est compliqué. En cause, un problème que rencontrent très souvent les grands talents, celui du manque d’efficacité. On l’a peut-être oublié, mais même un gars comme Cristiano Ronaldo, avant d’enchaîner les buts, était un jeune talent pas très efficace.
Bref, après 14 journées, Eden n’a pas marqué le moindre de but ni effectué la moindre passe décisive en L1 même s’il a déjà inscrit 3 buts après 8 rencontres d’Europa League. Eden retrouve le banc contre Valenciennes au profit d’Obraniak. Force est de constater que le LOSC s’en tire très bien sans son petit prodige puisqu’il cartonne son voisin (4-0). Fort logiquement, l’équipe est reconduite lors du sommet contre Lyon. Cette fois, c’est plus compliqué puisque Lyon mène 3 buts à 2 quand Eden entre en jeu à 25 minutes du terme malgré un jeu offensif et alléchant de la part des Dogues. Eden fait alors une entrée en jeu magnifique et soyeuse, et, alors qu’on est dans le temps additionnel, il jaillit dans les pieds d’un défenseur lyonnais, récupère la balle sur la gauche du rectangle et offre le but de la victoire à Gervinho (4-3).
Eden retrouvera alors sa place dans le onze, contribuant largement à la magnifique orgie offensive du LOSC. Lille enchaîne contre St-Etienne (4-0), à Monaco (4-0), contre Le Mans (3-0), à Nancy (4-0), contre Rennes (3-1 en coupe de la Ligue) puis contre le PSG (3-1), dernière victoire d’une série de huit succès consécutifs avec 29 buts inscrits, dont 18 de suite sans en encaisser un seul. Eden y contribue activement, marquant 3 fois et effectuant 4 passes décisives. Le bref retour d’Haard sur le banc semble l’avoir aidé à se montrer décisif.
Le LOSC est alors loué pour son jeu, certains le désignant audacieusement comme le « Barça du Nord », et Eden n’y est pas pour rien. Ça se finira malheureusement mal, Lille échouant à se qualifier en Ligue des champions suite à une ultime défaite à Lorient (2-1). Eden est pour sa part désigné meilleur espoir de L1.
2010/2011 : Hazard, leader du champion de France à 20 ans
En début de saison 2010/2011, Eden n’a encore que 19 ans mais déjà deux titres de meilleur espoir du championnat de France de L1. Ca n’est pas vraiment nouveau, mais il est un joueur très convoité. A l’intersaison, les Turcs de Fenerbahce tentent de le recruter proposant 12 millions d’euros. Même sans avoir d’infos précises à ce propos, on pense pouvoir affirmer sans grand risque d’être démenti que la réaction de Michel Seydoux à cette proposition fût un grand éclat de rire.
A l’instar de ses coéquipiers, Eden souffre pourtant en ce début de saison, se montrant globalement assez peu décisif au point d’enchaîner trois matches de suite sur le banc des remplaçants lillois. Seulement 1 but et 1 passe décisive en championnat après 11 journées, Eden reprend des couleurs et accompagne les Dogues dans leur montée en puissance pour ne pas dire qu’il y joue un rôle primordial. Fin novembre, il réalise notamment une prestation de grande classe contre l’AS Monaco, signant au passage deux passes décisives qui ne constituent qu’un indice bien maigre de l’exceptionnelle qualité de son match.
Le LOSC prend alors la tête du championnat et se met à rêver au titre. Contre Marseille, pour un match que nombre d’observateurs considèrent comme la finale avant l’heure du championnat – ce qui est étrange puisqu’il n’y a pas de finale dans ce championnat – Eden Hazard est l’auteur du but de l’ouverture du score et contribue activement à mettre l’OM au supplice. Si Marseille égalisera contre le cours du jeu, nous faisant craindre un match nul décevant au regard du niveau affiché ce soir-là, Pierre-Alain Frau inscrira le but décisif.
Au-delà de ces quelques exemples, Eden affiche des progrès considérables notamment en termes d’efficacité, inscrivant 8 buts et réalisant 7 passes décisives toutes compétitions confondues au cours de la deuxième partie de saison. Le LOSC remporte alors son premier titre de champion depuis 1954, sa première coupe depuis 1955, et Eden Hazard est l’indiscutable leader de cette très belle équipe.
« Hé, t’as une crotte de nez »
2011/2012 : Eden passe un palier, et on parle pas de celui de sa maison
S’il y a bien une chose dont personne n’a jamais douté à propos d’Eden Hazard, c’est de son talent. Pour autant, soulignons combien on parle souvent de « talent » sans jamais vraiment se donner la peine de le définir ce qui tend à faire de la notion une coquille vide ou un terme fourre-tout dépourvu de sens. On repère toutefois quelques constances dans les cas de figure de joueurs désignés comme « talentueux » : à défaut d’être systématiquement les plus efficaces, ces joueurs se distinguent par le fait qu’ils disposent d’une habileté rare dans un domaine particulier. Ce qui fait alors le talent, c’est la rareté dans la maîtrise spécifique d’une technique (2).
Parmi les joueurs ainsi qualifiés de talentueux au LOSC, on peut dire que Karasi, Pelé et Hazard se sont distingués. De leurs pieds (3) pouvait naître l’inattendu. Pour autant, au-delà des incroyables fulgurances dont Eden pouvait être l’auteur, on a aussi longtemps pu regretter une efficacité relativement modeste à l’échelle de son talent. On dit bien « à l’échelle de son talent », car peu de joueurs de L1 pouvaient revendiquer une telle influence sur les performances offensives de leur équipe. L’année du titre, Eden est ainsi l’auteur de 7 buts et 10 passes décisives, des scores plus qu’honorables, mais pas encore à la hauteur d’un candidat aux places d’honneur à l’élection du Ballon d’Or.
A nos yeux, c’est pour sa dernière saison au LOSC qu’Eden franchit ce palier. Il réalise une fin de saison particulièrement éblouissante, inscrivant 9 buts et offrant 8 passes décisives lors des 11 dernières journées. Ce qui avait changé avec cet Eden-là, c’est qu’il avait énormément progressé dans sa capacité à ne pas faire le geste de trop tout en ayant conservé une excellente vision de jeu. On se souvient du match gagné à Dijon (2-0).
http://www.dailymotion.com/video/xqaiw3
Un but et une passe décisive, il est improbable qu’Eden aurait eu les mêmes stats sur un tel match un an plus tôt. C’est surtout sur sa passe décisive qu’on voit à la fois le talent qu’on a toujours connu chez Eden associé à ses nouveaux progrès : comment fait-il pour ne pas trop en faire et voir Mavuba qui arrive ? Et, taquins, on ajoutera même : et comment a-t-il fait pour savoir que Rio n’allait pas la mettre à côté cette fois-ci ?
Eden avec Chelsea
A l’été 2012, Eden est transféré à Chelsea pour un somme de 40 millions d’euros qui nous paraît coquette au regard du temps qu’il nous faudrait pour la gagner (4) mais qui paraît presque une bonne affaire en comparaison des prix actuellement pratiqués sur le marché des transferts. On a presque du mal à croire qu’Hazard n’a alors que 21 ans tant cela fait longtemps qu’il nous éblouit.
Il y a peu, le site en ligne de Lequipe nous gratifiait d’un article intitulé « Docteur Eden et Mister Hazard » décrivant l’expérience londonienne du joueur comme un parcours erratique fait de hauts et de bas. Or, derrière la thèse défendue, on se demande un peu si les journalistes n’en font pas un peu trop, découvrant simplement qu’Eden est un être humain, aussi capable de « coups de sang » comme ça peut arriver à toi et moi.
Certes, on ne dit pas que le parcours d’Eden fût complètement linéaire, mais il faut bien reconnaître que les bas connus par Hazard se résument à un vrai passage à vide en 2015/2016 et par quelques faits qui relèvent davantage de l’anecdote que du bas. Certes, en janvier 2013, il est en plein centre d’une polémique sur le fait qu’il aurait « tapé dans un ramasseur de balle » de Swansea, lequel coquinou refusait de céder le ballon à Eden pour gagner du temps. Présentation largement trompeuse, d’ailleurs, puisque si Eden donne bien un coup de pied, son intention est clairement d’attraper le ballon que le petit jeune lui refuse. Certes, il a eu parfois des tensions avec son entraîneur, mais personnellement ça me gonflerait un peu qu’on fasse des tonnes dans la presse des tensions que je peux connaître avec ma meuf ou un pote.
Sinon, le parcours anglais d’Eden, c’est plutôt du rêve. Ses débuts sont tonitruants et il y a plutôt consensus pour louer les incroyables qualités du joueur. Hazard apparaît ainsi comme un joueur rare, capable de faire tout seul la différence. Certains vont d’ailleurs très vite le présenter comme l’un des tout meilleurs du monde au côté de Christian Ronald et de Messi. Eden est évidemment élu meilleur jeune de Premier League en 2014 et meilleur joueur tout court l’année suivante. Après son passage à vide de 2015/2016, Eden revient fort la saison suivante, scorant déjà à 7 reprises en 11 matches de Premier League à ce jour et, surtout, avec un paquet d’actions vraiment pas dégueulasses à son actif.
Derrière ce tableau flatteur, certains voient en Eden un défaut qui, à nos yeux, est une énorme qualité : Hazard n’est pas un pur compétiteur mais avant tout un « joueur », ce qui, au-delà de la question du « niveau » des joueurs le distingue largement des deux « meilleurs joueurs du Monde » précédemment cités. Il est moins une machine à stats que ses deux collègues de la Liga et le plaisir de tâter le ballon relève pour lui d’une importance considérable. Ce qui ne l’empêche pas, à seulement 25 ans, d’avoir déjà cumulé 128 buts et 112 passes décisives en pro.
Eden et le Ballon d’Or
Le 13 janvier 2014, tombaient les résultats du Ballon d’Or 2013. On s’y attendait, mais c’est maintenant officiel, Eden Hazard a bénéficié de ses premiers votes qui lui ont permis de finir à la 22ème place du classement. Complot contre le LOSC oblige, Eden ne pouvait bien sûr pas bénéficier de votes pour le ballon d’or l’année précédente, puisqu’il avait passé la moitié de l’année sous nos couleurs. Alors, dans ce contexte, cette 22ème place, c’est un peu la nôtre aussi.
L’année suivante, Eden progresse d’une place, terminant à la 21ème place et, pour 2015, il finit pour la première fois dans le top 10 de la prestigieuse récompense, terminant à la 8ème place.
Alors, entre nous, Eden méritait bien un top 10 dans sa carrière. On s’étonne pour notre part que ça soit justement en 2015 qu’Eden remporte cette récompense alors même que ses six derniers mois de l’année sont probablement les moins bons de sa carrière depuis sa dernière année en U17 (c’est à dire quand il avait 12-13 ans).
Enfin … quand on dit qu’on « s’étonne », ça n’est pas tout à fait vrai. En effet, l’élection du Ballon d’Or a pris la fâcheuse habitude de récompenser quelques exploits, voire, pire, quelques titres, au-delà des performances globales du joueur sur l’année. Or, ici, c’est vraisemblablement en raison de son titre de meilleur joueur de Premier League pour la saison 2014/2015 qui explique qu’il soit monté aussi haut dans le classement du Ballon d’Or. Et pourtant, si son début d’année 2015 fût de très haut niveau, ce fût aussi le cas de l’ensemble de l’année 2014. Autrement dit, autant sa 21ème place de 2014 ne nous paraît pas chère payée, autant sa 8ème de 2015 nous apparaît grossièrement surpayée.
Il n’empêche, Eden Hazard demeure à ce jour le seul joueur ayant porté le maillot du LOSC a avoir figuré à trois reprises dans le classement du Ballon d’Or. Avant eux, parmi les Lillois, seuls Erwin Vandenbergh (11è en 1980 et en 1983), Patrick Kluivert (5è en 1995 et 16è en 2000) et Kenneth Andersson (24è en 1994) avaient réussi cette performance ne serait-ce qu’une fois. Des quatre, seul Andersson y est parvenu une année où il portait nos couleurs (et encore, pendant six mois). Bientôt, Dimitri Payet devrait les rejoindre dans la petite famille des Anciens Dogues classés au Ballon d’Or.
Avec les Diables Rouges
Quelques jours après sa première titularisation en Ligue 1, Eden découvre les joies de la sélection nationale, à tout juste 17 ans et 10 mois, sans passer par la case Espoirs. L’opposition n’est pas très relevée (le Luxembourg) mais la Belgique a encore dans son effectif des joueurs très moyens et à tout jamais liés aux terribles années 2000 de la sélection. Lors de ce match, on trouve ainsi Stein Huysegems titulaire en attaque, un type qui a vécu l’apogée de sa carrière (du moins, ce qui devait l’être vu son âge) en Nouvelle-Zélande. Score final, 1-1, avec un but de Kevin Mirallas. Eden monte à 20mn du terme et se procure tout seul une grosse occasion. Il entre en jeu à trois autres reprises en 2008/2009.
http://www.dailymotion.com/video/x7gqs0
En fin de saison, il accepte de redescendre en U19 à l’occasion du Tour Elite. La Belgique doit terminer 1ère de son groupe de 4 pour se qualifier pour le championnat d’Europe. Eden inscrit le seul but du premier match, face à l’Irlande. Deux jours plus tard, les Diables écrasent la Suède 5-0. Eden est décisif trois fois (1 but, 2 assists). Malgré ce sans-faute, la Belgique doit obligatoirement gagner son dernier match face à la Suisse, leader grâce à une meilleure différence de buts. Malgré un nouveau but sur penalty, Eden et ses coéquipiers n’obtiennent qu’un nul et termine 2èmes.
Il connaît ses premières titularisations en 2009/2010. Il est aussi décisif, puisqu’il délivre 5 passes décisives en 9 matchs. Néanmoins, il manque d’ouvrir son compteur but en échouant sur penalty face à la Bulgarie en tout début de match. Il se rattrape en offrant le but égalisateur à la 89’. La Belgique s’imposera finalement 2-1 dans ce match amical.
Ses performances commencent néanmoins à être critiquées : à 19 ans, Eden doit commencer à être aussi performant en club qu’en sélection. Mais que faire dans une équipe entraînée par Georges Leekens, où les talents sont encore trop bruts et les joueurs expérimentés trop nuls ? Pas grand-chose. La Belgique dit probablement adieu à l’Euro 2012 lors de cette saison 2010/2011, même s’il reste 3 matchs. Leekens met d’ailleurs une énorme pression sur le néo-champion de France à l’occasion du tout dernier match de la saison, à domicile contre la Turquie. La Belgique est 2ème (et donc virtuellement barragiste) avec un point d’avance sur les Turcs. Après cette confrontation, il restera toutefois à ces derniers un match de plus à disputer. La Belgique serait donc bien inspirée de gagner et Eden d’être performant. Le match se termine sur un nul 1-1, avec en prime un pénalty manqué par Axel Witsel dans le dernier quart d’heure. A l’heure de jeu, Eden est remplacé et file directement aux vestiaires sans serrer la main du sélectionneur, sous l’ovation du public. On le retrouve quelques minutes plus tard à l’extérieur du stade en train de manger un hamburger, avant de retourner s’asseoir sur le banc pour la fin du match. En conférence de presse, Leekens dédramatise et pardonne une « erreur de jeunesse ». Il finira par changer d’avis : Eden sera puni lors d’un match amical en Slovénie. Ça c’est d’la sanction. Il est amusant de remarquer que Leekens avait déjà essayé de « pousser à bout » Enzo Scifo dans les années 90 lors de son premier passage en tant que sélectionneur. Leekens aime couper toutes les têtes qui dépassent pour paraître le seul maître à bord.
La saison 2011/2012 ne sera pas spécialement plus évidente : la Belgique rate effectivement l’Euro 2012. Plus que le nul face à la Turquie, on retiendra plus facilement les points perdus à domicile contre l’Autriche ou à l’extérieur en Azerbaïdjan. Tout n’est pourtant pas à jeter : il inscrit –enfin- ses deux premiers buts, contre l’Azerbaïdjan et contre le Monténégro. Cerise sur le paquebot en mai 2012 : Georges Leekens quitte son poste de sélectionneur. Marc Wilmots prend l’intérim et Eden se montre lors d’un match à Wembley, quelques jours avant de signer à Chelsea, présentant en avant-première ses futurs exploits au public anglais. Malgré la défaite, la performance est en net progrès.
Alors que tous les voyants semblent au vert, Eden va pourtant se faire voler la vedette. En effet, Eden est tellement dangereux qu’il est régulièrement marqué par 2 voire 3 joueurs et n’arrive pas à se défaire du marquage. De Bruyne en profite pour se mettre en valeur et devient l’homme des qualifications à la Coupe du Monde 2014. Eden n’est toutefois pas excusable de tout : sa pichenette ratée (à 2’12) en Serbie alors que la Belgique ne mène que 0-1 ne plaît pas à Wilmots, qui le remplace immédiatement. La Belgique s’impose 0-3 et Eden débute sur le banc le match suivant, contre l’Écosse. La Belgique n’arrive pas à faire la différence, obligeant Eden à rentrer à la mi-temps. Les Diables s’imposent 2-0, avec une passe décisive pour notre héros. Il marque lors des trois matchs suivants.
2013/2014 est une saison compliquée pour les Diables Rouges. L’effet post-Leekens est retombé et le jeu ne progresse pas. La qualification pour la Coupe du Monde est acquise, mais les matchs amicaux face à des équipes de meilleur niveau (Colombie, Japon, Côte d’Ivoire) ne sont pas concluants. En plus de ça, Eden est surutilisé en club : de décembre 2013 jusqu’à sa blessure début avril 2014 contre Paris en Ligue des Champions, il joue en moyenne 120mn par semaine. Le rythme est insoutenable. Wilmots le place d’ailleurs sur le banc lors d’un match amical pour qu’il puisse souffler. Exténué en fin de saison, il vit une Coupe du Monde compliquée, malgré deux passes décisives lors de ses deux premiers matchs. Sa saison se termine sur un remplacement dès la 75’ en ¼ de finale contre l’Argentine, alors que la Belgique est menée 1-0. Un choix rarissime qui montre le niveau de fatigue d’Eden sur cette compétition.
C’est à partir de l’automne 2014 qu’Eden commence à bien trouver ses marques. Son influence est grandissante et sa justesse est précieuse. Néanmoins, ses statistiques sont toujours plutôt décevantes (2 buts, 1 passe décisive) et il n’échappe pas aux critiques injustes. Paradoxalement, c’est lors de sa pire saison en club que ses statistiques s’amélioreront nettement en sélection. Il marque ainsi lors de quatre matchs consécutifs officiels. Puis, lors de la préparation à l’Euro 2016, il prend le jeu à son compte contre la Norvège et renverse le match à lui tout seul (3-2) alors que la Belgique était incapable d’imposer un jeu très pauvre. Blessé en début d’année 2016, Eden reconnaît qu’après l’élimination de Chelsea de la Ligue des Champions, il a pris son temps pour revenir en forme et être à son meilleur niveau lors de l’Euro. C’est réussi : si la prestation collective ne restera pas dans les annales, Eden est de loin le meilleur joueur de l’équipe et enchaîne les prestations de très haut niveau, que ce soit dans un style sobre (contre l’Italie) ou dans un style plus spectaculaire (contre la Hongrie). Avec quatre passes décisives, il est élu meilleur passeur du tournoi.
Depuis juillet 2016, Roberto Martinez est le nouveau sélectionneur. Il a amené avec lui un nouveau système de jeu, un 3-4-2-1 qui permet à Eden d’avoir un rôle très libre sans lui confier la seule responsabilité du jeu. Antonio Conte semble avoir un schéma similaire avec Chelsea, avec succès pour le moment. Très à l’aise dans ce système, Hazard régale et n’a jamais semblé si épanoui avec les Diables.
Souvent critiqué, Eden n’a donc que rarement été réellement mis de côté par les différents sélectionneurs. En 77 sélections, il a débuté 63 fois. Sur ses 14 entrées en jeu, 8 l’ont été avant ses 20 ans, c’est-à-dire à un âge où il n’avait probablement pas la capacité physique de jouer si souvent. Deux fois, il a commencé sur le banc parce que la Belgique était déjà qualifiée (contre le Pays de Galles lors de la dernière journée de qualifications à la Coupe du Monde, contre la Corée lors de la Coupe du Monde). Deux autres fois, il l’a été pour cause de fatigue (contre la Serbie après une blessure, contre la Côte d’Ivoire en amical). Il reste donc une entrée en jeu contre l’Azerbaïdjan en mars 2011 et ce match contre l’Ecosse qui est, avec sa suspension d’un match dans l’affaire du hamburger, sa seule mise à l’écart pour raisons sportives.
Avec 17 buts et 20 passes décisives (dont respectivement 9 et 7 depuis septembre 2015), Eden semble enfin lancé en sélection.
Alors, Eden est-il le « joueur idéal » aux yeux des rédacteurs de Drogue, Bière & Complot contre le LOSC ? Peut-être pas tout à fait, précisément parce que Hazard a trop de facilités, là où on aime les fêlures et les trajectoires cabossées. N’en déplaise aux journalistes de Lequipe, le parcours d’Eden se caractérise bien davantage par son aspect rectiligne que seule sa précédente saison vient contredire. Alors, certes, il donne parfois l’impression qu’il pourrait en donner encore un peu plus. Mais qu’il ne cède pas envers et contre tout aux sirènes de la « performance à tout prix », c’est plutôt quelque chose qui a jalonné l’ensemble de son parcours et qui n’est pas fait pour nous déplaire (5).
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Mix entre « Au Nord c’était les corons » et « à l’est d’Eden »
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A ce titre, un joueur comme Prieto n’est pas nécessairement celui qui serait jugé le plus talentueux. Doté d’un haut niveau de maîtrise dans différents domaines, il dépassait les autres parce qu’il était un joueur extrêmement complet davantage que par une excellence toute particulière dans un domaine.
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Ou de leurs mains, comme quand Karasi tenta d’étrangler Parizon en plein match. Ceci étant, il ne semble pas que ce soit ce genre d’acte qui explique qu’on parle de talent à propos de Karasi. Même si cela contribue indéniablement à son souvenir.
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Un individu gagnant le salaire médian français mettrait ainsi 25.806 mois (soit 2150 ans et six mois) pour gagner une telle somme. Et encore, à supposer qu’il ne dépense rien pendant ce laps de temps ce qui apparaît improbable. Dit autrement, si on veut pouvoir se payer Eden, faudra qu’on soit plusieurs à se cotiser.
- On tient quand-même à vous dire qu’on a vachement galéré pour le titre. Vous avez notamment échappé à « Zlatan de mes couilles, Hazard tac-tac dans la lucarne inch’allah »
Posté le 8 novembre 2016 - par dbclosc
L’esprit famille à l’ère du foot business ? Sur les anciens joueurs du LOSC aujourd’hui dans l’organigramme.
Il y a peu de temps, France Football publiait un article sur le fait que Lyon se serait « fait le champion du retour d’ex-joueurs du club dans son organigramme ou son staff » avec 19 anciens. Dans ce classement, le LOSC fait plus qu’honorable figure puisqu’il figure à la troisième place, avec 12 anciens joueurs aujourd’hui au club. Mieux, si en nombre, l’OL dépasse le LOSC, notre club de cœur se distingue par le fait que ses anciens joueurs encore dans l’organigramme ne sont pas toujours des anciennes stars. A Lyon, on revendique l’esprit famille mais, attention, un esprit famille réservé aux vedettes. Faut pas déconner quand-même.
Ne soyons pas naïfs, même notre LOSC a grandement cédé en « esprit famille » à l’ère du foot bizness, mais gargarisons-nous quand-même un peu du fait qu’aucun club en France ne laisse autant de place à ses plus anonymes anciens, de Jean-Claude Vandaele à Christophe Demougeot.
Ici, on ne te présente pas tous ces douze joueurs. On ne te parle que de ceux qui ont joué moins de 10 matches en D1 française : Emmanuel Coquelet, Jean-Claude Vandaele, Christophe Demougeot et Jean-Michel Vandamme. Et pourtant, malgré ce handicap, ils n’ont pas été oubliés …
Emmanuel « schtroumpf » Coquelet
En 1997, le LOSC recrute Emmanuel Coquelet qui a cartonné avec l’équipe réserve de Valenciennes. Pas le genre de CV qui nous fait espérer qu’il nous claque 15 buts en D2, mais assez de talent pour être un bon réserviste et, sait-on jamais, mieux que ça. A Lille, Emmanuel ne jouera qu’une seule rencontre de coupe de France et s’en ira à Amiens la saison suivante. Jusqu’à son départ pour la Belgique en 2003, Emmanuel disputera 27 rencontres de D2, autant dire qu’il n’aura pas particulièrement marqué le foot français.
En revanche, il connaît une fin de carrière a minima sympathique. En 2003, il rejoint donc Virton où il devient un bon buteur de D2 belge. A 30 ans, il découvre même l’élite belge avec Roulers (12 matches, 2 buts) puis avec Mons (2 rencontres en 2006/2007). Avant-dernier pari pour Emmanuel, il rejoint Dudelange dans le championnat luxembourgeois en 2007. Et avec succès puisqu’il termine meilleur buteur du championnat lors de sa première saison et fait même ses débuts européens à 32 ans ! En 2009, ultime soubresaut dans la riche carrière de Manu Coquelet, il signe à Ath, en D3 belge, où il reste trois ans.
Proposition : en son hommage, on propose d’inventer un nouveau schtroumpf, le schtroumpf Coquelet.
Jean-Claude Vandaele
Qui se souvient de la carrière de Jean-Claude Vandaele au LOSC ? Et pourtant, Jean-Claude est un ancien du club pouvant même se targuer d’avoir joué en équipe première. Assez peu, il est vrai, puisque Jean-Claude dispute en tout et pour tout 5 rencontres avec le LOSC, 3 en D1, une en Coupe Charles Drago et une en barrage pour le maintien Dans l’élite.
Désormais entraîneur chez les jeunes, le Journal officiel du District Flandres de Football nous rappelle dans son numéro du 12 mars 2012 que « tous les footballeurs et éducateurs régionaux » l’appellent Nano (« affectueusement » est-il précisé). L’information est importante car s’ils l’appellent tous ainsi c’est qu’ils le connaissent tous, ce qui n’allait pas de soi.
Rassurons enfin nos supporters qui, ne se souvenant pas de la carrière lillois de Jean-Claude, pensent souffrir de problèmes de mémoire, il y a une excuse à cela, car son dernier match commence sacrément à dater : c’était le 11 juin 1966, lors d’une défaite à Strasbourg (4-1).
Christophe Demougeot
Réserviste au LOSC au début des années 1990, Christophe Demougeot n’a jamais percé en professionnel à la différence de certains de ses copains de promo comme Fred Dindeleux et Antoine Sibierski. Il n’empêche, Christophe est resté très lié au LOSC et est devenu recruteur chez nous.
De Christophe, on ne trouve que peu d’infos sur le net. On entend ainsi davantage parler de son personnage de recruteur dans le jeu Football Manager – lequel est, sache-le, peu coté – que de sa propre carrière. On apprend aussi que Christophe Demougeot est président du Moto Club des Esteys, mais c’est vraisemblablement un homonyme.
Mais on apprend quand-même des choses un peu plus précises. Ainsi, en 2013, il est à l’origine de l’arrivée de Maki Tall au LOSC. Ce dernier n’a pas percé mais, qui sait, il sera peut-être recruteur pour Lille dans vingt ans.
Jean-Michel Vandamme
Certains affirment que Jean-Michel Vandamme a joué un nombre incalculable de rencontres avec la réserve du LOSC. C’est faux, ce nombre est tout à fait calculable. Et si on ne s’est pas donné la peine de le calculer, on connaît suffisamment bien les habitués de la réserve pour avancer, sans trop de risques de se tromper, que c’est lui qui a le record en la matière. Un fidèle le Jean-Miche !
Avec Jean-Miche Vandamme, peut-être la plus belle incarnation du LOSC
En revanche, il y a une chose sur laquelle tout le monde est d’accord, le nombre de rencontres de Jean-Michel avec l’équipe première est tout à fait calculable et même assez aisément : 9 en D1, 5 en D2, 1 en coupe, pour un total de 661 minutes de jeu.
Pas beaucoup, et pourtant, ses débuts précoces en équipe première (à 17 ans) laissaient attendre une carrière plus fournie. Mais là n’est pas le plus important : le plus important c’est que, depuis, Jean-Michel n’a quasiment plus jamais quitté le LOSC encadrant les jeunes comme joueur jusqu’en 1985, puis devenant ensuite l’adjoint de Georges Heylens pendant quatre ans. Cherchons quand-même la merde : de 1989 à 1992, il est entraîneur adjoint à Lens. Une erreur de jeunesse qu’on lui pardonne aisément.
Enfin, soulignons une bonne nouvelle : alors que Jean-Michel Vandamme était présent en même temps que Jean-Claude Vandaele au club (même si ce dernier n’était plus joueur), ils n’ont pas fusionné, ce qui aurait risqué de donner un improbable Jean-Claude Vandamme.
D’autres joueurs auraient également pu faire partie de cette liste. On pense par exemple à Stéphane Adam qui fût avant tout un bon joueur de D2 et qui n’a jamais joué en équipe première avec les Dogues, ou encore à Michel Titeca qui a certes brillé en D2 avec Rouen et qu’on n’a pas oublié au LOSC malgré une carrière rapidement achevée puisqu’il est parti à seulement 20 ans avec 20 rencontres de D1 disputées sous nos couleurs.
Les autres aussi on aurait pu les évoquer, mais ils ont trop visiblement marqué l’histoire du LOSC, à l’image de Stéphane Pichot, de Greg Wimbée ou de Pat Collot.
Posté le 4 novembre 2016 - par dbclosc
Jocelyn Angloma. Des Abymes aux sommets
J’avais fini mon article, oui, mais, voilà : je n’avais pas de titre. C’est pas un titre« Jocelyn Angloma ». Et puis, d’un coup, l’illumination. Jocelyn Angloma est né en Guadeloupe (le 7 août 1965) aux Abymes. Comme les abîmes. Et sa carrière a atteint des sommets.
Trop fort. J’avais mon titre.
Bref.
A l’aube de la saison 1987/1988, le LOSC fait venir un jeune milieu offensif provenant de Rennes et pas encore âgé de 22 ans. Les commentaires sont élogieux sur ce joueur même si certains émettent quelques doutes le jugeant encore insuffisamment efficace. Il faut cependant aussi insister sur ses énormes progrès, lui qui ne jouait encore que dans l’équipe C du Stade Rennais lors de son arrivée de l’Etoile Morne-à-L’eau en 1985 pour rapidement gravir les échelons jusqu’à l’équipe première en quelques mois. Il se dit aussi qu’il a encore une belle marge de progression, Pierre Mosca le considérant comme le « nouveau Tigana ». Plus tard, Nanard Tapie le décrira comme le « nouveau Rijkaard ». Au moins, tout le monde est d’accord pour souligner son côté nouveau.
A Lille, il réalise une entrée en matière idéale, étant à l’origine du premier but lillois signé Philippe Périlleux puis marquant lui-même le deuxième cinq minutes plus tard pour une victoire finale 3-0 contre le FC Nantes. Sa première saison est tout à fait honorable malgré une baisse de régime en cours de saison. En parallèle, Jocelyn s’installe au sein de l’équipe de France Espoirs qui remportera le championnat d’Europe en 1988.
Un profil polyvalent qui ne l’a pas toujours servi
Milieu offensif droit, Jocelyn présente un profil relativement atypique par rapport à ses compères. Avaleur d’espaces, il est plus à l’aise dans un système avec deux attaquants axiaux, mais n’est pas un vrai ailier ni un milieu de terrain défensif. En revanche, son profil lui autorise une certaine efficacité au poste d’arrière latéral droit « moderne », particulièrement à l’aise pour monter sur son côté droit. En 1987/1988, c’est à Jocelyn que Georges Heylens demande de remplacer Dominique Thomas quand il a été absent.
Aux champs, Anglo
Pour autant, malgré toutes ses qualités, le profil particulier l’a parfois amené à se retrouver sur le banc. Ainsi, en fin de saison 1987/1988, quand Mobati est naturalisé français, Heylens décide d’aligner conjointement ses trois pointes offensives (Vandenbergh, Desmet et donc Mobati). Dans ce nouveau système, l’entraîneur belge privilégie une ligne de trois milieux défensifs et Jocelyn Angloma, par son jeu, est considéré comme risquant trop de marcher sur les pieds de l’attaquant jouant côté droit mais aussi de laisser des espaces pour les attaquants adverses sur son côté. En début de saison 1988/1989, c’est encore sur le banc que débute Jocelyn Angloma, Victor Da Silva, milieu défensif côté droit ayant la préférence de Georges Heylens dans ce système de jeu.
L’arrivée d’Abedi Pelé comme joker rebat cependant les cartes. Heylens retire un attaquant de son trio, et aligne un autre milieu offensif aux côtés de Pelé, retrouvant un plus classique 4-2-2-2. En attaque, c’est Mobati qui fait les frais de cette nouvelle stratégie, quand Angloma retrouve une place de titulaire au détriment de Da Silva, ou plutôt d’Alain Doaré, puisque Da Silva prendra le plus souvent sa place au poste de latéral droit. Dans ce système, le LOSC pratique un très beau jeu, obtient de très bons résultats et se met à croire à l’Europe. Ça ne sera finalement pas le cas et on peut raisonnablement se demander si le LOSC n’aurait pas obtenu de meilleurs résultats en fin de saison si Jocelyn n’avait pas raté la dernière ligne droite en raison d’une blessure.
En début de saison 1989/1990, Jacques Santini, nouvel entraîneur des Dogues doit a priori reprendre le 4-2-2-2 d’Heylens avec Jocelyn milieu offensif droit. Santini opte pourtant pour un 4-3-1-2 avec le seul Pelé comme milieu offensif, Jocelyn retrouvant à nouveau le banc des remplaçants malgré des matches convaincants la saison précédente.
Quoi ?! Je retrouve le banc des remplaçants malgré des matches convaincants la saison précédente ?
La chance d’Angloma, c’est les difficultés générales de l’équipe qui peine en ce début de saison et principalement en attaque. Pour la douzième journée, Santini ôte l’un de ses attaquants et comble le milieu en réintroduisant Jocelyn dans le onze : Lille s’incline 3 à 1, mais c’est Angloma qui est à l’origine du but de Pelé. Josse est confirmé, parfois comme latéral droit mais le plus souvent comme milieu offensif. Après 18 journées, il est même meilleur passeur de D1 en seulement 9 titularisations !
En fin de saison, Angloma se découvre même des talents de buteur inattendus, inscrivant un doublé contre Toulouse (30ème journée), un but contre le RP1 (32ème), contre Metz (34ème) et à Toulon (36ème) pour un total de 5 buts en 7 journées. Au-delà de ces statistiques, Josse semble avoir franchi un palier et s’affirme comme l’un des meilleurs à son poste dans un style toujours atypique mais désormais dévastateur.
Paris, l’OM et l’équipe de France
En 1990, Jocelyn quitte Lille pour le Paris SG. En vertu du complot contre le LOSC, Jocelyn ne pouvait pas être sélectionné en équipe de France A tant qu’il portait nos couleurs. Au mois d’octobre 1990, Jocelyn est capé pour la première fois lors d’une rencontre comptant pour les éliminatoires de l’Euro 1992 contre la Tchécoslovaquie. A Paris, Jocelyn confirme sa grande polyvalence en étant utilisé à tous les postes du côté droit, de latéral à ailier. Transféré à l’Olympique de Marseille l’été suivant, Jocelyn Angloma s’installe définitivement au poste d’arrière latéral et s’impose en équipe de France dont il devient un titulaire indéboulonnable jusqu’à l’Euro.
RTL … RTL qui s’infiltre entre les frères Opel
Ensuite le plus souvent remplaçant pendant les éliminatoires de la Coupe du Monde 1994, Jocelyn retrouve sa place de titulaire chez les Bleus pendant deux années de plus, perdant sa place au profit de Lilian Thuram juste avant la phase finale de l’Euro 1996. En six années passées en équipe de France, Jocelyn totalise 37 sélections.
Entre temps, Jocelyn est donc devenu l’intraitable défenseur de l’OM avec lequel il devient champion de France en 1992 et, surtout, champion d’Europe en 1993. Angloma est titulaire à Munich le 26 mai 1993 pour une victoire historique des Marseillais (1-0) que, soit dit en passant, j’avais pronostiqué à l’inverse de tout mes potes du collège qui avaient prédit une victoire du Milan AC. Jocelyn paie cependant au prix fort son investissement, puisqu’il se brise la jambe à l’heure de jeu lors d’un contact avec Lentini. Il raconte alors : « L’autre jour, j’ai vu tous les copains à Sacrée Soirée, ça m’a fait un peu mal. » On te comprend, Jocelyn. Moi, si mes potes allaient dans une émission de Jean-Pierre Foucault, ça me gonflerait aussi.
La Serie A, l’Espagne et (encore) la C1
En 1994, Jocelyn est contraint de quitter l’OM relégué en D2 suite à l’affaire OM-VA. Destination le meilleur championnat du monde à l’époque, la Serie A italienne, et le Torino. Là-bas, Josse ne dispute cependant que le maintien, le Torino échouant même à l’accrocher en 1995/1996. Angloma n’a cependant pas démérité et ses talents d’arrière droit offensif n’ont échappé à personne, en tout cas pas à l’Inter qui le fait signer à l’été 1996. Avec les Nerazzuri, Jocelyn termine troisième du championnat italien à 6 points de la Juve et, surtout, atteint la finale de la Coupe de l’UEFA.
Angloma a désormais près de 32 ans. On lui prédit une fin de carrière ? Angloma passera encore cinq saisons au plus haut niveau en Liga avec le FC Valence, mais aussi en Europe : Jocelyn va en effet disputer pas moins de 42 rencontres européennes avec le club valencian. Le vieux a encore des jambes et dispute deux nouvelles finales de C1, perdues, en 2000 et 2001, à près de 36 ans ! Au passage, il est également champion d’Espagne en 2002. Une miette à ce niveau de palmarès.
Fin de carrière mais pas vraiment
En 2002, Jocelyn arrête officiellement sa carrière pro. En pratique, il reprend l’année suivante avec l’Étoile Morne-à-l’Eau en coupe de France qu’il contribue à qualifier contre Romorantin lors du 7ème tour.
En 2006, son histoire avec le LOSC se poursuit 16 ans après son départ, puisqu’il devient recruteur en charge de la zone Antilles-Amérique du Sud. La même année, il rechausse les crampons et défend les couleurs de l’équipe nationale de Guadeloupe avec laquelle il dispute la Coupe Caribéenne puis, en 2007, la Gold Cup. Emmené par un grand Jocelyn, la Guadeloupe réussit une performance d’exception et atteint les demi-finales de la compétition. Angloma marque lors de la victoire sur le Canada (2-1) et, surtout, lors de celle contre le Honduras en quart de finale (2-1), annonçant sa retraite à l’âge de 41 ans après près de 700 rencontres disputées et 48 buts inscrits.
41 ans ! Jocelyn bat en brèche le cliché sur les Noirs qui tricheraient sur leur âge, se déclarant plus jeunes qu’ils ne le sont pour faire monter leur valeur marchande. Jocelyn, on le soupçonnerait plutôt de s’être vieilli, nous faisant croire qu’il est né en 1965 alors qu’il a de toute évidence 5 ans de moins.
De Jocelyn Angloma, on retient aussi un joueur à la mentalité impeccable pour ce qu’on en connaît. De l’OM où il a joué, il parle avec stupéfaction des affaires de corruptions et n’oublie pas le public marseillais. A sa Guadeloupe natale, il assure aussi une fidélité indéfectible, y retournant jouer une fois sa carrière pro achevée, devenant entraîneur-adjoint de la sélection mais aussi coach de son club de toujours : l’Étoile Morne-à-L’eau. Car de tous ses clubs, c’est celui-ci dans lequel il a joué le plus longtemps.
Jocelyn Angloma joue aussi de temps en temps avec les « Black Stars International », équipe associative fondée dans le but de sensibiliser à l’invisibilité des joueurs noirs dans le milieu du football et dont les matches sont disputés au bénéfice de diverses associations caritatives. Beaucoup d’autres anciens lillois ont également joué avec cette équipe : Peguy Arphexad, Greg Wimbée, Amara Simba, Dagui Bakari, Oumar Dieng, Roger Hitoto et Bernard Lama. Ce dernier, c’est au LOSC que Josse l’a rencontré.