Posté le 4 janvier 2017 - par dbclosc
1993/1994 : quand les supporters redécouvraient le spectacle (mais gardaient la défaite)
La saison 1992/1993 vient de s’achever pour Lille sur une ultime défaite (3-2) contre Strasbourg après avoir mené 2-0, comme un symbole de la saison écoulée. Le LOSC termine alors 17ème, un point devant Valenciennes relégué et le renouvellement de l’effectif, si nécessaire, semble avoir bien foiré. L’été arrive, et les supporters des Dogues se sont désormais fait à l’idée que leur équipe ne marque pas beaucoup. Seulement 26 buts la saison précédente, un record. Certains, comme moi, ont du mal à imaginer ça autrement. Logique, j’ai découvert le LOSC en 1990, juste quand commence cette habitude des glorieux 0-0 à l’extérieur et des victoires à l’arrachée (1-0) qui nous faisaient oublier les défaites, parfois cuisantes, mais le plus souvent aussi à l’arrachée, 1-0. L’important, c’était de bien se faire chier.
A l’été 1993, le LOSC connaît quelques départs mais a priori rien d’irremplaçable. C’est d’ailleurs ce qui était bien à l’époque : quand un de nos joueurs partait, c’était rare qu’on le trouve irremplaçable. Bref, au rayon des départs, on compte d’abord les « vieux », François Brisson (35 ans), Alain Fiard (presque 35 aussi), Benoît Tihy (34 ans) et Thierry Oleksiak (32 ans) qui auront beaucoup apporté (surtout les deux premiers) mais qui sont désormais nettement sur le déclin. Partent également les jeunes Samba Ndiaye (20 ans) et Pascal Nouma (21 ans). On regrettera un peu le premier mais quand-même beaucoup moins le second, ne nous dites pas le contraire.
Lille perd donc deux défenseurs, un milieu défensif et trois attaquants. Mais, qui qui vient pour les remplacer ?
Kennet Andersson : lui, on ne sait pas encore trop quoi en penser, mais beaucoup l’annoncent comme la bonne pioche du recrutement. Rien de moins sûr a priori : Kennet est certes international suédois, mais il a gagné ses galons d’international dans le faible championnat suédois. Il rejoint ensuite Malines, où il marque 6 fois en 1991/1992 avant de perdre sa place de titulaire la saison suivante. A la mi-saison 1992/1993, le club belge le prête d’ailleurs à l’IFK Norrköpping où il se refait une santé, marquant 8 buts en 13 matches de championnat suédois, retrouvant par là même la sélection.
Et une savate dans la carotide pour Di Meco plus un High-kick sur le photographe pour éliminer les preuves
Jean-Jacques Etamé : le milieu offensif arrive de Strasbourg avec une réputation sympathique même si on n’est trop sûrs de rien. Jean-Jacques connaît surtout la D2, même s’il était titulaire en D1 la saison précédente. Il avait même été très bon Jean-Jacques les six premiers mois de la saison, jusqu’à ce qu’il se blesse et rate ensuite quatre mois de compétition.
Thierry Bonalair : ça semble être le très bon coup du « mercato » (pour être dans l’anachronisme). Thierry Bonalair fût réputé être l’un des très bons défenseurs français quand il jouait à Nantes. Après une saison mi-figue mi-raisin à Auxerre, Thierry vient pour se relancer. Et comme chacun sait, Lille, y a pas mieux pour se relancer.
Si tu veux que Sassus, vaut mieux avoir Bonalair
Clément Garcia : le plus inconnu de la bande. L’attaquant de 25 ans vient de Caen et n’a pas une grande expérience de l’élite. La saison précédente, en 265 minutes de jeu avec le Stade Malherbe, Clément a quand-même eu le temps de marqué son premier but en D1.
Que penser de ce recrutement ? Plutôt du bien a priori puisque l’arrivée de Bonalair semble améliorer la défense et qu’on se dit que les attaquants pourront difficilement faire moins bien que les partants, N’diaye (4 buts), Brisson (2 buts) et Nouma (2 buts) ayant à eux trois marqué moins qu’un seul Nolan Roux sur une saison.
Ah oui, j’oubliais : on découvre aussi le nouveau sponsor maillot (Tousalon), le nouveau maillot (tout salopé, assez laid il faut bien le dire) et un nouveau coach (Pierre Mankowski qui, un an plus tard, en partant à Caen, sera tout salaud de nous piquer Andersson et Etamé).
Lille débute la saison contre Martigues, un promu aux petits moyens. Le résultat déçoit (1-1), mais Kennet Andersson – rapidement surnommé « Quéquette » Andersson – , auteur du seul but du match fait grande impression. Lille s’incline ensuite à Paris (2-1), mais fait bonne figure. Le LOSC poursuit son petit bonhomme de chemin donnant une vraie impression de mieux dans le jeu et, surtout, sous la coupe de Pierre Mankowski, les Dogues montrent enfin un visage clairement offensif, jouant parfois avec cinq joueurs offensifs (Garcia, Frandsen, Etamé, Andersson et Assadourian). Pour autant, au niveau comptable, ça ne marche pas fort : après 11 journées et une nouvelle défaite, certes méritoire contre l’OM (1-2), le LOSC est 19ème avec 5 points et n’a pas encore remporté une seule rencontre.
Lille se relance après une belle victoire contre Sochaux (3-1). Lille entame alors une série de 7 rencontres sans défaites et ponctuée de trois victoires. La qualité du recrutement éclate alors au grand jour : Bonalair assure derrière, Etamé est très bon à la mène, Garcia se montre un remplaçant décisif et quand Andersson claque (J’entends par là qu’il marque et non qu’il meurt). Malgré cela, le LOSC est encore 16ème, seulement un point devant Le Havre, 18ème, mais les feux sont au vert. Lille ne perd plus, Lille joue bien, et Lille marque et demeure même la 6ème équipe française avec la troisième attaque sur ces 7 dernières rencontres.
côte à côte, en bas, Assadourian et Andersson, les fameux « AA flingueurs » du LOSC, avant les PP flingueurs messins
Et puis Lille va à Auxerre pour terminer les matches aller : défaite 5 à 0 et retour sur Terre. Lille s’incline chez lui contre Paris la journée suivante et retrouve sa position de relégable. Lille continue ensuite à fournir un jeu dont le fond est plus que correct mais pour des résultats en dents de scie. Après une défaite à Sochaux pour le compte de la 30ème journée, le LOSC est 17ème à égalité avec Martigues premier relégable. Ce LOSC-là est si loin devant son prédécesseur de la saison précédente au niveau de son jeu. Et pourtant, il reste englué à cette 17ème place.
Après un nul contre Strasbourg (1-1), le LOSC a la bonne idée d’enchaîner trois victoires, marquant 8 buts au passage. A quatre journées du terme, le trou est fait, puisque les Dogues comptent 6 points d’avance sur Martigues. Les Dogues finiront finalement 15ème et auront longtemps lutté pour le maintien, mais cette saison marque pourtant un changement avec ce qu’on avait connu jusqu’alors. Lille retrouve un fond de jeu, un buteur en la personne de Kennet Andersson, très complémentaire avec Assadourian – lequel rêvait depuis trois ans d’un grand pour couper de la tête ses centres – ainsi que des jeunes qui confirment, s’affirment ou se montrent, avec Dieng, Leclercq, Decroix, Sibierski, Boutoille et Dindeleux. De quoi, enfin rêver.
Belle saison du point de vue du spectacle, le LOSC inscrivant notamment trois buts en un match à cinq reprises sur les 27 dernières journées de championnat : pas mal pour une équipe qui n’y était arrivée qu’à deux reprises sur les 53 matches précédents; Andersson marque 11 buts, record d’un dogue depuis les 14 buts de Vandenbergh en 1988/1989; et, surtout, Lille retrouve quelques joueurs chatoyants qui lui manquaient les années précédentes.
Personne d’irremplaçable, mais quand-même
En début d’article, on t’a dit que personne n’était irremplaçable à Lille à l’époque, ce qui faisait qu’on ne craignait pas les départs. Pas de bol, en 1994, ça n’est plus tout à fait vrai. Mankowski se barre ainsi à Caen avec Andersson, qui finit deuxième buteur de la World Cup 1994, et Jean-Jacques Etamé. Oumar Dieng, qui s’était affirmé la saison précédente, s’en va chez le champion parisien. Per Frandsen, Claude Fichaux, José Bray et Jean-Luc Buisine s’en vont également. Bon, c’est aussi le cas de Walquir Mota et d’Edgar Borgès, mais quand on te parlait d’irremplaçables, pour tout te dire, on ne pensait pas à eux et à leurs 98 minutes cumulées à eux-deux en 1993/1994.
Étrangement, en 1994/1995, les résultats des Dogues seront meilleurs. Soyons pourtant clairs, l’équipe était moins bonne, Farina étant loin d’Andersson, Pérez sur une jambe ne pouvant apporter autant qu’un entier Etamé et Philippe Levenard ne compensant pas Oumar Dieng. Mais cette équipe pouvait faire preuve d’un froid réalisme. On ne sait trop laquelle des deux saisons on devrait préférer. Pas grave : gardons les deux.
Pour découvrir nos bilans des autres saisons, vous pouvez suivre ces liens :
1992/1993 : La fin d’une époque
1994/1995 : Le laborieux 1-0 triomphant
1995-1996 : Le maintien et c’est tout
1996-1997 : Lille, une sacrée descente
1997-1998 : À la place du con, saison 1/2
1998-1999 : À la place du con, saison 2/2
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10 janvier 2017
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RascarCapac a dit:
Ma première saison, mon premier match, Lille Martigues. Kenneth avait répondu à Didier Tholot me semble-t-il. L’image de la seconde qui se lève comme un seul homme, Dr. Alban avec « Sing Halleluja » pendant l’échauffement. Que de souvenirs…
Merci pour vos articles détaillés et documentés. J’adore, continuez vous êtes au Top!
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11 janvier 2017
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dbclosc a dit:
Merci !
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5 février 2017
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dbclosc a dit:
Et moi qui pensait que la chanson c’était « sing Allez Youla » en hommage à Souleymane …
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7 janvier 2017
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Svennir a dit:
Juste un message pour t’ (vous?) encourager à continuer, j’adore ces articles. (En plus, il me semble qu’on a dû devenir dogues à la même époque!)
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9 janvier 2017
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dbclosc a dit:
Salut ! Merci pour le message !
On est principalement 2à écrire pour le site, parfois un 3e se joint à nous pour ce qui concerne notamment les liens avec la Belgique.
On a commencé à devenir supporter et fréquenter le stade dans les années 1990 !