Posté le 16 janvier 2017 - par dbclosc
1999/2000 : Le LOSC marche sur la D2
Alors, jamais deux sans trois ? Après avoir échoué durant deux années consécutives au pied du podium, le LOSC entame une troisième saison en deuxième division. Mais cette fois, c’est la bonne. À la faveur d’un recrutement judicieux, d’un système de jeu taillé pour la D2, et sous la houlette d’un formidable entraîneur qui, en plus d’avoir bâti une équipe de foot quasi-imprenable, a construit un groupe, le LOSC, sur sa lancée de la saison précédente, s’installe très vite au sommet du classement. Mieux : il surclasse le championnat et balaie rapidement tout suspense. Lille va enfin retrouver la D1 au terme d’une saison exceptionnelle. En coulisses, le club change également de statut.
Après les deux précédents épisodes « à la place du con », on craint que le LOSC nous en remette une troisième couche. Mais, quelque part (« où ça ? »), on sent que cette saison sera probablement celle de la montée. Parce que l’équipe a réalisé une belle deuxième partie de saison 1998/1999. Parce que le public est de nouveau derrière son équipe. Parce que le recrutement est cohérent. Parce que Vahid, tout simplement. Et puis, premier échec à un point ; deuxième échec à la différence de buts ; il est donc impossible, en termes de progression, de ne pas monter cette année. Cependant, quelques adversaires semblent aussi bien armés : Nice a fait revenir José Cobos et Daniel Bravo, Sochaux a fait signer Jean-Michel Ferri et Anton Drobjnak, Toulouse Derek McInnes, un international écossais (on sait pas qui c’est mais ça impressionne). Sans oublier Guingamp, ou Lorient, qui descend de D1, ou même Gueugnon et Caen.
Très « Manif pour Tous », cette affiche publicitaire
Les nouvelles têtes
Mais intéressons-nous aux nôtres. L’effectif est en partie remanié, tout en gardant la solide ossature qu’on avait déjà aperçue la saison précédente avec les « vieux » éléments fiables (Cygan, Tourenne, Peyrelade, Boutoille, Collot), les joueurs émergents (Cheyrou, Landrin), sans oublier Fredérik Viseux, enfin débarrassé de sa grave blessure aux adducteurs. Quand on interroge Vahid Halilhodzic1 sur les changements de l’intersaison, on sent que l’heure n’est pas à la révolution : « il a vraiment manqué peu de choses pour remonter. Il aurait fallu avoir un peu plus vite un groupe solide, cohérent. La volonté et la combativité sont des qualités primordiales en D2 ». Sont invités à partir des joueurs en fin de contrat ou indésirés, en tout cas mentalement lessivés : « la génération qui était en place n’avait connu que des déceptions. En trois saisons, ils ont vécu une descente et deux accessions manquées. En plus, ils ont évolué durant des années dans un environnement relativement hostile. Certains étaient usés, psychologiquement atteints. Ils avaient perdu la confiance, le plaisir de s’entraîner. Il fallait donc procéder à un changement radical pour donner un nouvel esprit, de nouvelles ambitions au club Exit Leclercq, Clément, Abed, Hitoto, Renou, Dindeleux, Carrez, Sanz, Senoussi et deux joueurs qui se sont montrés globalement décevants, Koot et Pickeu. Fred Machado et Alain Raguel sont également transférés. David Coulibaly le sera au mercato hivernal (Froger le récupère à Châteauroux). Nenem nous quitte aussi. Enfin, Vahid Halilhodzic va pouvoir choisir ses joueurs : « disons que je veux bien recruter Ronaldo, mais il faut faire avec nos moyens. La plupart des nouveaux, je les ai voulus. On m’a également conseillé Santini et D’Amico. Et j’ai trouvé qu’ils avaient l’expérience nécessaire pour apporter un plus ».
Ted Agasson arrive du Red Star, pour qui il a joué près de 175 matches et inscrit une quarantaine de buts. N°10 confirmé de D2, il est un vrai meneur de jeu technique comme il nous en manquait depuis des années, et apporte incontestablement une fluidité certaine dans le jeu grâce à une grande qualité de passe. Petit gabarit, régulièrement buteur, il est par ailleurs le tireur attitré des pénalties, réussissant d’ailleurs toutes ses tentatives (à Châteauroux, à Gueugnon, et contre Créteil).
Eric Allibert vient pallier le départ de Bruno Clément et est donc voué à être la doublure de Grégory Wimbée. Recruté de Nîmes sur la toute fin du mercato après quelques jours d’essai, il compte une trentaine de matches de D2. Il remplit sobrement son rôle en remplaçant Greg à deux reprises pour cause de suspension (à Créteil et à Nîmes), plus une fois pour cause de blessure (contre Niort). Il est en outre loué pour son attitude exemplaire, dans un rôle qui n’est jamais facile. Et toujours en pantalon.
Dagui Bakari, du Mans, est échangé avec Olivier Pickeu, plus un peu d’argent. C’est un attaquant au profil atypique : il n’est pas passé par un centre de formation et est arrivé tardivement dans le monde professionnel. Il ne signe même sa première licence de foot qu’à 16 ans, à Romainville (93) ! Il est ensuite passé par Noisy-le-Sec, Amiens, puis Le Mans, où il inscrit 29 buts en 3 saisons (dont une sous la direction de Thierry Froger). Grand et puissant, il vise à servir de point d’appui dans un championnat réputé « physique ». Son style de jeu décontenance à ses débuts : considéré comme lourd et maladroit (il avait même à un moment perdu sa place au profit de Rudy Giublesi), il a même été régulièrement sifflé au cours de sa première saison. Son apport au jeu est pourtant considérable. La suite de sa carrière lilloise prendra une dimension inespérée.
Fernando D’Amico est l’inconnu du mercato. Argentin, il vient d’un club de deuxième division espagnole, Badajoz, a été recruté sur les conseils de Pierre Dréossi après le visionnage d’une vieille cassette VHS pourrie, avant de définitivement convaincre l’entraîneur à l’issue du stage d’avant-saison à Saint-Cast-le Guildo. Il raconte : « Alors que je faisais un essai au LOSC, Vahid m’a fait monter dans le bus sans dire si j’étais retenu ou non. Il m’a regardé dans les yeux et il m’a dit « oui », j’ai compris que j’allais rester ; émotionnellement c’est un moment fort ». Son activité débordante à la récupération du ballon, sa rage de vaincre, quelques shorts relevés et sa gentillesse en ont rapidement fait l’idole de Grimonprez-Jooris.
Johnny Ecker est un grand défenseur central (dans les faits, il jouera souvent arrière gauche), connu pour avoir été de l’épopée nîmoise lors de la coupe de France 1996. Les Gardois, alors en National 1, étaient parvenus jusqu’en finale, battus par Auxerre 1-2. Il fait aussi partie de ceux qui ont marqué contre le LOSC avant d’y signer : c’était le 6 décembre 1997, pour une victoire lilloise 2-1 contre Nîmes (buts lillois de Cygan et Machado). Bon de la tête, précis dans le jeu long, il est doté d’une bonne frappe du pied gauche qui l’amène à tirer quelques coups francs. L’un de ceux-là, deux ans plus tard, restera mémorable.
Désiré par Vahid Halilhodzic, le Marocain Abdelilah Fahmi s’installe à Lille avec la réputation d’être un solide défenseur à la lourde frappe de balle. À son arrivée, il frappait beaucoup de coups francs, avant de les abandonner : il n’a finalement jamais marqué de cette manière. Nantes le voulait également, mais il a préféré retrouver l’entraîneur avec lequel il a été sacré champion d’Afrique en 1997 avec le Raja Casablanca. Il forme durant 3 ans avec Pascal Cygan une charnière centrale très costaude, dont les montées sur les corners faisaient souffler un vent de panique dans les défenses adverses. Son manque de vitesse est largement compensé par son sens du placement.
Enfin, le LOSC cherchait un joueur d’expérience pour encadrer le groupe. Il a longtemps été question d’un retour de Claude Fichaux, qui n’a finalement pas satisfait à la visite médicale. Le choix s’est alors porté sur Didier Santini, en fin de contrat à Toulouse. Il a une honnête carrière en D2 puis en D1 au poste d’arrière gauche, à Bastia, et donc au TFC. Son rôle est clairement dans le vestiaire : il ne participe qu’à 7 matches, Vahid lui préférant Johnny Ecker à ce poste. De plus, il se blesse à l’automne, si bien que lors du mercato hivernal, Momo Camara revient, de nouveau en prêt. Il faut dire qu’il avait été une grande satisfaction de la saison précédente, ses qualités de vitesse et de débordement faisant oublier ses lourdes frappes en tribunes (mais reconnaissons aussi que pas mal ont attrapé le cadre).
En outre, 5 premiers contrats pros sont signés, pour Bruno Cheyrou, Geoffrey Dernis, Rudy Giublesi, Grégory Legrand et Stéphane Noro.
Une préparation longue, dure, et bonne
« Il y a eu une très bonne intégration. Les anciens ont été chaleureux avec les nouveaux. Ce qui n’était pas forcément le cas l’an passé. Il y a déjà un début d’amitié entre eux. C’est le premier point positif ». En lisant ces propos de Vahid Halilhodzic, on pense à l’anecdote que Johnny Ecker a souvent racontée : lors de la saison 1998/1999, Lille se déplace à Nîmes (et se prend une « bonne claquette »). Ecker et Boutoille se chauffent et s’invectivent durant tout le match. À son arrivée à Lille quelques mois plus tard, Johnny raconte : « le premier à être venu me voir et à me souhaiter chaleureusement la bienvenue, c’est Djezon. J’avoue que dans sa position, je ne sais pas quelle attitude j’aurais eue ». Les joueurs qui évoquent l’été 1999 se rappellent particulièrement le stage d’avant-saison en Bretagne, à Saint-Cast-le-Guildo. Il est presque devenu cliché de dire que ce stage a formé les bases du groupe qui ira jusqu’en Ligue des champions, tant les joueurs ont morflé, mais ont aussi noué des liens : pour Grégory Wimbée, « ce stage d’avant-saison en Bretagne a été très éprouvant physiquement. On a beaucoup bossé, un travail de fou. Personne ne devait flancher, personne ne voulait flancher. Ce fut payant par la suite2 ».
Le groupe, pas encore définitif, en Bretagne. Sont absents : Valois et Cheyrou. Manquent encore : Abdelilah Fahmi et Eric Allibert, tandis qu’Alain Raguel est encore présent.
Les matches amicaux sont bons. Mais ils étaient aussi bons sous l’ère Froger… Cependant, là, on sent qu’un véritable fonds de jeu se forme. Le dernier match amical, à Roubaix, oppose le LOSC à Anderlecht, troisième du dernier championnat belge. En dépit de la défaite (2-3), l’équipe fait quasiment jeu égal avec un adversaire qui comporte tout de même quelques jolis noms comme Glen De Boeck, Walter Baseggio, Bart Goor, Lorenzo Staelens, Pär Zetterberg ou Jan Koller. Surtout, elle propose des combinaisons remarquables, avec Ted Agasson souvent à la baguette, ou grâce aux débordements de Frédérik Viseux, à l’origine des deux buts, signés Bakari et Agasson. Bref, l’équipe fait déjà forte impression.
L’équipe alignée lors du match amical Lille-Anderlecht. Regardez ce que tiennent Ted Agasson et Djezon Boutoille : ils illustrent très bien l’expression « servir l’attaquant sur un plateau ». Celles et ceux qui y étaient se rappellent que ça avait été chaud en tribunes, et que le terrain avait même été envahi par des hooligans d’Anderlecht.
Et si je veux, je mets une troisième photo de l’équipe. Là, c’est Lille-Sochaux. En fait, on n’a pas de photo de l’équipe « type ». Sur la précédente, il manquait Fernando D’Amico et Pascal Cygan ; sur celle-ci, il manque Dagui Bakari et Johnny Ecker. Si vous observez bien, sur celle-ci, Pascal Cygan fait une petite facétie avec son maillot, d’où l’expression « jeu de maillot ».
Si on devait dégager un onze-type en cette saison, c’est celui ci-dessus : les noms qui apparaissent en premier sont ceux qui ont le plus joué, en minutes, et cela correspond en effet probablement à l’équipe la plus performante. Entre parenthèses, les « doublures » : l’occasion de souligner que chaque poste est doublé, et que certains « remplaçants » tournent tout de même autour de 25 matches joués dans la saison, signe d’un turn-over important, voire d’interchangeabilité (Collot : 30 matches dont 13 comme titulaire ; Landrin : 25/19 ; Valois : 25/12 ; Hammadou : 23/15 ; Br. Cheyrou : 21/18…).
Départ canon
On se rappelle que ce qui avait principalement pêché en 98/99, c’est un départ de merde. Et même en 97/98, si août avait été sympa, l’automne nous avait fait descendre à la 10e place. Il serait donc bien d’accrocher d’emblée le trio de tête, histoire de ne pas jouer encore une fois au lièvre et à la tortue. La première journée offre un déplacement à Laval, et le LOSC s’impose 1-0, grâce à un joli but de Boutoille suite à une belle combinaison avec Bakari et Peyrelade, qu’on sent déjà bien rodés : Djezon efface le gardien d’un grand pont, feinte le tir pour éliminer un défenseur revenu sur sa ligne, et conclut du gauche. 3 points pour la première journée, ce n’était pas arrivé depuis la descente !
Une semaine plus tard, Lille reçoit Nîmes, un adversaire qui marquera cette saison. Surprise : on joue en rouge. Cette dominante était, depuis l’origine du LOSC, celle que l’équipe arborait parfois à l’extérieur, ou éventuellement à domicile, mais seulement en coupe. Cette habitude perdure jusqu’à aujourd’hui (si l’on excepte le début de la saison 2016-2017, où le club a voulu marquer le 70e anniversaire du premier doublé coupe/championnat en retournant aux couleurs traditionnelles). On a expliqué dans cet article sur les couleurs du LOSC et ses origines historiques que ce changement coïncidait avec l’arrivée d’un nouvel équipementier, Nike, et la volonté de la marquer de son empreinte. Ce premier match met en lumière des caractéristiques durables de l’équipe de Vahid Halilhodzic : elle ne lâche rien, pousse jusqu’au bout, marque sur la fin, et parfois avec un brin de chance. 88e minute : alors qu’il y a toujours 0-0, l’arbitre accorde un coup-franc dans la surface de réparation nîmoise aux Lillois, estimant que Marc Delaroche s’est saisi du ballon des mains alors qu’il vient volontairement d’un de ses défenseurs. Les Nîmois contestent. À 18 mètres (en fait, Tourenne décale Cheyrou, qui frappe de l’extérieur de la surface), Bruno Cheyrou frappe à ras de terre, le ballon est dévié et finit dans le but. 6 points après deux journées : le LOSC est déjà seul en tête.
Encore quelques séquelles des saisons précédentes, vite corrigées
Le premier choc du championnat se déroule à Nice, d’où l’équipe ramène un excellent 0-0. Les deux matches suivants vont offrir l’illustration que quelque chose a bel et bien changé à Lille. Face à Ajaccio, Lille peine, comme on l’a si souvent vu lors des deux précédentes saisons. La domination ne se concrétise pas, et Ajaccio, bien qu’à 10 depuis la 35e, ouvre le score à la 66e. Un scénario classique à Grimonprez… Sauf que les joueurs réagissent immédiatement, et Lille mène 6 minutes plus tard grâce à un doublé de Boutoille (69e, 72e). Alors, on a enfin une équipe qui sait profiter des circonstances favorables ? À la 86e, Ajaccio égalise… Scénario immuable. Mais Lille se rue à l’attaque, et deux minutes plus tard Landrin redonne l’avantage, avant que Peyrelade ne parachève le succès lillois dans les arrêts de jeu (4-2). 4 jours plus tard, déplacement à Châteauroux, qui a tenté un coup en nommant Joël Bats entraîneur. Déjà, l’équipe fait encore bonne figure et ouvre même le score peu après l’heure de jeu grâce à Collot. Avantage de courte durée, puisque Savidan égalise peu après, et donne même l’avantage à Châteauroux à 8 minutes du terme. Encore une équipe incapable de conserver le score ? Pas du tout. Les entrée de Bakari et Agasson perturbent la défense adverse. Dagui obtient un pénalty que Ted transforme (85e). Et, dans les arrêts de jeu, Boutoille profite du travail de fixation de Bakari pour donner la victoire au LOSC (2-3). Pas de doute, cette équipe ne se laisse pas faire, et a tendance à fatiguer ses adversaires : c’est le début du Vahid time, cette période du match où l’adversaire, épuisé par 80 minutes de résistance aux coups de boutoir de l’équipe et de son avant-centre Bakari, cède en fin de match. On en avait longuement parlé dans cet article.
On gagne petit (mais on gagne)
Le début de saison est un quasi sans-faute : après 10 journées, le LOSC compte 28 points ! Seul Nice a résisté (0-0). Certaines victoires ne sont pas très spectaculaires, mais l’équipe sait désormais négocier ces matches « à la con », où l’adversaire vient à 10 derrière. Laval (deux fois), Nîmes, Louhans-Cuiseaux, Wasquehal, Lorient, Gueugnon, Amiens (deux fois), Nice, Ajaccio, Châteauroux, Niort : 13 victoires 1-0 cette saison là. Par exemple, fin août, contre Louhans-Cuiseaux, regroupé derrière, Patrick Collot délivre l’équipe : les remplaçants ont aussi leur mot à dire (voir plus bas le paragraphe « Un système de jeu taillé pour la D2« ). Idem pour les petits jeunes : Rudy Giublesi prend la place de Bakari, blessé, à la fin de l’été, et marque contre Cannes (2-0).
Lille/Louhans-Cuiseaux, 27 août 1999
Ces petites victoires, patiemment construites, sont excellentes psychologiquement. On sent que l’équipe ne panique pas et croit en ses capacités à faire basculer un match à tout moment. Comme l’énonce Pascal Cygan, « nous avons tiré les leçons de la saison précédente où les joueurs étaient très individualistes. Le coach a su former une véritable équipe, unie, solidaire avec un jeu collectif3 ». Et au niveau de l’état d’esprit, les Lillois ne s’enflamment pas ; Vahid est là pour leur rappeler régulièrement de ne pas s’enflammer : « Je ne peux pas dire qu’on est mal placés pour monter en D1. Nous sommes bien partis, nous sommes sur le bon chemin, je suis fier de cette équipe et je sais qu’elle est capable d’aller au bout. Il faudrait être c… et faire beaucoup de bêtises pour ne pas y arriver. Autant de raisons pour rester concentrés et vigilants pour ne pas gaspiller notre capital (…) Si nous sommes devant les autres, c’est que nous sommes forts, à 100% physiquement et mentalement, et bon tactiquement4 ». « Prudence, prudence », maitre-mot de l’entraîneur, par exemple après cette victoire contre Wasquehal en septembre (1-0), grâce à un but de Ted Agasson :
On nique les gros
Vahid le répète : « J’estime que sur le papier, il y a meilleur que nous. Toulouse, Guingamp, Nice, par exemple5 ». Mais comme on joue sur de la pelouse et non sur du papier, les chocs sont parfaitement négociés : la victoire à Toulouse, début septembre (0-2), marque déjà une nette différence entre Lille et un de ses adversaires directs. Un succès confirmé au retour (2-0), tandis que Guingamp se casse également les dents, avec une défaite 2-0 à Grimonprez, puis un nul 1-1 au Roudourou, à chaque fois dans une ambiance délétère, notamment en raison de « l’incident » D’Amico/Tasfaout. Merveilleux Fernando !
Lille tombe seulement à la 11e journée, à Caen (0-1), à cause d’un bête but concédé suite à une mésentente entre Wimbée et Fahmi, et en dépit d’une forte domination en fin de match, cette fois sans réussite ; notons cependant qu’à 0-0, Caen a bénéficié d’un pénalty qui a tapé la barre et est entré, mais l’arbitre ne l’a pas vu. Le seul coup de mou de l’équipe au cours de cette phase aller se traduit par deux défaites consécutives lors des 16e et 17e journées : face à Sochaux (0-1), pour la seule défaite à domicile de cette saison, puis à Créteil (0-1), avec Eric Allibert dans les buts, Greg Wimbée ayant été expulsé contre Sochaux pour une main en dehors de sa surface. Son retour s’effectue contre Guingamp, pour le choc de la 19e journée. Le match est très chaud, et Greg est de nouveau expulsé pour une main hors surface. Cela a permis à Christophe Landrin d’enfiler à deux reprises la tunique et les gants de gardien, réalisant d’ailleurs un bel arrêt sur un face-à-face avec Stéphane Dedebant. À l’issue de la phase aller, Lille, avec 44 points, compte 12 points d’avance sur le 4e. À la trêve, l’avance est de 14 points ! Première récompense à la fin de l’année civile : Vahid Halilhodzic est élu meilleur entraîneur de D2 de l’année 1999 par France Football.
Un petit bilan des matches aller en vidéo :
Un système de jeu taillé pour la D2
Mais comment joue donc cette équipe ? On peut ici donner quelques facteurs-clés de la réussite lilloise : en son temps, Thierry Froger disait qu’avec la meilleure défense en D2, on était sûr de monter. En l’occurrence, la défense lilloise est costaude : Fahmi et Cygan forment une charnière centrale physiquement impressionnante, certainement pas la plus rapide, mais probablement la plus intraitable dans le jeu aérien. Dans les faits, elle est effectivement celle qui prend le moins de buts dans ce championnat (25). Sur le côté gauche, Ecker (quand il n’est pas lui même dans l’axe) assure, tandis que Momo Camara, arrivé à la trêve, a une activité plus offensive, faite de débordements et de vitesse. À ce titre, il est très proche de son pendant de l’aile droite, Frédérik Viseux, excellent tacleur, et très actif offensivement, grâce à sa vitesse et sa qualité de centre, qui rappelle qu’il était attaquant dans sa jeunesse : on se rappelle notamment de son centre pour la tête de Valois contre Guingamp.
But de Jean-Louis Valois sur un centre de Viseux, depuis Fréquence Nord (Jean-Pierre Mortagne)
Au milieu, D’Amico fait des merveilles ; son activité et sa capacité à harceler le porteur de balle sont impressionnantes. Son style de jeu, pas toujours très académique, est en tout cas très efficace, en plus de faire sourire.
Devant, rendons particulièrement hommage à Dagui Bakari. Critiqué à ses débuts, il n’est pas un « buteur » traditionnel : sa grande taille donne même l’impression qu’il est pataud. Mais son apport au jeu est essentiel : son recrutement répond à un projet de jeu collectif dont il n’est qu’un maillon. Clairement, le jeu est centré sur lui. Si son travail est assez ingrat, souvent dos au but, ceux qui tournent autour de lui, notamment Boutoille et Peyrelade, récupèrent les fruits de son travail. On évoquait plus haut les matches contre Ajaccio et Châteauroux en début de saison : contre les Corses, il sort à la 71e minute alors que le score est de 1-1. Certes, il n’a pas marqué. Mais Lille en met 3 derrière, face à une défense qui ne peut plus résister aux assauts de nos attaquants frais. Et Dagui sait aussi profiter du travail de ses équipiers : il entre en jeu à Châteauroux à la 73e, le score est de 1-1. Finalement mené, le LOSC pousse en fin de match, et Bakari obtient un pénalty qu’Agasson transforme (85e), avant que Boutoille ne donne la victoire à la dernière minute, Bakari ayant attiré toute la défense sur lui. Travailleur de l’ombre, il met quelques semaines pour se signaler individuellement, en entrant en jeu lors de la 9e journée à Niort à la 70e minute, alors que le score est de 0-0 et que le LOSC est réduit à 10 depuis la 41e minute et l’expulsion de Carl Tourenne. 20 minutes plus tard, le LOSC mène 0-3 : Bakari a ouvert le score, il a ensuite superbement débordé et permis à Agasson de faire 0-2, avant que Boutoille ne parachève le succès lillois. La semaine suivante, il marque enfin son premier but à domicile, contre Le Mans, avant d’obtenir un pénalty après avoir renversé un défenseur d’un petit coup d’épaule. Par la suite, son jeu s’est considérablement enrichi : il est aussi l’auteur d’un doublé dans un match au sommet face à Toulouse début février (2-0), puis face à Caen quelques semaines plus tard (3-2). Si de nombreux succès lillois cette année-là se sont construits de façon précoce, on garde le souvenir de défenses adverses épuisées en fin de match par le pressing du milieu et le poids de Bakari devant. Ainsi, Créteil, Gueugnon, Toulouse, Louhans-Cuiseaux, Cannes ont tous cédé dans les 10 dernières minutes et, pour Valence, Niort et Nîmes, c’était à l’aller et au retour. Nîmes, justement, c’est l’un des scénarios les plus rocambolesques : Nîmes mène 3-0 à la 75e, et Lille revient avec le 3-3. Cette année là, 41 buts sur 58 sont inscrits en deuxième mi-temps, dont 18 dans les 10 dernières minutes, pour un gain de 15 points.
Quand on vous dit que Lille marche sur ses adversaires
Une première fête le 10 mars…
L’année 2000 reprend sur les mêmes bases, avec 3 succès consécutifs. Puis un coup d’arrêt à Wasquehal, dans un Stadium Nord pourtant presque entièrement acquis à la cause des Lillois. Landrin avait pourtant ouvert le score en première mi-temps. Pas content, Vahid dénonce un relâchement, et ne s’épargne pas : « nous pensions que la victoire viendrait toute seule. Menant au score, nous créant des occasions et dominant le match, nous avons cru que rien ne pouvait nous arriver. Moi le premier, je pensais que nous allions gagner et je me le reproche aujourd’hui. Il s’agit d’un manque d’humilité et de respect de l’adversaire. Grégory Wimbée n’a pas touché le ballon en deuxième mi-temps, sinon pour aller le chercher deux fois au fond de ses filets« . Lors de la 29e journée, Lille reçoit Caen, l’équipe qui lui avait infligé sa première défaite en septembre. Le match est avancé au vendredi 10 mars pour cause de retransmission sur Eurosport. Avec 64 points, le LOSC a déjà le même nombre de points que l’année dernière. Ce match est particulier à deux titres : c’est le dernier de Bernard Lecomte en tant que président du club (on en parle plus bas) ; et, du fait de la programmation avancée du match, en cas de victoire, le LOSC pourrait compter 26 points d’avance sur le 4e. Il resterait alors 9 matches à jouer, soit 27 points : ce ne serait donc pas encore mathématiquement fait, mais franchement, il devient de plus en plus vraisemblable que Lille évoluera en D1 la saison prochaine. Tout n’est qu’une question de temps, et on trépigne tellement que même si ce n’est pas officiellement fait, le public célèbre déjà la montée à l’issue de la victoire (3-2) en envahissant le terrain. Même France football s’avance : le LOSC est un « promu en hiver ». Résumé du match :
Après le premier but de Peyrelade, Anne-Sophie lance au micro que le but est issu d’une « superbe action collective »
… et une deuxième teuf le 31 mars
Deux journées plus tard, c’est le printemps, et Lille reçoit Valence. Cette fois, c’est sûr : en cas de victoire, Lille sera en D1. S’il y avait encore du suspense, celui-ci est vite dissipé : face à une équipe qui cherche le maintien, le LOSC domine largement et ouvre le score juste avant la pause par Dagui Bakari, bien servi par Camara. À l’heure de jeu, Boutoille double la mise, avant de porter le score à 3-0 quelques minutes plus tard avec, certainement, le plus beau but lillois de cette saison : servi par Viseux à l’angle droit de la surface, il envoie un extérieur du pied qui se loge dans le petit filet opposé. Un petit moment de déconcentration et Valence réduit l’écart dans la minute. Alors qu’il ne reste que quelques minutes à jouer, beaucoup de spectateurs, notamment au niveau des DVE, ont quitté leur tribune et s’apprêtent à envahir le terrain. Au niveau de la pelouse, ils observent la fin du match sous l’œil bienveillant des stadiers qui savent bien qu’ils ne pourront pas contenir la foule. De toute façon, la fête est annoncée. Jean-Louis Valois déboule côté gauche et frappe soudainement : pleine lucarne, 4-1 ! C’en est trop pour le public, qui ne résiste pas : le terrain est immédiatement envahi, les joueurs sont entourés, alors que le match n’est pas terminé. Anne-Sophie Roquette intervient de suite au micro, Vahid demande aussi à tout le monde de regagner sa place, tout rentre dans l’ordre rapidement, et quelques minutes plus tard, le peuple lillois peut enfin exulter : Lille est officiellement de retour en première division !
Revivons le match de la montée, avec les commentaires de Vahid Halilhodzic, Djezon Boutoille et Laurent Peyrelade :
En roue libre
Suite à cette officialisation, Lille lève un peu le pied. La tête est déjà à la D1, et on peut se permettre le luxe de préparer la saison prochaine : Christophe Pignol est déjà annoncé. Deux nuls (à Lorient, puis contre Gueugnon) puis une défaite, à Sochaux (0-2, doublé de Frau), seul adversaire qui est parvenu à nous prendre 6 points, et aussi à n’encaisser aucun but de notre redoutable attaque, marquent un petit ralentissement. Les Doubistes, favoris annoncés de ce championnat, ont connu un début de championnat catastrophique, avant de finir en trombe, mais à la 4e place : une trajectoire comme on l’avait connue un an auparavant. Créteil fait les frais du réveil lillois (5-0). Dans un match qui aurait dû être de gala entre les deux premiers du championnat, Guingamp et Lille se séparent sur un nul (1-1) marqué par 3 expulsions, dont celle de Claude Michel, qui a voulu se « venger » de ce que leur a fait Fernando au match aller. Pour la dernière de la saison, Lille signe un succès contre Laval, grâce à un pénalty de Carl Tourenne, dont on sait qu’il n’a pas été prolongé, malheureusement.
Pour le dernier match, les joueurs se sont teints en blond. Sauf Cygan et Viseux.
Le LOSC est champion de France de deuxième division : 38 matches, 25 victoires, 8 nuls, cinq défaites, et un total de 83 points, soit 2,184 points par match. Le record de Marseille de 1995 (84 points, mais en 42 matches, soit une moyenne de 2 points par match) est battu. Guingamp, deuxième, est à 16 points. La quatrième place est à 21 points. Louhans-Cuiseaux, dernier, est à 59 points, on s’en tape mais beau symbole. Franchement, dans des cas comme ça, on devrait avoir un bonus de points pour la saison suivante.
Fernando D’Amico porté par les supporters, symbole d’une saison exceptionnelle
Vahid Halilhodzic peut enfin mettre, pour un temps, sa modestie de côté : « lorsque je regarde les classements européens, je remarque qu’aucun club ne domine son championnat aussi nettement que nous. Dans les vestiaires, nous avons vécu des moments inoubliables. Je rends hommage au comportement des joueurs. Il s’est installé quelque chose entre nous, ce groupe a une âme, les gars portent leur maillot avec fierté« .
Les coupes
Le club n’a pas été aussi brillant en coupes qu’en championnat. Si cela relève d’un choix plus ou moins conscient pour se concentrer sur la montée, on préfère que ça se passe ainsi, mais cela reste une déception dans cette saison. Il aurait été sympa de voir cette équipe aller un peu plus loin et se confronter à une équipe de D1. En coupe de la ligue, Lille est éliminé d’emblée par le Red Star, à domicile (2-2, 1-4 aux tirs aux buts). Après cette contre-performance, Halilhodzic estime que l’équipe a une dette envers le public : « pensez qu’ils ne nous ont même pas sifflés après notre élimination contre le Red Star ». En coupe de France, on passe les 7e et 8e tours sans difficulté (3-1 à Amnéville ; 4-0 « à » Montigny-en-Gohelle – le match s’est joué à Grimonprez). Et en 1/32e , le LOSC est la première victime professionnelle des Calaisiens (suivront Cannes, Strasbourg, et Bordeaux), futurs finalistes. Pourtant, Laurent Peyrelade ouvre le score en première période, mais un csc de Pascal Cygan amène l’égalisation. Lille est éliminé aux tirs aux buts (6-7), Fred Viseux envoyant le dernier tir lillois sur la barre, comme Trezeguet en somme, ce qui n’est pas si mal.
_Hé, mais c’est Dagui à Calais !
_Non, c’est Dagui Bakari.
_Ah oui pardon : c’est Kanga Akalé.
_Et tu crois que Kanga a calé ?
_Oui : un problème sous le Kapo.
Changement de statut : vers la privatisation
En coulisses, le processus de privatisation du LOSC est enclenché depuis quelques mois : le club passe du statut de SAEM (Société anonyme à économie mixte : type de société dont le capital est majoritairement détenu par une ou plusieurs personnes publiques, en l’occurrence ici la mairie de Lille à 79%) à SAOS (société anonyme à objet sportif, cas particulier, souvent de transition, qui permet une augmentation du capital), puis à SA (société anonyme, entièrement privée). Cela résulte notamment d’une nouvelle réglementation, portée par le gouvernement Jospin et notamment sa ministre des sports, Marie-Georges Buffet, qui vise à progressivement retirer les grands clubs sportifs professionnels du giron public, et à les transformer en sociétés privées. Buffet étant communiste, on se rend compte que les crises d’identité de la gauche ne datent pas de Hollande ou Macron6. Cela tombe bien : la mairie de Lille souhaitait vendre sa participation majoritaire dans le club.
Beau graphique issu d’un reportage de France 3
Dès le début de l’année 1999, plusieurs repreneurs se manifestent. Parmi eux, deux candidatures principales : d’un côté, celle de MM. Dayan et Graille, qui ont fondé la société SOCLE pour l’occasion. Ils s’engagent à investir immédiatement 5 millions de francs (MF) pour le recrutement de l’été 1999. De l’autre, un ensemble d’entreprises locales rassemblées sous la bannière « Foot en Nord », avec à sa tête M. Jean Evin, et derrière un ensemble de personnes plutôt hostiles à Lecomte7. En juin 1999, les deux premiers cités ont gagné le contrat moral avec la ville. Si l’équilibre a été atteint à l’issue de la saison 1997/1998 (comme nous l’avons écrit ici), le club restait toutefois sans actif, et n’avait pas de budget propre à la fin de la saison 1998/1999. Ce n’est que grâce à l’arrivée de Dayan et Graille que 5 millions de francs ont pu être immédiatement apportés pour les transferts, et qu’un budget de 60 millions a pu être validé. Cependant, coup de théâtre à l’automne 1999 : le Préfet du Nord annule la reprise du duo Dayan/Graille, ainsi que la délibération du conseil municipal de Lille indiquant l’accord de la ville pour le changement de statut du club. Il s’agit en fait d’une précaution du Préfet, qui veut s’assurer que la collectivité territoriale – la mairie – ne sera pas flouée dans le processus. Il demande donc un audit indépendant pour évaluer la solidité des finances loscistes. Bernard Lecomte s’était pourtant assuré, avec son équipe, d’apporter les garanties nécessaires aux représentants de l’Etat. Le Préfet les a jugées fiables mais pas suffisantes. Le LOSC et la mairie comprennent la démarche mais, du coup, retour à la case départ : alors que le passage en SAOS aurait dû être officialisé fin 1999 , il faut désormais attendre le printemps 2000. Si, a priori, cela ne change pas l’engagement de Dayan et Graille, chacune des parties voulant collaborer avec les autres, cela veut dire aussi que d’autres repreneurs peuvent se manifester… Et Bernard Lecomte ne se prive pas de mettre en avant l’excellent début de saison du LOSC pour faire monter les enchères : « pour être tout à fait honnête, comme la procédure repart de zéro, si de nouveaux partenaires se déclarent, nous en pouvons que nous en féliciter. Le succès du LOSC – tant sur le terrain que dans les tribunes, où nous jouons depuis septembre devant au moins 12 000 spectateurs – va peut-être faire réfléchir certains sponsors. Évidemment, la connotation très professionnelle et la dimension régionale seront des éléments à prendre en compte mais ils devront être sérieusement réappréciés8 ». De fait, un nouveau candidat, Denis Guyennot, avec le soutien d’entreprises régionales, arrive dans la course.
Départ du président Lecomte
En attendant que la situation se clarifie, Bernard Lecomte s’occupe des affaires courantes : le problème qu’entraîne l’annulation du Préfet est le retard pris soit dans l’extension de Grimonprez-Jooris, soit dans la construction d’un nouveau stade. Depuis la saison 1995/1996 (!), la Ligue nationale de football (LNF) tanne le LOSC afin de monter la capacité de Grimonprez-Jooris à 20 000 places assises. La ville ne peut plus surseoir à cette échéance, ou alors la Ligue refusera la montée éventuelle. La LNF propose au LOSC une porte de sortie, dans l’urgence : il est possible de compléter la capacité actuelle (14 000 places) par des équipements provisoires, tolérés durant quelques années, en attendant le choix définitif du futur stade. Deux solutions se présentent alors : se replier au Stadium Nord ; ou surmonter la tribunes « Secondes » d’une structure de 5 000 places. C’est cette dernière issue qui est proposée par la ville le 30 novembre, et acceptée par la Ligue le 8 décembre. C’est la dernière action d’envergure du président Lecomte.
En effet, dans la foulée, Bernard Lecomte annonce son départ, et ce juste avant l’annonce officielle des repreneurs. « J’ai souhaité annoncer cette décision avant le choix de la ville, pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté. Si je l’avais annoncé après, on m’aurait dit que j’étais partisan du candidat recalé. Je tiens beaucoup à ma liberté. Le choix des futurs repreneurs incombe à la ville et j’entends rester en dehors de cette décision (…) Par contre, comme je l’ai clairement annoncé, je suis prêt, dans l’intérêt du club, à assurer la transition jusqu’à la fin de la saison, si cela est nécessaire et si les repreneurs choisis le souhaitent également9 ». À vrai dire, on peut penser que le président n’avait pas vraiment le choix. Il a à tout le moins l’élégance de se retirer de lui-même, après avoir mené à bien sa mission : sauver le club. Si le LOSC réalise une saison exceptionnelle sur le terrain, on a presque envie de dire que l’exemple de l’action de Bernard Lecomte côté administration et gestion est enfin suivi par les joueurs sur le plan sportif. Arrivé à la présidence du club en février 1993 avec Marc Devaux (qui part un an après) avec pour mission de rembourser une dette colossale de 70 millions de francs, Bernard Lecomte est parvenu à rétablir une situation financièrement saine. « J’ai le sentiment d’avoir accompli avec mon équipe un certain nombre de choses positives pour le LOSC : le redressement financier, bien sûr, mais aussi sportif ; la reconstruction de l’image ; la reconquête des abonnés, du public et des partenaires, tant dans les milieux économiques que politiques et sportifs ; tous les efforts développés en matière de formation ; la politique sociale ; le merchandising… et puis surtout, la satisfaction de savoir le LOSC sur les rails. L’avenir du LOSC commence demain avec une nouvelle dimension, de nouveaux moyens, et même un stade. Que rêver de mieux ? Le LOSC peut prétendre devenir l’un des grands clubs français de demain. Il aura désormais les moyens de ses ambitions, et c’est essentiel. Je souhaite de tout cœur bon vent au futur LOSC ». « Sans lui, je ne serais pas là, déclare Vahid. Je lui serai toujours reconnaissant de m’avoir fait confiance« . Comme on l’a vu plus haut, Lille/Caen est le dernier match de Bernard Lecomte en tant que président. Il cède sa place à Luc Dayan puisqu’entre temps, la cession de parts au duo d’investisseurs Dayan et Graille a été définitivement votée, le 13 décembre 1999. Les deux hommes assureront tour à tour une présidence de transition. Budget prévisionnel pour 2000-2001 : 120 MF + 30-40MF pour les transferts. Avec, pour objectif annoncé, le maintien en première division.
Pour découvrir nos bilans des autres saisons, vous pouvez suivre ces liens :
1992/1993 : La fin d’une époque
1993/1994 : Quand les supporters redécouvraient le spectacle (mais gardaient la défaite)
1994/1995 : Le laborieux 1-0 triomphant
1995-1996 : Le maintien et c’est tout
1996-1997 : Lille, une sacrée descente
1997-1998 : À la place du con, saison 1/2
1998-1999 : À la place du con, saison 2/2
FC Notes :
1 Propos extraits du supplément à La Voix des sports du 26 juillet 1999, page VIII.
2 Coach Vahid, une vie comme un roman, Laurent Jaoui, Lionel Rosso, Calmann-Levy, 2006, p. 37.
3 Le Magazine du LOSC, novembre 1999, p. 7
4 Le magazine du LOSC, décembre 1999, p. 5
5 Le magazine du LOSC, Novembre 1999, p. 5
6 Comment on les casse ! On est vraiment des mecs super engagés.
7 Voir ce bon article de Libé : http://www.liberation.fr/sports/1999/04/29/400-entreprises-pretes-a-racheter-le-club-de-lillel-association-foot-en-nord-est-le-troisieme-candid_271808
8 Le magazine du LOSC, novembre 1999, p. 3
9 Le magazine du LOSC, décembre 1999, p. 3
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