Posté le 25 janvier 2017 - par dbclosc
Fernando D’Amico : « On était préparés à se défoncer »
Fernando D’Amico était de passage en France à l’occasion du match Lille/Saint-Etienne, le 13 janvier 2017. Avec sa gentillesse habituelle, il nous a accordé du temps, pour une libre discussion qui a été l’occasion de savoir quelles étaient désormais ses (nombreuses) activités, mais aussi de revenir sur quelques moments forts de son passage à Lille, photos et vidéos à l’appui (celles qu’on vous met régulièrement sur notre page facebook).
Passer 1h30 en compagnie de Fernando D’Amico, c’est réactiver beaucoup de souvenirs : ceux, bien sûr, de l’extraordinaire progression du LOSC à partir de 1999, de la D2 à la Ligue des Champions ; ceux d’une autre époque où les soirées à Grimonprez-Jooris restent ancrées dans une mémoire que le temps a idéalisée ; et, enfin, ceux qu’on garde d’un joueur, inconnu à son arrivée, qui est parvenu en peu de temps à devenir un modèle pour les supporters, aussi bien pour sa combativité sur le terrain que pour sa tendresse en dehors. Fernando D’Amico est donc bien plus qu’un ex-joueur du LOSC : il est celui dont la trajectoire s’est confondue avec le renouveau du club ; celui qui a symbolisé « les années Vahid », avec des joueurs parfois moyens techniquement, mais poussés par une irrésistible envie de se battre, et donc terriblement attachants ; et celui qui garde un lien particulier avec les supporters : sa disponibilité à notre égard en témoigne encore. Nous avons déjà déclamé notre reconnaissance, notre admiration et, disons-le, notre amour à son égard dans cet article, sobrement intitulé « Gloire éternelle à toi, Fernando D’Amico ». Quelques heures avant qu’il ne rejoigne le Grand Stade, Fernando est revenu avec passion et émotion sur sa carrière lilloise, mais il nous a également évoqué ses reconversions professionnelles, qui l’ont notamment conduit à ouvrir une école de football pour enfants ; à passer quelques diplômes (universitaire et footballistique), et à sortir un ouvrage « Happy Football », dont une traduction française devrait arriver à l’automne 2017.
[L'intervieweur est fébrile face à son idole. Attention, il s'agit de trouver une bonne question] Que deviens-tu, Fernando ?
Je suis toujours le même. Je n’ai pas beaucoup changé, sauf que quelques années ont passé depuis mon passage ici à Lille. Sur le plan personnel, je suis un père de famille, très amoureux de ma femme, Erica, et de mes 3 enfants : Maria est née quand j’étais ici à Lille, elle a 14 ans ; Alessandro a 8 ans ; et Fatima, la plus petite, a 2 ans et demi. J’habite en Espagne, à Badajoz, d’où est originaire ma femme, et où j’ai joué avant d’arriver à Lille. Ma femme tenait à ce qu’on retourne là-bas. Ensuite, au niveau professionnel, je suis toujours dans le football. J’ai vite pensé à ma reconversion : deux ou trois ans avant la fin de ma carrière, j’ai lancé une petite école de foot, avec les enfants de l’école de ma fille, Maria, qui avait 4 ans. J’ai un petit terrain de foot chez moi : les parents me demandaient si je pouvais donner des cours. Donc j’ai commencé d’abord avec 5-6 enfants. Et aujourd’hui, ça fait désormais 10 ans, j’ai une école de foot privée (Escuela de Futbol Fernando D’Amico), sur un autre terrain beaucoup plus grand ! J’ai environ 80 enfants de 4 à 16 ans, et je leur donne des cours moi-même, tous les mois. C’est ma passion.
J’ai fini ma carrière en 2009 à Badajoz. J’ai débuté des études pour devenir directeur sportif à la fédération espagnole de football, et des études pour devenir coach en Argentine, car j’aime la méthode argentine. Donc j’ai le diplôme national de première division d’Argentine, et j’ai le diplôme de directeur sportif pour la fédération espagnole de football.
Ensuite, cela fait un an et demi que je suis devenu agent FIFA intermédiaire. Donc je suis agent de joueurs. Pour le moment, c’est pour la fédération espagnole de football. Et en juillet, je devrais pouvoir obtenir la licence en France.
Enfin, en 2010, j’ai démarré des études en intelligence émotionnelle à l’université de Madrid. Ça a duré 4 ans. Cela m’a aidé aussi dans ma vie personnelle, pour rationaliser les émotions vécues lors de ma carrière de joueur. Cela a abouti notamment à l’écriture d’un livre pour enfants.
Tu nous présentes ce livre ?
Le livre a été écrit avec l’associé de mon entreprise Quality players, Àlvaro Roa. On a fait tous les deux un cursus à l’université. Moi je suis expert, avec mon master, en intelligence émotionnelle. J’ai aussi une entreprise qui s’appelle « despierta tu talento », ça veut dire « éveille ton talent » : on donne des cours de coaching, d’intelligence émotionnelle, et de motivation. Donc j’ai relié mes études en développement personnel avec mon expérience de footballeur. Avec Àlvaro Roa, on a donc créé « Happy football ». L’idée principale de ce livre, c’est de dédramatiser le football. Je crois que c’est ce dont les enfants ont besoin pour libérer leur talent. Pour être un meilleur footballeur, il faut dédramatiser le football : quand on est un enfant, ce n’est pas sérieux le football ! C’est avant tout un jeu. Bien sûr, tout le monde rêve de devenir footballeur professionnel, mais il faut savoir mettre certaines limites. Personnellement, j’ai souffert dans mon enfance avec des équipes trop « professionnelles », qui nous traitaient, mes parents, mon frère et moi, comme si on avait 20 ans, alors qu’on avait 8 ans, 10 ans !
Pour découvrir ce livre, voici sa page facebook, et son site web.
Il y a la vraie grinta dans le livre. Pas celle des fous furieux ; c’est pour devenir un meilleur footballeur, mentalement. C’est ça que je veux inculquer aux enfants : quand il faut vraiment aller au charbon, c’est ta tête qui te permet d’y aller. Je ne veux pas que les enfants se brûlent les ailes dans leur jeunesse. Oui, tu peux avoir la grinta à 8 ans, tu peux tout donner, mais il ne faut pas avoir déjà l’angoisse de ne pas gagner. Alors, dans notre livre, on trouve beaucoup de valeurs issues de mon parcours en intelligence émotionnelle. C’est un ouvrage qui fait appel à l’imagination, avec beaucoup d’aventures, beaucoup de matches, et mon expérience, depuis mon enfance jusqu’à mon parcours de footballeur.
Aujourd’hui, j’ai rencontré un éditeur à Lille – supporter Lillois, en plus ! -, et on a entamé les démarches pour une traduction française.
« J’ai tout donné pour jouer à Lille »
On va désormais revenir vers le passé. Tu arrives à Lille en 1999 : dans quelles circonstances es-tu arrivé au club ?
Je venais de finir mon contrat à Badajoz. Avant de partir à Buenos Aires pour des vacances, mon agent m’a conseillé d’envoyer des cassettes vidéos à plusieurs clubs en Europe dans lesquels il avait des contacts. J’avais la possibilité de revenir en première division argentine, mais je voulais rester en Europe pour être auprès d’Erica. Si je restais en Argentine, je ne la voyais plus… et c’était mon amour ! On a envoyé des cassettes en Belgique, en Suisse, en Italie, et à Lille. En attendant, je m’entraînais à Buenos Aires, seul. Et mon agent avait des contacts avec un Argentin qui a joué à Lille, Fernando Zappia, qui lui-même connaissait Philippe Lambert et Jean-Pierre Mottet. Donc Zappia a joué les intermédiaires, et au bout d’un moment, la cassette est arrivée à Pierre Dréossi et à Vahid. Et je me rappelle très bien : j’étais en train de courir dans un bois pour me préparer, et je reçois un appel de mon agent : « Fernando, il faut que tu te prépares, tu as un essai à Lille ».
Et que savais-tu de Lille avant d’y venir ?
En vérité, je ne connaissais pas Lille. Après ce coup de téléphone, tout de suite, on a regardé où était Lille : c’est la première fois que j’en entendais parler.
Et donc tu débarques dans l’inconnu, et tu fais le stage avec le groupe en Bretagne. Comment as-tu été accueilli ?
(Il réfléchit quelques secondes) Ça s’est passé… de différentes façons. J’arrivais sans parler un mot de français, après 20 heures de voyage. J’étais tellement fatigué : 15h d’avion, puis il fallait rejoindre la Bretagne, à Saint-Cast. J’étais avec Fernando Zappia.
Libéro, Fernando Zappia a joué 65 matches pour le LOSC entre 1987 et 1989
Vahid, sérieux, nous accueille et prévient d’emblée : « j’espère que vous travaillez dur ». Il était 23h. On a terminé cette première entrevue à minuit, ou 1h du matin. Je demande si je peux dormir. Vahid me dit : « oui mais demain, 5h30, réveil ! ». Réveil à 5h30 ?!? Et il poursuit : « oui, et à 6h30, entraînement, puis à 10h30, entraînement, et à 16h, entraînement ! ». C’était de la folie. C’était comme au service militaire. Je me lève à 5h ; on m’avait donné 3 survêtements, mais je ne comprenais rien puisque je ne parlais pas un mot de français : ce survêt là, c’est pour le matin ? L’après-midi ? Et celui-là ? J’avais aussi 3 couleurs de maillot. Je me souviens qu’en sortant de ma chambre, j’avais mis un maillot vert, et je vois que tout le monde portait un rouge ! Donc je retourne dans la salle en courant pour me changer… C’était un stage de fou. J’ai tout donné.
Le groupe en Bretagne. Fernando semble déjà très déterminé.
Donc le premier contact a été difficile, quand même…
Ah oui ! Très difficile !
Et le groupe des joueurs, comment t’a-t-il accueilli ?
Normalement. Je me souviens que j’avais appris quelques mots dans l’avion, avec un traducteur, mais je me suis vite rendu compte qu’on ne me comprenait pas ! Et personne ne parlait espagnol… Je pense qu’aujourd’hui, c’est différent : les joueurs parlent davantage espagnol. Mais je te dis la vérité : c’était très dur. On est restés une dizaine de jours là-bas. J’étais tellement fatigué. En plus, j’arrivais avec une blessure derrière la cuisse, mais je ne voulais pas arrêter. Le soir, je me massais dans la douche, et je ne voulais pas dire que j’avais mal. J’avais tellement envie de rester que j’ai fait un stage de fou. C’était très très très, très dur. Mais j’ai donné tout ce que j’avais, et Vahid l’a vu.
[Ci-contre : photo prise lors d’un match amical d’avant-saison]
Comment Vahid t’a dit que tu allais rester ?
Vahid ne disait rien. Quand je demandais, Philippe Lambert disait : « c’est bien, c’est bien… », mais c’était flou. Le dernier jour, je suis monté dans le bus, je ne savais toujours rien. Vahid m’a regardé, il m’a fait comme ça, avec la tête (il mime un signe d’approbation). C’était seulement un signe de tête, et j’ai senti que j’avais réussi le stage. C’est comme ça qu’a commencé l’aventure.
Pour Fernando, l’aventure commence officiellement le 7 août 1999 : il est absent lors du premier match à Laval, et il participe à son premier match en championnat avec le LOSC contre Nîmes. Il est remplacé à la 67e minute, déjà sous les applaudissements, par Bruno Cheyrou, qui donne la victoire au LOSC à la 89e. Ensuite, Fernando enchaîne : il devient rapidement un titulaire indiscutable au milieu de terrain, où ses qualités de récupération font merveille. Aux côtés de Carl Tourenne, dans un rôle plus sobre, Fernando se projette plus facilement vers l’avant en initiant les attaques. Son activité est impressionnante : il semble infatigable. Dans la vidéo ci-dessous, on a un aperçu de cette activité débordante : c’est le 27 août 1999 (6e journée), contre Louhans-Cuiseaux (« Louhans-Cuiseaux ? J’étais tellement motivé que je ne regardais même pas contre qui on jouait… »).
« Je me sentais en communion avec le public »
Grâce à ses performances, Fernando D’Amico devient très rapidement le chouchou des supporters. Pourtant, en dehors des terrains, l’adaptation reste difficile : il y a la barrière de la langue ; et aussi l’absence d’Erica, pendant plusieurs mois :
Je me souviens que je pleurais après chaque match, dans les vestiaires. Je me vidais tellement. Je donnais tellement de rage, de grinta. Et j’étais tout seul. Je ne parlais pas français…
Ton épouse est arrivée après ?
Oui, elle est arrivée après. Erica est arrivée 6 mois après, vers janvier-février… Pour Erica aussi, ça a été difficile. On n’avait pas encore d’enfant à ce moment là. Maria est née en 2002, 3 ans après. Mais je sentais aussi que Vahid était attentif, il me soutenait. Un jour, alors que j’étais triste, il me dit : « mais Fernando, tu es le chouchou des supporters, tu joues super bien, qu’est-ce qui t’arrives ? ». Vraiment, c’était très dur. Ça, c’est une dimension que peu de gens connaissent : j’ai beaucoup souffert au début, c’était pas facile, surtout à cause de la langue et de la solitude.
Qu’est-ce qui t’a aidé à tenir ?
Le soutien des supporters était très important. Quand les supporters chantaient mon nom, ça me donnait beaucoup de force. Je me sentais en communion avec le public, c’était une relation extraordinaire que je n’ai pas retrouvée après. Je m’entendais aussi très bien avec les dirigeants : Pierre Dréossi, Philippe Lambert, pour moi le meilleur préparateur physique du monde, il prenait le meilleur de moi ! Pareil avec Vahid aussi, le président Bernard Lecomte… Tout le monde a fait le nécessaire pour mon adaptation. Ensuite, les amitiés se créent. Je partageais notamment ma chambre avec Grégory Wimbée lors des mises au vert. Après l’entraînement, à la fin des matches, je retrouvais Didier [Didier Bauwens, l'ancien concierge du stade], la famille Régent. Heureusement que j’ai rencontré la famille Régent, c’était une grande chance et un grand réconfort pour moi.
Comment tu as rencontré cette famille ?
Mon professeur de français connaissait Thomas Régent, le plus grand des enfants. Ils m’ont contacté, et je me rappelle qu’on est allés boire un coup sur la Grand’ place. La maman, Joëlle, m’aidait à faire mes courses, à meubler mon appart’, je mangeais chez eux… Vraiment, la famille Régent, c’est une des clés de mon adaptation. Joëlle, Bruno, Benjamin… Des gens extraordinaires. Ils m’ont beaucoup aidé.
En novembre 1999, à la moitié de la saison, France 3 Nord-Pas-de-Calais réalise un reportage sur Fernando. Il y est présenté comme la « révélation de la saison ». Pierre Dréossi raconte les circonstances de sa venue. Fernando y évoque ses difficultés lors de son arrivée, et sa rencontre avec la famille Régent.
« On avait trouvé la formule pour gagner »
Sur le plan sportif, tu gardes quels souvenirs de cette première année à Lille, avec la remontée ? [Notre article sur cette saison 1999-2000]
On était une machine… Un TGV lancé à 400 km/h qu’on ne peut pas arrêter. On était solides, costauds, déterminés. On s’entraînait, on gagnait, on gagnait. On avait trouvé la formule pour gagner. On n’arrêtait pas ! Vahid me pressait toujours comme un citron pour extraire le meilleur de moi. Et comme moi je suis un mec très obéissant, ça marchait. Je venais de la D2 espagnole, j’avais 23 ans, je ne connaissais rien ! J’étais comme les autres : on venait d’en bas, on n’avait pas de stade.. Si un mec prend le meilleur de toi et t’amène en D1, tu es reconnaissant. On a beaucoup souffert lors des entraînements, mais ça marchait. Les entraînements, c’était plus difficile que les matches ! Beaucoup plus difficile. Quand je commençais un match, j’avais l’impression que les joueurs adverses étaient des fourmis, tellement je me sentais costaud.
À l’issue de sa première saison, Fernando est champion de France de D2, et remporte un trophée individuel : l’étoile d’or France Football, qui récompense le joueur qui a obtenu la meilleure moyenne des notes données par le magazine. Le voici dans les locaux du journal, avec Erica.
Est-ce qu’on peut revenir sur quelques matches spécifiques, où ça c’est passé de manière particulière pour toi ? D’abord, la double confrontation contre Guingamp [Pour rappel, dans le match au sommet de la 19e journée, Lille mène 1-0, puis Wimbée est expulsé pour une main hors de sa surface. Sur le coup-franc qui suit, Fernando se met sur le chemin du Guingampais Tasfaout, tombe, et l'arbitre expulse Tasfaout. Lille gagne ce match 2-0. Au retour, les Guingampais veulent se venger de Fernando, et Claude Michel le tacle violemment par derrière en fin de match].
Moi j’étais très malin hein… Comme tu l’as écrit dans ton article, je pouvais faire sortir du match n’importe qui. Écoute, il est venu vers moi, Tasfaout. J’étais dans le mur. Je me mets sur le passage, je tombe, il a eu carton rouge. Mais le carton de Grégory, c’était pas juste. Donc on a compensé un peu. C’est pas tricher, c’est être malin. C’est très professionnel finalement.
Le résumé du match :
Et au retour, Claude Michel te tacle par derrière…
Oui, pour me blesser ! C’était le seul match où j’étais remplaçant, parce qu’au match aller, j’ai fait le malin devant Tasfaout, et il s’est pris un rouge (il rit). Claude Michel disait qu’il voulait me casser la jambe, donc Vahid m’avait mis remplaçant, mais je ne comprends pas pourquoi il m’a fait jouer. Il ne fallait pas me faire jouer ! Dès que je suis rentré, Coco Michel s’est jeté par derrière, et heureusement qu’il ne m’a pas cassé la cheville ! Ça, c’est des mauvais perdants (on voit le tacle à la vidéo : Fernando répète : « ça c’est des mauvais perdants. Et lui aussi là [Guy Lacombe] Mauvais perdant ! On était meilleurs qu’eux »).
Et je n’ai blessé personne dans ma carrière. Dis-moi si c’est arrivé une fois ? Si, c’est arrivé une fois, contre le Paris Saint Germain. Sans le faire exprès, j’ai blessé Frédéric Déhu. Je l’ai attrapé par derrière, et je lui ai mis mes crampons sur les mollets. J’ai pris un jaune, et j’ai demandé pardon. Il était capitaine, j’étais pas bien du tout. Mais jamais je n’ai blessé, jamais je ne suis allé pour casser une jambe comme Coco Michel l’a fait avec moi. Jamais je n’ai pris un rouge parce que je faisais mal.
Et puis il y a le match à Nîmes. Tu marques tes deux premiers buts avec le LOSC, mais le match finit en bagarre générale…
L’angoisse. Tu sais ce qu’est l’angoisse ? J’ai failli me faire tuer ! Il y avait un joueur qui était toujours très méchant avec moi… Cyril Jeunechamp. Il était toujours derrière moi, très méchant. Il ne savait pas rivaliser à la régulière, et il s’enflammait rapidement. Ce jour-là, Nîmes était meilleur que nous. Mais tu sais que dans les duels, tu sais que je rentre dedans. Lui, il m’insultait. On n’était pas bien, on était menés 3-0 hein ? (il rit) Donc à 3-0, il me chambrait. Et moi, la première chose, si un mec m’insulte sur un terrain de foot… Moi je suis un ange hors des terrains, mais sur un terrain, je suis un démon. Je suis un fou ! Donc il m’insulte, les insultes classiques… Moi je réponds, je l’insulte, mais ce sont normalement des choses qui s’arrêtent quand le match se termine. Quand c’est fini, c’est fini. On a gagné ou on a perdu, et c’est tout, on en reste là. Mais eux, les Nîmois… Non seulement ils menaient 3-0, mais ils prennent 2 rouges, et moi je marque 2 buts, dont un à la dernière minute ! Le match se termine, des Nîmois viennent vers moi, jaloux, et m’insultent. En Argentine, quand on fait ce geste (il lève les mains), ça veut dire : « j’ai rien fait ». Donc je lève les mains. Et eux ont cru que je les chambrais. Tu crois que moi, je vais chambrer à Nîmes, où les gens étaient tout fous dans le stade ? Après être revenus de 0-3 à 3-3 ? Je suis fou mais pas con ! Que estoy loco, pero no estúpida ! Sur la vidéo, on voit bien que je lève les bras . Même le journaliste dit que D’Amico chambre, etc. Bon, du coup, j’étais triste, je n’ai pas profité de mes 2 buts. Tout le monde voulait me frapper. Vahid s’interposait pour que je ne prenne pas des coups de pied de karaté… J’avais rien fait ! Juste des duels costauds avec l’autre. Tu m’insultes, je t’insulte, et on en reste au match, il n’y avait rien de personnel là-dedans. Lui, Cyril Jeunechamp, avait quelque chose de personnel contre moi. Après la douche, je me rappelle, j’en ai pleuré parce que tout le monde me demandait « mais qu’est-ce que tu as fait Fernando ? », et moi j’avais rien fait, c’était juste des duels et des insultes sur le terrain. On nous a jeté des cailloux sur le bus… La folie. Vahid m’a dit que j’avais un peu baissé mon niveau lors du match à Nîmes ! Hé, j’avais marqué 2 buts ! Quand même !
Les 10 dernières minutes du match à Nîmes, avec le doublé de Fernando :
Allez, passons à la suite : Le LOSC est remonté en D1.
En D1, on était sur notre lancée. Idem en Ligue des champions. On était préparés à se défoncer. Et on sentait qu’on pouvait rivaliser avec n’importe quelle équipe.
Là, je voudrais te montrer deux souvenirs : d’abord, un match contre Sedan.
J’ai pris un carton rouge. On n’avait pas fait un bon match. Je suis en retard. C’est un deuxième carton jaune… Je n’ai pas blessé en tout cas.
Et donc là contre Saint-Etienne, tu marques ton premier but à Lille !
Le 27 janvier 2001, Lille bat Saint-Etienne (entraîné par Rudi Garcia) 4-1. Fernando marque son premier but en D1, et son premier but à domicile ! Et pas n’importe comment : une frappe de 20 mètres en lucarne ! De plus, le LOSC prend ce soir-là la tête du championnat.
C’est incroyable… Dans ma carrière, il me manquait des buts. Je courais tellement que j’étais fatigué quand j’arrivais devant les buts ! Quel but…
Alors cette saison se finit à Monaco. Mais avant, on perd des points contre Lyon (1-2) et à Paris (2-2).
Oui, c’est là qu’on a perdu le titre. On a décroché. Le but de Delmotte, c’est ça qui nous nique. On savait aussi qu’il nous manquait un petit quelque chose, et c’est ça peut-être l’unique regret de cette époque : ne pas avoir remporté le titre en 2001. On n’a pas pu parce qu’on était limités, soyons honnêtes. Il nous manquait de quoi rivaliser avec les plus grands. À Paris, j’ai une occase, et je m’arrête au lieu de continuer. Vahid me l’a reproché : « mais pourquoi tu t’es arrêté ? ». J’avais pas l’habitude d’aller jusqu’au bout. J’ai frappé… Trop facile pour le gardien. On a fait 2-2 là… Et, à Monaco, super passe de Fahmi… Dommage que Laurent (Peyrelade) ne soit pas resté avec nous en Ligue des champions. Il était très efficace, il a fait meilleur buteur. Je sais pas pourquoi il est pas resté avec nous.
« Quand Christophe Pignol est tombé malade, ça nous a tous beaucoup touchés. On s’est serrés les coudes. On jouait pour lui. Il nous téléphonait, il nous envoyait des cartes. Je garde toujours avec moi une carte très personnelle qu’il m’a écrite. Je l’ai revu à l’inauguration du grand stade et aux 70 ans du LOSC. J’étais très content de le voir »
« Jouer la Ligue des champions, c’est toucher le ciel avec la main »
Quel souvenir gardes-tu de la confrontation contre Parme ? [On a écrit un article sur le match aller, ses circonstances, son scénario]
C’était un jeu de stratégie. Jamais je n’ai vu dans ma vie un match aussi bien préparé que celui-là. On était tellement bien préparés physiquement, suite au stage de début de saison avec Vahid. C’était une partie d’échecs. On a changé le système juste pour ce match. On a joué à 3 derrière, avec Tafforeau et Pichot sur les côtés, au milieu, avec N’Diaye et moi au milieu, et Landrin devant. Chacun avait sa fonction. On a surpris Parme. Je me souviens… Je ferme les yeux, et je vois une partie d’échecs où on contrôle le jeu, on sait ce qu’on doit faire. On a très bien occupé le terrain. On les a surpris d’une façon énorme, on a contrôlé le match. Un de mes meilleurs souvenirs de ma vie, c’est le marquage individuel sur Nakata. Le pauvre… Je crois que je suis un cauchemar pour lui. Je lui criais dans les oreilles, je lui faisais la totale. Il me regardait comme ça en se demandant ce qui lui arrivait. Et en plus j’étais malin, l’arbitre sifflait toujours en ma faveur ! À cette époque, il était encore très bon. Je crois que ça lui a fait du mal dans sa carrière. Je ne veux pas aller plus loin, mais il a été moins en vue après. J’étais tellement bien physiquement, je pouvais accélérer facilement. C’est lors de ces matches que j’ai dit « il faut pas lâcher, il faut continuer ». On m’a interviewé à la mi-temps, j’étais fou. On perdait je crois déjà 0-1, moi j’ai dit : « il faut pas lâcher, il faut continuer, il faut se qualifier, seulement ça ». Je m’en souviens comme si c’était hier.
Pour son premier match européen, le LOSC réalise l’exploit de s’imposer à Parme (0-2). La star parmesane, Hidetoshi Nakata, est complètement neutralisée par Fernando, à l’aller comme au retour. Au retour, Lille perd (0-1) mais est qualifié. Le résumé du match aller :
« Il faut pas lâcher, il faut se qualifier !!! » La photo illustre parfaitement le propos.
Ensuite, débute la campagne de Ligue des champions…
Pour être honnête, quand on est allés à Manchester, j’avais peur qu’on en prenne 7. Mais on était tellement bien préparés, l’équipe était tellement costaud, qu’on arrivait à rivaliser avec tout le monde. J’ai un regret sur cette campagne de Ligue des champions : avoir perdu en Grèce. C’est là que ça s’est joué. On gagnait 1-0. Et je ne sais pas comment ça a tourné… Il y avait le feu dans le stade. On avait une drôle de sensation, où on se fait avoir et on ne s’en rend pas compte. On a eu 10 minutes de déconcentration, on se demandait s’il y avait hors-jeu ou pas, et on l’a payé cher. Si on avait une possibilité de se qualifier, c’était sur ce match là. On s’est ratés.
4e journée de la première phase de la Ligue des champions 2001-2002 : Bassir ouvre le score (38e, Fernando est au départ de l’action : mais on le voit pas sur cette vidéo), mais les Lillois sont battus (1-2) :
Il y avait aussi beaucoup de rotation, mais on n’avait pas l’effectif pour jouer à fond. Mais bon, après, on fait deux nuls contre La Corogne, on perd à la dernière minute contre Manchester, on bat l’Olympiakos à la maison. J’ai ces deux regrets : perdre le match à Olympiakos, et le match retour contre Manchester, où on fait 1-1, j’étais sur la retenue ; je n’ai pas fait un bon match, parce que Vahid ne voulait pas qu’on prenne de risque. Il pensait qu’avec le match nul, on se qualifiait. Manchester était déjà qualifié, et nous on avait besoin d’un point, donc c’était un match particulier, je me retenais, il fallait surtout ne pas encaisser de but. Après, les autres matches, je me sentais à l’aise. Je sentais que je faisais de bons matches. L’équipe était bonne, et moi, individuellement, je rivalisais avec les grands joueurs. Ça reste une de mes meilleures années. Quand tu joues la Ligue des champions, c’est toucher le ciel avec la main.
Cette année, dans mon école de foot, je fais l’entraînement, le jeu, tout ça, et avant de démarrer le petit match, je fais entrer les joueurs dans le vestiaire, je prépare les deux équipes, je mets la musique de la Ligue des champions ! Ils ont le drapeau de l’école, et ils sortent en rang avec les parents qui les applaudissent. Et quand j’oublie de le faire, les enfants réclament la musique de la Ligue des champions !
En Une de « L’équipe », Ruud van Nistelrooy observe un des meilleurs milieux de terrain du monde. Et à droite, on aperçoit David Beckham.
Et la dernière saison, elle, a été plus difficile
Oui, Vahid est parti. On a démarré la coupe Intertoto…
Et tu marques !
Oui, tu as les vidéos des buts ?
Oui, buts de la tête.
Les buts de Fernando dans cette vidéo : le 31 juillet 2002 contre Aston Villa (1-1) et, auparavant, le 27 juillet contre les Roumains de Bistrita (1-0) :
Le but contre Aston Villa, en direct sur Fréquence Nord, avec la voix de Mickaël Foor.
J’ai démarré super bien. Dans mon livre, il y a une histoire qui est inspirée du but qu’on a pris contre Aston Villa : aller rechercher le ballon au fond des filets. Regarde ce que je fais, sur le but de Aston Villa : je suis allé rechercher le ballon dans le but. Tu vois ? Je ramène le ballon au milieu. Combativité ! Et ensuite je marque. Quel beau but, hein ? Je m’en souviens comme si ça venait d’arriver. J’ai plongé.. Quelle joie de marquer un but à la dernière minute ! Après, Puel a commencé à faire tourner. Il ne m’a pas mis au retour à Aston Villa. Il ne m’a pas mis en finale à Stuttgart. Il a fait tourner, et moi je suis un joueur qui a besoin de jouer tous les matches pour garder le rythme. À mon avis, sur ce plan là, il s’est trompé avec moi. Avec Vahid, je jouais tout : championnat, ligue des champions. Jamais il ne me laissait me reposer. Mais Puel me faisait jouer en championnat, et ensuite je ne jouais plus. À Stuttgart, j’ai joué 20 minutes. Et après, on a fait un très mauvais début de championnat : 0-3 contre Nice, et 0-3 contre Bordeaux, à la maison ! C’était une année de transition, très mauvaise.
Le 17 août 2002, après avoir déjà perdu 0-3 contre Bordeaux, et avoir fait un nul au Havre (0-0), le LOSC perd de nouveau 0-3 à Grimonprez. Mais « il faut pas lâcher ! » :
« Plus les années passent, plus je me sens proche de Lille »
À l’issue de la saison, ton contrat n’est pas renouvelé. Comment as-tu vécu ton départ ?
C’était une année très compliquée pour moi, car j’étais en fin de contrat. Lille a d’abord fait une proposition. La négociation s’est déroulée avec mon agent ; moi, je ne m’en occupais pas. Au début, le LOSC voulait me prolonger. Quand j’ai marqué les deux buts en Intertoto, mon agent était au match et a parlé avec Michel Seydoux. J’attendais un effort de Lille pour me retenir : les supporters me voulaient, et moi je voulais rester. Ensuite, j’ai eu quelques désaccords avec Puel. Je jouais moins. Durant mes 4 ans au LOSC, je jouais toujours, et je n’avais pas eu cette sensation encore. La fin de contrat donne une sensation bizarre… Et soudainement, il ne s’est plus rien passé. En fait, ils ont laissé tomber l’affaire. Ils n’ont pas lutté pour me garder.
Tu as des regrets ?
Non, je n’ai que des bons souvenirs. 14 ans après, je me rends compte que je n’ai rien à regretter, parce que mes 4 ans au LOSC étaient 100% purs. C’était moi. C’était le meilleur D’Amico. Peut-être que si j’étais resté, j’aurais régressé. Tu sais ce que les supporters pensent de moi : je donnais tout. Je n’aime pas l’idée que j’aurais pu être moins bon. 4 ans d’amour avec les supporters, c’est suffisant. Peut-être que si j’étais resté davantage, je n’aurais pas laissé le même souvenir. Et peut-être que je n’aurais pas gardé le même souvenir du LOSC. C’était aussi la fin d’un cycle. Il y avait des circonstances. Si les dirigeants ne font pas d’efforts pour me garder, je ne regrette pas. Et il faut reconnaître qu’on n’est pas parfait. Dans la vie, on ne sait pas ce qui va se passer. Parfois, on dépend d’autres personnes : de ton agent, de ta famille… On ne contrôle pas tout.
Quel regard portes-tu sur le LOSC depuis ton départ ?
Le LOSC a toujours progressé. Aujourd’hui, le président s’en va : je l’ai vu tout à l’heure en allant chercher mes places. Avec lui, le LOSC a poursuivi son ascension : si on regarde le bilan, il y a le doublé, le domaine de Luchin, le grand stade… Alors je lui tire mon chapeau, et je le félicite pour son travail. Je n’oublie pas non plus de saluer Claude Puel dans la progression du club. Je voudrais ajouter que, dans un club, les supporters ont une place très importante : quand les supporters se rendent compte du pouvoir qu’ils ont, ils changent le football. S’il n’y a pas de supporters, il n’y a pas de football. Et moi je voudrais bien que les vieux supporters continuent à fréquenter le stade et portent les valeurs du LOSC. C’est bizarre, mais plus les années passent, et plus je me sens proche de Lille, du club, des supporters. À un moment, je m’en suis éloigné et puis, avec les réseaux sociaux, j’ai beaucoup d’échanges avec des supporters. Ce soir, je vais voir le match et saluer les supporters !
Et quand Fernando va supporter le LOSC, il ne fait pas les choses à moitié : il était dans le kop !
Merci Fernando pour ta disponibilité !
15 ans séparent ces deux photos. Hormis une excroissance du pouce, nous n’avons pas changé. Le selfie a été pris avec le téléphone de Fernando, dont le fond d’écran est une photographie de lui sous le maillot lillois, avec l’inscription « il faut pas lâcher ! » !
8 commentaires
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10 février 2024
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Trentesaux a dit:
Que de beaux souvenirs de son passage au losc, son courage , sa hargne de gagner, sa volonté et sa gentillesse le hisse dans le top des grands joueurs du losc, dommage qu il n est pas dans le staff du losc
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10 février 2023
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Carlier a dit:
J’ai très bien bien connu cette époque puisque je suis supporter du Losc depuis 1958 dans les tribunes de Henri jooris et ensuite de Grimonprez Jooris du début à la fin du stade abonné en tribunes d’honneur FERNANDO nous a laissé un souvenir exceptionnel d’un joueur qui se « »défoncait « »pendant tout un match .forcément j’ai vu beaucoup de joueurs qui sont passés au losc. Mes premiers souvenirs remontent aux années 50 puisque je suis né en 1940 et à l’époque on écoutait les matchs à la radio et mon amour pour le Losc remonte à sa grande période après la guerre. J’ai même suivi le parcours du Losc quand il a abandonné le professionnalisme. Je remercie FERNANDO pour nous avoir donné de ses nouvelles et j’espère que beaucoup d’anciens joueurs du Losc feront la même chose afin de nous rappeller ce qu’ils sont devenus après la fin de leur carrière ALLEZ LE LOSC ET MERCI FERNANDO
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8 septembre 2021
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VAN STEENLANT a dit:
Fernando, tu resteras à jamais gravé dans nos cœurs de supporters lillois pour tout ce que tu as apporté au LOSC: ta classe, ton courage, ta volonté de ne rien lâcher, ta gentillesse dans la vie, tu as toujours eu les valeurs de notre Club.
J’ai discuté lundi 6/09 avec Greg Wimbée ton ex copain de chambre en déplacement et avons parlé de toi et de l’épopée Vahid qui restera gravée dans la glorieuse histoire du LOSC. Merci de tout coeur pour ces années de pur bonheur à vous les joueurs et à nous supporters. Claude
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25 janvier 2017
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ncalotal a dit:
Merci pour ce superbe article !! Que de bons souvenirs !
F. D’Amico restera un des maillons fort de la grande équipe du Losc des années 99 à 2003.
C’est grâce à des joueurs de talent et de tempérament comme lui que le Losc est là où il est aujourd’hui !
Merci Fernando Merci pour tout ! Tu resteras à jamais dans nos cœurs et dans l’histoire du Losc !
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25 janvier 2017
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wannyn henriette a dit:
que de beaux souvenir lorque les supporters chantaient sur l air de volare Fernando oh oh !!!
d amico oh oh oh oh !!! c etait du vrai bonheur et un regal de le voir evoluer sur le terrain amities fernando tu nous a fait rever !!
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25 janvier 2017
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Yoann a dit:
Quel kiffe de lire cette article !!!
Merci
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25 janvier 2017
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Boris a dit:
Bravo pour cet article ! Un plaisir de le lire !
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25 janvier 2017
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WILLERVAL a dit:
Ah ce Ferbnando, tellement rare de rencontrer des joueurs de sa trempe !