Archiver pour mars 2017
Posté le 28 mars 2017 - par dbclosc
Et Wimbée devint invincible
Le 17 septembre 2000, Grégory Wimbée réalise une prestation exceptionnelle à Saint-Étienne. Pas de chance pour la Voix du Nord, cette performance coïncide avec un article publié le matin même dans les colonnes du journal, qui remettait en question la légitimité du gardien lillois.
Ce dimanche de septembre est un événement pour les supporters Lillois : c’est la première fois que le LOSC a les honneurs d’une retransmission télévisée dominicale sur Canal + depuis un Lille/Lyon, le 17 novembre 1996. Il faut dire que, depuis, le club a végété 3 ans en deuxième division, mais sur une pente toujours ascendante : après une première saison manquée en 1997/1998, l’arrivée de Vahid Halilhodzic en septembre 1998 a permis à Lille de redresser la barre, échouant de peu à remonter au printemps 1999, avant de signer une saison record en 1999/2000, avec le titre de champion de D2 à la clé. Le LOSC retrouve la D1 avec des prétentions modestes : il s’agit seulement de se maintenir dans l’élite. Les premiers matches ont été très encourageants, puisque le LOSC se hisse même en tête du championnat un soir d’août, après une victoire contre Rennes. Une nouvelle victoire contre Metz fin août cale tranquillement les Lillois en haut de classement, seulement devancés par les voisins Lensois. Mais le mois de septembre semble marquer la fin de l’euphorie estivale : sans Richert, Fahmi, D’Amico, Collot et Murati, blessés, deux défaites consécutives, à Bastia (0-1), puis contre Troyes (1-2), replacent rapidement l’équipe en milieu de tableau, et ramènent les supporters à une dure réalité : la saison sera difficile avec un effectif au complet, et encore plus avec des blessés.
Se profile alors ce déplacement à Saint-Étienne, qui vient de se faire défoncer à Paris (1-5). A priori, pas le meilleur endroit ni le meilleur contexte pour se relancer. Et pourtant, Lille repart avec un excellent point (1-1). Surtout, ce match, couplé au suivant contre Lens, constitue un tournant dans la saison, pour l’équipe, et plus particulièrement pour son gardien, Grégory Wimbée. Interrogé par Vincent Alix, sa réaction d’après-match traduit l’accomplissement d’une forme de revanche.
D’habitude dans la modération et peu enclin à régler des comptes, on a connu notre Greg plus pondéré. Que s’est-il donc passé avec ce « journaliste de la Voix du Nord qui fait très mal son travail » ?
Une interview que l’on comprend mieux avec la caméra opposée
Le délicat rapport aux sources des journalistes
D’abord, soulignons que la Voix du Nord, en tant que presse quotidienne régionale, relaie quasi quotidiennement l’actualité du LOSC, au moins dans les éditions locales proches de la ville de Lille. Cette situation implique donc, pour les journalistes du quotidien, des relations de proximité avec les joueurs, principaux pourvoyeurs d’informations. Du point de vue des journalistes, il est parfois délicat de trouver la distance adéquate afin de concilier information envers le public, supposée neutre et objective, conformément aux idéaux journalistiques de transparence voire de pilier de la démocratie, et la nécessité de ne pas froisser ses sources, sans quoi les relations risquent d’être froides, et ce n’est jamais agréable, et si je veux j’allonge encore ma phrase.
Bref, tout ça pour dire que, dans l’esprit d’un.e journaliste, toute « vérité » n’est peut-être pas bonne à dire, mais ça fait quand même un peu chier de devoir taire une « information » ou une opinion qui semble largement partagée. Et, en l’occurrence, la Voix du Nord avait manifestement un message à faire passer : Grégory Wimbée ne mérite pas sa place en première division. Écrit comme ça, c’est un peu trash. Alors, dans quelle mesure et comment peut-on « mal » parler de ceux qui nous fournissent la matière de notre travail ?
Histoire de ne pas s’engager personnellement ni d’y impliquer le journal, on peut alors faire passer une idée en faisant parler d’autres qui pensent comme soi-même. C’est la stratégie adoptée par Frédérick Lecluyse qui, dans l’édition du 17 septembre 2000, signe un article basé sur des témoignages saisis dans la semaine lors d’un entraînement du LOSC. L’idée est de saisir l’ambiance autour du club : venant des supporters, les propos ne peuvent alors que refléter une certaine authenticité, et révéler ce que tout le monde pense tout bas1. Donner la parole aux supporters, c’est ainsi la garantie de relayer un propos brutal tout en se dédouanant de l’avoir écrit en son nom propre.
Pas de ménagement à Troyes
Au menu de cet article, titré, reprenant une parole de supporter, « On savait que ce serait dur ! » : les inquiétudes autour des blessures, des deux défaites consécutives, et de Grégory Wimbée : « La longue absence de Teddy Richert, remplacé par un Greg Wimbée qui s’est un peu troué samedi dernier sur le second but troyen, relance aussi le débat : « C’est sûr qu’on ne retient que les erreurs du gardien, mais je pense que Lille devrait penser à recruter à ce poste car on peut craindre que Richert ne revienne jamais », pense Benoît, de Lomme. « On le savait que Wimbée n’avait pas le niveau » tranche Stéphane. « Il est trop nonchalant », complète David, un jeune Marquettois ».
Voilà donc le déclencheur du courroux : une performance jugée médiocre contre Troyes, une semaine auparavant. Au cours de ce match, Troyes ouvre la marque en début de match grâce à Jbari (le joueur préféré de Babar, voilà un bon jeu de mots) ; Bruno Cheyrou égalise rapidement.
Puis l’ESTAC reprend l’avantage vers la demi-heure, et c’est sur ce but que Grégory Wimbée est mis en cause : la reprise instantanée de Nicolas Goussé à 20 mètres, n’est effectivement pas très puissante, mais soudaine et bien placée. On observe en outre que le gardien du LOSC semble reculer au moment de la frappe. Chacun peut se faire son opinion à partir de cet extrait de Telefoot :
Mais si l’on en croit les témoignages de l’article, les performances de Greg sont remises en question depuis bien plus longtemps. Ainsi, cette « erreur » s’ajouterait à d’autres qu’il aurait déjà commises.
Quel a été son parcours jusqu’alors ?
Un gardien correct, en manque de confiance
Quand Grégory Wimbée débarque à Lille à l’été 1998, c’est auréolé – et non Aréola – d’une sacrée réputation : il est en effet à ce moment le premier et seul gardien à avoir inscrit un but sur une action de jeu, et ce contre ces pauvres Lensois, et contre ce malheureux Jean-Claude Nadon (on en avait parlé ici).
Mais sa carrière lilloise est commence sans relief particulier : malchanceux, il a même marqué contre son camp lors de son premier match à Grimonprez, contre Guingamp, en août 1998. Hormis une période, fin 1998, où il perd même sa place au profit de Bruno Clément durant 7 matches après une prestation collective décevante contre Ajaccio (1-3), Grégory Wimbée est un gardien de but qui fait le job, sans être ni spécialement mauvais, ni particulièrement décisif. Il a tout de même à son palmarès un fait d’armes particulièrement cocasse dont, à notre connaissance, il n’y a pas d’autre exemple : contre Gueugnon, en octobre 1998, il détourne deux fois le même pénalty. Explication : un pénalty est sifflé pour Gueugnon : Alain Bettagno s’élance, et Greg détourne sur sa droite. Oui, mais l’arbitre fait retirer le pénalty : étonnamment, changement de tireur, c’est cette fois Fabien Weber qui frappe : Greg détourne de nouveau, sur sa gauche. Les Dogues s’imposeront 1-0.
Cadeau DBC : on a cette action avec la voix de Vincent Delcroix, sur Fréquence Nord. C’est tellement la fête du football dans la métropole lilloise en quelques minutes que Wasquehal marque en même temps à Guingamp.
« L’ami Bettagno »
Grégory Wimbée est ensuite le gardien de la meilleure défense de D2 en 1999/2000, avec seulement 25 buts encaissés. Il reste difficile d’isoler les performances individuelles d’un gardien du reste de l’équipe, mais il est significatif que Greg avait réussi la même performance avec Nancy en 1996, avec seulement 23 buts encaissés, et ce dans une D2 à 22 clubs. Seules ombres au tableau lors de cette saison : ses deux expulsions, contre Sochaux, puis contre Guingamp, et une perte de balle face à un attaquant en voulant dribbler, ce qui nous a coûté un but à Cannes en mars 2000 (2-2). Faisant parfois passer quelques frissons dans le stade en cas de passe en retrait d’un de ses équipiers, Greg est à Lille dans la continuité de sa carrière professionnelle : potentiellement excellent mais un peu sur la retenue. Il a tout de même été international Juniors et compte une vingtaine de convocations en Espoirs (pour 4 titularisations), avant de connaître une forme de « relégation professionnelle », en défendant les buts d’équipes de bas de tableau en D1 (Nancy, Cannes, avec 2 descentes), puis en retrouvant la D2 avec Lille.
Numéro 2, puis numéro 1
Lille et Greg Wimbée retrouvent la D1 en 2000. Sans que cela ne choque grand monde, le club se met en quête d’un gardien, car Greg est voué à devenir n°2. Teddy Richert, doublure d’Ulrich Ramé à Bordeaux, débarque. Il a à son actif deux saisons pleines en D1 et une demie en D2, avec Toulouse : sur le papier, c’est un profil pas tellement différent de celui de Wimbée, et uil est même moins expérimenté.
Pour le premier match de la saison, Richert garde correctement le but lillois : assez peu sollicité, il ne peut pas grand chose sur le but de Giuly, mais il a dégagé une certaine sérénité, notamment sur les coups de pied arrêtés adverses. Mais, dans la semaine, le gardien se blesse gravement à l’entraînement : rupture du tendon d’Achille, et longue indisponibilité. Logiquement, Grégory Wimbée est alors promu n°1, a priori jusqu’au rétablissement de Richert. On ne le sait pas encore, mais on ne reverra plus Teddy sous le maillot lillois. Greg prend part aux victoires à Strasbourg (4-0), puis contre Rennes (1-0). À Sedan, il est de nouveau expulsé pour une main hors de sa surface, l’occasion d’offrir à Eric Allibert deux apparitions en D1, le temps que Wimbée purge sa suspension. Greg revient pour le match à Bastia (0-1). Et arrive donc le match contre Troyes, qui accouche donc de l’article de la Voix du Nord le 17 septembre, juste avant le déplacement à Saint-Étienne.
Et donc voici une partie de la performance de Greg ce soir-là, qui explique sa réaction vue plus haut : il cède face à Alex à la 21e, puis s’interpose notamment contre ce même Alex (36e, 77e, 91e), Panov (49e) et Pédron (81e). Incontestablement, si Lille prend un point, c’est grâce à son gardien. C’est aussi l’occasion de revoir notre n°1 du Top 18 des buts à la con du LOSC. Le commentaire de France 3 ne manque pas de faire référence aux critiques que Greg a subies dans la semaine :
La Voix du Nord applaudit la performance
Dans l’édition du mardi 19 septembre, toujours sous la plume de Frédérick Lecluyse, Grégory Wimbée est en tête du « Top 5 » des joueurs lillois, avec ce commentaire : « Troyes est oublié. Le gardien Lillois a tout simplement permis aux siens de revenir du Forez avec le point du match nul ».
Dans la partie sur l’analyse du match, le même journaliste : « si le LOSC n’a plié qu’une seule fois, il doit en grande partie à son gardien Grégory Wimbée, qui a sans doute sorti un de ses meilleurs matches depuis qu’il est au LOSC. Très fâché par les déclarations de quelques supporters (notre édition de dimanche), le grand Greg a effectué des arrêts de grande classe, et démontré qu’il avait largement sa place en D1. Ses coéquipiers et le coach étaient unanimes dans l’hommage. Tout comme d’ailleurs l’ancien Lensois Jean-Guy Wallemme, capitaine des Verts, et le néo-stéphanois Patrice Carteron ». F. Lecluyse prend la position de celui qui n’a fait que jouer un rôle de médiateur, semblant même s’opposer aux propos qu’il a relayés, reprenant du coup l’appellation « Grand Greg ».
Alors, mea culpa ou position d’absolue neutralité du journaliste parfait ? Sans doute beaucoup de l’un, et un peu de l’autre. Un autre article, dans la même édition, signé cette fois Sébastien Darnaux, souligne : « sur le plan psychologique, ce nul au goût de victoire a fait le plus grand bien au club. À Grégory Wimbée également ! Le gardien du LOSC, pas très brillant face à Troyes, s’est repris de la meilleure façon qui soit en intervenant efficacement devant le duo Alex-Panov, impuissant ».
Beau compromis sur le mode « mon collègue n’avait pas tout à fait tort mais Wimbée est aussi un excellent gardien ».
Et histoire de tout remettre à plat, le vendredi 22 septembre, la Voix du Nord offre un portrait croisé de Guillaume Warmuz et de Grégory Wimbée, à l’avant-veille du derby. Greg y est qualifié de « héros de Geoffroy-Guichard ».
La parole est donné à ses entraîneurs. Vahid Halilhodzic : « Je savais pouvoir compter sur lui. Il a répondu à mes attentes ! » ; Jean-Pierre Mottet : « Cela fait deux ans et demi qu’il est performant. Il n’a connu qu’une période difficile chez nous : lorsque Bruno Clément avait pris sa place. Et puis, si Lille a terminé meilleure défense de D2 l’année dernière, c’est aussi grâce à lui ».
On a fait un petit montage pour résumer tout ça
On dit merci qui ?
Alors, merci la Voix du Nord ? Ce serait une explication bien trop hâtive : s’il suffisait de dire qu’un joueur est « mauvais » pour qu’il devienne excellent, le football devrait une fière chandelle à Pierre Ménès et à Jean-Michel Larqué. Nul doute que Grégory Wimbée a été piqué par cet article, dont on conçoit que certains passages, mettant explicitement et publiquement – c’est quand même une particularité du métier dont on a sans doute peine à évaluer la portée2 – en cause son niveau, ont pu être considérés comme blessants, et l’ont peut-être surmotivé. Mais ce serait faire bien trop d’honneur au rôle de la presse : on ne s’improvise pas excellent gardien. Cela rappellerait la pathétique défense de Jérôme Bureau, patron de L’équipe, après le titre mondial en 1998 : en gros, si les Bleus sont devenus champions du monde, c’est parce que la ligne éditoriale du journal, critique voire diffamante envers Aimé Jacquet, a soudé le groupe.
Ce serait surtout mettre de côté le travail réalisé avec Jean-Pierre Mottet depuis l’arrivée de Greg à Lille. Et, cela compte aussi beaucoup chez un homme comme Grégory Wimbée, le simple fait de vivre à Lille, dans un environnement qui lui convient et contribue largement à son épanouissement professionnel. Ce n’est pas un hasard s’il habite encore dans le coin et qu’il a occupé différents postes au club (notamment celui d’avant-centre des Anciens Dogues).
En fait, la relation entre Grégory Wimbée et la Voix du Nord avait commencé la semaine précédente, juste avant le match contre Troyes. Le quotidien avait dressé un portrait plus personnel de Greg, dans lequel on découvrait l’homme : il posait avec ses enfants, Manon et Théo, évoquait la profession de ses parents, son déménagement dans le Vieux-Lille, les bouffes avec Bruno Cheyrou, Sylvain N’Diaye et Dagui Bakari. Et on pouvait lire : « Le déménagement à Lille m’a sauvé. Au cours de la saison 97/98, j’étais à Cannes. J’habitais Grasse, plus précisément. C’est affreux là-bas. Les gens sont superficiels. On peut vous dire plusieurs fois de venir manger à la maison sans lancer une véritable invitation ». Après cette expérience cannoise, Greg est à la croisée des chemins : soit une carrière « moyenne » l’attend, soit il lui faut rebondir au plus vite vers un projet ambitieux. En outre, Greg nous avait confié en interview qu’il traversait également des soucis plus personnels, qui le freinaient dans son évolution sportive.
On comprend donc maintenant qu’il a trouvé à Lille un équilibre personnel qui lui manquait, et que cet équilibre est une condition de ses performances. Alors, voilà notre interprétation : l’arrivée de Grégory Wimbée à Lille l’a replacé dans un contexte propice à sa réussite. Le grand espoir qu’il était sommeillait encore. Après deux saisons correctes, les résultats de son travail sont apparus de façon éclatante un soir à Saint-Étienne, le jour où la Voix du Nord le critiquait. Simple coïncidence chronologique.
Et depuis, Greg est devenu invincible : on se rappelle encore avec étonnement la dimension qu’il a prise alors, réalisant de spectaculaires arrêts (à commencer par le match suivant contre Lens où il sauve le LOSC à 0-1 en gagnant un duel avec Sibierski), et prenant une place grandissante dans le vestiaire. Parmi les performances les plus marquantes, on se rappelle certains matches où on a eu l’impression que rien ne pouvait arriver au LOSC tant qu’il était dans le but (notamment à Toulouse en mars 2001, où il gagne 4 face-à-face contre Bonilla).
Quelques semaines après qu’on l’ait évoqué dans la presse régionale par « on savait qu’il n’avait pas le niveau, il est désormais « Monsieur Plus », après un match à Lyon (où il arrête un pénalty d’Anderson).
Et la réussite fut aussi de la partie, comme ce jour où il fut sauvé 4 fois par ses poteaux, et où il arrêta un pénalty. C’était… à Troyes, presque un an jour pour jour après. La chance et le talent des très grands gardiens.
FC Notes :
1 À la différence de Pierre Ménès qui, comme l’énonce très justement notre estimé collaborateur Jean-Marie Pfouff, « dit tout haut ce que personne ne pense tout bas ».
2 Tiens, imagine que, au boulot, tu rédiges mal un rapport : le lendemain, le quotidien local, fait parler les gens de ta boîte : « ouais franchement, Duchmol a vraiment une grammaire pas au niveau », « on savait que ce boulot serait dur pour lui », « faudrait penser à le remplacer… ». Oui, je sais, tu t’appelles pas Duchmol, c’était un exemple.
Posté le 23 mars 2017 - par dbclosc
Quand Vahid faisait le Guignol
En novembre 2001, les téléspectateurs de Canal + voient apparaître une nouvelle marionnette dans l’émission « Les Guignols de l’info » : celle de l’entraîneur du LOSC, Vahid Halilhodzic. Caricaturé en entraîneur tyrannique, on ne peut pas dire que cette guignolisation ait plu à l’intéressé. Pas sûr cependant que l’émission satirique ait particulièrement décrédibilisé l’entraîneur.
Automne 2001. Après une très honorable campagne de Ligue des champions dont il sort 3e de sa poule, le LOSC est reversé en coupe de l’UEFA. Et pour la deuxième fois en 3 mois, après la victoire à Parme, les lillois s’imposent en Italie, grâce à un but de Dagui Bakari. Au lendemain de cette victoire, le 23 novembre 2001, la marionnette du présentateur, PPD, conclut l’émission avec un dernier invité : Vahid Halilhodzic, l’entraîneur du LOSC. Voici la transcription de l’échange :
PPD : Voilà, sans transition football ! Le Lille Olympique (sic) de Vahid Halilhodzic a créé un véritable exploit en gagnant 1-0 en Italie contre la Fiorentina hier soir. Vahid, vous êtes un entraîneur heureux là, non ?
Vahid : Euh, oui, Vahid dit : Vahid content. Vahid dit : c’est bon pour LOSC, important image de LOSC, équipe progresser, Vahid content pour LOSC… MAIS !!!
PPD : « Mais ? » Mais, mais quoi ?
Vahid : Vahid dit : imperfection dans jeu LOSC !
PPD : Ah bon ?
Vahid : Pas marqué deuxième but, un contrôle raté, deux passes trop longues.
PPD : Bon pas grave. Gagner en Italie, c’est un exploit !
Vahid : Oui, mais Vahid déçu, obligé punir équipe.
PPD : Hein ?
Vahid : Demain, joueurs faire 150 tours terrain avec sacs ciment sur épaules tout nus dans neige.
PPD : Vous allez pas faire ça ?
Vahid : Si, quand joueurs revenir Italie, Vahid fait.
PPD : Vous n’êtes pas rentrés hier soir en avion ?
Vahid : Vahid oui, mais joueurs rentrer à pied comme ça eux apprendre faut pas rater occasion but.
PPD : Mais c’est une méthode… très sévère.
Vahid : Non, ça victoire. En cas défaite, Vahid prend joueur au hasard et exécute lui balle dans nuque.
PPD : Ah oui, ça explique les bons résultats du coup… Bon allez, À tchao bonsoir !
Pas la peine d’être spécialiste de football pour comprendre que Vahid est présenté comme un entraîneur qui, certes, obtient des résultats, mais au prix de méthodes quasi-dictatoriales. Il faut dire que, depuis son arrivée à Lille en septembre 1998, le Bosniaque s’est construit une réputation : outre ses excellents résultats sportifs, qui ont conduit Lille de la 17e place de D2 à la Ligue des Champions en à peine 3 ans, il ponctue régulièrement les entretiens relatifs à ses méthodes de quelques mots qui reviennent comme un leitmotiv : travail, rigueur, discipline. Lors de la première interview qu’il donne à France 3 Nord à son arrivée, il plante le décor : « J’ai dit aux joueurs : ‘Vous êtes tombés dans cette situation à cause de vous. Personne d’autre. Si vous voulez vous sortir de là, vous en sortirez vous-même. Vous devez réagir le plus vite possible, ce sera mieux pour vous’ ». On en avait parlé dans notre article sur la saison 1999/2000. Et Fernando D’Amico, qui nous relatait récemment son arrivée à Lille et l’accueil qui lui a été réservé, ne nous contredira pas. Très récemment, Grégory Tafforeau revenait lui aussi sur le travail avec Vahid1.
L’accent très prononcé et ce phrasé si particulier entretiennent une austérité apparente. Sa lourde histoire personnelle est de plus connue, et contribue à susciter le respect : ancien buteur prolifique du FC Nantes puis du PSG, il a connu la guerre en Bosnie à partir de 1992, et confie volontiers le rôle qu’il y a tenu et les blessures qui lui restent : « J’ai vu le fascisme de mes yeux. Pendant un an et demi. J’ai vu des atrocités, des choses que l’on croyait réservées aux livres d’histoire. J’ai affronté directement les fascistes. Devant eux, sans armes. Je leur ai tourné le dos. Je suis fier de mon rôle pendant cette guerre, parce que j’ai sauvé des milliers de gens. Pendant les bombardements, j’organisais des convois pour aller mettre les femmes et les enfants en sécurité, au bord de la mer. J’ai mis ma vie en danger. Je me demande comment je suis sorti vivant de cette guerre. Mais j’ai perdu en une journée tout mon travail de vingt ans. Parce que j’étais musulman, riche et célèbre, ils ont bombardé ma maison et ma vie ».
Dans la vidéo ci-dessous, Vahid, blessé, témoigne depuis un lit d’hôpital à Mostar
En outre, Vahid a su maintes fois mettre en scène ses conditions, voire ses exigences : en évoquant Grimonprez-Jooris, « honteux pour la région », en virant Edwin Murati lors d’un entraînement public au lendemain d’une élimination en coupe, en soufflant le chaud et le froid sur son avenir en avril 2001, quitte à dramatiser certaines situations qui n’étaient sans doute pas aussi catastrophiques qu’il le laissait entendre, pour mieux mettre la pression sur qui se sentirait visé (« on n’est pas prêts », à la veille du match contre Monaco en juillet 2000 ; « si on est qualifiés la Coupe d’Europe, je refuserais, vous avez vu l’état du club ? » au printemps 2001). Grandiloquent quand Lille était en D2, feignant le rôle du petit quand Lille était au sommet, il est indéniable qu’ avec Vahid Halilhodzic, on tient un personnage.
Un extrait du fameux feuilleton « je pars, je reste », printemps 2001
Consécration ou humiliation ?
Il y a deux façons d’envisager sa « guignolisation » : soit on la considère comme une reconnaissance, voire une consécration – c’est ainsi que la plupart des personnalités politiques la prennent -, soit on la considère comme une insulte adressée à son travail et à sa personne. Les politiques, même malmenés, y voient la plupart du temps l’occasion d’accroître leur popularité, l’important étant que l’on parle d’eux, fût-ce2 pour être tournés en ridicule. Les rumeurs sur l’arrêt de l’émission au printemps 2015 avaient ainsi permis de mesurer l’attachement à l’émission satirique, un soutien à la caricature qui n’est pas réductible au contexte post-attentat à Charlie-Hebdo. Ainsi, François Bayrou, pas le moins raillé, y allait de son tweet de solidarité :
Quand même… Dans une société comme la nôtre…!
Voilà désormais Vahid successeur des « footeux » de l’émission, le premier ayant été régulièrement caricaturé étant Bernard Tapie, l’ancien président de l’OM, vu comme « sévèrement burné ». L’Euro 1992 installe définitivement les marionnettes de footballeurs, avec les arrivées du sélectionneur national, Michel Platini, et des deux vedettes de son équipe Jean-Pierre Papin et Éric Cantona. JPP est considéré comme un simplet qui épelle son nom « P-A-P-1 », et qui doit souvent être calmé par le serein Cantona. Plus tard, le duo Roland (au mieux chauvin)-Larqué (M. Loyal) et ses fameuses répliques (« Tout à fait Thierry », « on aura beau dire on aura beau faire », « il n’aura pas fait le voyage pour rien », « c’est une parodie de football », y en a même une chanson), Guy Roux, Aimé Jacquet, et les champions du monde Zidane et Barthez ont alimenté la chronique des footeux moqués, et contribué à la renommée de l’émission ainsi qu’à la notoriété des personnages ainsi caricaturés. On remarque que Vahid est dans une lignée assez prestigieuse… Encore un symptôme de la place qu’occupe désormais le LOSC, mais surtout son entraîneur, qui a souvent protégé son groupe en se mettant en avant. L’émission est de plus régulièrement soupçonnée d’avoir une grande influence sur son public, ce qui est particulièrement souligné dans le domaine politique : en faisant passer Jacques Chirac pour un sympathique mangeur de pommes, les Guignols auraient contribué à le rendre sympathique, et ainsi à le faire élire à la présidence de la République en 1995. Quelques travaux de sociologie de la réception seront bien moins catégoriques, car les effets sociaux des programmes politiques de télévision demeurent plus hypothétiques que réels (le même Chirac, qualifié de « Supermenteur » en 2002, a été réélu – bon d’accord, dans un contexte particulier), mais l’important est cet effet de croyance dans une influence de l’émission sur ce et ceux qu’elle caricature, et c’est bien cette croyance qui produit des effets, davantage que le programme lui-même.
Quoi qu’il en soit, pour Vahid Halilhodzic, c’est plutôt la seconde interprétation qui l’a emporté : sa marionnette tyrannique ne l’a pas franchement fait rire, comme si, justement, il estimait qu’elle altérerait son image. Si d’aucuns sont parvenus à jouer de la confusion entre caricature et caricaturé, en entretenant les traits que l’on moquait chez eux (Guy Roux a par exemple profité de son image de radin pour faire une pub pour La Poste, dans laquelle il donnait des conseils d’épargne), Vahid n’a pas apprécié, ce qui du coup contribue à renforcer sa caricature : « Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas comme ça. Je ne comprends pas. Certains sont contents de passer aux Guignols de l’info. Pas moi ».
Avant la retransmission de Lille-Dortmund en févier 2002, les Guignols font intervenir Vahid. C’est à voir ici, sur notre page facebook, car le grand méchant Youtube nous a supprimé la vidéo.
Les Guignols n’ont pas inventé grand chose
On a le sentiment que Vahid estime que l’image que lui donnent Les Guignols est inédite. Si, incontestablement, elle augmente son audience, en dehors du cercle des amateurs de foot et au-delà de la métropole lilloise, elle n’a rien de nouveau. Dès son arrivée, comme en témoigne la citation relatée précédemment, Halilhodzic a posé d’emblée son empreinte, basée sur le travail, la rigueur, la discipline. Et les portraits que l’on peut lire de lui sur le net, antérieurs à sa guignolisation, évoquent largement cet aspect, d’autant plus qu’il insiste dessus, dans des termes que les Guignols ne renieraient pas : c’est parfois soft, comme dans Libération en septembre 2000 : « l’homme est rigoureux et exigeant, mais sa méthode a fait ses preuves (…) Tacle et retard sont sanctionnés. En fait, Halilhodzic noue avec ses joueurs une relation ambivalente. Intransigeant sur le terrain, proche à l’extérieur », dans la Croix, en février 2001 : « Halilhodzic impose la ponctualité aux entraînements, transmet son goût immodéré du travail à ses joueurs » ; c’est parfois plus marqué, avec forces anecdotes sur la main de fer du coach, comme dans L’Humanité en avril 2001 : « Vahid Halilhodzic redouble d’exigence avec ses hommes. « Je ne connais pas un sportif qui puisse arriver à quelque chose sans travailler » (…) Il insuffle à son groupe un état d’esprit de combattant, une véritable haine de l’échec. « L’an dernier, après une défaite, j’ai vu des joueurs qui rigolaient dans le bus et je leur ai dit : « Si ça vous fait rire, vous sortez tout de suite. » (…) Enfin, Vahid impose à ses troupes une discipline de fer, au point de les envoyer courir autour du terrain, quelques minutes après avoir concédé le match nul à domicile face à la lanterne rouge strasbourgeoise », dans L’Equipe en avril 2001 : « Je fais ce que je veux », ou dans Le Parisien en août 2001, où Vahid est qualifié3 de « sorcier » : « Avec moi, il n’y a jamais d’entraînement à 90 % : c’est toujours à fond. Mes hommes sont en match comme ils s’entraînent. Quand je sors un joueur du groupe, il sait pourquoi ».
Surtout, le travail prôné n’a jamais été considéré comme un défaut, surtout à Lille, après des décennies de résultats décevants et d’entraîneurs pas franchement réputés pour leur capacité à mobiliser un groupe… Vahid est si colère qu’il déclare ne pas supporter le surnom « Coach Vahid » que lui affuble les Guignols : surprenant, quand on considère que cela n’a rien d’infâmant (c’est même assez cohérent), qu’il n’est pas le seul entraîneur à être appelé « Coach » , et que, c’est à vérifier – mais cette généalogie semble bien difficile à effectuer – mais il nous semble que l’appellation « Coach Vahid » est bien antérieure à sa guignolisation. En ce sens, la marionnette de Vahid est-elle autre chose que l’officialisation d’une réputation ? Le producteur de l’émission de l’époque, Yves Le Rolland, ne semble pas dire autre chose : « on s’inspire tout le temps de la réalité. Nous n’inventons rien, nous sommes juste un miroir déformant. On regarde la télé, on lit beaucoup de journaux et quand un personnage sort du lot ou nous semble incroyable, on y va. Lorsque Lille cartonnait, il y avait des dizaines d’anecdotes sur la dureté et la discipline d’Halilhodzic. On a trouvé qu’il avait un caractère facilement caricaturable ».
À Paris, chez les proprios de l’émission
Les choses prennent une tournure encore différente lorsqu’Halilhodzic rejoint le PSG lors de l’été 2003. Quelques joueurs semblent marqués par l’image véhiculée dans les Guignols, mais rectifient rapidement leurs préjugés. Ainsi, Jérôme Alonzo dit à son propos : « je ne voyais de lui que son personnage aux Guignols de l’Info, et maintenant que je le connais, je trouve ça sévère. Sa méthode n’a rien de folle. Avec lui, la notion de collectif est très forte ». Libération se montre bien plus incisif que quelques mois plus tôt : Vahid a droit au titre « costard-cravache » ; l’article s’étonne d’une réputation qu’il contribue pourtant à construire ou à relayer : « préparations physiques stakhanovistes », « mesures disciplinaires mythiques », « il ne souffre guère la contradiction », « doctrine Halilhodzic, entre absolutisme et collectivisme footballistique ? ». L’effet Guignols ? Une nouvelle donne est à prendre en compte : la médiatisation du PSG, bien plus forte que celle de Lille. À l’époque, le propriétaire du club est Canal +, diffuseur des Guignols de l’Info. Les liens entre le club et la chaîne sont donc privilégiés, puisque le groupe a fourni au PSG trois présidents directement issus de ses rangs (M. Denisot, C. Biétry et L. Perpère4) de 1991 à 2003. Quant au contenu de l’émission, il a – sciemment ou pas – toujours offert une surexposition au PSG, parce que, en effet, le PSG est un club-phare du pays, mais certainement aussi par parisiano-centrisme et par ces relations historiques entre Canal et le PSG. La marionnette de Denisot, les aventures « Nico et Luis », puis le latex de Ronaldinho, en témoignent.
Dès son arrivée officialisée, Vahid interdit de faire référence à son Guignol. L’émission le croque de suite, dans un sketch où il fait irruption dans une boîte de nuit pour en sortir Ronaldinho, qui s’amuse en compagnie de filles et de champagne5. Très rapidement, en septembre 2003, une polémique éclate à propos de la supposée censure d’un sketch des Guignols avec, dans le rôle principal, Vahid Halilhodzic. Le désormais entraîneur du PSG y joue le rôle d’un directeur tyrannique de Canal +. Stéphane Bern, fraîchement recruté par la chaîne arrive pour son premier jour de travail : des vigiles lui prennent ses empreintes, puis le laissent entrer. Apparaît alors Vahid, qui annonce froidement : « Finie la rigolade ». On aperçoit ensuite Emmanuel Chain, lui aussi nouveau transfuge de la chaîne, demandant un peu de pain. Stéphane Bern s’affole : « J’aurais jamais dû partir de TF1 ». Vahid lui répond : « C’est une phrase que tout le monde dit, ici ». Mais les téléspectateurs n’ont jamais vu ce sketch. Le patron de Canal, Bertrand Méheut, y aurait opposé son veto, une version en tout cas soutenue par les auteurs des Guignols et rapportée par Le Parisien en septembre 2003. Difficile de savoir ce qui relève de la réalité de ce qui relève de la vision subjective des auteurs des Guignols, sans compter la volonté d’influer sur la vie interne à Canal, toujours est-il que le rôle du despote échoit encore et toujours à Halilhodzic. Officiellement, les auteurs des Guignols ne sont pas aux ordres de la direction de la chaîne ; officieusement, celle-ci souhaite redorer à la fois l’image de la chaîne et celle du PSG : dès lors, hors de question de mettre en scène d’énièmes bisbilles mêlant les deux, fussent-elles6 tirées d’une émission parodique. « On nous a déjà demandé de ne pas dénigrer la grille de programmes, raconte Yves le Rolland, mais il n’y a jamais eu de censure sur le PSG ».
Et il faut aussi dire que l’équipe de Vahid tourne bien pour sa première saison à Paris. Le club talonne Lyon, termine 2e du championnat en 2004, et remporte la coupe de France. Toujours officiellement, cette réussite justifie que les Guignols lâchent un peu le club : selon Le Rolland, « nous avons pris l’arrivée d’Halilhodzic au PSG comme une aubaine. On a fait quelques sketchs au début mais, maintenant qu’il a la baraka, le PSG nous intéresse moins. C’est connu : on ne parle que des trains qui n’arrivent pas à l’heure. Il n’y a plus d’affaires, ça manque de personnages originaux. Francis Graille n’aura pas sa marionnette chez nous, il n’est pas drôle ». Francis, c’est quand même un prénom super drôle, mais apparemment ça ne suffit pas.
Et après ?
Lorsque Vahid a été viré du PSG en février 2005, sa réputation est faite. De là à dire que Canal + y a joué un rôle… Difficile à dire, ainsi que nous l’énoncions plus haut. Cet article de L’obs profite de sa sortie pour compiler un best-of vahidesque : « une rigueur et une exigence poussées à l’excès » ; « ténébreux », « discipline de fer », « impulsif », « droiture », « inflexible ». Sa page wikipédia dispose d’une rubrique intitulée « Méthode », là où d’autres entraîneurs ont droit à « tactique », « style de jeu » ou « philosophie ». En général, et curieusement, quand on parle de « méthode », on sous-entend que celle-ci a quelque chose de dur, tout comme quand on dit d’une personne qu’elle a du « caractère ». Difficile tout de même de penser que la marionnette l’emporte sur l’homme et l’entraîneur. Pour ce que l’on en connaît plus particulièrement, à Lille : il a été professionnellement exigeant. Et ça a marché, les joueurs de l’époque se remémorent aujourd’hui à l’unisson le bonheur de ce qui a correspondu, pour la plupart d’entre eux, au sommet de leur carrière. Voilà d’ailleurs probablement le principal atout de son CV : sa capacité à apporter de la discipline et une dimension plus « professionnelle » là où il passe. Vahid a beau regretter de ne souvent prendre que des équipes ou des sélections « à reconstruire », cela correspond à nombre de ses qualités. Et il est tout aussi possible que Les Guignols aient contribué à répandre à son sujet une réputation d’entraîneur tirant le meilleur d’un groupe. On sait aussi combien il est sensible et s’est montré chaleureux avec les supporters, hors de son travail. Par la suite, on n’en fera pas la compilation tant c’en est presque comique mais, partout où il est passé, en Turquie, en Algérie, en Côte-D’Ivoire, en Croatie, la presse locale et les joueurs qu’il a dirigés font part des mêmes caractéristiques, soit qu’ils les louent, soit qu’ils les lui reprochent. Une rapide recherche sur Internet vous le confirmera. Dernière péripétie en date : actuellement sélectionneur du Japon, Vahid s’est vu imposer un adjoint en septembre afin de pacifier les relations entre lui-même et ses joueurs. Il leur avait interdit de sourire après une défaite face aux Emirats Arabes Unis !
Avec quelques années de recul, Vahid reconnaît quelques excès. En 2012, dans France Football, il revenait sur le sujet des Guignols : « j’ai aussi ma part de responsabilité. Je n’ai pas toujours fait ce qu’il fallait en termes de communication. J’étais un peu rigide. Mais je suis quelqu’un d’attachant, de sincère, de fidèle. Je suis même un peu naïf. A un moment donné, j’étais plus connu pour mon guignol que pour mon travail. Or ma plus grande qualité, c’est mon travail. Et ça, on n’en parle jamais. Vahid n’est pas un tyran! J’aime l’humour et la bonne humeur. L’argent est évidemment important mais les joueurs ne peuvent pas jouer que pour l’argent. Je suis sans doute le derniers des guignols à croire ça, mais je suis comme ça. On ne me fera pas changer. J’ai compris que je devais vivre avec mon image. Je ne regrette pas grand-chose d’ailleurs, même si j’aurais dû mettre un peu d’eau dans mon vin ». Allez, Vahid : « Ce que l’on te reproche, cultive-le, c’est toi-même ». C’est du Jean Cocteau.
FC Notes :
1 : Contacté hier, Ted Agasson dément les propos de Grégory Tafforeau à son sujet : « Vahid Halilhodzic est le meilleur coach que j’aie jamais eu ».
2 Ben quoi, c’est du français.
3 Vahid est souvent qualifié.
4 De couilles, de couilles.
5 Dans les fait, Halilhodzic n’entraînera pas Ronaldinho, qui quitte Paris lors du mercato estival en 2003.
6 Quoi ?
Posté le 16 mars 2017 - par dbclosc
Les cinq glorieuses du LOSC contre l’ogre marseillais (1988-1993)
Te rappelles-tu l’époque dorée quand tu avais le plaisir de voir tes Dogues croquer régulièrement l’ogre marseillais de Nanard Tapie, à la fin des années 1980 et au début des années 1990 ? Non ? Pardon ? Hein ? Ah ben, oui, forcément, si t’as 15 ans, non tu t’en souviens pas. Mais là, en fait, je parlais plutôt au vieux, là, derrière un autre écran d’ordi. Mais bon, puisque t’es là, ça tombe bien. Je vais te parler d’une partie de l’histoire glorieuse du LOSC que tu ignores. A cette époque le LOSC était un club moyen et l’OM était sur les toits de l’Europe (demi-finaliste de C1 en 1990 et finaliste l’année suivante pour enfin la remporter en 1993. Et pourtant, les Marseillais n’aimaient pas trop se rendre à Lille …
Retour sur cinq perfs de nos Dogues d’alors.
Le scénario à rebondissement que quand tu vois ça dans un film tu te dis « ah là là n’importe quoi, comme par hasard c’est les gentils qui gagnent alors que ça paraissait foutu »
En 1988/1989, le LOSC a de l’ambition. Normal, son équipe-type est restée presque inchangée à l’intersaison, a fait une excellent deuxième partie de saison 1987/1988 et, en plus, peut maintenant aligner conjointement ses trois pépites offensives Desmet-Vandenbergh-Mobati depuis la naturalisation (française) de ce dernier.
Ceci étant, « de l’ambition », ça veut dire que si on finit 5ème, ça serait royal. Bref, quand le Marseille de Tapie, favori pour le titre, se déplace à Grimonprez pour la deuxième journée, on n’en mène pas large. En plus, les supporters, sans doute encore en vacances, ne sont pas nombreux : moins de 13.000 spectateurs pour cette affiche.
C’est pourtant Lille qui ouvre le score avant la mi-temps par Desmet sur une belle action de Vandenbergh. Le temps passe et on atteint le temps additionnel en pensant réaliser la perf du jour. Pas de bol, sur un ballon de Förster, Doaré récupère le ballon et, en voulant la remettre à Nanard Lama, marque contre son camp. On croit que c’est mort quand, sur une touche de Mobati, Le Roux met la main et Huard fauche Vandenbergh, histoire de s’assurer que M. De Zayas siffle péno, ce qu’il fera. Gaston Mobati ne se fait pas prier pour le transformer et donner la victoire au LOSC dans un scénario sympatoche.
Le point pris au vélodrome qui te fait espérer aller très haut
Le 25 novembre 1988, le LOSC se déplace à Marseille. Après un début calamiteux, le LOSC est bien remonté et vient de remporter 5 victoires (pour un nul et une défaite) au cours de ses 7 derniers matches, marquant 14 fois au passage (pour 5 encaissés). Lille est alors 7ème, ce qui est assez merveilleux pour nous à l’époque, et surtout sur une dynamique ascendante, c’est à dire montante, c’est à dire que ça sent bon pour nous. Dans ce championnat qui teste la victoire à trois points, on se dit que deux points de retard sur le quatrième et quatre sur le troisième, ça n’est pas nécessairement grand chose. Le match au Vélodrome constitue un test majeur.
Et les Lillois répondent bien à ce défi, Vandenbergh (35è) répondant au but de Vercruysse (33è). Surtout, l’encouragement vient du fait que les Dogues n’ont pas fait que jouer le contre et ont largement fait jeu égal avec leur gargantuesque adversaire du jour. Constate par toi-même :
On y trouve la confirmation de nos ambitions. Las, il s’agissait en réalité d’ambifions – de l’ambition pour l’avoir au final dans l’fion – et Lille décroche vers le mois de mars, pout terminer finalement huitièmes.
Pelé le « chef d’orchestre » de 1989 (C’est pas moi qui le dis, c’est le gars de la télé)
Le 4 octobre 1989, le LOSC reçoit l’Olympique de Marseille, champion en titre et leader du championnat après 12 journées malgré un match en retard. Lille, pour sa part, a mal digéré la transition post-Georges Heylens et se retrouve alors 18ème en position de barragiste. Autant dire qu’on ne se fait guère d’illusions. Pourtant, plus de 20.000 spectateurs se déplacent ce soir là pour encourager les Dogues.
Et le miracle se produit : c’est d’abord Sauvaget qui ouvre le score sur une action initiée par Pelé (11è) avant que ce même Pelé, en feu (façon de parler, hein) ce soir-là, double la mise d’un coup-franc magistral. Bien sûr, j’imagine que tu me prends pour un mytho et que tu vas me dire que ce match n’a jamais existé. Je te le prouve donc en images (non truquées de surcroît).
Patrice (Sauvaget), ce héros
De cette saison 1990/1991, on n’attend a priori pas grand chose. Lille vient de finir 17ème la saison précédente et Lille n’a plus les moyens d’espérer mieux que le maintien. Pourtant, après 22 journées, Lille fait mieux que tenir son rang. Jacques Santini a réussi à construire une équipe très difficile à jouer et le LOSC est alors 7ème d’un championnat qui donnera quatre, voire cinq places qualificatives en coupe d’Europe. Lille n’est alors qu’à un point de Montpellier, quatrième et demure à égalité de points avec le 5ème. Ceci étant, ne nous emballons pas : derrière, Saint-Etienne, en position de barragiste, n’est qu’à quatre points.
Ceci étant, pour ce match à Grimonprez, on n’est pas hyper confiants. Lille est très solide chez lui, mais l’OM est le leader incontesté de ce championnat et, en plus, est en grande forme. Le Lyon de – déjà – Jean-Miche Aulas vient de se faire exploser (7-0) au vélodrome. Devant près de 20.000 spectateurs, Lille fait un match très sérieux, domine même l’OM et, peu après l’heure de jeu, Bertrand Reuzeau – prêté par l’OM – centre pour la tête de Sauvaget qui marque (1-0) ! Patrice, attaquant plutôt moyennement prolifique gagne là son statut de héros losciste : déjà, un an plus tôt, c’est lui qui avait marqué le but de l’ouverture du score sur lequel nous sommes précédemment revenus. Bien sûr, ce soir là, Lille tiendra le coup jusqu’au bout. Une victoire qui l’amène alors en sixième position, désormais à égalité de points avec Montpellier, quatrième, et Cannes, cinquième.
A gauche, ce bon vieux Patrice, alors sous le maillot d’Angers
Lille gardera l’espoir européen presque jusqu’au bout, mais échouera finalement à la sixième place, juste derrière Lyon qui se qualifie en C3 (Tu es invité à penser des gros mots à l’encontre de Jean-Miche Aulas : ne les dis pas, tu es trop bien éduqué).
Le déclic de janvier 1993
Début décembre 1993, Lille reçoit Marseille. En principe, en tout cas, car le match est reporté en raison des conditions atmosphériques (le terrain est tout pourri si tu préfères). Pas plus mal peut-être, parce que les Dogues ne sont pas à la fête : après 16 journées, ils sont avant-derniers et n’ont inscrit que cinq buts, dont seulement trois sur les douze dernières rencontres. En d’autres termes, le LOSC est alors en train de péter tous les records d’inefficacité offensive.
Le match sera joué au tout début du mois de janvier. Lille n’a pas vraiment gagné en sérénité, ayant lâché le match nul chez lui contre Nîmes (2-2) dans un match qu’on prédisait déjà comme décisif pour le maintien. Pourtant, ce soir-là, le futur champion d’Europe allait s’incliner, relançant par là même les Lillois. C’est d’abord Oumar Dieng qui ouvrait le score sur une service de Friis-Hansen (64è). Dix minutes plus tard, le LOSC faisait le break grâce à Eric Assadourian himself, buteur sur une passe de Frandsen.
En définitive, Lille allait terminer 17ème. Pas folichon, mais l’essentiel était là.
Posté le 12 mars 2017 - par dbclosc
1965/66 : dernier sauvetage en barrages pour Lille
Dans le fond, rien n’a vraiment changé au LOSC, depuis 1965. A l’époque, déjà, on est nostalgique du glorieux passé. Après moins de vingt ans d’existence, le club a déjà deux titres de champion et cinq coupes de France à son palmarès. Le dernier titre (une coupe) date pourtant alors déjà de dix ans. Pire, les Lillos ont passé six des neuf dernières saisons dans l’antichambre de l’élite (la deuxième division si tu préfères). La saison précédente, pour son retour en D1, le LOSC a cependant terminé à une très honorable 9ème place. Et le recrutement n’est pas dégueu, donc on se prend à rêver.
Devant, un trio vient remplacer un autre trio. Les trois arrivants sont internationaux A ! André Guy (24 ans),d’abord, arrive de Saint-Étienne où il vient d’inscrire 45 buts en D1 en deux saisons. Au départ, Dédé était en contact avec Monaco et Lyon, mais Roger Rocher, le président stéphanois ne voulait pas renforcer des concurrents au titre. C’est donc Lille, via la BP, son sponsor, qui dépense 40 millions d’anciens francs pour s’attacher ses services. François Heutte, revient lui au bercail six ans après son départ, et Georges Peyroche arrive du Stade Français.
Roger le rocher. A ne pas confondre avec Roger Rocher, alors président de l’ASSE.
Les trois partants n’étaient pas mal non plus, il faut dire, mais on ne perd pas au change. Rolland Ehrhardt s’en va à Marseille, Michel Lachot à Cannes et Francis Magny à Nantes où il sera champion de France en 1965/1966. Il y a Michel Lafrancheschina aussi, pas rien quand-même, mais il n’était déjà plus titulaire.
Parmi les restants, quelques beaux noms : Charly Samoy, 26 ans, dans les buts, est international B comme le jeune Claude Andrien le deviendra bientôt, en février 1966. Marcel Adamczyk a même eu une sélection en A en 1963. Il y a aussi Gérard Bourbotte, dernier rescapé de la grande époque du LOSC, champion de France en 1954 et vainqueur à deux reprises de la coupe, en 1953 et 1955 et auquel nous avons récemment rendu hommage suite à son décès. Lors de cette dernière finale, il est même l’auteur d’un doublé. Forcément, ça vous forge une réputation. Mohamed Mezzara est lui international algérien. Pour compléter cette équipe, Jules Bigot peut compter sur le défenseur Bernard Stakowiak, sur Christian Daquet, international avec l’équipe de France de D2 (si, si, ça a existé), et sur Vincent Navarro, Jean-Louis Thétard, Michel Chevalier, Claude Petyt et le jeune Jean Dubuf (17 ans). Et André Houen arrivera bien vite débutant le 22 août à l’occasion d’un déplacement à Monaco, débutant en D1 à 17 ans et 10 mois. Lille peut voir l’avenir sereinement.
Et un bon point DBC LOSC pour celui ou celle qui saura dire qui sont les onze joueurs sur la photo
Mais, ça ne se passera pas comme prévu. Les Dogues font pourtant une entame correcte qui les maintient au milieu de classement. Après 13 journées, ils ne sont qu’à deux points de la septième place.
D’après Robert Vergne, aucun Lensois n’aurait crié à l’injustice s’ils avaient perdu. C’est dire combien on a dominé, parce que les Lensois, ça ne sont pas les derniers à crier à l’injustice quand on les bat.
Ça se gâte assez vite. A la fin des matchs aller, les Lillois sont 16èmes, seulement deux points devant le barragiste et loin des places d’honneur. Le LOSC reste alors dans des eaux proches, en position de se maintenir, mais avec peu de marge sur les poursuivants. En plus, cette saison-là, les 17ème et 18ème jouent les barrages dans un groupe à quatre avec deux équipes de D2. A une journée de la fin, les Lillois sont 18ème mais à un seul point de Lyon, 16ème. Lille s’incline pour la dernière journée à Strasbourg (4-1). Aucun regret cependant : une victoire n’aurait pas suffi puisque ses deux prédécesseurs se sont imposés. Lille doit jouer les barrages !
De gauche à droite, Daquet, Samoy et Mezzara (pour les joueurs d’Angers, je ne sais pas, hein)
Ça commence mal avec une défaite lilloise sur le terrain de la D2 bastiaise sous la direction de Daniel Langrand qui a remplacé Jules Bigot.
Le LOSC se remet cependant rapidement la tête à l’endroit en s’imposant à chaque fois dans sa double confrontation avec Limoges.
A une journée de la fin de ces barrages, Lille est deuxième, en position de se maintenir et doit recevoir Bastia, premier. En plus, les nîmois, troisièmes, ont un goal-average de moins 2 et les Lillois un goal-average de plus deux. En d’autres termes, les Lillois pourraient a priori se contenter d’un match nul : dans ce cas, les Nîmois devraient s’imposer de quatre buts contre Limoges pour passer les Lillois. Ceci étant, un autre facteur d’importance vient rendre crédible de scénario : Nîmes affronte des Limougeauds déjà en vacances puisque déjà assurés de ne pas pouvoir monter. D’ailleurs, cet étrange scénario prend rapidement forme : alors que le LOSC bute sur son adversaire bastiais, les Nîmois mènent déjà 4-0 à la mi-temps de son match contre Limoges. A ce moment, Lille est troisième de son groupe bien qu’il ait autant de points que les deux premiers.
La nécessité de l’emporter contre Bastia s’affirme ensuite comme une nécessité particulièrement nécessairement nécessaire. Non, Limoges ne remonte pas contre Nîmes, au contraire. A un quart d’heure du terme, tandis que Lille bute toujours sur le gardien corse, Marcellin y va de son doublé pour Nîmes, portant le score à 6-0. A Lille, ça commence à sentir la D2. Il reste alors quatre minutes. Lille obtient un corner, Petyt le tire, Stakowiak place sa tête.
But. Lille ouvre le score. A Nîmes, les Crocos ajouteront un septième but qui ne change rien pour les Lillois. Les Bastiais, eux, termineront troisièmes du groupe, tandis que Lille et Nîmes assurent leur maintien en barrage.
Il y a certaines analogies entre le LOSC d’alors et celui d’aujourd’hui. On retiendra comme signe encourageant que les Dogues d’alors finissent par se maintenir. On espère cependant que, cette saison, on n’aura pas à subir les sueurs froides d’alors. D’ailleurs, au-delà des espérances, on croit fermement à un sauvetage plus rapide cette année et ce malgré les forces du complot contre le LOSC.
Posté le 4 mars 2017 - par dbclosc
Ces LOSC à la lutte pour le maintien après 27 journées depuis 1982
A l’issue de la 27ème journée, le LOSC se retrouve quatorzième. Et encore, Caen et Metz, un point derrière nos Dogues, ont respectivement un et deux matchs en retard : autant dire que la place « réelle » du LOSC se situe plutôt vers la 16ème place avec un point de marge sur Nancy et deux sur Dijon, ce dernier ayant un goal-average meilleur que celui des Lillois. On avait perdu l’habitude de lutter pour le maintien, mais c’est cette fois une réalité. Même très mal embarqué la saison dernière, le LOSC comptait pourtant cinq points de plus au même stade du championnat.
Ceci étant, ne dramatisons pas. Si on redécouvre ce désagréable sentiment de devoir « lutter jusqu’au bout » pour le maintien, on l’a pourtant souvent connu depuis la fin de saison 1976/1977. Et, depuis cette date, nous ne sommes descendus qu’ à une seule reprise, en 1997. On te propose un petit retour sur les dix dernières fois où le LOSC s’est retrouvé dans une position similaire après la 27ème journée pour te rendre compte de ce que cela implique.
En situation difficile mais pas encore relégable : normal ça nous arrive jamais aussi tôt
Depuis 1982/1983, le LOSC a été en position de lutter pour le maintien après 27 journées à dix reprises. Autant dire qu’on a (eu) l’habitude. Ceci étant, jamais depuis cette date le LOSC ne s’est trouvé en position de relégable (ou de barragiste) à ce stade du championnat (1). Autant dire qu’être dans cette position au classement ne nous dit rien de ce qui adviendra ensuite.
Relégables quelques temps, les Dogues redressaient la barre, étaient déjà hors zone rouge après 27 journées et allaient terminer 10èmes
On n’a pas beaucoup de marge sur le 18ème : c’est bon signe
Sur les dix dernières fois où le LOSC était à la lutte pour le maintien après 27 journées, il lui est arrivé à quatre reprises de n’avoir qu’un ou deux points de marge sur le premier relégable : en 1983, 1985, 1993 et 1994. A chaque fois, ça s’est bien passé ensuite puisque le LOSC s’est maintenu Mieux, il termine systématiquement au moins aussi haut au classement qu’il ne l’est après 27 journées.
A l’inverse, avoir de la marge n’est pas nécessairement bon signe. En 1996/1997, le LOSC est 16ème au classement après 27 journées, mais dispose d’une marge de 7 points sur Caen, 18ème. Lille finira la saison catastrophiquement et connaît alors sa seule relégation de la période. Alors, du point de vue de la lutte pour le maintien, cette faible avance de la saison 2016/2017, c’est plutôt bon signe.
Ça ne se voit pas très bien sur la photo, mais Bojan Banjac et Miladin Becanovic sont en train de lutter pour le maintien
Admettons quand même qu’on fait là une présentation avantageuse pour cette thèse. En effet, si le LOSC a alors 7 points d’avance sur le 18ème (qui constitue presque toujours la première place de relégable ou de barragiste), il y a avait cette saison-là quatre relégables : Lille n’avait alors « de la marge » que sur le 18ème, habituel premier relégable, mais seulement deux sur Le Havre, 17ème et réel premier relégable.
Mais bon, presque toujours on s’en sort. Mieux, en général on progresse au classement
Sur ses dernières luttes pour le maintien, le LOSC s’en est donc sorti presque à chaque fois. D’ailleurs, comme on te l’a déjà expliqué, le LOSC s’est fait le spécialiste des fins de saison en boulet de canon. Ceci est également vrai quand il lutte pour le maintien. Sur les dix dernières fois où le LOSC était en position délicate à l’issue de la 27ème journée, le LOSC n’a régressé qu’à deux reprises, a terminé à la même place deux fois également, mais a progressé à six reprises.
Rio a l’habitude de survoler les fins de championnat
Comme quoi, si ça tombe, à la fin de saison on sera qualifiés en Ligue des Champions (Mais avouons que sauf stratégie de corruption habile de la part de Gégé Lopez, ça risque d’être chaud).
Et puis, à Lille, quand on descend, on fait les choses bien : on prévient avant
Et puis, globalement, en allant plus loin en arrière, on se rend compte que quand le LOSC descend, il fait les choses bien, il prévient, les choses sont claires très vite. En 1955/1956, pour sa première relégation, Lille se trouve rapidement en position de relégable ou au moins de barragiste. A trois journées de la fin, avec 6 points de retard sur le premier non relégable dans un championnat où la victoire valait deux points, le LOSC était déjà presque assuré de jouer au mieux les barrages.
En 1967/1968, les Dogues assurent la relégation à deux journées de la fin et étaient en position de relégable depuis bien longtemps. En 1976/1977, c’était carrément royal : après la 27ème journée, le LOSC était déjà largué, à dix points du premier non relégable.
Il n’y a qu’en 1958/1959 que les Lillois n’avaient pas complètement prévenu. Enfin, ça n’a pas été non plus une énorme surprise, le LOSC se retrouvant très vite en difficulté.
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Quand on dit « à ce stade », on veut dire « à ce moment » et on ne fait référence à aucun stade. C’est vrai, c’est un peu ambigu dans un article de foot.