Archiver pour avril 2017
Posté le 22 avril 2017 - par dbclosc
Le LOSC, champion de Bretagne 2016 !
Ce week-end a lieu un événement d’importance majeure pour l’histoire et l’avenir de la France. Vous l’aurez bien compris, je parle bien évidemment de ce match qui va opposer Lille à Guingamp. Comme ça arrive régulièrement, Lille est donc opposé à des Bretons, les seuls dans l’imaginaire collectif à concurrencer les Nordistes dans la compétition éthylique.
Nolan Roux, symbole étincelant de la relation filiale entre Bretagne et Nord
Bref, on est un peu bretons sur les bords. Cela justifie à bien des égards de considérer le LOSC comme étant légitimes à concourir pour le titre plus ou moins officieux de champion de Bretagne. On a donc fort logiquement calculé le parcours du LOSC dans un championnat 2015/2016 qui n’aurait opposé que les clubs bretons, à savoir Rennes, Guingamp, Lorient, Nantes (même si tout le monde n’est pas d’accord pour dire qu’ils sont bretons) et donc Lille (là, au moins, tout le monde est à peu près d’accord).
Voilà ce que donne ce classement pour la saison 2015/2016 :
Pts |
J |
v |
n |
d |
bp |
bc |
GA |
|
Lille |
13 |
8 |
3 |
4 |
1 |
10 |
4 |
6 |
Nantes |
11 |
8 |
3 |
2 |
3 |
7 |
12 |
-5 |
Guingamp |
10 |
8 |
2 |
4 |
2 |
15 |
10 |
5 |
Rennes |
10 |
8 |
2 |
4 |
2 |
11 |
13 |
-2 |
Lorient |
7 |
8 |
1 |
4 |
3 |
10 |
14 |
-4 |
Lille est donc champion de Bretagne 2015/2016. Nantes est le dauphin des dogues, et Guingamp, notre adversaire du jour finit troisième. Le champion contre une équipe de milieu de tableau, le LOSC est donc large favori. Attention quand-même, les Guingampais ont quand-même terminé avec la meilleure attaque du championnat.
Une autre manière de voir les choses, à notre avis bien moins pertinente parce qu’elle ne nous arrange pas, c’est aussi de regarder ce même championnat breton cette année. A priori, ça risque d’être chaud pour Lille de conserver son titre. En effet, sauf révélation de scandales improbables, Lille ne rattrapera pas en deux matches les 13 points de retard qu’il a sur Rennes, ni les 10 sur Lorient (tu as bien lu « sur Lorient ») et ses 8 sur Guingamp. Avec 2 points en 6 rencontres, Lille peut encore espérer dépasser Nantes (5 points en 6 rencontres). Un championnat breton 2016/2017 bien scandaleux en somme (enfin en Bretagne).
Posté le 18 avril 2017 - par dbclosc
LOSC et présidentielle : pour qui voter ?
Une nouvelle semaine commence. Celle-ci est particulière : elle s’achèvera dimanche (jusque là, c’est pareil que les autres) par le premier tour de l’élection présidentielle. Les dernières avancées en sociologie électorale ont bien montré l’importance croissante de la variable footballistique dans le choix des électeurs : cela signifie que les supportrices et supporters de foot considèrent que la défense des intérêts de leur club favori est devenu un critère déterminant de leur vote. Autrement dit, et c’est une variable que les commentateurs politiques prennent rarement en compte, entre 2/3 et 3/4 de l’électorat vont voter en fonction de ce qu’ils considèrent comme bon pour leur club, et ce critère arrive bien avant d’autres comme « l’économie », « les inégalités », « l’éducation », considérés comme « secondaires » voire « nuisibles » au débat public. Nous avons commandé une étude auprès de notre institut de sondage partenaire *troufinionway* qui illustre cette tendance nouvelle.
Dès lors, les supporters/trices sont très attentifs au meilleur avenir qui soit pour leur club de cœur. Dans ce monde interconnecté et multipolaire, nous sommes en effet sevrés d’informations. Et, paradoxalement, cette surinformation nous embrouille plus qu’elle ne nous éclaire. Il faut alors savoir démêler le vrai du faux et ne retenir que les informations essentielles – putain, comme je sais écrire des banalités, on dirait du Macron ! Votre site favori vous les offre. Sur DBC, bien entendu, on supporte le LOSC, et nous avons pour ambition de vous aider à faire votre choix dimanche, si toutefois vous comptez aller voter. Fidèles à notre réputation incorruptible et totalement neutres, nous ne donnerons aucune consigne de vote, mais souhaitons simplement porter à votre connaissance quelques éléments qu’il serait bon d’avoir en tête avant de pénétrer dans l’isoloir. Vous trouverez donc quelques conseils, parfaitement contradictoires, mais prenez ce qui vous intéresse le plus.
Observons d’abord comment s’est comporté le LOSC quand il jouait en même temps que se déroulait une présidentielle depuis l’après-guerre, à 5 jours près (parfois, y a pas de match le jour même du scrutin : donc on prend le match le plus proche, à 5 jours près ; davantage, ça n’aurait pas de sens, électoralement parlant).
Depuis la Libération, la France a connu 12 élections présidentielles (2 sous la IVe République, en 1947 et en 1953), et 10 sous la Ve République (1958, 1965, 1969, 1974, 1981, 1988, 1995, 2002, 2007, 2012). Chronologiquement, les trois premières élections d’après-guerre sont particulières, puisqu’elles se font au suffrage universel indirect, à un seul tour (sauf celle de 1953, qui se finit au 13e tour, c’est compliqué à expliquer constitutionnellement donc on s’en passera). Les 9 suivantes se sont déroulées sur 2 tours, au suffrage universel direct1, c’est à dire deux dimanches, c’est-à-dire deux matches. À partir de ces données, on peut se poser plusieurs questions :
_Laquelle, de la IVe ou de la Ve République, offre des élections présidentielles favorables au LOSC ?
_Le LOSC préfère-t-il l’élection au suffrage universel direct ou indirect ?
_Le LOSC est-il meilleur au premier ou au deuxième tour ?
_Les résultats du LOSC varient-ils en fonction de la couleur politique du président élu ?
_Vaut-il mieux voter pour une présidentielle en D2 ou en D1 ?
En jaune : LOSC en D2
On peut tirer de ces données plusieurs enseignements et graphiques.
1. Sur 12 scrutins, dont 9 à deux tours, soit 21 votes, le LOSC s’impose à 8 reprises, perd 5 fois, fait 4 nuls, tandis qu’il n’y a pas de match 4 fois. La D2 nous immunise de la défaite. Les plus pessimistes argueront que, lors d’une telle élection, le LOSC gagne moins d’une fois sur deux, car il est des week-end sans match. Certes. Mais en retirant la variable « pas de match », cela revient à considérer que quand le LOSC joue un jour de présidentielle, il gagne une fois sur 2. C’est donc une élection traditionnellement favorable pour nos couleurs (footballistiques). On peut donc être résolument optimiste pour cette année, où nous jouons lors des deux tours. Et ce d’autant plus que nous remarquons que le LOSC ne perd jamais à domicile dans ce contexte : Guingamp et Metz n’ont qu’à bien se tenir !
Conseil 1 : que tu ailles voter ou non cette année, sois tranquille : la veille, le LOSC aura gagné ou fait match nul. Tu peux donc ranger ton vote protestataire et plutôt voter pour les candidats traditionnels des partis dominants : Hamon, Macron, Fillon.
2. La IVe République est éminemment Losciste : il se dit d’ailleurs que les rédacteurs de la Constitution l’avaient pensée comme telle : aucune défaite ! En revanche, la Ve République est plus contrastée : 7 victoires, 3 nuls, 5 défaites. Dans le même ordre idée, on voit que les 3 premiers scrutins, indirects, ne donnent aucune défaite pour Lille.
Conseil 2 : pour un retour à la IVe République à un scrutin indirect et à un LOSC invincible, vote pour les candidats conservateurs, qui cultivent la nostalgie du passé : Dupont-Aignan, Fillon, Le Pen, Asselineau.
3. Quand un candidat de centre-droit (Coty, Giscard) est en tête, le LOSC fait des performances très diverses : 1 nul, 1 défaite, 1 victoire.
Quand un candidat de droite (De Gaulle, Pompidou, Chirac, Sarkozy) est en tête, le bilan lillois est assez défavorable (2 victoires, 3 nuls, 3 défaites).
Quand un candidat de gauche (Auriol, Jospin, Mitterrand, Hollande) est en tête de scrutin, le LOSC gagne 5 fois sur 7 – en fait, 5 fois sur 6, car il y a un scrutin sans match).
Conseil 3 : Vote Arthaud, Hamon, Mélenchon ou Poutou.
4. Si tu aimes Franck Béria.
Conseil 4 : Vote Macron. Comme lui, Franck Béria a été formé à droite, avant de se révéler à gauche, et maintenant on a un peu de mal à le situer : parfois dans l’axe, un peu à gauche, un peu à droite, peut-être bien qu’il n’est nulle part.
5. Les seconds tours réussissent bien mieux au LOSC : Lille remporte 5 victoires, fait 2 nuls et perd 2 fois lors de ces seconds tours. Les premiers tours sont souvent beaucoup plus décevants : 2 victoires, 3 défaites et surtout 4 premiers tours où on ne joue pas. Il est difficile d’interpréter le fait qu’on joue particulièrement peu les week-ends de premier tour : doit-on se dire que c’est tant mieux, vu qu’on perd souvent quand on joue ? Doit-on se dire, plutôt, qu’il ne faut pas s’étonner qu’on gagne peu ou qu’on joue peu ?
Conseil 5 : Les premiers tours étant hostiles au LOSC, abstention le 23 avril.
6. A chaque fois qu’on joue Sochaux (deux fois), on perd. Le message est clair : Sochaux, c’est Peugeot, donc c’est ouvrier. Les défaites du LOSC contre Sochaux symbolisent donc le renouveau ouvrier.
Conseil 6 : Si à l’avenir, on jouait Sochaux un week-end de présidentielles, vote Poutou, Arthaud, ou, a minima, Mélenchon, pour calmer un peu la colère ouvrière.
7. On remarque que lors de la seconde élection de F. Mitterrand, en 1988, le LOSC bat Laval – un bien beau symbole au demeurant. Laval, c’est la collaboration, la compromission avec l’ennemi.
Conseil 7 : Barrage à l’extrême-droite au second tour.
Il est également de tradition, à chaque élection, de présenter les cartes du vote par région et/ou par département. A DBC, nous ne faisons pas exception à la règle, et te proposons la carte des résultats du LOSC lors des élections présidentielles.
Il y a une relation extrêmement nette entre la position géographique de l’adversaire les week-ends de présidentielles et les résultats du LOSC : dans un petit Est, le LOSC gagne une seule fois, fait 3 nuls et perd 5 fois. Dans un large Ouest, Lille l’emporte 7 fois et fait 1 match nul. La statistique est très encourageante pour le match de Guingamp, elle est plus inquiétante en ce qui concerne le match de Metz. Sur ce dernier point, nous remarquons que le LOSC n’a jamais perdu (nous disons-bien « jamais ») contre un club lorrain lors des week-ends d’élection présidentielle. Mais n’a jamais gagné non plus.
Il y a également une relation entre l’écart au second tour et les résultats du LOSC. Quand l’écart au second tour entre les candidats est fort, Lille réaliser presque toujours de bons résultats. Au-dessus de 53 % pour le vainqueur, Lille l’emporte 3 fois pour 1 match nul ; Lille gagne 2 fois mais fait 1 nul et perd 2 fois à 53 % ou moins.
Lors des premiers tours, le LOSC l’emporte les deux fois où un candidat de gauche arrive en tête et perd les trois fois où c’est un candidat de droite.
Conseil 8 : En somme, si tu veux que le LOSC batte Guingamp, vote plutôt Mélenchon (ou Hamon si tu penses qu’il a encore une chance) ou Macron si tu trouves qu’un match nul est un bon résultat. Si tu privilégies une défaite, soutiens plutôt Le Pen ou Fillon. Ou Jean Lassalle si tu penses que, au regard de ses origines du sud-ouest il est un peu barcelonais et donc capable d’une incroyable remontada.
Il y a une autre donnée à prendre en compte. Voici la liste des référendums nationaux organisés en France depuis la Libération, ainsi que le résultat du LOSC correspondant.
On en tire le camembert suivant :
Nous constatons que l’organisation de référendums favorise le LOSC, qui ne compte que 3 défaites en 13 matches, et 7 victoires, dont une fameuse contre Lens en 2000. Ce paramètre nous invite à favoriser les candidats qui indiquent leur intention d’organiser de telles consultations populaires. Et ils sont quelques-un.es à en proposer, pour des motifs très divers (Frexit, assemblée constituante, vote des étrangers…). En fait, tous les candidats évoquent le recours au référendum dans leur programme, hormis Nathalie Arthaud, Philippe Poutou, Emmanuel Macron et Jacques Cheminade.
Conseil 8 : Ce qui nous laisse un large choix entre Mélenchon, Hamon, Dupont-Aignan, Asselineau, Le Pen, Fillon et Lassalle. Le quinquennat 2017-2022 s’annonce sous un bon jour pour le LOSC (même si on note que le favori des sondages, Macron, ne parle pas de référendum. En revanche, il a parlé de « refaire un dôme », ce qui n’a rien à voir, à moins que ce ne soit une allusion à notre toit rétractable).
Vous avez désormais toutes les données en main. Quelle que soit l’issue du scrutin, nous resterons attentifs, durant tout le quinquennat, aux évoluions institutionnelles et politiques et leur corrélation avec les résultats du LOSC. C’est là une démarche à la fois sportive et citoyenne que nous essayons d’alimenter chaque jour sur ce blog. Vive le LOSC, et vive la France.
FC Note :
1 Depuis une réforme constitutionnelle de 1962, mise en pratique pour la première fois en 1965. Révise ton droit constitutionnel avec DBC, bientôt en librairies.
Posté le 14 avril 2017 - par dbclosc
Dagui Bakari, hors-norme
Il aurait fallu être sacrément visionnaire pour imaginer que le LOSC vivrait une de ses périodes les plus dorées avec pour avant-centre un joueur aussi atypique que Dagui Bakari. Et pourtant : après des débuts plutôt laborieux, Dagui Bakari connaît une progression inespérée. En fait, c’est simple : entre 1999 et 2002, chaque fois que le LOSC a franchi un palier, Dagui était en première ligne.
Été 1999, on oscille entre morosité et optimisme à Lille. Morosité après deux montées ratées ; mais optimisme, car la dernière saison s’est terminée en boulet de canon sous l’impulsion de l’entraîneur Vahid Halilhodzic, qui a profité du mercato pour faire le tri dans l’effectif : on lui fait confiance. Olivier Pickeu, après un total décevant de 7 buts dans un système pas adapté à son jeu, est parti au Mans. En échange, et en donnant un peu d’argent aux Manceaux, le LOSC récupère Dagui Bakari. Tiens donc, quelle drôle d’idée : un avant-centre qui vient de marquer 11, 9 et 9 buts sur les 3 dernières saisons. Très honorable, mais cela correspond-il aux statistiques d’un avant-centre dont le club vise la montée ? À Lille, on connaît un peu la D2, tu parles, ça fait 2 ans qu’on y est. Dagui Bakari, c’est un profil d’attaquant « grand et costaud » cher à Willy Sagnol : 1,93m et 90 kgs. Il nous a même mis un but à Grimonprez-Jooris : c’était pour le premier match de Vahid au LOSC, pour un nul 3-3 entre Lille et Le Mans. Un but pas dégueu d’ailleurs, suivi d’une passe décisive à Réginald Ray. Alors, que vaut Dagui Bakari ? À vrai dire, a priori, il nous rappellerait plutôt Samuel Lobé, l’efficacité en moins, autant dire qu’il ne resterait plus grand chose. Peut-être qu’il a été recruté en cas de pépin pour Boutoille, Peyrelade ou Valois, les titulaires… ? Hé bien pas du tout : Dagui Bakari sera l’avant-centre titulaire pour cette saison 1999-2000.
Des débuts qui ne convainquent pas le public
On a eu l’occasion de voir de quelle manière le LOSC allait jouer durant cette nouvelle saison au cours des matches amicaux. Le dernier d’entre eux, contre Anderlecht à Roubaix, a mis en évidence l’apport de Dagui Bakari en tant que point de fixation devant. Pour l’ouverture du championnat, le LOSC se rend à Laval, et revient avec une première victoire (1-0) : à l’origine du but, une récupération de Landrin, puis une combinaison Bakari-Peyrelade-Boutoille permettant à ce dernier de marquer. Dagui enchaîne les matches, mais ne marque pas. Alors que l’équipe se procure quantité d’occasions, on trouve rarement Dagui Bakari à la finition, hormis pour quelques tentatives molles ou désespérées. Sa grande taille donne l’impression qu’il est pataud. Son n°10 renforce le contraste entre un chiffre traditionnellement associé à un poste et un joueur techniques, et cette grande carcasse qui donne parfois le sentiment de ne pas quoi savoir faire de ses pieds. Il ne faut compter que sur l’indulgence du public face aux bons résultats et la confiance accordée à Vahid pour ne pas entendre Dagui se faire siffler… Lorsqu’il se blesse à l’automne et manque quelques matches, son remplaçant, Rudi Giublesi, pourtant pas plus efficace, est acclamé, manière polie de signifier que l’habituel titulaire ne convient pas.
Dagui avait marqué contre Anderlecht (2-3)
Et pourtant, un maillon essentiel
Oui, Dagui Bakari n’est pas un « buteur » traditionnel. Mais son apport au jeu est essentiel : son recrutement répond à un projet de jeu collectif dont il n’est qu’un maillon. Dans ce championnat réputé « physique », Vahid Halilhodzic a bien compris qu’il ne suffisait pas de cumuler les buteurs pour cumuler les buts (au début de la saison 1998/1999, les 6 attaquants du LOSC – Djezon Boutoille, Samuel Lobé, Franck Renou, Laurent Peyrelade, Olivier Pickeu et Jean-Louis Valois – pesaient 64 buts sur la saison 1997/1998 !). Clairement, le jeu est organisé autour de lui. Si son travail est assez ingrat, souvent dos au but, ceux qui tournent autour de lui, notamment Boutoille et Peyrelade, récupèrent les fruits de son travail. Et il n’est pas forcément évident de faire comprendre qu’un attaquant n’est pas forcément là pour marquer ! Alors Dagui ne marque pas, mais Dagui pèse : lors de la 4e journée contre Ajaccio, il sort à la 71e, alors que le score est de 1-1 et que les Corses jouent à 10 depuis la 30e. Lille gagne 4-2 : la preuve que Bakari est mauvais ? Sûrement pas. Si Lille en met 3 derrière, face à une défense qui ne peut plus résister aux assauts de nos attaquants frais, c’est bien parce que Bakari l’a épuisée. Et Dagui sait aussi profiter du travail de ses équipiers : il entre en jeu à Châteauroux à la 73e, le score est de 1-1. Finalement mené, le LOSC pousse en fin de match, et Bakari obtient un pénalty qu’Agasson transforme (85e), avant que Boutoille ne donne la victoire à la dernière minute, Bakari ayant attiré toute la défense sur lui. Travailleur de l’ombre, il met quelques semaines pour se signaler individuellement, en entrant en jeu lors de la 9e journée à Niort à la 70e minute, alors que le score est de 0-0 et que le LOSC est réduit à 10 depuis la 41e minute et l’expulsion de Carl Tourenne. 20 minutes plus tard, le LOSC mène 0-3 : Bakari a ouvert le score, il a ensuite superbement débordé et permis à Agasson de faire 0-2, avant que Boutoille ne parachève le succès lillois. La semaine suivante, il marque enfin son premier but à domicile, contre Le Mans, avant d’obtenir un pénalty après avoir renversé un défenseur d’un petit coup d’épaule. Ce n’est pas un hasard si l’arrivée de Bakari correspond à la systématisation du « Vahid time », cette période du match où l’adversaire, épuisé par 80 minutes de résistance aux coups de boutoir de l’équipe et de son avant-centre Bakari, cède en fin de match. On en avait longuement parlé dans cet article. Si de nombreux succès lillois cette année-là se sont construits de façon précoce, on garde le souvenir de défenses adverses épuisées en fin de match par le pressing du milieu et le poids de Bakari devant. Ainsi, Créteil, Gueugnon, Toulouse, Louhans-Cuiseaux, Cannes ont tous cédé dans les 10 dernières minutes et, pour Valence, Niort et Nîmes, c’était à l’aller et au retour. Pas encore suffisant pour le transformer en idole de Grimonprez (d’autant que Fernando est intouchable), mais son travail commence à se voir. Alors ça reste parfois maladroit, il a quelques ratés à son palmarès, il est parfois mal placé, mais ça fonctionne. Par la suite, son jeu s’est considérablement enrichi : il est aussi l’auteur d’un doublé dans un match au sommet face à Toulouse début février (2-0), avec un premier but rigolo où il défonce Prunier par un bon coup d’épaule, puis buteur face à Caen quelques semaines plus tard (3-2) pour le match de la montée « officieuse », avant de l’être encore pour le match de la montée officielle contre Valence. Dagui est là dans les matches au sommet.

Il inscrit donc un total de 7 buts au cours de cette première saison. Moyen pour un avant-centre ? Oui, mais c’est le même total que Laurent Peyrelade, et le meilleur buteur du club, Djezon Boutoille, n’en inscrit « que » 12. Le foot est un sport collectif, et le LOSC est une équipe collective, puisque tout le monde marque : Valois, Giublesi, Agasson, Collot, Br. Cheyrou, les joueurs offensifs savent profiter de leur point d’appui devant. Et, si on élargit un peu la focale, on se rend compte que Dagui Bakari est le deuxième attaquant le plus « décisif », en témoignent ces stats concoctées par DBC.
Une formation dans la rue
Tout de même : comment expliquer son jeu si particulier ? C’est simple : pour Dagui Bakari, le foot n’est qu’un sport de rue jusqu’à ses 16 ans, au moment où il signe sa première licence à Romainville, en Seine-Saint-Denis. Autrement dit, il n’a jamais connu de centre de formation, et le football s’est résumé pour lui durant 16 ans à un jeu sans grande discipline collective, sans consignes formelles ni règles du jeu très précises. Un ballon, des copains et un terrain vague faisaient l’affaire : « je n’avais pas pris conscience que le football pouvait être un métier. À mes yeux, ce n’était rien d’autre qu’un loisir1 ». 4 ans plus tard, il signe à Noisy-le-Sec, en troisième division, avant d’atterrir à Amiens en D2 pour son premier contrat pro, où il ne joue que 3 matches : « ce fut une expérience difficile. J’y ai appris beaucoup de choses. J’ai découvert ce qu’était un club professionnel. Malheureusement, je n’avais pas confiance en moi. Peut-être que je n’étais pas encore prêt pour jouer au haut niveau ». C’est finalement au Mans que Dagui se révèle, en y signant en 1996, sous la direction de… Thierry Froger : « ce fut le tremplin. C’est là que je me suis fait connaître. J’ai bénéficié de la confiance du staff pour progresser. En intégrant un club tardivement, j’ai pris du retard par rapport aux autres joueurs. Mais je m’efforce de compenser en travaillant dur ». Sa première saison au Mans est la plus prolifique de sa carrière, avec 11 buts marqués, le même total que son coéquipier Laurent Peyrelade.
Contre Saint-Étienne, la révélation
Quand Lille retrouve la D1, on se demande comment Dagui Bakari s’y affirmera, au même titre que nombre de ses coéquipiers. Logiquement, il n’est pas voué à être titulaire : le Danois Beck, plus expérimenté, a été recruté, dans un rôle d’ailleurs assez similaire à celui de Dagui, mais davantage pour dévier de longs ballons, et donc plus aérien. Il découvre la D1 en entrant contre Monaco lors de la 1e journée. Une semaine plus tard, il est titulaire à Strasbourg mais se blesse : il est remplacé par Laurent Peyrelade, buteur en 2e mi-temps. Pas forcément très bon pour sa place dans la hiérarchie des attaquants. Il revient pour la 5e journée contre Metz, en remplaçant Murati à la 73e. Quelques minutes après, il inscrit son premier but en D1. Jusque là, il avait inscrit des buts très classiques : et voilà qu’il nous fait un superbe enchaînement contrôle du droit/reprise du gauche qui donne la victoire 2-1. 3 semaines plus tard, il est décisif contre Lens, d’abord en égalisant 8 minutes après son entrée en jeu, puis en feintant la défense lensoise, ce qui permet à Lolo Peyrelade de marquer. Dans le premier sommet de la saison, au moins pour les supporters, Dagui est déjà là. La fin de l’année civile 2000 est assez quelconque, avec quelques apparitions contrastées : notons tout de même sa remontée de terrain à Lyon *je fais un une-deux sur 70 mètres avec Fernando*, qui permet à l’arrivée à Landrin d’inscrire le but vainqueur. Mais de manière générale, Beck est aligné en pointe, Sterjovski se révèle, Peyrelade semble plus affûté… Dagui est remplaçant.

Et puis le match contre Saint-Étienne, ci-dessus. Le même adversaire qui a vu Grégory Wimbée changer de dimension. Mais on parle ici du match retour, le 27 janvier 2001. Ce soir là, ses progrès sautent aux yeux : au-delà du doublé qu’il inscrit, il multiplie les appels, empêche la relance adverse, conserve intelligemment le ballon : « sur un plan personnel, je suis évidemment très heureux d’avoir réussi ce doublé. Je n’ai jamais douté de moi mais, évidemment, une telle réussite ne peut que me mettre en confiance pour la suite. Cela dit, rien n’est terminé. Il n’y a pas d’équipe-type et je devrai continuer à me battre pour gagner ma place2 ». Il n’y a pas d’équipe-type, mais le LOSC est en tête du championnat et son avant-centre pour le sprint final est désormais Dagui Bakari. La semaine suivante, il confirme à Lens, même s’il manque deux belles occasions : c’est sous sa pression que Rool marque contre son camp. L’hiver s’achève, Bakari en profite pour se teindre les cheveux et la barbiche, et il « crève l’écran » : c’est France Football qui l’écrit.
Une exceptionnelle fin d’année 2001
La saison s’achève. Dagui a ajouté à son répertoire de grandes chevauchées en contre-attaques, un jeu de tête toujours plus précis, et une menace permanente pour les défenses adverses. Il entame la saison 2001/2002 dans la peau du titulaire, et score dès la 2e journée contre Lorient, peu après être entré en jeu (3-1) : il fallait en effet le ménager avant de se rendre à Parme. À l’aller comme au retour, Dagui pèse sur la défense italienne, dévie les ballons, obtient des fautes. Son match aller est remarquable d’intelligence, et Bassir et les autres savent en profiter ; au retour, il permet à l’équipe de respirer quand elle est en difficulté. Lille se qualifie pour la Ligue des Champions, et son grand avant-centre y prend une part prépondérante. Entre les deux chocs contre les Italiens, il a permis à Lille de battre Montpellier à la 93e (2-1). 4 jours après la qualification, il égalise à Lens à la 86e (1-1).
Dans cette première partie de saison, il est souvent remplaçant en championnat, où il entre en fin de match, et titulaire en coupe d’Europe. Ainsi, contre Nantes, ci-dessous, il inscrit le seul but du match à la 93e, dans un scénario typique des années Vahid. Au total, il a inscrit à Lille 8 buts dans les 10 dernières minutes, pour un gain total de 8 points. Cette fois, Dagui est bel et bien devenu une des coqueluches de Grimonprez-Jooris. C’est cette incroyable époque où le public se lève quand le temps additionnel est annoncé, faisant complètement paniquer les adversaires, et attend le but vainqueur à la dernière seconde. Regardez la vidéo : le stade est debout et semble certain de l’issue victorieuse.
Le but sur Fréquence Nord
En Ligue des champions, Lille débute à Manchester, résiste mais s’incline en fin de match. Dagui maintient son niveau, trouvant même la barre de Fabien Barthez sur un lointain centre-tir.
Deux semaines plus tard, contre l’Olympiakos, le LOSC inscrit son premier but en phase de poules. Le buteur, bien sûr : Dagui Bakari.
Il se blesse malheureusement au Pirée, ce qui n’est sans doute pas négligeable dans la défaite ce soir là (1-2). Après quelques semaines d’absence, il signe son retour par un but à Florence, pour une nouvelle victoire lilloise en Italie (1-0), avant d’inscrire un but similaire à Monaco quelques jours plus tard (2-2) : oui, Dagui Bakari sait désormais placer des petits ballons piqués en face-à-face avec les gardiens.

Il inscrit cette saison là 9 buts en championnat, son meilleur total, alors même qu’il ne prend part qu’à 25 matches, dont un bon tiers comme remplaçant. La fin de saison, comme celle de toute l’équipe, marque une fin de cycle : il est plus irrégulier mais parvient à hisser le club à la 5e place. Puis, comme Cheyrou, Cygan et Ecker, il part.
Après Lille, peines de cœur
Et comme Cheyrou, Cygan et Ecker et bien d’autres, sa carrière post-lilloise ne revêt pas vraiment la même envergure. Il faut dire que Dagui a la mauvaise idée de partir à Lens. Ça, c’est pas bien du tout, mais on ne t’en veut même pas Dagui, même si tu nous a mis un but le 25 octobre 2003, nous causant une défaite d’autant plus amère (1-2).
Mais Dagui a eu la décence de ne jamais retrouver à Lens le niveau qu’il a eu à Lille. Régulièrement raillé par le public en sa seule qualité d’ancien Lillois, il subit également l’ire des Lensois en raison de sa maladresse. Il reste 3 saisons là-bas, entrecoupées d’un transfert raté à Valladolid. Il signe finalement à Nancy en 2005, où il ne joue qu’un seul match (contre Lens) avant que ne soit détectée chez lui une anomalie cardiaque incompatible avec le sport de haut niveau. À 31 ans, il doit prématurément mettre un terme à sa carrière. Après deux ans de traitement, il est déclaré hors de danger et après avoir entraîné des jeunes à Lambersart puis à Valenciennes, il est aujourd’hui entraîneur-joueur à Lomme-Délivrance, et s’est en parallèle reconverti dans le coaching privé, avec des exercices basés sur l’aspect psychologique du sport, et vit toujours dans la métropole lilloise. Pour terminer sur une anecdote sympa, l’un de nous l’a croisé il y a un an à Carrefour Gambetta : et comme 15 ans auparavant, la réflexion a été assez longue pour savoir comment aborder ce grand et impressionnant gaillard ; mais comme 15 ans auparavant après les entraînements à Grimonprez, Dagui a été absolument charmant. Et c’est nous qui avons le cœur lourd en repensant à ce qu’il a représenté.
FC Notes :
1 Cette citation (et les autres, sauf indication contraire) sont extraites d’un supplément à la Voix des Sports du 26 juillet 1999, p. VIII.
2 La Voix des Sports, 29 janvier 2001, p. 2
Posté le 13 avril 2017 - par dbclosc
Ces joueurs non sélectionnés en A tant qu’ils étaient des Dogues
Je vous parle d’un temps que ceux qui refusent d’admettre le complot contre le LOSC ne peuvent pas connaître. La sélection nationale en ce temps là, était interdite aux joueurs portant le maillot du LOSC. J’exagère, diront certains. Pas faux, répondrais-je. Mais quand-même.
Supporter du LOSC depuis tout jeune, j’ai attendu pendant longtemps qu’un Dogue soit sélectionné dans une équipe nationale un peu plus bankable que le Luxembourg de Gilbert Dussier. Pendant longtemps, mes espoirs ont été déçus, et je devais me satisfaire que Philippe Périlleux et Jean-Claude Nadon s’arrêtent au stade de l’équipe de France B. A 13 ans, je voyais, navré, le sous-titre « Stade Malherbe de Caen » s’afficher à la télé quand Kennet Andersson brillait à la coupe du Monde 1994, lui qui venait de passer une belle saison avec Lille, sans être sélectionné avec la Suède, et qui venait de signer, sans avoir encore joué, avec le club normand.
Bref, c’est de cette histoire dont je vais te parler. Ces joueurs qui ont brillé avec le LOSC sans être récompensés par une sélection nationale. Jusqu’à ce que, enfin, ils se résignent à quitter Lille …
Bruno Cheyrou
Au cours de la saison 2001/2002, Bruno, le grand frère des deux Cheyrou, s’affirme à un niveau inattendu. Certes, dès la saison précédente on avait observé chez lui de réels progrès qui avaient démontré qu’il avait le niveau pour jouer dans l’élite française, mais on n’imaginait pas qu’il ait une telle influence. Techniquement doué, Bruno fait définitivement la différence grâce à une précision dans ses frappes qui le rend décisif : il est d’ailleurs le meilleur buteur du club dans l’élite avec 11 réalisations (en 27 matches) comme en Coupe d’Europe (4 buts en 11 matches).
Beaucoup parlent alors de lui avec les Bleus, mais sa première sélection tarde à venir. En fin de saison, Bruno est transféré à Liverpool pour 6,5 millions d’euros sans avoir jamais été appelé. A peine a-t-il signé chez les Reds, et avant même d’en avoir porté le maillot en Premier League, Bruno est enfin appelé et connaît la première de ses trois sélections contre la Tunisie (1).
Bruno fera ensuite une carrière honnête, passant par Marseille, Bordeaux, Rennes, l’Anorthosis Famagouste et Nantes, sans toutefois retrouver le niveau qui était le sien à Lille. Bruno est par ailleurs beau gosse, caractéristique qui limite considérablement ses chances de devenir un jour le chouchou des supporters.
Jocelyn Angloma
En 1987, le LOSC recrute le jeune milieu offensif antillais Jocelyn Angloma. On le dit talentueux et doté d’une bonne marge de progression ce que l’avenir confirmera. A Lille, son talent apparaît aux yeux de tous, mais il est parfois relégué sur le banc, davantage en raison de son style spécifique que de son niveau de jeu. Beaucoup plus à l’aise comme joueur de couloir jouant sur sa vitesse, Jocelyn est plus adapté aux systèmes s’appuyant sur des ailiers que dans un profil de meneur de jeu que Heylens cherchait alors. L’arrivée de Pelé, justement, lui permet enfin de s’imposer dans un style complémentaire avec le Ghanéen.
Jocelyn Angloma s’imposera comme un leader au milieu offensif du LOSC, inscrivant 7 buts et faisant 5 passes décisives pour sa dernière saison lilloise en 1989/1990 avant son départ pour Paris. Au passage, Jocelyn a aussi déjà joué comme arrière-droit au LOSC, poste auquel il s’imposera ensuite.
Complot oblige, Jocelyn ne jouera jamais avec l’équipe de France tant qu’il jouait à Lille. C’est chose faite trois mois après son départ pour le PSG. Au mois d’octobre 1990, Angloma dispute son premier match en A contre la Tchécoslovaquie. Transféré à l’Olympique de Marseille l’été suivant, Jocelyn Angloma s’installe pour de bon au poste d’arrière latéral et s’impose en équipe de France avec laquelle il connaîtra 37 sélections.
Eric Abidal
En 2002, il se dit que Claude Puel, nouveau coach des Dogues, pourrait venir avec Eric Abidal dans ses bagages. L’information apparaît douteuse : il est peu probable que le grand défenseur monégasque (1,86 m) ait pu tenir dans les bagages de Puel qui sont de taille tout à fait ordinaire malgré son gros salaire.
Ceci étant, celui qu’on appelle alors Eric « à dix balles » arrive en effet à Lille en provenance de Monaco où, dit-on, il cire le banc. Là encore, l’information s’avère fausse, puisque Eric Abidal travaillait alors pour Monaco en tant que footballeur. Très vite, on se rendra compte que le surnom qu’on lui avait hâtivement donné ne lui correspondait pas : Abidal s’impose comme l’un des très bons défenseurs du championnat. Dès le début de sa deuxième saison, nombreux sont ceux qui demandent à ce qu’il soit appelé avec les Bleus.
Malheureusement, Eric ne connaîtra jamais la moindre sélection avec le maillot lillois. A l’été 2004, il est transféré à Lyon. Bien lui en a pris : une fois que l’exigence du complot contre le LOSC ne pèse plus sur ses épaules, Eric a logiquement été sélectionné. Le 18 août 2004, enfin officiellement lyonnais, Abidal dispute son premier match en A contre la Bosnie (1-1). Il a alors deux rencontres de L1 dans les jambes avec le club du président Aulas. Il en avait disputé 62 avec Lille.
Erwin Vandenbergh
En juillet 1986, l’avant-centre belge Erwin Vandenbergh signe au LOSC. A 27 ans, il compte déjà 40 sélections en équipe nationale ce qui n’est pas rien pour une époque où il y avait beaucoup moins de matches internationaux. Au cours de l’année suivant son arrivée à Lille, Erwin ne joue déjà plus qu’un match sur deux avec la sélection belge. Après le match contre les Pays-Bas le 9 septembre 1987, il ne jouera plus qu’à une seule reprise avec les Diables rouges tant qu’il jouera sous le maillot lillois.
Pour Guy Thys, le sélectionneur belge, la non-sélection de Vandenbergh quand il jouait à Lille tenait au fait qu’il « manquait alors de la plus élémentaire combativité ». Si le parcours lillois d’Erwin fût chaotique, on remarquera quand-même qu’on peut être dubitatif quant à cette interprétation au moins pour l’année 1988 qui fût sa meilleure avec les Dogues : au cours de cette année-là, Erwin marque alors 15 buts et fait 8 passes décisives en D1, ce qui en fait le deuxième buteur au niveau national alors même qu’il rate 9 rencontres. Cette année-là, il termine avec la meilleure moyenne de buts et passes décisives/match (0,79) de D1 devant Jean-Pierre Papin (0,70) dans un championnat réputé pour sa rudesse défensive.
Et, comme par hasard, Erwin est rappelé pour le premier match de la sélection belge après son départ du LOSC, le 12 septembre 1990 contre la RDA. Chacun jugera de la pertinence du choix de Guy Thys quant à la non-sélection d’Erwin pendant sa période lilloise. Tout juste nous contenterons nous de souligner que, à l’époque, la Belgique a vu défiler pas mal de chèvres (2) au sein de l’attaque de sa sélection nationale.
Kennet Andersson
Quand il arrive à Lille, la carrière de Kennet Andersson a pris un tantinet de plomb dans l’aile. Le grand attaquant (1,93m) suédois n’a en effet inscrit que 7 buts en 32 matches entre juillet 1991 et janvier 1993 avec Malines dans le championnat belge. Il a certes repris un peu de couleurs lors de son prêt de six mois à Norrköping (8 buts), mais c’était dans le championnat suédois. Bref, on dit le gaillard talentueux, mais on se dit aussi qu’on n’a pas de garanties avec lui qui n’a jamais percé dans un grand championnat européen.
En sélection, Kennet est devenu titulaire à la pointe de la sélection suédoise après la coupe du Monde 1990, avant de perdre cette place après l’été 1992 suite à ses modestes performances malinoises. A Lille, il retrouve son efficacité, marquant déjà 6 fois après 15 journées. Insuffisant cependant pour retrouver la sélection suédoise. Il inscrira 11 buts en championnat sur l’ensemble de la saison.
Le 21 mai 1994, Kennet dispute alors son dernier match avec les Dogues et il rejoindra le SM de Caen la saison suivante. Quinze jours plus tard, le 6 juin 1994, Andersson retrouvera la sélection nationale dans un match contre la Norvège. Présent à la Coupe du Monde, Andersson en sera la grande révélation terminant troisième avec la Suède et également troisième meilleur buteur du tournoi.
Cruelle injustice : c’est officiellement comme joueur de Caen qu’il réalise cette performance alors qu’il n’en a pas encore porté le maillot.
Michel Bastos
En 2006, arrive à Lille un Brésilien polyvalent pouvant jouer arrière latéral comme milieu offensif. Il s’appelle Michel, comme mon oncle, et Bastos, comme les clopes. Le gars avait déjà tout pour que je le kiffe. Et, sa frappe terrible aidant, il confirmera mes a priori positifs à son égard.
Michel Bastos, affectueusement surnommé Gérard Gauloises par les supporters
Après des débuts poussifs, Michel s’impose comme un maillon incontournable de l’équipe de Puel puis, pendant un an, de celle de Rudi Garcia. Inscrivant 25 buts en L1 au passage, dont 14 pour sa dernière saison, Michel attire les convoitise, dont celle, bien sûr, de Jean-Miche Aulas qui, dès qu’il voit un de nos joueurs cartonner, s’empresse de le recruter pour qu’il se plante à Lyon.
Pendant ses trois ans à Lille, Michel ne sera jamais sélectionné. Pas étonnant, serait-on tenté de dire, puisqu’il est Brésilien.
Mais bon, pas étonnant surtout parce qu’il joue à Lille. Le 14 novembre 2009, trois mois après son arrivée à Lyon, il dispute sa première rencontre sous le maillot auriverde contre l’Angleterre (1-0).
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Il a eu trois sélections, dont la première contre la Tunisie, hein. Pas trois sélections à chaque fois contre la Tunisie.
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Notons que selon certains, il s’agirait réellement de chèvres, l’animal. La mauvaise qualité des images vidéos de l’époque ne nous permettent pas de trancher.
Posté le 10 avril 2017 - par dbclosc
Record de défaites à domicile : on peut encore faire mieux
Ah, il est bien fini le bon temps où Lille était une citadelle imprenable. Et oui, comme on te l’a déjà raconté dans cet article que tu as bien sûr déjà lu avant et que tu viens de relire avec grand plaisir, le LOSC a eu longtemps l’habitude d’être très dur à jouer à domicile. Cette saison, il faut bien le dire, c’est plus compliqué : les Dogues ont déjà battu leur record de défaites à domicile sur un championnat de première division avec huit défaites au compteur (de défaites).
Recevoir « protège » de moins en moins
Ceci étant, il faut aussi (un peu) relativiser ce record. D’accord, on a déjà perdu à 8 reprises chez nous, mais il faut aussi souligner une tendance générale constatée dans le championnat de France (et très certainement ailleurs) : recevoir protège de moins en moins. Petit jeune que tu es, tu n’a sans doute pas conscience que jouer sur son terrain garantissait jadis bien davantage le succès qu’aujourd’hui. Comme tu le constate sur le graphique suivant, la part des victoires à domicile en D1 (tous clubs confondus) a connu une baisse importante, tandis que celle des victoires à l’extérieur a presque doublé en une trentaine d’années.
Pourquoi, me diras-tu ? Si tu veux tout savoir, j’ai des hypothèses, mais bon, prends les avec précautions.
Première hypothèse, cela peut tenir à l’amélioration de la prise en charge physique des joueurs et du confort des déplacements. En gros, il s’agit de dire que la rationalisation moderne du football limite considérablement la fatigue des joueurs qui était autrefois un facteur qui pesait sur les résultats. Et oui, les Lille-Marseille en autobus étaient plus fatigants que ceux d’aujourd’hui en avion. Je caricature, mais l’idée c’est ça.
Deuxième hypothèse, cela peut tenir à la « mercenarisation » du football qui aurait distendu le lien entre joueurs et footballeurs. On le sait, l’aspect psychologique joue un rôle central dans les performances des joueurs. Parallèlement, et sans vouloir exagérer cette dimension, les professionnels du football s’inscrivent de moins en moins sur le long terme dans leurs clubs. A mesure que le lien avec le public se distend, l’effet positif du soutien du public se réduirait.
Troisième hypothèse, la moins plausible : Merlin aurait jeté un sort réduisant l’avantage de jouer à domicile. Pourquoi pas. Perso, je suis pas convaincu.
Bref, puisque la part des victoires à l’extérieur a augmenté de deux-tiers depuis une trentaine d’années, huit défaites sur son terrain équivaut finalement à cinq défaites dans les années 1980 (un peu plus en fait). Ça relativise un tout petit peu : 5 ou 6 défaites en 16 matches à l’époque ça faisait quand-même sacrément beaucoup.
Mais bon, ne nous trouvons pas d’excuse
Alors oui, si Lille perd beaucoup chez lui, c’est le produit d’une tendance générale. Ceci étant, ne nous cachons pas trop derrière cette explication. Si cela peut expliquer un peu, cela n’explique pas pourquoi Lille est la pire équipe sur son terrain cette saison.
En trois saisons titulaires au LOSC, Nanard Lama a pardu 9 matches de D1 à Grimonprez
Cette saison, Lille a perdu 53 % de ses matches à domicile. Entre 1982 et 1990, Lille n’en perd que 15 % à Grimonprez-Jooris, et encore « seulement » 23 % entre 1990 et 1997, période pourtant remarquablement pourrie. Entre 2008 et 2012, période où la moyenne de L1 est de 25 % de défaite à domicile, le LOSC ne perd que 9 % de ses matches dans son antre du Stadium. Dieu sait pourtant que ça n’est pas le Stadium en lui-même qui nous a aidé (quoi que p’tet que ça déconcentrait les adversaires un stade aussi pourrave).
Donc, 53 % de défaites à domicile cette saison, c’est quand-même une performance d’une remarquable indigence.
Le fantôme de Pierre Mauroy ?
A moins qu’il faille trouver une explication plus rationnelle. Laquelle ? Peut-être, tout simplement Titine a-t-elle fait une erreur majeure en voulant baptiser le Grand Stade du nom de « Pierre Mauroy ». On le sait, « Gros Quinquin » avait un rapport ambigu au LOSC. En donnant son nom au Stade, peut-être lui a-t-on donné l’occasion de le hanter, nous faisant payer rétrospectivement les soucis qu’il avait connu avec les Dogues dans les années 1980. A moins qu’il veuille nous faire payer le scandale de l’attribution à Eiffage du contrat pour le Grand Stade, sur nos deniers, bien sûr.
Il est vrai que si cette saison est particulièrement pourrie, le LOSC avait déjà connu une nette régression les saisons suivantes. 9 % de défaites entre 2008 et 2012, on l’a dit, puis 17 % entre 2012 et 2016. Au total, dans ce stade, le LOSC a perdu 23 % de ses matches de première division en incluant cette saison.
Encore un record à battre
Bref, ça y est, le LOSC a battu son record de défaites chez lui. Restent encore certainement beaucoup de records à battre. Actuellement, le LOSC en est à sept rencontres de L1 consécutives sans victoire sur son terrain. En 1993, le LOSC avait fait pire avec dix rencontres de suite sans victoires dans son antre.
Andersson aussi a contribué aux records d’échecs du LOSC chez lui
Dans une saison maussade, égaliser ce record serait un bel objectif pour les Dogues. Et, apothéose, peut-être, sous les ordres de Bielsa avec le onzième pour le premier match de la saison 2017/2018.