Posté le 13 avril 2017 - par dbclosc
Ces joueurs non sélectionnés en A tant qu’ils étaient des Dogues
Je vous parle d’un temps que ceux qui refusent d’admettre le complot contre le LOSC ne peuvent pas connaître. La sélection nationale en ce temps là, était interdite aux joueurs portant le maillot du LOSC. J’exagère, diront certains. Pas faux, répondrais-je. Mais quand-même.
Supporter du LOSC depuis tout jeune, j’ai attendu pendant longtemps qu’un Dogue soit sélectionné dans une équipe nationale un peu plus bankable que le Luxembourg de Gilbert Dussier. Pendant longtemps, mes espoirs ont été déçus, et je devais me satisfaire que Philippe Périlleux et Jean-Claude Nadon s’arrêtent au stade de l’équipe de France B. A 13 ans, je voyais, navré, le sous-titre « Stade Malherbe de Caen » s’afficher à la télé quand Kennet Andersson brillait à la coupe du Monde 1994, lui qui venait de passer une belle saison avec Lille, sans être sélectionné avec la Suède, et qui venait de signer, sans avoir encore joué, avec le club normand.
Bref, c’est de cette histoire dont je vais te parler. Ces joueurs qui ont brillé avec le LOSC sans être récompensés par une sélection nationale. Jusqu’à ce que, enfin, ils se résignent à quitter Lille …
Bruno Cheyrou
Au cours de la saison 2001/2002, Bruno, le grand frère des deux Cheyrou, s’affirme à un niveau inattendu. Certes, dès la saison précédente on avait observé chez lui de réels progrès qui avaient démontré qu’il avait le niveau pour jouer dans l’élite française, mais on n’imaginait pas qu’il ait une telle influence. Techniquement doué, Bruno fait définitivement la différence grâce à une précision dans ses frappes qui le rend décisif : il est d’ailleurs le meilleur buteur du club dans l’élite avec 11 réalisations (en 27 matches) comme en Coupe d’Europe (4 buts en 11 matches).
Beaucoup parlent alors de lui avec les Bleus, mais sa première sélection tarde à venir. En fin de saison, Bruno est transféré à Liverpool pour 6,5 millions d’euros sans avoir jamais été appelé. A peine a-t-il signé chez les Reds, et avant même d’en avoir porté le maillot en Premier League, Bruno est enfin appelé et connaît la première de ses trois sélections contre la Tunisie (1).
Bruno fera ensuite une carrière honnête, passant par Marseille, Bordeaux, Rennes, l’Anorthosis Famagouste et Nantes, sans toutefois retrouver le niveau qui était le sien à Lille. Bruno est par ailleurs beau gosse, caractéristique qui limite considérablement ses chances de devenir un jour le chouchou des supporters.
Jocelyn Angloma
En 1987, le LOSC recrute le jeune milieu offensif antillais Jocelyn Angloma. On le dit talentueux et doté d’une bonne marge de progression ce que l’avenir confirmera. A Lille, son talent apparaît aux yeux de tous, mais il est parfois relégué sur le banc, davantage en raison de son style spécifique que de son niveau de jeu. Beaucoup plus à l’aise comme joueur de couloir jouant sur sa vitesse, Jocelyn est plus adapté aux systèmes s’appuyant sur des ailiers que dans un profil de meneur de jeu que Heylens cherchait alors. L’arrivée de Pelé, justement, lui permet enfin de s’imposer dans un style complémentaire avec le Ghanéen.
Jocelyn Angloma s’imposera comme un leader au milieu offensif du LOSC, inscrivant 7 buts et faisant 5 passes décisives pour sa dernière saison lilloise en 1989/1990 avant son départ pour Paris. Au passage, Jocelyn a aussi déjà joué comme arrière-droit au LOSC, poste auquel il s’imposera ensuite.
Complot oblige, Jocelyn ne jouera jamais avec l’équipe de France tant qu’il jouait à Lille. C’est chose faite trois mois après son départ pour le PSG. Au mois d’octobre 1990, Angloma dispute son premier match en A contre la Tchécoslovaquie. Transféré à l’Olympique de Marseille l’été suivant, Jocelyn Angloma s’installe pour de bon au poste d’arrière latéral et s’impose en équipe de France avec laquelle il connaîtra 37 sélections.
Eric Abidal
En 2002, il se dit que Claude Puel, nouveau coach des Dogues, pourrait venir avec Eric Abidal dans ses bagages. L’information apparaît douteuse : il est peu probable que le grand défenseur monégasque (1,86 m) ait pu tenir dans les bagages de Puel qui sont de taille tout à fait ordinaire malgré son gros salaire.
Ceci étant, celui qu’on appelle alors Eric « à dix balles » arrive en effet à Lille en provenance de Monaco où, dit-on, il cire le banc. Là encore, l’information s’avère fausse, puisque Eric Abidal travaillait alors pour Monaco en tant que footballeur. Très vite, on se rendra compte que le surnom qu’on lui avait hâtivement donné ne lui correspondait pas : Abidal s’impose comme l’un des très bons défenseurs du championnat. Dès le début de sa deuxième saison, nombreux sont ceux qui demandent à ce qu’il soit appelé avec les Bleus.
Malheureusement, Eric ne connaîtra jamais la moindre sélection avec le maillot lillois. A l’été 2004, il est transféré à Lyon. Bien lui en a pris : une fois que l’exigence du complot contre le LOSC ne pèse plus sur ses épaules, Eric a logiquement été sélectionné. Le 18 août 2004, enfin officiellement lyonnais, Abidal dispute son premier match en A contre la Bosnie (1-1). Il a alors deux rencontres de L1 dans les jambes avec le club du président Aulas. Il en avait disputé 62 avec Lille.
Erwin Vandenbergh
En juillet 1986, l’avant-centre belge Erwin Vandenbergh signe au LOSC. A 27 ans, il compte déjà 40 sélections en équipe nationale ce qui n’est pas rien pour une époque où il y avait beaucoup moins de matches internationaux. Au cours de l’année suivant son arrivée à Lille, Erwin ne joue déjà plus qu’un match sur deux avec la sélection belge. Après le match contre les Pays-Bas le 9 septembre 1987, il ne jouera plus qu’à une seule reprise avec les Diables rouges tant qu’il jouera sous le maillot lillois.
Pour Guy Thys, le sélectionneur belge, la non-sélection de Vandenbergh quand il jouait à Lille tenait au fait qu’il « manquait alors de la plus élémentaire combativité ». Si le parcours lillois d’Erwin fût chaotique, on remarquera quand-même qu’on peut être dubitatif quant à cette interprétation au moins pour l’année 1988 qui fût sa meilleure avec les Dogues : au cours de cette année-là, Erwin marque alors 15 buts et fait 8 passes décisives en D1, ce qui en fait le deuxième buteur au niveau national alors même qu’il rate 9 rencontres. Cette année-là, il termine avec la meilleure moyenne de buts et passes décisives/match (0,79) de D1 devant Jean-Pierre Papin (0,70) dans un championnat réputé pour sa rudesse défensive.
Et, comme par hasard, Erwin est rappelé pour le premier match de la sélection belge après son départ du LOSC, le 12 septembre 1990 contre la RDA. Chacun jugera de la pertinence du choix de Guy Thys quant à la non-sélection d’Erwin pendant sa période lilloise. Tout juste nous contenterons nous de souligner que, à l’époque, la Belgique a vu défiler pas mal de chèvres (2) au sein de l’attaque de sa sélection nationale.
Kennet Andersson
Quand il arrive à Lille, la carrière de Kennet Andersson a pris un tantinet de plomb dans l’aile. Le grand attaquant (1,93m) suédois n’a en effet inscrit que 7 buts en 32 matches entre juillet 1991 et janvier 1993 avec Malines dans le championnat belge. Il a certes repris un peu de couleurs lors de son prêt de six mois à Norrköping (8 buts), mais c’était dans le championnat suédois. Bref, on dit le gaillard talentueux, mais on se dit aussi qu’on n’a pas de garanties avec lui qui n’a jamais percé dans un grand championnat européen.
En sélection, Kennet est devenu titulaire à la pointe de la sélection suédoise après la coupe du Monde 1990, avant de perdre cette place après l’été 1992 suite à ses modestes performances malinoises. A Lille, il retrouve son efficacité, marquant déjà 6 fois après 15 journées. Insuffisant cependant pour retrouver la sélection suédoise. Il inscrira 11 buts en championnat sur l’ensemble de la saison.
Le 21 mai 1994, Kennet dispute alors son dernier match avec les Dogues et il rejoindra le SM de Caen la saison suivante. Quinze jours plus tard, le 6 juin 1994, Andersson retrouvera la sélection nationale dans un match contre la Norvège. Présent à la Coupe du Monde, Andersson en sera la grande révélation terminant troisième avec la Suède et également troisième meilleur buteur du tournoi.
Cruelle injustice : c’est officiellement comme joueur de Caen qu’il réalise cette performance alors qu’il n’en a pas encore porté le maillot.
Michel Bastos
En 2006, arrive à Lille un Brésilien polyvalent pouvant jouer arrière latéral comme milieu offensif. Il s’appelle Michel, comme mon oncle, et Bastos, comme les clopes. Le gars avait déjà tout pour que je le kiffe. Et, sa frappe terrible aidant, il confirmera mes a priori positifs à son égard.
Michel Bastos, affectueusement surnommé Gérard Gauloises par les supporters
Après des débuts poussifs, Michel s’impose comme un maillon incontournable de l’équipe de Puel puis, pendant un an, de celle de Rudi Garcia. Inscrivant 25 buts en L1 au passage, dont 14 pour sa dernière saison, Michel attire les convoitise, dont celle, bien sûr, de Jean-Miche Aulas qui, dès qu’il voit un de nos joueurs cartonner, s’empresse de le recruter pour qu’il se plante à Lyon.
Pendant ses trois ans à Lille, Michel ne sera jamais sélectionné. Pas étonnant, serait-on tenté de dire, puisqu’il est Brésilien.
Mais bon, pas étonnant surtout parce qu’il joue à Lille. Le 14 novembre 2009, trois mois après son arrivée à Lyon, il dispute sa première rencontre sous le maillot auriverde contre l’Angleterre (1-0).
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Il a eu trois sélections, dont la première contre la Tunisie, hein. Pas trois sélections à chaque fois contre la Tunisie.
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Notons que selon certains, il s’agirait réellement de chèvres, l’animal. La mauvaise qualité des images vidéos de l’époque ne nous permettent pas de trancher.
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