Posté le 18 avril 2017 - par dbclosc
LOSC et présidentielle : pour qui voter ?
Une nouvelle semaine commence. Celle-ci est particulière : elle s’achèvera dimanche (jusque là, c’est pareil que les autres) par le premier tour de l’élection présidentielle. Les dernières avancées en sociologie électorale ont bien montré l’importance croissante de la variable footballistique dans le choix des électeurs : cela signifie que les supportrices et supporters de foot considèrent que la défense des intérêts de leur club favori est devenu un critère déterminant de leur vote. Autrement dit, et c’est une variable que les commentateurs politiques prennent rarement en compte, entre 2/3 et 3/4 de l’électorat vont voter en fonction de ce qu’ils considèrent comme bon pour leur club, et ce critère arrive bien avant d’autres comme « l’économie », « les inégalités », « l’éducation », considérés comme « secondaires » voire « nuisibles » au débat public. Nous avons commandé une étude auprès de notre institut de sondage partenaire *troufinionway* qui illustre cette tendance nouvelle.
Dès lors, les supporters/trices sont très attentifs au meilleur avenir qui soit pour leur club de cœur. Dans ce monde interconnecté et multipolaire, nous sommes en effet sevrés d’informations. Et, paradoxalement, cette surinformation nous embrouille plus qu’elle ne nous éclaire. Il faut alors savoir démêler le vrai du faux et ne retenir que les informations essentielles – putain, comme je sais écrire des banalités, on dirait du Macron ! Votre site favori vous les offre. Sur DBC, bien entendu, on supporte le LOSC, et nous avons pour ambition de vous aider à faire votre choix dimanche, si toutefois vous comptez aller voter. Fidèles à notre réputation incorruptible et totalement neutres, nous ne donnerons aucune consigne de vote, mais souhaitons simplement porter à votre connaissance quelques éléments qu’il serait bon d’avoir en tête avant de pénétrer dans l’isoloir. Vous trouverez donc quelques conseils, parfaitement contradictoires, mais prenez ce qui vous intéresse le plus.
Observons d’abord comment s’est comporté le LOSC quand il jouait en même temps que se déroulait une présidentielle depuis l’après-guerre, à 5 jours près (parfois, y a pas de match le jour même du scrutin : donc on prend le match le plus proche, à 5 jours près ; davantage, ça n’aurait pas de sens, électoralement parlant).
Depuis la Libération, la France a connu 12 élections présidentielles (2 sous la IVe République, en 1947 et en 1953), et 10 sous la Ve République (1958, 1965, 1969, 1974, 1981, 1988, 1995, 2002, 2007, 2012). Chronologiquement, les trois premières élections d’après-guerre sont particulières, puisqu’elles se font au suffrage universel indirect, à un seul tour (sauf celle de 1953, qui se finit au 13e tour, c’est compliqué à expliquer constitutionnellement donc on s’en passera). Les 9 suivantes se sont déroulées sur 2 tours, au suffrage universel direct1, c’est à dire deux dimanches, c’est-à-dire deux matches. À partir de ces données, on peut se poser plusieurs questions :
_Laquelle, de la IVe ou de la Ve République, offre des élections présidentielles favorables au LOSC ?
_Le LOSC préfère-t-il l’élection au suffrage universel direct ou indirect ?
_Le LOSC est-il meilleur au premier ou au deuxième tour ?
_Les résultats du LOSC varient-ils en fonction de la couleur politique du président élu ?
_Vaut-il mieux voter pour une présidentielle en D2 ou en D1 ?
En jaune : LOSC en D2
On peut tirer de ces données plusieurs enseignements et graphiques.
1. Sur 12 scrutins, dont 9 à deux tours, soit 21 votes, le LOSC s’impose à 8 reprises, perd 5 fois, fait 4 nuls, tandis qu’il n’y a pas de match 4 fois. La D2 nous immunise de la défaite. Les plus pessimistes argueront que, lors d’une telle élection, le LOSC gagne moins d’une fois sur deux, car il est des week-end sans match. Certes. Mais en retirant la variable « pas de match », cela revient à considérer que quand le LOSC joue un jour de présidentielle, il gagne une fois sur 2. C’est donc une élection traditionnellement favorable pour nos couleurs (footballistiques). On peut donc être résolument optimiste pour cette année, où nous jouons lors des deux tours. Et ce d’autant plus que nous remarquons que le LOSC ne perd jamais à domicile dans ce contexte : Guingamp et Metz n’ont qu’à bien se tenir !
Conseil 1 : que tu ailles voter ou non cette année, sois tranquille : la veille, le LOSC aura gagné ou fait match nul. Tu peux donc ranger ton vote protestataire et plutôt voter pour les candidats traditionnels des partis dominants : Hamon, Macron, Fillon.
2. La IVe République est éminemment Losciste : il se dit d’ailleurs que les rédacteurs de la Constitution l’avaient pensée comme telle : aucune défaite ! En revanche, la Ve République est plus contrastée : 7 victoires, 3 nuls, 5 défaites. Dans le même ordre idée, on voit que les 3 premiers scrutins, indirects, ne donnent aucune défaite pour Lille.
Conseil 2 : pour un retour à la IVe République à un scrutin indirect et à un LOSC invincible, vote pour les candidats conservateurs, qui cultivent la nostalgie du passé : Dupont-Aignan, Fillon, Le Pen, Asselineau.
3. Quand un candidat de centre-droit (Coty, Giscard) est en tête, le LOSC fait des performances très diverses : 1 nul, 1 défaite, 1 victoire.
Quand un candidat de droite (De Gaulle, Pompidou, Chirac, Sarkozy) est en tête, le bilan lillois est assez défavorable (2 victoires, 3 nuls, 3 défaites).
Quand un candidat de gauche (Auriol, Jospin, Mitterrand, Hollande) est en tête de scrutin, le LOSC gagne 5 fois sur 7 – en fait, 5 fois sur 6, car il y a un scrutin sans match).
Conseil 3 : Vote Arthaud, Hamon, Mélenchon ou Poutou.
4. Si tu aimes Franck Béria.
Conseil 4 : Vote Macron. Comme lui, Franck Béria a été formé à droite, avant de se révéler à gauche, et maintenant on a un peu de mal à le situer : parfois dans l’axe, un peu à gauche, un peu à droite, peut-être bien qu’il n’est nulle part.
5. Les seconds tours réussissent bien mieux au LOSC : Lille remporte 5 victoires, fait 2 nuls et perd 2 fois lors de ces seconds tours. Les premiers tours sont souvent beaucoup plus décevants : 2 victoires, 3 défaites et surtout 4 premiers tours où on ne joue pas. Il est difficile d’interpréter le fait qu’on joue particulièrement peu les week-ends de premier tour : doit-on se dire que c’est tant mieux, vu qu’on perd souvent quand on joue ? Doit-on se dire, plutôt, qu’il ne faut pas s’étonner qu’on gagne peu ou qu’on joue peu ?
Conseil 5 : Les premiers tours étant hostiles au LOSC, abstention le 23 avril.
6. A chaque fois qu’on joue Sochaux (deux fois), on perd. Le message est clair : Sochaux, c’est Peugeot, donc c’est ouvrier. Les défaites du LOSC contre Sochaux symbolisent donc le renouveau ouvrier.
Conseil 6 : Si à l’avenir, on jouait Sochaux un week-end de présidentielles, vote Poutou, Arthaud, ou, a minima, Mélenchon, pour calmer un peu la colère ouvrière.
7. On remarque que lors de la seconde élection de F. Mitterrand, en 1988, le LOSC bat Laval – un bien beau symbole au demeurant. Laval, c’est la collaboration, la compromission avec l’ennemi.
Conseil 7 : Barrage à l’extrême-droite au second tour.
Il est également de tradition, à chaque élection, de présenter les cartes du vote par région et/ou par département. A DBC, nous ne faisons pas exception à la règle, et te proposons la carte des résultats du LOSC lors des élections présidentielles.
Il y a une relation extrêmement nette entre la position géographique de l’adversaire les week-ends de présidentielles et les résultats du LOSC : dans un petit Est, le LOSC gagne une seule fois, fait 3 nuls et perd 5 fois. Dans un large Ouest, Lille l’emporte 7 fois et fait 1 match nul. La statistique est très encourageante pour le match de Guingamp, elle est plus inquiétante en ce qui concerne le match de Metz. Sur ce dernier point, nous remarquons que le LOSC n’a jamais perdu (nous disons-bien « jamais ») contre un club lorrain lors des week-ends d’élection présidentielle. Mais n’a jamais gagné non plus.
Il y a également une relation entre l’écart au second tour et les résultats du LOSC. Quand l’écart au second tour entre les candidats est fort, Lille réaliser presque toujours de bons résultats. Au-dessus de 53 % pour le vainqueur, Lille l’emporte 3 fois pour 1 match nul ; Lille gagne 2 fois mais fait 1 nul et perd 2 fois à 53 % ou moins.
Lors des premiers tours, le LOSC l’emporte les deux fois où un candidat de gauche arrive en tête et perd les trois fois où c’est un candidat de droite.
Conseil 8 : En somme, si tu veux que le LOSC batte Guingamp, vote plutôt Mélenchon (ou Hamon si tu penses qu’il a encore une chance) ou Macron si tu trouves qu’un match nul est un bon résultat. Si tu privilégies une défaite, soutiens plutôt Le Pen ou Fillon. Ou Jean Lassalle si tu penses que, au regard de ses origines du sud-ouest il est un peu barcelonais et donc capable d’une incroyable remontada.
Il y a une autre donnée à prendre en compte. Voici la liste des référendums nationaux organisés en France depuis la Libération, ainsi que le résultat du LOSC correspondant.
On en tire le camembert suivant :
Nous constatons que l’organisation de référendums favorise le LOSC, qui ne compte que 3 défaites en 13 matches, et 7 victoires, dont une fameuse contre Lens en 2000. Ce paramètre nous invite à favoriser les candidats qui indiquent leur intention d’organiser de telles consultations populaires. Et ils sont quelques-un.es à en proposer, pour des motifs très divers (Frexit, assemblée constituante, vote des étrangers…). En fait, tous les candidats évoquent le recours au référendum dans leur programme, hormis Nathalie Arthaud, Philippe Poutou, Emmanuel Macron et Jacques Cheminade.
Conseil 8 : Ce qui nous laisse un large choix entre Mélenchon, Hamon, Dupont-Aignan, Asselineau, Le Pen, Fillon et Lassalle. Le quinquennat 2017-2022 s’annonce sous un bon jour pour le LOSC (même si on note que le favori des sondages, Macron, ne parle pas de référendum. En revanche, il a parlé de « refaire un dôme », ce qui n’a rien à voir, à moins que ce ne soit une allusion à notre toit rétractable).
Vous avez désormais toutes les données en main. Quelle que soit l’issue du scrutin, nous resterons attentifs, durant tout le quinquennat, aux évoluions institutionnelles et politiques et leur corrélation avec les résultats du LOSC. C’est là une démarche à la fois sportive et citoyenne que nous essayons d’alimenter chaque jour sur ce blog. Vive le LOSC, et vive la France.
FC Note :
1 Depuis une réforme constitutionnelle de 1962, mise en pratique pour la première fois en 1965. Révise ton droit constitutionnel avec DBC, bientôt en librairies.
2 commentaires
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20 avril 2017
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Frank a dit:
Merci pour cet article très intéressant comme d’habitude. Je me suis considéré longtemps indécis dans cette élection mais tes analyses pointues me permettent désormais de ne plus l’être.
Pour affiner mon choix, j’ai cherché à regarder les résultats du LOSC par rapport à l’étiquette politique du président en exercice et les résultats depuis 1981 sont … sans appel :
50 pts / saison durant les années sombres de présidence socialiste (46 sous Mitterand)
59 pts / saison durant l’age d’or de la droite avec une pointe à 68 pts / saison de moyenne sous Nicolas Sarkozy.
Je suis désormais convaincu que le seul vote utile est celui qui permettra à Mr Sarkozy de retrouver la présidence, synonyme de grand succès pour le LOSC. Un détail que les médias ont bien compris quand on voit l’acharnement qu’ils ont mis à détruire notre illustre dirigeant durant et après son mandat.
Vive le losc et vive la France
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24 avril 2017
Permalien
dbclosc a dit:
Merci pour ce complément d’analyse très fouillé. I est vrai qu’avec des Assadourian, Angloma, Duncker, Viseux, le LOSC a souvent été performant à droite.