Posté le 4 mai 2017 - par dbclosc
Les meilleurs buteurs du LOSC (1978-2001) en perspective
On entend souvent parler de ces buteurs « qui marquent 15 buts par saison ». Comme s’ils étaient si différents de beaucoup de buteurs « qui ne marquent pas 15 buts par saison ». Il y a pourtant quelque chose d’un peu injuste là-dedans, parce qu’on tend à juger un « score », le nombre de buts marqués, comme ayant une valeur en eux-mêmes, là où ce total dépend en réalité de beaucoup de choses sur lesquels les buteurs en question n’ont pas prise.
Par exemple, t’as beau être le buteur de l’année, si les joueurs censés d’offrir de bons ballons sont des buses, ton total en souffrira forcément. Mais bon, le « facteur coéquipiers buses », je ne t’en parlerai pas aujourd’hui même s’il faudrait nécessairement le faire pour épuiser la question. A défaut de l’épuiser, cette question, nous nous contenterons de la fatiguer un ch’ti peu en mettant les performances des meilleurs buteurs du LOSC chaque saison en perspective, et, plus concrètement, en proposant une évaluation des performances de ces joueurs en tenant compte, d’une part, du degré de jeu défensif de D1 pour chaque saison et, d’autre part, du temps de jeu. Ben oui, en gros, ce qu’on veut montrer par là c’est qu’un buteur va forcément plus galérer à marquer dans un championnat hyper défensif et s’il joue peu, deux facteurs sur lesquels il n’a jamais de prise directe.
Pour ce faire, on a calculé le nombre de buts marqués par chaque joueur d’abord en le rapportant au prorata de son temps de jeu sur une base de 3000 minutes par saison (soit 33,3 matches entiers). Concrètement, si un joueur marque 12 buts en 2400 minutes sur une saison, je multiplie son score par 3000, le divise par 2400 et j’obtiens son total (15 en l’occurrence). Pour ce qui est de la prise en compte du niveau défensif du championnat, je procède de la même manière en prenant comme indicateur la moyenne de buts du championnat (ce qui est à mon sens un excellent indicateur) en prenant comme base 2,5 buts par match. Par exemple, si un joueur marque 10 buts sur une saison, je multiplie son total par 2,5 puis je divise par la moyenne de buts en D1 cette saison-là : si, comme en 1986/1987, la moyenne de buts par match est de 2,09, c’est que les systèmes de jeu sont faits pour empêcher les buts, et non pas parce que les buteurs sont mauvais (sinon, la 2ème division district aurait les meilleurs buteurs de France).
Bref, quand on fait ça, qu’est-ce que cela nous dit ?
Pierre Pleimelding était moins extraordinaire que ce qu’on pensait
Sur la période étudiée, c’est Pierre Pleimelding qui occupe les deux premières places du classement « brut » des super buteurs des Dogues. Il marque en effet 21 buts en 1978/1979 puis 18 la saison suivante. Il faut cependant replacer ces performances dans un championnat très offensif et dans lequel il joue énormément : en deux saisons, il ne rate que 47 minutes ! Rapportées aux normes que nous avons définies, les perfs de Ploum sont nettement moins impressionnantes : 15 buts en 1978/1979 puis 14 la saison suivante.
Ce qu’on appelle aujourd’hui une « moustache à la Pedro » s’appelait alors une « moustache à la Pierrot »
Les totaux pleimeldingiens demeurent cependant très solides ces deux saisons-là. Vues comme ça, elles sont pour autant seulement dans une bonne moyenne. Pis, suivant les mêmes critères, il ne marquerait que 12 fois la saison 1980/1981, soit un total en-dessous de la moyenne des meilleurs buteurs du LOSC.
Lolo Peyrelade, LE buteur
Suivant les mêmes critères, Lolo Peyrelade est en revanche LE buteur de la période. Pourtant, en 2000/2001, il ne marque que 7 fois. Ajoutons qu’en scores bruts (et non en scorbut), seul Assadourian en 1992/1993 est un meilleur buteur qui marque moins (6 fois) sur les 21 saisons étudiées. Comment diable se peut-il qu’il passe alors de la toute fin du classement à ses cimes ?
D’abord, il réalise cette performance à une époque particulièrement peu offensive. Ensuite, il joue essentiellement comme super-sub et, enfin, sur une saison à 18 clubs, deux facteurs expliquant qu’il ne joue cette saison que 1107 minutes en L1.
Selon la légende, Lolo Peyrelade marquait un but toutes les 17 secondes. Mais c’est une légende : en vrai c’était plutôt toutes les 22 secondes.
Bref, quel total aurait atteint Lolo selon nos critères ? 19 buts ! Hé oui. Certes, parmi les explications, on pourra avancer le fait qu’il entre souvent en cours de jeu, sa fraîcheur constituant sans doute un avantage face à des défenses fatiguées par la tactique de Vahid. Pour autant, s’il suffisait de faire entrer un attaquant pour qu’il marque deux fois plus, le foot serait facile. Non, si on parvient à ce total, c’est aussi parce que Lolo a été un excellent scoreur. Tout simplement.
Desmet et Becanovic, les scoreurs tireurs de pénos
Suivant cette logique, Becanovic (en 1996/1997) et Desmet (en 1986/1987) arrivent respectivement deuxième et quatrième du classement. En effet, ils auraient alors marqué 18 et 16 buts sans les blessures en restant au même rythme dans un championnat un peu plus offensif. En réalité, Desmet est même troisième ex-æquo avec Vandenbergh au total arrondi, mais il est un peu derrière (15,76 VS 16,42) en prenant en compte les chiffres après la virgule.
En brut, l’un et l’autre marquent en fait 13 buts dont 5 pénos, soit une belle proportion. Ils auraient alors été de bons scoreurs, mais il ne faut pas omettre de souligner, toujours suivant les mêmes critères, qu’ils devraient respectivement 7 et 6 buts aux pénos dans leur total.
Frandsen, le buteur pas avant-centre
En 1991/1992, Per Frandsen marque 8 buts. Pas mal pour un milieu de terrain. Encore mieux quand on sait qu’il réalise ce score dans une équipe qui marque peu (31 buts sur la saison) dans un championnat très défensif. Encore plus impressionnant quand on sait qu’il a loupé une bonne partie de la saison à cause du jambe brisée par Antoine Kombouaré, qui n’est pas que footballeur et entraîneur, mais également boucher.
Peu le savent, mais Frandsen est dans le Guinness book comme « l’homme le plus blond du monde »
Rapportée à nos critères, sa performance lui vaudrait 14 buts, énorme pour un milieu. D’ailleurs, son absence fût très préjudiciable et coïncida avec une période de disette offensive et de contre-performances : de la 13ème journée à la 21ème, les Lillois ne marquent que 4 fois. Titulaire à Nancy pour la première fois depuis sa blessure, fin décembre, il offre la victoire aux Dogues grâce à un doublé.
Des saisons sans buteur
Dans la grande majorité des cas, les totaux corrigés selon nos critères des meilleurs buteurs des dogues atteignent ou dépassent les 12 buts (cela arrive 16 fois sur 21) avec une forte concentration aux alentours des 14-15 buts. En somme, cela atteste que certaines saisons sans buteur atteignant un niveau élevé de buts marqués s’expliquent en partie par des blessures de l’avant-centre ou par un niveau particulièrement défensif du championnat. François Brisson, en 1990/1991 en est la plus parfaite illustration : blessé une dizaine de matches au cours d’une saison extrêmement défensive (voyant par exemple Cannes finir 4ème avec 32 buts inscrits), il marque 10 fois, mais rapporté à un temps de jeu de 3000 minutes dans un championnat à 2,5 buts /match, il « aurait » scoré à 15 reprises.
Franfois Briffon
Parallèlement, on observe que les saisons avec peu de buts inscrits par le meilleur buteur ont lieu des saisons où le LOSC n’a pas d’avant-centre stabilisé. En 1982/1983, Verel et Françoise se succèdent en pointe, sans grand succès, et c’est Henry qui finit meilleur buteur (8 buts, 9 en corrigé) ; en 1989/1990, c’est Pelé qui finit meilleur buteur (9 buts réels comme suivant l’indicateur) ; Assadourian est dans ce cas en 1992/1993 (6 buts, 7 corrigé) quand Mota, Nouma et N’Diaye se succèdent en pointe ; Sibierski ne score que 7 fois en 1994/1995 (en réel comme en corrigé), le « buteur » annoncé, Franck Farina loupant une grande partie des matches (6 buts en tout, 10 en corrigé).
Voilà, voilà. Tout ça pour dire que, en gros, nos buteurs réalisent souvent des performances voisines d’une saison à l’autre une fois mis de côté les facteurs sur lesquels eux-mêmes n’ont aucune prise.
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