Archiver pour juin 2017
Posté le 30 juin 2017 - par dbclosc
Grégory Wimbée : « Notre force, c’était le groupe »
Hasard du calendrier : jeudi 15 juin, le lendemain même du jour où l’on apprenait que l’affaire du « petit Grégory » était relancée, nous avions rendez-vous avec le « grand Greg » ; voilà probablement l’accroche la plus foireuse que nous ayons faite depuis le lancement de ce blog, mais ce n’est que la stricte vérité.
Voilà un petit moment que nous souhaitions rencontrer Grégory Wimbée en sa qualité de représentant parmi les plus éminents du renouveau sportif du LOSC à la fin des années 1990. Nous lui avions déjà consacré 2 articles sur ce blog : le premier, bien sûr, relatif au but qu’il a marqué avec Nancy contre Lens et Jean-Claude Nadon en 1996 ; et le second sur ce fameux match à Saint-Étienne en septembre 2000, que l’on considère généralement comme un tournant dans sa carrière.
L’entrevue que nous avons eue est donc une nouvelle opportunité pour revenir sur la « période Vahid », qu’il a dépassée en restant deux ans supplémentaires sous les ordres de Claude Puel. L’occasion de revenir sur ses débuts au LOSC, parfois difficiles – il nous en livre des clés d’explication – et, bien entendu, de s’attarder sur l’exceptionnelle période 1999-2002, durant laquelle il « devint invincible », ainsi que nous l’avions écrit, avec à l’appui des anecdotes comme on les aime et quelques informations sur la vie du groupe.
Mais nous avions également envie d’aborder l’ensemble de sa carrière professionnelle, de Nancy à Valenciennes, en passant par Charleville, Cannes, Metz et Grenoble. Pourquoi ? Ben d’abord parce qu’on fait ce qu’on veut, et surtout parce qu’il nous semblait particulièrement intéressant de tenter de restituer la trajectoire d’un gardien de but, poste que l’on considère souvent comme « à part », ne serait-ce que parce que les places sont plus rares et donc plus chères1. Et on se rend compte, à écouter Gregory Wimbée, à quel point la carrière d’un gardien de but, de façon sans doute plus aiguë qu’à tout autre poste, est soumise à divers aléas, et que le talent ne suffit pas.
Depuis son départ de Grenoble en 2009, Grégory est revenu dans la région lilloise. Après une dernière pige à Valenciennes, il a pris en charge la gestion d’un complexe sportif de foot en salle (le Five de Lesquin), a commenté les matches du LOSC pour GrandLilleTV en compagnie de Mickaël Foor, et était impliqué cette année dans la préformation, et une partie de la formation des jeunes du LOSC ainsi que de l’entraînement de l’équipe féminine, promue en D1. Autant d’activités qu’il va désormais réduire voire mettre en stand-by, car il étrenne une nouvelle fonction à partir du 1er juillet, à temps complet : entraîneur des gardiens de la CFA. Que les fans de l’équipe des Anciens Dogues se rassurent : on devrait toujours voir jouer son prolifique avant-centre, de nouveau double buteur lors du dernier match contre des salariés du club il y a quelques jours !
C’est donc à l’aube d’entamer ses nouvelles fonctions, et après avoir participé au stage de 10 jours avec Marcelo Bielsa, que Grégory Wimbée nous a accueillis au Five.
On va revenir sur le passé, on espère que tu as rassemblé tes souvenirs ! Une question toute bête : comment on devient gardien de but ?
Mon frère est 2 ans plus âgé que moi. Dès que l’école était terminée, on jouait au foot devant l’immeuble, à longueur de journée, et tous les jours quand c’était les vacances, que ce soit de la pluie, de la neige, -12°… on jouait. Lui frappait, et moi je plongeais. Dès qu’il y avait un but, je me mettais dedans. C’est le premier poste que j’ai connu. Quand j’étais Poussin, j’ai joué gardien dans une équipe 1, tout en ayant un autre poste en équipe 2 ; j’ai fait une saison comme ça où je faisais un peu les 2, mais j’ai toujours été gardien. Alors comment… ? Je ne peux même pas dire. Peut-être que ça m’a plu de plonger, ça m’a plu d’attraper le ballon avec les mains alors j’ai gardé ce poste-là.
Cette photo, c’est une sélection de Lorraine. Ce doit être la saison 1985-1986. On est à l’Abbaye des Prémontrés, à Pont-à-Mousson. Les demi-finales et finale se jouaient dans notre région en fait. En demi-finale, on joue sur je sais plus quel terrain contre l’ouest, la Bretagne. Victoire 3-0, peut-être 3-1, mais on domine largement. Et on joue la finale en lever de rideau du dernier match de la saison de Metz, à Saint-Symphorien, contre Paris-Île-de-France. On fait 0-0 et on perd aux tirs aux buts, 3-2 je crois. Sur cette photo, 4 sont devenus pros : à ma droite, c’est Éric Rabesandratana (Grégory est debout, 3e en partant de la droite. Si vous ne l’aviez pas remarqué, suivez ce lien)
Et tu rejoins donc Nancy.
J’ai fait les deux années au centre de formation de Nancy, donc entre 15 et 17 ans. J’y ai débuté lors de la saison 1986-1987. J’étais aussi en cadets nationaux à l’époque. En 88-89, je suis parti à Clairefontaine continuer ma formation, envoyé par Nancy car il n’y avait pas d’entraîneur des gardiens. L’INF était réputé, en tout cas à l’époque de Vichy, un peu moins quand c’était Clairefontaine. Beaucoup de gardiens, comme Mottet ou Olmeta, sortaient de l’INF. Je n’y suis resté qu’un an et demi, car le deuxième gardien de Nancy s’est fait les croisés, donc ils me rapatrient en janvier 1990. Je suis deuxième gardien, mais il n’y a pas de gardien sur le banc comme maintenant. Le deuxième gardien, il est juste à l’entraînement… Je joue avec l’équipe réserve qui était en D4 à l’époque. L’équipe première était en D2. L’équipe première monte, et nous aussi. Donc en 90-91, je suis toujours deuxième gardien, et je joue avec l’équipe réserve en 3e division.
Le jeune Grégory de retour de Clairefontaine.
« Le prêt à Charleville m’a permis de prendre de la bouteille »
Tu es prêté à Charleville en 1991, en D3.
Le club cherchait un gardien car il avait un gardien amateur, et donc je suis prêté là-bas. Je sais qu’on ne perd qu’un match et qu’on avait une top-équipe. Sur la saison, je ne prends que 10 buts. Je fais un quart de finale2. Je devais partir au tournoi Espoirs de Toulon (ci-contre avec le maillot de l’équipe de France). C’était en même temps que la demi-finale. La fédé m’autorise à jouer la demi-finale, et dès qu’elle est jouée, même si on gagne, je dois aller au tournoi de Toulon. Mais la veille de la demi-finale, je me blesse lors d’un entraînement. Je me pète le ménisque et je me fais opérer. Donc je loupe la demi-finale et le tournoi de Toulon. Alors je sais plus où c’était parce que j’ai fait les deux ménisques internes. Je crois que c’était la jambe gauche.
La saison 1992-1993 était particulière car c’est la dernière saison où il y a encore 2 groupes en D23. Donc il fallait faire mieux que 12e je crois. Et on termine 9e.
Lors de ta dernière saison à Charleville, en D2, tu es un des meilleurs gardiens : tu finis 2e au classement des étoiles de France Football du groupe !
Oui, mais j’avais pris des rouges. Quand tu prends un rouge, t’as zéro.
En fait c’est parce que tu prends un rouge en début de match. Donc il y a 2 matches où tu n’as pas de note. À l’époque, ça marchait par points qui étaient cumulés, il n’y avait pas encore de 0. C’est pour ça que les gardiens remportaient toujours l’étoile d’or France Football : c’est ceux qui jouaient le plus !
Ah oui c’est ça ! Donc je manque un match. Ce qui est fort, c’est que le match où je prends le rouge, c’est contre Valence. On fait 1-1. Et le mec qui rentre à ma place dans le but et en prend un, on lui met 5 étoiles ! C’était même pas un gardien !
« Nancy est venu me rechercher en hélicoptère… ! »
Pendant tes 3 saisons de prêt à Charleville, 3 gardiens jouent pour Nancy : Granger, Schneider et Roux.
Quand je suis prêté la première fois. Nancy avait Marcel Husson comme entraîneur. Il ne voulait pas de Matriciano, le gardien titulaire ; il fait donc venir Boumnijel. J’étais 2e gardien, et je me retrouve 3e gardien ! Aujourd’hui, quand on est 3e gardien, on s’entraîne encore avec les pros. Là, en 1991, tu redescends en centre de formation ! Donc je ne voyais pas l’intérêt de jouer avec des plus jeunes comme moi. À l’époque, les centres n’étaient pas sectorisés comme aujourd’hui avec les 19, les 17 : tout le monde était mélangé ! Des gars qui avaient 3 ou 4 ans de moins que moi… Donc j’ai choisi d’être prêté. En étant prêté à Charleville pour jouer en D3, donc avec des seniors. Ce prêt m’a permis de prendre de la bouteille. Husson démarre mal, je crois qu’il se fait virer très vite, et Olivier Rouyer prend l’équipe en main, mais Nancy ne se sauve pas. La deuxième année, en 91/92, Olivier Rouyer ne voulait pas de moi. La 3e année, je voulais revenir à Nancy. Et à un moment donné, y avait une coupe de la Ligue, coupe d’été… On jouait des matches en fin de saison, et en début de saison suivante, y avait la suite, avec des 1/8e, des 1/4…
Oui c’est l’ancienne formule de la coupe de la Ligue.
Voilà. Donc on joue à Strasbourg. Rouyer vient me voir me dit de nouveau qu’il ne compte pas sur moi. Donc je signe un contrat de 3 ans à Charleville. Et pendant ces 3 années là, j’avais un accord de non-sollicitation, c’est-à-dire que je ne pouvais pas partir ailleurs qu’à Nancy. J’étais à la fois international espoirs et amateur. J’ai été reclassé amateur, c’était assez spécial parce que j’étais stagiaire à Nancy : pour jouer amateur, je devais résilier mon contrat de stagiaire, j’étais libre. Si ça avait été quelques années plus tard, je partais à l’étranger. Des clubs me sollicitaient. J’ai eu le président de Nancy au téléphone, qui me demande pourquoi je ne rentre pas. Je lui dis que l’entraîneur ne veut pas de moi, c’est quand même un problème ! Il me rappelle lendemain et me dit : « l’entraîneur, ce n’est plus un problème ». Oui mais j’ai signé un contrat ! Maintenant, comment on fait ? On a réussi à s’arranger : ils sont venus en hélicoptère, ils ont embarqué mon père aussi – un truc de fou hein ! On a renégocié un contrat et je suis rentré sur Nancy, alors que j’avais signé un contrat à Charleville. Voilà comment je suis rentré à Nancy. J’y ai donc entamé ma première saison comme titulaire de l’équipe première en 1994/1995.
En 1994-1995 (photo ci-dessus), Nancy termine 7e de D2. Puis 3e la saison suivante, ce qui permet à l’ASNL de retrouver la D1. Grégory Wimbée n’encaisse que 23 buts en 1995-1996, record d’autant plus remarquable dans une D2 à 22 clubs et donc à 42 matches. Même le LOSC en 2000, lors de sa saison record, en a encaissés davantage !
Tu découvres la D1 lors de la saison 1996/1997… et tu joues pour la première fois contre Lille en championnat !
Je sais que je n’ai jamais gagné contre le LOSC… Je pense qu’on fait 2-2, on se fait égaliser sur la fin. Je crois que c’est Denis Abed qui marque à la fin. Ça passe entre mes jambes. On était un peu poissards. On ne gagnait pas de matches, et on se faisait égaliser à chaque fois, 92e… On a pris plein de buts comme ça cette année là.
En effet, le 5 octobre 1996, Lille égalise à Nancy à la dernière minute, grâce à Denis Abed, son seul but avec le LOSC. Du coup, Nancy devait encore attendre une semaine pour signer sa première victoire de la saison, à Bordeaux (1-0).
Et lors de cette même saison, il y a l’exploit : le premier but marqué par un gardien de but dans le championnat de France, hors pénalty. But qui, pour des Lillois, prend une saveur particulière…

Oui, avoir connu la joie du buteur, c’était top. On m’en reparle régulièrement. En fait je suis là (il nous montre le dessin de France Football), et c’est Wallemme qui la prend, ça revient sur Lécluse et ça me tombe dessus. Contrôle du genou, je suis sur mon pied d’appui, je me retourne et… voilà ! C’est un but d’attaquant ! Par la suite, je me suis rendu compte que ça pouvait m’aider un peu à m’intégrer à Lille ! Maintenant qu’on connaît mon attachement à Lille, l’avoir fait contre Lens… Je pense que c’était compliqué pour Jean-Claude Nadon. C’était quasiment son dernier match à Lens, car Warmuz revenait de blessure peu après. Je n’aurais pas voulu encaisser un but d’un gardien ! Je l’ai eu comme entraîneur des gardiens après, à Metz. Je suis le premier gardien-buteur, mais il y avait eu un gardien de Monaco, Hernandez, qui avait déjà marqué, en ayant fini le match comme attaquant, car il s’était blessé à un bras4 !
À l’issue de cette première saison en D1, Nancy est malheureusement relégué. On suppose que tu as des sollicitations ?
J’étais en fin de contrat. C’est une année où j’ai beaucoup discuté avec les dirigeants, bien avant le but, ils voulaient me prolonger. Un contrat sur la durée m’avait été proposé, de 4 ou 5 ans. Mais je voulais aussi connaître autre chose, je voulais me mettre en danger, car quand on reste dans son club formateur, on a fait le tour à un moment. J’avais des clubs : Le Havre, Bastia. Un contrat de 4 ans m’attendait à Bastia. Finalement, Eric Durand a signé, le temps a passé, et je me suis retrouvé libre, mais sans club ! Et puis Cannes cherchait un gardien, alors je signe à Cannes. J’ai failli partir à l’étranger, mais je ne me sentais pas prêt.
Alors, Cannes, ça arrive comment ?
Cannes était le dernier club de D1 qui cherchait un gardien… Adick Koot était entraîneur-joueur, et on s’est retrouvés l’année d’après à Lille. C’est particulier parce que sur la fin de saison précédente, je suis un peu blessé, j’ai un début de pubalgie. Et quand je vais signer à Cannes, je suis physiquement au plus mal. Je signe sans même passer de visite médicale ! De toute façon si je passe une visite médicale, je ne signe pas, je ne peux même pas marcher ! Je fais le début de saison sur une jambe, quoi. Je suis en retard dans la préparation, je fais un entraînement sur deux, parfois je reste 5-6 jours sans jouer, je suis sous anti-inflammatoires. Le premier match de championnat, je suis à la rue. Et je me blesse autrement : ce truc là (il montre sa jambe), je me fais opérer et ça me permet de récupérer un peu de la pubalgie, et encore… Quand j’entame la rééducation, j’ai encore un peu mal, mais je ne veux pas me faire opérer de la pubalgie. Je reprends, ça va un peu mieux, je fais un match amical et je me fais tacler au niveau du genou : fissure de la rotule. J’ai eu 6 mois de blessure. D’octobre à février, en gros. J’ai repris en février.
« Été 1998 : je n’ai pas de club. Je fais des séances de malade, seul »
Au-delà de tes blessures, on a lu un article dans lequel tu disais que tu ne gardais pas un très bon souvenir de la ville de Cannes, et du mode de vie là-bas.
Ah oui, oui, oui, horrible. Bon déjà, c’était pas très exigeant au niveau des entraînements, parce que tu ne t’entraînais qu’une fois par jour. En fait c’est pas un club où tu peux jouer au foot. T’as la plage, t’as le soleil, t’as les belles voitures… C’est une année où j’étais blessé, j’étais au plus mal dans mon couple, enfin c’était compliqué quoi. J’ai signé un an là-bas. Pour moi, c’était un tremplin. En toute humilité, mon ambition était d’aller plus haut. Mais avec les blessures, l’année que je vis est compliquée même si, moralement, elle m’a endurci. Quand je finis l’année à Cannes, je n’ai pas encore divorcé, je ne suis pas encore séparé mais… c’est très chaud. Vraiment chaud. Et je n’ai plus de club. C’est pas le moment que tout parte en vrille en fait.
Du coup, quelle est ta situation durant l’été 1998 ?
On avait fini le championnat très tôt en mai. Donc mai, juin, et juillet, pendant 2 mois et demi, je m’entraîne tout seul, avec un pote qui court le 1 500. Je fais 2 séances par jour, en muscu, abdos, tout ça le matin, et le soir je vais courir ou je fais des séances physiques avec lui. Sauf que le gars fait 3’40 au 1 500, c’est déjà un top niveau ! Ce qui fait que je choppe une caisse au niveau de la VMA, je progresse… Mais je n’ai pas de club. Juste une anecdote : les jours où j’ai bossé tout seul, au niveau athlétique et en muscu, y avait la Coupe du monde en France. J’ai dit à mon pote avec qui je courrais : « putain, la prochaine, je vais y être ». Bon, je n’y suis pas allé, mais je n’en étais pas si loin finalement. C’était mon objectif. Tous les jours, je faisais des séances de malade. Y a une séance où j’ai vomi. Je faisais des trucs qui, à la limite pour un gardien, ne servent à rien. C’était juste pour travailler le mental. Je me suis mis ça en tête.
Début juillet, Porato doit partir à Marseille, et Jean-Marie Aubry, normalement, doit signer à Monaco. Et donc Lille cherche un gardien ; j’apprends que le club suit 3 gardiens.
Il me semble qu’on a longtemps été sur Valencony.
C’est possible, mais c’est plutôt Boumnijel qui tenait la corde. Jean-Pierre Mottet le connaissait de Gueugnon. Tout le mois de juillet, c’est comme ça : je m’entraîne, mais je ne m’entraîne pas dans les buts. Je ne touche pas le ballon, ce n’est que de l’entraînement physique. Mon agent m’informe que pour Lille, c’est mort, mais qu’en Ligue 2, Valence et le Red Star s’intéressent à moi. Mais je n’y vais pas. J’avais 28 ans, ça me paraissait compliqué après d’aller voir plus haut. Puis un jour, il m’appelle à 13h : j’étais à Peymeinade, à côté de Grasse. Il me dit : « demain tu dois être à Lille pour y signer ». Donc j’ai pris la voiture, j’ai fait 1200 bornes dans la journée. Et le lendemain à 9h, 10h, j’étais dans le bureau de Pierre Dréossi. La première journée de championnat avait lieu 4 jours après !
« Vahid Halilhodzic a rééquilibré l’équipe »
Quand tu rencontres les dirigeants de Lille, on te présente quoi comme projet à l’époque ? La remontée immédiate on imagine ?
Le club reste meurtri de la saison d’avant, puisqu’à 3 journées de la fin, il est quasiment sûr de monter, puis on connaît la fin… Mais c’est un club qui a une histoire, et qui a une histoire en Ligue 1 ! Donc l’objectif clair est de remonter. Je n’ai pas fait la préparation, je ne connais pas le groupe. Je sais que le staff est fragilisé sur la saison d’avant. Personnellement, je suis hyper content d’avoir retrouvé un club. Mais j’ai aussi mon histoire personnelle, où dans ma vie privée, c’est compliqué. Et donc quand j’arrive à Lille, je joue mon premier match, et ce premier match se passe très mal. On prend ce deuxième but… le ballon rebondit sur mon épaule et je marque contre mon camp. Bon, moi je sais que c’est un mauvais rebond, après voilà, c’est tout, ça ne m’a pas meurtri. Y a juste un supporter qui est entré sur le terrain, mais il s’est fait attraper. Tu remarqueras que je n’ai plus jamais joué avec un maillot à manches coupées. C’était la seule fois. Bon en tout cas, c’est pas top.
Grégory lors de son premier match à Lille, contre Guingamp. Au premier poteau, David Coulibaly. Le début de saison est en effet très compliqué pour tout le monde. Thierry Froger est remercié au bout de 6 journées, après une nouvelle défaite à Beauvais (0-1).
Septembre 1998, c’est l’arrivée de Vahid Halilhodzic. Qu’est-ce qui s’est passé dans le groupe ? Est-ce que Thierry Froger était un problème… ?
Alors ça, c’est une question à laquelle je ne peux pas répondre. Moi je suis arrivé début août, je n’ai pas fait la préparation, je ne sais pas comment ça s’est passé, je fais 4 matches… Je n’ai pas eu le temps de le connaître, pas eu le temps de voir si y avait des soucis. Il devait forcément y avoir des choses qui ne fonctionnaient pas, car il n’y avait pas les résultats escomptés, ça c’est clair. Je pense qu’il y avait un traumatisme qui datait déjà de l’année d’avant.
Et le président Lecomte a fait une belle rencontre avec Vahid Halilhodzic. Je pense qu’il a été impressionné par ce que l’homme dégageait. Dès le match perdu à Beauvais, il y a ce remplacement. Je dirais qu’on avait un effectif mal ficelé. Si tu regardes bien comment est l’effectif, tu te rends compte qu’il y a beaucoup de défenseurs centraux par exemple, et que t’as moins de milieux. Rééquilibrer l’équipe, c’est la première chose que Vahid a faite la saison d’après, mais déjà dès l’hiver.
Il y a une bonne période dès l’automne. Et là arrive un événement assez rare : tu détournes deux fois le même pénalty.
Oui, contre Gueugnon ! Il y avait eu un changement de tireur. Le premier est sur ma droite, le second sur ma gauche. Après ce n’est qu’un pénalty. Ce n’est tout de même pas ce que je retiendrai de plus fort ! Mais ça reste un événement, c’est vrai.
Dans ce résumé de France 3, on ne voit que le 2e pénalty détourné. L’événement en direct sur Fréquence Nord :
Durant cette première saison, il y a un moment plus difficile pour toi : tu n’es plus titulaire à la fin de l’année civile, en novembre-décembre, c’est Bruno Clément qui prend ta place, après un match contre Ajaccio à domicile, qui globalement est raté par tout le monde. On mène 1-0 puis on perd 1-3. Et donc tu ne joues plus à partir de ce moment-là pendant 7 matches.
Même si je ne pense pas avoir fait une mauvaise année, les premiers mois sont durs. Mentalement c’est très compliqué pour moi. Parfois, je vais à l’entraînement et j’ai ma vie privée en tête. À un moment donné, avec Halilhodzic, on se retrouve dans son bureau pour discuter. Et il ne me fait plus jouer. C’est une décision qui a été prise logiquement. Ça m’a permis de me refaire la cerise. C’était compliqué pour moi, entre le fait de ne pas avoir eu de préparation et les soucis personnels… Ça me permet de travailler avec Jean-Pierre Mottet et de me remettre à niveau. Je fais quelques matches avec l’équipe réserve, je crois qu’on a fait un déplacement à Forbach, en bus… Jusqu’au jour où je me sépare pour de vrai. Et là c’est le soulagement ! Tout va mieux pour moi. Même si, pendant 2 ans, ça a été compliqué avec certains supporters, au moins je me sentais soulagé et libéré. On le voit après, même dans mon rayonnement et mes performances.
Et tu es de retour en janvier 1999, pour un match contre Beauvais…
Ça peut être l’histoire de ma carrière : il y a des moments où tu as un coup de pouce du destin. Quand on fait le stage de préparation hivernale, on va à Antibes : c’est la seule fois où Vahid a pris en main la prépa physique, quasiment de A à Z. Je dirais pas qu’il a fait n’importe quoi, mais on a commencé à 23, et on a fini, on était à peine 11 pour faire le dernier match amical (il rit) ! Y a pas mal de muscles qui ont pété, y compris chez Bruno Clément, qui se fait une grosse grosse déchirure. On avait fait des séances très intenses. Je ne suis pas sûr de la cohérence en fait. Avec la fatigue, à un moment il fallait faire autre chose. Je ne suis pas spécialiste, mais pour le coup il y a eu 12-13 blessés. Dont des blessures très importantes, pas des blessures de mecs qui glandent, qui n’en ont rien à foutre ou qui ne veulent pas s’entraîner ! Des déchirures, des trucs musculaires importants. Et donc Bruno Clément se blesse, et je rejoue.
Maintenant que tu dis ça… Je me rappelle le premier match en 1999, on joue contre Beauvais à domicile, et c’est un match où ont joué des jeunes, genre Noro, Giublesi, Cheyrou…
Ah ben oui, y avait une dizaine de blessés ! Si bien que j’aurais pu partir à Lyon, et ça ne s’est pas fait. Quand Luc Borelli s’est tué dans un accident de voiture, Lyon a cherché un gardien. J’ai eu Aulas au téléphone plusieurs fois, et je devais signer les deux ou trois mois qu’il restait de la saison, plus 2 ans. Et Lille refuse de me lâcher. C’était ça le paradoxe. Vahid me dit : « tu ne pars pas ».
Bien sûr, le climat lillois est différent de celui de Cannes. Mais de là à se blesser la tête à la moindre averse…
« A posteriori, la 4e place de 1999 est presque un mal pour un bien »
Alors on ne monte pas à la différence de buts, mais on est contents car la deuxième partie de saison a été très bonne, il y a des progrès dans le jeu, et on sent que cette équipe a des ressources.
On est déçus de ne pas y être arrivés. Il y a ce match contre Amiens. Je crois que c’est Adick qui me fait une passe en retrait, une passe pas terrible… Et le gars (Emmanuel Desgeorges) contre et va marquer. On m’a beaucoup reproché ce but-là. Le ballon arrivait face à moi. Ou alors il aurait fallu que je le prenne avec la main. Mais pour prendre un 12e carton rouge…
Ah ouais je suis loin quand même ! Je suis un peu loin au départ. Donc on ne monte pas, mais à la limite c’est presque un mal pour un bien : on peut dire ça a posteriori. Parce que je pense qu’on n’aurait pas été aussi prêts que l’année suivante.
On arrive à la saison 1999/2000. Là, on frôle la perfection, avec un effectif que Vahid a choisi, pour le coup.
Déjà, on restait sur une année, ou en tout cas 6 mois, où on finit bien. Abdelilah Fahmi, Fernando D’Amico, Johnny Ecker, Dagui Bakari devant, Ted Agasson et Didier Santini : toutes les arrivées ont été importantes. Des fois tu fais venir des joueurs, et t’en as toujours 3 sur 6 qui ne jouent pas, qui ne s’imposent pas. Et là, ils se sont tous imposé et ont apporté une plus-value à l’équipe. On débute le stage de préparation, on a tous la bave, et on a des réunions sur les objectifs qu’on se fixe : il y a des réunions où il y a tout le monde, des réunions où il y a que les anciens. Un jour, on est avec Djezon, il devait y avoir Pat’Collot, j’étais dedans, on était 5 ou 6. Vahid nous demande : « quel est votre objectif ? ». Et on a répondu sans se concerter : « on veut être premiers, on veut être champions » ; « Et vous allez faire quoi pour être champions ? » ; On dit qu’on va faire ça, ça, ça, ça. On a fait un stage de préparation de dingues. On a fait des séances athlétiques… Et tu vois déjà là qu’il va se passer quelque chose. J’ai toujours pensé que la préparation était un des moments les plus importants d’une saison. Car, tout de suite, tu vois celui qui va tricher, tu vois celui sur lequel tu vas pouvoir compter, tu vois celui qui va toujours tout donner, ça se voit dans les séances athlétiques, ou quand il faut faire un effort mental. Et là tu vois que personne ne triche. Mais pas 12 joueurs, tout le monde, tout l’effectif est concerné ! Là tu sais que ça va être une grosse saison. Et le début de saison parle de lui même : sur les 10 premiers matches, 9 victoires, un nul !
Juillet 1999, match amical à Roubaix contre Anderlecht.
Et sur un plan personnel, tu es bien mieux aussi.
Depuis quelques mois, je suis divorcé. C’était un poids pour moi. Même sur cette année là où on termine meilleure défense, je sais qu’en raison de certaines relations avec le public, je n’ai pas droit à l’erreur. Mais je sais aussi que mon ratio points gagnés/points perdus est positif. J’ai fait gagner des points à l’équipe. Mais on a tellement dominé qu’on a l’impression que tu mettais n’importe quel gardien et ça passait. C’est peut-être vrai, mais je ne le pense pas !
Finalement, le seul bémol de cette année-là, ce sont tes 2 expulsions, coup sur coup quasiment.
Contre Sochaux, c’est normal. L’arbitre était Alain Sars, un nancéien, que je connais très bien. Il ne m’avait jamais arbitré jusque là, normal, puisque j’ai joué pour Nancy longtemps, donc il ne pouvait pas. Et j’avais même essayé de simuler en disant que j’avais pris le ballon dans la tête, je me souviens (rires) ! Bon, et je lui ai dit « excuse-moi, c’est normal ». Mais le deuxième rouge contre Guingamp, en revanche, n’est pas mérité du tout. Fiorèse veut me dribbler, je lui prends le ballon, et je ne le touche pas en dehors de la surface. Je suis dans la surface, un peu emporté par mon élan. À la limite, tu peux siffler faute, mais pas mettre rouge. Fiorèse était déjà parti. De toute façon, l’arbitre le voit tout de suite parce que derrière il expulse le joueur qui se bagarre un peu avec D’Amico, alors qu’il n’y a rien !
On a vu Fernando en janvier qui nous a raconté l’épisode, ça nous a bien fait rigoler ! Tu as donné des consignes quand Christophe Landrin t’a remplacé ?
Non. Jean-Pierre Mottet était derrière le but et essayait de lui dire quoi faire. Je sais pas si t’as les images, mais il avait fait la dernière demi-heure derrière le but.
Landrin gagne d’ailleurs un 1 contre 1 (3’55 dans le résumé). Ça doit être perturbant finalement pour un attaquant d’avoir un joueur comme ça dans le but.
Sans doute, sans doute.
C’est un bel arrêt de gardien ça ?
Un peu chanceux… Un vrai gardien serait sorti davantage.
Deux gardiens de but du LOSC 1999/2000. Manque Eric Allibert.
« En 2000, je me suis préparé pour jouer »
Le LOSC retrouve la D1 à l’issue de cette superbe saison. Et à l’intersaison, le club recrute un gardien pour être numéro 1, a priori. Et tu deviens donc numéro 2. Comment tu apprends la nouvelle, et comment tu la prends ?
C’était très clair. J’étais en fin de contrat. Vahid me reçoit avant de partir en vacances. Il m’explique que le club va prendre un gardien. Je crois qu’à l’époque, ça discutait avec Sébastien Hamel, qui était au Havre. Je lui ai dit : « il n’y a pas de problème. Mais je jouerai ». Je prolonge alors mon contrat de 2 ans.
La préparation est correcte, les matches amicaux ça va… Toutefois, j’appréhende car je pars comme numéro 2, alors que j’ai toujours joué numéro 1 dans mes club précédents. Mais lors du premier match contre Monaco, sur le banc, dans la préparation du match, je vois que sans jouer, je peux quand même apporter quelque chose. Donc même si je sais qu’à partir du moment où je ne joue pas la première journée, ce sera très compliqué de retrouver la cage, j’aurai un rôle à jouer. Mais je me suis préparé pour jouer, ce qui fait que quand Richert se blesse deux jours après la 1e journée, je suis prêt. Et donc on gagne 4-0 à Strasbourg ; on gagne contre Rennes le match d’après. Et je me fais expulser ensuite à Sedan ! Et alors là pour le coup, il n’y a rien ! Même à la commission de discipline, on m’a dit qu’il n’y avait rien, mais je suis quand même suspendu. Et en plus on prend le but sur le coup-franc derrière. Plus tard, on joue contre Troyes. Et là, on prend un but de ma faute. Le deuxième. Je suis en train de reculer quand Goussé frappe, alors que c’est une frappe anodine. Mais je suis sur des appuis arrières, et on perd 2-1. Et après, c’est le match de Saint-Etienne.
On avait mis l’accent là-dessus dans l’article qu’on a écrit sur toi : ce match qui est un tournant dans ta carrière, suite à un article de la Voix du Nord très dur pour toi, qui mettait en cause tes prestations, ta légitimité. Il se passe quoi dans ta tête quand tu lis ça le dimanche matin ?
J’ai commencé à lire l’article, et je ne suis pas allé au bout. J’ai discuté avec Jean-Pierre Mottet. Je lui ai demandé qu’on me laisse tranquille toute la journée. Franchement, je crois que je n’ai parlé à personne de la journée, sauf avec Jean-Pierre Mottet. Lui savait pourquoi j’ai réagi comme ça, et je lui ai dit : « écoute, laisse tomber, je ne vais plus rien dire, laisse-moi me préparer ». J’étais assez remonté. Lors de la causerie, je me rappelle que Vahid n’a pas compris mon attitude. Il m’a dit que j’étais faible, quelque chose comme ça… Mais je n’ai rien dit.
Je n’ai jamais fait l’unanimité au cours de ma carrière, et j’ai toujours su quand j’étais bon ou pas bon. Ce n’est pas un problème d’être critiqué, et j’ai parfois trouvé que c’était juste. Mais là je trouvais l’article orienté et vraiment injuste. On fait parler des supporters qui me trouvent mauvais… Oui, et moi je peux te trouver 3 amis qui vont dire que je suis le meilleur gardien du monde, et ça n’a pas plus de valeur ! J’aurais aimé, au moins, qu’on me donne la parole. Derrière ça, le match passe sur Canal, on fait 1-1, un super résultat. Et là les gens ont retourné leur truc. Derrière, il y a le derby, et on gagne le derby.
Et tu es encore décisif dans le derby car à 0-1, tu gagnes un duel contre Sibierski, et à 0-2, l’histoire aurait sans doute été différente.
Exactement. Et puis c’est un duel où il part de 50 mètres, donc on a tous eu le temps de le voir arriver. Et donc ça démarre là un peu. C’est un vrai tournant. Les gens ont compris, enfin certaines personnes ne changent jamais d’avis, mais certaines personnes qui sont juste à écouter ce qui se dit ont vu : « ah oui quand même… il a fait un bon match, c’est peut-être un bon gardien ».
À ce moment-là, tu penses que c’est juste un changement dans la vision qu’ont les supporters ?
J’en sais rien en fait. Je le dis maintenant parce que ça fait plus de 15 ans… Ne pas prendre de but, que l’équipe obtienne des résultats… ça donne de la confiance. Je jouais pour moi, pour mes coéquipiers. Si les gens sont contents, c’est bien, s’ils sont pas contents, qu’est-ce que tu veux que je fasse ?
« Je ne suis pas sûr qu’on ait pensé un jour être champions, mais… »
En début de saison, tout le monde disait que le LOSC jouait le maintien. Est-ce que dans le groupe vous disiez autre chose ?
Ah non, on était totalement sur le maintien. Même si on avait fait une top saison en D2, on savait le fossé qu’il y avait avec la D1. Même si le club avait recruté intelligemment ! Il n’y avait pas beaucoup de moyens. On n’avait pas de gros salaires, mais il y avait un moyen de motiver les joueurs : il y avait de belles primes de classement pour les joueurs. On a fini 3e, donc ça a coûté cher (rires) !
On a ici une coupure de presse, après un match à Lyon, où tu arrêtes un pénalty d’ailleurs. Tu es en Une de la Voix des sports également. C’est un peu après Saint-Etienne, il y a un article sur toi, très élogieux. Et on voit qu’il est vraiment devenu commun de dire que tu es désormais décisif.
Ah, y a Marco Cuvelier sur la photo ! J’avais une blessure au coude avant ce match-là. Une sorte d’entorse. Sur un arrêt, mon bras était parti et j’avais un problème de ligament. Dès que je recevais un ballon ici, j’avais une putain de décharge. Dès que j’allais chercher un ballon loin, ça faisait très mal. Je devais me faire infiltrer avant le match, et le doc n’est pas là. Il est dans les salons du stade, je crois que c’était le Beaujolais nouveau… Et avec Marco Cuvelier, dans le vestiaire, je devenais fou : « c’est pas possible, on avait prévu, merde, fait chier ! ». Il me dit : « ne bouge pas, je vais te faire un strap ». Il me fait un strap, et mon bras ne bouge plus. Je vais à l’échauffement : il avait tellement serré le strap que ma main était bleue ! Donc j’enlève mon maillot et je retire le strap, au cours de l’échauffement. Et tout le monde, dans le stade, voit que j’ai un problème au bras gauche. Et avant le pénalty, je regarde Anderson, et je fais genre (il grimace pour montrer qu’il a mal au bras gauche). Et il tire sur ma gauche, je plonge à gauche, et je l’arrête !
La maladie de Christophe Pignol, ça a eu quelles conséquences sur le groupe ?
On était au Maroc quand on a appris pour sa leucémie. C’était un moment douloureux. Je me souviens de la première visite à l’hôpital… C’était compliqué. Il a démontré des qualités mentales. Il s’accrochait à la vie. Du côté du groupe, on s’est davantage ressoudés, resserrés derrière cet événement-là. C’était un moment triste, mais on voulait tellement faire pour lui, lui montrer qu’on pouvait lui donner quelque chose, car c’était lui qui se battait contre la maladie. Il y a eu des images à la fin du match contre Parme, on a brandi son maillot… Il y a toujours eu des moments comme ça pour lui rappeler qu’on était avec lui dans son combat, qu’il a gagné.
Est-ce que tu crois que le titre de champion était possible cette année-là ?
Au fur et à mesure que le championnat avance, on se dit qu’on peut faire quelque chose. Je ne suis pas sûr qu’on ait pensé un jour être champions, mais je pense qu’on aurait pu être champions. Je sais qu’à un moment, on est premiers, et on est surpris d’être premiers. On est au taquet, et on a un max de réussite, quand même ! Quand on joue contre Nantes, en février, on est encore devant. On fait 1-1 mais il y a cette action de Sterjovski, le poteau à la dernière minute… S’il marque, on a 4 points d’avance sur eux. Et peut-être autre chose après. Contre Bordeaux, on mène 2-1, puis on fait une erreur sur l’égalisation. Après, on a fait beaucoup de nuls : contre Bordeaux, à Auxerre, au Parc… On n’était pas loin, mais on a quand même quelques points de retard. Nantes en fait gagne tout jusqu’à la fin. Mais si on les avait battus, est-ce que les Nantais auraient fait la même fin de saison..? On n’a pas fait une saison parfaite non plus. En tout cas, sur le coup, je n’y ai jamais pensé. Déjà, finir 3e, je trouvais ça incroyable ! C’était la folie quoi ! Seul Monaco avait fait mieux en étant champion juste après être monté (en 1978), mais c’était un autre temps, avec d’autres moyens, ils avaient des moyens énormes quand ils sont remontés. Je vois qu’on a fini 3e, qu’on s’est qualifiés pour le tour préliminaire, et je n’ai pas de regret par rapport à la 3e place.
« Vahid Halilhodzic nous a menés plus haut
que ce qu’on pouvait imaginer »
On voudrait te montrer une vidéo : ta réaction après la qualification contre Parme. Ce qui a toujours été appréciable avec toi, et parfois étonnant, c’est ton calme, ta modération. Là, on vient d’éliminer Parme, tu es super calme, tu t’en veux presque d’avoir pris un but sur lequel tu ne peux pas grand chose (à 20’15 sur la vidéo ci-dessous).
Oui, c’est des trucs qu’on partage un peu entre nous… Il y a une réaction pour le public, et des choses qu’on partage avec les coéquipiers. Après, je n’ai jamais été très expansif, que ce soit dans un sens ou dans l’autre. Si tu reprends ma réaction après le match contre Saint-Etienne, là j’étais remonté ! Mais pour revenir sur ce match, c’est le match où j’ai eu le plus de pression de toute ma carrière. La tension était énorme. Je ne sais pas combien de matches j’ai joués avec Vahid… Je pense que c’est un des meilleurs coaches dans l’approche des matches. Il avait toujours le bon angle dans ses causeries, même si ses causeries étaient trop longues, vraiment trop longues… Sur ses approches, il était toujours très bien. Mais ce match-là, il l’a loupé. Nous, déjà, on avait la pression. Le matin du match, on a vu des vidéos : un montage sur ce qui avait été, et un montage sur ce qui n’avait pas été. Sur ce qui a été, ça a duré 3 minutes, sur ce qui n’a pas été, ça a duré 20 minutes. Et sur les 3 minutes qui allaient, il trouvait à redire et finalement ce n’était pas bien ! Donc on se rend compte après cette causerie-là – parce qu’il en a fait plein des causeries avant le retour – qu’on a eu un gros coup de cul. Et comment on va faire maintenant..? C’est la seule fois à Lille, avec tous les joueurs, lors de la collation du midi, où il n’y a pas un mot à table. Mais pas un mot. On est tous blancs. Tu regardes la 1e mi-temps : même une passe de 10 mètres, je n’arrive pas à la faire. Je n’ai jamais eu davantage peur de toute ma carrière. Et je me suis promis de ne plus jamais avoir peur. À la mi-temps, il s’est passé des trucs dans le vestiaire. En deuxième mi-temps, on est revenus avec d’autres intentions. Bon, on n’a rien fait de miraculeux, mais on a juste pas pris de 2e but. C’est là où Biétry fait un commentaire sur un ballon aérien que je vais chercher. Il dit : « ah c’est bien, ça va le mettre dedans ». Parce qu’à la 75e, je ne suis pas encore dans le match. Et ce ballon-là a fait du bien, et derrière tous les ballons venaient vers moi : je n’avais pas besoin de plonger. Je les attirais tous.
Plus globalement, quel souvenir t’a laissé Vahid Halilhodzic ?
Au-delà de ses capacités pour faire jouer une équipe, pour avoir un projet de jeu, il était très impressionnant sur l’aspect mental. Sa force, c’est qu’il a réussi à nous mener plus haut que ce qu’on pouvait imaginer. Si, quand il arrive en septembre 1998, tu dis à Pascal Cygan par exemple : « tu vas jouer à Arsenal, tu vas pas être loin d’être international », peut-être qu’il aurait dit « ben ouais, t’es gentil… ». Si tu dis à Bruno Cheyrou : « tu vas être vendu 50 MF à Liverpool », peut-être qu’il va rigoler aussi à ce moment-là. S’il nous dit qu’on jouera la Ligue des champions dans peu de temps, on va rire ! Sa force est d’être parvenu à nous faire croire en nous, à faire en sorte qu’on donne plus que ce qu’on croyait pouvoir donner.
La saison 2001-2002 commence donc très bien.
C’est la confirmation, parce qu’on n’a pas un gros effectif, et on joue quand même beaucoup de matches. Mine de rien, j’ai l’impression de jouer tout le temps. On était tout le temps en train de préparer un match. Avec la Ligue des champions, c’était un rythme incroyable. On préparait notre premier match le 11 septembre, et finalement on ne joue pas le 12 en raison des attentats : ça a serré le calendrier. Mais la force de Vahid, c’est qu’il avait tout anticipé : il savait quelle équipe il allait aligner 3 matches plus tard. De temps en temps, un blessé pouvait contrarier ses plans, mais quand tu vois ce qu’on fait à Troyes par exemple, t’as vu l’équipe qu’on avait ?
Le 15 septembre 2001, le LOSC se rend à Troyes avec une équipe-bis dans le but de préserver ses cadres avant d’entamer sa première campagne de Ligue des Champions à Manchester 3 jours plus tard. Sont laissés au repos : Cygan, Pichot, D’Amico, Br. Cheyrou, Boutoille et Bakari. Be. Cheyrou, Delpierre, Rafael (2e match en D1), Michalowski (1er match en D1), Murati, sont titulaires. Au terme d’un invraisemblable concours de circonstances (4 poteaux et un pénalty arrêté par Greg), les Lillois s’imposent 1-0. On en a même fait un article. Et pour le son de l’arrêt sur pénalty avec Fréquence Nord, c’est ici :
Même si le LOSC a eu un maximum de réussite à Troyes, qu’est-ce qu’une telle victoire dit du fonctionnement du groupe ?
C’est toujours compliqué quand t’as un effectif de 20-22 : il y en a toujours 4 ou 5 qui ne vont jamais jouer. Mais t’as besoin d’eux, t’as besoin qu’ils soient à 100% aux entraînements. Tu auras besoin d’eux, peut-être une fois dans l’année, mais il faut qu’ils soient présents. Pour la vie de groupe, j’ai toujours pensé que c’était mieux. C’est pas toujours facile à faire intégrer à tout le monde, surtout maintenant. Mais on avait une force : on concernait tout le groupe. Sur les primes, sur tout. Le mec, même s’il ne jouait qu’un match, tu savais qu’il allait le jouer à fond. Ça c’était une force du groupe, et aussi des dirigeants qui avaient approuvé cette demande des cadres quand on a négocié les primes. C’était une vraie force, qu’on avait déjà fondée depuis le stage en Bretagne, à Saint-Cast, l’année où on monte, et aussi l’année d’après, on y était retournés. Ce sont des moments où tu forges quelque chose. Dès qu’un joueur arrivait dans le groupe, il était obligé de s’intégrer tout de suite. C’était des règles tout à fait simples, mais elles étaient justes. Alors il pouvait y avoir de très gros salaires, de moins gros salaires, mais arrivés sur le terrain, tout le monde était logé à la même enseigne. Et le coach, Vahid, a réussi à maintenir ça, durant les 4 ans quasiment qu’il est resté.
En 2002, tu restes, alors qu’une bonne partie de l’ossature de l’équipe s’en va. Quels souvenirs tu gardes de ces 2 années avec Claude Puel ?
C’est plus compliqué parce que tu perds tes meilleurs joueurs. Le recrutement n’est pas top… En fait je suis déçu de ne pas avoir connu Claude Puel après. Il a été mis en difficulté car on avait des résultats moyens, mais tu sentais qu’il était en train de faire grandir le club. C’est un aboyeur, c’est quelqu’un qui vit ses matches, mais il y a eu des moments difficiles, des moments de doute même je pense, au niveau des dirigeants. Il y a des trucs que je ne dévoilerai pas, mais en tant que capitaine, on a eu des discussions, et à un moment donné c’était compliqué pour lui. J’ai toujours pensé que c’était un top manager. Même si après je suis parti car il ne voulait plus de moi. Mais même ça, je ne l’ai pas trouvé injuste, car durant ces deux années, j’étais peut-être un peu moins performant. L’équipe qu’on avait n’était pas la même, et c’était un peu plus compliqué.
« Lille, c’est ma famille. Mais je voulais jouer au foot »
Du coup en 2004 tu étais en fin de contrat ?
Non, il me restait un an. Je pouvais prolonger de 2 ans, en baissant mon salaire, et en ne jouant plus. Sylva arrivait, y avait Greg Malicki… Et moi j’avais des clubs. Je suis parti à ce moment là, parce que j’avais envie de jouer. Ça m’a mis en difficulté de quitter Lille, parce que je m’y sentais bien, c’était ma famille. Mais je voulais jouer au foot. Je ne voulais pas qu’on me prive de ça. J’aurais pu aussi rester et essayer de gagner ma place, mais ça aurait été dur. Et j’ai encore joué quelques années après.
D’abord à Metz, puis à Grenoble.
J’ai connu 2 groupes compliqués dans ma carrière : celui-là, et celui de Cannes. J’ai même failli arrêter… Ça m’avait dégoûté, car je ne voyais pas le foot comme ça. En tout cas le foot pro. À Metz, la 2e année, c’était dur. Et je rebondis à Grenoble avec Michel Rablat, qui a travaillé pour Lille. La première année, on doit finir 5e en D2, ce qui est le meilleur classement du club à l’époque. Et la 2e année, on a 12 points de retard sur Troyes à 10 journées de la fin, mais on arrive à monter, avec 6 points d’avance sur le 4e. On intègre le nouveau stade, on ne prend pas un but sur les dernières journées : ça fait partie des remontada !
Tu retrouves la Ligue 1 à Grenoble avec un groupe qui est très expérimenté.
Ah oui, oui. La montée déjà, y en avait quelques-uns : Walid Regragui, Maxence Flachez, Nassim Akrour… Puis, quand on monte, Laurent Battles, Daniel Moreira, David Jemmali, Ronan Le Crom, et moi. Donc des joueurs à 32, 33, 34… Moi j’avais 37 je crois.
Et vous faites une super saison pour un promu.
Oui, on a même été en tête. À la fin c’était plus compliqué, mais on a été dans les 10 premiers assez longtemps. On n’a pas souffert pour le maintien, on l’a acquis très vite. On a fait quelques exploits en gagnant au Parc, à Saint-Etienne. Même à domicile, on a fait de gros matches. On a fait des matches dégueulasses aussi ! Au Parc, on gagne avec un but d’Akrour de 25 mètres ! Landreau se fait lober, comme ça lui est arrivé quelques fois !
Justement, sache que tu as recueilli le plus de voix parmi nos lecteurs lorsqu’on a lancé il y a quelques mois l’élection du « onze de coeur ». Mais comment on parvient à comparer des performances de gardien de but ? C’est quoi un bon gardien ?
Je sais qu’il y a eu une époque, les gardiens comme Revault, quand il était au Havre, tout le monde disait qu’il était trop fort, il touchait des dizaines de ballons par match… Y a des gardiens qui font beaucoup d’arrêts. Mais des fois dans des équipes un peu faibles en fait. Un gardien peut faire de beaux arrêts mais prendre plein de buts aussi. J’ai toujours préféré jouer dans des équipes où moins j’en avais à faire, mieux c’était. Ça veut dire que l’équipe était attentive et concentrée.
Du coup, comment on peut déterminer la qualité d’un gardien ? C’est celui qui prend le moins de buts ? C’est celui qui fait le plus d’arrêts ?
Les meilleurs sont ceux qui font bien le peu qu’ils ont à faire. S’il faut faire 2 arrêts, il les fait. Si il doit en faire 6, il va les faire. À l’arrivée, les meilleurs sont ceux qui prennent le moins de buts. Ce n’est pas toujours la meilleure défense, mais en général les meilleurs sont ceux qui prennent le moins de buts. Parce qu’ils sont dans les meilleures équipes. Parfois, tu as des attaquants en D2, ils mettent 20 buts. Et quand ils jouent en D1, ils mettent pas un but. Ben voilà, c’est des attaquants de D2. Qui sont très bons en D2 mais qui n’ont pas le niveau D1. Et on a parfois des gardiens qui flambent, qui font plein d’arrêts dans des équipes de bas de tableau, puis quand tu les mets dans une équipe de haut de tableau, ils ne supportent pas la pression, ils n’ont pas un degré suffisant de concentration… Si tu joues beaucoup de ballons, forcément tu es sollicité, donc tu es tout le temps concentré. Mais quand tu le touches pas… C’est plus dur de jouer dans une forte équipe ! Normal, ce sont les meilleurs qui jouent dans ces équipes là. C’est pas un hasard.
On avait fait un article il y a quelques temps, où on se demandait qui était le meilleur gardien du LOSC…
Et tu disais que c’était Christophe Landrin !
Ben oui, si le meilleur, c’est celui qui ne prend pas de but, le meilleur c’est Landrin ! Non mais comment on compare un mec comme Enyeama, ou Landreau, avec toi ?
Landreau a fait un doublé, donc c’est lui qui a eu les meilleurs résultats. Mais il a fait un doublé avec des Hazard, Cabaye et Debuchy… C’est ça le truc. Après, c’est un gardien qui a fait plus de 600 matches, qui a montré tellement de choses ! Enyeama a fait des trucs incroyables aussi, des arrêts fabuleux. Je pense qu’athlétiquement, Enyeama est meilleur. Landreau est en-dessous sur les qualités physiques et athlétiques. Il jouait très avancé. Il a sauvé plus de buts qu’il n’en a pris, mais c’est vrai que quand tu vois des buts comme il a pris contre Grenoble, tu te dis : « mais merde, il fait quoi ? ». Pour quelques buts encaissés où il était avancé, il en a sorti beaucoup. Mais il avait une lecture du jeu, une anticipation, une confiance en lui, un rayonnement, un jeu au pied aussi qui font qu’il était incroyable. Il a fait une grande carrière. Mais tu peux pas comparer… C’est pour ça que tout ce qui est « équipe du cinquantenaire », « équipe du siècle », bof… C’est très aléatoire.
Je prends le ballon d’une main, je salue le public de l’autre : du grand art.
Revenons à ta carrière : tu es proche d’un retour au LOSC à un moment.
Quand je suis à Grenoble et qu’on se maintient la première année (2009), ma fille était scolarisée à Lille, ma femme travaillait par ici aussi. Je rentrais tous les week-end, ou en avion, ou en train. J’étais tout seul à Grenoble : ma famille ne venait que pendant les vacances scolaires. C’était dur mais bon, c’était pour ma passion. Je sonde tous les clubs du Nord, parce qu’il faut que je rentre. Boulogne venait de monter en L1 ; début juillet, lors de la préparation, Landreau se fait les croisés. Et là, j’ai les dirigeants au téléphone, j’ai le président : « on a pensé à vous… ». Mais Garcia ne veut pas. Je lui ai laissé un message ou deux, il ne m’a pas rappelé. Il y avait Butelle, et finalement ils prennent Mouko. Mais j’ai vraiment pensé que j’allais revenir.
Pourquoi Garcia ne voulait pas de toi ?
Je ne sais pas. Il m’a appelé, mais bien après. J’aurais aimé discuter avec lui avant, pour montrer qui j’étais. Ça m’a un peu vexé. Enfin bon. J’avais un club en Ligue 2, j’avais un club en national : Evian, qui voulait me faire signer 2 ans, avec un super contrat, et 2 ans après ils sont en D1 d’ailleurs. Ils ont beaucoup insisté, ils m’ont appelé pendant les vacances, mais je dis que ce n’est pas possible. Du coup, je me suis inscrit à la formation de manager général de Limoges, avec l’appui de Xavier Thuilot. On devait être une cinquantaine à faire la demande, mais il n’y avait que 14 admis. Jusque fin juillet, je m’entretiens quand même, en me disant « on ne sait jamais… ». Après, je pars en vacances au Portugal en me disant que c’est fini. Et c’est dur. C’est assez violent en fait. Je rentre de vacances, je vois dans mon courrier que je suis pris à la formation : c’est top ! C’était le 12, 13 août, 14 août…
Et alors comment Valenciennes revient vers toi ?
Je pars en week-end avec mes beaux-parents sur la côte d’Opale. Un matin, mon beau-père me dit : « tu vas signer à Valenciennes… ? Penneteau s’est fait les croisés… ». Je lui dis : « non, c’est bon, Valenciennes, je me suis proposé, ils m’ont envoyé balader… ». Je prends le train pour rentrer à Lille : coup de fil de Henri Zambelli, qui était mon agent. Il me parle de Valenciennes. Je lui dis que je ne suis pas intéressé, qu’ils m’ont envoyé balader… Et je comprends là, je n’étais pas au courant, qu’il est devenu directeur sportif de Valenciennes ! Donc il me dit de venir quand même, de discuter. On prend rendez-vous. Et quand je rentre dans le centre d’entraînement, quand je rentre dans le vestiaire… j’y reviens, quoi. J’ai discuté avec lui pendant 2 heures, et j’ai signé à Valenciennes. C’est arrivé le 19 août, le jour de mon anniversaire. J’ai signé un an, dans un rôle de 2e gardien, pour accompagner, et ça a tellement bien fonctionné que j’ai resigné un an encore. Alors que l’entraîneur des gardiens avait un doute, il disait que j’étais vieux, mais il a vu que ça allait, et on est devenus très potes. Au bout de 2 ans (2011), j’ai arrêté, parce que j’allais avoir 40 ans. Et là pour le coup, ce n’était pas violent, car c’était de moi-même, j’étais allé au bout et je ne pouvais plus continuer. Quand j’étais sur le banc, je me disais « faut pas que je rentre », parce que si je rentrais, j’allais faire de la merde ! Je me sentais moins bien, j’étais moins performant, je trouvais que ça allait plus vite, à l’entraînement je prenais plus de buts… ça devenait compliqué.
Du coup, la reconversion avait été pensée avant 2009, avant même l’inscription à cette formation ?
En fait l’idée, c’était de travailler pour le LOSC, quand Xavier Thuilot y était encore. On avait pensé à quelque chose, mais il est parti. J’ai eu ce projet de formation après. Ce projet, c’était pour mon enrichissement personnel, car c’est une top formation. Tu sors de là avec un réseau. Tu entres dans un autre domaine. Mais tu peux aussi reprendre le coaching, car là tu n’es pas entraîneur, tu es manager. Tu manages de l’humain, tu es en relation avec ton président… ça avait l’air très intéressant. Et finalement, je ne l’ai pas faite. Je voulais la faire tout de même, mais le directeur de la formation m’a indiqué que c’était impossible de la suivre avec mon engagement à Valenciennes.
Du coup, depuis ta retraite sportive, tu es très actif !
Très actif ! Je viens d’obtenir mon BEF (brevet d’entraîneur de football). Et à la prochaine session, je m’inscris pour le diplôme d’entraîneur des gardiens pour la formation. Ce sont des sessions qui ont lieu tous les 2 ans, donc pour maintenant ce sera pour l’année prochaine. Ce diplôme va devenir obligatoire pour entraîner les gardiens. Mais pour l’obtenir, tu dois passer par le BEF. Parce que pour avoir le BEF, normalement il faut entraîner une équipe, et moi j’entraînais les gardiens cette année. Tu dois raconter une histoire, quoi. Il devrait y avoir une filière spécifique aux gardiens, mais pour l’instant elle n’existe pas. Mais prenant désormais en charge l’entraînement des gardiens en CFA, je vais mettre pas mal d’activités en stand-by, parce que je n’ai plus le temps. Jusque là, j’avais quand même des plages horaires pour venir ici (rappel, on est au Five). Mais là, avec le rythme qui est imposé… en tout cas qui a l’air d’être imposé..! J’ai fait les 10 jours de stage avec Bielsa. J’attends la nouvelle saison avec beaucoup d’excitation et de curiosité. Mais je reste dans le foot. Et je reste au LOSC, surtout !
Merci à Grégory Wimbée pour sa disponibilité.
FC Notes :
1 Au fait, les nouveaux abonnements sont en train d’arriver. Si vous ne l’avez pas encore reçu, ça ne saurait tarder !
2 À l’époque, la D3 est divisée en 6 groupes. Les 6 champions, promus, s’affrontent pour déterminer le champion de D3.
3 Le Championnat de D2 1992-1993 est le dernier avant la réorganisation des divisions amateures. La D2 devient entièrement professionnelle et passera en 1993-1994 de deux poules de 18 à une poule de 22. Les 8 derniers de chaque poule sont donc relégués en National 1. En résumé, cette année là sont montés : Martigues et Angers, champions de leur poule. Ainsi que Cannes, initialement 2e de la poule 1. Ce qui permettait au club de jouer des pré-barrages avec Nice (3e de la poule 1) ainsi qu’avec Rennes et Rouen (2e et 3e de la poule 2). En pré-barrage, Rennes bat Nice 1-0 et Cannes bat Rouen 2-1. En barrage, Cannes bat Rennes 1-0 et 3-0. Cannes gagne donc le droit de disputer un dernier barrage contre le 18e de D1 : Valenciennes. Et Cannes l’emporte 2-0, 1-1. Pas évident hein.
4 La liste des gardiens-buteurs en D1 française est dans notre article : http://droguebierecomplotlosc.unblog.fr/2016/12/10/29-novembre-1996-wimbee-scorbute-nadon/
Posté le 21 juin 2017 - par dbclosc
Cher Président Seydoux…
Il y a 6 ans, l’un de nous écrivait au Président Michel Seydoux. Le constat était le suivant : l’équipe du LOSC était agréable à voir jouer, ce qui l’avait incité à retourner voir tous les matches de son équipe favorite dans des bars. Problème : ça coûtait cher en bières. L’objet du courrier visait donc à demander une participation financière de la direction du LOSC, jugée directement responsable de ces dépenses excessives, en raison d’une politique sportive qui portait ses fruits. C’était aussi l’occasion de présenter au Président le rapport affectif entretenu avec son club. La lettre est malheureusement restée sans réponse. Nous vous la proposons désormais en ligne, dans sa version d’origine. Nous avons juste inséré des liens, car certains des souvenirs évoqués dans cette lettre sont devenus des articles sur ce blog, et des photos. Magie des réseaux sociaux, peut-être que cette fois le Président Seydoux nous lira et nous répondra. Et après tout, l’arrivée de Marcelo Bielsa pourrait bien actualiser le problème. Tiens, on va écrire à Gégé !
Lille,
Le 31 mars 2011
Cher Président Seydoux,
« Puel et Garcia, c’est deux styles de jeu différents, c’est évident. Puel a développé un jeu plus défensif à un moment où on était en construction, aujourd’hui c’est devenu plus pétillant. C’était du cidre, c’est devenu du champagne », déclariez-vous le 18 janvier dernier sur RMC. Je ne saurais vous contredire. Supporter lillois depuis mon enfance, c’est avec grand plaisir que je j’observe depuis bientôt trois ans les performances de mon club favori, performances coïncidant avec l’arrivée au club de M. Rudi Garcia. Ainsi, aux brillants résultats s’ajoute une indéniable qualité de jeu apportée par l’entraîneur, m’ayant réconcilié avec le suivi fidèle et en direct des matches du LOSC.
Pour vous raconter ma vie – une partie du moins -, j’ai commencé à m’intéresser au football vers l’âge de 10 ans, soit vers 1994, à une époque où, disons-le, il n’était pas franchement valorisé socialement de se déclarer supporter du LOSC, d’autant plus que le voisin lensois tournait bien mieux. Mais, proximité géographique et héritage paternel obligent, c’est vers Grimonprez-Jooris et son panneau d’affichage à points lumineux incompréhensibles que je me dirigeai, tout ça pour voir des rencontres au cours desquelles égaliser contre Martigues à la 83e minute sur un but de raccroc était considéré comme une performance honorable, dans la mesure où elle permettait de remonter à la 14e place et de prendre ses distances avec Le Havre. C’était également la période des vaches maigres offensives (souvenons-nous de ces 10 victoires 1-0 à domicile sur la seule saison 1994-1995, dont une fameuse contre Caen sur un but d’Arnaud Duncker à l’issue d’une belle action collective). Mais, quand on est jeune, on ne s’arrête pas aux performances sportives, et il restait plaisant de venir au stade pour sentir l’ambiance indescriptible d’un match de ventre mou entre nos favoris et le FC Metz, pendant lequel il n’était guère farfelu d’avoir 3 bagarres générales au cours du match et si, par chance, l’arbitre s’appelait Colombo, on rigolait bien rien que pour ça. Surtout, c’était gratos pour les moins de 12 ans à l’époque, pour peu qu’on prenne un air naïf à l’entrée du stade, ce que mon père faisait très bien. Il y eut quand même une éclaircie au début de la saison 1996-1997, avec un début de saison tellement canon qu’on est descendus en Division 2 à son issue, comme pour compenser un trop-plein d’exposition médiatique durant 3 mois. Ces années furent donc celles d’un football médiocre, bien encouragé par des joueurs au standing douteux (c’était quoi, Joël Germain ? Une blague refourguée par Caen pour se venger de leur avoir refilé Keneth Andersson ? La ligne d’attaque Pingel/Simba en 1995, c’était pour légitimer a posteriori le fait que Samuel Lobé fut l’homme providentiel ?), et l’inexorable départ des rares joueurs qui permettaient d’envisager un avenir meilleur (Sibierski… et puis c’est tout en fait). Les seuls moments de joie, c’était des petites performances ça et là (une victoire-accident au Parc des Princes en 1996 sur un centre raté de Patrick Collot et une intervention encore plus ratée de Bernard Lama, pendant que les parisiens cherchaient à rentrer avec le ballon dans notre but pensant que ce serait facile, et ce trois jours avant que le PSG ne gagne la C2 ; ou ce match à Lyon ou notre gardien Nadon regarde le ballon taper 5 fois ses poteaux et revient avec un miraculeux 0 à 0). Nous étions donc bien loin du « football-champagne » que nous pouvons revendiquer désormais.
Noël 1994 chez Papy et Mamie : une grande fierté
Puis je fus abonné de 1997 à 2003. Soudainement, à l’échelon inférieur, nous étions devenus des favoris. Tu parles ! 1997-1998 : 4e ; 1998-1999 : 4e ! Quand seulement trois équipes peuvent monter, c’est ballot, surtout lorsqu’il s ‘agit en l’occurrence des trois premières. En dépit de quelques accidents (notamment cette victoire 7 à 3 sur Martigues), en deux ans, on parvient à se faire devancer par Sedan, Troyes, Lorient (inconnus à l’époque)… et à faire gagner chez nous Amiens (deux fois !), Cannes, sans oublier de belles défaites à Mulhouse ou Beauvais, et, point d’orgue et symbole de l’époque Thierry Froger, cette épique défaite face à Toulon à Grimonprez en avril 1998 sur un but de Didier Rabat dès la 2e minute qu’on fut incapable de surmonter (faut dire que l’entraineur s’entêtait à laisser deux milieux défensifs à domicile alors qu’Hitoto courait pour trois), ce qui, conjuguée à la défaite du match aller, faisait de nous les généreux donateurs de 6 points au Sporting Toulon, lui permettant de ne finir cette saison-là que 5 points derrière le premier non-relégable.
Oui, Président, difficile à croire, mais j’ai adoré ces joueurs : Samuel Lobé, Bob Senoussi, Christophe Landrin, Djezon Boutoille, Frédéric Machado, Frédéric Dindeleux, Gaël Sanz, Jean-Marie Aubry, Clément Garcia, Cédric Anselin.
Par la suite, miracle, l’entraineur suivant, est aussi compétent que son nom est imprononçable. Heureusement, parce que « Halilhodzic, démission ! », ça aurait été plus difficile à chanter que « Froger, démission ! » – ceci est au passage une petite astuce quand vous recrutez des entraineurs : favorisez les noms à plus de trois syllabes pour éviter l’animosité des tribunes. Une saison et demie plus tard, nous revoici en première division grâce à un ensemble de circonstances soudainement favorables et des scénarios « à la Vahid ». Ainsi, durant 4 ans, nous avons eu droit à quelques souvenirs mémorables révélant un sens tactique hors du commun : épuiser la défense pendant 85 minutes avec deux gars costauds aux avant-postes qui ont les pieds carrés, puis faire entrer des gamins de 18 ans qui permettent de l’emporter sur le fil 3 à 0 ; entrainer son gardien de but à détourner deux pénalties consécutifs (ce même gardien qui marquait contre son camp deux mois auparavant) ; recruter sur cassette vidéo un Argentin qui a douze poumons ; faire de joueurs moyens de Division 2 des stars de D1 qui amènent le club en ligue des Champions ; gagner un derby sur un but contre son camp du lensois qui avait adressé un doigt d’honneur au kop lillois avant le match ; refaire le coup des cinq poteaux ET du pénalty adverse raté à la dernière minute à Troyes, de surcroît en ayant marqué en contre grâce à une molle reprise de Sterjovski (un de ces types qu’on ne connaissait pas avant qu’il arrive à Lille et dont on n’a plus jamais entendu parler après) ; s’amuser à attendre la 94e pour mettre les buts vainqueurs. Bref, c’était tiré par les cheveux mais c’était bien.
Ensuite, votre arrivée couplée à celle de Claude Puel inaugurait une nouvelle ère : sachez déjà que, dans un premier temps, avoir pour président une personne qui avait le prénom d’un joueur lensois, c’était pas très malin de votre part. Fort heureusement, vous eûtes l’intelligence de recruter Kader Keita, histoire que l’alliance « Seydou (x)/Keita » soit davantage associée à Lille qu’à Lens. Au niveau communication, je dois reconnaître que c’était bien joué. La première saison fut laborieuse. Conjuguée à d’autres raisons, elle m’incitait à ne pas renouveler mon abonnement pour la saison 2003-2004, qui fut elle-même en demi-teinte. Les deux saisons suivantes furent assez brillantes, tant en championnat qu’en Coupe d’Europe, mais mon intérêt pour les matches était très intermittent, car si les résultats étaient là, la manière laissait souvent à désirer. Ainsi, n’étant pas adepte des tactiques où la titularisation d’un unique attaquant est considérée comme audacieuse, je délaissai progressivement les matches du LOSC, sauf pour quelques évènements de taille, comme la victoire à Milan, ou quelques coups du sort rigolos, comme le Lille/Lens de mai 2008, au cours duquel nous envoyons Lens en Ligue 2, comme une revanche sur une enfance à être le seul supporter lillois à l’école primaire, face à ces opportunistes qui ne faisaient que tenir pour les vainqueurs, sans s’y intéresser plus que ça. Hé hé.
Y avait pas foule à l’époque pour aller voir s’entraîner Roger Hitoto et compagnie.
À l’été 2008, l’Olympique lyonnais désire s’attacher les services de Claude Puel. Soit. Après plusieurs faux départs et un bilan globalement positif, il était de bonne guerre de ne pas fermer la porte à ce départ. A posteriori, c’était même une excellente décision, puisque c’est là que vous faites appel à Rudi Garcia. Surtout, vous faites pour la énième fois le coup de la vente des meilleurs éléments lillois qui perdent leur football ou ne jouent plus en arrivant à Lyon, nous permettant d’avoir encaissé en quelques années, entre Bodmer, Makoun, Keita, Puel et Bastos, une belle petite enveloppe pour, au final, recruter des Moussa Sow ou un employé municipal de Fréjus devenu international français pour 0 €.. Et que dire du recrutement de Florent Balmont pour 2,5 millions à un club qui avait déboursé 4 millions pour Moussilou deux ans auparavant ? Si ça, c’est pas du génie financier, ça y ressemble.
En tout état de cause, l’arrivée du nouvel entraineur m’a permis de renouer avec la tradition du suivi des matches du LOSC en direct, tant l’équipe est devenue plaisante à voir jouer, manifestement grâce à l’apport de M. Garcia. Ainsi, depuis trois saisons, et dès que j’en ai la possibilité, j’assiste aux matches de Lille. Je dirais même que les matches de Lille sont devenus une priorité dans l’organisation de mon emploi du temps. Cependant, pour différentes raisons que je vais vous exposer ci-après, je ne souhaite pas suivre ces matches directement au Stadium nord de Villeneuve d’Ascq. Premièrement, ce stade est tout pourri. Deuxièmement, les stades ne sont pas forcément les meilleurs endroits pour discuter à chaud (d’autant plus dans un stade ouvert à tous les vents) de ce que l’on voit sur le terrain ; troisièmement, les matches du LOSC sont un moment privilégié pour partager une bonne bière entre amis. Nous perpétuons ainsi la tradition régionale de la consommation de bières. Ainsi, nous vivons par procuration les mêmes sensations que les plus fidèles supporters. La qualité de jeu et les résultats semblant en outre s’améliorer à mesure que le temps passe, manquer un match dans un des bars de la ville s’apparente de plus en plus à une faute morale. C’est ainsi que depuis de longs mois, chaque match du LOSC est l’occasion de se retrouver entre amis (nous n’avons pas Canal +). Les enjeux étant de plus en plus élevés, conformément au plan ambitieux que vous proposez pour le club, je suis également dans l’obligation de suivre la plupart des rencontres de certains concurrents directs. Ainsi, ces dernières semaines, outre les matches du LOSC, j’ai assisté à Rennes/Marseille, Lyon/Rennes, Marseille/Paris…
J’en viens ainsi au coeur de mon courrier et de ma demande : à raison d’une pinte à 5€ par période et par personne, mon budget limité de jeune chercheur est fortement grévé par ces dépenses directement liées à la politique sportive réussie que vous menez depuis maintenant 9 ans à la tête du club. J’aimerais donc savoir si une participation du club dans ces dépenses est envisageable, et dans quelles proportions. Ainsi, vous qui ambitionnez le « football-champagne », vous remarquerez ma modestie en ne vous sollicitant que pour du « football-bière », ce qui révèle mon attention pour les finances du club, quoique bien alimentées par l’ami Aulas.
Je serais bien évidemment ravi de discuter des modalités de financement directement avec vous, si vous le souhaitez. Ce serait un signal fort à l’égard de l’ensemble des supporters qui, souvent plus que les joueurs, aiment avoir beaucoup de pression (s) les jours de matches !
Dans l’attente d’une réponse de votre part à laquelle je ne manquerai pas de porter un toast, veuillez recevoir, cher Président Seydoux, mes sentiments sportifs les meilleurs.
Posté le 17 juin 2017 - par dbclosc
Plus c’est gros, plus ça passe. Sur la passe décisive de M. De Pandis contre le LOSC en 1989.
Le 11 novembre 1989, le LOSC se déplace à Saint-Etienne pour le compte de la 19ème journée de championnat de Division 1. Avant cette rencontre, le LOSC est huitième et semble sur une très bonne dynamique après un début de saison pénible. C’en est trop pour les hautes instances du football qui se réjouissaient quand le LOSC était lanterne rouge puis encore 18ème quelques journées plus tôt.
Lille reste en effet sur deux succès probant, d’abord contre Sochaux (5-0), représentant français en coupe de l’UEFA cette saison-là, puis contre Toulon (3-0). Les hautes instances du football précitées confient alors une mission de haut-vol à leur agent infiltré dans l’arbitage français, à savoir Antoine De Pandis, de son nom officiel, et connu sous le nom d’espion de Pandis-Pandas. Quelle est sa mission ? Empoisonner des joueurs du LOSC ? Mauvaise idée, cela apparaîtrait trop flagrant. Il faudra donc trouver une autre solution.
Le score est de 0-0 et l’on approche alors l’heure de jeu. Erwin Vandenbergh, sans doute également membre infiltré du complot contre le LOSC cette saison-là, vient tout juste de rater un but tout fait pour nos couleurs. C’est alors qu’a lieu cette action clé du match, à partir de 5’50 sur la vidéo :
Sur un centre stéphanois venu de la droite, un défenseur lillois dégage de la tête vers un paquet composé de quatre Lillois et de zéro stéphanois. On va récupérer facile. Sauf que M. De Pandis voit cela et intervient : d’un magnifique amorti, il bloque le ballon, le laisse à l’attaquant des Verts, Tibeuf, qui s’infiltre dans la défense lilloise et ouvre le score. Belle action collective, pourrait-on dire. Mais, quand-même, on aurait aimé être prévenu que M. De Pandis pouvait faire des coups dans le genre.
- C’est moi, ou vous nous avez bien niqués sur c’t'affaire ?
- Mais pas du tout, nous n’avons eu aucune relation sexuelle. Je ne me permettrais pas.
Preuve de l’ampleur du complot, France Football ne mentionne même pas le nom de De Pandis parmi les passeurs décisifs stéphanois pour cette dix-neuvième journée, comme si cette intervention, assez flagrante, il faut bien le dire, n’avait jamais existé. En mode « une intervention de M. De Pandis en faveur des stéphanois ? Non, on n’a rien vu, pourquoi ? ». Même le coach Jacques Santini l’affirme très justement après le match : « L’arbitre fait incontestablement partie du jeu. Il mérite tout de même de figurer au palmarès français des passes décisives ! »
Et qu’en pense-t-il, ce M. De Pandis ? « C’est la loi du jeu où l’arbitre compte pour du vent. Dans ces cas-là, on ne se sent pas forcément responsable mais, quelque part, à l’intérieur, j’avoue tout de même qu’on se dit ‘m…. !’ Sur ce coup-là, les joueurs lillois ont été très fair-play, ont bien compris ce qui s’était passé et n’ont pas dépassé les bornes des réclamations« . On apprend en outre dans le Voix des Sports qu’on n’est jamais mieux trahi que par les siens car M. De Pandis a fait une carrière d’inspecteur de police à Roubaix, avant d’être muté en Seine-et-Marne : « je n’ai quitté la Ligue du Nord qu’en septembre 1988 ! » déclare t-il sans rougir.
Mais le complot ne s’arrête pas là. Un quart d’heure plus tard (à partir de 8’20 sur la vidéo), les Stéphanois se créent une autre occasion. Suite à un contre favorable de Tibeuf, Mendy et Nadon se disputent le ballon : second contre favorable d’affilé – à croire que même les contres favorables font partie du complot – mais il semble que Mendy contrôle alors le ballon du bras. Il poursuit son effort, centre pour Tibeuf qui marque. Dans un premier temps, l’arbite accorde le but. Les Lillois vont alors protester vers l’arbite de touche, ce qui a sans doute donné un échange dans ce genre :
Lillois : euh … ça commence à bien foutre quand-même ! D’abord M. De Pandis fait une passe décisive et puis là il accorde un but entachée d’une faute de main.
Arbite de touche : Vous dites ? Je ne vous entends pas ! Je suis devenu subitement sourd !
Lillois : euh … nan, arrêtez, là c’est flag.
ADT : Oui, bon d’accord, c’est vrai, mais bon, l’agent Pandis-Pandas et moi-même avons été mandatés ...
Lillois : Pandis-Pandas ?!
ADT : Laissez tomber, c’est compliqué à vous expliquer. Bref, on a été mandaté par des gens haut placé pour vous faire perdre.
Lillois : Ouais, mais là quand-même, même Christian Jeanpierre aurait capté le truc …
ADT : Ouais, vous avez peut-être pas tort. Je vais voir ce que je peux faire.
Bref, suite à cet échange, M. De Pandis se résoudra à refuser ce but, non sans encourir le courroux des Stéphanois, lesquels ont probablement menacé M. De Pandis d’en référer au bureau politique ainsi qu’à des gens « haut placés ».
Note au passage que le commentateur du match, stéphanois, déclare au passage que « Là évidemment, les joueurs Stéphanois ne vont pas se priver de dire à l’arbitre ce qu’ils en pensent. Et ils ont raison, les joueurs stéphanois. » Ce qui apparaît quand-même un peu gonflé.
Les Stéphanois marqueront un autre but, celui-ci valable, puis les Lillois réduiront le score. Mais le mal était fait, et Lille s’incline finalement 2-1.
Enfin, comme tu le sais, à DBC on aime bien faire des révélations fracassantes sur l’âge réel des joueurs comme on l’avait fait pour Thierry Rabat, aujourd’hui âgé de quelques milliers d’années. Pour ce Saint-Etienne-Lille, les stéphanois avaient deux Mendy sur le terrain, Etienne, mais aussi Bernard, alors âgé de 19 ans. Au regard de cette nouvelle information, c’est avec un regard très différent que nous apprécions les performances de Bernard Mendy avec le PSG au milieu des années 2000. A l’époque, croyant qu’il était né en 1981, on se moquait de ses centres foireux faisant suite à ses déboulés côté droit. Maintenant que l’on sait qu’il avait en réalité 11 ans de plus, on comprend mieux : dieu sait que c’est difficile de garder sa lucidité pour bien centrer après avoir fait un long déboulé sur son côté. Jadis moqueurs, on est désormais dans l’admiration la plus totale quand on sait que ce bon vieux Bernard était alors déjà presque quadragénaire.
Posté le 15 juin 2017 - par dbclosc
Anciens Dogues : l’histoire répond présent
Lillois depuis toujours, Michel Castelain est une figure bien connue du LOSC. Profitant d’une pause dans sa « retraite » active, nous avons passé une heure en sa compagnie : une bonne occasion de revenir sur son parcours, ses multiples activités, et de nous plonger dans le passé du club et l’entretien de sa mémoire à travers l’association des Anciens Dogues, dont il est le manager général.
Dans sa jeunesse, le footballeur Michel Castelain évoluait à l’Iris Club de Lambersart, au niveau régional. Mais il est tombé tout petit dans la marmite du LOSC, à l’époque où le club jouait au stade Henri-Jooris. De cette époque à aujourd’hui, trois stades plus tard, il garde des souvenirs, entretient des relations et raconte des anecdotes qui sembleraient pouvoir alimenter des heures de conversation. Il suffit de lui donner un nom, une date, un lieu, pour que son bagout naturel se mette en marche : il révèle alors qu’il est incollable sur les fonctions d’untel, ses transferts, ou sur le souvenir de tel match (« je me rappelle un match de coupe de France Lille/Aulnoye avec René Charrier, un international, dans les buts d’Aulnoye, et qui après est parti à Marseille. Il était président de l’UNFP ! » ; « Philippe Chanlot ? Je l’ai connu quand il était en cadets nationaux, à Lille. Il venait d’Orléans, et on mangeait ensemble les dimanches midis. Quand il est parti à Metz, j’allais le voir régulièrement. Il a joué à Anderlecht, Wasquehal, Dunkerque, Lille, ou même à Marseille peut-être ? »). En l’écoutant, c’est l’histoire du LOSC qui défile. Le verbe haut, il fait parfois penser à un ancien combattant se remémorant les camarades disparus (« Bruno Metsu, Michel Watteau, qui sont malheureusement décédés, c’étaient des potes »), les dures périodes du club (« quand le LOSC est redevenu amateur, j’y étais moi ! »), mais aussi les plus brillantes (« pour qui a connu l’époque de Vahid, on ne peut pas oublier la première participation à la champions League ! Vahid, un type exceptionnel ! »). Mais si Michel Castelain est capable de nous livrer nombre d’anecdotes, il ne cultive pas la nostalgie pour autant (contrairement à nous, parfois). S’il est retraité de la Caisse d’Allocations Familiales (CAF) depuis 2012, après y avoir travaillé durant près d’un demi-siècle, sa passion pour le foot et ses facilités relationnelles l’ont depuis bien longtemps aidé à multiplier les activités.
Première entrée au LOSC
Mais le foot n’est jamais très loin. Il s’investit d’abord au sein de l’Iris Club de Lambersart : « quand j’ai eu fini ma carrière en équipe 1e et B, j’ai commencé à faire du tableau noir avec Claude Plancque, le père de Stéphane et Pascal. J’ai été secrétaire-adjoint du club, et je représentais le club à l’office municipal des sports de Lambersart ». Il y rencontre Francis Dubreucq, à la fois entraîneur à Lambersart et au LOSC. Par son intermédiaire, il apprend que Charly Samoy, alors directeur sportif du LOSC, recherche une personnalité pour le club. Nous sommes en 1977 et bingo : Michel Castelain se retrouve responsable des cadets nationaux : « et au bout de 3 mois, je suis devenu également responsable de l’accueil des arbitres. Donc responsable de leur accueil, j’allais manger avec eux au restaurant, puis j’étais sur le banc de touche, avec le délégué du match. Un des premiers arbitres que j’ai accueilli, ça a été Robert Wurtz, une rencontre exceptionnelle ». Il profite de son entrée au LOSC pour passer ses diplômes d’entraîneur. Il obtient son premier degré pour entraîner les jeunes : après les cadets, il prend en charge les Minimes. Il passe par la suite son diplôme d’entraîneur avec pour collègues de promotion Zarko Olarevic, Jean-Michel Vandamme, Philippe Lambert, Stéphane Plancque, entre autres. Au LOSC, il travaille notamment avec Régis Bogaert ; il crée une 3e équipe seniors à la demande de Jean Parisseaux, et la prend en charge durant quelques années avec Jean-Michel Vandamme. Il travaille également avec Luc Courson durant une saison à la tête des Minimes, après la grave blessure du joueur en 1987. « Ce premier passage au LOSC a duré de 1977 à 1988, jusqu’au départ de Charly Samoy. Quand Bernard Gardon est arrivé, il a viré tout le monde, tous les anciens sauf un : Régis Bogaert. Sinon, Jean-Michel Vandamme et toute la bande… Virés. Beaucoup sont alors partis à Lens : Jean Parisseaux, Arnaud Dos Santos, Jean-Michel Vandamme, Jean-Pierre Mottet… »
Charly Samoy, de passage à Luchin en 2013, avec René Girard, Patrick Robert et Michel Castelain.
Journalisme sportif
La carrière de Michel Castelain s’enrichit alors d’une nouvelle expérience : « quand j’ai arrêté le LOSC, Serge Verkruysse, responsable des sports à Nord-Éclair et correspondant à L’Equipe, m’a demandé si ça m’intéressait de faire du journalisme sportif, et notamment de faire le suivi du LOSC. Et ça m’intéressait, j’aime bien écrire. Cette expérience m’a fait connaître énormément de monde ». Michel Castelain se charge dans un premier temps du suivi des matches régionaux, puis des matches professionnels du LOSC, puis également ceux du Racing Club de Lens, pour Nord-Éclair. Tout en poursuivant parallèlement son activité à la CAF, la réglementation autorisant certains cas de cumul d’activités, parmi lesquelles le journalisme. Encore aujourd’hui, il travaille pour la Voix des Sports, rubriques tennis de table et golf.
Retour au LOSC
On peut dater les prémices de la création de l’association des anciens Dogues au moment où Pierre Dréossi était le directeur sportif du LOSC : « il m’a suggéré de m’occuper des anciens pros, et on a commencé avec la coupe des Princes, à Paris, lancée par Flunch et par Jean-Pierre Papin. Trophée des princes qui s’est déroulée tout un week-end avec les grands clubs français ». Pierre Dréossi insiste pour que se constitue un réseau des anciens, d’abord de manière informelle : Michel Castelain s’en charge. En attendant que l’association ait une existence officielle, Michel organise ponctuellement quelques événements : « j’ai fait de l’événementiel : j’ai organisé le jubilé des frères Plancque à Lille, avec la venue d’Éric Cantona, qui avait quitté Manchester United seulement 15 jours avant ! ; ça a été une première exceptionnelle. J’ai fait la montée du LOSC en D1 en 2000 avec Zidane et la bande. On fait aussi un événement à Liévin pour le lancement des terrains synthétiques du complexe sportif couvert, avec Laurent Blanc, Barthez, Duga, Zidane… En lever de rideau, on avait fait un match des anciens du LOSC contre les anciens de Lens ». Il met également à profit son expérience dans le secteur social pour apporter une aide aux jeunes du centre de formation : « comme je travaillais à la CAF, quand un joueur avait des problèmes administratifs, comme j’avais mes entrées, je m’occupais des dossiers. Quand Jean-Noël Dusé était responsable du centre de formation, chaque année, en juin, quand les jeunes du centre partaient, je faisais une réunion sur les droits aux allocations logement, etc ».
L’officialisation de l’Association des Anciens Dogues
C’est à partir de 2011 que l’association des Anciens Dogues se constitue formellement : « Patrick Robert me demande comment ça se passe, et il me dit qu’on va tout restructurer et faire ça dans les règles de l’art, avec un trésorier, etc. On a tout repris et tout restructuré en 2011. Je suis désormais manager général, Patrick Robert est président des Anciens Dogues et président du LOSC association, Greg Wimbée est dans le comité, avec Patrick Deschodt, qui est un ancien joueur également ». La dernière assemblée générale élective, le 4 février 2017, a confirmé cette répartition des tâches : le comité directeur de l’association est composé de Patrick Robert (président), Grégory Wimbée (secrétaire), Patrick Deschodt (trésorier) et Michel Castelain (manager). L’association organise alors de manière plus régulière des matches de gala, qui permettent aussi de saluer certaines personnalités : « on avait fait un match d’anciens du LOSC contre les anciens de Saint-Étienne à Loos-Ennequin. Le coup d’envoi avait même été donné par Stanislas Karasi. Et y avait même, côté ASSE, Kurbos, l’ancien de Metz, la fois où ils ont fait un régal à Barcelone : il avait marqué un triplé ! ». Pour les 70 ans du club en 2014, Michel Castelain est parvenu à rameuter bon nombre d’inhabituels, parfois venus de loin : les frères Cheyrou, Mile Sterjovski, Rafael Schmitz… « ça venait de partout, on avait 2 supers équipes ! ».
Chaque rencontre est en tout cas une bonne occasion pour les supporters lillois de revoir les anciennes gloires qu’ils ont tant aimées du tant de leur splendeur. Ou pas d’ailleurs : les compositions d’équipe reflètent parfois un certain éclectisme, signe que le LOSC n’a pas toujours brillé, contrairement à ce que beaucoup croient. Par exemple, on est toujours ravi de revoir Arnaud Duncker, et se rappeler ses chevauchées côté droit : mais on ne peut pas dire qu’il soit associé à une période de grand spectacle collectif à Lille (1994-1998)…
Comment sont choisis les joueurs qui participent à ces matches ? « Ce sont ceux qui sont capables de jouer, déjà ! Beaucoup ont des problèmes de genou ».

« Après, j’ai un réseau, je les contacte. J’essaie de prendre ceux qui sont dans la région ou pas trop loin. Déjà, y en a pas mal qui sont au club. Donc j’ai un noyau. Y a des mecs qui viennent vers nous, qui demandent. Et comme ça tourne bien, ça attire du monde. La plupart sont des anciens pros. On en a aussi qui ont eu des contrats stagiaires pros, mais qui n’ont pas été pros (Agueh, Zelmati…). Après y a une grosse partie de l’équipe de Vahid : Wimbée, Pichot, Cygan, Bakari, Collot, et D’Amico que j’ai fait venir exceptionnellement en avril. J’ai rajeuni l’équipe là, avec les Noro, Fauvergue, Zelmati. Mon capitaine, c’est le plus vieux, un peu comme Didier Sénac à Lens : Philippe Piette, 58 ans. Il est le seul à avoir joué dans 3 clubs pros de la région. Bernard Chiarelli est aussi dans ce cas : il a même joué coupe du monde 1958 ! Il vit toujours. Philippe Piette, a fait les 3 clubs en D1 ; tandis que Chiarelli, lui, a joué à Lille, mais en D2 ! Après y a Dumont… ». Stéphane Dumont, justement, parlons-en : après l’officialisation de son départ à Reims en tant qu’entraîneur-adjoint, il a porté le maillot du LOSC ce vendredi soir, pour un match amical entre anciens et salariés du club. À cet événement initialement prévu s’est greffée une petite cérémonie en l’honneur de Stéphane Dumont. Gérard Lopez lui remettra à l’avenir un Dogue d’honneur lors d’un match au stade Pierre Mauroy. Le voici désormais « Ancien Dogue », label certifié par Michel Castelain :
Il ne faut pas s’y tromper : l’équipe des Anciens Dogues est partie intégrante du club. À ce titre, Michel Castelain tient à son exemplarité : « on cherche, c’est vrai, à donner une belle image du club. Avec le projet mis en place par la nouvelle direction, comme je l’ai dit au premier match à Libercourt contre Lens, il faut qu’on soit irréprochables sur et en dehors du terrain : on est une vitrine du club, donc on n’a plus le droit à aucun écart. À travers ces joueurs là, c’est un peu l’histoire qui défile ! ». Et puisque, jusqu’alors, il n’y a aucun problème à signaler, la tradition est de terminer l’année par un voyage : « à chaque fin de saison, pour remercier ceux qui participent à plusieurs matches dans la saison, on fait un voyage de 2 jours en Angleterre, tous frais payés, et on va voir un match. La première fois, c’était à Manchester, en loges, au 5e étage. Y a un des plus grands anciens joueurs de Manchester qui vient dans le salon et tout. MC : donc là c’était McIllroy, recordman de sélections en Irlande du Nord. L’année d’après, c’était à Arsenal. Pascal Cygan avait sa photo sur l’Emirates ! On aimerait aller à Southampton la prochaine fois, on en profiterait pour voir Claude Puel – du moins s’il reste. On part à une vingtaine, 17 joueurs et 3 dirigeants. Voilà comment ça se passe ».
Avril 2017, contre Valenciennes : Maxime Agueh, Pascal Cygan, Stéphane Noro, Fernando D’Amico, Gabriel Guikoune, Joël Dolignon, Michel Titeca
Michel Castelain est donc dans une retraite toute relative : « au LOSC, je suis bénévole. Bon après, j’ai des petits avantages, y a un budget, mais c’est sérieux, ça tourne. Ça me prend du temps, mais j’adore, je me donne à fond ».
Bonus Track : les Anciens Dogues de l’OL
Avant que n’existe l’association actuelle, nous avons exhumé un article de nos précieuses archives évoquant l’existence de l’amicale des Anciens Dogues de l’Olympique Lillois (OL). Pour rappel, l’OL est l’un des clubs clubs dont la fusion a donné naissance au LOSC en 1944. Créée après-guerre, cette amicale vit le jour sous l’impulsion d’Henri Jooris (le fils), Albert Flouquet, André Dourdin, Georges Winckelmans, Jean Demessine et Maurice Gravelines, dans le but de célébrer les artisans de la conquête des championnats de France 1914 et 1933 (le premier championnat professionnel). Réunie annuellement au « bar de l’écho », Grand place, l’amicale était présidée par Madame Jooris, veuve d’Henri Jooris. Ci-dessous une photo de 1966, sur les marches de l’opéra. 1 point DBC à qui trouve tous les noms : c’est facile !
Les prochains rendez-vous de l’équipe des Anciens Dogues :
2 juillet à Houtkerque : « tournoi des légendes » à 7 équipes, à l’occasion des 20 ans des « Corsaires » (supporters des bleus section Dunkerque), avec notamment des équipes d’anciens de Dunkerque, Calais, Valenciennes, Lens et Lille :
http://supportersdesbleus.e-monsite.com/pages/anniversaire-des-corsaires-20-ans.html
22 juillet à Beauvois-en-Cambrésis contre une sélection du Cambrésis-Hainaut.
Merci à Michel Castelain pour sa disponibilité.
Posté le 12 juin 2017 - par dbclosc
Exploit : l’équipe féminine du LOSC accède à la L1 pour la deuxième fois en un mois
Il y a 3 semaines, la presse sportive saluait, à juste titre, les montées en L1 des équipes masculines de Strasbourg et d’Amiens, un an seulement après leur montée en L2. On l’entend bien moins depuis hier pour saluer un exploit autrement plus considérable : une deuxième montée en un mois pour les filles du LOSC. Une preuve de plus du complot contre le LOSC, que votre site préféré s’attache à contrer, en vous fournissant un compte-rendu du match joué hier après-midi.
Il y a un mois, les filles du LOSC fêtaient leur montée et, par la même occasion, leur titre de championnes, à l’occasion de leur victoire sur La Roche-sur-Yon (5-1), leurs dauphines. C’était sans compter sur une sombre histoire de licence non valable dont on n’a pas encore bien compris les tenants et les aboutissants, ni comment les dirigeants de La Roche en ont eu vent. Toujours est-il que ceux-ci ont trouvé là une bonne occasion pour tenter de récupérer sur le terrain procédurier ce que leurs joueuses avaient piteusement lâché sur le terrain synthétique en se faisant laminer par la bande à Silke. Il semblerait d’ailleurs que l’on ne soit pas complètement débarrassé des histoires judiciaires puisque le président de l’ESOF souhaiterait faire appel devant une instance de cassation : il évoquait avant le match « une tricherie ».
Attention, on fait des hypothèses
À vrai dire, ça ne reste vraiment pas clair cette affaire : dans un premier temps (on l’avait même tweeté), en bons gros légalistes que nous sommes, on s’était dits que le LOSC avait peut-être fait une boulette avec ses licences, partant du principe que si la fédé sanctionne le club, elle a a priori raison vu qu’elle doit connaître les règlements des compétitions qu’elle organise. Puis le LOSC a annoncé que l’erreur ne lui était pas imputable, et qu’il s’est basé sur des licences que la FFF avait validées elle-même. Finalement, l’appel du LOSC ayant abouti, on peut y voir une forme de reconnaissance de culpabilité de la FFF. Mais cela reste une décision curieuse : soit le LOSC est fautif, et alors on le sanctionne, soit il ne l’est pas, et alors la victoire de mai est validée. Rejouer le match s’apparente à une forme de demie-mesure qui semble illustrer que la FFF ne sait pas trop sur quel pied danser. On peut même faire la supposition suivante : il paraît qu’en cas de match perdu sur le terrain judiciaire, 3 points sont retirés. Or, ici, 4 points ont été retirés au LOSC, ce qui explique qu’avant la dernière journée, Lilloises et Ornaysiennes se sont finalement disputées la montée. Cette décision imposait alors aux Lilloises de s’imposer à Arras. On peut émettre l’hypothèse que la fédé espérait une victoire des Lilloises à Arras, ainsi, tout le monde aurait été satisfait : les dirigeants de La Roche, qui auraient vu leur recours examiné et auraient eu gain de cause ; la fédé, qui montre qu’elle agit et qu’elle sanctionne, se parant ainsi des atours de l’instance éprise de justice ; et une victoire lilloise aurait finalement mis tout le monde d’accord : la morale sportive était sauve, le terrain a parlé. Pas de chance, Arras et Lille font 0-0. Et c’est moche de faire jouer une montée sur un recours judiciaire. Donc on rejoue. Vous suivez ?
Rejouer, une décision qui a été acceptée par les deux clubs, mais si chacun s’estimait dans son bon droit, on peut aussi s’en étonner. Quoi qu’il en soit, il apparaît désormais difficile pour La Roche de porter un nouveau recours, non seulement parce qu’avoir joué ce match hier revient à « accepter » la sanction, mais aussi parce que les Lillloises ont à nouveau gagné : cette fois, 3-1. Donc 8-2 en un mois, il faudrait être sacrément culotté pour oser la ramener encore.
Place au jeu
Il fait chaud, il y a du monde : les places avaient été limitées à 1 800, ce qui a rapidement fait dire au LOSC, dans la semaine, que le match se jouait « à guichets fermés ». Nous faisons aimablement remarquer à notre club favori que, de toute façon, les guichets du Stadium auraient été fermés quoi qu’il arrive, puisqu’il n’y a pas de billetterie sur place.
V’là la compo lilloise : Azem – Lernon, Coutereels (c), Dafeur – Bouchenna, Saidi, Gavat, Demeyere, Bauduin – Coryn, Sailly
Bultel sur le banc donc, et Gavat titulaire, ce sont les deux seules « surprises ». Il a par ailleurs semblé que Bouchenna jouait bien plus bas que d’habitude.
On voit rapidement qu’on a affaire à un autre match qu’il y a un mois : déjà parce qu’en effet, c’est un autre match, et parce que si les Lilloises avaient été largement dominatrices en mai, le match est ici beaucoup plus serré et tendu. Même du côté du public, on sent que l’ambiance tarde à monter. Heureusement, la personne avec le haut-parleur qui fait un bruit de sirène de police est là. Quelques huées accompagnent les prises de balle des Rouges, mais rien de bien méchant. On a le sentiment que le LOSC domine globalement la première période, mais sans se créer d’occasion franche : les centres se multiplient dans la surface vendéenne, mais ils sont systématiquement interceptés par la gardienne (qui a toujours du mal à tirer correctement ses six-mètres) ; le jeu lillois est stéréotypé, à coups de grandes ouvertures vers Jana Coryn (Bouchenna est très précise dans cet exercice) ; le jeu ne s’accélère que lorsqu’au milieu, Gavat et Demeyere parviennent à combiner en une touche de balle et à lancer Sailly côté droit ; Rachel Saïdi est quant à elle parfaitement muselée. Du coup, les Rouges sont les plus dangereuses : dès la 10e minute, Azem repousse une frappe de Fragoli qui se présentait seule face à elle. Et peu avant la demi-heure, une mésentente dans la défense lilloise aboutit à un dégagement approximatif de la tête d’Azem, dans l’axe, en plein sur une Rouge : heureusement, elle tire au-dessus…
À la demi-heure, une Rouge tombe au contact de Demeyere : bien évidemment, je dis qu’il n’y a rien, car Demeyere est la meilleure, elle ne fait jamais de faute. C’est ce que me confirme ma voisine, qui indique que la Rouge est « trop grande », et qu’elle est probablement tombée toute seule car elle a « de petits pieds ». Cela pour dire que les joueuses de La Roche sont presque toutes grandes et minces, c’est assez curieux. L’air océanique, sans doute.
Nouvelle pièce à conviction dans l’affaire LOSC/La Roche: une joueuse de La Roche s’apprête à franchir la ligne jaune
Ce n’est qu’à la 33e que les Lilloises se créent une première occasion franche : Coryn, excentrée côté droit, frappe : la gardienne détourne en corner. Rachel Saïdi s’essaie quelques minutes plus tard au corner direct : dans le petit filet. Le corner suivant est le bon : toujours Rachel au botté, et reprise de la tête de Marion Gavat aux six-mètres : 1-0 ! À la mi-temps, l’essentiel est assuré.
Dès la reprise, le LOSC double la mise : sur son premier ballon, Bultel, qui a remplacé Sailly, déborde côté droit et sert Coryn, qui conclut dans le but vide (2-0). La meilleure buteuse du club est ainsi récompensée de son activité. Mais les Ornaysiennes reviennent vite : sur un corner un peu merdouillé par la défense, Guillard marque de près (2-1, 49e). Dans la foulée, l’égalisation est toute proche : mais Azem et Lernon repoussent sur la ligne. Après un bon débordement de Bultel, Saïdi, en bout de course, reprend au-dessus (53e).
La suite du match est assez verrouillée : dès que cela est possible, les Lilloises font tourner, tandis que leurs adversaires ne parviennent pas à prendre le jeu à leur compte, en dépit de quelques percées à proximité de la surface losciste, mais toujours bien maîtrisées par Coutereels et Dafeur, excellente hier. Cette fois Rachel Saïdi a davantage d’espaces, et sa qualité de toucher de balle permet à tout le monde de respirer. Silke Demeyere est toujours aussi monstrueuse au milieu : elle n’a pas le rôle le plus exposé, mais son activité et sa capacité à emmerder les adversaires nous font l’aimer particulièrement. On a beaucoup aimé également l’activité de Marion Gavat.
Alors après j’ai noté : « 16h36 : pause rafraîchissement ». À relier avec le début de l’article où il est écrit « il fait chaud ».
La dernière action du match permet de se libérer complètement : sur un dégagement de l’arrière de Coutereels, Demeyere et Coryn combinent au milieu pour lancer Dolignon, juste montée au jeu. Elle trouve Bultel qui, en deux temps, parvient à tromper la gardienne qui répond au joli prénom de Constance (3-1). Il ne reste que quelques minutes : cette fois, c’est bon !
La joie d’après-match est évidemment moins spontanée que celle d’il y a un mois, mais rebelote : clapping, ce qui fait dire à un type genre « gros beauf » : « hé non, pas de clapping, on n’est pas à Lens ici ! ». Ce à quoi une dame rétorque : « hé ben on a des tambours aussi, comme à Lens hein ! ». Un bien beau débat dont je n’ai pas suivi le dénouement. Toujours est-il que ces personnes semblent ignorer que le clapping est une invention lilloise, initiée par Arnaud Duncker.
Les Lilloises sont donc en D1, et championnes pour la deuxième fois en un mois ! Mais nul doute qu’au palmarès du club, les forces anti-loscistes s’allieront pour ne leur attribuer qu’un seul titre… Le complot est ainsi fait qu’il y a toujours anguille sous roche (sur Yon).
Posté le 10 juin 2017 - par dbclosc
Meflah « Aoued » Benaouda, le premier non blanc du football professionnel lillois
Jusqu’au milieu des années 1980, les joueurs du LOSC étaient des Blancs dans leur écrasante majorité. Ainsi, à l’exception d’Ahmed Mezzara dans les années 1960, puis de Joël Henry, Engin Verel et Noureddine Kourichi une quinzaine d’années plus tard, tous les Dogues avaient été blancs de peau.
Pour autant, si l’Algérien Ahmed Mezzara fût le premier non-blanc du LOSC qui demeura désespérément blanc dans les années 1970 quand d’autres clubs français se coloraient avec des joueurs sud-américains (non-blancs) et africains, il n’était pas pour autant le premier non-blanc du foot pro lillois. Ainsi, avant même la création du premier championnat professionnel en 1932, le SC Fives comptait dans ses rangs un certain Meflah Banaouda (qu’on voit également appelé parfois Ahmed Bacha Banouda) surnommé Aoued.
Pour une fois, nous ne faisons pas de blagues en guise de légende. Parce que Aoued est déjà une légende à lui tout seul.
Le 7 mai 1906, à Mascara, naquit un gros bébé. Il fût appelé Ahmed Bacha, ou Meflah, à vrai dire on ne sait pas exactement. Toujours est-on sûrs que son nom de famille est Benaouda et que ledit gros bébé allait ensuite devenir un brillant footballeur algérien surnommé « Aoued ».
C’est en 1925 que Aoued fait ses débuts avec l’AGB Mascara. A l’époque coloniale, il n’y a pas alors de championnat national mais des ligues « départementales », celle d’Oranie, de Constantine et d’Alger. Dès sa première saison dans l’antichambre de l’élite oranaise, Aoued est champion. En 1927, dans le cadre de son service militaire, Aoued rejoint le prestigieux Mouloudia d’Alger. Enfin, « prestigieux » … si, aujourd’hui, le Mouloudia d’Alger est l’un des plus beaux palmarès algérien, il est encore très loin de l’élite de la ligue départementale. Selon sebbar.kazeo.com, Aoued joue d’abord en 2ème série puis en 1ère série de la ligue d’Alger, soit les 5ème et 4ème divisions départementales. A chaque fois, le club algérois connaît la montée, Aoued ayant également la chance de disputer la finale de la coupe de la Municipalité en 1928 quand lui et ses coéquipiers durent s’incliner (2-0) contre un adversaire portant l’élégant nom du Club des Joyeusetés.
C’est en 1929 qu’Aoued rejoint le nord de la France et le SC Fives encore amateur. Trois ans plus tard, il fait partie du club fivois qui participe au premier championnat professionnel. Enfin, semble-t-il, car il ne dispute pas le moindre match cette saison 1932/1933 avec Fives. Il est en revanche titulaire la saison suivante sur le front de l’attaque fivoise, formant avec le Tchécoslovaque Bara et l’international français Ernest Libérati un fameux trio offensif qui inscrira 44 buts, dont 10 pour le natif de Mascara (qui est donc Aoued pour ceux qui auraient décroché). Il est donc un pion essentiel du club fivois qui connaît là la plus belle saison de son histoire, terminant deuxième à un point du champion sétois avec, en prime, le meilleur goal-average et de loin la meilleure défense.
Ah ben, c’est bien Aoued, on parle de toi est t’es même pas sur cette photo de Fives en 34/35
Pour l’anecdote, même 2ème à 1 point, Fives n’a pas vraiment espéré remporter le titre. Pour tout te dire, même les Sétois n’ont pas beaucoup espéré : quand le championnat s’est terminé pour Sète, Marseille avait encore trois matches en retard à disputer, et seul un point aurait suffit pour que le club phocéen remporte le titre : chose aisée pour un club dont le bilan est alors de 15 victoires, 5 nuls et 3 défaites. L’OM s’inclinera pourtant lors de ces 3 rencontres, assurant un improbable titre au club de la ville de Brassens.
Aoued est encore fivois la saison suivante, laquelle est plus morose : Fives se maintient aisément mais ne termine qu’à une modeste 11ème place. Pour sa part, l’attaquant algérien inscrit alors 6 buts en 20 rencontres.
Il s’en va la saison suivante à Alès, où il marque 8 buts en 29 rencontres. Aoued connaît alors sa première relégation. On a trouvé dans la presse de l’époque des anecdotes savoureuses à propos d’Aoued, par exemple lorsqu’il réalise un « shoot splendide » lors d’un défaite (7-0) à Sochaux ou quand il « bouscule le goal visiteur dans ses buts » lors d’un match contre Valenciennes. On constate bien d’autres commentaires élogieux à son propos, notamment lors d’un match à Metz pour lequel un journaliste ne peut s’empêcher d’observer qu’ « on note deux jolis exploits du centre-avant Aoued ». Que d’anecdotes croustillantes.
En haut, le 3ème en partant de la droite, c’est Aoued
L’attaquant rejoint ensuite Rennes, où il restera jusqu’en 1947 avec un intermède d’un peu plus d’un an à Antibes. En Bretagne, on lui découvre aussi sa face sombre : le 31 janvier 1937, il marque pour Rennes le seul but du match contre Fives (1-0). De retour en Algérie, Aoued deviendra l’entraîneur estimé des deux principaux clubs de Mascara où il décédera en 1965, officiellement d’un accident de voiture, selon nous à cause de complotistes contre le LOSC ayant attenté aux jours d’un ancien du SC Fives. Il a laissé là-bas un fameux souvenir : se rendre au Stade de Mascara, c’est découvrir un peu de l’histoire du football professionnel lillois. Ah oui, si tu veux t’y rendre, tu veux peut-être en savoir le nom ? Le Stade Meflah Aoued, bien sûr.
Epilogue (ou « sciences des épis »)
Aoued, fût donc le premier non-blanc du professionnalisme lillois. Le deuxième arrivera pourtant bien vite. Souilem Gnaoui, également algérien, signe au SC Fives en 1936 après un court passage à Marseille.
Même si tu ne l’as jamais vu, tu sauras peut-être reconnaître Gnaoui
L’attaquant de 22 ans ne passera qu’une saison à Fives avant son départ pour Nice la saison suivante.
Le SC Fives aura également un troisième algérien, oranais comme Gnaoui (également arrivé en 1936), Kouider Daho. Venu en France pour finir ses études de médecine, qu’il réussira avec succès, Kouider ne sera pas titulaire, mais disputera quand-même quelques rencontres avec les Diables Bleus.
Au demeurant très sympathique, Kouider Daho avait cependant la fâcheuse habitude de tripoter les genoux de ses coéquipiers
Daho jouera ensuite à Sète, où, fort de ses 4 matches disputés, il deviendra champion de France. Un futur médecin donc. Comme l’indique Thomas Bauer dans les Cahiers de l’INSEP, si beaucoup de joueurs maghrébins ont joué professionnels en France dans les années 1930, ils étaient pour l’essentiel issus de l’élite nord-africaine.
Posté le 6 juin 2017 - par dbclosc
La victoire à trois points, un outil du complot contre le LOSC ?
En 1990/1991, le LOSC termine 6ème du championnat et est à deux doigts de réussir la première qualification européenne de son histoire, tout en n’ayant remporté que 11 rencontres. Certes, les Dogues gagnent peu, mais ils perdent alors encore moins.
Selon nos sources, c’est à cette époque que naît une idée machiavélique dans les têtes des élites complotistes contre notre très cher club de cœur : il faudrait mettre la victoire à trois points, ce qui, dans ce championnat 1990/1991, aurait fait perdre trois places au LOSC. Mais avant de mettre en place cette réforme, il faut lui trouver une justification éthiquement entendable. En 1994, c’est chose faite. Au principe que la victoire à trois points inciterait à pousser pour marquer en fin de match, une telle réforme encouragerait les buts et donc le spectacle. Cette explication, au demeurant douteuse, justifiera alors une infâme réforme contre nos ouailles.
Est-ce que ça change tant de choses que ça ?
Alors, est-ce que la victoire à trois points change beaucoup de choses dans la hiérarchie entre le clubs, et surtout, pour nous ? Pas tant que ça serait-on tentés de répondre si l’on regarde l’écart moyen de classement depuis la remontée du LOSC entre ce qu’est le classement avec la victoire à trois points et ce qu’il serait avec la victoire à deux points. En effet, en dix-sept saisons, cela n’aurait modifié le classement final du LOSC que de 0,35 place en moyenne.
Lille 90/91, champion de France des matches nuls
En plus, ces variations n’auraient pas tant pénalisé le LOSC : avec la victoire à deux points, le LOSC aurait en effet gagné trois places au total (une en 2012/2013 et deux en 2007/2008) et aurait perdu autant de places (une pour chacune des saisons 2003/2004, 2006/2007 et 2016/2017).
Alors, en fait cette réforme ne nous pénaliserait pas ? En fait, c’est beaucoup plus vicieux que cela.
Une réforme aux conséquences en réalité dramatique
Poussons plus loin l’analyse. Les trois saisons où le LOSC a bénéficié du système de la victoire à trois points, cela n’a en réalité rien changé : cette saison, il aurait fini 12ème, ce qui n’aurait pas changé grand chose. En 2003/2004 et 2006/2007, il aurait fini 11ème et non 10ème. Là encore, cela n’aurait rien changé ou presque. En effet, la seule différence est que, en 2004, le LOSC aurait dû disputer un tour de coupe intertoto de plus pour gagner le prestigieux trophée. Et tout le monde sait pertinemment que l’on aurait passé ce tour (probablement joué contre le 5è du championnat syldave), donc ça ne change rien.
En revanche, cela aurait changé beaucoup de choses en 2007/2008. terminant alors 7èmes, les Dogues échouent alors à toute qualification européenne. Avec la victoire à deux points, les Lillois auraient alors terminé à une 5ème place qui aurait apporté une nouvelle qualification européenne aux Lillois, en coupe de l’UEFA.
En 2012/2013, rebelote. Les Lillois finissent juste derrière le dernier qualifié en Europa League. Avec la victoire à deux points, le LOSC aurait gagné une place et, en même temps, sa qualification européenne.
Mais cela ne fût-il pas en définitive un mal pour un bien. On se le rappelle, c’est en partie parce que le LOSC échoue à la qualification européenne que Florian Thauvin nous fait son sketch pour partir rejoindre le grand Tohème. Si Lille avait réussi dans cette entreprise, Thauvin serait peut-être resté. Facétieuse ironie de l’histoire, en nous mettant des bâtons dans les roues, les complotistes nous ont alors sans doute évité le pire. Sans cela, peut-être serait-on encore en train de nous morfondre en voyant Thauthauvin sous nos couleurs. Et ça, nul n’ose y penser.
Posté le 3 juin 2017 - par dbclosc
François Bourbotte, les retours de bâton
François Bourbotte fut le premier capitaine du LOSC lors sa création en 1944 ; unanimement considéré comme exemplaire, il est cependant brutalement licencié en novembre 1946 : le retour de bâton d’un bête épisode. De nos jours, son nom est associé à un trophée virtuel, remis au goût du jour en 2016 : le bâton de Bourbotte. Présentation de ce trophée et de la carrière du « grand François ».
Né le 24 février (comme Hervé Rollain, Olivier Pickeu et Roger Hitoto) 1913 (pas comme Hervé Rollain, Olivier Pickeu et Roger Hitoto) à Loison-sous-Lens, François Bourbotte ressemble à beaucoup de joueurs de son temps qui, bien souvent, réalisent l’ensemble de leur carrière dans leur région de naissance. Tout d’abord, une précision : il ne faut pas confondre François Bourbotte, dont nous allons parler ici, et Gérard Bourbotte, attaquant losciste des années 1950 et 1960, qui nous a quittés l’année dernière. Il semblerait même que ces deux anciennes gloires n’aient aucun lien de parenté, hormis le fait qu’elles aient le même nom, ainsi que vous l’aviez remarqué en lecteurs avisés que vous êtes.
Du Pas-de-Calais au Nord
D’abord passé par Vendin-le-Vieil, François Bourbotte rejoint Bully-les-Mines au début des années 1930 : il y côtoie notamment Jules Bigot. C’est dans ce club qu’il connaît ses premiers trophées nationaux : en 1932, il remporte la coupe de France Juniors à Colombes. On dit de ce grand milieu de terrain axial (plus rarement sur un côté), comparé à une « tour de contrôle », qu’il est « rugueux », « besogneux » et, plus étonnant, « anguleux », pour parler de son visage bien sûr. Personne ne niera que chaque visage comporte des angles, mais on utilise cet adjectif pour désigner des traits particulièrement marqués, qui donnent chez François Bourbotte l’impression qu’il fait plus que son âge. Fort heureusement, le poste ne fait pas l’homme, et lui n’est pas touché par le syndrome de vieillissement accéléré qui mit un terme prématuré à la carrière de Thierry Rabat.
François Bourbotte est remarqué par l’un des clubs-phares de la région (et du pays, puisque dans les années 1930, bon nombre de clubs du Nord-Pas-de-Calais sont parmi les premiers clubs professionnels de D1 : l’Olympique Lillois, le SC Fives, le RC Lens, l’EAC Roubaix, le RC Roubaix, Valenciennes) : il signe alors au Sporting Club de Fives, l’un des ancêtres du LOSC, présidé par Louis Henno (futur président du LOSC), au cours de la troisième saison de professionnalisme en France, en 1934/1935. À côté des buteurs du clubs tels que Bara et Liberati (34 buts à eux deux la saison précédente, 18 cette année), il devient rapidement l’un des principaux atouts de cette équipe, avec à ses côtés Séfelin et Méresse. À l’issue de cette première saison, le SC Fives obtient une décevante 11e place, un an après le meilleur classement de son histoire (deuxième en 1933, à un point seulement du champion sétois, et juste devant Marseille et l’Olympique Lillois).
Épopées en coupe
Mais c’est surtout grâce à la coupe de France que le parcours de François Bourbotte prend un relief particulier. Ainsi, le SC Fives est d’abord trois fois demi-finaliste : en 1935, où il échoue contre Rennes ; en 1938, où Metz stoppe les Fivois ; et en 1939, où le RC Paris barre de nouveau la route des Nordistes. C’est au cours de la saison 1940/1941, très particulière dans le contexte de guerre (on appelle ce championnat le « championnat de guerre », et beaucoup d’équipes refusent d’y prendre part) que François Bourbotte entrevoit enfin la finale : après avoir remporté la finale de la « zone interdite » contre Roubaix (3-1), son équipe se qualifie pour la finale « interZones ». Mais à Saint-Ouen, Fives est battu 0-2 par les Girondins de Bordeaux.
« Bon match ! ». A gauche, François Bourbotte, capitaine du SC Fives ; à droite, Jaime Mancisidor, capitaine de Bordeaux. L’arbitre central est M. Boës.
Durant la guerre, les compétitions sont perturbées : naissent ici et là quelques compétitions dont le seul intérêt est probablement qu’elles aient lieu en ces temps difficiles. Des équipes « provinciales » se forment, et l’équipe des Flandres remporte la coupe des provinces françaises en 1943, à Saint-Ouen. Cette équipe est constituée d’une sélection de joueurs nordistes : on y trouve, bien entendu, François Bourbotte, mais aussi, par exemple, le Lensois Anton Marek – celui de la tribune du stade Bollaert : ils sont côte-à-côte sur la photo ci-dessous.
« Logiquement », François Bourbotte est également sélectionné dans l’équipe fédérale de Lille-Flandres lors du championnat de France 1943/1944. Il s’agit du 4e et avant-dernier « championnat de guerre » : sa particularité est qu’il est initié par le régime de Vichy, via le colonel Pascot, qui impose des équipes « régionalisées », au nombre de 16, en lieu et places des 32 équipes professionnelles. L’équipe de « Lille-Flandres » est ainsi censée être composée des meilleurs éléments des clubs du nord : outre Bourbotte, on y trouve ses coéquipiers fivois Marceau Somerlinck ou René Bihel, les Lillois Jean Lechantre et Jean Baratte, le Roubaisien César Urbaniak, ou le Valenciennois Jules Léglise. « Lille-Flandres » termine 2e, derrière « Lens-Artois ».
Expériences internationales
Parallèlement à sa brillante carrière en club, François Bourbotte est également international français de 1937 à 1942. Il honore sa première sélection le 21 février 1937 en Belgique : reconverti stoppeur pour l’occasion, il ne peut empêcher la défaite des Français (1-3). 16 autres sélections suivront. S’il n’y joue aucun match, il est toutefois sélectionné pour la coupe du monde 1938 qui se déroule en France : les Français sont éliminés par l’Italie, futur vainqueur, en quart de finale (1-3). À noter qu’à l’occasion de cette compétition, le stade Victor-Boucquet (ex stade de l’avenue de Dunkerque et futur stade Henri-Jooris) accueille le quart de finale entre la Suisse et la Hongrie.
Parallèlement, François Bourbotte a également joué pour une espèce de sélection officieuse, baptisée « ligue du Nord », dont les matches se déroulaient au stade Victor-Boucquey puis Henri-Jooris, de 1929 à 1968. Il a ainsi pris part aux victoires contre Sunderland, le 15 novembre 1936 (5-1) ; la Pologne de l’Ouest, le 20 février 1938 (4-0) ; Budapest, le 19 février 1939 (2-1) ; la ligue de Paris, le 1er novembre 1942 (2-1)
Contre Budapest, le 19 février 1939. François Bourbotte est en blanc, grand, vers la gauche.
Et puis le LOSC
Paris est libérée en août 1944, puis progressivement l’ensemble du territoire. Le championnat de France peut désormais convoquer de nouveau ses clubs « historiques ». Toutefois, en raison de la situation encore chaotique par moments et par endroits, le championnat 1944/1945 est encore un championnat dit « de guerre », le dernier. Et quelques modifications sont au menu : le 23 septembre 1944, l’union entre l’Olympique Lillois et le Sporting Club de Fives est scellée. Le Stade Lillois est né : il comporte les meilleurs éléments des équipes fusionnées (de Fives : Bourbotte, Sommerlynck, Bihel… De Lille : Lechantre, Baratte, Bigot…) Un premier match amical est organisé le 1er octobre 1944 contre le Red Star. François Bourbotte est capitaine. Le Stade Lillois, avec un maillot bleu à parements rouges, s’impose 3-2. Le 1er novembre, pour la première journée de championnat, le Stade Lillois bat le Stade Français au Parc des Princes 2-1. Quelques jours plus tard, le Stade Lillois devient LOSC et, pour son premier match (avec de nouveaux maillots blancs à scapulaire rouge), il s’impose 9 à 2 contre Le Havre. Les Lillois terminent 5e du championnat. En coupe, ils se présentent à Colombes le 6 mai 1945 pour la première de leur 5 finales de coupe consécutives. Ils s’inclinent 0-3 contre le RC Paris, renforcé au dernier moment par le retour de ses aviateurs en mission en Afrique. Décidément, le capitaine Bourbotte n’est guère en réussite en coupe de France.
1946, le doublé puis le licenciement
La consécration arrive en 1946. Après une saison parfois agitée (altercation entre l’entraîneur, George Berry, et Jean-Jacques Kretzchmar, joueur et fils du vice-président, effondrement d’une tribune lors du derby…), les Lillois vainquent enfin en finale de coupe ! Après la victoire contre le Racing Paris en quarts, la voie était toute tracée : Clermont a explosé en demi (1-7), et le Red Star se présente en finale.
26 mai 1946 : juste avant le coup d’envoi de la finale, François Bourbotte présente ses coéquipiers (Bihel, Baratte, Vandooren, Prévost et Carré) à Félix Gouin, Président du Gouvernement provisoire.
Devant 59 692 spectateurs générant une recette de 3 654 370 francs, le LOSC s’impose 4 à 2, grâce à Tempowski, Bihel, et un doublé de Vandooren. Quelques jours après, après une nouvelle victoire contre le Red Star, cette fois en championnat (3-1) à Victor-Bouquey, pendant que Saint-Etienne est accroché contre Rouen, le titre du premier championnat régulier de l’après-guerre est quasi-acquis. Un dernier nul à Reims (1-1) l’officialise : après Séte en 1934 et le RC Paris en 1936, le LOSC est le troisième club à réaliser le doublé coupe/championnat.
Un an plus tard, le 11 mai 1947, le LOSC remporte sa deuxième coupe consécutive, contre Strasbourg (2-0). Mais sans Bourbotte. Où est donc passé l’exemplaire capitaine ? Hé bien il est parti, depuis novembre 1946. En voici la raison.
Le 17 novembre 1946, le LOSC se déplace en région parisienne : là, il faudrait que les historiens du LOSC se mettent d’accord, car l’interprétation de l’événement est bien différente selon le résultat du match. D’aucuns évoquent un déplacement victorieux au Parc contre le Stade Français (2-0) ; d’autres ne précisent ni l’adversaire ni l’issue du match ; et nous, quand on regarde 17 novembre 1946, on trouve : Red Star/LOSC, 5-1. Donc pour ceux qui considèrent qu’on a gagné, l’ambiance est festive dans le train du retour. Pour les autres, pas de référence à l’humeur des uns et des autres. Là où tout le monde s’accorde, c’est que certains joueurs lillois commandent à boire au wagon-restaurant (du champagne pour les uns, des apéritifs pour les autres…). Jean Baratte demande au trésorier du club, M. Wauquier, de régler la note sur les deniers du club. Sauf que le trésorier refuse, arguant de la crise économique, sans doute. Les joueurs protestent, s’énervent, et François Bourbotte, en sa qualité de capitaine, prend la parole, et annonce que, de toute façon, les joueurs n’ont pas besoin des dirigeants, qui ne sont pas sur le terrain. Il les traite d’inutiles et les accuse même de publier un bilan fictif. Le lendemain matin, François Bourbotte est convoqué par Louis Henno, le président. Dans un premier temps, son contrat est suspendu. Le président promet de le réintégrer en échange d’excuses et de la promesse de ne plus nuire au club. Bourbotte refuse : il est licencié. On a peine à croire que ceci correspond à l’intégralité du conflit et qu’il n’y avait pas quelques tensions préalables, mais les conséquences sont là : François Bourbotte quitte Lille et part à Armentières, où il devient entraîneur-joueur, et cafetier. Une sortie bien triste pour un personnage majeur du football lillois durant presque 15 ans.
Par la suite, François Bourbotte entraîne l’US Boulogne, de 1950 à 1956. Il est décédé à 59 ans, en 1972. Dans le Pas-de-Calais, à Beaurains, le stade municipal porte aujourd’hui son nom.
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Bon, et cette histoire de bâton de Bourbotte, alors ? Il s’agit d’un trophée symbolique, virtuel, c’est-à-dire qu’il ne se traduit pas par la remise d’une coupe, par exemple. Raison de plus pour laquelle on ne pourra jamais l’enlever complètement au LOSC : le Bourbotte en question est en effet François Bourbotte, dont on vient d’exposer à grands traits la carrière, et il donne son nom au trophée précisément à raison de sa qualité de capitaine du LOSC lors du premier championnat régulier de l’après-guerre, celui du doublé. Mais pour comprendre ce qu’est le bâton de Bourbotte, peut-être faut-il préalablement faire un détour par le bâton de Nasazzi.
La première coupe du monde de football eut lieu en juillet 1930 en Uruguay. Le pays hôte, emmené par son capitaine José Nasazzi, remporte le trophée en battant l’Argentine 4-2. Suite à la compétition, un trophée est créé, sans lien avec les compétitions officielles ou le classement mondial des sélections. L’Uruguay, du fait de son titre mondial, est considéré comme le premier détenteur de ce bâton, qui prend le nom de son capitaine. À chaque rencontre, le détenteur du bâton le remet en jeu, et le bâton change de propriétaire en cas de défaite au bout de 90 minutes (la prolongation n’est pas prise en compte). Le bâton de Nasazzi s’apparente dès lors au témoin d’une course de relais, que l’on se refile au gré des victoires des uns et des autres. Par exemple, voici comment a circulé, à ses origines, le bâton de Nasazzi :
Le 30 juillet 1930, le bâton est détenu par l’Uruguay. Invaincue pendant plus d’un an, la sélection ne le cède qu’en septembre 1931, après une défaite contre le Brésil (0-2). Ce même Brésil le cède contre l’Espagne en 1934 durant la coupe du monde (défaite 1-3) : le bâton de Nasazzi arrive en Europe ! Etc.
José Nasazzi entre sur le terrain pour la finale de coupe du monde 1930, avec un gosse déguisé en vieux
Les règles sont simples et, tout symbolique qu’il est, le trophée peut en partie révéler des rapports de force que les compétitions officielles ne permettent pas de faire. Il permet surtout de souligner l’incertitude entourant de chaque match. Il est également l’occasion pour des « petites » sélections d’inscrire leur nom à un palmarès. Par exemple, les Antilles néerlandaises l’ont détenu 4 jours en 1963, après une victoire contre le Mexique en coupe de la CONCACAF ! Le bâton n’est arrivé en Afrique que dans les années 2000, grâce au Nigéria, ce qui permit à l’Angola et au Zimbabwé de l’avoir aussi.
Maintenant que l’ascendance du bâton de Bourbotte est établie, il est assez aisé d’en comprendre le fonctionnement : c’est le même, mais au niveau du championnat de France. 1946/1947, saison de la « normalisation », est considérée comme la « saison zéro », point de départ de l’existence du trophée. Et, comme pour l’Uruguay et son capitaine en 1930, c’est le capitaine du club champion qui donne son nom au trophée. Ainsi, en août 1946, le LOSC met en jeu pour la première fois le bâton de Bourbotte, à Lens, et le conserve grâce à un nul (3-3). Le trophée est perdu lors de la 5e journée, à cause d’une défaite à Roubaix. Cependant, le trophée n’existe pas dès 1946 : il a été créé ex post par le regretté site Poteau rentrant, fermé en 2013. Mais, début 2016, Guillaume Amary, fidèle du site, exhume l’idée et, avec l’aide quelques potes, crée un site dédié au bâton de Bourbotte. Grâce à forces statistiques, on y apprend que le LOSC est dans le top 10 des détenteurs du trophée, selon divers indicateurs (temps cumulé, durée moyenne de possession, nombre de prises du bâton…). Puisqu’on écrivait que les rapports de force sont en quelque sorte remis en jeu, on ne sera pas surpris d’apprendre que le LOSC a détenu le trophée durant la saison 2016/2017, pourtant si chaotique : c’était en décembre, après la victoire face à Montpellier (2-1). Pour 8 jours, puis que Marseille l’a récupéré la semaine suivante. Plus logiquement, le LOSC en a été le détenteur au cours de la saison du dernier titre, durant 12 journées (entre une victoire contre Brest et une défaite à Montpellier).
Logo officiel du bâton de Bourbotte
On aura compris que le trophée a avant tout une vocation ludique. Et comme pour le trophée de Nasazzi, il permet à des « petits » de se distinguer : Limoges, le FC Nancy, Angoulême, le Pays d’Aix FC, Mulhouse… ont été lauréats du bâton de Bourbotte. Désormais, que le bâton de Bourbotte revienne à Lille, à qui il doit tout. Voilà un retour de bâton qui aurait de la gueule (anguleuse) : make our trophée great again !
FC Notes :
Tous les stats sur les détenteurs du bâton de Nasazzi sont à retrouver, par exemple, sur la page wikipédia du trophée, régulièrement mise à jour.
Le site du bâton de Bourbotte propose de nombreuses statistiques, notamment par club : celles sur le LOSC sont ici.
Merci à Guillaume Amary pour sa disponibilité. Le trophée de Bourbotte a même un compte twitter ! Il est à suivre ici.