Posté le 30 juin 2017 - par dbclosc
Grégory Wimbée : « Notre force, c’était le groupe »
Hasard du calendrier : jeudi 15 juin, le lendemain même du jour où l’on apprenait que l’affaire du « petit Grégory » était relancée, nous avions rendez-vous avec le « grand Greg » ; voilà probablement l’accroche la plus foireuse que nous ayons faite depuis le lancement de ce blog, mais ce n’est que la stricte vérité.
Voilà un petit moment que nous souhaitions rencontrer Grégory Wimbée en sa qualité de représentant parmi les plus éminents du renouveau sportif du LOSC à la fin des années 1990. Nous lui avions déjà consacré 2 articles sur ce blog : le premier, bien sûr, relatif au but qu’il a marqué avec Nancy contre Lens et Jean-Claude Nadon en 1996 ; et le second sur ce fameux match à Saint-Étienne en septembre 2000, que l’on considère généralement comme un tournant dans sa carrière.
L’entrevue que nous avons eue est donc une nouvelle opportunité pour revenir sur la « période Vahid », qu’il a dépassée en restant deux ans supplémentaires sous les ordres de Claude Puel. L’occasion de revenir sur ses débuts au LOSC, parfois difficiles – il nous en livre des clés d’explication – et, bien entendu, de s’attarder sur l’exceptionnelle période 1999-2002, durant laquelle il « devint invincible », ainsi que nous l’avions écrit, avec à l’appui des anecdotes comme on les aime et quelques informations sur la vie du groupe.
Mais nous avions également envie d’aborder l’ensemble de sa carrière professionnelle, de Nancy à Valenciennes, en passant par Charleville, Cannes, Metz et Grenoble. Pourquoi ? Ben d’abord parce qu’on fait ce qu’on veut, et surtout parce qu’il nous semblait particulièrement intéressant de tenter de restituer la trajectoire d’un gardien de but, poste que l’on considère souvent comme « à part », ne serait-ce que parce que les places sont plus rares et donc plus chères1. Et on se rend compte, à écouter Gregory Wimbée, à quel point la carrière d’un gardien de but, de façon sans doute plus aiguë qu’à tout autre poste, est soumise à divers aléas, et que le talent ne suffit pas.
Depuis son départ de Grenoble en 2009, Grégory est revenu dans la région lilloise. Après une dernière pige à Valenciennes, il a pris en charge la gestion d’un complexe sportif de foot en salle (le Five de Lesquin), a commenté les matches du LOSC pour GrandLilleTV en compagnie de Mickaël Foor, et était impliqué cette année dans la préformation, et une partie de la formation des jeunes du LOSC ainsi que de l’entraînement de l’équipe féminine, promue en D1. Autant d’activités qu’il va désormais réduire voire mettre en stand-by, car il étrenne une nouvelle fonction à partir du 1er juillet, à temps complet : entraîneur des gardiens de la CFA. Que les fans de l’équipe des Anciens Dogues se rassurent : on devrait toujours voir jouer son prolifique avant-centre, de nouveau double buteur lors du dernier match contre des salariés du club il y a quelques jours !
C’est donc à l’aube d’entamer ses nouvelles fonctions, et après avoir participé au stage de 10 jours avec Marcelo Bielsa, que Grégory Wimbée nous a accueillis au Five.
On va revenir sur le passé, on espère que tu as rassemblé tes souvenirs ! Une question toute bête : comment on devient gardien de but ?
Mon frère est 2 ans plus âgé que moi. Dès que l’école était terminée, on jouait au foot devant l’immeuble, à longueur de journée, et tous les jours quand c’était les vacances, que ce soit de la pluie, de la neige, -12°… on jouait. Lui frappait, et moi je plongeais. Dès qu’il y avait un but, je me mettais dedans. C’est le premier poste que j’ai connu. Quand j’étais Poussin, j’ai joué gardien dans une équipe 1, tout en ayant un autre poste en équipe 2 ; j’ai fait une saison comme ça où je faisais un peu les 2, mais j’ai toujours été gardien. Alors comment… ? Je ne peux même pas dire. Peut-être que ça m’a plu de plonger, ça m’a plu d’attraper le ballon avec les mains alors j’ai gardé ce poste-là.
Cette photo, c’est une sélection de Lorraine. Ce doit être la saison 1985-1986. On est à l’Abbaye des Prémontrés, à Pont-à-Mousson. Les demi-finales et finale se jouaient dans notre région en fait. En demi-finale, on joue sur je sais plus quel terrain contre l’ouest, la Bretagne. Victoire 3-0, peut-être 3-1, mais on domine largement. Et on joue la finale en lever de rideau du dernier match de la saison de Metz, à Saint-Symphorien, contre Paris-Île-de-France. On fait 0-0 et on perd aux tirs aux buts, 3-2 je crois. Sur cette photo, 4 sont devenus pros : à ma droite, c’est Éric Rabesandratana (Grégory est debout, 3e en partant de la droite. Si vous ne l’aviez pas remarqué, suivez ce lien)
Et tu rejoins donc Nancy.
J’ai fait les deux années au centre de formation de Nancy, donc entre 15 et 17 ans. J’y ai débuté lors de la saison 1986-1987. J’étais aussi en cadets nationaux à l’époque. En 88-89, je suis parti à Clairefontaine continuer ma formation, envoyé par Nancy car il n’y avait pas d’entraîneur des gardiens. L’INF était réputé, en tout cas à l’époque de Vichy, un peu moins quand c’était Clairefontaine. Beaucoup de gardiens, comme Mottet ou Olmeta, sortaient de l’INF. Je n’y suis resté qu’un an et demi, car le deuxième gardien de Nancy s’est fait les croisés, donc ils me rapatrient en janvier 1990. Je suis deuxième gardien, mais il n’y a pas de gardien sur le banc comme maintenant. Le deuxième gardien, il est juste à l’entraînement… Je joue avec l’équipe réserve qui était en D4 à l’époque. L’équipe première était en D2. L’équipe première monte, et nous aussi. Donc en 90-91, je suis toujours deuxième gardien, et je joue avec l’équipe réserve en 3e division.
Le jeune Grégory de retour de Clairefontaine.
« Le prêt à Charleville m’a permis de prendre de la bouteille »
Tu es prêté à Charleville en 1991, en D3.
Le club cherchait un gardien car il avait un gardien amateur, et donc je suis prêté là-bas. Je sais qu’on ne perd qu’un match et qu’on avait une top-équipe. Sur la saison, je ne prends que 10 buts. Je fais un quart de finale2. Je devais partir au tournoi Espoirs de Toulon (ci-contre avec le maillot de l’équipe de France). C’était en même temps que la demi-finale. La fédé m’autorise à jouer la demi-finale, et dès qu’elle est jouée, même si on gagne, je dois aller au tournoi de Toulon. Mais la veille de la demi-finale, je me blesse lors d’un entraînement. Je me pète le ménisque et je me fais opérer. Donc je loupe la demi-finale et le tournoi de Toulon. Alors je sais plus où c’était parce que j’ai fait les deux ménisques internes. Je crois que c’était la jambe gauche.
La saison 1992-1993 était particulière car c’est la dernière saison où il y a encore 2 groupes en D23. Donc il fallait faire mieux que 12e je crois. Et on termine 9e.
Lors de ta dernière saison à Charleville, en D2, tu es un des meilleurs gardiens : tu finis 2e au classement des étoiles de France Football du groupe !
Oui, mais j’avais pris des rouges. Quand tu prends un rouge, t’as zéro.
En fait c’est parce que tu prends un rouge en début de match. Donc il y a 2 matches où tu n’as pas de note. À l’époque, ça marchait par points qui étaient cumulés, il n’y avait pas encore de 0. C’est pour ça que les gardiens remportaient toujours l’étoile d’or France Football : c’est ceux qui jouaient le plus !
Ah oui c’est ça ! Donc je manque un match. Ce qui est fort, c’est que le match où je prends le rouge, c’est contre Valence. On fait 1-1. Et le mec qui rentre à ma place dans le but et en prend un, on lui met 5 étoiles ! C’était même pas un gardien !
« Nancy est venu me rechercher en hélicoptère… ! »
Pendant tes 3 saisons de prêt à Charleville, 3 gardiens jouent pour Nancy : Granger, Schneider et Roux.
Quand je suis prêté la première fois. Nancy avait Marcel Husson comme entraîneur. Il ne voulait pas de Matriciano, le gardien titulaire ; il fait donc venir Boumnijel. J’étais 2e gardien, et je me retrouve 3e gardien ! Aujourd’hui, quand on est 3e gardien, on s’entraîne encore avec les pros. Là, en 1991, tu redescends en centre de formation ! Donc je ne voyais pas l’intérêt de jouer avec des plus jeunes comme moi. À l’époque, les centres n’étaient pas sectorisés comme aujourd’hui avec les 19, les 17 : tout le monde était mélangé ! Des gars qui avaient 3 ou 4 ans de moins que moi… Donc j’ai choisi d’être prêté. En étant prêté à Charleville pour jouer en D3, donc avec des seniors. Ce prêt m’a permis de prendre de la bouteille. Husson démarre mal, je crois qu’il se fait virer très vite, et Olivier Rouyer prend l’équipe en main, mais Nancy ne se sauve pas. La deuxième année, en 91/92, Olivier Rouyer ne voulait pas de moi. La 3e année, je voulais revenir à Nancy. Et à un moment donné, y avait une coupe de la Ligue, coupe d’été… On jouait des matches en fin de saison, et en début de saison suivante, y avait la suite, avec des 1/8e, des 1/4…
Oui c’est l’ancienne formule de la coupe de la Ligue.
Voilà. Donc on joue à Strasbourg. Rouyer vient me voir me dit de nouveau qu’il ne compte pas sur moi. Donc je signe un contrat de 3 ans à Charleville. Et pendant ces 3 années là, j’avais un accord de non-sollicitation, c’est-à-dire que je ne pouvais pas partir ailleurs qu’à Nancy. J’étais à la fois international espoirs et amateur. J’ai été reclassé amateur, c’était assez spécial parce que j’étais stagiaire à Nancy : pour jouer amateur, je devais résilier mon contrat de stagiaire, j’étais libre. Si ça avait été quelques années plus tard, je partais à l’étranger. Des clubs me sollicitaient. J’ai eu le président de Nancy au téléphone, qui me demande pourquoi je ne rentre pas. Je lui dis que l’entraîneur ne veut pas de moi, c’est quand même un problème ! Il me rappelle lendemain et me dit : « l’entraîneur, ce n’est plus un problème ». Oui mais j’ai signé un contrat ! Maintenant, comment on fait ? On a réussi à s’arranger : ils sont venus en hélicoptère, ils ont embarqué mon père aussi – un truc de fou hein ! On a renégocié un contrat et je suis rentré sur Nancy, alors que j’avais signé un contrat à Charleville. Voilà comment je suis rentré à Nancy. J’y ai donc entamé ma première saison comme titulaire de l’équipe première en 1994/1995.
En 1994-1995 (photo ci-dessus), Nancy termine 7e de D2. Puis 3e la saison suivante, ce qui permet à l’ASNL de retrouver la D1. Grégory Wimbée n’encaisse que 23 buts en 1995-1996, record d’autant plus remarquable dans une D2 à 22 clubs et donc à 42 matches. Même le LOSC en 2000, lors de sa saison record, en a encaissés davantage !
Tu découvres la D1 lors de la saison 1996/1997… et tu joues pour la première fois contre Lille en championnat !
Je sais que je n’ai jamais gagné contre le LOSC… Je pense qu’on fait 2-2, on se fait égaliser sur la fin. Je crois que c’est Denis Abed qui marque à la fin. Ça passe entre mes jambes. On était un peu poissards. On ne gagnait pas de matches, et on se faisait égaliser à chaque fois, 92e… On a pris plein de buts comme ça cette année là.
En effet, le 5 octobre 1996, Lille égalise à Nancy à la dernière minute, grâce à Denis Abed, son seul but avec le LOSC. Du coup, Nancy devait encore attendre une semaine pour signer sa première victoire de la saison, à Bordeaux (1-0).
Et lors de cette même saison, il y a l’exploit : le premier but marqué par un gardien de but dans le championnat de France, hors pénalty. But qui, pour des Lillois, prend une saveur particulière…

Oui, avoir connu la joie du buteur, c’était top. On m’en reparle régulièrement. En fait je suis là (il nous montre le dessin de France Football), et c’est Wallemme qui la prend, ça revient sur Lécluse et ça me tombe dessus. Contrôle du genou, je suis sur mon pied d’appui, je me retourne et… voilà ! C’est un but d’attaquant ! Par la suite, je me suis rendu compte que ça pouvait m’aider un peu à m’intégrer à Lille ! Maintenant qu’on connaît mon attachement à Lille, l’avoir fait contre Lens… Je pense que c’était compliqué pour Jean-Claude Nadon. C’était quasiment son dernier match à Lens, car Warmuz revenait de blessure peu après. Je n’aurais pas voulu encaisser un but d’un gardien ! Je l’ai eu comme entraîneur des gardiens après, à Metz. Je suis le premier gardien-buteur, mais il y avait eu un gardien de Monaco, Hernandez, qui avait déjà marqué, en ayant fini le match comme attaquant, car il s’était blessé à un bras4 !
À l’issue de cette première saison en D1, Nancy est malheureusement relégué. On suppose que tu as des sollicitations ?
J’étais en fin de contrat. C’est une année où j’ai beaucoup discuté avec les dirigeants, bien avant le but, ils voulaient me prolonger. Un contrat sur la durée m’avait été proposé, de 4 ou 5 ans. Mais je voulais aussi connaître autre chose, je voulais me mettre en danger, car quand on reste dans son club formateur, on a fait le tour à un moment. J’avais des clubs : Le Havre, Bastia. Un contrat de 4 ans m’attendait à Bastia. Finalement, Eric Durand a signé, le temps a passé, et je me suis retrouvé libre, mais sans club ! Et puis Cannes cherchait un gardien, alors je signe à Cannes. J’ai failli partir à l’étranger, mais je ne me sentais pas prêt.
Alors, Cannes, ça arrive comment ?
Cannes était le dernier club de D1 qui cherchait un gardien… Adick Koot était entraîneur-joueur, et on s’est retrouvés l’année d’après à Lille. C’est particulier parce que sur la fin de saison précédente, je suis un peu blessé, j’ai un début de pubalgie. Et quand je vais signer à Cannes, je suis physiquement au plus mal. Je signe sans même passer de visite médicale ! De toute façon si je passe une visite médicale, je ne signe pas, je ne peux même pas marcher ! Je fais le début de saison sur une jambe, quoi. Je suis en retard dans la préparation, je fais un entraînement sur deux, parfois je reste 5-6 jours sans jouer, je suis sous anti-inflammatoires. Le premier match de championnat, je suis à la rue. Et je me blesse autrement : ce truc là (il montre sa jambe), je me fais opérer et ça me permet de récupérer un peu de la pubalgie, et encore… Quand j’entame la rééducation, j’ai encore un peu mal, mais je ne veux pas me faire opérer de la pubalgie. Je reprends, ça va un peu mieux, je fais un match amical et je me fais tacler au niveau du genou : fissure de la rotule. J’ai eu 6 mois de blessure. D’octobre à février, en gros. J’ai repris en février.
« Été 1998 : je n’ai pas de club. Je fais des séances de malade, seul »
Au-delà de tes blessures, on a lu un article dans lequel tu disais que tu ne gardais pas un très bon souvenir de la ville de Cannes, et du mode de vie là-bas.
Ah oui, oui, oui, horrible. Bon déjà, c’était pas très exigeant au niveau des entraînements, parce que tu ne t’entraînais qu’une fois par jour. En fait c’est pas un club où tu peux jouer au foot. T’as la plage, t’as le soleil, t’as les belles voitures… C’est une année où j’étais blessé, j’étais au plus mal dans mon couple, enfin c’était compliqué quoi. J’ai signé un an là-bas. Pour moi, c’était un tremplin. En toute humilité, mon ambition était d’aller plus haut. Mais avec les blessures, l’année que je vis est compliquée même si, moralement, elle m’a endurci. Quand je finis l’année à Cannes, je n’ai pas encore divorcé, je ne suis pas encore séparé mais… c’est très chaud. Vraiment chaud. Et je n’ai plus de club. C’est pas le moment que tout parte en vrille en fait.
Du coup, quelle est ta situation durant l’été 1998 ?
On avait fini le championnat très tôt en mai. Donc mai, juin, et juillet, pendant 2 mois et demi, je m’entraîne tout seul, avec un pote qui court le 1 500. Je fais 2 séances par jour, en muscu, abdos, tout ça le matin, et le soir je vais courir ou je fais des séances physiques avec lui. Sauf que le gars fait 3’40 au 1 500, c’est déjà un top niveau ! Ce qui fait que je choppe une caisse au niveau de la VMA, je progresse… Mais je n’ai pas de club. Juste une anecdote : les jours où j’ai bossé tout seul, au niveau athlétique et en muscu, y avait la Coupe du monde en France. J’ai dit à mon pote avec qui je courrais : « putain, la prochaine, je vais y être ». Bon, je n’y suis pas allé, mais je n’en étais pas si loin finalement. C’était mon objectif. Tous les jours, je faisais des séances de malade. Y a une séance où j’ai vomi. Je faisais des trucs qui, à la limite pour un gardien, ne servent à rien. C’était juste pour travailler le mental. Je me suis mis ça en tête.
Début juillet, Porato doit partir à Marseille, et Jean-Marie Aubry, normalement, doit signer à Monaco. Et donc Lille cherche un gardien ; j’apprends que le club suit 3 gardiens.
Il me semble qu’on a longtemps été sur Valencony.
C’est possible, mais c’est plutôt Boumnijel qui tenait la corde. Jean-Pierre Mottet le connaissait de Gueugnon. Tout le mois de juillet, c’est comme ça : je m’entraîne, mais je ne m’entraîne pas dans les buts. Je ne touche pas le ballon, ce n’est que de l’entraînement physique. Mon agent m’informe que pour Lille, c’est mort, mais qu’en Ligue 2, Valence et le Red Star s’intéressent à moi. Mais je n’y vais pas. J’avais 28 ans, ça me paraissait compliqué après d’aller voir plus haut. Puis un jour, il m’appelle à 13h : j’étais à Peymeinade, à côté de Grasse. Il me dit : « demain tu dois être à Lille pour y signer ». Donc j’ai pris la voiture, j’ai fait 1200 bornes dans la journée. Et le lendemain à 9h, 10h, j’étais dans le bureau de Pierre Dréossi. La première journée de championnat avait lieu 4 jours après !
« Vahid Halilhodzic a rééquilibré l’équipe »
Quand tu rencontres les dirigeants de Lille, on te présente quoi comme projet à l’époque ? La remontée immédiate on imagine ?
Le club reste meurtri de la saison d’avant, puisqu’à 3 journées de la fin, il est quasiment sûr de monter, puis on connaît la fin… Mais c’est un club qui a une histoire, et qui a une histoire en Ligue 1 ! Donc l’objectif clair est de remonter. Je n’ai pas fait la préparation, je ne connais pas le groupe. Je sais que le staff est fragilisé sur la saison d’avant. Personnellement, je suis hyper content d’avoir retrouvé un club. Mais j’ai aussi mon histoire personnelle, où dans ma vie privée, c’est compliqué. Et donc quand j’arrive à Lille, je joue mon premier match, et ce premier match se passe très mal. On prend ce deuxième but… le ballon rebondit sur mon épaule et je marque contre mon camp. Bon, moi je sais que c’est un mauvais rebond, après voilà, c’est tout, ça ne m’a pas meurtri. Y a juste un supporter qui est entré sur le terrain, mais il s’est fait attraper. Tu remarqueras que je n’ai plus jamais joué avec un maillot à manches coupées. C’était la seule fois. Bon en tout cas, c’est pas top.
Grégory lors de son premier match à Lille, contre Guingamp. Au premier poteau, David Coulibaly. Le début de saison est en effet très compliqué pour tout le monde. Thierry Froger est remercié au bout de 6 journées, après une nouvelle défaite à Beauvais (0-1).
Septembre 1998, c’est l’arrivée de Vahid Halilhodzic. Qu’est-ce qui s’est passé dans le groupe ? Est-ce que Thierry Froger était un problème… ?
Alors ça, c’est une question à laquelle je ne peux pas répondre. Moi je suis arrivé début août, je n’ai pas fait la préparation, je ne sais pas comment ça s’est passé, je fais 4 matches… Je n’ai pas eu le temps de le connaître, pas eu le temps de voir si y avait des soucis. Il devait forcément y avoir des choses qui ne fonctionnaient pas, car il n’y avait pas les résultats escomptés, ça c’est clair. Je pense qu’il y avait un traumatisme qui datait déjà de l’année d’avant.
Et le président Lecomte a fait une belle rencontre avec Vahid Halilhodzic. Je pense qu’il a été impressionné par ce que l’homme dégageait. Dès le match perdu à Beauvais, il y a ce remplacement. Je dirais qu’on avait un effectif mal ficelé. Si tu regardes bien comment est l’effectif, tu te rends compte qu’il y a beaucoup de défenseurs centraux par exemple, et que t’as moins de milieux. Rééquilibrer l’équipe, c’est la première chose que Vahid a faite la saison d’après, mais déjà dès l’hiver.
Il y a une bonne période dès l’automne. Et là arrive un événement assez rare : tu détournes deux fois le même pénalty.
Oui, contre Gueugnon ! Il y avait eu un changement de tireur. Le premier est sur ma droite, le second sur ma gauche. Après ce n’est qu’un pénalty. Ce n’est tout de même pas ce que je retiendrai de plus fort ! Mais ça reste un événement, c’est vrai.
Dans ce résumé de France 3, on ne voit que le 2e pénalty détourné. L’événement en direct sur Fréquence Nord :
Durant cette première saison, il y a un moment plus difficile pour toi : tu n’es plus titulaire à la fin de l’année civile, en novembre-décembre, c’est Bruno Clément qui prend ta place, après un match contre Ajaccio à domicile, qui globalement est raté par tout le monde. On mène 1-0 puis on perd 1-3. Et donc tu ne joues plus à partir de ce moment-là pendant 7 matches.
Même si je ne pense pas avoir fait une mauvaise année, les premiers mois sont durs. Mentalement c’est très compliqué pour moi. Parfois, je vais à l’entraînement et j’ai ma vie privée en tête. À un moment donné, avec Halilhodzic, on se retrouve dans son bureau pour discuter. Et il ne me fait plus jouer. C’est une décision qui a été prise logiquement. Ça m’a permis de me refaire la cerise. C’était compliqué pour moi, entre le fait de ne pas avoir eu de préparation et les soucis personnels… Ça me permet de travailler avec Jean-Pierre Mottet et de me remettre à niveau. Je fais quelques matches avec l’équipe réserve, je crois qu’on a fait un déplacement à Forbach, en bus… Jusqu’au jour où je me sépare pour de vrai. Et là c’est le soulagement ! Tout va mieux pour moi. Même si, pendant 2 ans, ça a été compliqué avec certains supporters, au moins je me sentais soulagé et libéré. On le voit après, même dans mon rayonnement et mes performances.
Et tu es de retour en janvier 1999, pour un match contre Beauvais…
Ça peut être l’histoire de ma carrière : il y a des moments où tu as un coup de pouce du destin. Quand on fait le stage de préparation hivernale, on va à Antibes : c’est la seule fois où Vahid a pris en main la prépa physique, quasiment de A à Z. Je dirais pas qu’il a fait n’importe quoi, mais on a commencé à 23, et on a fini, on était à peine 11 pour faire le dernier match amical (il rit) ! Y a pas mal de muscles qui ont pété, y compris chez Bruno Clément, qui se fait une grosse grosse déchirure. On avait fait des séances très intenses. Je ne suis pas sûr de la cohérence en fait. Avec la fatigue, à un moment il fallait faire autre chose. Je ne suis pas spécialiste, mais pour le coup il y a eu 12-13 blessés. Dont des blessures très importantes, pas des blessures de mecs qui glandent, qui n’en ont rien à foutre ou qui ne veulent pas s’entraîner ! Des déchirures, des trucs musculaires importants. Et donc Bruno Clément se blesse, et je rejoue.
Maintenant que tu dis ça… Je me rappelle le premier match en 1999, on joue contre Beauvais à domicile, et c’est un match où ont joué des jeunes, genre Noro, Giublesi, Cheyrou…
Ah ben oui, y avait une dizaine de blessés ! Si bien que j’aurais pu partir à Lyon, et ça ne s’est pas fait. Quand Luc Borelli s’est tué dans un accident de voiture, Lyon a cherché un gardien. J’ai eu Aulas au téléphone plusieurs fois, et je devais signer les deux ou trois mois qu’il restait de la saison, plus 2 ans. Et Lille refuse de me lâcher. C’était ça le paradoxe. Vahid me dit : « tu ne pars pas ».
Bien sûr, le climat lillois est différent de celui de Cannes. Mais de là à se blesser la tête à la moindre averse…
« A posteriori, la 4e place de 1999 est presque un mal pour un bien »
Alors on ne monte pas à la différence de buts, mais on est contents car la deuxième partie de saison a été très bonne, il y a des progrès dans le jeu, et on sent que cette équipe a des ressources.
On est déçus de ne pas y être arrivés. Il y a ce match contre Amiens. Je crois que c’est Adick qui me fait une passe en retrait, une passe pas terrible… Et le gars (Emmanuel Desgeorges) contre et va marquer. On m’a beaucoup reproché ce but-là. Le ballon arrivait face à moi. Ou alors il aurait fallu que je le prenne avec la main. Mais pour prendre un 12e carton rouge…
Ah ouais je suis loin quand même ! Je suis un peu loin au départ. Donc on ne monte pas, mais à la limite c’est presque un mal pour un bien : on peut dire ça a posteriori. Parce que je pense qu’on n’aurait pas été aussi prêts que l’année suivante.
On arrive à la saison 1999/2000. Là, on frôle la perfection, avec un effectif que Vahid a choisi, pour le coup.
Déjà, on restait sur une année, ou en tout cas 6 mois, où on finit bien. Abdelilah Fahmi, Fernando D’Amico, Johnny Ecker, Dagui Bakari devant, Ted Agasson et Didier Santini : toutes les arrivées ont été importantes. Des fois tu fais venir des joueurs, et t’en as toujours 3 sur 6 qui ne jouent pas, qui ne s’imposent pas. Et là, ils se sont tous imposé et ont apporté une plus-value à l’équipe. On débute le stage de préparation, on a tous la bave, et on a des réunions sur les objectifs qu’on se fixe : il y a des réunions où il y a tout le monde, des réunions où il y a que les anciens. Un jour, on est avec Djezon, il devait y avoir Pat’Collot, j’étais dedans, on était 5 ou 6. Vahid nous demande : « quel est votre objectif ? ». Et on a répondu sans se concerter : « on veut être premiers, on veut être champions » ; « Et vous allez faire quoi pour être champions ? » ; On dit qu’on va faire ça, ça, ça, ça. On a fait un stage de préparation de dingues. On a fait des séances athlétiques… Et tu vois déjà là qu’il va se passer quelque chose. J’ai toujours pensé que la préparation était un des moments les plus importants d’une saison. Car, tout de suite, tu vois celui qui va tricher, tu vois celui sur lequel tu vas pouvoir compter, tu vois celui qui va toujours tout donner, ça se voit dans les séances athlétiques, ou quand il faut faire un effort mental. Et là tu vois que personne ne triche. Mais pas 12 joueurs, tout le monde, tout l’effectif est concerné ! Là tu sais que ça va être une grosse saison. Et le début de saison parle de lui même : sur les 10 premiers matches, 9 victoires, un nul !
Juillet 1999, match amical à Roubaix contre Anderlecht.
Et sur un plan personnel, tu es bien mieux aussi.
Depuis quelques mois, je suis divorcé. C’était un poids pour moi. Même sur cette année là où on termine meilleure défense, je sais qu’en raison de certaines relations avec le public, je n’ai pas droit à l’erreur. Mais je sais aussi que mon ratio points gagnés/points perdus est positif. J’ai fait gagner des points à l’équipe. Mais on a tellement dominé qu’on a l’impression que tu mettais n’importe quel gardien et ça passait. C’est peut-être vrai, mais je ne le pense pas !
Finalement, le seul bémol de cette année-là, ce sont tes 2 expulsions, coup sur coup quasiment.
Contre Sochaux, c’est normal. L’arbitre était Alain Sars, un nancéien, que je connais très bien. Il ne m’avait jamais arbitré jusque là, normal, puisque j’ai joué pour Nancy longtemps, donc il ne pouvait pas. Et j’avais même essayé de simuler en disant que j’avais pris le ballon dans la tête, je me souviens (rires) ! Bon, et je lui ai dit « excuse-moi, c’est normal ». Mais le deuxième rouge contre Guingamp, en revanche, n’est pas mérité du tout. Fiorèse veut me dribbler, je lui prends le ballon, et je ne le touche pas en dehors de la surface. Je suis dans la surface, un peu emporté par mon élan. À la limite, tu peux siffler faute, mais pas mettre rouge. Fiorèse était déjà parti. De toute façon, l’arbitre le voit tout de suite parce que derrière il expulse le joueur qui se bagarre un peu avec D’Amico, alors qu’il n’y a rien !
On a vu Fernando en janvier qui nous a raconté l’épisode, ça nous a bien fait rigoler ! Tu as donné des consignes quand Christophe Landrin t’a remplacé ?
Non. Jean-Pierre Mottet était derrière le but et essayait de lui dire quoi faire. Je sais pas si t’as les images, mais il avait fait la dernière demi-heure derrière le but.
Landrin gagne d’ailleurs un 1 contre 1 (3’55 dans le résumé). Ça doit être perturbant finalement pour un attaquant d’avoir un joueur comme ça dans le but.
Sans doute, sans doute.
C’est un bel arrêt de gardien ça ?
Un peu chanceux… Un vrai gardien serait sorti davantage.
Deux gardiens de but du LOSC 1999/2000. Manque Eric Allibert.
« En 2000, je me suis préparé pour jouer »
Le LOSC retrouve la D1 à l’issue de cette superbe saison. Et à l’intersaison, le club recrute un gardien pour être numéro 1, a priori. Et tu deviens donc numéro 2. Comment tu apprends la nouvelle, et comment tu la prends ?
C’était très clair. J’étais en fin de contrat. Vahid me reçoit avant de partir en vacances. Il m’explique que le club va prendre un gardien. Je crois qu’à l’époque, ça discutait avec Sébastien Hamel, qui était au Havre. Je lui ai dit : « il n’y a pas de problème. Mais je jouerai ». Je prolonge alors mon contrat de 2 ans.
La préparation est correcte, les matches amicaux ça va… Toutefois, j’appréhende car je pars comme numéro 2, alors que j’ai toujours joué numéro 1 dans mes club précédents. Mais lors du premier match contre Monaco, sur le banc, dans la préparation du match, je vois que sans jouer, je peux quand même apporter quelque chose. Donc même si je sais qu’à partir du moment où je ne joue pas la première journée, ce sera très compliqué de retrouver la cage, j’aurai un rôle à jouer. Mais je me suis préparé pour jouer, ce qui fait que quand Richert se blesse deux jours après la 1e journée, je suis prêt. Et donc on gagne 4-0 à Strasbourg ; on gagne contre Rennes le match d’après. Et je me fais expulser ensuite à Sedan ! Et alors là pour le coup, il n’y a rien ! Même à la commission de discipline, on m’a dit qu’il n’y avait rien, mais je suis quand même suspendu. Et en plus on prend le but sur le coup-franc derrière. Plus tard, on joue contre Troyes. Et là, on prend un but de ma faute. Le deuxième. Je suis en train de reculer quand Goussé frappe, alors que c’est une frappe anodine. Mais je suis sur des appuis arrières, et on perd 2-1. Et après, c’est le match de Saint-Etienne.
On avait mis l’accent là-dessus dans l’article qu’on a écrit sur toi : ce match qui est un tournant dans ta carrière, suite à un article de la Voix du Nord très dur pour toi, qui mettait en cause tes prestations, ta légitimité. Il se passe quoi dans ta tête quand tu lis ça le dimanche matin ?
J’ai commencé à lire l’article, et je ne suis pas allé au bout. J’ai discuté avec Jean-Pierre Mottet. Je lui ai demandé qu’on me laisse tranquille toute la journée. Franchement, je crois que je n’ai parlé à personne de la journée, sauf avec Jean-Pierre Mottet. Lui savait pourquoi j’ai réagi comme ça, et je lui ai dit : « écoute, laisse tomber, je ne vais plus rien dire, laisse-moi me préparer ». J’étais assez remonté. Lors de la causerie, je me rappelle que Vahid n’a pas compris mon attitude. Il m’a dit que j’étais faible, quelque chose comme ça… Mais je n’ai rien dit.
Je n’ai jamais fait l’unanimité au cours de ma carrière, et j’ai toujours su quand j’étais bon ou pas bon. Ce n’est pas un problème d’être critiqué, et j’ai parfois trouvé que c’était juste. Mais là je trouvais l’article orienté et vraiment injuste. On fait parler des supporters qui me trouvent mauvais… Oui, et moi je peux te trouver 3 amis qui vont dire que je suis le meilleur gardien du monde, et ça n’a pas plus de valeur ! J’aurais aimé, au moins, qu’on me donne la parole. Derrière ça, le match passe sur Canal, on fait 1-1, un super résultat. Et là les gens ont retourné leur truc. Derrière, il y a le derby, et on gagne le derby.
Et tu es encore décisif dans le derby car à 0-1, tu gagnes un duel contre Sibierski, et à 0-2, l’histoire aurait sans doute été différente.
Exactement. Et puis c’est un duel où il part de 50 mètres, donc on a tous eu le temps de le voir arriver. Et donc ça démarre là un peu. C’est un vrai tournant. Les gens ont compris, enfin certaines personnes ne changent jamais d’avis, mais certaines personnes qui sont juste à écouter ce qui se dit ont vu : « ah oui quand même… il a fait un bon match, c’est peut-être un bon gardien ».
À ce moment-là, tu penses que c’est juste un changement dans la vision qu’ont les supporters ?
J’en sais rien en fait. Je le dis maintenant parce que ça fait plus de 15 ans… Ne pas prendre de but, que l’équipe obtienne des résultats… ça donne de la confiance. Je jouais pour moi, pour mes coéquipiers. Si les gens sont contents, c’est bien, s’ils sont pas contents, qu’est-ce que tu veux que je fasse ?
« Je ne suis pas sûr qu’on ait pensé un jour être champions, mais… »
En début de saison, tout le monde disait que le LOSC jouait le maintien. Est-ce que dans le groupe vous disiez autre chose ?
Ah non, on était totalement sur le maintien. Même si on avait fait une top saison en D2, on savait le fossé qu’il y avait avec la D1. Même si le club avait recruté intelligemment ! Il n’y avait pas beaucoup de moyens. On n’avait pas de gros salaires, mais il y avait un moyen de motiver les joueurs : il y avait de belles primes de classement pour les joueurs. On a fini 3e, donc ça a coûté cher (rires) !
On a ici une coupure de presse, après un match à Lyon, où tu arrêtes un pénalty d’ailleurs. Tu es en Une de la Voix des sports également. C’est un peu après Saint-Etienne, il y a un article sur toi, très élogieux. Et on voit qu’il est vraiment devenu commun de dire que tu es désormais décisif.
Ah, y a Marco Cuvelier sur la photo ! J’avais une blessure au coude avant ce match-là. Une sorte d’entorse. Sur un arrêt, mon bras était parti et j’avais un problème de ligament. Dès que je recevais un ballon ici, j’avais une putain de décharge. Dès que j’allais chercher un ballon loin, ça faisait très mal. Je devais me faire infiltrer avant le match, et le doc n’est pas là. Il est dans les salons du stade, je crois que c’était le Beaujolais nouveau… Et avec Marco Cuvelier, dans le vestiaire, je devenais fou : « c’est pas possible, on avait prévu, merde, fait chier ! ». Il me dit : « ne bouge pas, je vais te faire un strap ». Il me fait un strap, et mon bras ne bouge plus. Je vais à l’échauffement : il avait tellement serré le strap que ma main était bleue ! Donc j’enlève mon maillot et je retire le strap, au cours de l’échauffement. Et tout le monde, dans le stade, voit que j’ai un problème au bras gauche. Et avant le pénalty, je regarde Anderson, et je fais genre (il grimace pour montrer qu’il a mal au bras gauche). Et il tire sur ma gauche, je plonge à gauche, et je l’arrête !
La maladie de Christophe Pignol, ça a eu quelles conséquences sur le groupe ?
On était au Maroc quand on a appris pour sa leucémie. C’était un moment douloureux. Je me souviens de la première visite à l’hôpital… C’était compliqué. Il a démontré des qualités mentales. Il s’accrochait à la vie. Du côté du groupe, on s’est davantage ressoudés, resserrés derrière cet événement-là. C’était un moment triste, mais on voulait tellement faire pour lui, lui montrer qu’on pouvait lui donner quelque chose, car c’était lui qui se battait contre la maladie. Il y a eu des images à la fin du match contre Parme, on a brandi son maillot… Il y a toujours eu des moments comme ça pour lui rappeler qu’on était avec lui dans son combat, qu’il a gagné.
Est-ce que tu crois que le titre de champion était possible cette année-là ?
Au fur et à mesure que le championnat avance, on se dit qu’on peut faire quelque chose. Je ne suis pas sûr qu’on ait pensé un jour être champions, mais je pense qu’on aurait pu être champions. Je sais qu’à un moment, on est premiers, et on est surpris d’être premiers. On est au taquet, et on a un max de réussite, quand même ! Quand on joue contre Nantes, en février, on est encore devant. On fait 1-1 mais il y a cette action de Sterjovski, le poteau à la dernière minute… S’il marque, on a 4 points d’avance sur eux. Et peut-être autre chose après. Contre Bordeaux, on mène 2-1, puis on fait une erreur sur l’égalisation. Après, on a fait beaucoup de nuls : contre Bordeaux, à Auxerre, au Parc… On n’était pas loin, mais on a quand même quelques points de retard. Nantes en fait gagne tout jusqu’à la fin. Mais si on les avait battus, est-ce que les Nantais auraient fait la même fin de saison..? On n’a pas fait une saison parfaite non plus. En tout cas, sur le coup, je n’y ai jamais pensé. Déjà, finir 3e, je trouvais ça incroyable ! C’était la folie quoi ! Seul Monaco avait fait mieux en étant champion juste après être monté (en 1978), mais c’était un autre temps, avec d’autres moyens, ils avaient des moyens énormes quand ils sont remontés. Je vois qu’on a fini 3e, qu’on s’est qualifiés pour le tour préliminaire, et je n’ai pas de regret par rapport à la 3e place.
« Vahid Halilhodzic nous a menés plus haut
que ce qu’on pouvait imaginer »
On voudrait te montrer une vidéo : ta réaction après la qualification contre Parme. Ce qui a toujours été appréciable avec toi, et parfois étonnant, c’est ton calme, ta modération. Là, on vient d’éliminer Parme, tu es super calme, tu t’en veux presque d’avoir pris un but sur lequel tu ne peux pas grand chose (à 20’15 sur la vidéo ci-dessous).
Oui, c’est des trucs qu’on partage un peu entre nous… Il y a une réaction pour le public, et des choses qu’on partage avec les coéquipiers. Après, je n’ai jamais été très expansif, que ce soit dans un sens ou dans l’autre. Si tu reprends ma réaction après le match contre Saint-Etienne, là j’étais remonté ! Mais pour revenir sur ce match, c’est le match où j’ai eu le plus de pression de toute ma carrière. La tension était énorme. Je ne sais pas combien de matches j’ai joués avec Vahid… Je pense que c’est un des meilleurs coaches dans l’approche des matches. Il avait toujours le bon angle dans ses causeries, même si ses causeries étaient trop longues, vraiment trop longues… Sur ses approches, il était toujours très bien. Mais ce match-là, il l’a loupé. Nous, déjà, on avait la pression. Le matin du match, on a vu des vidéos : un montage sur ce qui avait été, et un montage sur ce qui n’avait pas été. Sur ce qui a été, ça a duré 3 minutes, sur ce qui n’a pas été, ça a duré 20 minutes. Et sur les 3 minutes qui allaient, il trouvait à redire et finalement ce n’était pas bien ! Donc on se rend compte après cette causerie-là – parce qu’il en a fait plein des causeries avant le retour – qu’on a eu un gros coup de cul. Et comment on va faire maintenant..? C’est la seule fois à Lille, avec tous les joueurs, lors de la collation du midi, où il n’y a pas un mot à table. Mais pas un mot. On est tous blancs. Tu regardes la 1e mi-temps : même une passe de 10 mètres, je n’arrive pas à la faire. Je n’ai jamais eu davantage peur de toute ma carrière. Et je me suis promis de ne plus jamais avoir peur. À la mi-temps, il s’est passé des trucs dans le vestiaire. En deuxième mi-temps, on est revenus avec d’autres intentions. Bon, on n’a rien fait de miraculeux, mais on a juste pas pris de 2e but. C’est là où Biétry fait un commentaire sur un ballon aérien que je vais chercher. Il dit : « ah c’est bien, ça va le mettre dedans ». Parce qu’à la 75e, je ne suis pas encore dans le match. Et ce ballon-là a fait du bien, et derrière tous les ballons venaient vers moi : je n’avais pas besoin de plonger. Je les attirais tous.
Plus globalement, quel souvenir t’a laissé Vahid Halilhodzic ?
Au-delà de ses capacités pour faire jouer une équipe, pour avoir un projet de jeu, il était très impressionnant sur l’aspect mental. Sa force, c’est qu’il a réussi à nous mener plus haut que ce qu’on pouvait imaginer. Si, quand il arrive en septembre 1998, tu dis à Pascal Cygan par exemple : « tu vas jouer à Arsenal, tu vas pas être loin d’être international », peut-être qu’il aurait dit « ben ouais, t’es gentil… ». Si tu dis à Bruno Cheyrou : « tu vas être vendu 50 MF à Liverpool », peut-être qu’il va rigoler aussi à ce moment-là. S’il nous dit qu’on jouera la Ligue des champions dans peu de temps, on va rire ! Sa force est d’être parvenu à nous faire croire en nous, à faire en sorte qu’on donne plus que ce qu’on croyait pouvoir donner.
La saison 2001-2002 commence donc très bien.
C’est la confirmation, parce qu’on n’a pas un gros effectif, et on joue quand même beaucoup de matches. Mine de rien, j’ai l’impression de jouer tout le temps. On était tout le temps en train de préparer un match. Avec la Ligue des champions, c’était un rythme incroyable. On préparait notre premier match le 11 septembre, et finalement on ne joue pas le 12 en raison des attentats : ça a serré le calendrier. Mais la force de Vahid, c’est qu’il avait tout anticipé : il savait quelle équipe il allait aligner 3 matches plus tard. De temps en temps, un blessé pouvait contrarier ses plans, mais quand tu vois ce qu’on fait à Troyes par exemple, t’as vu l’équipe qu’on avait ?
Le 15 septembre 2001, le LOSC se rend à Troyes avec une équipe-bis dans le but de préserver ses cadres avant d’entamer sa première campagne de Ligue des Champions à Manchester 3 jours plus tard. Sont laissés au repos : Cygan, Pichot, D’Amico, Br. Cheyrou, Boutoille et Bakari. Be. Cheyrou, Delpierre, Rafael (2e match en D1), Michalowski (1er match en D1), Murati, sont titulaires. Au terme d’un invraisemblable concours de circonstances (4 poteaux et un pénalty arrêté par Greg), les Lillois s’imposent 1-0. On en a même fait un article. Et pour le son de l’arrêt sur pénalty avec Fréquence Nord, c’est ici :
Même si le LOSC a eu un maximum de réussite à Troyes, qu’est-ce qu’une telle victoire dit du fonctionnement du groupe ?
C’est toujours compliqué quand t’as un effectif de 20-22 : il y en a toujours 4 ou 5 qui ne vont jamais jouer. Mais t’as besoin d’eux, t’as besoin qu’ils soient à 100% aux entraînements. Tu auras besoin d’eux, peut-être une fois dans l’année, mais il faut qu’ils soient présents. Pour la vie de groupe, j’ai toujours pensé que c’était mieux. C’est pas toujours facile à faire intégrer à tout le monde, surtout maintenant. Mais on avait une force : on concernait tout le groupe. Sur les primes, sur tout. Le mec, même s’il ne jouait qu’un match, tu savais qu’il allait le jouer à fond. Ça c’était une force du groupe, et aussi des dirigeants qui avaient approuvé cette demande des cadres quand on a négocié les primes. C’était une vraie force, qu’on avait déjà fondée depuis le stage en Bretagne, à Saint-Cast, l’année où on monte, et aussi l’année d’après, on y était retournés. Ce sont des moments où tu forges quelque chose. Dès qu’un joueur arrivait dans le groupe, il était obligé de s’intégrer tout de suite. C’était des règles tout à fait simples, mais elles étaient justes. Alors il pouvait y avoir de très gros salaires, de moins gros salaires, mais arrivés sur le terrain, tout le monde était logé à la même enseigne. Et le coach, Vahid, a réussi à maintenir ça, durant les 4 ans quasiment qu’il est resté.
En 2002, tu restes, alors qu’une bonne partie de l’ossature de l’équipe s’en va. Quels souvenirs tu gardes de ces 2 années avec Claude Puel ?
C’est plus compliqué parce que tu perds tes meilleurs joueurs. Le recrutement n’est pas top… En fait je suis déçu de ne pas avoir connu Claude Puel après. Il a été mis en difficulté car on avait des résultats moyens, mais tu sentais qu’il était en train de faire grandir le club. C’est un aboyeur, c’est quelqu’un qui vit ses matches, mais il y a eu des moments difficiles, des moments de doute même je pense, au niveau des dirigeants. Il y a des trucs que je ne dévoilerai pas, mais en tant que capitaine, on a eu des discussions, et à un moment donné c’était compliqué pour lui. J’ai toujours pensé que c’était un top manager. Même si après je suis parti car il ne voulait plus de moi. Mais même ça, je ne l’ai pas trouvé injuste, car durant ces deux années, j’étais peut-être un peu moins performant. L’équipe qu’on avait n’était pas la même, et c’était un peu plus compliqué.
« Lille, c’est ma famille. Mais je voulais jouer au foot »
Du coup en 2004 tu étais en fin de contrat ?
Non, il me restait un an. Je pouvais prolonger de 2 ans, en baissant mon salaire, et en ne jouant plus. Sylva arrivait, y avait Greg Malicki… Et moi j’avais des clubs. Je suis parti à ce moment là, parce que j’avais envie de jouer. Ça m’a mis en difficulté de quitter Lille, parce que je m’y sentais bien, c’était ma famille. Mais je voulais jouer au foot. Je ne voulais pas qu’on me prive de ça. J’aurais pu aussi rester et essayer de gagner ma place, mais ça aurait été dur. Et j’ai encore joué quelques années après.
D’abord à Metz, puis à Grenoble.
J’ai connu 2 groupes compliqués dans ma carrière : celui-là, et celui de Cannes. J’ai même failli arrêter… Ça m’avait dégoûté, car je ne voyais pas le foot comme ça. En tout cas le foot pro. À Metz, la 2e année, c’était dur. Et je rebondis à Grenoble avec Michel Rablat, qui a travaillé pour Lille. La première année, on doit finir 5e en D2, ce qui est le meilleur classement du club à l’époque. Et la 2e année, on a 12 points de retard sur Troyes à 10 journées de la fin, mais on arrive à monter, avec 6 points d’avance sur le 4e. On intègre le nouveau stade, on ne prend pas un but sur les dernières journées : ça fait partie des remontada !
Tu retrouves la Ligue 1 à Grenoble avec un groupe qui est très expérimenté.
Ah oui, oui. La montée déjà, y en avait quelques-uns : Walid Regragui, Maxence Flachez, Nassim Akrour… Puis, quand on monte, Laurent Battles, Daniel Moreira, David Jemmali, Ronan Le Crom, et moi. Donc des joueurs à 32, 33, 34… Moi j’avais 37 je crois.
Et vous faites une super saison pour un promu.
Oui, on a même été en tête. À la fin c’était plus compliqué, mais on a été dans les 10 premiers assez longtemps. On n’a pas souffert pour le maintien, on l’a acquis très vite. On a fait quelques exploits en gagnant au Parc, à Saint-Etienne. Même à domicile, on a fait de gros matches. On a fait des matches dégueulasses aussi ! Au Parc, on gagne avec un but d’Akrour de 25 mètres ! Landreau se fait lober, comme ça lui est arrivé quelques fois !
Justement, sache que tu as recueilli le plus de voix parmi nos lecteurs lorsqu’on a lancé il y a quelques mois l’élection du « onze de coeur ». Mais comment on parvient à comparer des performances de gardien de but ? C’est quoi un bon gardien ?
Je sais qu’il y a eu une époque, les gardiens comme Revault, quand il était au Havre, tout le monde disait qu’il était trop fort, il touchait des dizaines de ballons par match… Y a des gardiens qui font beaucoup d’arrêts. Mais des fois dans des équipes un peu faibles en fait. Un gardien peut faire de beaux arrêts mais prendre plein de buts aussi. J’ai toujours préféré jouer dans des équipes où moins j’en avais à faire, mieux c’était. Ça veut dire que l’équipe était attentive et concentrée.
Du coup, comment on peut déterminer la qualité d’un gardien ? C’est celui qui prend le moins de buts ? C’est celui qui fait le plus d’arrêts ?
Les meilleurs sont ceux qui font bien le peu qu’ils ont à faire. S’il faut faire 2 arrêts, il les fait. Si il doit en faire 6, il va les faire. À l’arrivée, les meilleurs sont ceux qui prennent le moins de buts. Ce n’est pas toujours la meilleure défense, mais en général les meilleurs sont ceux qui prennent le moins de buts. Parce qu’ils sont dans les meilleures équipes. Parfois, tu as des attaquants en D2, ils mettent 20 buts. Et quand ils jouent en D1, ils mettent pas un but. Ben voilà, c’est des attaquants de D2. Qui sont très bons en D2 mais qui n’ont pas le niveau D1. Et on a parfois des gardiens qui flambent, qui font plein d’arrêts dans des équipes de bas de tableau, puis quand tu les mets dans une équipe de haut de tableau, ils ne supportent pas la pression, ils n’ont pas un degré suffisant de concentration… Si tu joues beaucoup de ballons, forcément tu es sollicité, donc tu es tout le temps concentré. Mais quand tu le touches pas… C’est plus dur de jouer dans une forte équipe ! Normal, ce sont les meilleurs qui jouent dans ces équipes là. C’est pas un hasard.
On avait fait un article il y a quelques temps, où on se demandait qui était le meilleur gardien du LOSC…
Et tu disais que c’était Christophe Landrin !
Ben oui, si le meilleur, c’est celui qui ne prend pas de but, le meilleur c’est Landrin ! Non mais comment on compare un mec comme Enyeama, ou Landreau, avec toi ?
Landreau a fait un doublé, donc c’est lui qui a eu les meilleurs résultats. Mais il a fait un doublé avec des Hazard, Cabaye et Debuchy… C’est ça le truc. Après, c’est un gardien qui a fait plus de 600 matches, qui a montré tellement de choses ! Enyeama a fait des trucs incroyables aussi, des arrêts fabuleux. Je pense qu’athlétiquement, Enyeama est meilleur. Landreau est en-dessous sur les qualités physiques et athlétiques. Il jouait très avancé. Il a sauvé plus de buts qu’il n’en a pris, mais c’est vrai que quand tu vois des buts comme il a pris contre Grenoble, tu te dis : « mais merde, il fait quoi ? ». Pour quelques buts encaissés où il était avancé, il en a sorti beaucoup. Mais il avait une lecture du jeu, une anticipation, une confiance en lui, un rayonnement, un jeu au pied aussi qui font qu’il était incroyable. Il a fait une grande carrière. Mais tu peux pas comparer… C’est pour ça que tout ce qui est « équipe du cinquantenaire », « équipe du siècle », bof… C’est très aléatoire.
Je prends le ballon d’une main, je salue le public de l’autre : du grand art.
Revenons à ta carrière : tu es proche d’un retour au LOSC à un moment.
Quand je suis à Grenoble et qu’on se maintient la première année (2009), ma fille était scolarisée à Lille, ma femme travaillait par ici aussi. Je rentrais tous les week-end, ou en avion, ou en train. J’étais tout seul à Grenoble : ma famille ne venait que pendant les vacances scolaires. C’était dur mais bon, c’était pour ma passion. Je sonde tous les clubs du Nord, parce qu’il faut que je rentre. Boulogne venait de monter en L1 ; début juillet, lors de la préparation, Landreau se fait les croisés. Et là, j’ai les dirigeants au téléphone, j’ai le président : « on a pensé à vous… ». Mais Garcia ne veut pas. Je lui ai laissé un message ou deux, il ne m’a pas rappelé. Il y avait Butelle, et finalement ils prennent Mouko. Mais j’ai vraiment pensé que j’allais revenir.
Pourquoi Garcia ne voulait pas de toi ?
Je ne sais pas. Il m’a appelé, mais bien après. J’aurais aimé discuter avec lui avant, pour montrer qui j’étais. Ça m’a un peu vexé. Enfin bon. J’avais un club en Ligue 2, j’avais un club en national : Evian, qui voulait me faire signer 2 ans, avec un super contrat, et 2 ans après ils sont en D1 d’ailleurs. Ils ont beaucoup insisté, ils m’ont appelé pendant les vacances, mais je dis que ce n’est pas possible. Du coup, je me suis inscrit à la formation de manager général de Limoges, avec l’appui de Xavier Thuilot. On devait être une cinquantaine à faire la demande, mais il n’y avait que 14 admis. Jusque fin juillet, je m’entretiens quand même, en me disant « on ne sait jamais… ». Après, je pars en vacances au Portugal en me disant que c’est fini. Et c’est dur. C’est assez violent en fait. Je rentre de vacances, je vois dans mon courrier que je suis pris à la formation : c’est top ! C’était le 12, 13 août, 14 août…
Et alors comment Valenciennes revient vers toi ?
Je pars en week-end avec mes beaux-parents sur la côte d’Opale. Un matin, mon beau-père me dit : « tu vas signer à Valenciennes… ? Penneteau s’est fait les croisés… ». Je lui dis : « non, c’est bon, Valenciennes, je me suis proposé, ils m’ont envoyé balader… ». Je prends le train pour rentrer à Lille : coup de fil de Henri Zambelli, qui était mon agent. Il me parle de Valenciennes. Je lui dis que je ne suis pas intéressé, qu’ils m’ont envoyé balader… Et je comprends là, je n’étais pas au courant, qu’il est devenu directeur sportif de Valenciennes ! Donc il me dit de venir quand même, de discuter. On prend rendez-vous. Et quand je rentre dans le centre d’entraînement, quand je rentre dans le vestiaire… j’y reviens, quoi. J’ai discuté avec lui pendant 2 heures, et j’ai signé à Valenciennes. C’est arrivé le 19 août, le jour de mon anniversaire. J’ai signé un an, dans un rôle de 2e gardien, pour accompagner, et ça a tellement bien fonctionné que j’ai resigné un an encore. Alors que l’entraîneur des gardiens avait un doute, il disait que j’étais vieux, mais il a vu que ça allait, et on est devenus très potes. Au bout de 2 ans (2011), j’ai arrêté, parce que j’allais avoir 40 ans. Et là pour le coup, ce n’était pas violent, car c’était de moi-même, j’étais allé au bout et je ne pouvais plus continuer. Quand j’étais sur le banc, je me disais « faut pas que je rentre », parce que si je rentrais, j’allais faire de la merde ! Je me sentais moins bien, j’étais moins performant, je trouvais que ça allait plus vite, à l’entraînement je prenais plus de buts… ça devenait compliqué.
Du coup, la reconversion avait été pensée avant 2009, avant même l’inscription à cette formation ?
En fait l’idée, c’était de travailler pour le LOSC, quand Xavier Thuilot y était encore. On avait pensé à quelque chose, mais il est parti. J’ai eu ce projet de formation après. Ce projet, c’était pour mon enrichissement personnel, car c’est une top formation. Tu sors de là avec un réseau. Tu entres dans un autre domaine. Mais tu peux aussi reprendre le coaching, car là tu n’es pas entraîneur, tu es manager. Tu manages de l’humain, tu es en relation avec ton président… ça avait l’air très intéressant. Et finalement, je ne l’ai pas faite. Je voulais la faire tout de même, mais le directeur de la formation m’a indiqué que c’était impossible de la suivre avec mon engagement à Valenciennes.
Du coup, depuis ta retraite sportive, tu es très actif !
Très actif ! Je viens d’obtenir mon BEF (brevet d’entraîneur de football). Et à la prochaine session, je m’inscris pour le diplôme d’entraîneur des gardiens pour la formation. Ce sont des sessions qui ont lieu tous les 2 ans, donc pour maintenant ce sera pour l’année prochaine. Ce diplôme va devenir obligatoire pour entraîner les gardiens. Mais pour l’obtenir, tu dois passer par le BEF. Parce que pour avoir le BEF, normalement il faut entraîner une équipe, et moi j’entraînais les gardiens cette année. Tu dois raconter une histoire, quoi. Il devrait y avoir une filière spécifique aux gardiens, mais pour l’instant elle n’existe pas. Mais prenant désormais en charge l’entraînement des gardiens en CFA, je vais mettre pas mal d’activités en stand-by, parce que je n’ai plus le temps. Jusque là, j’avais quand même des plages horaires pour venir ici (rappel, on est au Five). Mais là, avec le rythme qui est imposé… en tout cas qui a l’air d’être imposé..! J’ai fait les 10 jours de stage avec Bielsa. J’attends la nouvelle saison avec beaucoup d’excitation et de curiosité. Mais je reste dans le foot. Et je reste au LOSC, surtout !
Merci à Grégory Wimbée pour sa disponibilité.
FC Notes :
1 Au fait, les nouveaux abonnements sont en train d’arriver. Si vous ne l’avez pas encore reçu, ça ne saurait tarder !
2 À l’époque, la D3 est divisée en 6 groupes. Les 6 champions, promus, s’affrontent pour déterminer le champion de D3.
3 Le Championnat de D2 1992-1993 est le dernier avant la réorganisation des divisions amateures. La D2 devient entièrement professionnelle et passera en 1993-1994 de deux poules de 18 à une poule de 22. Les 8 derniers de chaque poule sont donc relégués en National 1. En résumé, cette année là sont montés : Martigues et Angers, champions de leur poule. Ainsi que Cannes, initialement 2e de la poule 1. Ce qui permettait au club de jouer des pré-barrages avec Nice (3e de la poule 1) ainsi qu’avec Rennes et Rouen (2e et 3e de la poule 2). En pré-barrage, Rennes bat Nice 1-0 et Cannes bat Rouen 2-1. En barrage, Cannes bat Rennes 1-0 et 3-0. Cannes gagne donc le droit de disputer un dernier barrage contre le 18e de D1 : Valenciennes. Et Cannes l’emporte 2-0, 1-1. Pas évident hein.
4 La liste des gardiens-buteurs en D1 française est dans notre article : http://droguebierecomplotlosc.unblog.fr/2016/12/10/29-novembre-1996-wimbee-scorbute-nadon/
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30 juin 2017
Permalien
piriou a dit:
SUPER ARTICLE PASSIONNANT .
RETROUVER GREGORY JOUEUR à une époque hélas qui s éloigne quand les joueurs donnaient tout , s attachaient à un club ,ne trichaient pas et gagnaient beaucoup moins d argent.
guingampais ,supporter of course d EN AVANT ,club méprisé par les journalistes et n existant pas pour eux ,j ai parfois souhaité que mr WINBEE vienne faire 2 ou 3 piges à GUINGAMP et peut étre que j aurais eu le plaisir de faire du théatre avec lui au gré de ses moments libres car c est une activité qui lui plaisait.
saluez le de ma part ,un grand merci pour les questions pertinentes ,les réponses tout aussi franches et ces bonnes images pas encore…d archives !
bonne journée à tous.
0684190687