Posté le 11 juillet 2017 - par dbclosc
Gervais Martel en 1997 : « Il n’y a plus de place pour deux »
Comme nous l’avions indiqué sur twitter il y a quelques jours, nous avons récupéré une interview de Gervais Martel, le président du RC Lens, parue le 25 avril 1997 dans France Football, et titrée par le bi-hebdomadaire : « il n’y a plus de place pour deux ». Gervais Martel y défend l’existence un seul grand club dans le Nord-Pas-de-Calais, qui serait, bien entendu, le RCL. Le contexte sportif est assez morne pour les deux équipes, et plus encore pour le LOSC : le lendemain, le derby se joue à Bollaert entre des Lensois 15e et des Lillois 17e et premiers relégables. Une victoire lensoise sauve quasiment les Sang et Or ; une défaite lilloise condamne quasiment les Dogues à la deuxième division. Autant dire que le timing de l’interview est parfaitement pensé, et l’argumentation soigneusement préparée : ces paroles sont celles d’un président à l’époque sportivement dominateur, et la stratégie qu’il propose correspond à celle d’un chef d’entreprise en position de force. Bien sûr, cette interview peut prêter à sourire 20 ans après quand on connaît l’évolution des deux clubs, mais nous aimerions recueillir vos impressions (que vous soyez Lillois, Lensois, ou même autre chose) sur ces propos au-delà de leur forme peu élégante, soit sur les réseaux sociaux, soit directement sur cette page, et on tentera d’en faire une synthèse. Quelques pistes, non exhaustives : la fusion pouvait-elle se justifier ? Le LOSC devait-il débattre de la question ? Gervais Martel a-t-il vu juste sur certaines évolutions du football ? Comment expliquer l’inversion de la hiérarchie entre les deux clubs depuis, en gros, le retour du LOSC en D1..?
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8 commentaires
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12 juillet 2017
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Antoine a dit:
en me remémorant cette histoire de fusion, je suis allé gratter un peu, c’est bel et bien ce qui a précipité le départ de Paul Besson de la présidence du club. Avec le recul je pense qu’il a été une des pièces maitresses du grand complot contre le Losc par le passé, j’ai encore en mémoire les grandes promesses lors de l’intersaison pendant l’été 1992, « du grand spectacle, du grand LOSC promis » nous certifiaient les affiches en 4 par 3 pour la campagne d’abonnements 92-93 (avec à l’arrivée une 17ème place, 7 victoires et 26 buts inscrits, 1 point devant Valenciennes et son affaire -qui nous aura sauvé pour cette fois-).
voici un lien de « l’affaire fusion d’origine »
http://www.humanite.fr/node/50353
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8 septembre 2017
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dbclosc a dit:
Merci pour le lien sur l’article de l’Huma
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11 juillet 2017
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Antoine a dit:
si ma mémoire ne me joue pas de vilains tours, cette idée saugrenue avait été suggérée en 1992 par un certain et bien triste Paul Besson, le pire président que le LOSC (alors à l’agonie financièrement et sportivement) ait connu, viré, ou plutôt poussé à s’exfiltrer de Grimonprez-Jooris au terme d’un Lille-Bordeaux (0-2, 2ème but signé un jeune talent prometteur, le ptit Zinédine) où une partie du public et du Virage Est avait investi de force la tribune présidentielle, réclamant chaleureusement son départ; Sans doute pour lui une façon de quitter le navire en y lassant ses passagers. Martel n’était même pas à l’origine de cette « brillante trouvaille », seul fait à ma connaissance qui a mis un jour lillois et lensois d’accords (essaye et on met le feu), il l’a juste recyclée quand ça sentait le grisou des 2 cotés de la frontière…
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11 juillet 2017
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Xylophène a dit:
Je ne vais pas revenir sur les propos suintant l’arrogance de l’inénarrable Givrais et qui prêtent aujourd’hui à (sou)rire.
Mais plutôt, si vous le voulez bien, en ce qui concerne la justification de cette fusion, je pense qu’elle parait aujourd’hui hautement improbable.
Après, tout dépend sur quels critères on pourrait (ou aurait pu) justifier cette fusion.
- point de vue affluences au stade : ça se justifiait peut-être à l’époque mais aujourd’hui plus du tout. Les 2 clubs ont parmi les publics les plus nombreux et fidèles de France (entre 25 000 et 40 000 sur ces dernières saisons).
- point de vue démographique : entre la Métropole lilloise (1 200 000 hab) et le « territoire lensois » (Lens, Douai, Arras, Béthune soit pas loin de 900 000 hab), on dispose de 2 agglomérations assez grandes pour remplir les 2 stades même si le territoire lensois perd des habitants tous les ans (ce qui peut néanmoins aider à remplir les parcages lors des matchs à l’extérieur).
- point de vue économique : c’est surtout ça qui faisait chouiner Givrais à l’époque vu que les grosses boîtes du coin sont quasi toutes sur la Métropole lilloise et ça n’a fait que s’accentuer depuis 20 ans. Hé oui, pour remplir ses loges, Le LOSC est clairement favorisé. En outre, on voit que les clubs qui réussissent ces 10 dernières années sont tous basés dans de grandes métropoles économiquement dynamiques. Bye bye Auxerre et Lens.
- point de vue culturel : c’est le jour et la nuit, les 2 publics et territoires ne se ressemblent pas du tout et n’ont pas les mêmes valeurs et ça ne date pas d’aujourd’hui (autrefois c’était plutôt communiste côté lensois, plutôt catho de gauche côté lillois). Une image de bon gros ch’ti côté lensois, plus djeun dynamique côté lillois. Plus lepéniste côté lensois, plus macroniste côté lillois. Mais je n’ai jamais cru au côté club ouvrier vs club bourgeois. Tiens, d’ailleurs, ce serait un sujet d’article intéressant de revenir sur cette réputation (injustifiée ?) du « LOSC, club de bourgeois ».
Voili, voilà.
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12 juillet 2017
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dbclosc a dit:
Salut, et merci pour ces commentaires pertinents !
Concernant les clichés autour de la sociologie des clubs et de leurs publics, on y a déjà pensé, mais ce serait un énorme travail. Quoi qu’il en soit, on est aussi méfiants vis-à-vis de ces représentations sans doute hâtives à de nombreux égards. Je me rappelle avoir lu récemment (t évidemment, impossible de me rappeler la source), que quand le club de Lens a été créé, il était pour les familles bourgeoises des grandes familles liées à la mine. SOit dit en passant, donner le nom de son stade au directeur de la compagnie des mines, ce n’est sans doute pas l’hommage le plus marqué qu’on puisse faire aux mineurs. La création du RCL nait de la volonté de la bourgeoisie socialiste. Les prolos lensois, eux, faisaient de la gymnastique : c’était gratuit.
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12 juillet 2017
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Xylophène a dit:
C’est vrai que c’est un sujet vaste, compliqué mais néanmoins passionnant et que l’on peut aborder selon divers angles.
- Pour le point de vue sociologique, il y a déjà les travaux de Williams Nuyttens sur le sujet démontrant que les 2 publics se ressemblent.
- Il y a l’aspect historique avec le LOSC né de la fusion de 2 clubs : l’Olympique Lillois – à la base un club omnisport de notables puis repris en main par un industriel brassicole (pour mieux vendre sa bibine aux prolos ?) – et le SC Fivois un club paternaliste financé par des patrons pour divertir les ouvriers de Fives, Mons et Hellemmes.
- Il y a l’aspect biographique : le LOSC a été fondé par l’entente de 2 petits notables : Louis Henno (courtier en lin) et Henri Kretzschmar (des magasins de fourrures du même nom). On a affaire à 2 petits bourgeois mais on est loin d’un grand patron fortuné à la Félix Bollaert. En outre, les 2 avaient des passés de sportifs vu que Henno fut capitaine du SC Fivois et Kretzschmar fut sélectionneur de l’équipe de France de basket.
- l’approche Emmanuel Todd/Hervé Le Bras (attention, c’est du lourd) : une théorie à 2 balles qui m’est venue à l’esprit lorsque je suis tombé sur cette carte (http://www.slate.fr/sites/default/files/vote_cathos.jpg) dans un article sur Slate.fr (http://www.slate.fr/story/134558/francois-fillon-primaire-droite). Et si la différence entre Lensois et Lillois n’était pas sociale mais religieuse ? Entre le Bassin Minier autrefois communiste et déchristianisé et la région lilloise, un bastion du catholicisme social, il y a comme qui dirait une incompatibilité de valeurs malgré la proximité géographique. Les supporters lillois sont-ils des catholiques zombies ? (je vous avais pourtant bien dit que c’était du lourd)
- l’aspect théorie personnelle : moi ma théorie, c’est que le cliché « LOSC club bourgeois » remonte aux années 90. Alors que le RC Lens à la sauce Givrais inventait son mythe « meilleur public de France » basé sur un folklore minier fantasmé, le LOSC évoluait à Grimonprez-Jooris dans le…Vieux-Lille, un quartier qui s’est sérieusement embourgeoisé dans les années 80-90. Les journalistes parisiens en mal de clichés et qui venaient suivre les matchs de Lille et Lens ont vite pondu leur théorie malfaisante et grossière. Le plus cocasse étant que lorsque Grimonprez-Jooris fut construit dans les années 70, le Vieux-Lille était un quartier délabré habité par des prolos, des immigrés, des junkies, des péripatéticiennes, des punks, etc.
Purée, je suis en forme aujourd’hui.
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16 juillet 2017
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dbclosc a dit:
Purée, t’es bien documenté !
Je vais aller voir les travaux de William Nuyttens, me disant déjà que ça serait bien de faire un état des lieux des travaux universitaires qui traitent d’une manière ou d’une autre du LOSC
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11 juillet 2017
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blafafoire a dit:
Il n’explique pas en quoi la disparition d’un club pourrait profiter à celui qui reste. Ah si, une migration du public. lol.
Bref. Il s’agit, à mon avis, d’une belle opération de trolling juste avant un derby qu’il craint de perdre.