Archiver pour août 2017
Posté le 30 août 2017 - par dbclosc
Rue Pierre Mauroy à Lille : le LOSC trahi
On connaît la frilosité légendaire des collectivités territoriales de la métropole à l’égard du LOSC, qui ont par le passé bien souvent rechigné à investir dans le club ou à afficher explicitement leur soutien. Il y a quelques mois, nous soulignions l’infamie du changement de nom de certaines stations de métro du réseau Transpole : en effet, aucune de ces nouvelles appellations ne fait référence au LOSC, alors que les idées ne manquaient pas, ainsi que nous l’avons brillamment démontré. Nous sommes d’ailleurs toujours sans nouvelle de la part de l’exploitant du réseau de transports, en dépit de nos propositions et de notre main tendue. Dont acte. Ce ne sera pas la peine de nous appeler pour pousser le métro le jour où il sera en panne.
Depuis plusieurs semaines, c’est un scandale d’une ampleur similaire qui se dessine dans la ville de Lille. En juin, le jour du 4e anniversaire de la mort de Pierre Mauroy, la maire de Lille, Martine Aubry, annonçait que la rue de Paris serait rebaptisée « rue Pierre Mauroy » à partir de décembre.
Une décision qui n’est pas au goût de tous : les riverains, bien sûr, qui changent d’adresse sans déménager ; les opposants au conseil municipal, qui soulignent le caractère unilatéral de la décision, une critique qui émane même de quelques voix au sein de la majorité municipale ; quelques Lillois, qui considèrent que la mémoire de Pierre Mauroy est déjà suffisamment présente en ville ; et, bien entendu, les supporters du LOSC. Pourquoi ? Pour deux raisons principales : d’une part parce que l’ancien maire de Lille a déjà donné son nom au Grand Stade, et là aussi de façon forcée : or, on ne peut pas dire que « Gros Quinquin », comme on l’appelle affectueusement, se soit fait remarquer par sa passion du foot ou son soutien au LOSC, en dépit de la reprise en main partielle par la ville de Lille en 1980. Il a même plutôt considéré le LOSC des années 1980 et 1990 comme portant le risque de faire de l’ombre à sa carrière politique. Et d’autre part parce qu’il s’agit d’une nouvelle provocation de la part de la mairie de Lille : au moment où le club devient une vitrine et un argument de poids pour l’attrait de la ville, Madame la maire oublie de valoriser le LOSC. Elle en a pourtant le pouvoir, puisque la capacité à baptiser les rues est une compétence municipale : les amateurs d’odonymie le savent bien. C’est donc sciemment que Martine Aubry choisit de ne pas faire référence au LOSC pour cette future ex-rue de Paris. Et ce n’est pas parce qu’elle pense que le LOSC est rarement à la rue : c’est bel et bien parce qu’elle est partie prenante du complot contre le LOSC.
Ce n’est pas en disant « Allez Lille » qu’on peut avoir une bouche de cette forme là.
Quel cynisme !
Il est tout de même paradoxal que ce mauvais coup porté au LOSC vienne de la seule édile de la ville à porter le même nom qu’un ancien gardien de but du club. Il y a même fort à parier que Martine Aubry joue de cette confusion pour jouer les agents doubles.
Un autre choix était possible. D’autant que la ville de Lille possède déjà des noms de rue qui sont des références explicites au football : la rue Denis Papin, du nom du frère méconnu de Jean-Pierre Papin ; la rue des Débris-Saint-Etienne, référence explicite à un chant hostile aux Verts ; la rue Roland, en souvenir du copain de Jean-Mimi; sans oublier des hommages à d’anciennes gloires du football français : rue Guérin, rue Carnot ; un clin d’œil à notre ancien partenaire belge, avec la rue d’Ostende ; et même d’amicaux saluts à quelques-uns de nos concurrents : boulevard de Metz, boulevard de
Strasbourg, rue d’Amiens, rue de Lens.
Nous proposons dès lors de rebaptiser la rue de Paris Rue de la Bête noire, Lille ayant longtemps été la bête noire du PSG : en effet, si les Parisiens se sont imposés à Lille dès la première confrontation en 1972, il a fallu ensuite attendre 1993 pour que le PSG s’impose à nouveau à Lille et, pour la première fois, à Grimonprez-Jooris. Hors période quatarie, le PSG ne s’est imposé qu’une seule autre fois à Lille, en 1997, ce qui est une constante assez étonnante quand on connaît les performances des deux clubs dans les années 1980 et 1990 : on en a parlé ici et également ici.
Mars 1995, ce bon vieux Nouma est pris par Thierry Bonalair sous les yeux d’Assad. Et Lille 15e gagne 1-0 contre le PSG 2e sur un but de Friis-Hansen. Adieu le titre !
Profitons-en pour suggérer d’autres modifications, à la fois basées sur des ressemblances phonétiques ou quelques autres facéties.
Un petit travail des services municipaux permettra d’ajouter un « o » à la rue de Turenne afin qu’elle devienne Rue de Tourenne.
La rue des canonniers devient la Rue du Royal Excel Mouscron, un bel hommage à son stade.
La rue Jeanne d’Arc devient Rue Marvin Martin, parce que sa place dans l’effectif n’est pucelle qu’on croyait.
La rue des archives s’appelle Rue DBC, parce qu’on passe un peu de temps aux archives.
La rue des Bouchers devient Rue Tavlaridis, poète des temps modernes.
La rue de la barre se transforme en Rue Sterjovski, qui avait une fâcheuse tendance à trouver les poteaux.
Le square Foch se transforme en Square D’Amico, qui fauche tout ce qui passe.
La rue de la Chambre-des-Comptes devient Rue Michel Seydoux, qu’ess-t’as fait des sous ?; question récurrente de la présidence précédente.
La rue des Bons-enfants devient la Rue du domaine de Luchin, en référence à notre formation précoce des petits loscistes.
Et ces quelques mesures plus évidentes :
Rue Esquermoise > Rue Eckermoise.
Place Déliot > Place Déliot Tu Melo.
Rue d’Amiens > Rue de la dernière seconde.
Rue d’Angleterre > Rue Joe Cole.
Rue de Béthune > Rue Fauvergue, natif de Béthune.
Square Ruault > Square Ruault Mavuba.
Rue du rempart > Rue Vincent Enyeama.
Rue Arago > Rue Araujo.
Le n°6 de la rue de Gand > Cygan.
Avenue du peuple belge > Avenue Bruno-Desmet-Guillaume-Hazard-Mirallas-Origi-Van Der Heyden-Vandenbergh.
Rue du Mont de Piété > Rue Dumont de Piette.
Place Philippe Le Bon > Place Philippe Périlleux le bon.
Rue Jean sans Peur > Rue Jean sans beurre (de Baratte).
Rue des 3 couronnes > Rue des 3 titres de champion.
Ces propositions de bon sens devraient susciter un large consensus au sein de la population lilloise. Nous sommes à la disposition de la mairie pour discuter des modalités pratiques de leur mise en œuvre. Bien cordialement.
Posté le 24 août 2017 - par dbclosc
Rachel Saïdi : « Le LOSC forme aussi bien des joueuses de haut niveau que les femmes de demain »
En lecteurs attentifs que vous êtes, vous aurez remarqué qu’on parle beaucoup du LOSC sur ce site. Nous faisons même l’hypothèse audacieuse que c’est la principale raison pour laquelle nous sommes lus. Mais le LOSC, c’est aussi une section féminine, dont l’équipe première est montée en première division à l’issue de la saison dernière : on avait même rédigé les comptes-rendus des 2 matches contre La Roche-sur-Yon auxquels nous avons assisté, le premier ici, et le second à rejouer ici. Et si nous nous sommes contentés de ces résumés de matches, c’est précisément parce qu’on connaît moins l’équipe féminine : non professionnelle, moins « bling-bling », moins médiatisée, ces facteurs s’alimentant les uns les autres, c’est quasiment un autre monde. L’équipe est en outre toute récente puisqu’elle est issue d’une fusion d’avec Templemars-Vendeville, alors en D2, en 2015 : on a alors moins de souvenirs à raconter.
Il n’y a pas longtemps, on constatait, si l’on en croit les statistiques que Facebook met à disposition de ceux qui administrent des pages, qu’environ 95% de nos « fans » étaient des hommes. Alors certes, le football, qu’on le pratique ou qu’on supporte une équipe, reste probablement un secteur où les hommes sont largement sur-représentés. Certes1, la quasi-totalité de nos articles évoquent les équipes masculines : à ce titre, on contribue sans doute à amplifier la tendance « masculine » du foot. Mais tout de même, 95%, ça nous a un peu chiffonnés. Remarquez cependant que si nos articles sont rarement dans le feu de l’actualité (de même, notre page facebook et notre compte twitter ne servent ni à relayer la communication officielle du club ni la moindre rumeur de transfert), on s’efforce de retweeter l’actu de la section féminine, histoire de compenser (un peu) sa sous-exposition. Et on n’oublie pas l’anniversaire des joueuses, aussi !
Ce qui se passe au sein de la section féminine n’est donc pas moins intéressant : elle a ses spécificités, dues entre autres aux quelques raisons évoquées ci-dessus, mais est aussi partie intégrante du projet global du LOSC. Les joueuses ont repris l’entraînement fin juillet. Si vous suivez l’intersaison, vous savez que quelques joueuses ont rejoint l’effectif : sur son site, le LOSC fait un bel effort de présentation de ces nouvelles recrues et de la préparation des filles. Se sont jointes à l’effectif : Ouleymata Sarr, une attaquante du PSG ; Charlotte Saint-Sans Levacher, défenseuse d’Arras ; Aurore Paprzycki, milieu de VGA Saint-Maur ; Julie Pasquereau, milieu de l’ESOF ; Anne-Laure Davy, attaquante de Soyaux ; ainsi que Elisa Launay, gardienne de Bordeaux, Héloïse Mansuy, défenseuse du FC Metz et, surtout, Lewandowski. Bon, Camille Lewandowski, mais Lewandowski quand même, attaquante d’Hénin-Beaumont. La présentation de ces trois dernières joueuses est à retrouver ici.
C’est pourquoi, alors que la saison va reprendre le 3 septembre pour les Lilloises (contre Bordeaux), il nous a semblé opportun de parler des filles du LOSC afin de comprendre très concrètement comment la section féminine – y compris chez les plus jeunes donc – s’organisait. Et pour ce faire, nous avons sollicité Rachel Saïdi. Dunkerquoise d’origine, Rachel Saïdi a débuté le football à l’US Tétéghem, puis à Malo. Jusque là en mixité, c’est à Gravelines qu’elle rejoint une équipe féminine en 2003. 6 ans plus tard, elle rejoint la D1, avec l’équipe d’Hénin-Beaumont, puis rejoint Arras, pour une saison, en 2014-2015. Elle est donc arrivée au LOSC au moment de la fusion en 2015.
Mais Rachel Saïdi est également salariée du club, en tant que coordinatrice de la section féminine, des U7 aux U19. Elle nous semblait donc particulièrement bien placée pour nous parler des thèmes que nous voulions évoquer : pêle-mêle, le sentiment du groupe lors de la fin de saison dernière, la préparation de la nouvelle saison, son rôle de coordinatrice au LOSC, la place réservée aux filles dans le club, la manière dont le club s’y prend pour « repérer » de jeunes joueuses, ce qu’est être footballeuse aujourd’hui, les performances françaises à l’Euro et leurs conséquences, l’état du football féminin français en général, et les projets du LOSC à travers sa section féminine.
On va commencer avec la saison qui s’est achevée, avec la montée en D1. Comment, globalement, tu as vécu la saison ? Est-ce que c’était l’objectif ou est-ce que c’était « simplement » l’ambition ?
C’était plus une ambition, parce que l’objectif du club et du staff, c’était le podium. Ce n’était pas forcément l’accession directement. La section féminine au LOSC est très récente : on entre maintenant dans la troisième année d’existence. On a fusionné avec Templemars qui était déjà en D2, donc c’était plus facile aussi d’atteindre l’élite plus rapidement. J’ai connu la D1 avec Hénin et Arras et le fait de finir – comme je suis en fin de carrière – mes dernières années en D1, c’était l’objectif. Après on ne voulait pas se précipiter, mais on savait qu’on aurait les moyens qui nous permettraient de monter rapidement. On est toujours restées vigilantes et on a eu de la chance parce que les choses se sont bien goupillées : le recrutement a été bon, même si ce n’était pas forcément des joueuses qu’on connaissait sur le plan mondial. Finalement, la mayonnaise a pris très rapidement.
« La saison dernière, il y a eu beaucoup de frustration et de colère à l’égard des instances »
Cette fin de saison qui a quand même été particulière… On suppose qu’il y a quand même dû avoir une inquiétude quand le match contre La Roche-sur-Yon a été rejoué ?
Il y avait plutôt de la colère, de la frustration, parce qu’on pensait qu’on méritait vraiment cette montée, car on avait été presque régulières sur la saison, même si à l’extérieur on a été moins performantes qu’à domicile. Mais ce qui m’a le plus frustrée, c’est que ça a été remis en question par rapport à une joueuse qui n’a pas fait la totalité de la saison avec nous, qui a fait quelques matchs. Il y a eu beaucoup de colère en fait par rapport aux instances. Ce n’est pas la première fois qu’il y a des petits couacs comme ça, mais voilà, il fallait se remobiliser rapidement et dire qu’il restait 90 minutes ! À Arras, on aurait déjà pu éviter tous ces problèmes, mais on n’a pas su faire la différence lorsqu’on avait encore les cartes en main2, et c’est de notre faute.
C’était une saison qui était assez longue. On était toutes fatiguées mentalement. Et au final, on a eu surtout un public derrière nous… On a eu des parents de joueuses, notamment chez les U9, très présents ! On a fait des animations avant, etc, pour vraiment toucher du monde. Et l’engouement qui s’est créé, ça nous a vraiment touchées émotionnellement, et c’est pour ça qu’on a réussi à aller chercher la victoire !
Une des recrues, Julie Pasquereau, vient de La Roche : vous en avez parlé avec elle ?
On l’a vannée ! Quand elle est arrivée, on a commencé à la chambrer ! Mais Julie a une très bonne mentalité : aucun souci ! Elle a dit qu’on avait mérité cette montée-là.
« En D1, nous serons mises à rude épreuve dans l’impact athlétique »
Vous avez repris l’entraînement fin juillet, le championnat reprend début septembre. À quelle fréquence ont lieu vos séances d’entraînement, et comment s’organise la préparation ?
On a un entraînement quotidien : du lundi au vendredi, et parfois le samedi. Ça dépend si on joue à domicile ou à l’extérieur. 5 matchs amicaux sont prévus, le premier match amical s’est déroulé hier [dimanche 13 août, victoire 3-0 contre Rouen]. On enchaîne mercredi, dimanche prochain, mercredi prochain, re-dimanche prochain3. On a pas mal de matchs amicaux, y compris contre des garçons : c’est un choix de l’entraîneur parce que, dans l’impact athlétique notamment, on va être mises à rude épreuve et bousculées par rapport à la D2. Donc même les séances sont orientées sur l’aspect athlétique, en termes de force de duels. On beaucoup travaillé en salle de muscu. On y a accès tout le temps. Avec Hicham, le préparateur athlétique, on a un gros travail de renforcement haut et bas de corps. C’est différent de l’époque où on était en D2.
Le club a recruté à toutes les lignes, notamment une gardienne de but, Elisa Launay. Elle vient pour être n°1 ?
Oui, c’est dans les propos du coach. Il a été clair avec les deux gardiennes, parce que c’est vraiment un poste délicat. Donc il y a une n°1, Elisa Launay, et une n°2, Floriane Azem. Mais Floriane dispose des mêmes conditions de travail qu’Elisa. Elles ont des spécifiques, et parfois elles vont à Luchin pour faire des séances supplémentaires. Ce sont les mêmes conditions de travail, mais une hiérarchie a été établie.
Sans Gregory Wimbée, qui est parti avec la réserve masculine.
Oui. On a cette année Philippe Maréchal, qui a entraîné pendant très longtemps Hénin-Beaumont en D1, qui est aussi chez les garçons à Arras. Et en plus, le jeudi matin, les gardiennes sont avec Jean-Pierre Mottet, l’ancien entraîneur des gardiens des pros garçons, et Pierrick Mottet.
Elisa Launay, nouvelle n°1 dans les buts
On suppose que dans un premier temps, l’objectif sera le maintien, même s’il y a déjà quelques joueuses qui ont connu la première division. Il y a eu pas mal de recrues, principalement venues de France cette fois-ci, et pas de recrues venues de Belgique comme il y a pu avoir l’année dernière. Comment ça se passe le recrutement dans un club, dans une section féminine ? Parce qu’évidemment, les moyens sont pas du tout les mêmes… Est-ce qu’il y a des recruteurs qui sont présents à temps plein ?
Au LOSC, pour l’instant non. Il n’y a pas de recruteur à temps plein sur la section féminine uniquement. Par contre, depuis la saison passée, les recruteurs des équipes jeunes garçons ont pour mission de signaler aussi les filles qu’ils croisent sur les terrains d’U7 à U15. C’est une richesse qui nous permet d’avoir un répertoire des joueuses existantes dans le district et dans la région. S’agissant des séniores, c’est encore différent : on a maintenant les agents qui, eux, démarchent directement le club.
Ensuite, le staff peut s’appuyer sur des vidéos pour analyser certaines joueuses qui les sollicitent ou non. Dans les clubs comme Lyon et le PSG, il doit certainement y avoir des recruteurs chargés uniquement de la section féminine.
Et ces gros clubs comme Paris, Lyon ou Juvisy ont aussi des recruteurs ici en Flandre alors ? Le LOSC n’a pas le monopole sur la région en fait ?
Je sais que Lyon a déjà recruté une joueuse U16 de notre région à l’époque pour son groupe U19 nationaux. Après vous dire qu’il y a des référents chargés d’observer les compétitions des plus jeunes, ça je ne pourrais pas vous dire.
C’est comme Claire Lavogez, qui était à Gravelines, puis Hénin-Beaumont et qui part rapidement à Montpellier en ayant quasiment pas joué en équipe première.
Le top 4 de la D1 est déjà bien armé. Ensuite Claire a été certainement vue lors des matchs en D1 qu’elle a effectué à l’époque avec Hénin.
« D’un point de vue budgétaire, le LOSC est à mi- tableau »
Revenons plus précisément à la vie du LOSC : d’un point de vue budgétaire, où est-ce que le club se place aujourd’hui en première division ?
On a fait un peu l’état des lieux au niveau des budgets l’année passée. Le plus petit budget de la D1, c’est Rodez-Albi. C’est du 300 000, 350 000 € par saison. Mais il y en a qui ont des avantages en nature à côté, il y en a qui arrivent à avoir du travail, des emplois, des contrats via leurs partenaires. Après il y a Guingamp, la fourchette du milieu de tableau de D1, de la 6ème à la 8ème place on va dire, qui sont autour de 500-650 000€. Et après vous avez le top 4, Marseille en remontant jusqu’à Lyon, qui sont à des 1M€. On monte jusqu’à 8M€. On va dire que la différence sur le terrain se fait là aussi. Vous voyez, les chiffres sont différents, donc il n’y a pas de miracle ! Ces filles-là s’entraînent deux fois par jour, parce qu’elles ont l’opportunité de le faire. Nous, on est obligées d’aller travailler. On s’entraîne à 19h30 ici tous les soirs.
Et donc au niveau du LOSC, budgétairement, je suppose qu’on est quand même au-dessus de Rodez, mais on est quand même bien en-dessous du top 4…
Le club a choisi d’être dans le milieu de tableau, tout en ayant comme objectif d’accompagner les joueuses dans un double projet. Elles ont l’opportunité de choisir une formation proposée par le « LOSC Formation », dirigé par Sébastien Pampanay4. Ce choix de fonctionnement permet à l’ensemble des joueuses de pouvoir anticiper l’avenir et de se couvrir sur l’après-carrière.
Le LOSC Formation propose un BPJEPS [Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Education Populaire et du Sport], une formation en anglais, un DU [Diplôme universitaire] en management de clubs sportifs. Il y a une multitude de formations. L’année passée, Camille [Dolignon] et Charlotte [Sailly] se sont inscrites pour le BPJEPS, elles entament leur deuxième année. Caroline La Villa a fait le DU.
Encore quelques petits soucis de coordination pour Julie Pasquereau, qui entame une célébration de but avant même d’avoir marqué (Photo : Patrick Vielcanet)
« Les conditions de travail sont vraiment optimales »
Oui parce qu’il me semble qu’au centre de formation, pour la section masculine, il y a par exemple la possibilité de passer une licence en deux ans quand on est en réserve.
Tout à fait, c’est la même chose chez les filles.
D’accord, donc vous avez les mêmes conditions.
On est dans les mêmes classes et donc dans les mêmes conditions. On retrouve aussi bien des joueuses que des joueurs du centre de formation.
La section féminine profite un peu du développement du LOSC en général, avec tous ces changements récents, et en même temps peut-être que les filles restent un peu dans l’ombre des garçons. Comment on se positionne dans cet entre-deux ?
Ayant travaillé avec la Ligue et en ayant vécu des années en D1 avec différents clubs, je peux affirmer qu’on est quand même bien aidées ! Les conditions sont vraiment optimales : nous avons accès aux soins médicaux à Luchin et au Stadium, pour les plus grandes ; nous sommes écoutées lorsqu’on a des besoins pour filmer des matchs ; nous mutualisons les moyens sur les actions éducatives pour les équipes jeunes filles et garçons ; nous véhiculons toutes les jeunes joueuses U12 à U18 à partir de septembre pour l’entrée en section sportive…
Après, en termes de communication, je trouve qu’on communique assez bien sur l’équipe première, que ce soit sur les réseaux sociaux ou le site officiel. Frédéric Coudrais prend le temps de nous mettre en valeur.
L’accès aux soins, ça a toujours été le cas, ou c’est une nouveauté depuis le rachat en février ?
L’accès aux soins est quasi inexistant dans les clubs de la région. Ou alors on a une connaissance qui fait qu’on peut aller dans un cabinet, mais on paie de notre poche… Et depuis la fusion entre Templemars et le LOSC, on a eu l’opportunité d’aller aux soins à Luchin en tant que joueuses séniores. Chez les petites, on a un médecin et un kiné référents.
Dès la rentrée 2017 en septembre, on ouvre des sections sportives du collège (à Lavoisier) au lycée (à Jean-Perrin) à Lambersart. Là, on a un médecin et un kiné directement sur les infrastructures. Donc les jeunes filles sont vues le lundi par le médecin et trois fois par semaine par le kiné.
Et alors sur ton cas plus personnel, pour savoir ce qu’être être footballeuse aujourd’hui : tu n’es pas sportive professionnelle, et tu travailles à côté pour le LOSC. Quel est ton parcours professionnel ?
J’ai travaillé 4 ans pour la Ligue du Nord-Pas-de-Calais de foot, notamment pour le développement du football féminin, quand je jouais à Hénin-Beaumont. À la fin de ma dernière année, le LOSC m’a proposé un projet sur 3 ans très intéressant pour un poste de coordinatrice U7F aux U19F nationaux.
Parallèlement, j’ai obtenu mes diplômes d’entraîneur jusqu’au DES [Diplôme d’Etat Supérieur], qui me permet d’entraîner une D1 féminine.
Dans ce métier, on est tout le temps dans le court terme : les contrats d’entraîneurs sont quasiment toujours des contrats à court terme ! C’est un choix de vie. Pour le moment je me concentre sur le travail à effectuer au LOSC, j’essaie d’évoluer dans les missions qu’on m’a données. On verra où ça me mènera.
Ouleymata Sarr, buteuse pour sa première apparition mercredi 23 août contre les U16 de Wasquehal
« Des U7 aux U19, il y a un suivi sportif et un accompagnement socio-éducatif »
En quoi consiste concrètement ce travail de coordinatrice des U7 aux U19 ?
J’ai pour rôle principal de coordonner le bon fonctionnement, la bonne organisation de toutes les équipes jeunes féminines. Je travaille en lien avec les éducateurs sur les contenus, sur la méthodologie. Notre priorité est d’accompagner les joueuses dans leur triple projet : scolaire, éducatif, et sportif ; et aussi de trouver les outils qui vont nous permettre de former à la fois nos femmes de demain mais aussi nos joueuses de haut niveau.
Il y a un label de l’Ecole de Foot Féminin (l’EFF), je suppose que le LOSC répond aux critères ?Est-ce que c’est un label adapté ou est-ce qu’il y a encore des failles au final ? Pour répondre à tous les critères, il y a des choses qui peuvent paraître incohérentes ?
Oui, on est label « Or ». Il y a différents critères, dont l’exigence d’avoir 20 licenciées d’U6 à U11. Donc on peut avoir 2 U6, 3 U9, 15 U11, peu importe, mais il faut en avoir 20. Dans certains clubs, il y a des filles de tous âges, et au final pour constituer un groupe d’entraînement c’est compliqué. Nous, club professionnel, on rencontre moins de difficulté mais ce n’est pas toujours facile de créer un contenu de séance lorsqu’on est club amateur et qu’on dispose de 3 U7 + 6 U9 + 3 U11 : en termes de morphologie, ou au niveau des envies des petites, ce n’est pas la même chose !
Ce qui pose ensuite problème c’est qu’on est obligé de retirer des filles de la mixité pour prétendre rentrer dans les chiffres demandés par la FFF.
Il y a encore quelques axes d’amélioration. Je pense qu’on ne devrait pas obliger mais plutôt valoriser certains points du Label.
Tu as demandé à intégrer les filles dans des championnats avec des garçons. Ça c’est possible jusqu’en.. ?
U15 ! Après, en U16, la joueuse passe en championnat U19 nationaux. Comme on n’est pas encore assez de licenciées, la fédé n’a pas créé de championnat intermédiaire entre U15 et U19. On n’a pas de championnat U17. Donc une U16 est obligée de jouer avec les U17, U18 et U19. Donc il y a quatre années d’âge, parfois c’est assez compliqué. La passerelle est dure. Soit t’es prête à jouer en U19 nationaux, soit t’es pas prête… On apporte des projets de réorientation pour les joueuses qui ne sont pas encore assez armées pour ce championnat.
Et du coup, ce projet de reconversion, est-ce que c’est le but du partenariat avec le VAFF [Villeneuve d’Ascq Football Féminin] ? Qui permettrait éventuellement de donner du temps de jeu à certaines joueuses qui n’auraient pas de temps de jeu au LOSC ?
Oui pour l’instant, on n’a en effet qu’un club partenaire féminin qui est le VAFF. On réfléchit à s’ouvrir à d’autres clubs afin de permettre aux joueuses qui sont dans « l’entre-deux » de pouvoir s’aguerrir ailleurs tout en étant toujours suivies et observées.
OK ! Et donc toi pour piloter, je suppose que t’as passé plusieurs formations. Tu parlais tout à l’heure du DES. Je suppose qu’il y a aussi quelque chose pour piloter des projets hors terrain, il me semble que c’est le CFF4 [Certificat Fédéral de Football 4] ? Donc tu l’as passé ? Est-ce que là aussi c’est le club qui finance les formations, ou c’est toi de ton côté ?
On a Caroline La Villa qui intervient sur le « programme éducatif fédéral ». On réfléchit ensemble sur les actions, et Caroline les présente à David Ménard, qui est responsable de la vie Sportive des garçons du LOSC, et qui gère tout l’accompagnement des joueurs du centre de formation on mutualise donc les moyens avec les garçons, avec le soutien financier du club.
On a vraiment des champs multiples d’intervention : on a travaillé avec les Restos du cœur et les Bouchons d’amour , on sensibilise les joueuses sur la nutrition, l’hygiène de vie, les réseaux sociaux… On a carte blanche pour toutes les actions éducatives et on peut s’appuyer sur le vécu des garçons pour les relations déjà établies.
Et donc ça se rapproche de tes responsabilités à la Junior Association ?
Le principe est le même, en effet. Je tiens à souligner d’ailleurs tout le travail qui a été effectué par Mohamed Kidari pour cette Association.
Au niveau des actions dans les écoles, dans les collèges, dans les lycées, comment ça se passe concrètement ? Est-ce qu’il y a un bon retour, est-ce qu’il y a une aide des parents ? Tout à l’heure tu parlais des parents U9 qui apportaient beaucoup de soutien. Est-ce que les parents sont plus présents que dans les sections masculines, où on a l’impression que ça fait garderie ?
Dans les écoles et les collèges les parents ne sont pas présents puisque les animations se font pendant le temps scolaire. En revanche, en situation club dans le foot féminin, c’est totalement différent. Les parents restent impliqués du début à la fin de la séance, même parfois trop. On a d’autres problèmes à régler par rapport à ça… Mais ils sont très dynamiques dans la vie du club. Pour la réception de la Roche-sur-Yon en D2, Caro avait mis en place des actions et responsabilisé les parents des U9. Ça été un franc succès et, au-delà de la matinée réussie, on a eu ensuite un comité de soutien extraordinaire pendant le match !
L’indispensable Silke Demeyere
« Les prestations de l’équipe de France à l’Euro ont été inquiétantes en vue de la coupe du monde 2019 »
Tu penses qu’à terme c’est possible qu’il y ait un football féminin entièrement pro ? Du moins en première division…
Attention au terme qui peut porter à confusion, car il y a une multitude de contrats possibles pour rémunérer les joueuses mais le statut n’est pas professionnel. Mais je pense qu’il est possible qu’on passe bientôt dans un championnat constitué d’équipes où les filles seront toutes rémunérées et pourront s’entrainer en journée. On a déjà Marseille qui, l’année passée, a fait l’effort. Les filles sont toutes sous contrat même si le montant des salaires est à des années-lumière des garçons !
Quand j’ai quitté la D1 il y a deux ans, il n’y avait que trois-quatre équipes qui avaient des joueuses sous contrat. Maintenant même en D2 vous pouvez trouver des joueuses qui ne vivent que de ça.
Si le club avait pu recruter des Belges l’année dernière, c’est notamment parce que la BeneLeague a été abandonnée. Est-ce que Jana [Coryn], Maud [Coutereels] ou Silke [Demeyere] t’ont parlé de la BeneLeague, et éventuellement de ses bienfaits ? On a vu à l’Euro que les Pays-Bas sont allés au bout et que la Belgique y participait pour la première fois.
Silke me disait que c’était intéressant parce que le niveau de jeu était beaucoup plus élevé que le championnat belge. L’inconvénient, c’est qu’elles avaient un peu plus de route ! Par contre, c’est très coûteux, c’est pour ça que ça a été arrêté. Mais si on prend l’équipe des Pays-Bas, beaucoup de joueuses jouent à l’étranger en fait ! Sur le 11 de départ, on avait la milieu droit qui joue à Liverpool, on avait Martens qui a signé à Barcelone. Mais en tout cas, le retour que j’ai eu de la BeneLeague (par Pauline Crammer qui y jouait), c’est que c’était le top de se retrouver face à des équipes comme l’Ajax, Twente où c’était du très bon niveau.
Puisqu’on parle de l’Euro, on va revenir dessus, et évoquer l’état du foot féminin français de manière générale, et voir plus largement que le LOSC. Comment as-tu vécu l’Euro, qui pour une fois était bien retransmis par le service public ? Il y a eu une bonne visibilité, qui malheureusement a pas été forcément positive, dans le sens où c’était pas très enthousiasmant de voir la France cette année. Et as-tu pu échanger avec Maud et Jana pour savoir comment elles l’avaient vécu de l’intérieur ?
Je te rejoins, j’ai été très surprise du nombre de matchs qui ont été retransmis en clair sur les chaînes disponibles et accessibles à tout le monde. J’ai regardé quasi tous les matchs, à part le groupe de l’Allemagne au premier tour. J’ai été surprise par le niveau des Hollandaises notamment. Les Anglaises aussi ont été vraiment pas mal. Après, concernant la Belgique, on savait que ça allait être dur ! Pour elles, c’était la première qualification. Ce n’est pas un miracle, mais c’est historique. Elles ont fait ce qu’elles pouvaient. Je pense qu’elles peuvent être fières de leur parcours dans cet Euro-là. Maud a fait un bon Euro. Elle a joué latérale gauche, chez nous elle joue en défense centrale. Après Jana, a moins de temps de jeu en équipe nationale parce que Tessa [Wullaert] devant c’est pas trop mal. J’ai trouvé Janyce (Cayman) beaucoup en-dessous de ce qu’elle était capable de faire.
Et qu’as-tu pensé des prestations françaises ?
C’est inquiétant parce que dans deux ans, on est censé recevoir la Coupe du Monde chez nous. Et comme tous les ans, on sort de là avec aucun titre, mais en plus de ça, en comparaison des années précédentes, on a été plus que moyennes. J’ai lu les interviews de certaines joueuses qui remettent en question la philosophie de jeu du coach. Je vois Claire Lavogez parfois qui…
…qui est très cash !
Voilà, qui est très cash ! (rires)
Deux joueuses françaises ont été intéressantes : Henry et Geyoro. Après, je pense qu’il y a des filles qui sont en fin de carrière et sur lesquelles on s’entête à s’appuyer. Il manquait plein de choses, c’était vide en fait. Je préférais regarder un match des Pays-Bas qu’un match français…
Justement, le coach, Olivier Echouafni, est remis en question mais est maintenu par la Fédération. On a l’impression qu’il est un peu là par défaut, qu’il ne trouvait plus de poste dans le football masculin, qu’il débarque dans le foot féminin sans qu’il ait d’expérience particulière dans la détection de joueuses. L’impression qu’on a, c’est qu’il y a des gens qui travaillent pour lui, qui lui disent « telle joueuse est suffisamment intéressante pour être sélectionnée », mais qu’il a aucune idée de ce qui se passe.
Je ne le connais pas du tout personnellement, mais c’est vrai que le choix de ce sélectionneur-là a été surprenant de la part de la Fédé.
Plus généralement, est-ce que c’est pas symptomatique aussi d’une certaine forme de relégation du foot féminin ? Parce qu’on va chercher un mec qui n’a pas fait grand-chose chez les garçons. Même Bergeroo, qui était bien meilleur, mais qui n’avait pas de club à l’époque en fait ! Est-ce que c’est pas le signe d’un manque de considération ?
C’est le ressenti que j’ai eu quand j’ai commencé à travailler pour la Ligue. On mettait des éducateurs qui étaient refoulés du football masculin, et qui étaient parfois incompétents. Il y avait diverses raisons, mais c’était un gros problème dans le foot féminin ! On récupérait des restes du football garçon ! Ça se passait comme ça. Là, je ne sais pas si c’est le cas de la fédé. Pourtant, des entraîneurs en place dans le foot féminin ont fait leurs preuves ! Je pense à Sarah M’Barek de Guingamp, qui était à Montpellier, qui en plus est une femme. Elle disait même dans une interview qu’elle était un peu déçue du manque de considération et qu’on oublie très vite ceux qui étaient dans le foot féminin depuis quelques temps. C’est surprenant. Après, c’est facile de tenir des propos négatifs maintenant puisque l’Euro a été… catastrophique ! Donc on a tous un regard négatif envers ce sélectionneur-là. Après, les raisons réelles on ne les connaît pas, il y a tellement de choses à l’intérieur d’un groupe qu’on peut ne pas réellement juger. Maintenant qu’il est renouvelé, je pense qu’il faut repartir de l’avant, mais je pense surtout qu’il doit faire une revue d’effectif et arrêter de s’entêter sur des joueuses qui ont fait le tour, qui ont fait leurs preuves quand il le fallait.
Mais du coup, au-delà d’un éventuel problème de sélectionneur, arriver en fin de cycle à deux ans d’une Coupe du Monde à domicile, c’est quand même une grosse erreur de la part de la fédération.
Tout à fait. Déjà à l’Euro, je pense qu’il aurait dû remanier son groupe et tourner la page avec certaines. Mais il nous reste quand même deux ans et pas deux mois… il va pouvoir analyser les problèmes rencontrés pendant l’Euro et réfléchir à son effectif.
On a eu l’impression qu’il y avait parfois un retour négatif dans la presse sur le foot à l’Euro : il y a eu beaucoup d’articles sur les gardiennes de but. On a l’impression que les journalistes n’ont retenu que ça, sans mettre en avant ce qu’ils auraient mis en valeur chez les mecs. Là, le crédo, c’était « les gardiennes sont nulles ». On a vu un papier dans Libé, le titre c’était ça : « les gardiennes sont-elles nulles ? ».
C’est récurrent dans le foot féminin. Certains de mes collègues sont toujours surpris des buts marqués en cloche sur des frappes lointaines pas appuyées.
Oui voilà, c’est sur les lectures de trajectoire !
Oui la difficulté vient de cette notion d’appréciation de trajectoire mais aussi de qualité de détente. On n’a pas beaucoup de gardiennes qui vont très haut. C’est dur à entendre, mais c’est vrai : regardez tous les buts de l’Euro !
Tu nous disais précédemment que tu étais en fin de carrière. Tu as été en équipe de France B à une époque, également en équipe de France universitaire. Tu as encore l’espoir de retoucher à ça ou c’est fini ?
Non, c’est fini ! J’ai 29 ans donc dans le foot féminin c’est vieux ! Après oui, j’ai eu la chance de pouvoir goûter à des compétitions internationales grâce à ces sélections-là. C’est bien, c’est riche en tant que joueuse parce que ça vous permet de voir un autre niveau aussi, de voyager ! Mais non, à 29 ans… Mon objectif principal est de me faire ma place dans le 11 de départ pour le 3 septembre et faire une bonne saison pour soit lever le pied en fin de saison, soit dans deux ans.
Un de tes parents est Algérien. La sélection algérienne, ça s’est posé à une époque ?
Oui, l’année passée encore ! Après c’est délicat. C’est un peu complexe. Je me dis « quel est l’intérêt à 29 ans de repartir en sélection ? ». Parce que je n’ai pas envie de rendre une copie comme certaines l’ont fait à l’Euro.
Héloïse Mansuy vient de Metz et porte cette saison le n°27
« Le foot féminin français est en retard sur l’aspect physique »
Pour revenir sur Claire Lavogez : elle a dit il y a deux mois que l’arrivée d’Alex Morgan dans le championnat de France n’était pas une bonne chose, parce qu’elle était là pour six mois, c’était que du court terme, et que du point de vue du temps de jeu, elle prenait du temps de jeu sur des joueuses qui avaient signé à Lyon… On peut être d’accord avec elle, et en même temps, c’est une vraie plus-value pour le championnat, même pour une demi-saison. Qu’est-ce que tu en penses ? Est-ce que c’est une bonne chose pour le foot féminin ?
Je peux comprendre Claire, parce qu’elle fait partie des filles à qui Alex Morgan a certainement pris du temps de jeu. C’est un peu frustrant de se dire qu’on ne va pas avoir de temps parce qu’une fille ne vient que six mois. Après, ça fait beaucoup de bien pour l’image du football féminin en France. Il ne faut pas se leurrer ! Elle a ramené beaucoup de monde sur les contours des terrains de par sa notoriété. Donc ça a été très bien. Pour Lyon aussi, parce que c’est une bonne joueuse avant tout, même si elle fait parler d’elle en dehors. Elle est une joueuse bourrée de qualités.
Alex Morgan s’entraîne beaucoup en individuel, notamment avec un programme qui s’appelle Beast Mode Soccer aux Etats-Unis. Et en mai dernier, Marc Ingla a présenté le projet aux supporters en disant qu’il y aurait un développement en Chine, mais aussi aux Etats-Unis, principalement en ce qui concerne les féminines. Où en est-on de ce projet ?
C’est en cours. On a eu quelques réunions de travail avec différents intervenants. Chez les garçons ça va beaucoup plus vite. Mais c’est en cours.
Le but serait d’envoyer le savoir-faire du LOSC aux Etats-Unis ou au contraire de faire venir le savoir-faire américain en ce qui concerne le foot féminin ?
Non, en fait c’est de présenter la façon de travailler, la méthodologie de travail du football féminin du LOSC.
Et alors comment on convainc un Américain, alors que les Etats-Unis dominent le foot féminin depuis 35 ans ?
(rires) Tout à fait ! Justement, amener une nouveauté, amener du sang neuf, une autre façon de travailler ! Après, c’est pareil pour les garçons en Chine, même si la Chine ce n’est pas le même rendu que le football féminin aux Etats-Unis. Mais c’est surtout apporter une originalité, ou montrer comment fonctionne le LOSC.
Merci à Rachel Saïdi pour sa disponibilité.
Il reste un dernier match amical, ce dimanche 27 à 15h au Stadium, contre Fleury 91 (D1). La reprise du championnat a lieu dimanche 3 septembre, au Stadium, contre Bordeaux.
FC Notes :
1 J’écris « certes » quand je veux, même si la dernière fois c’était deux lignes au-dessus.
2 Suite à la réclamation de La Roche après la victoire 5-1 des Lilloises, le LOSC a été sanctionné de 4 points (les 3 points de la victoire + 1 point de pénalité). Cependant, avant la dernière journée, les Lilloises étaient encore devant et si elles s’imposaient à Arras, elles gardaient la tête. Mais elles ont fait match nul (0-0) pendant que La Roche s’imposait contre Brest (7-1), perdant ainsi la tête du championnat et la montée… Jusqu’à ce qu’il soit finalement décidé que LOSC/La Roche soit rejoué, remettant donc en jeu les 3 points de la victoire que le LOSC avait perdus.
3 Ces matchs se sont déroulés après l’entretien : défaite 0-6 contre les U17 masculins de Croix ; , victoire 2-1 contre Nancy ; victoire 2-1 contre les U16 masculins de Wasquehal ; il reste un dernier match amical ce dimanche 27 à 15h au Stadium, contre Fleury 91 (D1).
4 On peut se référer à cet article publié sur le site du LOSC pour en savoir davantage : https://www.losc.fr/actualites-foot-lille/passez-votre-dipl%C3%B4me-gr%C3%A2ce-au-losc-formation
Posté le 17 août 2017 - par dbclosc
Djezon Boutoille, le LOSC incarné
Formé au LOSC à partir de 1990, Djezon Boutoille a marqué l’histoire du LOSC de ses débuts en pro en décembre 1993 jusqu’à son départ, près de 10 ans plus tard. Son attachement viscéral au Nord – quitte à passer à côté d’une carrière plus prestigieuse ? – l’a conduit à presque tout connaître avec le LOSC, des maintiens-galère à la Ligue des champions, en passant par la descente en D2, les montées ratées, les gros coups de pompe, et la renaissance avec l’arrivée de Vahid Halilhodzic, qui le promeut capitaine pour les valeurs qu’il représente.
Nos enseignants nous disent souvent que lorsqu’on commence un texte, il faut aller du général au particulier : en d’autres termes, partir d’un fait ou d’une anecdote basique qui vient illustrer le fil rouge que l’on va tenter de développer. D’accord, c’est parti. Quelque part en juillet 1999, on venait d’assister avec ma frangine à l’entraînement des joueurs du LOSC à côté du stade Grimonprez-Jooris. Une fois les joueurs rentrés au vestiaire, on se pose devant le pont du petit Paradis, sur un banc, et on fait le bilan (calmement) des autographes qu’on a eus.
Au bout de quelques minutes, une silhouette familière venant du stade traverse le pont et se dirige dans notre direction, à pied. C’est Djezon Boutoille ; ça tombe bien : on l’a loupé dans le flot des joueurs et on a des trucs à lui faire signer. Bon nous, on est toujours un peu intimidés face à un joueur de LOSC pensant que, hors cadre professionnel, on l’embête un peu, mais lui le semble encore plus quand il arrive à notre hauteur. Il est tout gentil Djezon. Il attend qu’on retrouve nos carnets, nos photos, on discute 2 minutes.
_Ah ben t’es à pied ? (question du tonnerre)
_Ouais j’habite rue Sainte-Catherine maintenant, alors bon…
_Oui c’est pas loin ! (réplique de ouf)
_De toute façon j’ai pas le permis moi.
Ah oui, c’est vrai, quand Djezon arrive en voiture à l’entraînement, c’est en tant que passager de Fred Machado. Bon, que retire-t-on de cet échange ? Que Djezon est un mec de proximité et pas très mobile (hormis sur le terrain). Allez, on peut même révéler ce que Fred Machado nous avait confié : « Djezon, il ne quittera jamais le LOSC… Il est trop attaché au Nord, à Calais, et à sa mère ! ». Et ben tant mieux pour nous, parce qu’on l’a beaucoup aimé ce petit bonhomme : disponible, fidèle, et surtout un bon footballeur. Manchester, c’est Ryan Giggs (connard) ; Rome, c’est Francesco Totti ; et Lille, évidemment, c’est Djezon Boutoille : une espèce de vestige tantôt idéalisée, tantôt presque folklorique (de nos jours, une page facebook farfelue lui rend quotidiennement hommage) d’une autre époque, que même ceux qui ne l’ont pas vu jouer connaissent de réputation. Un « Djezon Boutoille », c’est presque un type de joueur, une marque, faisant intervenir des valeurs et des caractéristiques dont les usages sont réversibles.
« Djezon » ?!?
Boutoille, prénom : Jason… Djason… Djeson… Djezon. D.J.E.Z.O.N. Un prénom à l’orthographe complètement improbable, qui suscite encore bien des sourires, sinon des moqueries. Quand on lui demande les raisons pour lesquelles sont parents l’ont appelé ainsi, il répond : « cela vient de ma mère qui aimait particulièrement une série à la télévision. Et puis j’ai aussi une grand-mère d’origine américaine1 ». D’accord, mais si tous les gens qui ont la télévision ou qui ont un ancêtre américain appelaient leur enfant Djezon, ça se saurait ; dès lors, l’explication ne suffit pas. Maman Boutoille était donc une fan fidèle d’une série télévisée dont un héros portait le prénom Jason. Souvent, on évoque Beverly Hills, où le rôle de Brandon Walsh est interprété par l’acteur américain Jason Priestley. Sauf que cette série n’a été diffusé aux Etats-Unis qu’à partir de 1990, et en France à partir de 1993. Or, Djezon Boutoille est né le 9 novembre 1975. On va donc avancer l’hypothèse suivante : la série en question est Jason King, également connue sous le nom Le Mystérieux Jason King, diffusée à partir de 1971 aux Etats-Unis2. Mais l’explication ne suffit toujours pas : de Jason à Djezon, la traduction phonétique du prénom est cocasse. Que la déclaration orthographique à l’état-civil résulte d’une méconnaissance de l’écriture du prénom Jason ou d’un acte délibéré, on peut dire que ce prénom porte les marques des origines sociales de la famille Boutoille. Un prénom tellement surprenant que la Voix du Nord s’y perdra longtemps, comme nous allons l’illustrer.
Du Beau-Marais à Grimonprez-Jooris
Et ces origines, il faut aller les chercher du côté du quartier du Beau-Marais, à Calais. Un quartier étiqueté « ZUP », caractérisé par de grands ensembles de tours HLM, encore considéré par l’INSEE comme le quartier le plus pauvre du Pas-de-Calais en 2015. C’est à deux pas de là, dans le quartier des Cailloux, qu’il tape dans ses premiers ballons : « on était une bande de gamins à jouer au foot, au pied des immeubles. C’est comme ça que j’ai été remarqué par l’Amicale Balzac de Calais. J’ai fait 5 ans au CRUFC et à l’époque, j’avais été sollicité par Lille, mais aussi par Lens, Valenciennes et Dunkerque. Les dirigeants lillois furent les plus convaincants » . En l’occurrence, c’est à Bernard Gardon, directeur sportif, que l’on doit la venue à Lille de ce petit et vif attaquant, dont les qualités sautent aux yeux : rapidité, capacité à dribbler l’adversaire et à s’engouffrer dans de petits espaces.
Djezon Boutoille intègre le centre de formation lillois en 1990 : il a 14 ans et est alors catégorisé en Cadets. Rapidement, ses qualités l’amènent à être appelé en sélection : dès les Cadets 2 (équivalent d’une catégorie entre les U15 et U17 d’aujourd’hui), les portes de l’équipe de France s’ouvrent à lui. En cadets puis en Juniors (U18/U19), il y est entraîné notamment par par Jean François Jodar. Au total, une trentaine de matches en bleu pour une dizaine de buts. Il débute avec la réserve en octobre 1992, contre le PSG, sa seule apparition cette année là. À l’entame de la saison 1993/1994, il en est partie intégrante, en nationale 2. Il est désormais stagiaire 3e année. Si tout va bien, il signera professionnel au début de la saison suivante. En octobre, il inscrit son premier but en senior avec Lille, contre Strasbourg ; 4 buts plus tard, logiquement, Djezon frappe à la porte du groupe professionnel, 2 mois seulement après avoir acquis un statut de titulaire avec la réserve : on a parlé de cette période ici.
Il est désormais en équipe de France des moins de 20 ans : la victoire contre le Danemark en novembre 1993 (2-0) coïncide avec ses premiers pas à l’entraînement avec le groupe pro du LOSC. Il est pour la première fois convoqué par Pierre Mankowski pour le match contre Lyon, le 20 novembre 1993, quelques jours après avoir fêté ses 18 ans. Lille s’impose 2-1, mais Djezon n’entre pas en jeu. Rebelote la semaine suivante à Auxerre : il regarde depuis le banc la déroute lilloise (0-5) : ce n’était probablement pas le meilleur scénario pour lancer un petit jeune. Début décembre, il sort du groupe le temps de deux matches, contre Paris (0-2) puis à Lens (1-1). Il reste un match avant la trêve: l’AS Cannes de Luis Fernandez se présente à Grimonprez-Jooris, et Djezon retrouve le groupe professionnel.
À la 37e minute, Clément Garcia se claque. Le score est toujours de 0-0. Surprise, c’est Djezon Boutoille qui entre, et qui fait donc ses débuts en première division. Surprise car c’est un autre jeune du centre de formation, Antoine Sibierski, qui a pris l’habitude, depuis quelques mois, d’être le bénéficiaire du premier changement offensif de l’équipe lilloise. Cette fois, Sibierski reste sur le banc. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la première de Djezon est réussie : à la 75e minute, pendant qu’entretemps Sibierski est aussi entré, Thierry Bonalair le sollicite pour un une-deux : sa remise est parfaite, et le capitaine lillois ouvre le score d’une frappe à ras de terre à l’entrée de la surface de réparation. Dans la foulée, il est contré au dernier par le portier cannois, Michel Dussuyer. Le LOSC s’impose 1-0. Le lendemain, la Voix du Nord salue la performance dans sa rubrique « on a aimé », décliné en 5 catégories ; à « beaucoup », on peut lire : « la première apparition de Djason Boutoille en équipe première. Il fut souvent dans les bons coups, manquant même de peu d’inscrire son premier but en Division 1 »3.
La formation, l’une des rares satisfactions du LOSC
En ces temps assez moroses à Grimonprez-Jooris, où le spectacle est rare et les entraîneurs nombreux, une seule éclaircie : la formation. Même si Djezon est resté 15 ans à Calais, le LOSC parvient à sortir des joueurs qui, peu à peu, apparaissent en D1 : Oumar Dieng, Fabien Leclercq, Antoine Sibierski, Frédéric Dindeleux, Cédric Carrez (ces trois derniers constituent la « génération 1974 »). Djezon est le plus jeune de tous, mais il est précoce : il commence en D1 deux mois après Fred Dindeleux, avant Cédric Carrez, et bien avant Frédéric Machado, avec qui il n’a que 2 jours d’écart. En matière de jeunes, le LOSC fait de nécessité vertu : en raison des problèmes financiers que le président Lecomte résorbera progressivement, le club vit durant plusieurs saisons avec une masse salariale encadrée et un recrutement limité. Solution possible : puiser dans la réserve et lancer les petits.
Cédric Carrez, Frédéric Dindeleux, Fabien Leclercq, et Antoine Sibierski : rares fiertés d’un club qui survit
De fréquentes apparitions, mais un manque de réussite
Au cours de cette saison 1993/1994, Djezon prend part à 8 autres rencontres, et Mankowski n’hésite pas à faire appel à lui quand le LOSC est mené – le lecteur attentif aura relevé qu’à cette époque, de toute façon, le LOSC menait rarement. Il connaît sa première titularisation en D1 lors de la 31e journée : un Lille/Strasbourg, le 26 mars 1994. Il sort à 5 minutes de la fin, alors que le score final est acquis (1-1). Une semaine après, l’entraîneur lui renouvelle sa confiance, et Lille gagne à Montpellier (3-1). Autre date importante : le 26 avril 1994. Ce jour-là, Djezon Boutoille joue son premier match entier en D1, contre Metz (0-4). Pour sa première saison, Djezon apparaît donc 9 fois, dont 5 fois en tant que titulaire ; des apparitions prometteuses, même si on le sent encore fragile. Cet apprentissage du haut niveau se poursuit durant la saison 1994-1995 avec Jean Fernandez : il apparaît 10 fois avant la trêve, mais seulement 2 fois en tant que titulaire. Et on le voit plus à partir de janvier : il ne réapparaît que pour un match, lors de la 35e journée, à Saint-Étienne : il entre en jeu à la 57e alors que Lille est mené 0-2 ; à l’arrivée, le score est de 3-3 : considérons qu’il y est pour quelque chose. Mais tout de même : après 20 apparitions en D1, Djezon n’a toujours pas marqué… Certes, on est à Lille, et Lille marque peu. Mais c’est embêtant pour un attaquant, car il a des occasions, mais ne les transforme pas. Autant sa combativité, sa rapidité, et sa manière de dribbler sont louées, autant son manque d’efficacité commence à occasionner une petite réputation de vendangeur. À tel point que Fernandez envisage de le prêter la saison suivante.
1995-1996 : la révélation
Les circonstances du début de saison vont favoriser l’éclosion de Boutoille : on en avait parlé, ce nouvel exercice commence de manière bien merdique : un mercato approximatif et 2 points au bout de 9 journées. Le départ de Fernandez, les insuffisances de Pingel, et les entrées en jeu dynamiques de Djezon incitent Jean-Michel Cavalli, pour son premier match à la tête du LOSC, à le titulariser contre Nantes, le champion en titre, lors de la 6e journée. Le matin du match, même la Voix du Nord espérait cette titularisation, avec un article insistant sur ses prestations bien meilleures que celles du Danois. À l’arrivée, devant les caméras de Canal +, un satisfaisant 0-0, et la promesse d’un temps de jeu meilleur pour les jeunes avec Jean-Michel Cavalli : Denquin est entré en jeu, puis Boutoille a été remplacé par Machado. « C’est vrai que j’attendais ce moment depuis un certain temps. Je m’étais fixé 3 ou 4 matches pour gagner ma place dans le onze de départ. Bon, l’échéance a été retardée. Mais ce soir, je suis vraiment satisfait (…) C’est super de voir que le coach n’a pas hésité à aligner plusieurs jeunes en même temps. C’était à nous de prouver qu’il n’avait pas tort. Je crois qu’on s’en est plutôt bien sorti ». Cette fois, la carrière de Boutoille au haut niveau est lancée : il est régulièrement titularisé à domicile. Mais il ne marque toujours pas. Début septembre, dans le derby, alors que Lille mène pour la 1e fois de la saison (il aura fallu attendre 8 journées !), il manque une balle de 2-0, seul face à Gugusse Warmuz, en tirant à côté. Deux semaines plus tard, même s’il est le principal contributeur de la première victoire de la saison contre Le Havre (2-0), il manque encore d’adresse devant le but, et se heurte à un grand Revault. A chaque occasion manquée, Djezon arrache un bout de pelouse.
Le déclic à Auxerre
Le LOSC n’est plus lanterne rouge, grâce à un net regain de qualité de jeu à partir de septembre. Après un nul pas cher payé contre le leader messin (0-0) alors que « Lille méritait la victoire » (dixit Joël Muller), Lille se rend à Auxerre, où il ne s’est pas imposé depuis 13 ans. Auxerre vient de perdre à Paris : ça risque d’être d’autant plus compliqué. Dès la 2e minute, Tasfaout (l’ami de Fernando) reprend victorieusement un corner de Martins : 1-0, ça commence bien. Mais Lille joue bien et se montre dangereux. À la 51e minute, Boutoille remplace Simba. 20 minutes après, le LOSC a renversé la vapeur grâce à… un doublé de Boutoille. Ses deux premiers buts en D1, identiques : remontée de balle, petit crochet du droit, frappe du coup de pied à ras de terre aux 18 mètres, sur la droite et dans le petit filet de Cool. À la surprise générale, Lille revient d’Auxerre, futur champion, avec 3 points.
Le lendemain du match, dans la Voix du Nord du 28 octobre 1995, on alterne entre « Djazon » et « Djezon » : net progrès. « Marquer comme ça mes deux premiers buts en D1… On m’a dit que je ne tentais pas assez, eh bien ce soir j’ai tenté. Et la réussite a été totale. Pour une fois, la chance est avec Lille, on ne va plus la laisser passer. Je suis d’autant plus content d’avoir marqué mes deux premiers buts en D1 que cette victoire est importante pour le club. Tous nos adversaires directs, en effet, ont pris des points. Martigues a gagné, Gueugnon et Cannes ont fait match nul… Nous devons nous concentrer sur notre prochaine rencontre contre Martigues qui sera un match à 6 points ». Commentaire du journaliste : « Belle réaction d’un gamin pourtant soudainement mis sous les feux des projecteurs ! » .
28 octobre 1995 : « Djazon »
« C’est d’autant plus important pour moi que j’avais la réputation de ne pas conclure. En effet, face au but ou au gardien, j’ai souvent peiné dans le dernier geste. Là, Monsieur Cavalli, même s’il estime que je suis encore un peu jeune et qu’il ne faut pas me « brûler » tout de suite comme titulaire, m’a fait rentrer très vite pour apporter de la tonicité à l’attaque. Mes dribbles pouvaient déstabiliser les défenseurs. Je ne me suis pas posé de questions. Le premier but m’a mis en confiance. J’y ai repensé dans les instants qui suivirent. Juste le temps de redescendre de mon nuage, et lorsque je me suis retrouvé seul aux 18 mètres, dans des circonstances encore plus favorables, je n’ai pas hésité ».
29 octobre 1995 : ça y est !
La VDN relate également un extrait du bulletin de l’AJA, rédigé par Serge Mésonès devenu journaliste, intitulé Bien peser le renouveau lillois : « Les Dogues, qui ont la réputation de développer des caractéristiques très britanniques semblent avoir oublié leur entame catastrophique. Qui pourrait ignorer que Collot, Simba, Sibierski, Friis-Hansen, Becanovic et compagnie peuvent constituer un mélange détonant ? » écrit Mésonès. Pleine de facétie, la VDN ajoute : « il ne croyait pas si bien dire. Fallait juste rajouter Boutoille ». Nul doute que, désormais buteur, Djezon est presque incontournable, d’autant que Simba et Becanovic marquent peu. Pardon, ne marquent pas. Le voilà désormais régulièrement titulaire, avec Sibierski pour modèle : « pour nous tous, Antoine est un peu l’exemple à suivre. J’aimerais marcher sur ses traces » ; sa pointure de pied étant plus petite, ça devrait le faire. Au cours de cette saison, il participe à 35 matches, dont 18 comme titulaire, pour un total de 5 buts : une égalisation à Lyon à la dernière seconde (1-1), un but contre Sainté (1-1), puis contre Gueugnon (2-0). Le maintien est acquis de haute lutte, et Boutoille peut légitimement prétendre à une place de titulaire pour la saison suivante.
La descente, mais fidèle au club
Djezon Boutoille est désormais régulièrement appelé en équipe de France Espoirs, entraînée par Raymond Domenech. Il y côtoie, pêle-mêle, Mickaël Landreau, Valérien Ismaël, Ludovic Giuly, Patrick Vieira, Thierry Henry, Robert Pirès ou Sylvain Wiltord. « Je le crois capable d’exploser cette saison » déclare Jean-Michel Cavalli dans L’équipe à l’aube de la nouvelle saison. Apparait, pour quelques années, une banderole « Fan-club Djezon Boutoille » en Secondes. On en a parlé, cette saison 1996/1997 se découpe en 1/3 inespéré puis en 2/3 désespérants. Jusqu’à la fin de l’automne, l’attaque tourne très bien, avec Bécanovic, Banjac, Garcion, Collot, Renou et Boutoille. Sur ses 9 premiers matches joués, Djezon inscrit déjà 4 buts, dont deux permettant des victoires 1-0 (contre Caen et à Cannes). Ce seront malheureusement les seuls de sa saison. Parfois gêné par des blessures, comme ses équipiers, il s’efface dans la seconde partie de saison, même si ses qualités de déstabilisateur de défense perdurent. Logiquement sollicité pour rester en D1, il décline toutes les offres, presque comme s’il était incongru qu’on le sollicite pour jouer ailleurs qu’à Lille.
But de Djezon Boutoille contre Caen, 2 octobre 1996. Juste après, il se fait une belle entorse et manque quelques matches.
En D2, Djezon Boutoille est l’un des rares à être resté 3 ans, sans que sa côte ne soit atteinte ou que son statut ne soit remis en cause par un entraîneur. Dans le même cas, on trouve Patrick Collot, Laurent Peyrelade et Carl Tourenne, puisque même Pascal Cygan n’a pas eu les faveurs de Thierry Froger. Il inscrit successivement 10, 4 et 12 buts durant ces 3 années, avec un minimum de 30 matches joués par saison. Et Djezon est l’unique buteur de la finale du challenge Emile-Olivier durant deux années consécutives, contre Lens et 1997, et Boulogne-sur-mer en 1998. On en a parlé dans cet article et dans celui-là. Mais en D2, il y eut des hauts et des bas.
Beauvais, toucher le fond pour rebondir
Sur la première saison en D2, en 1997/1998, Djezon confirme tout le bien que l’on pense de lui, du moins sur le terrain : 10 buts, des performances bonnes et régulières, la confiance du coach. Il marque de la tête lors du dernier match de la saison contre Sainté (2-1), insuffisant pour remonter. En 1998-1999, on le saura a posteriori, ça ne va pas fort pour Djezon en début de saison. Il n’est titularisé que 2 fois sur les 5 premiers matches de la saison, l’ambiance au sein du club et du groupe lui donnent des envies d’ailleurs. Il envisage de retourner à Calais. Le début de saison est catastrophique : Lille ne compte que 5 points en 5 matches, un rythme bien trop lent pour atteindre l’objectif de montée. Surtout, le jeu est déplorable. Lille marque peu, et Djezon erre sur le terrain. Lors de la 6e journée, le LOSC se déplace à Beauvais, dernier avec 2 points. Thierry Froger joue sa tête, et on peut dire qu’elle tombe sur un coup de main de Boutoille : sur un corner beauvaisien, le ballon va entrer dans la cage de Wimbée. D’un geste désespéré, Djezon repousse le ballon de la main sur la ligne de but. Il est expulsé. Bruno Roux, père de Nolan, transforme le pénalty et Lille ne reviendra pas. Thierry Froger est viré, le LOSC est au plus bas, Djezon est au plus bas. Quand Vahid Halilhodzic débarque à Lille, il met sérieusement en garde son joueur quant à son régime alimentaire. On vous fait part de la rumeur persistante de l’époque : Djezon adore se faire régulièrement des pâtes au Nutella. Une spécialité calaisienne méconnue, sans doute. L’entraîneur explique dans Libé : « il avait pris de mauvaises habitudes. Quand je suis arrivé au club, il avait cinq ou six kilos de trop. Vous imaginez, sur un petit gabarit (1,70 m) comme ça ? À l’époque, Djezon était dans une situation sportive désastreuse. Un miroir de tout le vestiaire, d’ailleurs. Les gars n’avaient plus d’ambition, ni même de conscience professionnelle ». Dans France football du 2 mars 2001, Vahid déclare : « Chaque joueur a une histoire, la sienne est exemplaire. Il revient de loin, de très loin même ! À mon arrivée, j’ai senti que j’avais en face de moi un talent gâché, un peu comme Cygan. J’avais tout de suite remarqué qu’il présentait un petit estomac au-dessus de la ceinture pas trop compatible avec le haut niveau (…) C’est un gars très sensible qui a compris les efforts à fournir pour revenir. Mais il lui arrive de se fâcher assez fréquemment. Une fois, il est même rentré chez lui sans prévenir. Le lendemain, je l’ai prévenu : « Si tu recommences, c’est fini pour toi ici ! » Heureusement il est toujours avec nous ». Il se reprend, même s’il réalise une saison un peu en dessous en termes d’efficacité. Mais un beau but contre Laval :
Et un retour à Calais, en coupe de France, où Djezon se rappelle au bon souvenir de sa ville natale :
« J’entendais : ‘tu vas pas nous faire ça ???’ Bon ben je l’ai fait ». Rien à foutre le Djez’.
Capitaine de la remontée
Et Djezon a à ce point remonté la pente qu’il est nommé capitaine au début de la saison 1999/2000. On est désormais loin du joueur un peu frêle et timide : désormais, il est un leader qui l’ouvre. La vidéo ci-dessous, en début de saison, illustre bien ce qu’il est devenu. Sa nomination comme capitaine n’a d’ailleurs pas été sans poser de questions. Patrick Collot indique : « il était aimé, mais n’avait pas forcément la carrure. C’était pour ses qualités humaines : simplicité, altruisme, fidélité. Des vertus rares dans le monde du football ».
Capitaine d’une formidable équipe, Djezon Boutoille réalise probablement sa meilleure saison : outre le fait qu’il termine meilleur buteur du club (12 buts), ses nouvelles responsabilités le mettent en avant et il s’en sort très bien, notamment devant les médias, et toujours prompt à mettre en avant des valeurs collectives. A l’issue de la saison, il prolonge son contrat de 4 ans. Un beau but contre Lorient ? D’accord :
Même si Vahid pointe un sérieux problème chez Djezon dans la vidéo ci-dessous (« il ne paye jamais le champagne »), sa saison est remarquable, avec en point d’orgue le match qui officialise la montée contre Valence, où il inscrit un doublé et, probablement, son plus beau but sous le maillot lillois, d’un extérieur du pied droit dans le petit filet opposé (en concurrence avec un but qu’il a inscrit à Niort, grand pont puis lob sur le gardien pour une victoire 3-0). Voici le résumé du match, avec les commentaires de Vahid, Djezon et Laurent Peyrelade ; et aussi un résumé de la saison.
Regardez comme il est timide mignon choupi quand il parle et quand Lolo l’embête
Le but contre Guingamp sur Fréquence Nord ? D’accord !
Retour en D1
Plus de 3 ans après son dernier match en D1 (c’était à Lyon, le 3 mai 1997), Djezon Boutoille est titulaire et capitaine pour la réception de Monaco le 29 juillet 2000. Manifestement très en jambes, il apporte régulièrement le danger sur les buts du champion de France, et offre une passe décisive à Bruno Cheyrou.
Sur la confiance qui lui est renouvelée en tant que capitaine, Djezon déclare modestement : « après tout ce que le club m’a apporté, je suis en train de lui rendre un petit peu ». On ne peut pas dire qu’il soit un leader technique, mais son style de jeu et sa pugnacité collent parfaitement à ce LOSC façonné par Halilhodzic : une combativité et un état d’esprit irréprochables. Pas de doute, Djezon Boutoille est le LOSC : « j’ai conscience d’incarner ce club. Et aujourd’hui, j’en suis fier ». Dans un documentaire que France 3 avait consacré à Vahid, Djezon déclarait : « quand Vahid est arrivé, il a dit une phrase qui m’a marqué et qu’il répète souvent : ‘on a le droit d’être mauvais, mais on n’a pas le droit de ne pas se bouger’ ». Et pour illustrer ce propos, on se rappelle son pressing sur le gardien de Sainté à Geoffroy-Guichard : une action a priori anodine, mais qui a mis en difficulté le gardien ukrainien qui dégage en plein sur la tête de Beck, qui marque ; mieux, le derby à Lens en février 2001 : alors que le ballon semble perdu sur une ouverture approximative de Sylvain N’Diaye, Djezon se bat, récupère la balle dans les pieds de Pierre-Fanfan, et trouve Rool aux 6 mètres qui reprend victorieusement. Une agressivité *D’Amico style* mise en exergue par Olivier Rouyer :
Après le match, il faut se rendre à l’évidence : le LOSC est parti pour jouer l’Europe. Mais loin de s’emballer, Djezon a un mot pour les supporters : « sur le long terme, je ne sais pas si on peut rivaliser avec des équipes comme Lyon. On va se réunir pour faire le point, savourer ces bons moments. Ce soir, je suis vraiment heureux, notamment pour tous ces gens qui nous ont suivis ici et qui vont se lever heureux demain matin pour aller travailler ». Malheureusement, handicapé par une blessure, Djezon ne sera pas du sprint final : il joue son dernier match de la saison 3 jours après contre Nantes. Un problème récurrent qui le suivra jusqu’à la fin de sa carrière.
Encore quelques belles apparitions, mais des blessures récurrentes
La dernière saison du LOSC avec Vahid Halilhodzic a sa tête (2001-2002) est plus laborieuse pour Djezon mais, quand il joue, il conserve le brassard. Il joue 3-4 matches, puis en manque 5… Il participe tout de même à la qualification contre Parme, en étant titulaire au match retour à la place de Bassir, puis prend part à 3 matches de poule en Ligue des champions : il manque même de tromper Fabien Barthez à deux reprises à Old Trafford. Reprenant un centre-tir de Bakari sur la transversale, il force Barthez à s’interposer ; puis, dans les arrêts de jeu, il ne lui manque qu’un pointure pour reprendre un centre de Johnny Ecker et égaliser. Il est titulaire au retour à Bollaert. En Europa League, il ne joue qu’à Florence et à Dortmund, entrant en jeu à chaque fois. Et en championnat, il ne prend part qu’à 15 matches : le temps tout de même d’offrir une passe décisive en fin de match à Dagui Bakari, à Lens (1-1), 4 jours après le retour contre Parme ; Djezon inscrit son dernier but en D1 en janvier 2002 contre Bordeaux, d’une tête lobée en dehors de la surface de réparation, probablement le but lillois de la tête le plus lointain de l’histoire (encore plus loin que la tête de Lolo Peyrelade), à une vingtaine de mètres. Pour célébrer son but, Djezon exhibe le maillot de Christophe Pignol, convalescent.
La version audio, pour nos ami malvoyants
Effacement progressif avec Claude Puel
Quand Claude Puel s’installe sur le banc lillois, il semble faire confiance à Djezon, titulaire en début de saison. C’est même lui qui inscrit le premier but lillois de la saison, en coupe Intertoto, à Bistrita. Son dernier but avec le LOSC. Par la suite, toujours diminué par des blessures, Djezon ne joue que des bouts de matches : seulement 16 apparitions en 2002/2003, dont 11 comme titulaire. Difficile dans ces conditions de garder le brassard, qui revient le plus souvent à Grégory Wimbée. La saison suivante n’est guère meilleure : souvent blessé, il joue 9 matches, dont seulement 4 comme titulaire. Puel ne s’oppose pas au départ d’un de ceux qui a symbolisé les années Vahid, un bien lourd héritage à assumer. Deux ans auparavant, Djezon s’interrogeait : « Partir? Il faut réfléchir énormément. Je sais que j’aurais du mal à m’exprimer dans un environnement qui ne me convient pas, je ne me vois pas évoluer dans un club ou les gens ne se disent pas bonjour le matin et où l’on parle dix langues différentes dans les vestiaires ». Il est désormais temps d’envisager sérieusement un départ : seulement 336 minutes jouées en une demi-saison, c’est bien trop peu. La confiance avec Puel n’est plus là, les blessures réduisent Djezon à un rôle de figuration, et sans doute n’a-t-il plus son niveau d’antan. Son contrat est résilié lors de la trêve hivernale, et Djezon s’engage libre à Amiens, en Ligue 2, sous les ordres de Denis Troch, qui n’achète jamais, comme son nom l’indique.
Djezon participe à une fin de saison correcte des amiénois, jouant régulièrement et marquant 2 fois. La saison suivante est de nouveau en dents de scie : tandis que Lille retrouve les sommets, Djezon disparaît de la circulation en janvier 2005, trop gêné par des blessures qui se répercutent sur ses performances. Djezon joue son dernier match professionnel à Grenoble : il a alors pour coéquipiers Mickaël Debève et Cyrille Magnier : affreux ; mais aussi un ancien de Lille, avec qui il a même joué en D1 : Jean-Marie Stéphanopoli.
Retour à Calais
Au printemps 2005, un an et demi après son arrivée à Amiens, Djezon, sur la pente descendante retourne à Calais (et ce alors qu’il faut plutôt remonter du coup). C’est la fin d’une carrière professionnelle bien remplie. Conformément à ce qu’il a toujours annoncé, il est retourné à Calais, proche de sa famille et de ses origines : « pour moi les choses ont toujours été claires : ma priorité était un retour au CRUFC, mon club de toujours » : lui au moins met en actes ses paroles, pendant que les Marseillais attendent toujours un retour de Didier Drogba. Djezon joue encore 82 matches de championnat avec Calais, et inscrit 19 buts en 4 ans. Avec son concours, le CRUFC retrouve le championnat de 3e division en 2007. Sa dernière saison, en 2008-2009, est compliquée : il termine l’année comme entraîneur-joueur après le départ de Sylvain Jore mais ne peut empêcher la relégation sportive, doublée d’une relégation administrative : le club se retrouve en CFA2, mais Djezon garde les rênes de l’équipe première. Il termine même deux fois successivement 1er de son groupe de CFA2 (en 2010 et 2011), mais la montée est administrativement refusée. Le club remonte finalement en 2014. Après des saisons contrastées et des moments difficiles où Djezon a failli jeter l’éponge (notamment après l’historique défaite 1-8 face à Sannois en octobre 2016), le club est redescendu en 2017, et repartira finalement en Régional 4. Avec, toujours, Djezon à sa tête, un peu plus barbu, un peu plus enveloppé : « ma vie est inscrite à Calais. Même si le Barça m’invitait à signer chez lui, je resterai ici ».
« J’adore cette photo »
En 2014, on l’a vu s’investir politiquement sur la liste municipale Ensemble pour réussir Calais. Il déclamait à cette occasion un discours pas tellement lointain de ce qu’il a défendu en tant que footballeur, comme s’il se plaisait plutôt dans l’adversité et la mobilisation de valeurs collectives sur son territoire : « j’ai vraiment une passion pour Calais et j’ai retrouvé dans le discours du député socialiste les valeurs que je veux défendre. Je suis confronté au quotidien aux difficultés que rencontrent les Calaisiens et je veux m’investir pour eux. Je suis un garçon du Beau-Marais, auquel je reste profondément attaché. Mes parents, frères et sœurs y vivent. Au quotidien, je vois leurs difficultés, leurs fins de mois difficiles. Mon frère ne trouve pas d’emploi et Dieu sait qu’il cherche. Ils ont plein de voisins qui sont dans la même situation et je veux les aider dans le domaine du possible ».
Boutoille, t’as régné
Avec Patrick Collot et Pascal Cygan4, Djezon Boutoille est le seul à avoir connu deux fois la D1 avec le LOSC, avant 1997 puis à partir de 2000, confondant son parcours, ses hauts et ses bas, avec celui du club. Du quartier de Beau-Marais à la Ligue des Champions, il a illustré la réussite d’un parcours sportif encore classique dans les années 1990 : un petit gars de la région que le LOSC a pris sous son aile, et qui a fait la quasi-totalité de sa carrière professionnelle à Lille, une trajectoire qui devrait se raréfier, et qui rappelle à quel point Djezon et sa bande font déjà partie d’une autre ère. L’ère de ceux qui ont posé la première pierre de l’édifice que l’on regarde évoluer tous les week-ends. L’ère des joueurs de clubs valeureux, parfois besogneux, mais dont on se souvient avec une infinie reconnaissance.
Bonus track : les stats de Djezon Boutoille en championnat avec le LOSC :
Et on peut ajouter à ces chiffres les buts suivants :
2 buts en coupe de France (contre Lyon en 1997, à Boulogne en 98, voir la vidéo au-dessus)
2 buts en coupe de la ligue (à Toulon en 1996, contre Caen en 1997)
1 but en Intertoto (Bistrita en 2002)
FC Notes :
1 Sauf indication contraire, les propos de joueurs sont issus d’articles de la Voix du Nord ou de la Voix des Sports.
2 C’est une série qui ne contient que 26 épisodes… Assez pour donner le nom du héros à son fils ? Si vous en savez plus, dîtes-nous, on rectifiera !
3 Au passage, à « pas du tout » : « l’effectif cannois, qu’on pensait plus valeureux. L’euphorie du début de saison semble s’être estompée ». Bim.
4 Et Christophe Landrin, mais qui n’a joué que 2 matches en 1996-1997.
Posté le 11 août 2017 - par dbclosc
Romelu Lukaku au LOSC : un problème de taille
Lancé en mai 2009, 11 jours seulement après avoir fêté ses 16 ans, Lukaku est élu meilleur buteur du championnat belge un an plus tard, au terme de sa première saison pleine. Suivent une deuxième saison réussie et un transfert à Chelsea, où sa formation incomplète devient un vrai problème. Il passe un an principalement avec l’équipe réserve, avant de trouver du temps de jeu à West Bromwich puis Everton. Pourtant, Romelu aurait pu ne jamais faire sa formation du côté d’Anderlecht. En 2007, le LOSC l’avait contacté…
Ce week-end, la Premier League reprend ses droits. On suivra avec attention les performances des nombreux anciens Lillois qui y jouent. Une nouvelle fois, les clubs anglais ont investi massivement. À ce jour, Manchester City a dépensé plus de 250M€ pour répondre aux besoins de Guardiola.
Mais le joueur le plus cher de l’été en Angleterre est arrivé dans le club rival. Pour 85M€, sans compter les 20 millions supplémentaires de divers bonus, Romelu Lukaku troque sa vareuse de Toffee pour devenir Red Devil. Bien qu’il soit régulièrement critiqué et que l’on soit en droit de douter à sa réussite en Coupe d’Europe, Big Rom est une garantie de buts en championnat (85 buts en 5 saisons), principalement contre les clubs modestes, là où Manchester United péchait la saison dernière.
Lukaku devient ainsi le joueur belge le plus cher de l’histoire, mais surtout l’attaquant principal d’un des clubs les plus réputés au monde. Nouvelle preuve, si besoin est, de la qualité des efforts entrepris outre-Quiévrain. Il y a dix ans, le football belge est en pleine reconstruction. La fédération s’active depuis plusieurs années pour moderniser sa manière de former de nouveaux joueurs. Les efforts sont importants et paient : Anderlecht a sorti Vincent Kompany (déjà parti à Hambourg) de son centre de formation, tandis qu’à Liège, le talent de Marouane Fellaini et d’Axel Witsel commence à faire bouillir Sclessin. Le talent est là, mais les clubs restent insuffisamment structurés pour conserver les meilleurs éléments. Le danger vient des pays voisins, au nord et au sud : Thomas Vermaelen, Jan Vertonghen (tous deux en 2003) et Toby Alderweireld (2004) ont choisi de passer leur adolescence au centre de l’Ajax. Kevin Mirallas (2004) et Eden Hazard (2005) ont choisi le LOSC, qui avait montré également un intérêt pour Adnan Januzaj (alors âgé de 10 ans). En cause, une scolarité beaucoup plus adaptée à la pratique du football de haut niveau. En effet, la cohabitation entre ces deux éléments n’existe généralement pas, ou n’en est qu’à ses balbutiements. Ainsi, Anderlecht a attendu 2006 pour mettre en place le Purple Talents Project, en partenariat avec plusieurs établissements bruxellois. L’argument scolaire est souvent décisif auprès des parents. Les clubs néerlandais et français ont bien compris leur avance dans ce domaine.
En 2006, les efforts d’Anderlecht paient : Lukaku, convoité depuis deux saisons, rejoint le centre de formation du club le plus titré de Belgique. Il reste alors sur deux saisons au Lierse, au cours desquelles il a inscrit 130 buts en 68 matchs. Avec son physique d’adulte en U13 (une à deux têtes de plus, 25kg plus lourd), ses statistiques étaient ridiculement élevées. Sa mère raconte : « Les gens se demandaient s’il avait réellement le même âge. En réalité, non, puisqu’il évoluait la plupart du temps dans une catégorie supérieure. Il était le plus jeune sur le terrain. […] Un jour, Romelu était allé jouer dans un village voisin avec quelques ados. A un moment donné, la maman de l’un d’eux s’était adressée à lui en ces termes : ‘Mais Monsieur, quel plaisir prenez-vous donc à taper dans un ballon avec tous ces enfants ?’. L’un d’eux lui répondit : ‘Mais Madame, il a 13 ans et est plus jeune que nous !’ »1. Depuis toujours, Lukaku doit faire face aux doutes sur son âge réel. On lui fait remarquer qu’il a dû obtenir de faux papiers, que l’administration de son pays d’origine ne doit pas être très sérieuse. Romelu est né à Anvers.
Avec le maillot du Lierse, en 2003
A 13 ans, Lukaku est intégré aux U15 mauves, pour que l’opposition soit de meilleure qualité. Il claque 59 fois en 34 matchs. A 14 ans, il intègre donc les U17. 17 matchs, 26 pions. Les recruteurs se pressent pour voir ce géant. L’Inter, Manchester United, Arsenal…. Mais les plus intéressés se nomment Chelsea et Lille. La proposition anglaise est déclinée : pour les parents, un très grand club européen n’est pas le lieu idéal pour l’épanouissement d’un jeune et son développement. Quant au LOSC, il agite l’argument Eden Hazard, qui vient d’effectuer ses débuts professionnels, mais présente aussi Obbi Oularé2, Belge d’origine congolaise alors résident du Domaine de Luchin. Son père dira poliment que « c’était tentant, mais on a également refusé »3.
Avec Anderlecht, saison 2006/2007
En 2014, le petit frère Jordan Lukaku revient sur les doutes concernant l’âge de son aîné : « Tout le monde pensait qu’on avait trafiqué ses papiers. On avait beau dire qu’il était né en Belgique, les gens n’y croyaient toujours pas ». Et il enchaîne, révélant au passage pourquoi le clan Lukaku a refusé le LOSC. Les dirigeant lillois invitent la famille et présentent les infrastructures réputées du club. Ils insistent également pour faire passer le test de l’âge osseux. On vous passe les détails médicaux, mais grossièrement, il s’agit de déterminer l’âge d’une personne en étudiant sa maturation squelettique plutôt qu’en demandant sa carte d’identité. L’examen est fastidieux et approximatif, encore plus en période de puberté. Autrement dit, s’il y avait bien un truc à pas faire pour énerver l’entourage du joueur, c’est exactement ce que le LOSC a fait. Jordan Lukaku continue : « Le test indiquait que Romelu avait 17 ans, alors qu’il n’en avait que 14. Mon père s’est emporté. Il est parti furieux et il n’a plus voulu entendre parler du LOSC ».
Notes :
1 Sport/Foot Magazine, septembre 2009
2 Après avoir fait ses débuts à Bruges, il est transféré à Watford, qui le prête trois fois. Étonnant pour un Belge, qu’on ne prête généralement qu’une fois.
3 Sport/Foot Magazine, septembre 2009
Posté le 9 août 2017 - par dbclosc
Méthode Bielsa : le choc pour une génération traumatisée
On ne peut pas dire que le premier match du LOSC sous la direction de Marcelo Bielsa ait fait l’unanimité auprès des supporters lillois. A la sortie du Stade Gros Quinquin, Vianney est remonté : « c’est insupportable ce LOSC qui marque des buts ! Est-ce que ça veut dire qu’on doit dire adieu aux joies du 0-0 ? ». Les réactions sont unanimes pour critiquer l’entraîneur argentin. « Bielsa, c’est une philosophie des années 1970 ! Franchement, c’est à croire qu’il pense que les supporters viennent au stade pour avoir du spectacle » s’offusque Bruno.
D’autres, comme Patricia, insistent sur les problèmes que posent le jeu en mouvement prôné par l’ « homme à la glacière ». « Avec ce jeu, tous les joueurs sont en mouvement. Du coup, on a vachement de mal à les identifier. Benzia, un coup il était en position de milieu axial, juste après d’ailier gauche, puis ensuite d’ailier droit. A un moment il a même fait 50 mètres vers l’arrière pour arrêter une contre-attaque nantaise ! Moi, au stade ça allait, j’étais tout près ; mais je me mets à la place de ceux qui sont plus loin : ils doivent rien comprendre ». Cyrielle, de son côté, est déboussolée : « on a notre avant-centre, De Préville, qui fait des tacles de défenseur à la récupération, et notre arrière central qui met un but dans le jeu de l’extérieur de la surface… Et tous ces ballons récupérés dans les pieds adverses : on est où là ? »
Marcelo Bielsa semble s’interroger : c’est bien par ici la sortie ?
Les supporters se font alors nostalgiques. On évoque Thierry Froger, mais un nom en particulier ressort quand on discute avec eux. « On est nombreux à Lille à avoir la nostalgie de l’époque René Girard. Faut dire que jouer en 9-1-0, ça traduit une certaine audace » lance Damien. A ses côtés, Denis acquiesce mais tempère néanmoins le propos. « C’est vrai, mais il faut aussi reconnaître que Girard avait les joueurs pour se permettre cette ambition : dès que ça allait trop vite, Marvin Martin était là pour ralentir le jeu ». Thomas renchérit : « à chaque fois que j’allais chez Damien voir des matches du LOSC, ça faisait 0-0. On blaguait sur le fait que j’étais un peu le porte-bonheur, mais c’était bien sûr pour rire : on savait bien que c’est à René Girard et à Marvin Martin qu’on le devait ».
Le mec, il a 1 Bauthéac et 2 Tallo dans chaque pied
(Cliquez si le gif ne se lance pas automatiquement)
Pour d’autres, ça n’est pas le système de jeu de Bielsa qui est en cause. « On parle souvent de la défense à trois centraux de Bielsa. Mais ça ne veut rien dire : Hervé Renard aussi a expérimenté une telle défense, ça ne l’a pas empêché de proposer l’un des jeux qui m’a le plus marqué » analyse Patrick. « Ca relevait plus de l’esprit. Par exemple, lors de ses causeries d’avant-match, Hervé insistait vachement sur les belles voitures que les joueurs pourraient se payer en jouant en foot et sur les nanas qu’ils pourraient se taper. Forcément, psychologiquement ça fait la différence ».
Plus tard, on croise Bruno, lui aussi fervent admirateur de René Girard. « Je me souviens d’une fois où on perd 1-0 à une demi-heure de la fin. Combien d’entraîneurs auraient complètement changé leur système de jeu dans ces circonstances ? Et ben, pas René, droit dans ses bottes, le mec. Il est resté fidèle à ses valeurs et à son système jusqu’au bout. Je me souviens, il avait même remplacé Nolan Roux, son seul attaquant, par Franck Béria. Comme un symbole, Franck s’est retrouvé en position idéale pour le centre de l’égalisation à une minute de la fin, mais il a préféré calmer le jeu et la remettre en retrait à Marvin. Ca a finit à 0-1 ».
Contacté par notre équipe, René Girard n’est pas resté insensible à l’appel du pied des supporters. « A vrai dire, je ne suis pas vraiment surpris : je reçois souvent des messages chaleureux de supporters qui me parlent du »bon vieux temps ». Plus que la huitième place de 2014/2015, c’est la manière qu’ils ont retenue. Je reste à l’écoute de la nouvelle équipe dirigeante du club, mais je ne me fais pas de soucis. Je sais qu’ils ont toujours gardé un œil sur moi ». On espère en tout cas que, quand il nous dit que les dirigeants ont « gardé un œil sur lui », c’est au sens figuré, parce que sinon, ça serait plutôt dégueulasse. Et sans doute plutôt une marque de défiance à son égard.
Posté le 5 août 2017 - par dbclosc
Lillois, bourgeois et consommateurs, Lensois, prolétaires et passionnés. Retour sur les mythes des supportérismes différenciés en Nord-Pas-de-Calais.
Encore aujourd’hui, on entend encore parler du RC Lens comme possédant le « meilleur public de France ». A l’appui de cette thèse, le constat que, même en L2, le club du bassin minier accueillait encore 28 896 spectateurs par match, soit presque autant qu’à Lille (29 487) qui s’est pourtant récemment habitué à lutter chaque saison pour une qualification européenne. Un tel écart entre les « raisons objectives » d’aller au stade et le constat d’une similitude des affluences amène alors presque invariablement à la même interprétation : c’est parce que le public lensois est d’une particulière fidélité à ses couleurs, à l’opposé de Lille, la bourgeoise « consommatrice » de football.
Précisons-le d’emblée, pour considérer qu’il faudrait davantage d’abnégation pour aller voir jouer un Racing luttant pour la montée en L1 que pour aller voir jouer le LOSC la saison dernière, il faut sans doute n’avoir rien vu du spectacle proposé alors par les Dogues. En outre, l’incertitude étant un puissant aiguillon à aller au stade, le championnat de L2 de l’an dernier, particulièrement serré, était beaucoup plus incitatif pour les supporters lensois que pour ceux de Lille pour lesquels l’incertitude s’est pour l’essentiel limitée à la détermination de classement final, relégation comme ambitions européennes apparaissant rapidement irréalistes.
Ceci étant dit, le mythe du « meilleur public de France » pour Lens ne repose pas sur le vide absolu et, en contraste, Lille, qui dispose pourtant d’un bassin de population supérieur a pu paraître bien peu passionnée pour le football au regard des affluences constatées depuis la remontée de 1979.
Graphique 1 : nombre moyen de spectateurs par match à Lille et à Lens (1978-2017)
Sur ce graphique, on observe bien une différence flagrante d’affluences entre Lille et Lens, culminant jusqu’à un rapport de 1 à 4 au cours de la saison 1998/1999. Le discours associant Lens à la passion de ses supporters prend d’ailleurs une importance particulièrement forte à la fin des années 1990, quand ses affluences atteignent ses niveaux les plus élevés quand, à Lille, celles-ci ont globalement stagné en dessous des 10 .000 spectateurs par match depuis le début des années 1980.
De même, la bascule entre Lens et Lille au niveau des affluences apparaît arriver bien tardivement puisqu’il faut attendre 2013 pour que les affluences lilloises dépassent celles de Lens : même l’année du doublé, en 2011, les affluences lilloises sont très loin de celles du voisin lensois qui terminait pourtant le championnat à la 19ème place. Nous y reviendrons ensuite longuement, les causes qui expliquent cela sont pourtant loin de se limiter à une passion supérieure de la part des Artésiens par rapport aux Lillois.
Deuxième trait caractéristique du public lensois qui est véhiculé dans les discours publics, ce supportérisme s’ancre dans une tradition ouvrière, c’est-à-dire qu’il se distingue à la fois par son ancrage populaire et par le fait qu’il s’inscrit dans un héritage de long terme.
A Lens, un supportérisme ouvrier encadré et encouragé par la bourgeoisie locale
Afin de se prononcer sur cet héritage spécifique, il est alors opportun de comparer les affluences de Lens et de Lille en remontant plus longtemps en arrière, c’est-à-dire en remontant jusqu’en 1947/1948, saison la plus ancienne sur laquelle nous avons pu obtenir des données.
Graphique 2 : nombre moyen de spectateurs par match à Lille et à Lens (1947-1978)
Ces données sont intéressantes en ce qu’elles nous montrent que la supériorité lensoise en matière d’affluences n’est pas « ancestrale » puisque les clubs des deux villes connaissent en réalité des affluences extrêmement proches jusqu’aux années 1970, Lens prenant l’ascendant à partir de 1974. On pourrait être tentés d’objecter que c’est la supériorité des résultats lillois au sortir de la guerre qui lui permet de concurrencer son voisin lensois en matière d’affluences, mais l’explication ne tiendrait au mieux que jusqu’en 1956, année de la première descente lilloise. On constate en effet que, après cette date et jusqu’aux années 1970, les affluences des deux clubs sont extrêmement proches alors même que c’est le RC Lens qui prend alors l’ascendant en termes de performances sportives, ceci étant particulièrement vrai jusqu’en 1964. Si les résultats constituent un avantage, on devrait alors plutôt conclure que ce sont alors les Lillois qui se montraient alors les plus passionnés.
En réalité, en croisant différents facteurs d’explication, on arrive assez bien à recontextualiser les différentes évolutions constatées dans les affluences de Lille et de Lens. A ce titre, il faut souligner que si le RC Lens bénéficie de la réputation d’être un club « ouvrier », ce qui est vrai à certains égards, il a été à l’origine crée à l’initiative de riches industriels des houilles du Pas-de-Calais qui s’en sont servis dans l’optique d’ « encadrer » les populations ouvrières. Historiquement, cet encadrement du club par cette haute-bourgeoisie industrielle perdure longtemps et explique la manière dont se structure le supportérisme lensois. Ainsi, suivant une logique paternaliste, les industriels voient d’un bon œil le développement du football et ils l’encouragent largement. Par exemple, après la seconde guerre mondiale, ils financent notamment le transport des ouvriers vers le stade, ce qui favorise nécessairement de fortes affluences.
A l’inverse, les dirigeants lillois n’ont alors pas de véritable stratégie d’association avec les sections de supporters, si bien que leur venue au stade est davantage tributaire d’eux-mêmes qu’à Lens. De plus, il faut également souligner que si aujourd’hui résidents roubaisiens et tourquennois ont toutes les chances de s’identifier au LOSC s’ils sont amateurs de football, cela n’était pas le cas à l’époque : le CO Roubaix-Tourcoing est en effet alors un réel concurrent au LOSC, limitant de fait le réservoir potentiel de ses supporters : jusqu’en 1955, ce sont environ 8 000 spectateurs en moyenne qui assistent aux match du CO Roubaix-Tourcoing, soit autant qui ne peuvent assister à ceux du LOSC quand ces deux équipes jouent au même moment. Dans ce contexte, le fait que Lille ait alors un public supérieur en nombre à celui du RC Lens reflète certes l’excellence de ses résultats d’alors mais traduit également son fort ancrage populaire.
Le LOSC champion de France 1953/1954
Si par la suite les courbes des affluences des publics lensois et lillois suivent des évolutions très voisines, ça n’est pourtant pas pour les mêmes raisons. Ainsi, quand arrivent les années 1960, l’industrie charbonnière entre en crise ce qui amène les industriels à moins investir dans le football, ce qui explique alors le déclin des affluences à Lens au cours des années 1960 en dépit de la stabilité des performances de l’équipe. A Lille, le supportérisme ayant été moins structuré par les élites dirigeantes, il en est également moins dépendant. Si Henri-Jooris voit également ses travées se dépeupler dans des proportions analogues à ce qu’on observe chez le voisin, la raison est différente : ici, c’est le déclin sportif qui est essentiellement en cause : Henri-Jooris accueille ainsi environ 12 000 spectateurs par match pendant sa période de gloire, puis environ 8 000 dans les années 1960, quand le club oscille entre D2 et lutte pour le maintien en D1.
L’éphémère et concomitant abandon du statut professionnel à Lens et à Lille en 1969 engendre un fort désinvestissement des supporters. Les deux ogres historiques du foot régional disputent alors leurs rencontres devant 1 200 spectateurs par match. A Lille, le public n’attendait pourtant vraisemblablement que le retour du professionnalisme pour revenir au stade : ils sont ainsi plus de 7 000 par match à venir encourager le LOSC en D2 la saison suivante, puis 10 000 pour leur retour en D1 en 1971/1972, et encore plus de 8 000 les deux saisons suivantes, à nouveau dans l’antichambre de l’élite.
Un volontarisme politique plus fort à Lens
A Lens, l’histoire est différente. Également de retour en D2 en 1970/1971, comme le voisin lillois, le public ne revient que modérément au stade, puisqu’ils sont 2 850 en moyenne cette saison-là, puis 3 200 la saison suivante. Pour autant, l’abandon des travées de Bollaert ne sera que de courte durée. Sous l’impulsion de l’action volontariste d’André Delelis, le maire de Lens, le club trouve de nouveaux moyens dont ne peuvent se prévaloir les Lillois. Le club remonte lors en D1 et les supporters sont incités à revenir au stade, à la fois en raison de la politique municipale, mais aussi en raison de résultats probants. Septièmes de D1 en 1974/1975, le Racing parvient surtout en finale de coupe de France, ce qui lui ouvre la voie à sa première qualification européenne. Deuxièmes de D1 en 1976/1977, les Lensois s’affirment comme le grand club régional, l’année même de la relégation du LOSC en D2. C’est à cette époque que se développe un public au stade Bollaert, pas tant en raison d’un « héritage » qu’en raison d’une ambition municipale conjointe à un renouveau sportif. L’agrandissement du stade dans le cadre de l’Euro 1984 contribue également à augmenter les affluences moyennes, creusant artificiellement l’écart entre les deux clubs.
Depuis qu’elle supporte Lens, Sophie Davant a pris un coup de vieux. Elle s’appelle dorénavant Sophie Daprès
Le LOSC est pour sa part soutenu beaucoup plus modérément par sa municipalité. En parallèle, les résultats sont décevants et les affluences leur sont alors assez directement corrélées. A cette époque, le Racing prend alors pour la première fois l’ascendant en termes de fréquentation du stade. Dans les années 1980, cette domination demeure toutefois toute relative est étroitement liée aux résultats. Ils sont en effet en moyenne plus de 19 000 spectateurs par match à Lens en 1982/1983 quand le club artésien finit 4ème soit plus de 10 000 de plus qu’à Lille qui termine dans le ventre mou pour la quatrième année consécutive. Les supporters lensois ne sont pourtant déjà plus que 7 000 par match six ans plus tard, l’année de la relégation, quand Lille, 8ème, atteint une moyenne de 8 500.
Au début des années 1990, Lens semble avoir pris un léger ascendant sur Lille en matière de soutien populaire. Parmi les raisons qui l’expliquent, c’est, au-delà du soutien municipal, l’existence d’une incertitude qui, liée à l’identification, constitue l’un des principaux moteurs du déplacement au stade. Or, Lille fût particulièrement mal placé en la matière depuis sa remontée de 1978 puisque les Dogues terminaient presque invariablement dans le ventre mou du classement. A l’inverse, Lens, habitué des montagnes russes a alors fait très fort en matière d’incertitude : sur la même période, les Lensois connaissent ainsi qualification européenne, relégation (avec le record du plus faible nombre de points) et remontée dans l’élite.
D’ailleurs, le parcours du Racing en 1990/1991 semble illustrer jusqu’à la perfection les conditions d’un engouement populaire, cumulant déceptions, rebondissements jusqu’à l’espoir d’une issue incroyable. Lors de cette saison, tout commence mal pour nos chers voisins puisqu’au terme de la 10ème journée, ils ne comptent que 7 points, avec 2 victoires, 3 nuls et 5 défaites dans l’antichambre de l’élite, soit un bilan particulièrement piteux pour une équipe qui disputait l’Europe jusqu’à il y a peu. Loin des espoirs que devraient logiquement nourrir un club de cette ampleur, le Racing est alors virtuellement en D3.
Contrairement aux apparences, il y a encore du monde à Lens en L2
Et c’est là que se passe l’incroyable. Jusqu’à une défaite à Guingamp (1-0) lors de la 29ème journée, le RC Lens remonte inexorablement au classement grâce à une série de 18 matches sans défaite, ponctuée de 9 victoires. Malgré cette défaite, le RC Lens reste au contact des barragistes. Cinq solides prestations plus tard, Lens se retrouve barragiste. Dans le contexte des barrages, les affluences sont toujours fortes tant l’enjeu est explicite et l’issue incertaine : à Bollaert, ils seront 40.000 pour voir le Racing battre le voisin valenciennois (1-0) ; 45.000 pour défendre leurs favoris contre Strasbourg (3-1). Ils ne sont « que » 31.000 pour une dernière victoire contre Toulouse (1-0). Mais Lens s’était incliné 4-0 au match aller. Note humoristique au passage, l’un des bourreaux toulousains au match aller n’est autre que Mika Debève, futur historique lensois. Bonne surprise de l’entrée en lice de la DNCG : malgré ce dernier échec, Lens monte malgré tout en D1 du fait des relégations administratives de Bordeaux, Brest et Nice …
Quand tout converge pour légitimer la thèse de la supériorité du public lensois
Bref, le RC Lens remonte en D1 en 1991. C’est au cours de la décennie 1990 que le Racing prend un net ascendant sur son concurrent régional – nous – et s’affirme comme le premier club régional, légitimant la future saillie de Gervais prophétisant notre disparition. A Lens, la progression tranquille vers les sommets, les amenant d’abord en coupe d’Europe (en 1995) puis vers le titre (en 1998) quand le LOSC déclinait, se maintenant péniblement chaque année jusqu’à la descente de 1997.
A ce facteur des résultats, s’ajoute un fort investissement de la marie lensoise que l’on n’a pas à Lille. Se joue sur cette question un avantage lensois : si à Lille le football n’est que l’une des nombreuses attractions culturelles de la ville – voire une attraction culturellement dévalorisée au regard des ambitions de la Mairie – à Lens, le football apparaît comme l’étendard de la ville. Sans vouloir dépeindre Lens comme une ville où il n’y a rien d’autre que le foot, force est de constater que le Racing a tout pour apparaître comme sa plus belle attraction et, ce faisant, comme l’outil idéal pour faire parler de la ville. Sur ce point, le football a beaucoup plus de raisons d’être érigé en priorité municipale qu’à Lille. Fait qui justifie en retour une forte action municipale et, le succès aidant, la venue d’investisseurs contribuant à la communication du club et à la venue de supporters, lesquels ne viennent d’ailleurs alors pas toujours du bassin minier mais aussi souvent des alentours et ce au moins jusque de Lille.
D’autres facteurs variés viennent encore compliquer les velléités de supportérisme à Lille. Ceux qui ont fréquenté Grimonprez-Jooris pourraient par exemple longuement parler des parkings des alentours où l’on n’allait qu’au risque de s’y embourber les soirs pluvieux. Bref, tous ces « avantages » qui vous incitent davantage à écouter le match de votre poste radio plutôt qu’à le suivre au stade …
Bref, un ensemble de facteurs vont faire que, vers la fin des années 1990, ce sont jusqu’à quatre fois plus de supporters qui se déplacent au stade à Lens qu’à Lille, record historique qui ne sera plus ensuite battu.
Avec la fantastique épopée losciste de la bande à Vahid puis celle de la première qualification européenne les supporters lillois retrouveront des raisons d’aller au stade. Cette motivation renaissante sera pourtant contrariée, d’abord par la petitesse de Grimonprez-Jooris, puis encore davantage par le déménagement dans le fort peu sexy Stadium Nord. Fort logiquement, l’arrivée dans le nouveau Stade, plus grand, plus beau et tout nouveau entraîne une explosion du nombre de spectateurs présents.
Parallèlement, le contexte lensois favorise le déclin de sa moyenne de spectateurs. D’abord, les résultats déclinent au cours des années 2000 avant que la situation sportive ne devienne franchement chaotique. Le creux de la saison 2014/2015 ne constitue pas non plus un mystère : cette saison-là, le Racing ne joue pas à Bollaert mais se fait héberger chez son « voisin » amiénois au Stade de la Licorne, dont la capacité est bien moindre.
Entre nous, on ne comptait pas vous l’acheter de toute façon
Bref, fait que l’on n’a plus observé depuis le milieu des années 1950, cela fait maintenant cinq saisons de suite que le public est plus nombreux à Lille qu’à Lens. Là encore, comme quand on claironnait que Lens était « le meilleur public de France » en comparaison de Lille, où le public était censé être moins passionné, il y a des raisons objectives à cet état de fait. Le vent a tourné et, qui sait, peut-être qu’un jour des commentateurs audacieux et en recherche de formules fortes défendront, comme ils l’avaient fait jadis avec Lens, que le LOSC a « le meilleur public de France ». Si on l’entend, on s’en réjouira, mais on se dira aussi que, décidemment, certains aiment bien se construire des légendes.
Posté le 3 août 2017 - par dbclosc
Halilhodzic/Guivarc’h : la bataille du 11 novembre 2000
Le 11 novembre 2000, Lille et Auxerre partagent les points (1-1) en dépit d’une outrageuse domination des loscistes. À la fin du match, Vahid Halilhodzic est retenu par Jean-Pierre Mottet et des stadiers, qui l’empêchent d’aller fracasser Stéphane Guivarc’h, buteur à la 90e minute. Que s’est-il passé ?
Le 11 novembre est traditionnellement un jour de paix. En 2000, Grimonprez-Jooris y aurait plutôt vu une scène de bagarre si l’entraîneur lillois n’avait pas été maîtrisé in extremis par son staff et la sécurité. Pourtant, tout allait bien il y a 5 minutes : le LOSC, auteur d’un beau début de saison, mène 1-0 grâce à un but sur pénalty de Mikkel Beck, marqué en deux temps : une première fois transformé, le pénalty a dû être retiré ; le Danois l’a placé au même endroit le seconde fois. Durant 90 minutes, les Lillois, emmenés par un Laurent Peyrelade survolté, ont multiplié les occasions. Avec la meilleure défense depuis le début du championnat (10 buts encaissés en 14 matches), la 7e victoire de la saison semble se dessiner. Mais, à la 90e minute, les Auxerrois bénéficient d’un coup-franc, pour une faute peu évidente de Pascal Cygan sur Stéphane Guivarc’h. À 25 mètres du but lillois, décalé par Moussa Saïb, le buteur auxerrois trompe Grégory Wimbée, qui n’avait pas eu grand chose à faire jusque là. Le match s’achève alors dans la confusion : sur les conseils du 4e arbitre, Ameziane Khendek, Vahid Halilhodzic est expulsé par M. Kalt ; et le retour aux vestiaires des joueurs tourne à la tentative de règlement de comptes entre Halilhodzic et Guivarc’h. Un résumé du match :
« J’ai fait une bêtise »
On connaît Vahid passionné et parfois excessif, mais de là à s’en prendre physiquement à autrui… On apprend par ailleurs qu’à l’issue du match, Martine Aubry, qui a lancé sa campagne, est également très en colère et attend devant la porte des arbitres ! « D’où j’étais placée dans la tribune, j’ai très bien vu M. Khendek s’en prendre à notre entraîneur et l’insulter » déclare la future maire, qui souhaite voir les arbitre : « j’attends qu’ils aient fini de prendre leur troisième douche ! ». Pour comprendre la réaction de l’entraîneur bosniaque, revenons sur l’avant-match. Après être longtemps resté cloîtré dans son bureau, Vahid raconte : « Didier Santini m’avait raconté comment Guivarc’h s’y était pris à Toulouse. Alors j’avais prévenu les joueurs. Je leur avais recommandé de ne pas se laisser piéger. Résultat, c’est moi qui ai plongé…1 ». Le résumé ne permet pas de voir quel a été le comportement de l’avant-centre auxerrois – et même sur place, le match ne nous a laissé aucune impression bizarre – mais on constate que le coup-franc décisif est obtenu avec beaucoup d’expérience, sous le regard dépité de Pascal Cygan, qui semble avoir conscience de s’être bien fait avoir sur ce coup-là – et sur d’autres avant ? Si l’on en croit le camp lillois, Stéphane Guivarc’h n’a cessé de provoquer les Lillois et de chercher à contourner les règles du jeu. Autre élément mis en avant par les Lillois : une grossière faute de Boumsong sur Dagui Bakari à la 81e, qui n’a valu qu’un carton jaune au défenseur auxerrois. « Avant de me présenter comme le seul fautif, il faut savoir que nous avons été chambrés, frappés, insultés. Chez nous. Les arbitres l’ont vu, sans réagir. Quand j’ai constaté que Dagui avait pris un coup de coude volontaire, hors du jeu, sous les yeux de l’arbitre de touche, sans que l’auteur soit expulsé, mon sang a commencé à bouillir » commente Vahid. Bouquet final : après avoir égalisé, Stéphane Guivarc’h est passé devant le banc lillois pour défier Vahid Halilhodzic : « Guivarc’h, qui n’avait cessé de me chercher, est venu me narguer après avoir égalisé. Là, j’ai explosé. J’ai fait signe de le casser. J’ai fait une bêtise. En tant qu’entraîneur, je n’ai pas le droit de me comporter ainsi. Mais je voudrais qu’on replace ma colère dans le contexte ».
L’intrusion de Gérard Bourgoin
Il s’est également passé quelque chose d’invisible aux spectateurs durant le match, qui a provoqué la colère d’Halilhodzic. Au cours de la première période, Gérard Bourgoin, président du club d’Auxerre, est arrivé. Mais Gérard Bourgoin, accessoirement, est aussi président de la Ligue. Et à la pause, il est allé saluer les arbitres. Probablement une visite de courtoisie tout à fait innocente… Le mélange des genres a déplu non seulement à Vahid, mais aussi à Luc Dayan, président du LOSC, qui souligne que G. Bourgoin a été lus prompt a saluer les arbitres que son homologue : « Vahid a pris conscience de son erreur. Cela dit, nous sommes solidaires. Je comprends d’autant mieux son emportement que moi-même, à mon niveau, j’ai ressenti la même sensation d’humiliation en voyant arriver, sans être prévenu, le président de la Ligue, qui a ensuite cru bon aller rendre visite aux arbitres à la mi-temps. J’ai eu une désagréable impression de manipulation ». Et c’est à partir de la seconde période que Vahid et Khendek ont « livré un duel verbal de tous les instants ».
Frustration
Indéniablement, ce coup de sang trouve aussi son origine dans la frustration procurée par le manque d’efficacité lilloise. Quand on regarde le résumé, on se demande comment le LOSC ne parvient pas à scorer 4 ou 5 fois. Et si Lille avait gagné, il n’y aurait eu nul besoin de répondre d’une autre manière à Guivarc’h : « ce qui m’a mis le plus hors de moi, c’est de voir mes joueurs aussi mal récompensés de leur travail. Au décrassage, je les ai félicités pour la qualité du jeu qu’ils ont déployé au cours de cette partie. Ils ont réussi un grand match, un match de référence. Mais tous leurs efforts ont été gommés par un coup-franc imaginaire. Ça fait très mal ! Je suis heureux que le LOSC soit en tête du classement du fair-play. Mais c’est d’abord de prendre les points nécessaires au maintien qui m’importe. Cela dit, je le répète, j’ai fait une bêtise et j’ai failli en faire une plus grosse encore… Je prends peut-être le LOSC trop à cœur ». Certes, mais ce n’est pas un défaut ça ! Émotif, impulsif, pour le meilleur et pour le pire, on avait déjà eu l’occasion d’en parler ici. Comme l’indique Laurent Peyrelade au Parisien après cet épisode, « il est passionné et très exigeant. Et comme souvent dans ces cas-là, il y a de l’excès dans les deux sens : il est excessif dans ce qu’il nous demande mais également dans sa protection des joueurs ». Pour Greg Wimbée, « il est comme ça : il vit ses matchs de façon très intense. Il oublie les règles. ». mais le problème est que M. Kalt a expliqué qu’il avait « craint pour son intégrité physique ». La Voix des Sports trouve cela exagéré, rappelant que l’arbitre n’était pas directement visé, et que par ailleurs « il se trouvait à plus de 30 mètres du point chaud et bénéficiait d’un cordon de sécurité impressionnant ».
La commission de discipline de la Ligue nationale a d’ailleurs été clémente. Hormis une suspension, tout est finalement rentré dans l’ordre. Car si Vahid s’énerve, il sait aussi reconnaître quand il a tort. Lors du décrassage, le dimanche matin, il a présenté ses excuses aux joueurs. « Je regrette parce que je dois veiller à ma réputation et à ma santé. Cette histoire est très négative pour mon image. Mais d’un autre côté, j’ai appris de la vie qu’il ne faut pas se laisser faire, de n’avoir peur de personne. Quand on me cherche, on me trouve. ». Quant à Luc Dayan, il déclare : « la leçon de cette soirée est que, collectivement, nous sommes restés naïfs. Mais nous sommes dans une logique de construction et nous revendiquons cette naïveté comme une qualité. Ce genre d’événement doit cependant nous permettre d’évoluer ».
Lille/Strasbourg, 29 novembre. Vahid Halilhodzic purge son match de suspension en tribune.
FC Note :
1 Sauf indication contraire, les réactions citées dans cet article sont issues d’un article de Serge Verkrusse dans La Voix des Sports du 13 novembre 2000.