Posté le 17 août 2017 - par dbclosc
Djezon Boutoille, le LOSC incarné
Formé au LOSC à partir de 1990, Djezon Boutoille a marqué l’histoire du LOSC de ses débuts en pro en décembre 1993 jusqu’à son départ, près de 10 ans plus tard. Son attachement viscéral au Nord – quitte à passer à côté d’une carrière plus prestigieuse ? – l’a conduit à presque tout connaître avec le LOSC, des maintiens-galère à la Ligue des champions, en passant par la descente en D2, les montées ratées, les gros coups de pompe, et la renaissance avec l’arrivée de Vahid Halilhodzic, qui le promeut capitaine pour les valeurs qu’il représente.
Nos enseignants nous disent souvent que lorsqu’on commence un texte, il faut aller du général au particulier : en d’autres termes, partir d’un fait ou d’une anecdote basique qui vient illustrer le fil rouge que l’on va tenter de développer. D’accord, c’est parti. Quelque part en juillet 1999, on venait d’assister avec ma frangine à l’entraînement des joueurs du LOSC à côté du stade Grimonprez-Jooris. Une fois les joueurs rentrés au vestiaire, on se pose devant le pont du petit Paradis, sur un banc, et on fait le bilan (calmement) des autographes qu’on a eus.
Au bout de quelques minutes, une silhouette familière venant du stade traverse le pont et se dirige dans notre direction, à pied. C’est Djezon Boutoille ; ça tombe bien : on l’a loupé dans le flot des joueurs et on a des trucs à lui faire signer. Bon nous, on est toujours un peu intimidés face à un joueur de LOSC pensant que, hors cadre professionnel, on l’embête un peu, mais lui le semble encore plus quand il arrive à notre hauteur. Il est tout gentil Djezon. Il attend qu’on retrouve nos carnets, nos photos, on discute 2 minutes.
_Ah ben t’es à pied ? (question du tonnerre)
_Ouais j’habite rue Sainte-Catherine maintenant, alors bon…
_Oui c’est pas loin ! (réplique de ouf)
_De toute façon j’ai pas le permis moi.
Ah oui, c’est vrai, quand Djezon arrive en voiture à l’entraînement, c’est en tant que passager de Fred Machado. Bon, que retire-t-on de cet échange ? Que Djezon est un mec de proximité et pas très mobile (hormis sur le terrain). Allez, on peut même révéler ce que Fred Machado nous avait confié : « Djezon, il ne quittera jamais le LOSC… Il est trop attaché au Nord, à Calais, et à sa mère ! ». Et ben tant mieux pour nous, parce qu’on l’a beaucoup aimé ce petit bonhomme : disponible, fidèle, et surtout un bon footballeur. Manchester, c’est Ryan Giggs (connard) ; Rome, c’est Francesco Totti ; et Lille, évidemment, c’est Djezon Boutoille : une espèce de vestige tantôt idéalisée, tantôt presque folklorique (de nos jours, une page facebook farfelue lui rend quotidiennement hommage) d’une autre époque, que même ceux qui ne l’ont pas vu jouer connaissent de réputation. Un « Djezon Boutoille », c’est presque un type de joueur, une marque, faisant intervenir des valeurs et des caractéristiques dont les usages sont réversibles.
« Djezon » ?!?
Boutoille, prénom : Jason… Djason… Djeson… Djezon. D.J.E.Z.O.N. Un prénom à l’orthographe complètement improbable, qui suscite encore bien des sourires, sinon des moqueries. Quand on lui demande les raisons pour lesquelles sont parents l’ont appelé ainsi, il répond : « cela vient de ma mère qui aimait particulièrement une série à la télévision. Et puis j’ai aussi une grand-mère d’origine américaine1 ». D’accord, mais si tous les gens qui ont la télévision ou qui ont un ancêtre américain appelaient leur enfant Djezon, ça se saurait ; dès lors, l’explication ne suffit pas. Maman Boutoille était donc une fan fidèle d’une série télévisée dont un héros portait le prénom Jason. Souvent, on évoque Beverly Hills, où le rôle de Brandon Walsh est interprété par l’acteur américain Jason Priestley. Sauf que cette série n’a été diffusé aux Etats-Unis qu’à partir de 1990, et en France à partir de 1993. Or, Djezon Boutoille est né le 9 novembre 1975. On va donc avancer l’hypothèse suivante : la série en question est Jason King, également connue sous le nom Le Mystérieux Jason King, diffusée à partir de 1971 aux Etats-Unis2. Mais l’explication ne suffit toujours pas : de Jason à Djezon, la traduction phonétique du prénom est cocasse. Que la déclaration orthographique à l’état-civil résulte d’une méconnaissance de l’écriture du prénom Jason ou d’un acte délibéré, on peut dire que ce prénom porte les marques des origines sociales de la famille Boutoille. Un prénom tellement surprenant que la Voix du Nord s’y perdra longtemps, comme nous allons l’illustrer.
Du Beau-Marais à Grimonprez-Jooris
Et ces origines, il faut aller les chercher du côté du quartier du Beau-Marais, à Calais. Un quartier étiqueté « ZUP », caractérisé par de grands ensembles de tours HLM, encore considéré par l’INSEE comme le quartier le plus pauvre du Pas-de-Calais en 2015. C’est à deux pas de là, dans le quartier des Cailloux, qu’il tape dans ses premiers ballons : « on était une bande de gamins à jouer au foot, au pied des immeubles. C’est comme ça que j’ai été remarqué par l’Amicale Balzac de Calais. J’ai fait 5 ans au CRUFC et à l’époque, j’avais été sollicité par Lille, mais aussi par Lens, Valenciennes et Dunkerque. Les dirigeants lillois furent les plus convaincants » . En l’occurrence, c’est à Bernard Gardon, directeur sportif, que l’on doit la venue à Lille de ce petit et vif attaquant, dont les qualités sautent aux yeux : rapidité, capacité à dribbler l’adversaire et à s’engouffrer dans de petits espaces.
Djezon Boutoille intègre le centre de formation lillois en 1990 : il a 14 ans et est alors catégorisé en Cadets. Rapidement, ses qualités l’amènent à être appelé en sélection : dès les Cadets 2 (équivalent d’une catégorie entre les U15 et U17 d’aujourd’hui), les portes de l’équipe de France s’ouvrent à lui. En cadets puis en Juniors (U18/U19), il y est entraîné notamment par par Jean François Jodar. Au total, une trentaine de matches en bleu pour une dizaine de buts. Il débute avec la réserve en octobre 1992, contre le PSG, sa seule apparition cette année là. À l’entame de la saison 1993/1994, il en est partie intégrante, en nationale 2. Il est désormais stagiaire 3e année. Si tout va bien, il signera professionnel au début de la saison suivante. En octobre, il inscrit son premier but en senior avec Lille, contre Strasbourg ; 4 buts plus tard, logiquement, Djezon frappe à la porte du groupe professionnel, 2 mois seulement après avoir acquis un statut de titulaire avec la réserve : on a parlé de cette période ici.
Il est désormais en équipe de France des moins de 20 ans : la victoire contre le Danemark en novembre 1993 (2-0) coïncide avec ses premiers pas à l’entraînement avec le groupe pro du LOSC. Il est pour la première fois convoqué par Pierre Mankowski pour le match contre Lyon, le 20 novembre 1993, quelques jours après avoir fêté ses 18 ans. Lille s’impose 2-1, mais Djezon n’entre pas en jeu. Rebelote la semaine suivante à Auxerre : il regarde depuis le banc la déroute lilloise (0-5) : ce n’était probablement pas le meilleur scénario pour lancer un petit jeune. Début décembre, il sort du groupe le temps de deux matches, contre Paris (0-2) puis à Lens (1-1). Il reste un match avant la trêve: l’AS Cannes de Luis Fernandez se présente à Grimonprez-Jooris, et Djezon retrouve le groupe professionnel.
À la 37e minute, Clément Garcia se claque. Le score est toujours de 0-0. Surprise, c’est Djezon Boutoille qui entre, et qui fait donc ses débuts en première division. Surprise car c’est un autre jeune du centre de formation, Antoine Sibierski, qui a pris l’habitude, depuis quelques mois, d’être le bénéficiaire du premier changement offensif de l’équipe lilloise. Cette fois, Sibierski reste sur le banc. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la première de Djezon est réussie : à la 75e minute, pendant qu’entretemps Sibierski est aussi entré, Thierry Bonalair le sollicite pour un une-deux : sa remise est parfaite, et le capitaine lillois ouvre le score d’une frappe à ras de terre à l’entrée de la surface de réparation. Dans la foulée, il est contré au dernier par le portier cannois, Michel Dussuyer. Le LOSC s’impose 1-0. Le lendemain, la Voix du Nord salue la performance dans sa rubrique « on a aimé », décliné en 5 catégories ; à « beaucoup », on peut lire : « la première apparition de Djason Boutoille en équipe première. Il fut souvent dans les bons coups, manquant même de peu d’inscrire son premier but en Division 1 »3.
La formation, l’une des rares satisfactions du LOSC
En ces temps assez moroses à Grimonprez-Jooris, où le spectacle est rare et les entraîneurs nombreux, une seule éclaircie : la formation. Même si Djezon est resté 15 ans à Calais, le LOSC parvient à sortir des joueurs qui, peu à peu, apparaissent en D1 : Oumar Dieng, Fabien Leclercq, Antoine Sibierski, Frédéric Dindeleux, Cédric Carrez (ces trois derniers constituent la « génération 1974 »). Djezon est le plus jeune de tous, mais il est précoce : il commence en D1 deux mois après Fred Dindeleux, avant Cédric Carrez, et bien avant Frédéric Machado, avec qui il n’a que 2 jours d’écart. En matière de jeunes, le LOSC fait de nécessité vertu : en raison des problèmes financiers que le président Lecomte résorbera progressivement, le club vit durant plusieurs saisons avec une masse salariale encadrée et un recrutement limité. Solution possible : puiser dans la réserve et lancer les petits.
Cédric Carrez, Frédéric Dindeleux, Fabien Leclercq, et Antoine Sibierski : rares fiertés d’un club qui survit
De fréquentes apparitions, mais un manque de réussite
Au cours de cette saison 1993/1994, Djezon prend part à 8 autres rencontres, et Mankowski n’hésite pas à faire appel à lui quand le LOSC est mené – le lecteur attentif aura relevé qu’à cette époque, de toute façon, le LOSC menait rarement. Il connaît sa première titularisation en D1 lors de la 31e journée : un Lille/Strasbourg, le 26 mars 1994. Il sort à 5 minutes de la fin, alors que le score final est acquis (1-1). Une semaine après, l’entraîneur lui renouvelle sa confiance, et Lille gagne à Montpellier (3-1). Autre date importante : le 26 avril 1994. Ce jour-là, Djezon Boutoille joue son premier match entier en D1, contre Metz (0-4). Pour sa première saison, Djezon apparaît donc 9 fois, dont 5 fois en tant que titulaire ; des apparitions prometteuses, même si on le sent encore fragile. Cet apprentissage du haut niveau se poursuit durant la saison 1994-1995 avec Jean Fernandez : il apparaît 10 fois avant la trêve, mais seulement 2 fois en tant que titulaire. Et on le voit plus à partir de janvier : il ne réapparaît que pour un match, lors de la 35e journée, à Saint-Étienne : il entre en jeu à la 57e alors que Lille est mené 0-2 ; à l’arrivée, le score est de 3-3 : considérons qu’il y est pour quelque chose. Mais tout de même : après 20 apparitions en D1, Djezon n’a toujours pas marqué… Certes, on est à Lille, et Lille marque peu. Mais c’est embêtant pour un attaquant, car il a des occasions, mais ne les transforme pas. Autant sa combativité, sa rapidité, et sa manière de dribbler sont louées, autant son manque d’efficacité commence à occasionner une petite réputation de vendangeur. À tel point que Fernandez envisage de le prêter la saison suivante.
1995-1996 : la révélation
Les circonstances du début de saison vont favoriser l’éclosion de Boutoille : on en avait parlé, ce nouvel exercice commence de manière bien merdique : un mercato approximatif et 2 points au bout de 9 journées. Le départ de Fernandez, les insuffisances de Pingel, et les entrées en jeu dynamiques de Djezon incitent Jean-Michel Cavalli, pour son premier match à la tête du LOSC, à le titulariser contre Nantes, le champion en titre, lors de la 6e journée. Le matin du match, même la Voix du Nord espérait cette titularisation, avec un article insistant sur ses prestations bien meilleures que celles du Danois. À l’arrivée, devant les caméras de Canal +, un satisfaisant 0-0, et la promesse d’un temps de jeu meilleur pour les jeunes avec Jean-Michel Cavalli : Denquin est entré en jeu, puis Boutoille a été remplacé par Machado. « C’est vrai que j’attendais ce moment depuis un certain temps. Je m’étais fixé 3 ou 4 matches pour gagner ma place dans le onze de départ. Bon, l’échéance a été retardée. Mais ce soir, je suis vraiment satisfait (…) C’est super de voir que le coach n’a pas hésité à aligner plusieurs jeunes en même temps. C’était à nous de prouver qu’il n’avait pas tort. Je crois qu’on s’en est plutôt bien sorti ». Cette fois, la carrière de Boutoille au haut niveau est lancée : il est régulièrement titularisé à domicile. Mais il ne marque toujours pas. Début septembre, dans le derby, alors que Lille mène pour la 1e fois de la saison (il aura fallu attendre 8 journées !), il manque une balle de 2-0, seul face à Gugusse Warmuz, en tirant à côté. Deux semaines plus tard, même s’il est le principal contributeur de la première victoire de la saison contre Le Havre (2-0), il manque encore d’adresse devant le but, et se heurte à un grand Revault. A chaque occasion manquée, Djezon arrache un bout de pelouse.
Le déclic à Auxerre
Le LOSC n’est plus lanterne rouge, grâce à un net regain de qualité de jeu à partir de septembre. Après un nul pas cher payé contre le leader messin (0-0) alors que « Lille méritait la victoire » (dixit Joël Muller), Lille se rend à Auxerre, où il ne s’est pas imposé depuis 13 ans. Auxerre vient de perdre à Paris : ça risque d’être d’autant plus compliqué. Dès la 2e minute, Tasfaout (l’ami de Fernando) reprend victorieusement un corner de Martins : 1-0, ça commence bien. Mais Lille joue bien et se montre dangereux. À la 51e minute, Boutoille remplace Simba. 20 minutes après, le LOSC a renversé la vapeur grâce à… un doublé de Boutoille. Ses deux premiers buts en D1, identiques : remontée de balle, petit crochet du droit, frappe du coup de pied à ras de terre aux 18 mètres, sur la droite et dans le petit filet de Cool. À la surprise générale, Lille revient d’Auxerre, futur champion, avec 3 points.
Le lendemain du match, dans la Voix du Nord du 28 octobre 1995, on alterne entre « Djazon » et « Djezon » : net progrès. « Marquer comme ça mes deux premiers buts en D1… On m’a dit que je ne tentais pas assez, eh bien ce soir j’ai tenté. Et la réussite a été totale. Pour une fois, la chance est avec Lille, on ne va plus la laisser passer. Je suis d’autant plus content d’avoir marqué mes deux premiers buts en D1 que cette victoire est importante pour le club. Tous nos adversaires directs, en effet, ont pris des points. Martigues a gagné, Gueugnon et Cannes ont fait match nul… Nous devons nous concentrer sur notre prochaine rencontre contre Martigues qui sera un match à 6 points ». Commentaire du journaliste : « Belle réaction d’un gamin pourtant soudainement mis sous les feux des projecteurs ! » .
28 octobre 1995 : « Djazon »
« C’est d’autant plus important pour moi que j’avais la réputation de ne pas conclure. En effet, face au but ou au gardien, j’ai souvent peiné dans le dernier geste. Là, Monsieur Cavalli, même s’il estime que je suis encore un peu jeune et qu’il ne faut pas me « brûler » tout de suite comme titulaire, m’a fait rentrer très vite pour apporter de la tonicité à l’attaque. Mes dribbles pouvaient déstabiliser les défenseurs. Je ne me suis pas posé de questions. Le premier but m’a mis en confiance. J’y ai repensé dans les instants qui suivirent. Juste le temps de redescendre de mon nuage, et lorsque je me suis retrouvé seul aux 18 mètres, dans des circonstances encore plus favorables, je n’ai pas hésité ».
29 octobre 1995 : ça y est !
La VDN relate également un extrait du bulletin de l’AJA, rédigé par Serge Mésonès devenu journaliste, intitulé Bien peser le renouveau lillois : « Les Dogues, qui ont la réputation de développer des caractéristiques très britanniques semblent avoir oublié leur entame catastrophique. Qui pourrait ignorer que Collot, Simba, Sibierski, Friis-Hansen, Becanovic et compagnie peuvent constituer un mélange détonant ? » écrit Mésonès. Pleine de facétie, la VDN ajoute : « il ne croyait pas si bien dire. Fallait juste rajouter Boutoille ». Nul doute que, désormais buteur, Djezon est presque incontournable, d’autant que Simba et Becanovic marquent peu. Pardon, ne marquent pas. Le voilà désormais régulièrement titulaire, avec Sibierski pour modèle : « pour nous tous, Antoine est un peu l’exemple à suivre. J’aimerais marcher sur ses traces » ; sa pointure de pied étant plus petite, ça devrait le faire. Au cours de cette saison, il participe à 35 matches, dont 18 comme titulaire, pour un total de 5 buts : une égalisation à Lyon à la dernière seconde (1-1), un but contre Sainté (1-1), puis contre Gueugnon (2-0). Le maintien est acquis de haute lutte, et Boutoille peut légitimement prétendre à une place de titulaire pour la saison suivante.
La descente, mais fidèle au club
Djezon Boutoille est désormais régulièrement appelé en équipe de France Espoirs, entraînée par Raymond Domenech. Il y côtoie, pêle-mêle, Mickaël Landreau, Valérien Ismaël, Ludovic Giuly, Patrick Vieira, Thierry Henry, Robert Pirès ou Sylvain Wiltord. « Je le crois capable d’exploser cette saison » déclare Jean-Michel Cavalli dans L’équipe à l’aube de la nouvelle saison. Apparait, pour quelques années, une banderole « Fan-club Djezon Boutoille » en Secondes. On en a parlé, cette saison 1996/1997 se découpe en 1/3 inespéré puis en 2/3 désespérants. Jusqu’à la fin de l’automne, l’attaque tourne très bien, avec Bécanovic, Banjac, Garcion, Collot, Renou et Boutoille. Sur ses 9 premiers matches joués, Djezon inscrit déjà 4 buts, dont deux permettant des victoires 1-0 (contre Caen et à Cannes). Ce seront malheureusement les seuls de sa saison. Parfois gêné par des blessures, comme ses équipiers, il s’efface dans la seconde partie de saison, même si ses qualités de déstabilisateur de défense perdurent. Logiquement sollicité pour rester en D1, il décline toutes les offres, presque comme s’il était incongru qu’on le sollicite pour jouer ailleurs qu’à Lille.
But de Djezon Boutoille contre Caen, 2 octobre 1996. Juste après, il se fait une belle entorse et manque quelques matches.
En D2, Djezon Boutoille est l’un des rares à être resté 3 ans, sans que sa côte ne soit atteinte ou que son statut ne soit remis en cause par un entraîneur. Dans le même cas, on trouve Patrick Collot, Laurent Peyrelade et Carl Tourenne, puisque même Pascal Cygan n’a pas eu les faveurs de Thierry Froger. Il inscrit successivement 10, 4 et 12 buts durant ces 3 années, avec un minimum de 30 matches joués par saison. Et Djezon est l’unique buteur de la finale du challenge Emile-Olivier durant deux années consécutives, contre Lens et 1997, et Boulogne-sur-mer en 1998. On en a parlé dans cet article et dans celui-là. Mais en D2, il y eut des hauts et des bas.
Beauvais, toucher le fond pour rebondir
Sur la première saison en D2, en 1997/1998, Djezon confirme tout le bien que l’on pense de lui, du moins sur le terrain : 10 buts, des performances bonnes et régulières, la confiance du coach. Il marque de la tête lors du dernier match de la saison contre Sainté (2-1), insuffisant pour remonter. En 1998-1999, on le saura a posteriori, ça ne va pas fort pour Djezon en début de saison. Il n’est titularisé que 2 fois sur les 5 premiers matches de la saison, l’ambiance au sein du club et du groupe lui donnent des envies d’ailleurs. Il envisage de retourner à Calais. Le début de saison est catastrophique : Lille ne compte que 5 points en 5 matches, un rythme bien trop lent pour atteindre l’objectif de montée. Surtout, le jeu est déplorable. Lille marque peu, et Djezon erre sur le terrain. Lors de la 6e journée, le LOSC se déplace à Beauvais, dernier avec 2 points. Thierry Froger joue sa tête, et on peut dire qu’elle tombe sur un coup de main de Boutoille : sur un corner beauvaisien, le ballon va entrer dans la cage de Wimbée. D’un geste désespéré, Djezon repousse le ballon de la main sur la ligne de but. Il est expulsé. Bruno Roux, père de Nolan, transforme le pénalty et Lille ne reviendra pas. Thierry Froger est viré, le LOSC est au plus bas, Djezon est au plus bas. Quand Vahid Halilhodzic débarque à Lille, il met sérieusement en garde son joueur quant à son régime alimentaire. On vous fait part de la rumeur persistante de l’époque : Djezon adore se faire régulièrement des pâtes au Nutella. Une spécialité calaisienne méconnue, sans doute. L’entraîneur explique dans Libé : « il avait pris de mauvaises habitudes. Quand je suis arrivé au club, il avait cinq ou six kilos de trop. Vous imaginez, sur un petit gabarit (1,70 m) comme ça ? À l’époque, Djezon était dans une situation sportive désastreuse. Un miroir de tout le vestiaire, d’ailleurs. Les gars n’avaient plus d’ambition, ni même de conscience professionnelle ». Dans France football du 2 mars 2001, Vahid déclare : « Chaque joueur a une histoire, la sienne est exemplaire. Il revient de loin, de très loin même ! À mon arrivée, j’ai senti que j’avais en face de moi un talent gâché, un peu comme Cygan. J’avais tout de suite remarqué qu’il présentait un petit estomac au-dessus de la ceinture pas trop compatible avec le haut niveau (…) C’est un gars très sensible qui a compris les efforts à fournir pour revenir. Mais il lui arrive de se fâcher assez fréquemment. Une fois, il est même rentré chez lui sans prévenir. Le lendemain, je l’ai prévenu : « Si tu recommences, c’est fini pour toi ici ! » Heureusement il est toujours avec nous ». Il se reprend, même s’il réalise une saison un peu en dessous en termes d’efficacité. Mais un beau but contre Laval :
Et un retour à Calais, en coupe de France, où Djezon se rappelle au bon souvenir de sa ville natale :
« J’entendais : ‘tu vas pas nous faire ça ???’ Bon ben je l’ai fait ». Rien à foutre le Djez’.
Capitaine de la remontée
Et Djezon a à ce point remonté la pente qu’il est nommé capitaine au début de la saison 1999/2000. On est désormais loin du joueur un peu frêle et timide : désormais, il est un leader qui l’ouvre. La vidéo ci-dessous, en début de saison, illustre bien ce qu’il est devenu. Sa nomination comme capitaine n’a d’ailleurs pas été sans poser de questions. Patrick Collot indique : « il était aimé, mais n’avait pas forcément la carrure. C’était pour ses qualités humaines : simplicité, altruisme, fidélité. Des vertus rares dans le monde du football ».

Capitaine d’une formidable équipe, Djezon Boutoille réalise probablement sa meilleure saison : outre le fait qu’il termine meilleur buteur du club (12 buts), ses nouvelles responsabilités le mettent en avant et il s’en sort très bien, notamment devant les médias, et toujours prompt à mettre en avant des valeurs collectives. A l’issue de la saison, il prolonge son contrat de 4 ans. Un beau but contre Lorient ? D’accord :
Même si Vahid pointe un sérieux problème chez Djezon dans la vidéo ci-dessous (« il ne paye jamais le champagne »), sa saison est remarquable, avec en point d’orgue le match qui officialise la montée contre Valence, où il inscrit un doublé et, probablement, son plus beau but sous le maillot lillois, d’un extérieur du pied droit dans le petit filet opposé (en concurrence avec un but qu’il a inscrit à Niort, grand pont puis lob sur le gardien pour une victoire 3-0). Voici le résumé du match, avec les commentaires de Vahid, Djezon et Laurent Peyrelade ; et aussi un résumé de la saison.
Regardez comme il est timide mignon choupi quand il parle et quand Lolo l’embête
Le but contre Guingamp sur Fréquence Nord ? D’accord !
Retour en D1
Plus de 3 ans après son dernier match en D1 (c’était à Lyon, le 3 mai 1997), Djezon Boutoille est titulaire et capitaine pour la réception de Monaco le 29 juillet 2000. Manifestement très en jambes, il apporte régulièrement le danger sur les buts du champion de France, et offre une passe décisive à Bruno Cheyrou.
Sur la confiance qui lui est renouvelée en tant que capitaine, Djezon déclare modestement : « après tout ce que le club m’a apporté, je suis en train de lui rendre un petit peu ». On ne peut pas dire qu’il soit un leader technique, mais son style de jeu et sa pugnacité collent parfaitement à ce LOSC façonné par Halilhodzic : une combativité et un état d’esprit irréprochables. Pas de doute, Djezon Boutoille est le LOSC : « j’ai conscience d’incarner ce club. Et aujourd’hui, j’en suis fier ». Dans un documentaire que France 3 avait consacré à Vahid, Djezon déclarait : « quand Vahid est arrivé, il a dit une phrase qui m’a marqué et qu’il répète souvent : ‘on a le droit d’être mauvais, mais on n’a pas le droit de ne pas se bouger’ ». Et pour illustrer ce propos, on se rappelle son pressing sur le gardien de Sainté à Geoffroy-Guichard : une action a priori anodine, mais qui a mis en difficulté le gardien ukrainien qui dégage en plein sur la tête de Beck, qui marque ; mieux, le derby à Lens en février 2001 : alors que le ballon semble perdu sur une ouverture approximative de Sylvain N’Diaye, Djezon se bat, récupère la balle dans les pieds de Pierre-Fanfan, et trouve Rool aux 6 mètres qui reprend victorieusement. Une agressivité *D’Amico style* mise en exergue par Olivier Rouyer :
Après le match, il faut se rendre à l’évidence : le LOSC est parti pour jouer l’Europe. Mais loin de s’emballer, Djezon a un mot pour les supporters : « sur le long terme, je ne sais pas si on peut rivaliser avec des équipes comme Lyon. On va se réunir pour faire le point, savourer ces bons moments. Ce soir, je suis vraiment heureux, notamment pour tous ces gens qui nous ont suivis ici et qui vont se lever heureux demain matin pour aller travailler ». Malheureusement, handicapé par une blessure, Djezon ne sera pas du sprint final : il joue son dernier match de la saison 3 jours après contre Nantes. Un problème récurrent qui le suivra jusqu’à la fin de sa carrière.
Encore quelques belles apparitions, mais des blessures récurrentes
La dernière saison du LOSC avec Vahid Halilhodzic a sa tête (2001-2002) est plus laborieuse pour Djezon mais, quand il joue, il conserve le brassard. Il joue 3-4 matches, puis en manque 5… Il participe tout de même à la qualification contre Parme, en étant titulaire au match retour à la place de Bassir, puis prend part à 3 matches de poule en Ligue des champions : il manque même de tromper Fabien Barthez à deux reprises à Old Trafford. Reprenant un centre-tir de Bakari sur la transversale, il force Barthez à s’interposer ; puis, dans les arrêts de jeu, il ne lui manque qu’un pointure pour reprendre un centre de Johnny Ecker et égaliser. Il est titulaire au retour à Bollaert. En Europa League, il ne joue qu’à Florence et à Dortmund, entrant en jeu à chaque fois. Et en championnat, il ne prend part qu’à 15 matches : le temps tout de même d’offrir une passe décisive en fin de match à Dagui Bakari, à Lens (1-1), 4 jours après le retour contre Parme ; Djezon inscrit son dernier but en D1 en janvier 2002 contre Bordeaux, d’une tête lobée en dehors de la surface de réparation, probablement le but lillois de la tête le plus lointain de l’histoire (encore plus loin que la tête de Lolo Peyrelade), à une vingtaine de mètres. Pour célébrer son but, Djezon exhibe le maillot de Christophe Pignol, convalescent.

La version audio, pour nos ami malvoyants
Effacement progressif avec Claude Puel
Quand Claude Puel s’installe sur le banc lillois, il semble faire confiance à Djezon, titulaire en début de saison. C’est même lui qui inscrit le premier but lillois de la saison, en coupe Intertoto, à Bistrita. Son dernier but avec le LOSC. Par la suite, toujours diminué par des blessures, Djezon ne joue que des bouts de matches : seulement 16 apparitions en 2002/2003, dont 11 comme titulaire. Difficile dans ces conditions de garder le brassard, qui revient le plus souvent à Grégory Wimbée. La saison suivante n’est guère meilleure : souvent blessé, il joue 9 matches, dont seulement 4 comme titulaire. Puel ne s’oppose pas au départ d’un de ceux qui a symbolisé les années Vahid, un bien lourd héritage à assumer. Deux ans auparavant, Djezon s’interrogeait : « Partir? Il faut réfléchir énormément. Je sais que j’aurais du mal à m’exprimer dans un environnement qui ne me convient pas, je ne me vois pas évoluer dans un club ou les gens ne se disent pas bonjour le matin et où l’on parle dix langues différentes dans les vestiaires ». Il est désormais temps d’envisager sérieusement un départ : seulement 336 minutes jouées en une demi-saison, c’est bien trop peu. La confiance avec Puel n’est plus là, les blessures réduisent Djezon à un rôle de figuration, et sans doute n’a-t-il plus son niveau d’antan. Son contrat est résilié lors de la trêve hivernale, et Djezon s’engage libre à Amiens, en Ligue 2, sous les ordres de Denis Troch, qui n’achète jamais, comme son nom l’indique.
Djezon participe à une fin de saison correcte des amiénois, jouant régulièrement et marquant 2 fois. La saison suivante est de nouveau en dents de scie : tandis que Lille retrouve les sommets, Djezon disparaît de la circulation en janvier 2005, trop gêné par des blessures qui se répercutent sur ses performances. Djezon joue son dernier match professionnel à Grenoble : il a alors pour coéquipiers Mickaël Debève et Cyrille Magnier : affreux ; mais aussi un ancien de Lille, avec qui il a même joué en D1 : Jean-Marie Stéphanopoli.
Retour à Calais
Au printemps 2005, un an et demi après son arrivée à Amiens, Djezon, sur la pente descendante retourne à Calais (et ce alors qu’il faut plutôt remonter du coup). C’est la fin d’une carrière professionnelle bien remplie. Conformément à ce qu’il a toujours annoncé, il est retourné à Calais, proche de sa famille et de ses origines : « pour moi les choses ont toujours été claires : ma priorité était un retour au CRUFC, mon club de toujours » : lui au moins met en actes ses paroles, pendant que les Marseillais attendent toujours un retour de Didier Drogba. Djezon joue encore 82 matches de championnat avec Calais, et inscrit 19 buts en 4 ans. Avec son concours, le CRUFC retrouve le championnat de 3e division en 2007. Sa dernière saison, en 2008-2009, est compliquée : il termine l’année comme entraîneur-joueur après le départ de Sylvain Jore mais ne peut empêcher la relégation sportive, doublée d’une relégation administrative : le club se retrouve en CFA2, mais Djezon garde les rênes de l’équipe première. Il termine même deux fois successivement 1er de son groupe de CFA2 (en 2010 et 2011), mais la montée est administrativement refusée. Le club remonte finalement en 2014. Après des saisons contrastées et des moments difficiles où Djezon a failli jeter l’éponge (notamment après l’historique défaite 1-8 face à Sannois en octobre 2016), le club est redescendu en 2017, et repartira finalement en Régional 4. Avec, toujours, Djezon à sa tête, un peu plus barbu, un peu plus enveloppé : « ma vie est inscrite à Calais. Même si le Barça m’invitait à signer chez lui, je resterai ici ».
« J’adore cette photo »
En 2014, on l’a vu s’investir politiquement sur la liste municipale Ensemble pour réussir Calais. Il déclamait à cette occasion un discours pas tellement lointain de ce qu’il a défendu en tant que footballeur, comme s’il se plaisait plutôt dans l’adversité et la mobilisation de valeurs collectives sur son territoire : « j’ai vraiment une passion pour Calais et j’ai retrouvé dans le discours du député socialiste les valeurs que je veux défendre. Je suis confronté au quotidien aux difficultés que rencontrent les Calaisiens et je veux m’investir pour eux. Je suis un garçon du Beau-Marais, auquel je reste profondément attaché. Mes parents, frères et sœurs y vivent. Au quotidien, je vois leurs difficultés, leurs fins de mois difficiles. Mon frère ne trouve pas d’emploi et Dieu sait qu’il cherche. Ils ont plein de voisins qui sont dans la même situation et je veux les aider dans le domaine du possible ».
Boutoille, t’as régné
Avec Patrick Collot et Pascal Cygan4, Djezon Boutoille est le seul à avoir connu deux fois la D1 avec le LOSC, avant 1997 puis à partir de 2000, confondant son parcours, ses hauts et ses bas, avec celui du club. Du quartier de Beau-Marais à la Ligue des Champions, il a illustré la réussite d’un parcours sportif encore classique dans les années 1990 : un petit gars de la région que le LOSC a pris sous son aile, et qui a fait la quasi-totalité de sa carrière professionnelle à Lille, une trajectoire qui devrait se raréfier, et qui rappelle à quel point Djezon et sa bande font déjà partie d’une autre ère. L’ère de ceux qui ont posé la première pierre de l’édifice que l’on regarde évoluer tous les week-ends. L’ère des joueurs de clubs valeureux, parfois besogneux, mais dont on se souvient avec une infinie reconnaissance.
Bonus track : les stats de Djezon Boutoille en championnat avec le LOSC :
Et on peut ajouter à ces chiffres les buts suivants :
2 buts en coupe de France (contre Lyon en 1997, à Boulogne en 98, voir la vidéo au-dessus)
2 buts en coupe de la ligue (à Toulon en 1996, contre Caen en 1997)
1 but en Intertoto (Bistrita en 2002)
FC Notes :
1 Sauf indication contraire, les propos de joueurs sont issus d’articles de la Voix du Nord ou de la Voix des Sports.
2 C’est une série qui ne contient que 26 épisodes… Assez pour donner le nom du héros à son fils ? Si vous en savez plus, dîtes-nous, on rectifiera !
3 Au passage, à « pas du tout » : « l’effectif cannois, qu’on pensait plus valeureux. L’euphorie du début de saison semble s’être estompée ». Bim.
4 Et Christophe Landrin, mais qui n’a joué que 2 matches en 1996-1997.
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7 septembre 2017
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max a dit:
Etant calaisien, non les pâtes au nutella n’est pas une coutume de chez nous ^^ Bel article et on sent que le mec est vraiment humble. Cool.
Mes souvenirs de lui sont plutôt ceux de sa fin de carrière de joueur au crufc. Du Losc je ne connaissais que Carroti et Manchev à la base puis j’ai vu que des mecs comme Acimovic, Moussilou, makoun, odemwingie mais aussi les cabaye (vu en reserve), les frères robail, debuchy, Dumont, Dernis
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23 août 2017
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Xylophène a dit:
Merci bien pour cet article à propos d’un véritable « working class hero » devenu une véritable légende du club à l’instar d’un Marceau Sommerlink, autre « working class hero » losciste. Le genre de joueurs qui ne restent que dans le coeur des vrais loscistes.
Et puis j’aimerais revenir sur un aspect évoqué dans l’article :
« La VDN relate également un extrait du bulletin de l’AJA, rédigé par Serge Mésonès devenu journaliste, intitulé Bien peser le renouveau lillois : « Les Dogues, qui ont la réputation de développer des caractéristiques très britanniques semblent avoir oublié leur entame catastrophique. »
Je trouve que Mésonès met le doigt sur un aspect qui m’a déjà frappé par le passé, c’est le côté hautement britannique du LOSC des bords de Deûle (le LOSC de 1944 à 2004). J’avais déjà lu quelque part que le LOSC développait un jeu de style britannique lors de la grande époque du club des années 40-50. Il faut dire que le LOSC a eu comme 1er entraîneur de son histoire un certain George Berry, sujet de sa Très Gracieuse Majesté.
Et c’est vrai que si l’on y réfléchit bien, le LOSC a pendant longtemps développé un jeu fondé sur l’abnégation, la discipline, la solidarité, la ténacité. Et je dis cela sans évoquer le hooliganisme pratiqué par une frange des supporters, les matchs sous la sempiternelle drache, le public hautement houblonné, l’Union Jack accroché aux grilles de Grimonprez-Jooris, etc.
Je pense sincèrement que cet aspect britannique fait partie de l’ADN du LOSC et que c’est l’un des aspects qui m’a fait aimer ce club.
C’mon you LOSC !
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25 août 2017
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dbclosc a dit:
Merci pour ces remarques !
Oui, c’est une référence que l’on entend souvent, mais je ne sais pas trop quel est son contenu. Je suis par ailleurs toujours un peu méfiant vis-à-vis d’appellations qui semblent « naturaliser » une façon de jouer à travers un pays : j’ai un peu de mal à croire que toutes les équipes britanniques jouent de la même façon. Cependant, cet espèce de consensus sur le « jeu à la britannique » des Lillois est un objet d’étude à part entière qui, s’il est sûrement à relativiser, part certainement d’observations concrètes.
Tu évoques certaines valeurs « morales », et c’est vrai que le LOSC de Vahid notamment a bien illustré ça.
Je me rappelle que lors du Lille-Lens du 24 septembre 2000, Margotton, après l’égalisation lilloise, fait une référence au style des 2 équipes : traditionnellement britannique à Lille, et « méditerranéen » à Lens. On postera l’extrait in extenso pour l’anniversaire dans un mois, mais il faisait là référence à la fin de match, que j’ai revue récemment : c’était vraiment tous à l’abordage dans les 20 dernières minutes, une espèce de pressing constant et Lens ne passent plus la ligne médiane. Avec, en plus Mikkel Beck devant, qui était systématiquement cherché avec des ballons aériens (l’égalisation vient d’ailleurs d’une balle en cloche d’Agasson que Beck dévie vers Bakari). je crois qu’on appelle ça « Kick and rush », et il me semble bien que Margotton y fait référence. A creuser !
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25 août 2017
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dbclosc a dit:
Y a un article intéressant ici : https://www.cairn.info/revue-staps-2004-3-page-111.htm
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19 août 2017
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Arno a dit:
Splendide cet article.Je me souviens encore comme si c’était le mois dernier de cette presque égalisation à Manchester. Quelle belle époque.
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17 août 2017
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Jef a dit:
Superbe hommage à un symbole de notre club. J’espère que ce BG de Djezon le lira! Bravo en tout cas, y’a du taf et de la passion dans ce texte, et ça se sent (que c’est toi).